Les joueurs occidentaux ont majoritairement découvert les joies des consoles portables utilisant une architecture de PC avec le Steam Deck. Mais ce dernier n’est pas sans défaut. Au même titre que de nombreux autres produits de sa catégorie, il reste gigantesque et assez lourd. Il en va de même pour sa concurrente, l’AYANEO Next. C’est pourquoi le constructeur chinois a décidé de viser la rivalité avec la Nintendo Switch en dévoilant l’AYANEO Air, une console sous AMD qui pèse moins de 400 grammes.

Caractéristiques de l’AYANEO Air

Design et ergonomie : le confort absolu

L’Ayaneo Air est vraiment impressionnante une fois en main. Elle a tout d’une console portable comme peut en produire Nintendo, mais avec l’attention de quelqu’un qui optimise véritablement sa prise en main. Son format minuscule, comparable à la Nintendo Switch Lite, se couple à son poids de 398 grammes pour en faire un produit à la puissance impressionnante mais au confort incomparable avec n’importe quelle autre console ou “PC console” du marché.

La qualité de fabrication d’AYANEO, déjà observée sur la Next, est une nouvelle fois de la partie. On retrouve les boutons classiques, sur une membrane solide qui offre un excellent rebond, ainsi que des gâchettes au clic et au travel absolument parfait. Sur la tranche supérieure, vous avez même accès à deux raccourcis discrets qu’il est possible de personnaliser à souhait, aussi bien sur le clic que sur l’appui prolongé. Les joysticks sur une base magnétique (capteurs à effet Hall) sont également de la partie pour éviter le moindre drift à l’avenir.

Les comparaisons avec la dernière console de Nintendo ne s’arrêtent pas là. A son image, la dissipation de la chaleur se situe en haut de l’appareil, tandis que son dos vient récupérer l’air frais. L’AYANEO Air vient même intégrer un port de carte SD sur le bas de la console, qui est caché par une trappe à l’aspect tout de même un brin fragile. Mais contrairement à la Nintendo Switch, vous avez la possibilité de charger la console en utilisant deux ports USB-C différents : l’un situé en haut, et l’autre situé en bas. Le confort, encore et toujours.

En prime, on retrouve également un capteur d’empreintes intégré au bouton d’alimentation pour garantir une sécurité supérieure des données. Ce dernier s’active en un clignement d’œil, et permet d’accéder à sa console aussi rapidement que s’il fallait simplement glisser sur l’écran. Pour la petite touche “si PC”, vous avez le droit à des LED personnalisables à loisir autour de chaque joystick.

L’Ayaneo Air, par son format, son poids et son châssis bien pensé, est tout simplement la console portable la plus confortable du marché actuellement. Oui, même face à la Nintendo Switch Lite.

Notez que le constructeur s’est associé avec Tomtoc afin de proposer des sacoches dédiées à sa console. Ces dernières prennent parfaitement la forme de la console et de ses touches pour protéger ses parties les plus sensibles en transport, notamment les sticks.

Écran : alerte OLED

Ce n’est un secret pour personne que l’une des plus grandes faiblesses du Steam Dick est son écran. C’est certainement pour ça qu’AYANEO a fait grand cas d’intégrer une dalle OLED de 5,5 pouces sur ce modèle Air, équivalente donc à la diagonale d’écran d’une Nintendo Switch Lite. C’est aussi après tout un bon clin d’œil à la plus onéreuse des machines du constructeur américain.

Et bien évidemment… C’est l’une des plus grandes forces de cet appareil. Ses couleurs vives font vraiment ressortir les titres auxquels on joue, même si ces derniers ne sont pas dans leurs meilleurs réglages. Il est également tactile, ce qui aide à naviguer sur Windows 11. Ce n’est pas la dalle la mieux calibrée du marché par défaut, mais elle est bien capable de couvrir les espaces sRGB et DCI-P3 avec aisance.

C’est peut-être sur sa luminosité maximale qu’elle déçoit. On la mesure à 362 cd/m², ce qui est trop faible pour jouer dehors au soleil sans avoir des problèmes de lisibilité. C’est d’autant plus vrai que la dalle est brillante. Ceci étant, cette console portable ne semble pas tout à fait faite pour être dehors, comme nous le verrons plus tard dans ce test.

Logiciel : libre comme l’Air

L’AYANEO Air n’est pas une console ordinaire. Elle n’utilise pas un système d’exploitation propriétaire, mais tout simplement Windows 11. Sa compatibilité avec vos jeux n’est donc déterminée que par sa puissance brute, et absolument rien d’autre. Notez qu’AYANEO prévoit de créer son propre OS sous Linux, à l’image de SteamOS 3.0, mais celui-ci n’est pas encore disponible. Il est possible d’installer n’importe quel type d’OS de votre côté, puisque l’AYANEO est un “simple” PC fondamentalement.

Le constructeur préinstalle cependant l’AYASpace, qui vous permet de gérer votre bibliothèque de jeu et les performances de l’appareil. Celui-ci s’ouvre par défaut dès l’allumage de votre console, et vient scanner les jeux déjà installés sur votre système pour vous les proposer en raccourci. Ce n’est pas aussi parfait qu’un OS propriétaire dédié à un usage, et l’on se retrouve parfois sous le joug d’une mise à jour qui n’apparaît pas sur l’interface lorsque l’on cherche à lancer un jeu, mais l’ouverture de la plateforme reste parfaite.

En appuyant sur le bouton dédié, vous pourrez lancer à loisir cette interface, ou une version raccourcie sur le côté de l’écran. C’est ici que vous pourrez gérer la puissance allouée à votre SoC, de 5 à 15W, ainsi que quelques réglages basiques comme la luminosité de l’écran ou le volume. C’est aussi dans AYASpace que vous pourrez personnaliser la couleur des LED cerclant vos joysticks, ainsi que tous les raccourcis attribués à vos touches. Les choix sont multiples et bien étudiés, et l’interface est suffisamment claire pour qu’on ne soit jamais perdu. Attention cependant : lorsque vous réinitialisez le système, AYASpace n’est pas préinstallé. Vous devrez aller récupérer tout cela vous même sur le site du constructeur, en prime des drivers de l’appareil.

Performances : des concessions acceptables

L’Ayaneo Air est propulsée par l’AMD Ryzen 5 5560U. Il s’agit d’un APU intégrant un CPU de la génération Zen 3, plus récente que le Steam Deck donc, mais avec un GPU Vega 6 qui est loin de proposer les performances de la génération RDNA2. Il est possible de le configurer pour utiliser un TDP de 15W maximum, mais le maximum recommandé par AYANEO reste 12W pour que sa chauffe soit gérée efficacement. L’appareil est donc loin d’être aussi puissant que le Steam Deck, ni même l’AYANEO Next.

Ceci étant dit, le SoC n’est pas incapable pour autant. Pour ce petit format, nous avons tout de même de quoi lancer des jeux que la Switch n’est tout simplement pas capable de lancer. Mais il faudra faire des concessions. Nous avons par exemple l’habituel Shadow of the Tomb Raider, que l’on peut faire tourner à 31 FPS de moyenne, oui… en 720p, avec un TDP de 12W et en réglage “Très bas”. Ce qui ne l’empêche pas d’être agréable à jouer et gratifiant pour les yeux, la diagonale de 5,5 pouces se satisfaisant avec aise d’un 720p bien fichu.

Cependant, c’est moins pour ces gros titres que pour les jeux plus modérés que l’on retrouve véritablement l’intérêt de l’AYANEO Air. Dans ma période de test, c’est en jouant à des expériences comme Fall Guys ou Multiversus que j’ai pris mon plus grand pied. Et oui : ce dernier tourne bien à 60 FPS stable sur la console, pour peu que l’on soit en 12W. C’est avec ces titres faits pour tourner sur toutes les machines dès leur conception que l’on a le plus grand plaisir. Mais évidemment, l’AYANEO Air est aussi une console parfaite pour les jeux indés en 2D, dont certains peuvent tourner avec un TDP de 5W sans le moindre problème.

Poussé dans ses plus grands retranchements à 15W, la console peut vite monter aux alentours de 48°C ressentis. Cependant, sa chauffe est parfaitement bien placée sur l’appareil, puisqu’elle ne vient jamais se placer sous nos doigts. C’est principalement sur la zone de l’écran qu’elle se concentre, une zone que l’on utilise à peine sur PC. Le ventilateur est qui plus est à peine audible lorsque l’on est entouré des bruits habituels d’une maison. La solution est efficace.

Autonomie : un doux rêve

Et c’est ici qu’il faut revenir à la réalité. Si le Steam Deck et ses concurrents sont impressionnants de nos jours, il ne faut pas oublier que leurs grands formats sont nécessaires pour permettre d’accueillir une batterie assez conséquente pour que l’autonomie ne soit pas un frein. En faisant le pari de développer un format mini, l’AYANEO Air a dû se contenter d’une simple batterie de 28 Wh/7350 mAh.

Et cela se voit. Sur des titres 3D modernes, comptez sur une autonomie tournant aux alentours de 1h/1h30 selon la luminosité qui est confortable pour vous. Sur des titres plus modérés et des jeux indés, on tourne aux alentours de 2h/2h30, voire 3h si vous faites vraiment des sacrifices.

C’est peu. Très peu. Trop peu pour une console portable dans le sens le plus traditionnel du terme, qui est destinée à nous accompagner sur des longs trajets de train ou en se posant dans un parc. A l’aube de cette nouvelle catégorie de produit, l’AYANEO Air semble faire office de “proof of concept” auquel il ne manque qu’une autonomie décente. Cependant, si votre optique est plutôt de pouvoir “transporter” facilement un PC gamer d’un point A à un point B, ou jouer dans les transports en commun, la machine est un excellent compagnon.

La console est tout simplement sortie trop tôt. Les prochaines générations ultra économes en énergie de SoC, ou une vraie innovation dans le secteur des batteries, ne feront que bonifier ce qu’elle apporte avec difficulté aujourd’hui.

Notez que le modèle Pro, plus épais, accueille un SoC légèrement plus puissant et une plus grande batterie, mais son autonomie ne sera pas si différente pour autant.

Conclusion