Comme à l’accoutumée, Sony a mis à jour son catalogue de smartphones juste avant l’été. Au programme, un tout nouveau Xperia 10 VI officiant dans le milieu de gamme, et notre larron du jour, le Xperia 1 VI. Fidèle à son positionnement, ce nouveau fleuron cible un public bien particulier. Soit, les créateurs de contenus et les férus de photographie, qu’il soit amateur ou professionnel. Ce qui est plutôt une stratégie logique.

Étant un des principaux acteurs du monde de la photo, Sony a conscience qu’avec sa gamme d'appareils Alpha, lancée en 2006, il ratisse large. Un public exigeant qui a besoin d’une expérience photo et vidéo de première ordre sur smartphone. Et sur ce point, Sony est certainement le constructeur le plus complet, mais également le plus clivant.

Avec leur positionnement très « pro », la famille Xperia 1 a souvent pu effrayer un public, disons plus classique. Trop compliqué à prendre en main, trop d’options, trop d’applications spécifiques, un format d’écran 21:9 peu commun… Voilà tout le paradoxe de Sony dans le monde des smartphones haut de gamme, comme le montrait déjà notre précédent test du Xperia I VI en 2023.

Chose rare dans ce secteur, qu’il convient de souligner, Sony prend consciencieusement en compte chaque année les retours des utilisateurs et de la presse. Résultat, le constructeur a décidé d’opérer deux changements majeurs en 2024. La marque a décidé de simplifier de manière notable son expérience photo tout en adoptant un format d’écran plus conventionnel. Est-ce que le Xperia 1 VI ne serait finalement pas le smartphone de la raison pour Sony ? Après avoir passé tout l’été en sa compagnie, voici notre test complet.

La fiche technique du Sony Xperia 1 VI

Le smartphone Sony Xperia 1 VI est disponible depuis début juillet en trois coloris (vert kaki, blanc et noir) au prix de 1299 euros.

Design, il fait toujours comme il lui plaît

En matière d’esthétique, Sony ne renverse pas la table et continue de capitaliser sur tous les bons arguments de sa famille Xperia. Comme ses prédécesseurs, le Xperia 1 IV a un format tout en longueur plaisant : 162 x 74 x 8,2 mm. La préhension est toujours aussi excellente et l’utiliser à une main est vraiment un plaisir. D’autant que parmi les smartphones les plus huppés, il fait presque office de poids plume, 192 g.

En matière d’allure, aucun changement majeur n’est à signaler. Les tranches plates et biseautées encadrent parfaitement l’écran, tandis que le dos texturé est une franche réussite. Déjà au toucher, on dirait presque du velours, et ensuite, car le smartphone ne se salit quasiment pas. Même notre exemplaire de test en blanc a su rester propre après avoir passé deux mois dans nos mains de petit souillon. Toujours longiligne, le bloc photo vient parachever un design sans réelle nouveauté, mais toujours aussi bien exécuté.

Pour le Xperia 1 VI coche toutes les cases du smartphone premium : USB-C, 5G, Wifi 7, Bluetooth 5.4 et certification IP65/IP68. Tout en continuant de proposer des spécificités grandement utiles. La plus appréciable étant évidemment la présence d’une prise jack. Sony étant le seul constructeur à en proposer une sur ses smartphones premium.

Citons également le slot à carte SIM, qui peut s’ouvrir sans outil spécifique, mais également le capteur d’empreinte digitale présent, non pas sous l’écran, mais sur le bouton de déverrouillage. Bien que tous les goûts soient dans la nature, cette position est selon nous bien plus intuitive et évite les mauvaises manipulations.

Écran, Sony rentre dans le rang

Pendant de nombreuses années, Sony n’a juré que par un ratio d’écran plutôt exotique par rapport à la concurrence, le 4K 21:9. Très présent dans le monde du cinéma, le constructeur croyait, dur comme fer, que le grand public consommerait des contenus (films, séries) de ce format de manière exponentielle sur des smartphones. Sauf que les standards de ratio des réseaux sociaux et de YouTube ont tout balayé sur leurs passages.

Par conséquent, Sony propose pour son nouveau modèle une dalle OLED de 6,5” (Full HD, LTPO 1-120 Hz) au ratio 19,5:9. Un ratio plus conventionnel qui est par exemple le même que le Samsung Galaxy S24. C’est pour cette raison que le Xperia 1 VI est moins large et moins élancé que son prédécesseur. Est-ce que Sony fait le bon choix en abandonnant son idée ? Si c’est pour séduire un plus large public, très certainement. Par contre, ce qui est étrange, c'est que le constructeur continue de proposer un ratio de 21:9 sur son modèle milieu de gamme le Xperia 10 VI. Est-ce juste un coup d’essai ?

Pour le reste, le dernier fleuron de Sony n’a pas grand-chose à se reprocher. Neutre, sa colorimétrie en sortie d’usine ne présente aucune dérive chromatique. Si le rendu manque selon vous de peps, rassurez-vous, Sony propose toujours un déluge de réglages de couleurs. Annoncée comme 1,5x plus lumineuse que son prédécesseur, la dalle propose en effet une expérience optimale, même sous un soleil de plomb. Ce n’est pas l’écran le plus lumineux des smartphones premium, mais au quotidien, son pic est largement suffisant pour toutes les situations.

Bonne nouvelle, le taux de rafraîchissement est (enfin) adaptatif. Alors que sur le Xperia 1 V, il fallait choisir soit même entre 120 et 60 Hz, le dernier rejeton de Sony fait varier son taux de 1 à 120 Hz selon l’activité. Pour être tranquille, il est également possible de bloquer ce taux sur 120 Hz, mais cela se fera au détriment de la batterie. Si nous devions tout de même reprocher une petite chose à cet écran, car personne n’est parfait, nous soulignerons un fait. La réflectance de la dalle est encore un peu élevée.

Performances, cap sur la pleine puissance

Sans grande surprise, le Xperia 1 VI embarque la puce Android la plus puissante de 2024, à savoir la Snapdragon 8 Gen 3 et son GPU Adreno 750. Associé à 12 Go de mémoire vive, le smartphone livre une partition sans fausse note en termes de fluidité, de multitâches et de performances. Selon nos benchmarks, en matière de puissance brute, Sony arrive à talonner le Galaxy S24 Ultra tout en faisant mieux que la plupart de ses concurrents, dont le très musclé Xiaomi 14 Ultra.

D’ordinaire, Sony a souvent bridé les puces de ses smartphones haut de gamme. De peur que leur format compact puisse nuire à la dissipation thermique. En 2024, la marque japonaise lâche les chevaux en inaugurant ce nouveau ratio d’écran, et tant mieux. Même sur de longues sessions de jeux vidéo, vous pouvez pousser tous les potards graphiques au maximum, il saura garder la tête froide.

En matière de stockage, en plus des 256 Go, Sony continue de proposer un slot à carte microSD. Extensible cette année, jusqu’à 1,5 To. Si la concurrence pouvait s’en inspirer au lieu de nous servir deux, ou pire parfois trois, versions de leurs modèles, nous en serions ravis.

Un dernier mot sur la partie audio, un domaine où le constructeur nippon a l’habitude de ridiculiser la concurrence tant il est prolixe. Encore une fois tout est là : Dolby Atmos, HiRes Audio, LDAC, DSEE Ultimate, 360 Reality Audio et le Bluetooth LE Audio.

Une interface sobre et appréciable

Le petit dernier de Sony tourne sous Android 14 avec comme d’habitude une surcouche logicielle des plus discrètes. Graphiquement, c’est sobre et cela se rapproche au plus près de la version « stock » de l’OS de Google. Une simplicité appréciable, mais qui nous donne parfois l’impression que le Sony Xperia 1 VI manque un poil de personnalité en matière de navigation. L’idée n’est pas d’avoir ici une surcouche aux couleurs criardes comme certains concurrents chinois, mais d’avoir quelques éléments d’interface différenciants et clairement identifiables.

Si visuellement, c’est sans fioriture, le smartphone de Sony propose tout de même des fonctionnalités bien pensées. Nous pensons notamment à la navigation par gestes et au multi-fenêtres intuitif. Talon d’Achille des précédents modèles, les mises à jour logiciels sont passées par rapport à l’an dernier de deux à trois ans. Certes, c’est en progression, mais c’est encore trop peu pour un smartphone de ce prix.

Photo, du changement surtout dans l’applicatif

Le Sony Xperia 1 VI reprend presque à l’identique la configuration photo de son prédécesseur, à savoir :

• Un objectif principal de 48 Mpx avec ouverture f/1.9 équivalent 24 mm, un autofocus Dual Pixel et une stabilisation optique.
• Un ultra grand-angle de 12 Mpx avec une ouverture f/2.2, équivalent 16 mm et un autofocus Dual Pixel.
• Un téléobjectif de 12 Mpx avec un objectif 85-125 mm ouvrant à 2.3-2.8, un stabilisateur optique et un zoom optique continu x3,5-x5,2.
• Et à l’avant, pour les selfies, un capteur de 12 Mpx avec un objectif de 24 mm ouvrant à f/2.0.

Les plus attentifs d’entre vous remarqueront qu’au niveau matériel seul le téléobjectif change quelque peu. La vraie nouveauté à se mettre sous la dent concerne la simplification de l’expérience photo. Par conséquent, pour avoir un aperçu plus détaillé des capacités des autres capteurs, nous vous invitons à consulter notre test du Xperia 1 V de l’an dernier.

Pour faire court, le smartphone de Sony est toujours un petit régal à utiliser de jour notamment grâce à une excellente restitution des couleurs et des contrastes. En toute circonstance, le traitement logiciel ne donne jamais l’impression « d’en faire trop ». Notre seul petit bémol apparaît la nuit. Le Xperia 1 VI est excellent au niveau des détails, mais la restitution des couleurs et la gestion des micro-contrastes est parfois aléatoire. Rien de très grave, mais il faut parfois s’y reprendre une ou deux fois avant d’être pleinement satisfait. Maintenant que ceci est rétabli, attaquons-nous aux nouveautés.

Pour commencer, et afin d’atteindre son objectif de séduire plus largement les foules, Sony a su donc se remettre en question. Auparavant ses smartphones proposaient trois applications maison spécifiques : Videography Pro, Cinematography Pro et Photo Pro. Dorénavant, la marque veut unifier son expérience en un seul et même endroit. Ainsi Photo Pro est directement intégré à l’interface photo classique. Pour les deux autres, elles devraient l’être d’ici septembre via une mise à jour.

Nous ne pouvons que saluer cette initiative. Dorénavant, on ouvre son application photo et on choisit. Les plus chevronnés peuvent basculer sur le mode « Pro » et les autres se satisfairent dans le mode photo classique. Il n’existe plus de clivage entre les utilisateurs. Par contre, l’ensemble des menus a toujours un aspect très professionnel. Autrement dit, nous avons parfois l’impression de nous balader dans les réglages d’un appareil photo et non d’un smartphone. C’est voulu et assumé par Sony. Peut-être que le mode basique profitera de quelques « simplifications » ergonomiques lors de la mise à jour de septembre.

Autre changement assez notable, le téléobjectif est désormais capable d’atteindre un zoom optique x7,1 (~170 mm) contre x5,2 (~120 mm) sur le Xperia 1 V. Pour des photos éloignées, il est donc possible choisir n’importe quelle longueur focale intermédiaire entre 85 et 170 mm. Une liberté unique dans le monde des smartphones.

Cette polyvalence qui permet de réussir ses clichés à presque tous les coups. Il n’y a guère qu’en fin de journée que le piqué soit perfectible. Ceci s’explique par la petite taille du capteur téléobjectif (1/3,5 pouce). Enfin, sachez que ce zoom périscopique variable permet également de faire des photos macro. Et les résultats sont plus probants que lorsque cette fonction est attribuée au capteur grand-angle. Comme le fait souvent la concurrence.

Autonomie, la fin du 4K a ici du bon

Déjà auguste en la matière l’an dernier, Sony arrive à faire encore mieux avec le Sony Xperia 1 VI. Bien que la batterie ne change pas, elle est toujours de 5000 mAh, le nouveau smartphone profite ici de deux choses. Comme vous avez pu le deviner, le nouveau ratio d’écran, qui n’est plus en 4K, et le taux de rafraîchissement, enfin adaptatif, rallongent un peu l’endurance du nouveau fleuron de Sony.

En usage normal, il tient deux jours sans sourciller. Un vrai record. Et même en l’utilisant de manière plus intensive, il nous a toujours accompagnés une journée et demie. Notons pour finir que le smartphone est compatible avec une recharge rapide filaire de 30W et une sans-fil de 15W. Pour reprendre totalement des forces, il prend toujours un peu son temps, environ 1h20, mais Sony n’a jamais été très friand des charges ultra-rapides qui nuisent à la durabilité des batteries. Et on lui donne raison.

Sony Xperia I VI : notre avis