Here comes a new challenger. Alors que la Switch de Nintendo continue à dominer le marché des consoles portables (où elle est un peu seule, il faut l’avouer), la compagnie derrière Half-Life et Steam décide de lancer un produit hors norme : une console portable/PC, capable de faire tourner des jeux récents en 3D. Son nom : Steam Deck. Nous l’avons utilisé pendant de nombreuses heures, voici notre avis.
Sommaire
- Présentation et caractéristiques du Steam Deck
- Design et ergonomie : une console portable encombrante, mais confortable
- Écran : une diagonale que l’on aurait aimée plus généreuse
- Interface et logiciel : Steam OS offre une grande liberté
- Performances : 4 fois plus de puissance qu'une Nintendo Switch
- Chauffe et bruit : température maîtrisé, mais souffle quasi constant
- Autonomie : c'est le talon d'Achille du Steam Deck
Ce n’est pas tous les jours que l’on a l’occasion de tester une nouvelle console portable, surtout si elle n’est pas fabriquée par Nintendo. Et pourtant, tout arrive : 2022 voit l’arrivée de Valve sur ce créneau avec un produit unique en son genre, que l’on n’imagine pas fait par une autre compagnie : le Steam Deck (nous prenons le parti de dire “le”, car Deck nous apparaît comme masculin. Mais on ne vous en voudra pas si vous utilisez “la”). L’idée derrière le Steam Deck, donc, c’est d’embarquer la majorité de sa bibliothèque Steam dans une console portable qui, de loin, a des airs de Switch XXL.
Présentation et caractéristiques du Steam Deck
XXL, le Steam Deck l’est assurément. C’est sans sans doute la console de tous les superlatifs : grand écran, des tonnes d’options de l'ergonomie et, surtout, une puissance sans pareil par rapport à tout ce qui est déjà sorti sur le marché. Vous rêvez de pouvoir jouer à God of War, Resident Evil Village ou Doom Eternal dans le train ? Vous n’avez pas peur de sortir un “monstre” de votre sac pour une petite partie “rapide” de Endless Space en attendant votre rame de métro ? Le Steam Deck vous offre cette possibilité. Nous avons la chance d’en avoir un exemplaire depuis plusieurs jours, en version 512 Go, et autant vous dire que nous sommes séduits par le concept et, surtout, bluffés par ses performances impressionnantes.
Taille d'écran | 7 pouces |
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Type d'écran | IPS |
Définition d'écran | 1280 x 800 |
Taux de rafraichissement | 60 Hz |
Processeur | AMD Zen 2 Custom |
Carte graphique | AMD RDNA 2 Custom |
Mémoire vive | 16 Go LPDDR5 |
Stockage | 64/256/512 Go |
Connectique | 1 USB-C, 1 prise jack, 1 lecteur de carte microSD |
Dimensions | 30 x 12 x 5 cm |
Poids | 669 grammes |
Pour rappel, le Steam Deck est disponible en 3 versions, avec plus ou moins de stockage :
- 64 Go en eMMC, pour 419€
- 256 Go en SSD NVMe pour 549€
- 512 Go en SSD NVMe pour 679€
À noter que la version 512 Go est la seule à bénéficier d’un traitement antireflet supérieur pour son écran. La lisibilité sera donc potentiellement moins bonne sur les modèles inférieurs.
La console est uniquement disponible sur le site officiel, avec des stocks pour le moment assez limités. Vous pouvez réserver votre modèle dès maintenant, pour une livraison potentielle au 2e trimestre 2022.
Design et ergonomie : une console portable encombrante, mais confortable
Si vous trouviez la Nintendo Switch un peu trop grande pour vous, sachez qu’elle passe pour un GBA Micro comparé au Steam Deck. La machine de Valve est indéniablement la plus grande console portable jamais sortie, avec ses presque 30 cm de long, 12 cm de large et 5 cm d’épaisseur. Il faudra donc la transporter dans un sac adapté et vous allez sans doute rechigner à la sortir dans le métro pour une partie rapide. Notez d’ailleurs que la console est fournie avec une très jolie housse de transport, elle aussi XXL, et renforcée sur le dessous et le dessus. Un bel étui doté d’une poignée de transport, qui protège parfaitement le produit.
Étant donné son format, on peut s’attendre à ce que le Steam Deck soit très lourd et donc difficile à utiliser sur une longue période. Mais ce n’est, à notre grande surprise, pas le cas : le poids de 669 grammes est très bien réparti et la sensation de légèreté une fois en main est franchement impressionnante. Que l’on soit assis sur un canapé ou allongé dans un lit, utiliser le Steam Deck pendant 1 heure ou plus se fait sans souci. À titre de comparaison, la Switch OLED, avec son poids de 420 grammes, ne paraît pas beaucoup plus légère.
Pour le châssis, Valve opte pour du plastique intégral, et il n’y a pas vraiment de fioriture. L’aspect général manque un peu de “luxe” et l’ensemble est d’une sobriété évidente. Cependant, une fois en main, l’objet semble solide et impeccablement assemblé. Sur la tranche supérieure, on trouve au milieu une assez large grille qui va évacuer l’essentiel de la chaleur, mais également deux boutons de réglage du volume, une prise jack, un port USB-C et le bouton de veille/allumage.
À l’arrière, une seconde grille d’aération est présente, dégageant une chaleur plus légère. Juste à côté, la bonne surprise vient des boutons supplémentaires - façon pad Xbox Elite -, qui peuvent être entièrement customisés en fonction du jeu. Il y en a 4 en tout, facilement accessibles via le majeur et l’annulaire, mais pas toujours très réactifs.
La préhension générale est en tout cas très bonne, grâce notamment aux deux excroissances des deux côtés de la console, qui permettent de parfaitement agripper l’ensemble. Le plastique ne glisse pas et l’on aura jamais peur de lâcher le produit dans un moment un peu intense.
L’avant de la console est par ailleurs rempli de boutons et de fonctions. On trouve ainsi deux sticks analogiques symétriques, assez haut, une croix directionnelle à gauche, des boutons d’actions A, B, X et Y, deux équivalents de “Start” et “Select”, deux touches de raccourcis “Steam”, mais également deux touchpad avec retour haptique. Par défaut, ces derniers simulent la croix directionnelle à gauche et le stick à droite. Les vibrations et sensations de clics sont à la fois légères et agréables, et la précision est excellente. C’est un concept qui rappelle évidemment le Steam Controller, ici amélioré. Ces deux surfaces tactiles peuvent également simuler une souris, avec encore une fois une belle précision. Ce qui sera très utile pour des genres très “PC”, comme la stratégie, la gestion ou le 4X.
Les deux sticks analogiques (cliquables) sont quant à eux de bonne qualité, avec une partie supérieure concave et antidérapante. La sensibilité par défaut nous paraît cependant un peu juste, notamment dans des FPS un tant soit peu nerveux, où la visée va manquer de précision. Il faudra passer un peu de temps dans les réglages pour optimiser tout ça. Sachez par ailleurs que le Steam Deck est doté d’une fonction gyroscope (désactivée par défaut) plutôt bien pensée, puisqu’elle ne s’active que lorsque l’on pose le doigt sur le stick droit. Une façon astucieuse et naturelle d’ajuster son tir dans un FPS.
Juste à côté du stick gauche, la croix directionnelle remplit parfaitement son office. Très accessible, elle dépasse juste ce qu’il faut du châssis et s’avère précise. Son revêtement brillant la rend cependant un peu glissante. Vous n’allez sans doute pas doser un jeu de combat un tant soit peu exigeant avec, mais pour tout autre style il n’y aura aucun souci. Quant aux boutons d’action A, B, X et Y, ils peuvent sembler petits au premier abord, mais, à l’usage, sont parfaitement exploitables. Bien bombés comme il faut, ils réagissent parfaitement et tombent bien sous les doigts. Ils sont de plus très silencieux. Seul le bouton “B”, qui déborde légèrement de la tranche, a tendance à émettre un léger grincement quand on l’utilise.
Attardons-nous maintenant sur les quatre boutons de tranches L1, R1, L2 et R2. L1 et R1 sont de simples boutons cliquables, mais bien intégrés. Valve a eu la bonne idée de les faire légèrement déborder vers l’arrière ce qui permet d’y accéder sans torsion de l’index. L2 et R2 sont quant à elles des gâchettes analogiques, avec une pointe légèrement relevée qui rappelle un peu ce que l’on trouve sur une manette Xbox. La course est assez longue et agréable sous l’index. Un moteur de vibrations est intégré, mais ces dernières restent très légères, peut-être trop au goût de certains.
Malgré sa taille imposante, le Steam Deck est très agréable à prendre en main et à utiliser. Valve a intégré des composants de qualité afin d’offrir une très bonne ergonomie. Jouer dessus est tout simplement un plaisir.
Un mot rapide sur la partie son, qui s’avère particulièrement convaincante étant donné le format. Deux haut-parleurs sont disposés en façade de chaque côté pour un résultat à la fois puissant et assez précis. Nous avons aussi été particulièrement impressionnés par la spatialisation dans certains jeux, qui fonctionnent très bien malgré la taille des haut-parleurs. C’est sans doute le meilleur système sonore que l’on ait vu sur une console portable. Sachez par ailleurs qu’il est tout à fait possible de connecter des écouteurs en Bluetooth. L’appairage initial peut prendre un peu de temps, mais se fait ensuite très rapidement (test effectué avec des AirPods Pro). Le port USB-C est également fonctionnel pour l’audio et vous pourrez y connecter sans problème un casque gaming, qui sera immédiatement actif.
Enfin, en matière de connectivité, le Steam Deck n’est pas totalement moderne, puisqu’il ne prend pas en charge le WiFi 6. Dommage pour une console de 2022 appelée à télécharger de gros volumes de données. La prise en charge du Bluetooth 5 est quant à elle assurée.
Écran : une diagonale que l’on aurait aimée plus généreuse
Attardons ici sur l’écran du Steam Deck. Valve a fait le choix logique d’une dalle IPS avec un taux de rafraîchissement de 60 Hz. L’écran est au format 16:10, affiche une définition de 1280x800 pixels et se dote d’une diagonale de 7 pouces. C’est ici un premier point qui déçoit un peu : étant donné le format de la console, nous n’aurions pas été contre un écran un peu plus grand, d’autant plus que les larges bandes noires autour de la dalle nous font penser qu’il reste une bonne marge de progression. La taille de l’écran est ici similaire à celui de la Switch OLED (qui est cependant au format 16:9), pourtant infiniment plus compacte.
Heureusement, cet écran a des qualités. On apprécie tout d’abord le fait qu’il soit tactile, ce qui va s’avérer pratique pour taper un mot de passe avec le clavier virtuel ou naviguer dans l’interface Steam OS. La version 512 Go que nous testons profite également d’un traitement antireflet particulièrement efficace, qui va permettre une bonne lisibilité en extérieur. Il faut cependant bien avoir conscience que ce bon point ne concerne que la version la plus chère de la console de Valve.
Valve annonce une luminosité maximale de 400 cd/m2, mais nos mesures maison nous amènent à un résultat malheureusement moins bon. Nous relevons ainsi un pic de luminosité de 280 cd/m2, épaulé par un taux de contraste de 1130:1. Côté colorimétrie, le Delta E s’établit à 5,7 et la température des couleurs à 7520K. Des chiffres plutôt moyens, qui traduisent un manque de fidélité des couleurs et un rendu qui aura tendance à privilégier les teintes froides. Les angles de vision nous paraissent également un jeu justes, l’image ayant tendance à s’assombrir rapidement lorsqu’on la regarde sur le côté. Un défaut qui n’est heureusement pas très gênant dans le cadre d’une console portable.
En jeu, ces résultats en demi-teintes ne se remarquent cependant pas vraiment et l'expérience reste agréable. Mais bien entendu, il ne faut pas mettre l’écran du Steam Deck face à l’écran de la Switch OLED. Ce dernier offre des noirs beaucoup plus profonds, une meilleure luminosité, mais une colorimétrie par défaut globalement similaire. En contrepartie, l’écran de la Switch est beaucoup plus brillant et sujet aux reflets.
Interface et logiciel : Steam OS offre une grande liberté
Voici une partie importante de ce test : l’expérience utilisateur offerte par le système d’exploitation du Steam Deck. En préambule précisons que Valve utilise ici Steam OS 3.0, qui est basé sur un noyau Linux. Il est d’ailleurs possible de basculer en mode “bureau” et ainsi profiter d’une interface “PC” basée sur Plasma de KDE, beaucoup plus classique, mais bien moins exploitable avec les contrôles de la console. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le clavier virtuel n’est par exemple pas géré et il faudra donc connecter un clavier en Bluetooth ou en USB-C. La souris est quant à elle gérée via le touchpad de droite, mais là encore la navigation n’est pas pratique. Bref, ce mode bureau a le mérite d’exister, mais n’a pour le moment que peu d’intérêt.
Steam OS reste donc à privilégier pour le Steam Deck et il faut avouer que nous avons affaire à une interface à la fois compréhensible et ultra complète. Le nombre de paramètres qu’il est possible de gérer et tout bonnement hallucinant et les menus de gestion de sa bibliothèque Steam restent très clairs.
Valve différencie par défaut les jeux estampillés “parfaits pour Steam Deck” du reste. Ces derniers ont été testés et ont la garantie de tourner correctement sur la console. Mais vous pouvez bien entendu rechercher l’ensemble de vos jeux et tenter de les installer et les lancer, même s’ils n’ont pas reçu l’aval de Valve. Certains jeux ont par exemple été testés, mais ont encore quelques petits soucis pour offrir une expérience de jeu parfaite. D’autres n’ont pas été testés du tout, mais ça ne veut pas dire qu'ils ne sont pas compatibles Steam Deck. Nous avons par exemple constaté que Batman Arkham Knight ou Doom Eternal tournaient très bien alors qu’il ne fait pas partie de la liste des jeux “vérifiés” par Valve.
Mais nous reviendrons sur les performances générales de la machine un peu plus loin dans ce texte. Revenons à l’interface Steam OS, qui reprend dans les grandes lignes ce qui existe déjà avec Steam Big Picture, l’interface “à la manette” de Steam pour PC. La navigation entre les différents menus est agréable et assez intuitive, même s’il faut souvent faire plusieurs aller-retour entre les menus pour arriver à faire certaines actions. Il faut dire que les options sont nombreuses, notamment du côté de la personnalisation des contrôles. On retrouve ce qui existe déjà sur PC, avec des profils préétablis pour certains titres, crées par Valve ou pas la communauté. Cela permet ainsi d’avoir automatiquement le meilleur type de contrôle possible. Mais vous pouvez bien entendu modifier tout cela, en activant par exemple le gyroscope, en réassignant toutes les touches que vous souhaitez ou en changeant la fonction des pavés tactiles.
C’est bien simple : absolument tout est paramétrable et il est presque impossible de ne pas trouver une configuration à son goût. Mais cette customisation poussée reste optionnelle, les jeux “vérifiés par Steam” étant tous prêts à l’usage, sans avoir à paramétrer quoi que ce soit. Pour les autres jeux, c’est beaucoup plus variable. Deux exemples, sur un genre similaire, le 4X : Endless Space est “vérifié par Steam” et est donc parfaitement jouable avec la configuration par défaut, le touchpad de droite simulant bien la souris et les gâchettes servant à valider la plupart des actions. Sur Humankind, l’expérience est plus complexe et la prise en charge de la souris est par défaut plus hasardeuse, tandis que les textes sont difficilement lisibles. Il faut alors utiliser régulièrement l’outil “loupe” inclus dans Steam, qui s’active via un raccourci de touche. Ce n’est pas idéal, mais le titre d’Amplitude reste jouable. C’est surtout une preuve de plus la grande malléabilité de l’OS du Steam Deck, qui essaie de trouver une solution à chaque problème.
Autre aspect particulièrement intéressant : le menu qui peut apparaitre en surimpression lors d’une partie, via un appui sur la touche “quick access” sur la droite. Il permet d’afficher tout un tas d’informations et donne accès à différents réglages. En vrac, vous pouvez : afficher le niveau de batterie et de temps restant, choisir d’afficher ou non différentes informations de performances en surimpression (nombre de FPS en jeu, % du CPU ou du GPU utilisé…), activer plusieurs options de performances ou d’économie d’énergie (limiter la puissance maximale du processeur, régler manuellement la fréquence du GPU, limiter le nombre d’images par seconde…) et bien entendu toutes les fonctionnalités sociales liées à Steam. C’est très complet, chaque option est bien expliquée et l'on a vraiment l’impression de maîtriser sa machine de bout en bout. Bref, c’est la philosophie PC appliquée à une console portable.
Il faut aussi préciser que Valve travaille activement sur Steam OS et le met à jour quasi quotidiennement. Lors de notre premier jour d’essai, nous constations en effet de très nombreux bugs, dont certains particulièrement gênants (le volume impossible à régler et qui restait bloqué au maximum, de nombreux glitchs visuels dans les menus). De même, une certaine lourdeur et un manque de réactivité se faisaient ressentir dès que l’on changeait de menus. L’immense majorité de ces bugs ont été réglés et l’interface est désormais plus fluide. Le suivi semble en tout cas exemplaire.
On le rappelle : le Steam Deck est un PC maquillé en console portable et il est donc tout à fait possible d’y installer Windows 10 ou Windows 11. Valve ne l’empêche pas et la tentation de pouvoir profiter de sa bibliothèque Xbox Game Pass, Epic Game Store ou GoG est grande. Mais, pour l’heure, c’est une opération que l’on déconseille. Le support de Windows est en effet très incomplet et il manque notamment la compatibilité avec le WiFi, tandis que le son est tout simplement absent. Et, surtout, si vous installez Windows, vous effacerez entièrement Steam OS, sans possibilité de revenir en arrière. Des pilotes AMD sont en cours d’implémentation, mais il faudra surtout attendre la possibilité d’avoir un “dual boot” (lancer, au choix, Steam OS ou Windows au démarrage) pour que l’opération soit réellement intéressante.
Performances : 4 fois plus de puissance qu'une Nintendo Switch
C’est sur ce point que le Steam Deck est plus attendu. La promesse de Valve est de faire tourner une grande partie des derniers jeux en 3D de manière fluide, sans avoir à faire d’énormes concessions sur l’aspect visuel. Pour se faire, le Steam Deck s’appuie sur un processeur et une carte graphique réunis sur la même puce (un APU), conçu par AMD. Côté processeur, nous avons droit à un Zen 2 à 4 coeurs/8 threads pouvant monter à 3,5 GHz. La partie graphique (GPU) est assurée par un circuit RDNA2 allant jusqu’à 1,6 GHz et délivrant une puissance théorique de 1,6 Téraflops. Toujours en théorie, on se situe donc à un niveau de puissance entre la Xbox One (1,3 Tflops) et la PlayStation 4 (1,84 Tflops). Nous sommes donc largement au-dessus d’une Nintendo Switch, qui ne dépasse pas 393 Gigaflops. Cet APU “custom” de chez AMD est épaulé par 16 Go de mémoire vive en LPDDR5 et un SSD NVMe PCIe Gen 3.
Sur le papier, les spécifications du Steam Deck sont donc alléchantes. En pratique, il faut reconnaître que nous ne sommes pas déçus, loin de là.
Nous avons eu l’occasion de lancer de nombreux jeux récents, avec presque à chaque fois des performances tout à fait honorables. Que ce soit sur God of War, Resident Evil Village, Deathloop, Resident Evil 2 Remake, Prey ou encore Doom Eternal, nous avons affiché entre 30 et 60 images par secondes en fonction du niveau de réglages graphique. Un jeu comme Resident Evil 2 Remake, et son moteur bien optimisé, va afficher 40 FPS de manière stable avec le niveau de détails graphique au maximum. Si en plus le jeu prend en charge une technologie d’upscale type “FidelityFX Super Resolution”, il est très facile de se stabiliser à 60 FPS. C’est le cas sur Deathloop, God of War ou Resident Evil Village, notamment.
Nous avons même réussi à lancer Dying Light 2, réputé très gourmand et officiellement non supporté par le Steam Deck, avec une moyenne de 40 images par seconde avec FSR réglé sur "performances". Par défaut, le jeu avait cependant tendance à planter au bout de quelques dizaines de minutes, mais la limitation du nombre de FPS maximum (calé sur 40) règle le problème.
Bien entendu, des jeux moins gourmands vont tourner impeccablement à 60 FPS dans la définition native de l’écran. Des titres comme Dead Cells, Hollow Knight ou Shadow Tactics sont ainsi parfaitement à l’aise. Le cas de AAA plus anciens est également très intéressant : nous avons ainsi pu profiter de Dishonored à un bon 60 FPS stable, avec le niveau de détails au maximum. Même topo pour Portal 2, qui se redécouvre ici avec grand plaisir.
Bref, nous avions du mal à y croire, mais la promesse de Valve est tenue : le Steam Deck est bien capable de faire tourner des jeux très récents dans de bonnes conditions et s’avère idéal pour des jeux un peu plus anciens.
Bien sûr, tout n’est pas parfait et nous nous sommes heurtés à un mur à plusieurs reprises : impossible de lancer Cyberpunk 2077 (message d’erreur au lancement), Batman Arkham Asylum ou encore Sleeping Dogs (pourtant anciens). Plus de 300 jeux sont actuellement “vérifiés” pour le Steam Deck, de nombreux autres semblent correctement fonctionner, mais autant ne sont pas encore jouables. En l’état actuel, il y a tout de même de quoi sérieusement s’amuser.
Sachez par ailleurs qu’il est tout à fait viable d’augmenter la capacité de stockage via l’ajout d’une carte microSD et d’y installer ses jeux, sans presque rien perdre en temps de chargement. Nous avons ainsi inséré une microSDXC Sandisk Extreme de 128 Go et avons constaté des chargements à peine plus longs par rapport au support SSD :
Portal 2 | Resident Evil Village | |
Lancement depuis le SSD | 12 sec | 8 sec |
Lancement depuis la microSD | 17 sec | 12 sec |
Chauffe et bruit : température maîtrisé, mais souffle quasi constant
Entamons la fin de ce test du Steam Deck avec ce qui va sans doute être le plus problématique et peut-être un frein à l’achat pour beaucoup. Avant de parler du talon d’Achille qu’est l’autonomie, évoquons la chaleur et le bruit dégagés par le système de refroidissement. Les températures restent très acceptables et le châssis de la console ne chauffe jamais suffisamment pour devenir désagréable. L’essentiel de la chaleur est évacué par la grille située sur la tranche supérieure et c’est donc là que la température sera la plus élevée, comme vous pouvez le voir sur les images ci-dessous.
Le bruit de la ventilation est un peu plus gênant, d’autant plus qu’il est quasi permanent. Le silence ne se fait que lorsque la console est au repos, sur l’interface Steam OS. Mais dès que l’on commence à télécharger un jeu, et bien entendu dès qu’on lance une partie, un souffle assez aigu et désagréable se fait entendre distinctement. Il n’est pas aussi fort que ce que l’on peut avoir sur la plupart des PC portables “gamers”, mais reste suffisamment présent pour gêner l'utilisateur s’il ne porte pas un casque, ou un voisin un peu trop proche. Difficile, cependant, d’en vouloir vraiment à Valve sur ce point, tant il semble difficile de se passer d’un tel système de ventilation avec l’APU AMD embarqué, qui chauffe fatalement rapidement.
Autonomie : c'est le talon d'Achille du Steam Deck
Vient enfin la question de l’autonomie. Le Steam Deck embarque ainsi une batterie de 40 Wh et Valve annonce entre 2 et 8 heures de durée de vie en fonction de l’usage. En pratique, ces chiffres se vérifient, même s’il nous a été impossible d’atteindre les 8 heures. Dans le meilleur des cas, sur un jeu en 2D peu gourmand type Dead Cells, vous pouvez espérer 6 heures d’autonomie.
Sur des jeux plus récents et en 3D, la batterie va se vider beaucoup plus vite. Une partie de God of War, sans limitation du nombre de FPS et sans bloquer le TDP du processeur, va durer pendant 1h30. Il est possible de grappiller du temps avec des options d'économie d'énergie, mais il faut se rendre à l’évidence : il est presque impossible de jouer plus de 2 heures à un AAA sur le Steam Deck. C’est forcément une déception, mais encore une fois ce n’est pas une surprise étant donné la débauche de puissance à l’intérieur de la bête.
Côté recharge, le Steam Deck est fourni avec un chargeur de 45W, mais doté uniquement d’une prise américaine. Il faudra donc utiliser un adaptateur ou faire appel à n’importe quel chargeur USB-C. À 45W, une recharge complète de la console prend environ 2 heures.
Conclusion
Points forts
- Une puissance sans pareil sur console portable
- Son catalogue Steam à emporter
- Excellente ergonomie
- Poids bien réparti
- Des options de personnalisation dans tous les sens
- Interface Steam OS complète et pratique
- La qualité de haut-parleurs
- Extension de stockage simple via la microSD
Points faibles
- Un écran un peu petit et que l'on aurait aimé de meilleur qualité
- Format très encombrant
- Le souffle de la ventilation, quasi-permanent
- Entre 1h30 et 6 heures d'autonomie selon le jeu
Note de la rédaction
Le Steam Deck et à la fois une sacrée curiosité et une petite merveille de technologie. Voici la première console portable capable de faire tourner le dernier God of War et le dernier Resident Evil à près de 60 FPS, sans avoir à faire appel au cloud. Oui, c’est un monstre de puissance, qui plus est doublé d'un bel objet bien construit et très agréable à prendre en main. Pouvoir embarquer une bonne partie de son catalogue Steam partout avec soi et lancer une partie quand on veut a quelque chose de définitivement magique. Une magie qui s'estompe malheureusement trop vite quand la batterie se vide au bout de deux heures. L’autonomie est donc, sans surprise, son talon d’Achille et il ne faudra jamais être très loin d’une prise de courant. De plus, l’objet reste encombrant - bien plus qu’une Switch - et ne peut pas vraiment être sorti en toute circonstance. Mais l’arrivée de Valve sur le marché de la console portable reste remarquable, avec un produit qui respire l’amour du PC et remplit de l’ADN de son constructeur. Malgré des défauts évidents, on ne peut que tomber amoureux.