Sur le papier, le HTC Vive Flow a tout de la bonne idée : voici un casque de VR ultra compact, qui se glisse dans une petite pochette, qui pèse moins de 200 grammes et que s'utilise avec un smartphone. De la réalité virtuelle à emmener partout, pratique pour consommer des contenus en toute circonstances. Oui, à la base, le Vive Flow part d'une bonne intention. Le souci, c'est que rien ne va - ou presque - dans l’exécution. Récit d'un gros ratage.
Sommaire
- Présentation et caractéristiques du HTC Vive Flow
- Design, confort : un casque ultra compact, mais pas si confortable
- Image : un bonne netteté, mais un FOV limité
- Expérience utilisateur et usages : et c'est l'accident
Présentation et caractéristiques du HTC Vive Flow
Le Vive Flow est sans conteste le casque de réalité virtuelle le plus léger et le plus compact du marché. Avec seulement 189 grammes sur la balance, il fait ainsi bien mieux que l'Oculus Quest 2 (503 grammes). Nous y reviendrons plus loin, mais le design est également tout à fait notable, avec pour la première fois un casque de VR qui ressemble à une (grosse) paire de lunettes et s'enfile de la même façon, grâce à deux branches en plastiques. Pas de système d'attache au dessus du crâne, pas "strap" à l'arrière... Ici, il suffit de le poser sur son nez pour commencer à l'utiliser.
Vous allez le voir, ce design sur le papier très intéressant, oblige à de nombreux sacrifices de la part du constructeur, à commencer par l'absence de batterie intégrée. Pour utiliser le Vive Flow, il faut donc : brancher une batterie externe en USB, utiliser son smartphone comme batterie ou le brancher sur une source electrique.
Spécifications | |
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Compatibilité | - |
Écran | Double LCD RVB à faible persistance |
Résolution | 1600 x 1600 pixels par œil |
Taux de rafraîchissement : | 75 Hz |
Champ de vision | Jusqu'à 100 degrés |
Audio | Haut-parleurs intégrés, bluetooth |
Poids | 189g |
Connexions | Bluetooth, entrée USB-C femelle (pour batterie) |
SoC | Snapdragon XR1 |
Stockage | 64 Go |
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Design, confort : un casque ultra compact, mais pas si confortable
Avec le Vive Flow, jamais un casque de réalité virtuelle n’a été aussi proche d’une paire de lunettes. Des lunettes “XXL”, certes, mais un système des plus simples et une légèreté qui, avouons-le, est assez impressionnante. HTC a eu la bonne idée d’opter pour du tissu très léger et "anti transpirant", qui va bien s’appliquer autour des yeux, tout en bloquant très efficacement la lumière extérieure. Cette zone autour des yeux est par ailleurs magnétique, se remet et se retire donc très facilement et offre un accès simplifié aux lentilles (pratique pour le nettoyage).
À l’avant, les lunettes s’agrandissent et la façade adopte un effet “chromé” qui donne presque un côté rétro au design, avec l’impression de porter une gigantesque paire de ray-ban “pilote”. L’effet est sympathique, on ressemble certes un peu à une mouche qui se prendrait pour Tom Cruise dans Top Gun, mais le résultat reste plus convaincant que sur n’importe quel autre casque de VR.
Cette bonne première impression se ternit malheureusement dès que l’on enfile le Flow. La faute n’est pas à imputer au revêtement autour des yeux, très agréable, ou à la légèreté de l’ensemble. Non, on peste ici contre ses satanées branches bien trop raides et qui appuient de manière trop prononcée de chaque côté du crâne. Dès les premières secondes, on ressent une gêne, pour peu que l’on n’ait pas beaucoup de cheveux à cet endroit. Au bout de vingt minutes, la pression se fait vraiment désagréable et l’on a alors envie de retirer le casque… Pour un produit destiné à être utilisé pendant plusieurs heures, notamment pour regarder des films, vous conviendrez que c’est un peu dommage.
Si vous avez regardé les photos avant de lire ce texte, vous vous demandez peut-être à quoi sert le câble qui dépasse de la branche gauche. Nous l'avons rapidement évoqué en début de test : la petite taille du Flow oblige à des sacrifices et le plus gros est sans doute l’absence de batterie intégrée. Du coup, on se retrouve à devoir brancher une batterie externe (ce qui nous semble plus pratique si l’on veut garder un minimum de liberté de mouvement). Si vous l’utilisez de manière “fixe”, sans vraiment bouger, vous pouvez également le connecter sur n’importe quel port alimenté, afin de ne jamais être à court de batterie. Enfin, il y a la solution d’utiliser son smartphone comme batterie, mais on vous le déconseille : le terminal sert aussi de contrôleur et sa batterie va très rapidement s’épuiser.
Bref, on passe ici d’un casque qui est censé être 100% autonome à une sorte d’hybride qui va, de toute façon, vous réclamer un fil et une source d’alimentation externe pour fonctionner. En soit, on comprend tout à fait que HTC ait dû sacrifier cet aspect afin de maintenir des dimensions et, surtout, un poids aussi bas. Mais, à l’usage, ça n’est franchement pas pratique.
Pour le reste, on retrouve un bouton d’allumage sur la tranche supérieure droite, ainsi qu’un bouton de réglage du volume. Les deux sont très accessibles. Sur les branches, deux haut-parleurs délivrent un son plutôt convaincant étant donné leurs petites tailles, à la fois puissant et assez bien spatialisé. L’expérience sonore est en revanche quelque peu gâchée par une ventilation qui se met en route très rapidement et qui va émettre un son tout à fait audible… Là encore un choix de design qui gâche l’expérience. Notez qu'il n’y a pas de prise jack pour un casque, mais que vous pouvez en connecter un en Bluetooth.
Image : un bonne netteté, mais un FOV limité
Le HTC Vive Flow propose un LCD “3,2K” affichant 1600x1600 pixels par oeil. Il profite également d’un taux de rafraîchissement de 75 Hz (l’un des plus bas du marché) et d’un champ de vision (FOV) de 100 degrés. Premier bon point : la possibilité de régler l’écart entre les lentilles et l’écran, via deux molettes à l’intérieur du casque. Une fonction très pratique qui permet de se passer de lunettes, même lorsque l’on est très myopes.
Nouveauté intéressante : contrairement à la plupart des casques du marché, qui utilisent des lentilles de Fresnel pour l’effet grossissant propre à la VR, le Flow opte pour des lentilles de type “Pancake”. Elles sont plus fines et permettent, entre autre, un écart bien moindre avec l’écran. C’est grâce à cela, entre autres, que HTC parvient à proposer un casque aussi compact.
À l’usage, l’expérience visuelle proposée par le Flow est satisfaisante, mais pas dénuée de défauts On apprécie l’excellente netteté, notamment pour les textes, et l’absence quasi totale d’effet de grille. L’image est assez lumineuse est les “god rays” (ces débordements chromatiques sur les contours des objets que l’on constate sur certains casques, sont globalement invisibles.
Le fait que le taux de rafraîchissement soit bloqué à 75Hz (contre 90 Hz pour l’Oculus Quest 2) n’est par ailleurs pas gênant à l’usage, puisque la plupart des choses que vous ferez avec le Flow ne nécessitent pas un taux de rafraîchissement plus élevé (et ça économise de la batterie).
Le seul véritable problème vient du FOV limité à 100 degrés, qui reste trop juste. Pour regarder un film sur Netflix, par exemple, cela va obliger à : soit reculer l’image et donc perdre l’impression d’écran XXL, soit tourner constamment la tête pour profiter de l'ensemble de l’image.
Encore une fois un défaut à attribuer à la volonté d’HTC de proposer le casque de réalité virtuelle le plus petit possible, ce qui commence à faire beaucoup de contraintes
Expérience utilisateur et usages : et c'est l'accident
Vous l’aurez peut-être noté : le Vive Flow ne s’accompagne d’aucun contrôleur. On pourrait croire, de prime abord, que le casque utilise le “hand-tracking”, soit le suivi des mains et des doigts dans l’espace. C’est techniquement possible étant donné les caméras embarquées sur le casque, mais ce n’est pour le moment pas le cas. HTC a cependant précisé que cette possibilité arrivera, sans donner davantage de précision.
En attendant, le seul contrôleur à utiliser pour le Vive Flow est son smartphone. Son utilisation est tout simplement indispensable au fonctionnement du casque, notamment via l’installation de l’application Vive. Une fois le casque appairé en Bluetooth, le smartphone apparait dans le monde virtuel et fait office de télécommande.
Dès le départ, plusieurs soucis apparaissent. D’une, la détection de mouvements ne se fait que sur 4 axes (haut, bas, gauche, droite) et la profondeur n’est pas prise en compte. Les mouvements sont donc très vite limités et on se retrouve finalement avec un simple pointeur. De deux : une fois dans la réalité virtuelle, la surface de l’écran du smartphone est divisée en quatre, chacune étant une zone pour un bouton virtuelle. L’une va servir à valider une action, l’autre à revenir à l’accueil, etc. Vous pourrez également scroller en faisant glisser votre pouce. Disons-le clairement : ce système est un véritable calvaire de navigation. On se trompe régulièrement de bouton, la réactivité n’est pas bonne et on passe son temps à devoir calibrer la position du téléphone dans l’espace. Rien ne va.
De plus, si vous pensiez pouvoir utiliser n’importe quel smartphone avec le Vive Flow, vous allez être déçus. Oubliez les iPhone, déjà, puisqu’il faut obligatoirement un terminal Android compatible Miracast, soit la capacité à dupliquer son interface sur un écran externe. HTC a publié la liste des modèles compatibles : elle est assez limitée, mais la plupart des grosses marques y sont. Il est toutefois indispensable de bien vérifier la compatibilité de votre smartphone avant un éventuel achat du Vive Flow. Pour les besoins de ce test, le constructeur nous a d’ailleurs fait parvenir un smartphone HTC U12+.
Une fois le smartphone et le casque paramétrés, vous voilà dans l’interface virtuel du Vive Flow. Et ensuite ? Et bien… Il n’y’a pas grand-chose à faire. Le casque prend certes en compte les déplacements dans l’espace grâce à des capteurs intégrés, mais les contrôles ultra limités ont forcément un impact sur la variété des applications proposées. Vous avez accès au portail “Viveport”, avec des expériences vidéo, des jeux très simples, des courts métrages interactifs… Mais on en fait vite le tour.
Rapidement, on se rend compte que le seul et principal intérêt du Vive Flow se trouve dans l’utilisation en mode “Miracast” de son smartphone, ce qui va vous permettre de lancer Netflix, Prime Video, YouTube et consorts. L’interface de Netflix, par exemple, s’adapte bien au casque et vous allez pouvoir modifier la taille de l’image, l’ajuster en hauteur et sur les côtés. Le rendu est net et on profite vraiment de son contenu, d’autant plus que l’on a peu à utiliser l’affreux système de contrôle au smartphone.
Reste maintenant à répondre à cette question : est-ce que dépenser près de 550 euros pour des lunettes de réalité virtuelle compacte, juste dans le but de regarder des films vaut le coup ? On voit mal comment répondre par l’affirmative. Il y a 4 ans, l’Oculus Go proposait la même expérience, mais avec un contrôleur dédié, pour moins de 200€. Ici, on ne comprend vraiment pas où HTC veut aller : le Flow est beaucoup trop cher pour ce qu’il a à offrir et affiche trop de défauts pour être un tant soit peu convaincant.
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Conclusion
Points forts
- Design rétro futuriste plutôt réussi
- Le casque de VR le plus compact du marché
- Ultra léger
- Image très nette
Points faibles
- Devoir utiliser une source d’alimentation externe
- Le contrôle au smartphone, une très mauvaise idée
- Des branches qui serrent trop le crâne à l’arrière
- Usages très limités
Note de la rédaction
Avec le Vive Flow, nous ne sommes pas loin de l’accident industriel. Pourtant, les intentions initiales de HTC sont louables : proposer la première véritable “paire de lunettes” dédiée à la réalité virtuelle, à emmener partout. Mais rien ne va, ou presque, dans l'exécution : l’obligation de faire appel à une batterie externe, le champ de vision étriqué, le contrôle au smartphone plus qu’approximatif, les usages limités… Et le tout pour un prix délirant (549€, rappelons-le). Terminons tout de même sur une note d’optimisme : il y a tellement de choses à améliorer que le Vive Flow 2 ne pourra être que meilleur… S’il existe un jour.