Razer étend progressivement son offre au-delà du gaming avec un contrôleur tactile dédié aux streamers. Un moyen de se positionner face à Elgato et son Stream Deck, en offrant plus de possibilités, plus de contrôles et un fonctionnement sur un plus grand nombre de logiciels. Après deux semaines d’utilisation, voici notre avis avec un test complet.
Le Stream Controller est un système compact avec écran tactile, boutons poussoirs et rotatifs, qui se branche en USB sur PC Windows ou Mac, et qui permet de créer des raccourcis dans de nombreuses applications. Pour le créer, Razer a simplement repris un appareil existant, le modèle Live de Loupedeck, en y ajoutant sa propre marque. Cet appareil est lancé au tarif de 269,99€, soit plus de 100€ de plus que la référence en la matière, le Stream Deck d’Elgato. Voyons ensemble si ses fonctionnalités supplémentaires justifient un tel écart de prix.
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Fiche technique du Razer Stream Controller
Taille d'écran | 4,2 pouces |
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Retour haptique | Oui |
Nombre de touches tactiles | 18 |
Autres contrôles | 8 boutons, 6 rotatifs poussoirs |
Connectivité | USB-C / USB-A |
Dimensions | 151 x 101,5 x 30,2 mm |
Un contrôleur compact et complet
Avec 15 centimètres de large et 10 centimètres de profondeur, le Stream Controller se place à mi-chemin entre les Stream Deck et Stream Deck XL d’Elgato. Il peut être utilisé à plat, pour une épaisseur de châssis d’un peu plus d’un centimètre et jusqu’à 3 centimètres avec ses boutons rotatifs, en profitant de ses 4 patins en caoutchouc pour proposer une bonne stabilité sur le bureau. Il est accompagné d’un réhausseur amovible de 4 centimètres à placer à l’arrière pour donner un angle de 30° à l’ensemble.
Avec un plateau en métal peint, une coque à l’arrière en plastique, des boutons larges et solidement attachés, la construction de ce Stream Deck inspire confiance. Les ajustements sont impeccables et l’ensemble se place avec beaucoup de classe sur le bureau. Le branchement se fait en USB-C, avec un câble USB-C vers USB-A d’1m60 fourni par Razer, et là aussi nous avons droit à du matériel de qualité avec un cordon tressé épais et des fiches de bonne qualité.
Contrairement aux produits d’Elgato qui proposent des boutons poussoir physiques, le Stream Controller se base sur un écran LCD de 4,2 pouces avec séparateur de touches pour offrir 18 zones tactiles et une fonction haptique qui fait vibrer l’écran sous vos doigts pour valider l’action. Et ça fonctionne super bien. Au final, nous avons sous les doigts 3 rangées de 4 boutons carrés d’1,7 centimètres de côté, mais aussi deux zones en hauteur accueillant chacune 3 fonctions directement liées à celles affectées aux boutons rotatifs.
En effet, le Stream Controller possède 6 encodeurs à rotation infinie, avec poussoir, que l’on pourra affecter à diverses fonctions progressives (volume, luminosité de l’écran, effets vidéo, etc). A cela s’ajoutent 8 boutons physiques supplémentaires sous l’écran, le premier étant fixé sur une fonction “Home” qui rappelle votre première page de fonctions, les 7 autres pouvant être affectés à toute autre cible. En clair, il y a de quoi faire, si les possibilités logicielles le permettent.
De nombreuses possibilités si on lui donne le temps
Le Stream Controller s’appuie sur le logiciel de sa marque d’origine, Loupedeck, pour nous offrir un très large panel de fonctionnalités. Et il faut en comprendre la logique pour en apprécier toutes les possibilités. En effet, le contrôleur peut prendre la main sur un large panel de logiciels, mais aussi sur votre système d’exploitation Mac ou Windows, et même sur des appareils extérieurs. On trouve en effet une émulation de souris, de clavier, un lancement d’applications ou de pages web, et même un fonctionnement natif en tant que contrôleur MIDI. On fait difficilement plus complet.
Pour chacune de ces prises de contrôle, vous avez en plus le choix entre un plugin existant en natif (la liste actuelle passe par OBS, StreamLab, Twitch, Spotify, Philips Hue, …), un plugin à télécharger gratuitement ou un profil complet dédié à une application créé par la communauté. Et évidemment, vous pouvez créer vos propres combinaisons, soit en partant de rien, soit en modifiant un modèle existant.
Et c’est là qu’il faut comprendre et adopter la logique de ce Stream Controller qui se base sur un système de profils, d’espaces de travail (Workspace), de pages puis de fonctions. Un profil peut ainsi contenir plusieurs Workspace, chacun dédié soit à une application soit à une combinaison d’applications. Vous pouvez ainsi avoir sous la main les raccourcis pour Streamlab, Twitch, Photoshop et Steam, ainsi que des raccourcis clavier, du texte en mémoire et des samples audio ou vidéo, puis passer d’un seul appui à un autre Workspace. Il est d’ailleurs possible, comme sur les produits d’Elgato, d’automatiser le changement de Workspace quand on lance une application, ou simplement si on la passe au premier plan.
Chaque Workspace peut aussi accueillir jusqu’à 8 pages de fonctions. La première reste celle de votre profil alors que les 7 autres sont entièrement personnalisables (et peuvent évidemment rester vides). De quoi multiplier les raccourcis, soit en les dédiant à une application, soit en les mixant à loisir. C’est assez impressionnant de versatilité et, après quelques minutes de travail (pour peu qu’on ait compris le fonctionnement de l’interface), on peut se retrouver avec un contrôleur redoutable pour gérer son stream, sa création vidéo ou d’image, comme pour n’importe quelle autre activité. Sachant que le Stream Controller peut tout aussi bien servir de système de macros pour vos jeux préférés, et qu’il excelle même dans cette situation.
Une interface logicielle performante qui doit encore s’améliorer
Le logiciel qui accompagne obligatoirement le Stream Controller n’est pas du fait de Razer mais de Loupedeck. Et là encore, il faut un peu de temps pour en comprendre toutes les subtilités. Rien de trop compliqué, mais en comparaison avec le simplissime logiciel d'Elgato, le Loupedeck peut apparaître comme une usine à gaz, du moins au début. Je considère qu’il m’a fallu environ 2 heures pour bien comprendre tout ça et l’utiliser correctement. Un temps qui aurait pu être réduit si l’aide avait été plus efficace et plus à jour.
Tout se passe par un système de drag’n drop. On choisit ou on crée une action dans la colonne de droite, puis on la glisse sur le bouton dédié après avoir bien fait attention d’être dans le bon profil, le bon Workspace et la bonne page. Il suffit ensuite de cliquer sur le bouton à l’écran ou directement sur le Stream Controller pour voir si tout fonctionne bien.
La création d’actions personnalisées demande elle aussi un peu de temps de compréhension et de manipulation, ce qui paraît évident vu le nombre de possibilités offertes à ce niveau. On choisit sa catégorie, on crée l’action, puis on y colle un icône. L'icône peut être issu de la liste intégrée au logiciel, d’un pack téléchargé via le workspace, ou créé avec n’importe quelle image que le logiciel se permettra d’adapter automatiquement. Pour le coup, c’est super simple d’utilisation, avec en prime l’affichage du nom du bouton si vous ne voulez pas y voir d’image.
Et si le Loupedeck se montre finalement efficace, nous pointeront quelques lourdeurs dans son ergonomie. Une barre de recherche différente pour les plugin installés et ceux du Market place imposent quelques aller-retours, alors que la gestion des plugin et des différents téléchargements (profiles, samples, icones, etc), mériterait quelques clarifications. Il n’est, par exemple, pas possible de copier coller des pages entre profils, ni même entre Workspaces, ce qui ferait pourtant gagner pas mal de temps. Enfin, il nous a fallu revenir à une version antérieure d’OBS pour que la connexion entre le Stream Controller et le logiciel fonctionne bien, là où le soft d’Elgato a déjà fait sa mise à jour depuis un moment.
Un outil vraiment puissant
Très clairement, le Stream Controller se montre beaucoup plus complet que les Stream Deck d’Elgato. En tant que créateur de musique et de vidéos, utilisateur de la suite Adobe ou d’Affinity, joueur PC, streamer à l’occasion, et simplement geek qui passe du temps devant son écran, j’ai adopté le Stream Controller comme un compagnon du quotidien. Des macros dans mes jeux de stratégie, des raccourcis dans toutes applications, le volume du PC, celui du casque et du micro à portée de main, j’ai l’impression que je ne pourrai plus me passer de cette machine à tout faire, là où mon Stream Deck a depuis longtemps pris la poussière.
De là à dire que ce modèle de Loupedeck et Razer est indispensable à tous ? Et bien non, pas vraiment. Plus de fonctions, de possibilités, mais aussi un tarif plus élevé, réservent le Stream Controller à ceux qui ont besoin de plus qu’un simple gestionnaire de boutons pour le stream, quitte à y mettre le prix. Et puis même s’il est capable de beaucoup, le modèle de Razer a aussi ses limitations, principalement celles imposées par les différents logiciels qui ne partagent pas le contrôle de toutes leurs fonctions. Il y a donc encore quelques chemins à parcourir pour faire du Stream Controller un modèle incontournable, même si en l’état, nous sommes déjà convaincus par cette proposition qui se place un cran au dessus de la concurence.
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Conclusion
Points forts
- Fabrication et finition de qualité
- Démarrage rapide, changement de pages immédiat
- L’écran tactile haptique très agréable
- L’apport des 6 rotatifs est immense
- Plein de possibilités de contrôle
- La création de macros, la gestion du MIDI
- Les profils et plugins disponibles
Points faibles
- Une interface qui demande du temps
- Encore quelques bugs avec OBS
Note de la rédaction
Razer et Loupedeck nous proposent ici un contrôleur plus avancé que tous les modèles de la gamme d’Elgato. Des contrôles physiques supplémentaires, une ouverture élargie en termes de contrôles logiciels, et un système de pages bien plus évolué. Toutes ces possibilités impliquent forcément une certaine complexité de création de ses profils, et donc un investissement en temps pour l’utilisateur. Mais le résultat après quelques heures de travail est parfaitement convaincant, que l’on soit créateur, joueur, streamer, ou simple utilisateur de logiciels. Si la barrière du prix joue évidemment en sa défaveur, la proposition technique reste très solide et place le Stream Controller pour du bon sur notre bureau. C'est un signe.