Le 28 janvier 2021 à 11:47:17 Un_esclave a écrit :
J'aurais bien participé mais je n'avais pas le temps d'écrire en janvier, j'aurais participé en février.
mdr grosse surprise
Le 28 janvier 2021 à 00:48:
SoldatGaulois11 a écrit :Le 28 janvier 2021 à 00:46:
VeyIox a écrit :Le 28 janvier 2021 à 00:42:
SoldatGaulois11 a écrit :J'espère qu'il s'inspire de Racine sinon je trouve un moyen de faire terminer son tipoc dans le néant
Pour l'instant je m'inspire d'SNK
Mais je pense pas que celui-là sera dans la moyenne haute de mes textesJe parlais surtout de la plume de Racine. C'est vraiment sa plume qui est divine.
Perso =>>> j'ai tendance à donner beaucoup d'importance à la forme, même dans les textes philosophiques
Pourtant tu arrêtes pas de dire que le langage ne mène à rien et que la réalité est complètement en dehors du langage, alors à quoi ça sert de donner de l'importance à la forme ?
Placoteur ; tu me gonfles à raconter n'importe quoi donc j'ai pas lu ton post, mais le poème en plein milieu est possiblement le meilleur texte sur ce topic. J'aime pas du tout la manière dont tu respectes pas les liaisons par contre, le comptage des pieds change de logique à chaque fois
Aldana ; rien compris à ton texte, jusque dans sa construction ; c'est quoi le rapport entre le premier acte et le reste, et le reste est censé raconter quoi ? Quand on veut se permettre des libertés sur la forme il faut être sûr de maîtriser ce qu'on fait, et je pense que c'était pas ton cas ici, t'as voulu partir dans trop de délires qui dans l'exécution ne fonctionnent pas, du coup c'est désagréable sur la forme et incompréhensible sur le fond (à moins que je cherche trop compliqué et que c'était juste une histoire de trip yolo)
T'as tendance à alterner récit au présent et au passé sans trop de raison aussi
Edo ; sur la forme la première moitié du texte est propre (moins carré que Placoteur, mais ça a son charme aussi ), sur la deuxième moitié pas loin de la morale ça devient plus laborieux, avec une alternance de rimes bizarrement choisie et qui devient de plus en plus lourde, et le format "morale ; blablabla" ça marchait pas vraiment ici pour moi, c'est beaucoup trop distinct du reste du texte, beaucoup trop long pour donner le même effet que dans les fables classiques, et trop redondant par rapport à ce que racontait déjà le texte, ça tire en longueur et ça passe presque pour une auto-explication de texte plutôt que pour une conclusion lui appartenant. Le texte d'Aldana avait ce problème aussi mais en beaucoup plus lourd, en plein milieu du texte il faisait un aparté narratif sans raison pour laisser son narrateur balancer deux trois réflexions, ce qui atomise complètement l'immersion
Sur le fond de ton texte évidemment je suis d'accord avec rien donc je vais pas commenter, t'auras au moins fais l'effort de le pousser plus loin que le prout prout féministe du début, pour inclure en plus les topics sur l'impôt et compagnie
En ce qui me concerne jolies trouvailles de forme sur la première moitié, et de plus en plus laborieux quand on approche de la fin
Si fallait noter pour moi ça donnerait quelque chose comme Aldana 7/20, Edo 12/20, Placo 15/20 (en prenant juste en compte le poème bien sûr)
Le poème de Placoteur serait franchement parmi ce que j'ai pu lire de mieux sur écriture si sa manière de compter était pas si bizarre
der des der pour veyli et ses camarades
oh mon dieu le con il post en meme temps
Le 31 janvier 2021 à 14:01:44 VeyIox a écrit :
Aldana ; rien compris à ton texte, jusque dans sa construction ; c'est quoi le rapport entre le premier acte et le reste,
Serieusly ?
et le reste est censé raconter quoi ? Quand on veut se permettre des libertés sur la forme il faut être sûr de maîtriser ce qu'on fait, et je pense que c'était pas ton cas ici, t'as voulu partir dans trop de délires qui dans l'exécution ne fonctionnent pas, du coup c'est désagréable sur la forme et incompréhensible sur le fond (à moins que je cherche trop compliqué et que c'était juste une histoire de trip yolo)
meme Maudit avait compri mon texte et sans doute les ref cachées hein ta manière de comprendre les choses est toujours spéciale. Après je pense que c'est normal tu n'es pas du tout le genre de public pour ce genre de chose.
T'as tendance à alterner récit au présent et au passé sans trop de raison aussi
Ouairf
Bon, voici mon texte. C'est de la grosse merde comme je n'ai pas eu le temps d'écrire en janvier, mais bon je tenais à participer.
Parties 1 à 3 :
Amor fati
- Je suis laid.
Les choses devaient finir par changer tôt ou tard, et pourtant il m’était impossible de me défaire de cette idée : j’étais laid, aussi laid que le serpent Nahash. Nul doute que l’intégralité des maux du monde était de mon fait.
- Voilà que vous recommencez. Vous pourriez être heureux si vous vous en absteniez. Regardez autour de vous, dites-moi ce que vous voyez.
Autour de moi ? Ah, certes, le Soleil de Nouvelle-Calédonie m’aveuglait, il était difficile d’observer quoi que ce soit sans effort. Je ne voyais guère autre chose que mon église et son parvis sur lequel je me tenais. L’océan ne devait pourtant pas être bien loin. Voyons voir, concentrons-nous.
J’étais ici à Sainte-Anne, en Nouvelle-Calédonie. Trois ans déjà que je séjournais dans cette île éloignée du monde. Mon Alsace natale me manquait terriblement, mais au moins je disposais toujours de mon église. Sainte-Guillaume, l’église gothique de Sainte-Anne. Elle surplombait la petite ville, et sa façade en briques blanches réverbérait les rayons du Soleil. Juste sous sa flèche, au-dessus des trois fenêtres triangulaires, avait été installée une horloge. Il était encore tôt.
- C’est certainement un beau cadre que voilà, mais il ne vous aidera pas à guérir tout seul. Vous savez que vous avez besoin de moi.
Guérir. Comme s’il était possible de guérir l’agriculteur qui sue en cultivant, comme s’il était possible de guérir la femme qui hurle en enfantant. Quant à moi, je continuerai à ramper sur mon ventre et à manger de la poussière jusqu’au restant de ma vie. A certains maux il n’existe nul remède, la récente guerre face aux Allemands m’a bien appris cela. Je haïssais les Allemands. Au fur et à mesure que je détournai les yeux, la voix du Docteur Magnan s’amenuisait. Le calme était plaisant, il était plus aisé de réfléchir.
D’un point de vue extérieur, à quoi pouvait bien ressembler ma vie ? J’avais toujours apprécié imaginer une tragédie grecque me présentant à l’acmé de ma folie. Ou bien une tragi-comédie. Après tout, je n’étais pas censé savoir comment ma pièce se terminerait. A cette fin, j’avais besoin de personnages. Difficile quand on n’a pas d’imagination. J’observais les environs.
J’aperçus un visage qui m’était familier. Cet homme qui approchait de moi se prénommait Iblis, c’était un musulman. Grand, les cheveux en bataille, les yeux aussi sombres que sa peau, il ne m’était pas si différent. Plus sale, naturellement. Je ne l’avais plus vu depuis des années. Quelque part, j’avais toujours suspecté qu’on l’envoyât au bagne par ici. Sortait-il enfin de prison ?
- Que je sois rendu aveugle par le Prophète si ce n’est pas toi mon frère ! s’exclama-t-il.
- Rien n’a changé. Pour toi, ce sera toujours « Mon Père ».
Après ces mots surgit de derrière Iblis une jeune femme au teint très clair, blonde aux yeux bleus. Elle portait une robe rouge et marchait avec circonspection. Le musulman me la désigna de la main et déclara :
- Je te présente Hawwâ, elle est ma femme. Merci Allah, ton gouvernement lui a permis de m’accompagner lorsque je fus condamné au bagne.
- Bonjour mon Père, dit poliment la jeune femme en inclinant légèrement la tête.
Elle avait dû remarquer ma soutane, ainsi que la croix autour de mon cou. L’arabe enchaîna immédiatement :
- Alors, raconte-moi mon frère, es-tu toujours soldat ? Que fais-tu ici ?
Même après des années de bagne, ce sale musulman gardait son éternel sourire aux lèvres. Quant à cette femme, elle avait vraiment le teint très clair. Elle devait probablement descendre d’anciens esclaves chrétiens, éloignés des leurs du temps où les pirates des Barbaresques étaient encore libres de commettre leurs rapts. J’ignorais lequel des deux était le plus méprisable, l’arabe ou bien la femme qui rampait derrière lui.
- J’ai quitté l’armée dès mon retour d’Algérie. Je suis prêtre désormais. Cela doit faire quatorze ou quinze ans. Après que les Allemands aient extorqué l’Alsace à mon pays, il y a quatre ans, j’ai obtenu un exeat de mon évêque, puis suis parti pour Paris.
Je coupai mon récit tandis que mon regard se portait vers une personne qui sortait de mon église. C’était une femme rousse, la peau légèrement plus sombre que celle de cette Hawwâ. Le plus surprenant chez elle était ses yeux gris éclatants. Venait-elle d’un autre monde ? Alors même qu’elle m’aperçut, elle se mit à courir dans une autre direction. Je la rattrapai.
- Lilith, attends ! lui criai-je en la tenant par le poignet.
- Nous connaissons-nous ? demanda-t-elle d’un air suspicieux.
Suspicieux ? Ce n’était peut-être pas le mot. Ses grands yeux étaient emplis de malice. Je la lâchai.
- Non, c’est vrai. Pas encore.
Je me surpris à sourire.
- Mon frère, as-tu déjà tué un Homme ?
Qu’il était agaçant. Se tenait-il ici simplement pour me donner la réplique ? Je me souvenais encore de ce jour, en 1857, où mes compagnons et moi conquîmes la Kabylie pour la France. Ce jour-là, Iblis aurait dû mourir. Je fus surpris de découvrir un musulman parler français, qui m’implora en pleurant de le sauver au nom de Dieu. Dieu, vaste question à l’heure où je cherchais encore un sens à ma vie. Bien que profondément crispé par cette manifestation évidente de faiblesse, je fis d’Iblis mon prisonnier ; il passa les semaines suivantes en ma compagnie avant de finir quelques temps en prison pour rébellion. Visiblement, cela ne l’avait toujours pas calmé.
- Bien sûr que non, grommelai-je, c’est un péché très grave. En revanche, j’ai déjà tué des indigènes.
- Naturellement. Ici, les indigènes ont la peau très sombre. J’ai entendu dire que certains ont déjà tenté d’attaquer ton église ?
- Ce n’étaient que des singes, heureusement.
- De loin, la différence n’est pas grande, mon cher frère.
- Ni même de près.
Depuis le cimetière adjacent à l’église, où je me tenais présentement avec Iblis, les dégâts de l’attaque étaient encore très visibles. Un des vitraux de la nef, représentant le Calvaire du Christ, avait été détruit, et toujours rien ne le remplaçait.
Je détournai la tête pour voir arriver cette Hawwâ, aussi blanche que dans mes souvenirs. Elle portait une robe bleue et marchait avec circonspection. Avec le plus grand des naturels, elle vint tout en riant se placer à la gauche du musulman. La femelle connaissait sa place.
- Bonjour mon père, s’exclama Hawwâ avec un large sourire.
La vue de ce couple me donnait presque la nausée. Pourquoi Dieu chérissait-il des créatures aussi méprisables ? Elles se croyaient aisément pieuses mais ne vivaient que pour le plaisir. Rien d’étonnant à ce que de tels êtres eussent été conquis par une puissance civilisée. Voyant que je les dévisageais, le musulman s’adressa à moi :
- Tout va bien mon frère ? Je te trouve bien taciturne. Je te vois debout et immobile près de cette tombe anonyme depuis tout à l’heure. Il est parfois important de laisser ses émotions aller, et de pleurer quelqu’un qui nous est cher. De qui es-tu venu pleurer la mort ?
Lilith apparut théâtralement sur ces mots. Sa chevelure auburn rayonnait sous les éclats du Soleil. Ses yeux croisèrent les miens ; j’étais subjugué. Nous nous fixâmes un instant, avant qu’elle ne reparte à la hâte. Iblis la rattrapa par la main.
- Ne t’en va pas ma petite gerboise rousse, personne ici ne va te faire du mal.
J’en doutais, il y avait ici peu de gens respectables, moi le dernier.
Un petit instant. Il l’a attrapée par la main ? Moi-même n’osais la saisir que par le poignet, comme tout homme éduqué. Comment cet indigène d’Algérie osait-il attraper une femme par la main ? Cette poignée de main était tout sauf un acte anodin, c’était la preuve irréfutable de la supériorité de l’Homme européen sur ces singes du désert, la condition première de l’élévation d’une société. Je ne savais pas si la haine m’envahissait ou non, car avoir des sentiments était un péché. Tout se déroula très vite. Un instant plus tard, le musulman était à terre, son nez saignait.
- Comment oses-tu te pavaner sur notre sol et salir ainsi nos femmes ? Comment oses-tu sourire perpétuellement et vivre ainsi pour les ridicules petits plaisirs de la vie ? N’es-tu pas un pieu musulman ? Ne souhaites-tu pas toi aussi aller un jour au Paradis ? Tu te caches derrière tes préceptes et ton faux Dieu, mais au fond tu n’es qu’un simplet, tu ne cherches nullement à accomplir quoi que ce soit de ta pathétique vie. Tu n’es même pas un vrai musulman. Tu n’as pas droit à vivre heureux ici avec ta femme.
Fut-il blessé par mes propos ?
- Quel djinn s’est emparé de toi, mon frère ? Je peux sentir l’acrimonie dans ton discours. Tu as toujours été trop strict envers toi-même. Je ne connais pas très bien ta religion, mais dans l’Islam, le Prophète n’interdit nullement le plaisir. Mon âme est tranquille, c’est tout ce que je demande, tout ce que je recherche. Je suis heureux tous les jours, n’est-ce pas ce que tout Homme, quelles que soient ses croyances, doit chercher ? Envies-tu simplement ma situation ?
Quelle déception, il n’en était pas même ébranlé. Je haïssais cet homme, je haïssais tout ce qu’il représentait. Et où avait-il bien pu apprendre un tel mot « qu’acrimonie » ? L’élocution des seigneurs ne devrait pas être offerte à ceux nés pour servir. Je ravalai un juron tandis que je contemplais mon poing droit et les marques de sang qu’il révélait à mes yeux scandalisés. Ecclesia ab-horret a sanguinem. Le délire légal d’un musulman ne valait pas la peine que je transgresse mes principes. Il devrait se contenter de mon animadversion.
Du haut du jubé, la nef paraissait plus petite. La luminosité dans l’église était beaucoup trop importante, il serait temps de faire remplacer ce vitrail brisé. Tout est plus compliqué au bout du monde. Aujourd’hui, il n’y avait pas de messe, l’ensemble demeurait calme. Seule Lilith se tenait à mes côtés. Elle aussi contemplait la maison de Dieu.
- Désires-tu entendre une histoire, Lilith ?
Aucune réponse. Au moins, elle avait cessé de me fuir. Je ne savais pas s’il s’agissait vraiment d’une bonne nouvelle.
- C’était il y a quatorze ans, à Strasbourg. Je venais à peine de prendre l’habit.
Cet hiver était particulièrement froid. Le ballet des flocons de neige errants entamait une extatique arabesque sur le parvis de Sainte-Guillaume. Etoiles et coryphées s’offraient en spectacle gratuit aux habitants de Strasbourg. Un faucon pèlerin, reconnaissable à sa silhouette d'ancre et à ses cris bien particuliers, jouait les acrobates et filait à travers le ciel trouble en direction de l'ouest. Malgré le froid glacial, la poésie de la situation permettait de marcher jusqu’à l’église sans que cela ne soit un calvaire. J’entrai.
Alors que je m’avançai en direction de la sacristie tout en me réchauffant les mains, je remarquai une jeune fille en haillons, assise sur un banc et dont le visage m’était inconnu. La malheureuse s’était assise du côté des hommes. Sa chevelure était particulièrement rousse, et sa peau légèrement plus sombre que celle des habitants de la ville. Une étrangère, assurément, mais que faisait-elle ici, toute seule ? Elle ne devait pas avoir vécu bien plus de quinze ou seize hivers.
- C’est une orpheline, déclara une voix derrière moi.
Je me retournai pour voir Eve, la sœur qui s’occupe de l’église avec moi. Son teint était vraiment très pâle en comparaison avec celui de la jeune fille, presque aussi clair que ses cheveux blonds. Elle portait une robe blanche et s’approcha de moi avec circonspection. Je pouvais apercevoir dans ses mains un verre de lait et un morceau de pain, tous deux posés sur le plateau d’argent généralement destiné à l’hostie.
- Bonjour mon père, dit-elle en me saluant de la tête. On me l’a amenée tantôt, ses parents seraient morts dans les environs, je n’ai pas vraiment compris comment. Cette fille ne parle pas la langue, j’ai cru apprendre qu’elle venait de Russie, ou d’Inde, je n’ai pas très bien compris.
Allons donc, moi qui venais de devenir prêtre, j’allais déjà devoir m’occuper d’une jeune fille. Vu son âge déjà bien avancé, il serait difficile pour elle de repartir de zéro. Tandis que je m’accroupissais devant elle, à l’instant où la sœur Eve lui donnait à boire et à manger, je remarquai ses incroyables yeux gris. Je n’avais jamais vu de tels yeux, si purs, et pourtant Dieu sait que j’avais voyagé. Je lui demandai :
- As-tu un nom ? Ein Name ?
Aucune réponse. La fille continuait de me fixer tout en mangeant son pain. Elle n’était pas effrayée ; je me demande si elle comprenait la situation dans laquelle elle se trouvait. La rééducation serait longue.
- Je n’ai pas le temps de m’occuper d’éduquer une fille de l’Est, dis-je tout en me relevant. Trouve-lui une famille.
- Ne ressentez-vous donc pas d’empathie, même dans cette situation ? La pauvre fille n’a plus de parents ni de foyer, elle est isolée ici dans un pays dont elle ne connaît rien. Vous qui cherchez un sens à votre vie, peut-être est-ce Dieu qui vous l’envoie.
Je soupirai. Un sens à ma vie ? Cette fille ne devait pas avoir plus de cinq ans de moins que moi, quel genre de père adoptif pourrais-je être ? Au moment où je pensais cela, Eve sembla réaliser quelque chose. Elle annonça :
- Il est vrai qu’elle est assez âgée. La différence d’âge avec vous mon Père n’est pas très importante. Je ne suis pas sûr que ce soit une si bonne idée finalement.
- Allons donc, m’exclamai-je. Tandis que tu tentais de me persuader il n’y a pas trente secondes, voilà que tu changes subitement d’avis ? Je dois pourtant dire que tu avais raison, je crois en Dieu et j’accepte son épreuve. Je suis certain que vous finirez par très bien vous entendre toutes les deux. D’ailleurs, pourquoi ne lui trouverais-tu pas toi-même un prénom, à cette fille ? Je n’ai jamais eu beaucoup d’imagination. Elle logera chez moi, ma maison est attenante à l’église après tout.
- Oui, mon père.
Eve ne semblait pas bien convaincue. Enfin, ce n’est pas comme si elle avait le choix, cette femme méprisable et servile ne semblait pas être douée de volonté propre. Quant à moi, il était temps de me présenter à la nouvelle convive. Je m’accroupis à nouveau devant elle et me désigna de l’index. J’articulai :
- Kyrie. Comme pour le 'Kyrie Eleison''.
Parties 4 et 5 :
Quand Kyrie avançait d’un pas, je reculais d’un également. Qu’étions-nous en train de faire ? Jouions-nous au chat et à la souris, ou bien dansions-nous ? Nous serions bientôt à l’étroit dans cette petite église, la scène n’était pas bien grande.
- J’ai beaucoup prié, beaucoup cherché un sens à ma vie, me confessa-t-il solennellement. Il s’avèrerait que je suis incapable d’être heureux, ni même de ressentir la moindre émotion. Jadis, j’ai prié qu’au travers du mariage avec une femme que j’aimais, je pourrais enfin obtenir un répit à mon existence torturée. Etait-ce il y a longtemps ? Je ne sais plus, les choses semblent se répéter. Je continue de prier pour que les choses s’améliorent.
- Vouloir changer le destin est un jeu dangereux, Kyrie. Accepterais-tu de perdre contre Dieu ? Accepterais-tu de gagner contre lui ? C’est toi qui m’as appris à accepter mon destin, je ne fais là que réciter ton enseignement.
Je savais que j’avais raison, lui-même m’avait dit cela, il y a longtemps.
- Veux-tu bien prendre ma main, Lilith ? me demanda-t-il après un temps d’attente.
Ma réponse fut immédiate.
- Non.
Ce n’était pas que je ne le voulais pas, il savait que j’en avais envie. La vraie question était de savoir si lui en avait vraiment envie. Il connaissait les risques.
- Que s’est-il passé la dernière fois que tu t’es marié ?
- La même chose que la précédente, me répondit-il sans la moindre expression dans les yeux.
La même chose. Il n’avait jamais vraiment eu d’imagination.
Je détournai les yeux. Que faire ? Lui tenir tête, comme d’habitude. La meilleure option était pour l’instant de partir. Sortir.
Dehors, l’air était chaud. Je ne pouvais pas trop vadrouiller sans risquer de tomber sur cette gourde de blonde. Toujours aussi insupportable, sa seule qualité avait toujours été son physique. Si je la revoyais, ce serait aux ides de Mars, elle était de toute manière prévenue. J’allais donc attendre ici, sous un arbre du parvis de Sainte-Guillaume. Comme prévu, Kyrie s’engouffra rapidement par la sortie et se joignit à moi, à l’ombre également. Bis repetita placent. Il avait fait son choix. Non, c’est faux. Il n’a jamais vraiment eu le choix, il était prisonnier de cette comédie qu’il se jouait perpétuellement.
- Si nous nous fiançons, souriras-tu ? Si nous nous marions, riras-tu ? Si nous souffrons, pleureras-tu ?
Il ne répondit pas. Pas tout de suite. Avait-il la réponse à ces questions ? Kyrie devait comprendre qu’il ne serait jamais heureux tant qu’il demeurait incapable de comprendre que les émotions n’étaient pas des péchés, qu’il était parfois nécessaire d’exhaler. Tout au plus était-il apte à sourire.
Je décidai de partir à nouveau. Fuir semblait plus approprié. S’il te plait Kyrie, ne me suis pas.
Je me retrouvai dans les jardins de son église. Je n’avais jamais remarqué, mais ils étaient très colorés. Un petit portail, préalablement ouvert et entouré de deux grandes amarantes queues-de-renard à l’écarlate éclatant, en gardait l’entrée. Je marchai entre les nombreuses jacinthes pourpres qui ornaient le petit chemin aménagé. Trop nombreuses, une faute de goût évidente de la part de Kyrie. Plus loin, des ancolies des jardins cramoisies égayaient les abords d’un petit banc, sur lequel je vins m’asseoir. Il en avait fait des bouquets.
Le prêtre arriva quelques temps plus tard, il s’assit à côté de moi. Il espérait un dénouement heureux.
Je lui tendis ma main.
Le ciel de Nouvelle-Calédonie était resplendissant. Il faisait chaud.
- Es-tu sûr qu’il s’agit du meilleur moment ? demanda Lilith.
- Tant que nous sommes unis et réunis, il ne peut y avoir de moment malheureux, lui assura Kyrie. Tel a toujours été notre accord.
Lilith sourit. Il est vrai qu’elle était heureuse de se marier aujourd’hui avec le prêtre qui s’était tant occupé d’elle au moment où elle en avait le plus besoin. Naturellement, elle se demandait si son futur époux était heureux lui aussi. L’avait-il jamais été ? Même si ce n’était pas le cas, elle savait faire le bon choix. Kyrie n’était pas un homme décevant, seulement intriguant.
- N’as-tu pas peur ? demanda l’homme.
- Tant que je suis avec toi, je sais que je ne peux avoir peur, le rassura la femme. Tel sera toujours notre accord.
Kyrie hocha la tête. Il n’avait jamais vraiment apprécié les femmes, elles étaient trop facilement séduites. Lilith était différente, elle savait tenir tête aux gens, se débrouiller seule. Au travers de ce mariage, à qui espérait-il plaire ? L’éventualité que toute cette comédie ne se répète inlassablement qu’au seul bénéfice de Dieu n’était pas à écarter.
Tout était calme depuis plusieurs jours, la cérémonie sera parfaite.
Elle était magnifique, de sa robe blanche vêtue, ses cheveux flamboyants attachés en arrière, ses yeux gris naturellement purs. Lui avait cessé d’être laid. Ses cheveux bruns étaient peignés, exceptionnellement, et sa croix ornait toujours son cou ; c’était cependant dans sa conduite qu’il était le plus beau. Son costume noir contrastait manifestement avec la robe blanche de Lilith.
Main dans la main, ils marchèrent ensemble sous l’attique et pénétrèrent l’église Sainte-Guillaume.
Tout le monde était là, Kyrie en était sûr. L’église était magnifique. Lilith était magnifique. Conformément à la tradition, il marchait un peu avant elle. Tandis que tous deux se dirigeaient vers l’autel, Kyrie tourna néanmoins la tête vers la droite afin de contempler sa promise. Trop tard pour remarquer à temps l’obus qui venait de détruire le vitrail du Calvaire du Christ et qui fusait désormais vers Lilith.
L’espace d’un instant, le temps sembla suspendre son vol.
Kyrie ne réalisa toujours pas ce qu’il venait de se passer. Lilith lâcha sa main avant de s’effondrer quelques mètres plus loin. Pourquoi venait-elle de lâcher sa main, elle qui la lui avait tendue ? Tout disparu autour du prêtre, le monde s’effondrait. Tout allait-il recommencer à nouveau ?
Kyrie reprit rapidement ses esprits et se précipita vers sa bien-aimée.
- Lilith, Lilith, reprends tes esprits. Lilith !
La robe blanche de la jeune femme vira au rouge et au noir. Tout s’écroulait, même les murs de l’église, ou bien n’était-ce que dans sa tête. Prestement, mais délicatement, il lui saisit la main entre ses deux paumes. Par miracle, elle semblait encore respirer.
- Que quelqu’un appelle les secours ! hurla-t-il, vidant ses poumons de tout l’air qu’ils contenaient.
Autour de lui, il n’entendait plus rien. Lilith tourna sensiblement le visage vers Kyrie. Elle souriait. Pourquoi diable souriait-elle ?
- Kyrie… Kyrie… soupira-t-elle.
Tout était incompréhensible.
- Tiens bon, Lilith. Tout va s’arranger, je suis là.
- Kyrie… tu pleures.
- Comment ?
- Tu pleures, je suis contente.
Cette situation n’avait pas le moindre sens. Il pleurait, lui ? Tout cela était incompréhensible.
- Je n’ai pas peur Kyrie. Je suis contente que tu sois là. Je vais mourir, mais je sais désormais que tu me rejoindras un jour, là-haut. Je suis certaine qu’il existe une vie parallèle où un autre Kyrie et une autre Lilith se marient ensemble et vivent heureux encore après. Qui sait ? Cependant, dans cette vie comme dans beaucoup d’autres, je crains que ne nous demeurions que des lignes parallèles.
Lilith tenta de soulever légèrement sa main vers le visage du prêtre. Elle n’eut jamais les forces de finir sa dernière œuvre. La main de Lilith retomba lourdement, frappa le sol, demeura immobile.
- Je… t’attendrai… Kyrie, sourit Lilith dans son dernier souffle.
- Lilith, Lilith ! Si tu n’es plus avec moi, si nous ne sommes plus unis, il n’y aura que des moments malheureux. C’était notre accord, Lilith, pourquoi me fais-tu cela ?
Kyrie réalisa rapidement l’absurdité de ses propos. Son ton devint plus grave, le rythme plus lent. Il sécha ses larmes.
- Non. Comment ai-je pu être aussi égoïste ? C’est de ma faute, pas de la tienne. Tout a toujours été de ma faute. Je savais que Strasbourg était assiégée par les Allemands, je connaissais le risque. Pourtant, j’ai maintenu ce mariage. Pourquoi, mon Dieu, pourquoi ai-je fait ça ? Quel misérable je suis, prisonnier de ces murs, incapable d’aider mon prochain. Incapable d’accepter mon destin. Je ne peux pas accepter cela, qui le pourrait ? Recommencer. Il fallait tout recommencer. Comment ai-je pu pécher ainsi ? Je n’aurais pas dû pleurer. Oh mon Dieu, je suis laid, aussi laid que le péché.
je vais lire ca
Aldana : meme Maudit avait compri mon texte
c'est vous dire ...
et sans doute les ref cachées hein
il n'y en avait pas tant que ça : ça sautait aux yeux, même pour un aveugle
Eve ne semblait pas bien convaincue. Enfin, ce n’est pas comme si elle avait le choix, cette femme méprisable et servile ne semblait pas être douée de volonté propre.
mdr
bon j'ai lu ,
et je suis sure que c'est loin d'etre ton magnus opus esclave
dommage que tu n'ais pas pu rendre cette chose plus complete et gracieuse
C'est certain. Maintenant est-ce que tu as compris ? C'est une autre question.
Le 31 janvier 2021 à 18:10:30 Un_esclave_roux a écrit :
C'est certain. Maintenant est-ce que tu as compris ? C'est une autre question.
dieu aime les hommes qui ne s'egardent pas pour des passions fumeuses
C'est pas vraiment ça
Esclave t'es vraiment un traître
Un traitre ?
Serieusly ?
C'était une question, t'es libre d'y répondre par une réponse
C'est quoi le rapport entre la première partie et le reste, c'est quoi qui les relie ?
Je sais pas à quel moment t'as pu déterminer que Mot-dit a compris ton texte puisque tout ce qu'il a dit à ce propos tenait en deux mots
Le 31 janvier 2021 à 18:26:57 Un_esclave_roux a écrit :
C'est pas vraiment ça
tu es un auteur trop complexe ,
tu es un incompris
vas-y crache
Le 31 janvier 2021 à 18:54:11 xxxtentaveli a écrit :
Le 31 janvier 2021 à 18:26:57 Un_esclave_roux a écrit :
C'est pas vraiment çatu es un auteur trop complexe ,
tu es un incomprisvas-y crache
Quand les autres auront lu et émis leurs hypothèses.