Sur le secteur des smartphones, c’est indéniable, Motorola fait preuve d’un certain dynamisme en 2024. Après une fournée printanière de sa série Edge, dont un excellent 50 Pro, voilà que le constructeur iconique vient tout juste de dévoiler sa nouvelle gamme de smartphones pliables. Les ambitieux Razr 50 et Razr 50 Ultra que nous testons actuellement.

Sur le secteur de l’audio… C’est une autre paire de manches. Motorola n’a jamais vraiment été un expert en la matière. Et ses quelques dernières incursions dans le domaine ne fut pas une franche réussite. On pense notamment aux VerveBuds 800 sortis fin 2021. Depuis, c’est un peu le désert. En 2023, la firme appartenant à Lenovo a certes officialisé un modèle, les Buds 600 ANC, or il n’a pas vraiment été poussé en France.

Pour son retour dans un secteur déjà bien encombré, Motorola a donc décidé d'asseoir sa crédibilité en allant la chercher ailleurs. Soit, du côté d’un constructeur plutôt respecté, Bose, et cela, avec un positionnement tarifaire plutôt intéressant.

Est-ce que les Moto Buds+ permettent de profiter l’expertise de Bose en matière de son et de réduction de bruit à un tarif réduit ? Après plus de deux mois en leur compagnie, voici notre verdict.

Fiche Technique

Prix et disponibilité

Officialisés fin mai 2024 pour 150 euros, les Moto Buds+ se déclinent en deux coloris : gris forêt et sable.

Un design passe-partout, mais réussi

Là où certains modèles comme les Nothing Ear assument pleinement un style spécifique, les Buds+ acceptent sans broncher de ne pas en avoir. D’un format classique, et dans la lignée des AirPods Pro, ces écouteurs se présentent sous la forme de semi-intra avec une tige pour diriger les commandes tactiles.

Cette neutralité ne veut pas pour autant dire que les Buds+ n’ont aucun intérêt, simplement qu’ils sont discrets. D’autant que la qualité de fabrication est au rendez-vous. Certes, positionnement tarifaire oblige, aucune folie premium ne se remarque dans les matériaux, mais le plastique dense reste de bonne facture. Et surtout, il permet aux écouteurs d’être relativement légers, 5,5 g chacun.

Même son de cloche pour le reste du tour du propriétaire. L’assemblage ne souffre d’aucune aspérité et les lignes arrondies confèrent aux écouteurs une certaine douceur. Par contre, Motorola ne communique aucune information officielle à propos d’une certification IP.

Le constructeur indique seulement que le « design des écouteurs est résistant aux éclaboussures ». Ce qui veut tout et rien dire. Par sécurité, vous pouvez éventuellement les emporter pour quelques sessions de sports, mais pas plus.

Un confort agréable et un boîtier compact

En matière de confort, chacun voit midi à sa porte. Le format semi-intra de ces Buds+ ravira donc avant tout ceux qui n’apprécient guère les trop fortes sensations d’intrusion. En effet, la longueur du bout de l’écouteur est relativement courte, ce qui limite la sensation de gêne. Les écouteurs se posent simplement sur le pas de la porte de nos oreilles.

Le maintien est réussi, les écouteurs ne tombent pas même en cas de mouvement brusque, tandis que deux paires d’embouts supplémentaires sont présents dans la boîte. Une troisième n’aurait pas été de trop.

En ce qui concerne le boîtier, Motorola a presque tout bon. Ultra-compact (59 x 48 x 21 mm) ce dernier tient sans mal dans la paume de la main et dans une poche de pantalon. En plus de cette taille réduite plaisante, la charnière semble assez robuste et la surface de l’écrin ne prend que très peu les traces de doigts. Seul petit hic, l’espace de l’ouverture est trop fin pour pouvoir ouvrir facilement cet écrin à une main.

Contrôles, simples et efficaces

Pour diriger les Moto Buds+, rien de bien compliqué. Tout fonctionne sur un principe de double, de triple ou d’un long appui sur la tige. Les mouvements se font de manière naturelle et le temps de réaction des commandes est plutôt fluide. Durant notre long test, seul geste long fut parfois un peu capricieux, mais rien de bien dramatique.

Selon les mouvements choisis dans l’application, il est possible d'à peu près tout faire : navigation, réglage du volume de l’assistant vocal ou encore l’activation de la réduction de bruit. Or, il n’est pas possible de tout faire en même temps, il faudra nécessairement faire une croix sur une action. Dommage.

Connectivité et application, de bonnes idées, mais…

De prime abord, l’application Moto Buds fait forte impression. Ergonomique et facile d’utilisation, elle recèle d’options bien utiles. Par exemple l’activation du multipoint, une fonctionnalité de détection de lecture et de pause, un égaliseur 10 bandes, ainsi qu’une fonction de localisation. Avec cette dernière, chaque écouteur peut émettre un petit son strident afin de le retrouver si jamais il s’est glissé dans un canapé ou sous un meuble.

En rentrant plus en détail dans les méandres de cette application, une certaine frustration prend un peu le dessus. Déjà, malgré un mode « Jeux », censé réduire la latence, un décalage est clairement perceptible sur des FPS. Dommage, les Buds+ ne sont donc pas les meilleurs compagnons pour du gaming sur mobile.

De même, en matière de codec, c’est un peu le flou. Il est possible d’activer un mode « Haute Résolution », plus énergivore, sans plus de détails. Vraisemblablement, ce dernier permet d’accéder aux codecs SBC et AAC.

Ensuite, sur le papier, ces écouteurs promettent une compatibilité Dolby Atmos avec suivi de la tête. Sauf que pour en profiter, il faudra être un heureux possesseur d’un récent smartphone Motorola.

Enfin, et c’est le plus étonnant, sachez que cette application n’est pas disponible sur iOS. En 2024, c’est un peu fort de café et surtout cela prive de facto Motorola d’un parc de produits gigantesque. Peut-être que certains utilisateurs d’iPhone se diront qu’une application sur des écouteurs à 150 euros n’est qu’accessoire…

Audio, la patte de Bose est bien présente

Au-delà de sa collaboration avec Bose, Motorola fait preuve d’une réelle ambition en matière d’architecture sonore. En effet, les Buds+ se composent, non pas d’un, mais de deux transducteurs. Le premier de 11 mm est dédié aux basses et aux médiums, tandis que le second de 6 mm se charge des aigus.

Dès nos premières écoutes, ce parti pris fut plaisant. Les Buds+ proposent une scène sonore large et bien agencée. De plus, Bose n’est pas là que pour faire de la figuration. On reconnaît facilement la signature sonore du constructeur américain. Dès le début du spectre, une amplification assez nette se fait entendre. À la manière des QuietComfort Earbuds II ou des Marshall Minor IV les Buds+ proposent des basses assez charpentées qui bonifient tous les sons amplifiés (rap, électro, rock).

Loin d’être neutre, l’écoute est donc assez dynamique et cette emphase de basse ne vient pas pour autant polluer les bas-médiums. Ce qui permet à de nombreux instruments de s’exprimer avec une belle nuance. Tout n’est pas parfait, le son manque parfois de précision, mais c’est une recette qui fonctionne bien. Assez naturelles, les voix viennent se greffer à ce tout avec cohérence. Sur des morceaux acoustiques, l’immersion est agréable.

Pour soutenir cette mise en avant des basses et des médiums, les Buds+ appuient également sur le champignon des aigus. Ce n’est pas une mauvaise idée, car l’ensemble du spectre reste cohérent dans sa proposition, mais cela peut dérouter.

Pour la simple et bonne raison que ce débordement manque parfois de finesse. Comme si les Buds+ voulaient parfois en faire trop. Heureusement, l’architecture à deux haut-parleurs tasse un peu certaines envolées et assure un niveau de détails, globalement, supérieur à la plupart des écouteurs de ce prix.

Vous l’aurez compris, l’écoute n’est pas des plus reposantes, ni des plus neutres, mais elle a le mérite de coller parfaitement avec l’identité de Bose. Si vous aimez cette dernière, les Buds+ vous plairont, et ce, pour un prix plus doux.

Réduction de bruit, presque aussi bon que des écouteurs Bose

Ici aussi, le travail de Bose est clairement identifiable. Expert en matière de réduction de bruit, le constructeur américain arrive à donner à des écouteurs semi-intra une belle assise de silence. Ce qui est plutôt rare.

Sur les basses fréquences, les Buds+ sont assez étonnants. L’ensemble des bruits sourds et ronronnants (circulation, transports en commun, bruits de ventilateurs…) s’annihilent de manière significative. Sans atteindre les chiffres promis par Motorola, « jusqu'à -46 dB », les écouteurs se montrent performants en extérieur.

Sur les médiums, le résultat est plus en dent de scie. Certes, les bruits secs sont quelque peu atténués, mais les voix beaucoup moins. Dans une utilisation en open-space, les Buds+ ne parviennent pas à créer une bulle de silence aussi nette que des écouteurs Bose.

Même son de cloche pour le mode « Transparence ». Sans atteindre les sommets d’un produit Bose, les Buds+ parviennent à capter suffisamment les voix et les bruits environnants dans un environnement modérément calme.

Dès que le bruit s’élève, la perception des distances sonores devient plus compliquée. Pour autant, pour des écouteurs de ce prix, ce mode reste largement convaincant, et donc utilisable dans les deux tiers des situations.

Autonomie, le compte est presque bon

Sur le papier, Motorola annonce une autonomie plus que correcte, soit 8 heures sans réduction de bruit. Dans les faits, ces prédictions sont un peu surestimées.

En effet, dans cette configuration, nous avons mesuré une première fois environ 6h de batterie. Au vu de l’architecture sonore des écouteurs, plus énergivores que la moyenne, ce résultat est plutôt convenable.

Par contre, lorsque nous avons activé le mode « Haute Résolution », ce chiffre est descendu à un peu plus de 5h. Ce qui commence à faire limite. Sans aucune de ces options activées, les écouteurs devraient atteindre logiquement les 8 heures d’autonomie annoncée.

Fort heureusement, la charge se situe dans la moyenne haute. En plus de regonfler à bloc les écouteurs trois fois, le boîtier permet de profiter d’environ deux grosses heures de musique après 10 minutes de charge. Sans réduction de bruit activée, bien évidemment. Enfin, petit plus non négligeable, les Buds+ sont compatibles avec une charge sans-fil.

Conclusion