j'ai bien aimé le tien
"Made un china"
Merci, j'ai pas encore lu le tien il est long mais promis je vais le lire
oulaaah des textes biens consistants pour celle-ci
et c'est sans compter le mien qui arrive bientôt
Ils arrivent, nous sommes morts.
Je le sais, tout simplement.
Je me retourne encore dans mon lit mouillé de sueur, de peur. Je peine à retrouver ma respiration tant la terreur m’enserre. Dans mon sommeil je les ai vus. Grand, brutaux, commandant des monstres de métaux capables de faire pleuvoir l’apocalypse par la simple pression d’un bouton. Ce ne sont pas des ennemis que nous apprendrons à connaitre pour les surmonter, ce n’est pas une famine ou une guerre civile que nous éviterons avec ruse. Ils nous éradiqueront rapidement, efficacement, sans faire d’erreur. Cette fois c’est bien la fin. Et le pire châtiment, c’est moi qui le subis.
Car je suis le seul à les avoir vus. Le seul à savoir de l’arrivée imminente, et personne ne me croira. Ni ma mère, ni mon père, ni le reste du village. Ils sauront trouver les mots pour me convaincre : « Ce n’est qu’un mauvais rêve », ils me berceront de leurs paroles et, de peur, je prendrais en moi ces mensonges et les appellerait vérité. Mon dieu, nous sommes tous morts et je suis le seul qui sait.
Je me lève enfin, prends le dernier bain chaud de mon existence et descend manger avec ma famille. Bien sûr, j’essaye de les prévenir, de les pousser à la fuite. Évidemment, c’est moi qui finis par les croire eux, que je n’ai fait qu’un cauchemar, que sortir prendre l’air me ferait le plus grand bien. Je m’y oppose, mais mon esprit est trop faible, trop peureux pour supporter l’augure qui m’est venu durant la nuit.
Alors je vais dehors, prendre l’air, me calmer. L’espoir renait en passant à côté de l’église, le prêtre saura m’aider, c’est un homme intelligent qui saura démêler mes visions. Je lui explique tout, il me sourit béatement. Je devrais simplement prier Dieu pour retrouver la paix. Quel imbécile. J’abandonne tout espoir, je fais mon dernier passage au confessionnal, avouant la plus petite rapine ayant marquée mon existence. Au moins, j’aurais l’âme en paix lorsque je rejoindrais le créateur.
Je sors, m’enivrer de la nature environnante une dernière fois. Les champs d’orges dorés brillent de santé, le bois charrie des odeurs de fruits sauvages, de fleurs et de printemps. Je gambade, cours, cris, m’amuse et fait n’importe quoi, tel un enfant. Tout cela n’a plus d’importance.
Je rejoins la rivière, celle où j’ai baigné étant petit, celle où j’ai péché étant plus grand, celle où j’ai embrassé pour la première fois. Le vieux château sur l’autre rive me toise, comme il l’a toujours fait. Mais aujourd’hui, les mystères et les fantasmes qu’il m’inspire palissent en comparaison de la vérité qui va s’abattre sur le monde.
Je monte sur la colline, embrasse le village entier des yeux, son église, ses champs, sa forêt, sa rivière, son vieux château. Un éclair argenté traverse le ciel. Ils sont là. L’église est la première à tomber sous le feu de l’enfer.
Ils sont arrivés, nous sommes morts.
A présent, nous le savons tous.
Merci d'avoir choisi notre compagnie
- Et avec ceci ?
La voix atone de la serveuse résonne dans l'enceinte à moitié grillé. Torrey hésite un court instant, passe un doigt gras sur sur les lèvres lippues, et se penche maladroitement vers le micro.
- Le supplément bonus… Vous l'avez encore en stock ?
- Le dernier vient de partir à l'instant. Je suis désolé, monsieur.
Torrey s’énerve, et décoche un coup de pied contre l'automate.
- La destruction du matériel de la compagnie est passible…
- Je m'en fous, je veux mon supplément !
Un bref silence s'impose dans l'écho glacé de la nuit. Torrey halète. Son corps d'esthète digne et intègre transpire à grosse goutte. Il a horreur d'attendre, et plus que tout, il déteste ne pas pouvoir commander un supplément bonus alors que celui-ci est encore à la carte.
- Un instant monsieur.
La voix se tait à nouveau, lorsqu'elle revient, Torrey est grognon.
- Le directeur de l'établissement vous propose d'essayer un nouveau produit, gratuitement, en dédommagement de…
- Ouais, ouais, je prends.
- Parfait monsieur. Votre compte sera donc débité de…
- Oui comme d'habitude, blablabla, merci d'avoir choisi notre compagnie blablabla… Aller !
Il gesticule dans son siège. Un bref instant, un faible relent de bon sens l'invite à la prudence. Il a déjà eu de mauvaises surprise avec ce genre de supplément. La dernière fois, cela avait failli lui coûter la moitié de son salaire minable de technicien autolaveur de garage souterrain.
- Et puis merde !
Il enclenche le moteur. Contact bruyant, vertige du monde tout autour. Ça va commencer.
Les rafales illuminent le ciel rubescent. Un court instant, le rouge prend la place du bleu. Le sol frémit, les arbres s'enflamment. Au loin, un drôle de bâtiment s'écroule, dans un fracas de pierre et un nuage de poussière. Des individus vêtus d'une façon grotesque s'égayent dans les champs alentours, certains fuient vers une forêt. Ils crient, terrifiés et pris au piège.
Assis dans son siège, Torrey assiste au spectacle fasciné. Une poignet aux doigts boudinés se saisit d'une portion déraisonnable de krill frit. Les doigts glissent sur le plancton huileux. Il sourit.
- Voilà un supplément intéressant, pour une fois.
Il reprend les commandes. Les sensations sont étonnantes, très bien retranscrites. Le vaisseau réagit très bien, avec des mouvements réalistes et fluides. La reproduction semble des plus réalistes. Torrey songe que les concepteurs ont du travailler un long moment sur ce nouveau stim'. Même la gravité est reproduite.
Le garçon reprend les commandes de vol. Tout fonctionne à merveille.
- Voyons ce que ce coucou a dans le ventre.
D'un geste brusque, il imprime un fort mouvement ascendant à l'appareil. Le cornet de krill glisse vers l'arrière. Torrey entend un vague bruit de succion sur le plancher métallique. Il continue malgré tout sa cabriole, et se retrouve tête en bas, le visage gonflé de sang.
- Génial !
L'huile de krill coule vers l'arrière. Un câble mal branché et échauffé par l'exercice périlleux de Torrey s'enflamme. Une gerbe d'étincelle inonde le cockpit. Torrey jubile.
- Merveilleux, sublime ! Ah, le directeur ne s'est pas moqué de moi ! J'en parlerai dans ma chronique, ce soir, en rentrant !
L’huile continue sa course, jusqu'au transmetteur électrostatique. La matière se volatilise en un gaz toxique. Hilare, Torrey voit le monde médiéval qu'il torpille se réduire à un nuage d'étoiles pulsatiles.
- Merveilleux… Un vrai… Bonheur.
Le corps gras s'affaisse dans la cabine. Le poids mort appuyé sur les commandes précipité l'engin vers le sol.
Une gerbe de feu accompagne sa destruction. Coincé dans les débris, le corps porcin de Torrey s'envole en fumée.
« Et nous apprenons la mort d'un jeune spatioludiste amateur, décédé après le dysfonctionnement d'un « supplément bonus spécial » de la compagnie FlyAway. Le jeune homme n'aurait pas suivi les conditions normal d'utilisation de son stimulateur, et aurait embarqué le matériel dans une variante temporelle. La compagnie a d'ors et déjà fait savoir qu'elle engageait des poursuites à l'encontre des mandataires légaux de la victime pour mise en danger d'un matériel spatioludique. Il s'agit de la troisième victime cette semaine, dans ce que les spécialistes qualifient déjà de phénomène de société.. »
La jeune employée de la compagnie FlyAway soupire, et coupe le canal com. Elle déteste leur vaisseau. Elle déteste encore plus ces joueurs irresponsables et irrespectueux qui viennent se frotter contre sa borne. Un sourire mauvais anime son visage, et elle saisit une brochure qui traîne sur le comptoir où elle prépare les commandes. Ironique, elle en lit les derniers mots :
- Et merci d'avoir choisi notre compagnie.
Perché
- Maître! Ils arrivent !
L'homme se retourne et observe le ciel nuageux, ils seront bientôt parmi nous. Ses disciples, postés par centaine derrière lui, prient et l'admirent, qu'il est fort! Sa chevelure grise descend au creux de son cou, son regard porté vers le lointain, reflète un esprit vif et porteur de sagesse. Son grand front laisse deviner une abondante intelligence. Il sourit, son destin, écrit depuis sa plus tendre enfance, est en train de se réaliser. La gravure sur le mur de cette cathédrale.. Il était l'élu, il porterait ses fidèles vers un endroit meilleur, loin de cette société qui le renie. Lui, Oriana, les mènerait en terre sainte. Les reptiliens arriveraient, eux qui se dissimulaient sous la terre, dans des cités intra-terriennes, à l'abri de tout regard impur.
- Grand monarque, avez-vous une dernière parole pour vos humbles serviteurs ?
Oriana tousse pour éclaircir sa voix, il prend appuie sur le bord d'une colline, hommes et femmes attendent impatiemment son discours au pied de l'amas de terre. Il est leur roi, leur monarque, il est le grand christ cosmique, prophète d'une nouvelle ère, il est tout-puissant.
- Mes frères, le moment tant attendu est arrivé, le vaisseau de lumière se posera dans quelques instants parmi nous, et nous emmènera loin de cette Terre indigne. Préparez-vous, pensez à cette oasis qui nous est offert.
La foule l'acclame et laisse exploser une joie infinie.
À côté de lui s'approche Cécile, elle prend son bras et pose sa tête contre son épaule. Elle, l’épouse du grand guide sacré, elle sera au première loge de ce départ.
La soucoupe tant convoité survole l'attroupement et se pose à proximité, de petits hommes gris en sortent, leur peau est éclairé par un faisceau de lumière verte.
- Mais, vous n'êtes pas des reptiliens, qui êtes-vous ? Répondez!
Un doute envahit Oriana, est ce que tout ça ne serait en fait qu'une mascarade ? Derrière lui, les Hommes attendent une réaction de sa part, un signe, une lueur d'espoir.
L'un des extraterrestres s'avance et prend la tête de la troupe. Ses petits yeux noirs ne laissent passer aucune expression, son corps frêle reste impassible. Une voix robotisée s'échappe de ses fines lèvres.
- De la beuh beuh, qui veut ma beuh beuh ?
Derrière, une autre voix prend peu à peu le dessus, bientôt, cette dernière devient un hurlement, un feulement.
- Au dernier rang, Yugowski ! Réveillez-vous bon à rien ! Vous n'avez pas fini de décuver pendant mon cours ? Cécile, accompagnez le au CPE, et plus vite que ça.
Le dénommé Yugowski se lève péniblement, ses yeux embrumés par son bad trip fixe le décolleté de Cécile.
"Merde, je la fourrerai bien elle"
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https://www.youtube.com/watch?v=zCUG5eicBC4
Promis je vous lirais tout à l'heure dans le calme
Déjà cinq textes???
merci les gars vous me faîtes trop plez
dès que je viens à bout de mon truc je lis les vôtres, j'ai hâte
Between OMG t'as trop lu ce cher yugo
Koko j'ai retenu :"Je me retourne encore dans mon lit mouillé"
Pyro => Et voila ce qui arrive quand on torche un texte en cinq minutes sans le relire
Bonjour, je me suis présenté sur le topic Bienvenue et je pose mon premier petit texte ici, très léger et sans grande prétention. Les personnages vous diront sûrement quelques chose...
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Nous sommes en plein cœur du moyen âge, dans une période assez tranquille entre les territoires ennemis, ce qui était assez rare à l’époque. Une journée tout à fait normale s’annonça et les différentes patrouilles faisaient leur ronde autour du château.
- Messire !
- Quoi encore ?
- Vous êtes trop sur vos gardes ! Faut se détendre un peu !
- Vous pensez à quoi ?
- Oh rien de particulier mais si je peux me permettre je connais un bordel, Godefroy l’interrompit.
- Ah non ça suffit ! Votre dernière adresse m’a conduit dans un guet-apens ou j’ai failli me faire trancher !
- Ah oui j’avais oublié de vous prévenir qu’il y avait des jours peu fréquentables… Mais je vous jure que cette fois c’est du sérieux !
- Vous êtes le pire écuyer que je n’ai jamais eu. Je me demande bien comment je peux être encore en vie !
Jacquouille s’assit sur tronc d’arbre orienté en face du château et dit.
- Messire ! Assoyiez-vous j’ai amené la vinas. Personnellement j’ai grand soif !
Godefroy hésita un instant et s’assit.
- Soit ! Faisons une petite pause et continuons. Personne ne doit nous voir.
Les deux compères se mirent à boire. Ils étaient sur leur garde… Il était sur ses gardes.
- Messire !
- Hmm
- Je viens d’avoir une idée.
- Si c’est encore une histoire de bordel !
- Non, non, enfin, pas tout à fait. En fait euh…, Godefroy le fusilla du regard quand soudain, un bruit étrange se démarqua à l’horizon. Ils virent approcher du château un objet sphérique entouré d’une sorte de disque. Jacquouille continua.
- Messire ! Vous voyez ça ! Une charriote volante !
- Jacquouille ! Qu’avez-vous mis dans la vinas ?
- Mais pas plus que d’habitude… ou plutôt pas moins que d’habitude.
- Arrêtons de boire cette merdas et rentrons !
L’objet étrange élança maintenant son rayon laser sur le château et Godefroy surgit aussitôt.
- C’est une attaque, que trépasse si je faiblis !
Il sortit son épais et se rua hâtivement vers le château. Il pénétra dans la Cour en se préparant au grand assaut, incisif, dévastateur, destructeur, fulgurant, puissant, meurtrier, contre cette force obscur venue d’ailleurs. Il était là, entrain de se précipiter, les yeux rivés sur cette chose, son épais armée au combat le plus épic de sa vie. L’ultime bataille, là où tout avez commencé, et là où tout finirai. Un garde l’interrompit dans sa folie.
- Messire ? Que faites-vous ? Vous souffrez ? Vous avez besoin d’aide ?
Godefroy s’arrêta et dévisagea tous les gardes autour de lui le regard… dubitatif.
- Non rien de grave, juste… une grosse migraine.
Quelques instants plus tard, Jacquouille vit Godefroy se diriger en dehors du château.
- Messire ! Je suis navré, je ne reprendrai plus cette daubas la prochaine fois !
Ça va, ça va…
- Mais où allez-vous si hâtivement, Messire ?
- Au bordel.
c'est quoi la dead line ?
C'est pour mardi soir, minuit mon Nono
Ok, je verrais demain si j'avance assez dans mon roman, je ferai un truc
Voici un huitième texte!!!!
Frères de lave
« Tin qu’est-ce qu’on se fait chier !
-Ouais c’est clair, il est temps qu’on arrive là, ça fait des jours qu’on est partis !
-Apparemment on devrait arriver aujourd’hui.
-Ben j’espère bien ! » lui répondit Absoul en se laissant tomber sur sa paillasse. Leur couche était étroite, tout juste la place de s’allonger, et leur cabine n’était pas des plus large. Les deux matelas qui se faisaient face à même le sol étaient leur seul mobilier. Le plafond était bas, ils pouvaient tout juste s’asseoir. Le tuyau qui pendait au dessus de leurs têtes leur apportait le liquide nourricier. C’était un lieu de vie très austère, mais Flinn s’y était fait. Il avait aussi signé pour cela lorsqu’il avait apposé son empreinte en bas d’un contrat l’engageant pour cinq années dans l’armée impériale. Tout comme son camarade Absoul, c’étai sa toute première mission. Ils avaient entendu dire qu’ils allaient soumettre une planète peuplée d’animaux gigantesques et stupides encore à l’âge nucléaire. Une civilisation peu développée que l’Impératrice avait décidé de moderniser par la force. C’était la première fois que Flinn quittait son peuple, ou plutôt sa planète, car sa compagnie entière était composée de ses semblables, tous évidemment choisi pour leur aptitude particulière.
Absoul somnolait, sa gueule entrebâillée dégageant un léger fumet volcanique. Son œil unique était fermé, disparaissant dans les replis rocheux de son visage. Il portait l’uniforme bleu azurite, celui de leur compagnie. Cette combinaison de latex avait spécialement été créée pour résister aux très hautes températures. Flinn avait connu Absoul lors de leur formation, ils se s’étaient depuis plus quittés. Ils étaient comme les deux doigts de la main, et avaient eu la chance d’être affectés à la même compagnie. Ils s’étaient jurés de ne jamais se séparer, peu importe le danger et les aléas de la vie, et avaient scellé cela par un baiser. Ils étaient désormais frères de lave. Flinn, simple soldat impérial, était fier d’être là, fier de ses origines, fier de son peuple, fier de lui-même.
La sirène hurla brusquement. Rassemblement. Intervention immédiate. Excités comme des enfants lors de leur première éruption publique, Flinn et Absoul s’extirpèrent de leur chambre à quatre pattes pour rejoindre leur nombreux camarades qui descendaient déjà les échelles. Des centaines de cabines sont encastrées les unes à côté des autres, deux murs de dortoirs de faisant face. Des dizaines de silhouettes bleues dégringolaient déjà le long des barreaux, afin de se rassembler dans le hangar central. Lorsque les deux amis y parvinrent, ils prirent rapidement position dans les lignes. Le silence régnait dans les rangs, seul le vrombissement des moteurs du vaisseau troublant le calme qui s’était emparé de la vaste plate-forme. Un gradé referma un sas derrière lui, seule l’étoile écarlate à son bras le distinguait de ses subordonnés. Le Major Vangeld s’exprimait d’une voix forte, qui résonnait dans le grand hall.
« Camarades ! Soldats du feu, notre compagnie est aujourd’hui investie d’une grande mission. L’Impératrice nous a chargés de soumettre cette race dégénérée qui se fait appeler « Homme ». Nous sommes là pour préparer le terrain pour les batailles à venir, nous sommes là pour faire ce que nous faisons de mieux, nous sommes là pour tout cramer! » Les soldats entamèrent alors en chœur l’hymne de leur peuple. Possédé, Flinn donnait tout, hurlant sa fierté au monde.
« Il suffira d'une étincelle
D'un rien, d'un geste
Il suffira d'une étincelle,
Et d'un mot d'amour,
Pour
Allumer le feu !
Allumer le feu ! » Revigorés par ce chant guerrier, les soldats se lièrent. Flinn prit la main d’Absoul sur sa gauche, celle d’un autre camarade sur sa droite, se tenir permettait de rester groupés lors de l’éjection. La voix mécanique de l’ordinateur de bord jaillit subitement des haut-parleurs.
« Expulsion dans dix secondes. Neuf. Huit. » Flinn se sentait bouillir de l’intérieur, il était tellement excité !
« Sept. Six ? Cinq. » Il resserra l’emprise de ses doigts, eut une dernière pensée pour sa famille.
« Quatre. Trois. » Il jeta un dernier regard à son frère de lave, qui lui fit un clin d’œil.
« Deux. Un. EXPULSION » Ce n’était pas sa première fois, mais cela lui faisait toujours bizarre de se faire éjecter du vaisseau à une telle vitesse. Il formait avec ses camarades une masse azurée précipitée vers le sol. Il eut à peine le temps d’entrapercevoir quelques taches vertes du paysage avant de s’écraser sur leur objectif. Il s’agrippa à un joint entre deux grosses pierres, sans lâcher la main d’Absoul. La bâtisse était immense, toute en roche, et pourtant si petite au regard des critères humains. La voix puissante du major Vangeld retentit pour donner l’ordre décisif.
« Soldats, feeeuuu ! » Flinn ouvrit grand sa gueule pour libérer un flot de lave sur le caillou. Absoul et lui se laissèrent choir au sol ensemble, pénétrant un tapis de hautes et fragiles tiges fibreuses déjà en flammes. Les deux amis se lancèrent dans l’incendie, crachant de temps à autre pour l’alimenter. L’invasion de la Terre avait commencé, Flinn et Absoul, frères de lave, étaient fiers d’en faire partie.
La Soucoupe du Vieux-Castel
1
Foule compacte et pestilentielle autour de la condamné, mains nouées derrière le poteau, pieds nus écorchés par la paille sale... c'est Jeanne. Elle contemple cette masse de manants mêlés dans une cohue d’œils délavés, de cervelles creuses, de bouches béantes édentées... elle sait tout, et eux... rien. Elle les a vu donc elle sait. Elle les a vu lorsqu'ils sont venus la trouver, l'aveuglant du halo de leur vérité,vérité qu'elle taira car ce jour elle part en fumée. La peur est le pire pêché de l'homme, elle se dit, ils méritent les malheurs qu'elle engendre. Elle taira tout, pour toujours parce que les cendres sont muettes.
« Vous serez punis ! Il vous punira ! Ils vous puniront, parce qu'ils savent tout ce que vous faîtes et parce que vous refusez de voir ! Vous serez soumis à tout jamais ! »
Des veines en stridules rouges sur son front, cou joli rayé de tendons crispés... jolie cou qu'elle a nu. Tout ça n'a aucune valeur, cette pudeur et là conscience terrifiée qu'on a d'elle... elle comprend, maintenant. Elle sait, pas eux. Jeune elle adorait les exécutions, elle avait peur aussi, elle pêchait aussi. Au loin fumée du gibier roussit... ça lui parvient, ça semble délicieux... ou est-ce elle qui brûle déjà ? Elle hurle, tire sur ses liens devant la fange mousseuses de face bovines, tannés à l'inquiétude, salis par le labeur, enlaidis par l'ignorance... tous se ressemblent. L'humain est une espèce comme une autre. Nous sommes des animaux et le ciel n'est pas un plafond. Il y a quelque chose au-dessus et elle scande cette phrase quand le père Barnabé, suivant les versets d'usages, ordonne au bourreau d'enflammer la paille.
« Il y a quelque chose au-dessus ! »
Elle s'était jurée de ne rien leur avouer mais elle perd le contrôle dans cette dernière giclée d'adrénaline. Implicite, digne, mais les mots sont là. Les flammes la lèche, ses sens brûlés ne captent plus rien sauf ce blond visage au fond de la place, dévasté par l'ignominie, n'est pas celui des êtres que le clergé dépeignent stupidement, pas un ange. Thibault de Montcornet le vaillant guerrier. Il la voit s'allumer et s'éteindre, les mains moites. Il en a vu des morts, il en a donné, mais pas des comme ça. Des meilleures morts... Les gens de son rang n'assistent pas à ces sordides spectacles mais celle-là, il voulait la voir et puis il passait par-là, son écuyer Claudius entre ses jambes musculeuses de paladin victorieux. Se restaurer un peu, c'est l'excuse, et pourquoi pas voir une fois au moins les traits doux de celle qui prétend encore clamer la voix de ce qu'il y a au-dessus. L'écuyer louvoie, babines bulbeuses interceptant les senteurs délicates de la chaire rôtie et de la pitance convoitée en même temps... délicat mélange plein de saveurs.
« Partons, Claudius. Ordonne-t-il en tirant par le col.
- Ne nous chercher pas une restaurance ? ?
- Pas l'envie profonde de me rassasier devant un tel spectacle, mon cher.
- Elle fond ! S'enflamme Claudius pour imiter Jeanne. Regardez comme elle fond comme une bougie !
- Ce n'est pas drôle, pourceau. »
Les bovins poings levés, exultant, hurlant à la sorcière.. tout ça l'attriste, à l'inverse de Claudius ne se gêne pas.
« Ça suffit Claudius ! À présent suivez-moi, ou vous retournerez aux latrines de Montcornet !
- Oh non, pas les latrines euh, en vous suppliant que plus jamais ! Geignit-il en s'accrochant à la cuisse très musculeuse de son maître.
- Cela suffit ! Partons, les plans que j'ai tricoté doivent nous mener plus loin qu'ici ! »
Et il l'éjecte en secouant sa jambe scupltée dans le granit le plus noble et le plus puissant.
2
Noire, vive, élancée... c'est ainsi qu'est la monture. Museau fier, aussi, crinière soyeuse, très noble bête dont Claudius n'apprécie que la croupe et les bourses... soyeuses, elles aussi, en se rapprochant encore il pourrait se voir dedans mais il évite, question de sécurité. Thibaut fier homme sulfureux aux yeux de jade, dos larges arrachant presque les milliers de doigts métalliques noués sur la côte de maille. Dans la nuit tombante, pas peur, pas de froid... il fonce et Claudius court derrière, se noie dans l' herbe humide, de plus en plus haute, puis quand la terre devient chauve, dans la boue gluante. Il n'a pas prit de bain depuis près de trois mois.
« Ou aller maintenant puisque vous ne le dîtes pas ?
- Au Vieux Castel, là-bas, .
- Au Vieux Castel? Interdiction de gagner l'ancien fief, Barnabé a dit !
- L'étrangeté de cette jeune femme dans ses déclarations nécessite fort que l'on s'y tourne à notre tour, regardez, on voit déjà la vieille église, arrêtez un peu de vous plaindre.
- Mais c'est une sorcière, la Jeanne, a dit Barnabé ! »
Ce genre de sot ne doit pas discuter, il doit exécuter un point c'est tout et c'est d'ailleurs pour ça qu'on l'emploie, se dit Thibault. Sous leurs pattes et pieds la pente s'endurcit. Tous trois contemplent une Lune au-dessus d'eux subitement apparue dans le crépuscule pâle et sinistre. Ils tentent de voir les fils qui la tiennent. Toutes ces questions empoisonnent Thibaut, notamment celle qui concerne ses combats. Il se bat pour le seigneur de Montcornet, pour Barnabé, et puis, quoi ? Il y autre chose, il y a plus grand et plus conséquent que l'honneur d'un royaume, il en est convaincu. Les mots de Jeanne lui revienne. Il y a quelque chose au-dessus.
« Maître, plein d'engourdissures dans mes orteils ! La souffrance je l'ai !
- Tais-toi donc, misérable, lorsque je pense ! Tonne Thibaut en dégainant sa masse d'arme calée dans un vice d'harnachement sur la soyeuse monture. Regarde comme on voit bien l'ancien clocher.
- Ah, ça ! tout à l'heure il était là aussi, identique en lieu et lointain ! »
Un vert et vierge paysage s'endort paisiblement, dans les éclats de la lune putrescente. Des végétaux hardis digèrent goulûment les ruines du Vieux Castel, fief de l’aïeul des Montcornet, suzerain parmi les suzerains, en désuétude depuis sa maladie immonde qu'on a pas le droit de décrire. C'est ici qu'on eut lieu les apparitions, selon les dires des quelques sorciers et sorcières que l'ont a envoyé aux enfers depuis. Une heure de marche rapide plus tard à peine et son écuyer se laisse tomber dans la boue.
« La fierté, n'est-ce pas quand même un peu pour vous... il l'implore.
- Mais depuis toute la journée qu'on marchons, enfin, voyons ! Claudius se plaint
- Pour toi oui, mais me concernant moi, j'ai un cheval. »
Ce n'est qu'en descendant qu'il vient enfin se mettre à la hauteur de celui dont la fonction est basse par essence.
« Servons le vin pendant que je m'installe ici, leur arrivée devrait avoir lieu sans plus tarder..
Qu'est-ce que leur arrivé, il s'agit de quoi, mon sieur ? »
N'en sachant fichtre rien il ne répond que partiellement, d'un hochement synchronisé de sourcils et d'épaulettes.
3
Rentrer bredouille n'est pour moi pas envisageable et c'est pourtant très probable, songe Thibaut, le sang du christ formant comme un poids sur sa raison. Ce que nous faisons, je n'en suis pas sûr, je ne suis sûr de rien. Sont-ce vraiment des sorciers et sorcières, ces hommes et ces femmes coupables d’apostasie, portant si fièrement la parole de l'antéchrist, au mépris de leur propre vie ? Il boit encore assis contre ce sévère tronc,
L'ombre du clocher délaissé projette sur le lac endormi une belle flaque brune, toute endormie... il trouve cela apaisant et lutte pour ne pas sombrer dans ses songes plus poétiques encore. À ses côtés, un Claudius grelottant, expulsant du rouge par ses pores dilatés. Les naseaux du chevale soufflent des jets de fumée, ça les réchauffent, c'est agréable, sauf pour l'écuyer dépourvu de couverture.
« La froideur me paralyse... Gémit Claudius.
- Tu n'as qu'à marcher un peu, lui intime le chevalier. C'est très revigorant.
- Si je puis vous en prendre un peu, de cette couverte... propose-t-il en se collant à son maître.
- Ne t'approche pas, fétide créature ! s'insurge Thibaut, adressant dans cette tempe grasse un bon coup de poing
- Vous m'avez fait mal... »
Et le dégoûtant pleure sans que cela n'attendrisse son brave chevalier, héros de Montcornet, comptant à son actif plus de têtes ennemies que tout les autres de son rang élevé en noblesse.
« Vas-tu donc enfin cesser ? C'est par pitié que je t'ai choisi toi. On forme de jeunes nobles aux tâches qui t'incombe, ne vois-tu pas ta chance, fils de gueux ? Que croyais-tu ? Entre noblesse et paresse, il n'y a qu'une satanée rime !
- Pourquoi la méchanceté est telle en vous ? baragouina le porcin. Ma dévotion est telle, pour vous ! »
Thibaut se lève, trop c'est trop, la couardise à ses limites. Sa légendaire épée, brusquement dénudée, explose en mille lueurs sous l'exergue du luminaire céleste.
« Si tu continues de te lamenter, je te décapite ! Menace-t-il. Jour après jour, tu l'aiguise ! Veux-tu mourir par elle ?
- Le plaisir serait vrai mon maître, bafouille Claudius, flairant la question-piège. Mais s'il vous plaît non pas là, tout de suite. »
Le pour pèse lourd, le contre est une plume, alors, donc...
« Le temps t'as rouillés, t'as abîmé, t'as souillé... maintenant est venue l'heure de rendre au seigneur cette âme empoisonnée qui est tienne ! Un gentilhomme me sera plus utile dans la quête de justice qui m'anime ! »
La pointe de l'épée en l'air crève la lune et projette sur la nuque de l'écuyer un jet blanc. Une giclée très aveuglante. Et ce bruit ? S'interroge Thibaut. De quel animal provient-il ? Trop curieux, il se retourne au lieu d'abattre sa lame.
« Mon dieu ! Miséricorde ! Qu'est-ce que... »
Il n'y a pas encore de mot pour désigner cette assiette en rotation dans l'air. Thibaut tente de capturer dans sa paume ce fil bleu qui l'atteint sans le toucher et sa main passe à travers... un fil sans matière ! Horreur !
« Satan ! S'égosille Claudius. Le voilà qui vient nous cueillir ! Disparaissons !
Galoper à toute allure ne suffit. Toutes paumes fondues sur le manche de son arme, il découpe le rayon, le rayon enrobe la lame et l'enrobe lui tout entier et Claudius aussi !
4
Ils demeurent pétrifiés au beau milieu de cet espace, dans cette pièce. Une pièce tantôt obscure et tantôt lumineuse, tantôt vaste et tantôt exiguë. Tout cela semble très bizarrement dépendre de l'inclinaison d'un faisceau laser qui n'est toujours pas un fil et personne ne le dirige ; il sort d'un mur et semble doté de sa propre conscience.
« Meuh ! glapit Claudius. Cette cordelette, qu'elle est-elle ? Et cette succube que l'on entend, qu'est-ce donc ? On nous ensorcellerait ?»
Thibaut occulte la question, examine la pièce sans minutie, l'euphorie angoissée qui détermine ses sensations croît de minute en minute. Meubles d'or sculptés, fauteuils recouverts de soie évoquant à bien des égards les loges du seigneur et des halos tourbillonnants en rotation dans un plafond liquide et gluant... liquide et gluant comme... comme rien, tout comme cette galette noire... est-ce de là que provient cette mélodie démoniaque ?
« Maître ! Que faîtes-vous ?
- C'est une embuscade, Claudius !
- Vous l'avez vu comme moi, cette chose dans le ciel !
- Silence, malheureux !
- Le plafond, regardez le plafond comme il est mou ! C'est un plafond d'eau ! »
Thibaut avance pas à pas, inclinant son épée contre sa côte de maille. Le premier hérétique qui se dressera y aura droit. Avec tous ces carnages du désert, il n'est plus à une tête prêt et compte bien le faire savoir !
« Regarde Claudius, dit-il en pointant la branche en argent qui semble rythmer cette mélodie interdite. Quelle est cette matière, du bois laqué ? On dirait... je n'ai jamais vu ça... la galette maléfique pleure et nous donne des émotions ! Tes oreilles, vite, bouche-les !
- Non ! Oui ! À vos ordres»
Le tourne-disque, démantelé par l'acier à double-tranchant, s'éparpille autour, sur ce sol de verre. La branche d'argent vole à l'autre bout de la pièce. La voix s'enraye, ralentie et trépasse tandis que Claudius, jeté à plat ventre, implore n'importe qui par des palabres inintelligible.
« Allons, sors de ta cachette, sombre pleutre, et viens donc plutôt apprécier ceci. »
Chaque désir de son maître, sont des ordres. Les latrines, pour lui, c'est plus jamais ! Son maître stagne devant un mur jalonné de peintures très réalistes quand il arrive à côté. Qui sont ces peintres si doués ? s'interroge Thibaut, le sourcil froncé. Les visages esquissés font très vrais ! Le chevalier tapote le cadre de la pointe de sa lame et se prépare à l'action... mais l'enturbanné barbu de l'intérieur ne frémit pas d'un cil ! Ainsi, c'est bel et bien une peinture et pas un homme emprisonné par quelques odieux maléfices ! Cela le rassure !
L'écuyer, tout aussi subjugué, s'attarde sur le portrait d'un petit être très pâle, minuscule moustache sous le nez, très austère dans ses airs, bras droit levé... plus il regarde cet homme, plus il lui trouve une ressemblance avec le seigneur de Montcornet.. croix étrange sur brassard rouge autour de son bras.... aucun des étendards rivaux n'est semblable à celui-ci...
5
« C'est l'avenir que vous voyez ici. Un avenir très lointain. Et le plus drôle, dans tout ça, c'est qu'il est inéluctable. Tout se joue dès maintenant et il en sera ainsi, avec ou sans votre concours. »
La voix est sépulcrale, elle surprend Thibaut et Thibaut fait volte-face, il est genoux fléchis, prêt à bondir !
« Baissez votre arme, ce n'est pas du mal, que je vous veux. »
Terrifié, refusant catégoriquement l'abomination, Claudius perd connaissance ; c'est le seul moyen d'assurer sa sécurité mentale. La peau rouge, deux cornes sur le front, des oreilles et des dents pointues... c'est lui, il est réel et sa face s'accorde sinistrement à sa voix. Thibaut se met à suffoquer dès qu'il aperçoit cet être, ce monstre ignoble !
« Sus à Satan ! »
Et il s'élance vers le cornu, aucunement émoussé de voir à ses trousses un serviteur du suzerain redouté. Ses doigts fourchus s'éveillent ostensiblement, ce sont eux qui conduisent à distance le faisceau. Geste imperceptible, presque un détail, pour conséquence de taille. L'épée tombe sans aucun bruit et les mains du preux encore accrochées au manche. Coupure précise, coupure nette, aucune trace de sang, cautérisation immédiate, limpide et sans douleur... deux moignons lisses encore fumant terminent ses avant-bras musculeux.
« Qu'as-tu fais, démon ?
- Le mal pour le bien, qu'ils disaient... »
Son expression désolée plongerai la terre entière dans une détresse infinie. Thibaut est au-dessus d'eux, au-dessus de tout ça, il résiste alors ;
« Le mal ! C'est justement vous qui l'incarnez ! Mes mains ! Rendez moi mes mains, elles m'appartiennent !
- Du bétail... oh, ils ont réussis, c'est bien du bétail qu'ils ont fait de vous poursuit Satan.
- Quel est ce sinistre cirque ! Ou sommes-nous ! Ramenez-moi à Montcornet !
- … je voulais simplement vous aider. Retiens bien ça, humain : »
Thibaut voudrait se défendre mais il ne peut plus bouger, il est complètement paralysé, il laisse Satan fondre sur lui et reniflant le souffle putride très chaud sur sa peau angevine, il prie, garde les yeux clos pour souffrir moins.
« Tant que vous croirez toutes ces sornettes, vous ne serez jamais libre ! Tu ne sais même pas pourquoi tu te bats, tu te bats parce que tu as peur, tout simplement ! Si je vous ai donné une conscience c'est pour que vous brisiez vos chaînes ! Le bien et le mal ne sont que des perspectives ! »
La voix se mue en un bourdonnement suraigu qui s'insinue, comprime organe et muscle, hérisse sa blonde crinière. Terrassé, incapable de se mouvoir dans cette absurdité anachronique, il lâche prise et tombe tandis qu'autour de lui les éléments du décor s'emmêlent et forment un tourbillon dont la chaleur et le rayonnement s'intensifient, on dirait de l'or liquide déversé par quinze cent chaudrons bouillant, une vraie fournaise partout autour et dedans.
6
« Mon brave, réveillez-vous, voyons !»
Barnabé, homme très âgé – déjà quarante-et-un ans- secoue fébrilement le chevalier envapé. Rien, il délire toujours, tant pis ; L'eau fraîche, puisée au lit de la rivière alentour, se charge de ramener le preux paladin à ses esprits... un retour au réel ne se fait jamais sans heurt :
« Que ! Quoi ! Qui ! »
Encore ce bourdonnement, fruits pourris d'un agglutinement des doléances cornues, écho malsain dans une psyché tourmentée, en jachère spirituelle dès ce matin maudit. Écarquillant ses prunelles enflammées par nombres de visions impies, appréhende la face ronde et le teint olivâtre. Barnabé est venu l'arracher à ce trauma... trop tard. Homme d'église au nez épaté, crevassé, évoque à Thibaut ces champs malmenées au milieu desquels, vaillant, fidèle, il a risqué sa peau.
« Allons, soulevez-le, nous rentrons, le froid est rude. »
Les formes se précisent et que les ruines du château gagne en clarté, blanc cotonneux dans le ciel et jaune hépatique dans les prunelles de celui qui le ramène. Est-ce sa sagesse de cet homme qui pique ses narines précieuse, ou est-ce juste l'aigre parfum de vinasse qu'il dégage ?
« Vous avez passés toute la nuit ici... dit Barnabé. Que s'est-il passé ? »
Ah, tiens, il fait jour, rumine Thibaut sans penser à répondre. Le claquement monotone de l'attirail contre la monture berce mélancoliquement ses divagations. Dans son dos, Barnabé chuchote et les deux hommes qui l'escortent semblent acquiescer. De quoi parlent-ils ? Thibaut n'en a cure. Il pense à ce voyage, à cette pièce, à ces peintures si réalistes et à cette voix dans cette machine démoniaque... et au Cornu... et à Claudius !
« Ou est Claudius ? Sursaute-t-il. Je ne le vois pas parmi nous.
- C'est lui qui est venu nous trouver, ce matin, au champ du coq. Déclara Barnabé, moins complaisant lorsqu'il s'agit d'évoquer le bas-peuple. Il est très perturbé par cette drôle de mésaventure que vous avez vécus... »
Frisson dru sur la nuque laiteuse du chevalier. Levant les yeux, il rêve la soucoupe perçant le nuage, détruisant l'église et toute les croyances établies. Ces croyances ne sont plus les siennes, puisque tout cela est réellement arrivé ; autour de ses poignets des bracelets de chair brûlée très rouge, encore enflammée et ça fume ! Ils ne faut pas qu'ils voient ça ! Vite, au fond des manches !
« Thibaut ? »
Barnabé s'est rapproché. Il sourit encore. Le vent transporte les résidus aigres de son souffle aviné.... encore un frisson, de dégoût, celui-ici. Se reprendre, rester impassible... surtout pour survivre.
« Oh, oui désolé.
- Alors, que s'est-il passé, cette nuit ? Ce malandrin qui surveille vos arrières était en proie à une sévère crise de démence, il mentionnait Satan...
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, je n'ai aucun souvenir. »
Au contraire, les paroles du cornu sont vivaces dans l'esprit de Thibaut.
« Nous l'exécuterons ce soir. Reprend Barnabé.
- Je peux le concevoir. C'est très dangereux, il en va de nos privilèges.
- Alors vous êtes des nôtres.»
Et dans son sourire, le moine laisse déborder sa langue bifide.
Mais le texte de helping tuez moi
+ sinon les dinosaures c'est il y a des millions, pas des milliards
Putain, j'étais pourtant persuadé d'avoir écrit millions