Et puisque le thème peut amener la polémique et que ce forum est plus que jamais un repère pour les délateurs pusillanimes mais que, dans le même temps, la liberté de création doit être la plus absolue, il faudra éventuellement penser à faire héberger votre oeuvre ailleurs que sur jeuxvideo.com et indiquer ici le lien.
Je vois
Je pense que je vais attendre le 29 avril pour savoir si je participe ou pas.
Je participe
Le 15 mars 2021 à 17:36:18 [jesuispartout] a écrit :
Et puisque le thème peut amener la polémique et que ce forum est plus que jamais un repère pour les délateurs pusillanimes mais que, dans le même temps, la liberté de création doit être la plus absolue, il faudra éventuellement penser à faire héberger votre oeuvre ailleurs que sur jeuxvideo.com et indiquer ici le lien.
Il faut faire avec. Peut-être qu'un jour la modération sera plus laxiste.
Mais je me souviens t'avoir lu défendre une liberté d'expression limitée. Pourquoi "la liberté de création" ferait exception ? https://www.jeuxvideo.com.com/forums/message/1069052927
Le 15 mars 2021 à 17:32:23 [jesuispartout] a écrit :
Relançons la bonne idée du camarade Veyli.
Je vous propose à nouveau de rédiger un texte, sous la forme qu'il vous plaira, d'ici le 30 avril à minuit.
Seulement cette fois-ci, le thème est imposé : la nation et/ou la nationalité.Cette fois encore, en participant vous vous engagez à donner votre avis sur les autres productions qui seront ici postées.
Que les muses guident les pas des courageux aventuriers qui tenteront l'expérience.
Je vais tenter un truc, à voir si ma procrastination gagne ou pas..
Je vais participer, je crois.
Le 15 mars 2021 à 18:49:29 xxxtentazola a écrit :
T'as intérêt à ne pas faire le mec
Je participe évidemment ; préparez-vous pour un sommet en matière de gauchisme républicain.
je suis marocain, ça passe ?
Qu'est-ce qui passe ?
Le tour de magie un vrai tour de passe-passe. Hop la le marocain dans le pousse pousse cherche à prendre notre place
pour une raison quelconque, j'ai pensé que l’exercice devait être lié à la France et à son climat politique actuel, si ce n'est pas le cas, je suis partant
Le 15 mars 2021 à 20:41:40 [jesuispartout] a écrit :
Qu'est-ce qui passe ?
le marocain au dessus de la frontiere
J'avais oublié comme c'est chiant d'écrire du politique j'ai déjà envie de tout effacer. Si t'argumentes ça devient une sous-thèse, si t'argumentes pas c'est du sous-récit
Le 16 mars 2021 à 01:07:06 VeyIox a écrit :
J'avais oublié comme c'est chiant d'écrire du politique j'ai déjà envie de tout effacer. Si t'argumentes ça devient une sous-thèse, si t'argumentes pas c'est du sous-récit
Au final t'as rien écrit pour le thème d'avant ?
Le 16 mars 2021 à 01:08:44 SoldatGaulois45 a écrit :
Le 16 mars 2021 à 01:07:06 VeyIox a écrit :
J'avais oublié comme c'est chiant d'écrire du politique j'ai déjà envie de tout effacer. Si t'argumentes ça devient une sous-thèse, si t'argumentes pas c'est du sous-récitAu final t'as rien écrit pour le thème d'avant ?
Si, j'ai quelques pages, j'ai arrêté à quelques paragraphes de la fin parce que j'étais pas forcément satisfait
Le 16 mars 2021 à 01:26:00 VeyIox a écrit :
Le 16 mars 2021 à 01:08:44 SoldatGaulois45 a écrit :
Le 16 mars 2021 à 01:07:06 VeyIox a écrit :
J'avais oublié comme c'est chiant d'écrire du politique j'ai déjà envie de tout effacer. Si t'argumentes ça devient une sous-thèse, si t'argumentes pas c'est du sous-récitAu final t'as rien écrit pour le thème d'avant ?
Si, j'ai quelques pages, j'ai arrêté à quelques paragraphes de la fin parce que j'étais pas forcément satisfait
" Tu fuis "
Vous excuserez le titre, c'est celui que j'ai donné au brouillon et que j'aurais donné s'il n'avait aucune connotation. Mot-dit me met au défi de ne pas travailler mon texte, donc pas de corrections de fautes, pas d'amélioration du premier jet, pas de changement de titre, pas de meilleure mise en page ;
Sang et honneur
– Puisque je te dis que je conduis, ça peut pas attendre cinq minutes ? Je suis bientôt à l'aire, je raccroche.
– Cinq minutes, cinq minutes, c'est toujours cinq minutes ! Tu laisses tomber tout le monde à coup de cinq min...
L'envie de jeter le portable par la fenêtre me démangeait mais, par une retenue impeccable, je l'envoyai s'écraser sain et sauf sur le siège passager. L'humeur n'était pas aux remontrances. L'hôpital avait prévenu qu'il ne passerait pas la nuit ; la famille devait se réunir au chevet du grand-père en fin de soirée, mais comme pour s'inventer quelque chose à me reprocher, tous semblaient d'un commun accord s'être rendus sur place plusieurs heures à l'avance. Le vieux décida, bien entendu, de claquer avant mon arrivée, jetant post-mortem l'ire de toute la lignée sur le seul absent au rendez-vous.
Le portable vibra sur la banquette et s'illumina. Un SMS de maman lisait ; "Si jamais ça t'intéresse encore, il a déliré un peu avant de partir sans douleur. Il a demandé plusieurs fois si son père revenait le chercher."
Si son père venait le chercher... heureux les mourants qui croient encore en l'avenir.
Je n'avais jamais vraiment connu le Marcel. Bourru et silencieux, comme tous les vétérans de l'Algérie. Je ne connaissais de lui qu'un sourire étrange reflétant plus volontiers le secret bien gardé que la joie. Il souriait pour n'avoir pas à communiquer avec des gens qui ne le comprendraient pas.
Lorsqu'il avait le malheur de l'ouvrir quand même aux dîners, son patriotisme toujours zêlé ne manquait pas de gâter dans les bouches les repas vegans des petites têtes inclusives de dernière génération. À la manière qu'elles ont de séparer proprement les ères et de disparaître aussi vite qu'elles sont venues, les opinions devaient n'être que des formes particulières de modes. La famille ce soir au chevet du Marcel devait se féliciter du devoir de présence accompli, mais il me semblait que l'homme était mort longtemps avant le corps, dans l'indifférence générale.
Comme la foudre frappe toujours deux fois au même endroit du moment que c'est sur ma face de paratonnerre, ma soeur devait accoucher dans la nuit, dans ce même hôpital. Ma nuit blanche de la veille et mes 4 heures de route dans les pattes ne me permettraient pas de faire un kilomètre de plus sans les rejoindre les pieds devant, et puisque je les décevrais mort ou vif, je décidai de les emmerder un peu plus longtemps en choisissant la vie ; l'alcool dégueulasse des aires d'autoroute serait certainement de meilleure compagnie pour ce soir que la marmaille émue des cousins-cousines.
J'allumai la radio, espérant trouver compagnie plus joyeuse dans une compilation de blagues beauf trouvées à la volée.
"Le forcené s'est retranché dans un immeuble du voisinage, les témoins affirment avoir entendu des "Allah Akbar" criés durant l'attaque."
Non.
"C'était horrible, j'étais à mon balcon, il a décapité un vieillard en pleine rue et personne n'est venu à l'aide."
Non plus.
"Mélenchon tient à mettre en garde contre la montée de l'islamophobie que pourrait provoquer une
émotion trop forte à la vue de ces images, et questionne les intentions des médias dans leur diffusion."
Je frappai trois fois sur la radio qui n'était pas cassée, dans l'espoir de l'entendre capituler en m'offrant du Rires et chansons.
"On nous signale une seconde attaque près de la cathédrale de..."
Une dernière baffe acheva la bête, qui grésilla d'agonie avant de me laisser seul avec le silence pollué des autoroutes. Un coucher de soleil alangui orangeait la campagne, éclairant dans son agonie l'avancée trottinante des tracteurs dont le monde sans politique s'arrête aux humbles frontières de petits champs tout carrés.
Alors que la route prenait de l'altitude, je pénétrai dans une brume de tous les diables qui dissipa peu à peu le paysage. Après quelques minutes pleins phares au coeur du brouillard, l'asphalte émergea au-dessus des nuages, formant un lacet noir zigzaguant sur un horizon d'une parfaite blancheur.
Un silence voluptueux régnait sur cet océan blanc, qu'aucune onde radiophonique ne pouvait plus perturber. Plus un message, plus un doute, plus un regret ne semblaient pouvoir atteindre cette section de route au-dessus du monde. Je l'aurais contemplée pour l'éternité, si la voie ne replongeait pas droit dans la brume quelques kilomètres plus loin.
De retour à l'aveuglette, lancé à cent-quarante kilomètres heure, je me mis à préparer mon épitaphe quand les suspensions commencèrent à jouer du rodéo. Des secousses inexplicables et un vacarme mortel menaçaient de me faire perdre le contrôle et je freinai, paniqué, jusqu'à m'arrêter sur le rebord.
Je sortis du côté de la bande d'arrêt, qui n'était pas là ; à ma droite s'étendait une forêt qui semblait apparue de nulle part. Le sol sous mes pieds était graveleux comme un sentier de marche, sans trace de béton. Certain que je n'avais pris aucune sortie, je remontai le chemin à pieds, jusqu'à trouver l'autoroute ; elle s'arrêtait brusquement, comme oubliée par ses constructeurs, pour laisser sans transition la place au chemin à peine entretenu qui venait de me bousiller les pneus.
Enfonçant le clou, ma poubelle de Twingo refusa de redémarrer, détail qui me sembla somme toute le moins inhabituel de la situation. Dans l'espoir de trouver de l'aide, je continuai à pieds sur le sentier, priant pour trouver quelque chose avant les vingt premiers kilomètres. Heureusement, un son de cloches se fit soudain entendre dans la brume.
Je le suivis humblement, comme le marin suit le phare, pour tomber sur un petit village rustique surmonté d'une magnifique église. Les cloches se turent en voyant ma venue, et des rires de femmes les remplacèrent, succédés, cent mètres plus loin, par des rires d'enfants ; cinq d'entre eux jouaient à la marelle dans un petit parc, tandis qu'une paysanne que la mode des leggings n'avait jamais dû atteindre, vêtue jusqu'aux chevilles d'une robe bleue, lisait à l'ombre d'un saule. Elle parut surprise de me voir, se leva sans un mot, puis me fit signe de la rejoindre sur un banc à l'écart des petits.
Sa démarche digne, son silence chaleureux, chacun de ses mouvements délicats, de ceux qu'on imaginerait issus de peintures ayant pris vie, me firent asseoir sans réfléchir.
– Désolé, j'étais en route et je me suis perdu, je me demandais si...
– Ne cherche pas d'excuses, mon garçon, coupa-t-elle. Nous savons tous les deux que tu fuis. Regarde.
Déstabilisé par sa remarque, je suivis son regard. Un garçon et trois filles jouaient à la marelle, tandis que le dernier gamin rêvait, le cul dans l'herbe, en scrutant les nuages. Les parcs de campagne, bien que très dépouillés, avaient l'avantage de ne pas être remplis de graffitis et de balançoires cassées, ni cernés de HLM à en induire des claustrophobies juvéniles au grand air.
– Vous gardez les gosses du coin ?
– Surveille ton langage, gronda-t-elle. Ce sont les miens.
Sa jeunesse et sa beauté avaient remarquablement résisté aux assauts de la maternité. Elle me servit le thé et je le bus, comme asservi par sa voix, pétrifié par ses yeux. Le vert triste de ses pupilles sondait mon âme, et la jeune femme passa une main dans mes cheveux, puis sur ma joue.
– Tu es jeune, dit-elle. Tu es beau.
– Je... merci ?
– Tu ne veux pas mourir.
– Non ?
– Tu lui ressembles.
Je songeais de plus en plus à chercher une excuse pour partir, quand de grosses larmes brouillèrent les yeux de la jeune femme. Elle tourna le dos aux enfants pour se cacher. Je me sentais coupable, sans savoir de quoi.
– Il paraît que le front va mal, articula-t-elle entre deux sanglots. On nous a dit de n'attendre le retour de personne.
– Le front ?
– Ne fais pas l'idiot. Tu as l'âge. Tu ne serais pas ici si tu n'avais pas fui l'appel.
Je réalisai, trop tard, n'avoir pas croisé de jeune homme en traversant le village.
– Je ne sais pas de quoi vous parlez, je n'ai pas fui. Je me suis simplement perdu, je ne viens pas d'ici, je ne connais pas la situation.
– Tu es Français, non ? accusa-t-elle. Alors ne leur fais pas honte ! Va te battre avec les autres !
Elle me poussait, vindicative, en direction de la forêt.
– Pour qui ? Pour quoi ?
– Pour nous ! Pour eux ! Si la ligne cède, que va-t-il advenir des enfants ? La ligne de front est tout près.
– Quel front ? Si l'endroit est dangereux, vous n'avez qu'à partir.
– Pour aller où ? À l'ouest ? Et quand l'Allemand nous suivra à l'ouest, où irons-nous ? Dans l'océan ? Tout ce que j'ai est ici.
L'un de nous deux devait être cinglé. Comme les gamins du parc jouaient à la marelle, et toujours pas à tourner un clip de rap, j'étais peut-être bien le fou. Tandis que je me demandais où -ou plutôt quand- je venais d'atterir, le garçon scrutant les nuages se leva et courut vers nous.
Il tira la robe de sa mère, pointant le ciel, l'excitation sur le visage. Un fringant avion D.520 pourfendait les cieux, recevant sur son passage les baisés jetés en l'air des femmes du village.
– Est-ce que c'est Papa qui revient nous chercher ? demanda le gamin.
La question familière me fit l'effet d'un poing entre les côtes.
– Pas encore, Marcel, pas encore, répondit la mère, détournant ses yeux rougis. Papa revient bientôt. Retourne jouer avec les autres.
Il ne reviendrait pas. Je le savais. Elle le savait certainement aussi bien que moi. Tandis qu'elle tentait de se replonger dans son livre, mon portable, que je croyais resté dans la voiture, se mit à vibrer dans ma poche. Une fois. Deux fois.
– Tu es encore appelé. Tu ne réponds pas ? Tu continues à fuir ? demanda-t-elle, sans s'étonner de l'engin dans ma poche.
Le monde autour de moi commençait à se brouiller, et bientôt seule cette femme demeura nette.
– Je sais pourquoi on m'appelle. Je pense que ma nièce vient de naître.
Elle eut un sourire.
– Mes félicitations.
Elle scruta la forêt, comme pour chercher l'horizon par-delà les arbres.
– Je me demande, reprit-elle... si la frontière tiendra assez longtemps pour qu'elle grandisse ?
Je fis demi-tour pour retrouver ma voiture, alors que l'obscurité engloutissait le village tout entier autour de moi. Bientôt dans les ténèbres ne se répondaient que trois voix, celles d'un vibreur qui refusait de s'arrêter, celle de la femme me demandant où j'allais et celle, plus lointaine, d'une radio récapitulant un nouvel attentat.
Luttant encore un peu contre les deux autres, la voix onirique me demanda si j'étais toujours perdu.
– Non, répondis-je.
– Où vas-tu, alors ?
L'aurore irradiait l'aire d'autoroute et punissait ma gueule de bois. Dans la boîte à gants, tâtonnant en quête des lunettes de soleil, mes doigts effleurèrent une peluche neuve et un calibre 9.
– Au front.
J'en écrirai peut-être une autre plus tard, ou pas