bon alors c´est quand qu´on a la suite ?
vite vite on attend
... faut pas deux semaines pout écrire une suite !! !! T´attend quoi ?
MetalDragoon Il faut le temps qu´il faut , et je ne vois pas comment tu peux savoir combien j´en avais besoin cette fois-ci .
En tout cas, beaucoup de ne pas avoir oublié ce topic (parce que c´est vrai que j´ai été long^^) et en récompense, voici la fin du chapitre 28, dont le titre "Fêtes et défaites" devient "Projets de fêtes". Bonne lecture
28
Projets de fêtes (suite et fin du chap)
Encore une fois, Harry passa une bonne partie de la nuit, allongé mais éveillé, à méditer au sujet de Ginny. Elle avait évité son regard toute la soirée et il ne savait vraiment pas quoi penser. De toute évidence, Ginny avait été très secouée mais il ne pouvait pas non plus être certain qu’elle avait bien retrouvé la mémoire, ou plutôt une parcelle… Peut-être la réaction de la jeune fille n’était-elle due qu’à la façon assez brutale dont Harry l’avait pressée de répondre ? Après tout, elle avait sûrement subi une sorte de traumatisme après le sortilège d’Amnésie de Nott, et il l’avait peut-être fait « ressurgir » en la bousculant ainsi, pensa Harry…
Il décida de ne plus lui en reparler. Après tout, son but premier n’était pas que Ginny se souvienne de lui, mais qu’elle sorte avec lui…
Le lendemain, un mercredi, était aussi la veille du jour de Noël. Mrs Weasley avait déjà installé elle-même quelques éléments décoratifs – principalement de petits Pères Noël qu’elle posait sur les meubles et qui avaient pris la mauvaise habitude de crier : « Oh ! Oh ! Oh ! » ou : « Joyeux Noël ! » au moment où l’on s’y attendait le moins, et où tout le monde avait oublié leur présence ; mais maintenant, le jour de la fête organisée par les Weasley était arrivé et toute être présent dans l’enceinte du Terrier était réquisitionné afin de prêter main forte.
Le matin, des guirlandes furent disposées un peu partout par Charlie, Ron, Ginny, Harry, Hermione et Neville. Mrs Weasley, elle, avait été obligée de se rendre en catastrophe sur le Chemin de Traverse : le sapin qu’elle avait commandé et qui aurait déjà dû se trouver dans le jardin depuis la veille n’était toujours pas arrivé et son mari n’était pas encore rentré du ministère.
A midi, ils durent donc préparer eux-mêmes leur déjeuner, et Harry se fit la promesse de ne plus jamais rien manger de la cuisine de Ron. Heureusement, Charlie dénicha du pain et du bacon et ils purent manger quelque chose de convenable.
– J’espère qu’on aura autre chose à se mettre sous la dent, ce soir, dit Charlie d’un ton dégoûté tout en mâchant son maigre repas.
– Je pense qu’on peut faire confiance à ta mère, lui répondit Neville sur un ton très confiant.
Il n’avait pas cessé de faire les louanges de la cuisine de Mrs Weasley ces deux derniers jours.
– En tout cas, c’est dommage que Maman n’ait pas pu transmettre ses talents culinaires à tous ces enfants, déclara Ginny avec un sourire moqueur.
– Ce n’était quand même pas si mauvais que ça, répliqua Ron d’un ton boudeur.
– Oh, si, répondirent en chœur Harry, Ginny, Charlie et Neville.
– Je n’avais encore jamais entendu dire que l’on pouvait transformer de simples pommes de terre en charbon sans magie, jusqu’ici, ajouta Hermione avec un air amusé.
Tout le monde éclata de rire, et même Ron parut un peu moins grognon.
Une demi-heure plus tard, un gigantesque sapin qui devait mesurer au moins six mètres de haut se matérialisa dans un craquement assourdissant au beau milieu du jardin du Terrier. Quelques secondes plus tard, Mrs Weasley transplanait à son tour.
– Ils n’avaient plus personne ! s’exclama-elle, toute agitée, en se précipitant vers ses enfants et ses trois invités, devant la porte d’entrée. Ils ont « oublié » de nous l’envoyer hier soir et il a fallu que je les harcèle toute la matinée pour qu’un nombre suffisant de leurs employés accepte de faire transplaner l’arbre !
– Pourquoi est-ce qu’ils ne voulaient pas faire transplaner un sapin ? s’étonna Ron.
– Ils avaient peur, répondit Mrs Weasley, irritée. En vérité, la plupart étaient partis en vacances et ils avaient soi-disant peur de revenir, même pour une seconde, à cause de Tu-Sais-Qui… Mais bien sûr, deux sorciers, c’est trop peu pour envoyer un sapin de cette taille et sur une telle distance !
Elle pesta encore pendant un petit moment avant de retrouver un peu de son calme et de lancer :
– Au travail !
Ils passèrent toute l’après-midi à accrocher des boules et des guirlandes, magiquement lumineuses, au sapin géant. Cela représentait un gros effort de diriger de si loin (même par magie) les décorations et de les disposer de façon à dégager la plus grande beauté possible de l’arbre de Noël. Mrs Weasley, qui supervisait les opérations, ainsi que toute la bande de décorateurs improvisés, ne furent donc que trop heureux lorsque arrivèrent d’abord Bill et Fleur à trois heures, puis Mr Weasley deux heures plus tard.
– J’ai eu du mal à quitter le bureau, raconta-t-il tout en essayant avec les autres d’enrouler une guirlande mauve tout autour du sapin, du pied de bois jusqu’au sommet muni d’une étoile qui dégageait une intense lumière blanche ressortant dans le crépuscule. Et pourtant, je suis obligé de reconnaître qu’ils ont fait des efforts pour nous laisser partir plus tôt pour les fêtes, mais Tu-Sais-Qui continue à faire des ravages et nous devons tout faire pour que ces imbéciles qui vendent de faux objets de défense ne fassent pas empirer les choses…
– Personnellement, je trouve qu’il devrait aussi exister un bureau pour éviter que « ces imbéciles » ne te donnent toujours plus de travail, déclara Mrs Weasley d’un ton à la fois désapprobateur et résigné.
Tous acquiescèrent silencieusement.
Une demi-heure plus tard, les invités commencèrent à arriver : Elphias Doge accompagnait Dedalus Diggle ; quelques collègues de Mr Weasley transplanèrent quelques minutes plus tard dans le jardin. Parmi eux, Harry reconnut Perkins, le vieil homme qui avait travaillé au Service de Détournement de l’Artisanat Moldu avec Mr Weasley. L’épouse de ce dernier avait maintenant regagné son antre – la cuisine – afin de préparer le repas, tandis que Charlie et Neville vérifiaient quelques petits détails de la décoration du sapin. Harry, Ron, Hermione et Ginny, eux, furent chargés d’inspecter l’intérieur de la maison à la recherche d’éventuelles imperfections dans leurs travaux du matin.
Au bout de deux minutes, Ron et Hermione disparurent mystérieusement ; mais Harry était absolument certain d’avoir entendu la porte de derrière s’ouvrir et se refermer, et il n’avait aucun doute concernant le sort de ses deux amis. Il continua d’examiner minutieusement les lieux et s’aperçut soudain qu’il était seul : les invités étaient ressortis dans le jardin pour admirer « cette superbe plante », comme le disait Dedalus Diggle. Non, en fait, il y avait encore quelqu’un…
Ginny ajustait une branche de gui au plafond du salon, perchée sur un tabouret branlant. Il s’approcha lentement.
– Tu veux que je t’aide ? demanda-t-il.
Elle se retourna si brusquement qu’elle faillit tomber. Elle lui lança ensuite un regard étrange, mêlant l’exaspération la plus totale mais aussi la gêne.
– C’est juste histoire de finir plus vite, ajouta-t-il précipitamment. Comme ça, on pourra enfin faire partie de ceux qui profitent de la fête, et pas de ceux qui l’organisent…
Ginny soupira – peut-être plus de soulagement qu’autre chose – puis descendit du tabouret.
– Vas-y. Qu’on puisse regarder ce sapin avec les autres, dit-elle avec un sourire.
Harry sortit sa baguette, la leva vers la branche et murmura : « Mobiliarbus ! ». Il accrocha convenablement la plante puis se tourna vers Ginny.
Qu’est-ce qu’elle pouvait être jolie… Son visage, dont la peau blanche – comme le devait être celle d’une rouquine – brillait légèrement de sueur à cause de la journée passée à décorer le Terrier, semblait se rapprocher… Harry s’aperçut alors qu’il avait fait un pas en avant, et maintenant un second… Il distinguait désormais chacune des nombreuses tâches de rousseur qui compensaient la pâleur naturelle de la jeune fille. Il se pencha très lentement – ils n’étaient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre…
Et leurs lèvres rentrèrent en contact. Elles se séparèrent encore pendant une fraction de seconde puis ils s’embrassèrent de nouveau, de façon plus poussée, plus « vraie »… Cela faisait longtemps que Harry n’avait pas connu quelque chose d’aussi agréable, et il aurait voulu que cela dure, que le pouvoir de la branche de gui continue d’opérer, mais…
– Hum, hum.
Ils se lâchèrent et se tournèrent en direction de l’endroit d’où provenait le bruit. Il venait de l’encadrement de la porte de la cuisine où se tenaient Mrs et Mr Weasley. Apparemment, ce dernier s’était éclaircit la gorge lorsqu’il avait surpris sa fille…
– Molly a besoin d’aide en cuisines…, annonça-t-il, un peu embarrassé.
Il y eut un silence un peu pesant.
– Rassurez-vous, vous aurez tout le temps de… enfin, pour l’instant, il faut préparer le repas.
Ils rejoignirent silencieusement Mrs Weasley dans la cuisine et épluchèrent diverses sortes de fruits et légumes pendant que la mère de Ginny s’occupait du – ou plutôt des – plats principaux. Elle avait paru aussi gênée que son mari mais maintenant, elle affichait un visage radieux.
Harry se sentait un peu honteux. Il devinait que Mrs Weasley était sans doute heureuse pour sa fille ; mais d’un autre côté, rien n’était certain. Il ne savait même pas si ce qui venait tout juste de se passer signifiait réellement quelque chose… pour Ginny. En fait, il avait du mal à penser correctement après cela…
Ses mouvements avaient déjà atteint un rythme machinal lorsqu’une visiteuse imprévue fit son entrée dans la cuisine du Terrier : le professeur McGonagall. La directrice se précipita vers Mrs Weasley pour lui serrer la main et dire chaleureusement :
– Bonsoir, Molly. Je suis contente de voir que vous ne vous laisser pas abattre, vous… Cette fête est une excellente idée pour unir les sorciers, et votre sapin et votre maison sont magnifiques : je vous félicite !
Mrs Weasley rayonnait.
– Merci beaucoup, Minerva, dit-elle. Arthur et moi, nous sommes habitués à faire des économies et comme notre revenu a augmenté, nous nous sommes dits que ce serait bien d’inviter… plus de gens que d’habitude à passer Noël avec nous.
La seule fois où Harry avait vu la directrice de Poudlard aussi ravie, c’était lorsque Hagrid l’avait embrassée sur la joue. Il s’agissait du premier véritable réveillon de Noël que Harry avait passé, lors de sa première année, six ans plus tôt… à une époque mille fois plus joyeuse et moins sombre ; une époque où Hagrid avait encore quelques années devant lui… une époque où il ne devait pas encore se soucier de Voldemort.
– D’ailleurs, nous serions enchantés d’accueillir une invitée supplémentaire, Minerva, ajouta Mrs Weasley avec un sourire.
– Je sais que votre cuisine vaut largement celle des elfes de maison, mais malheureusement, je ne peux pas rester, répondit McGonagall sur un ton d’excuse. Je dois retourner à Poudlard pour le banquet de Noël.
Elle se retourna vers les éplucheurs en retrouvant son visage strict coutumier.
– En réalité, si je suis venue ici, c’est pour m’entretenir avec Harry, annonça-t-elle. Pourrais-je vous l’enlever un instant ?
Perplexe, Harry suivit McGonagall dans le salon, puis dans le jardin où ils trouvèrent un coin isolé, à l’ombre d’un arbre – qui n’était évidemment pas le sapin géant.
– Harry, je crois que vous avez des choses à me dire, dit-elle.
Harry hésita un moment, puis répondit le plus calmement possible :
– Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.
– Je pense au contraire que vous savez pertinemment de quoi je veux parler, répliqua sèchement McGonagall.
Harry ne répondit rien. Oui, il savait, mais il ne voulait pas… Constatant son silence, la directrice poursuivit :
– Dimanche soir, vous êtes sorti comme une furie de mon bureau, et ce sans la moindre explication. Et des explications, maintenant, j’en demande. Je devrais même dire que j’en exige, rectifia-t-elle.
Harry hésita. Il s’était vaguement douté qu’il serait obligé un jour de s’expliquer auprès de McGonagall, mais il n’y avait pas vraiment songé…
– Ce n’est pas… important, finit-il par répondre.
– Vous êtes peut-être majeur et qui plus est, en vacances, mais vous êtes toujours mon élève et je vous prierai donc de ne pas vous moquez de moi, dit McGonagall d’un ton sévère. Vu la façon dont vous êtes sorti de mon bureau – et sous mon nez, en plus – vous ne pouvez pas sérieusement croire que je vais vous laisser en paix sans plus de précision ? J’ai parlé au professeur Dumbledore, et…
– Son portrait…, l’interrompit Harry sans se soucier d’être poli.
– C’est cela, oui…, répondit McGonagall, prise au dépourvu, et il m’a dit qu’il s’inquiétait sérieusement pour vous. Selon lui, ça n’a rien de banal. Il m’a dit que vous aviez subi une sorte de… choc psychologique.
Harry éclata alors d’un rire sans joie qui eut l’air de glacer la présidente de l’Ordre du Phénix.
– Alors comme ça je suis fou ? Moi ? Mais réveillez-vous ! DUMBLEDORE n’était qu’un vieil imbécile, cinglé et sénile !
PAF !! !
Harry vacilla un instant, la main plaquée sur sa joue gauche. Il était complètement sonné ; la claque qu’il venait de recevoir était autant physique que mentale… C’était la seconde fois de sa vie qu’il franchissait les limites du tolérable avec un directeur de Poudlard…
– COMMENT OSEZ-VOUS !? tonna McGonagall, le visage écarlate. Comment osez-vous parler ainsi du professeur Dumbledore ! Après tout ce qu’il a fait pour le monde des sorciers, pour Poudlard, pour VOUS !
La directrice tremblait tout en dardant Harry du regard le plus noir qu’il eût jamais croisé. Il n’osait plus la regarder en face. Il remarqua soudain que les invités s’étaient désintéressés du sapin. Beaucoup avaient été attirés par les cris de Harry puis du professeur McGonagall et une petite foule les observait à quelques mètres… Ron, Hermione, Neville et Ginny étaient là, ainsi que Mr et Mrs Weasley, Bill et Fleur, et Charlie. Tous avaient l’air très surpris et inquiets.
– Je vous laisse le temps de réfléchir…, murmura McGonagall, la voix toujours chancelante. Nous reparlerons de tout ça… la prochaine fois. J’espère que vous serez redevenus raisonnables d’ici là.
Puis elle s’en alla d’un pas résolu. Harry prit immédiatement la direction de la chambre de Ron. En passant devant les Weasley, il murmura seulement : « Excusez-moi », en espérant de tout cœur qu’ils avaient compris qu’il s’agissait d’excuses et non d’une demande de dégager le chemin. Trente secondes plus tard, il refermait la porte de la chambre de Ron derrière lui et se jetait sur son lit.
Et il demeura ainsi pendant un long moment, qui lui parut interminable. Ensuite, il se retourna sur le dos, les mains derrière la tête, et consentit enfin à réfléchir… Et quand il y repensa, il se rendit compte que son comportement était puéril.
Il avait parlé comme l’aurait fait un enfant de cinq ans… et maintenant, il se retrouvait enfermé dans sa chambre pour réfléchir à ce qu’il venait de faire… encore heureux qu’il se le fût lui-même imposé. Et il était allé plus loin qu’il ne l’avait jamais été, non pas avec McGonagall, mais avec Dumbledore. Autrefois, il ne se serait jamais permis d’insulter l’ex-président de l’Ordre du Phénix, son directeur et même précepteur, qu’il fût présent ou non, qu’il soit vivant ou mort… mais Rogue…
Il savait qu’il devait y réfléchir encore, arrêter de fuir cette phrase qu’avait prononcée Dumbledore. Mais pour le moment, il y avait une fête pour le réveillon de Noël, une fête qu’il craignait d’avoir refroidie, voire gâcher. Il méditerait plus tard : dans l’immédiat, il ne devait pas donner aux Weasley une nouvelle bonne raison de lui en vouloir.
Très belle suite pleine d´émotion, avec Ginny et le professeur/directrice McGonagall! Vivantment la suite!
Et en passant, belle coincidence que tu sois rendu a écrire le passage des vacances de noel, pendant les vacances de noel!
bravo j´adore!c´est tres bien j´espere que la suite arrivera vite
la suite, la suite, la suite...
! excellent !
à tous, vous êtes super sympas (mais vous êtes que trois )
Je travaille à la suite, ne vous en faites pas . J´espère vraiment achever le chapitre 29 pendant les vacances, mais je ne suis plus sûr de rien, on verra^^.
DarkDark Oui, je ne l´ai absolument pas fait exprès (ça aurait été impossible à prévoir) et je trouve ça à la fois très amusant et très pratique^^.
on est 4 en faites--> jai un ami a qui jfait lire la fic mé qui poste pa sur le forum .
bonnes vacances et bonne continuation
Wooooaouh... très bon style, continue comme ça !
... mais j´ai pas tout compris avec Ginny...
t´es encore là ?
Au fait tu fais des études dans quoi jimpoter?
Toujours aussi bien a ce que je peux lire.
effectibvement je suis d´accord moi aussi
Super suite! J´ai hate de voir la suite!
Harry préférait ne rien savoir sur ce qui avait pu finalement arriver à Lucius Malefoy. Il en avait plus qu’assez d’écouter les histoires abjectes de cette famille.
– Qu’est-ce que vous attendez de nous, exactement ? questionna Mrs Weasley d’une voix glaciale.
– Que vous nous protégiez, répondit Narcissa sans le moindre détour, et que vous couvriez le plus possible mon fils Drago quand il sera jugé.
– Vous êtes sacrément gonflés, murmura George, dégoûté.
– Mais pourquoi nous demander ça à nous plutôt qu’au ministère ? demanda Mr Weasley, les sourcils froncés.
– Parce que le ministère contient beaucoup plus d’espions du Seigneur des Ténèbres, répondit Mrs Malefoy sur un ton d’évidence. Même si au final, il faudra y aller, on devait au moins vous demander à vous de nous protéger. Mais ne vous en faites pas, nous avons quelque chose à vous donner en échange, une information qui pourrait vous intéresser.
– Pourquoi ne pas nous en avoir parlé plus tôt ? demanda McGonagall de son ton sec. Nous aurions gagné du temps.
– Parce que nous pensions, Drago et moi, que vous nous proposeriez plus facilement de l’aide, dit Narcissa avec un regard mauvais. Mais apparemment, la mort de Dumbledore a aussi changé vos manières…
– Ça suffit ! coupa la présidente de l’Ordre, dont les yeux lançaient des éclairs furieux. Et maintenant, donnez-nous cette information soi-disant si importante.
– Vas-y, Drago, dit Mrs Malefoy en serrant l’épaule de son fils d’un air maternel qui donnait une impression bien étrange de la part d’un Mangemort. Mais d’abord, vous devez nous jurer que vous essayerez de protéger mon fils.
McGonagall regarda tour à tour chaque membre de l’Ordre afin qu’il acquiesce. Tout le monde le fit, malgré une hésitation des jumeaux. Harry dut lutter contre lui-même pour ne pas refuser ; Ron et Hermione parurent accomplir un terrible effort sur eux-mêmes, mais ils finirent par hocher la tête en signe d’approbation forcée, et Neville suivit le mouvement.
– C’est d’accord, déclara McGonagall. Et maintenant, révélez-nous cette information si importante.
Malefoy, qui n’avait pas prononcé le moindre mot depuis son arrivée, releva lentement la tête, et Harry reçut un choc. Il l’avait déjà vu fatigué, voire terrifié, l’an dernier, mais cela n’avait rien à voir avec ce qu’il avait maintenant devant les yeux.
Le visage de Drago était presque aussi pâle que celui d’un Inferius, et ses yeux rouges, comme s’il avait pleuré, reflétaient un désespoir trop intense pour ne pas être sincère. Cependant, ses traits exprimaient aussi un profond ressentiment, et Harry devinait aisément que l’ancien élève de Serpentard répugnait à demander la charité – surtout à une assemblée dont Harry, Ron et Hermione faisaient parties.
– Si le Seigneur des Ténèbres nous a envoyés pour éliminer les frères Weasley, c’était à la fois pour que je commette mon premier meurtre, et pour que tout le monde sache qu’on ne s’enfuit pas comme ça de la Capitale, déclara Malefoy d’un ton impassible.
– C’est ça, ton information si importante ? lança Ron sur un ton méprisant. La raison pour laquelle Voldemort voulait tuer mes frères ? Eh bien, navré de te décevoir, mais nous étions suffisamment intelligents pour comprendre par nous-même !
– Laisse-moi finir, Weasley, ou tu t’en mordras les doigts, répliqua Malefoy, devenant tout aussi arrogant.
– C’est une menace ? s’emporta Ron.
– Ça suffit, Ronald ! s’indigna McGonagall.
Mais Malefoy répondit quand même :
– Non, pas une menace. Juste un avertissement. Donc, reprit-il, il voulait que la communauté des sorciers perde le peu de moral qu’elle avait éventuellement pu regagner quand les jumeaux Weasley s’étaient enfuis de Pré-au-Lard, et aussi se venger parce que selon lui, le nom de… Enfin, il risquait de moins inspirer la terreur. Mais il y avait une autre raison, plus stratégique – et c’est là que tu le regretterais amèrement si tu ne me laissais pas finir, Weasley. En les tuant, il voulait commencer à répandre la peur et le désespoir ; il voulait porter un coup puissant au moral des habitants du Chemin de Traverse en détruisant leur seule source d’amusement. Ainsi, il aurait considérablement augmenté les chances de réussite pour l’attaque.
– Quelle attaque ? interrogea Abelforth avec un soudain empressement.
– L’attaque du Chemin de Traverse, répondit Narcissa avant son fils, avec un sourire sans joie. Après avoir pris Pré-au-Lard et Azkaban, il veut le Chemin de Traverse. Bien sûr, avec l’influence qu’il a là-bas, il va commencer par l’Allée des Embrumes, et ensuite, il va s’occuper de son principal objectif… S’il réussit, il n’aura plus qu’à se diriger vers le ministère de la magie et il aura gagné…
Et elle éclata d’un rire mêlé de démence et de tristesse, tandis que chaque membre de l’Ordre du Phénix tentait d’assimiler ce qu’il venait d’apprendre.
– Tu ne dois pas y aller ! répéta Hermione.
– Bien sûr que si ! Je fais partie de l’Ordre du Phénix, objecta Harry ; je dois me battre !
– Tu as oublié ce qu’a dit Abel ? Nous ne devons pas participer aussi activement aux activités de l’Ordre du Phénix avant d’avoir terminé nos études ! Nous devons nous contenter de surveiller Poudlard et de nous tenir informés de la situation.
– Et rester comme ça, passivement, à attendre que l’apocalypse approche sans réagir ? demanda ironiquement Harry.
Ils s’étaient enfermés avec Neville et Ron dans la chambre de ce dernier. McGonagall était partie avec Kingsley et Tonks afin de livrer Malefoy et sa mère au ministère de la magie et d’informer le ministre de la situation. Les autres membres de l’Ordre étaient en train de discuter dans la cuisine des Weasley.
Harry avait demandé à ses amis une discussion en privé. Il ne pouvait pas se résoudre à rester au Terrier sans rien faire, pendant que le reste de l’Ordre défendait le Chemin de Traverse ; mais d’un autre côté, il ne pouvait pas obliger Ron, Hermione et Neville à se battre avec lui.
– Ecoutez-moi, reprit-il d’un ton résolu. Vous avez accepté comme moi quand Abel nous a demandé de terminer d’abord nos études avant de nous lancer pleinement dans le combat contre Voldemort. Vous n’êtes pas obligés d’y aller. Je comprendrais parfaitement que vous ne vouliez pas y aller, mais moi, je veux me battre.
– Idiot ! lança Hermione d’une voix dure. Ce n’est pas nous qui devrions nous cacher et toi te jeter dans le combat, c’est même le contraire ! affirma-t-elle avec force.
– Qu’est-ce que tu… ?
– Hermione a raison, dit Ron d’un air convaincu. Je comprends que tu veuilles faire quelque chose, mon vieux, mais nous ne sommes pas indispensables ; toi, si !
– C’est vrai, approuva vivement Neville. C’est toi la seule personne qui puisse tuer Voldemort – ils avaient pensé à insonoriser la pièce –, donc c’est toi le seul qui pourra mettre fin à tout ça. Si tu le fais, il n’y aura plus jamais d’attaque de Pré-au-Lard, ou du Chemin de Traverse, ou je ne sais quoi d’autre, mais il faut d’abord éviter que tu ne sois tué bêtement parmi des tas d’autres gens.
Clap, clap, clap.
Un bruit régulier venait de retentir. Ils se retournèrent tous les quatre vers la porte et sursautèrent en voyant Abelforth dans l’encadrement, visiblement en train d’applaudir le discours de Ron, Hermione et Neville.
– C’est bien, vous avez pensé à insonoriser la pièce, dit le professeur de défense contre les forces du Mal, non sans un sourire, mais vous avez omis de verrouiller la porte.
Il entra dans la pièce, referma la porte de la chambre de Ron, sortit sa baguette magique et murmura : « Collaporta ! ». Puis il se retourna vers ses quatre élèves.
– Je crois que vos amis ont déjà dit l’essentiel, Harry, dit-il avec satisfaction.
Harry ne répondit rien. Il était trop énervé de savoir que tout ce qu’on venait de lui dire était parfaitement vrai.
– Mais j’ai quand même une petite chose à rajouter, poursuivit Abel. Hermione, vous avez suggéré que vous avez plus de raison d’aller vous faire tuer que Harry ; Ron et Neville, vous avez approuvé. Je dois cependant vous dire que vous avez tort. Il existe d’excellentes raisons pour que vous aussi, vous preniez le moins de risques possibles. A certains abords, on peut même dire que vous êtes aussi important que Mr Potter dans le combat contre Lord Voldemort. Harry, avez-vous compris de quoi je parle ?
– Oui, répondit Harry après d’un court instant de réflexion.
Il se tourna vers ses amis.
– Vous dites que je suis indispensable parce que d’après la prophétie, je suis le seul à pouvoir tuer Voldemort. Mais vous m’êtes aussi indispensable pour que j’aille jusqu’au bout, déclara Harry. Par conséquent, vous êtes tout autant essentiels dans le combat contre Voldemort. D’ailleurs, la prophétie le dit aussi, songea-t-il : « mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore »…
Il y eut un silence gêné. Malgré l’extrême tension qui l’habitait actuellement, Harry parvint à afficher un sourire malicieux.
– Vous voyez bien : vous aussi il faut vous garder bien au frais, jusqu’à ce qu’on ait besoin de vous, dit-il. Vous avez une meilleure idée de ce que ça fait, maintenant…
– Tu sais, nous le savions déjà. C’était juste pour te convaincre de rester, affirma Hermione d’un air digne.
– Puisque vous êtes d’accord, vous feriez mieux de redescendre, dit Abel.
Une fois qu’ils furent revenus au rez-de-chaussée, Abel prit à nouveau la parole :
– Je pense qu’il serait temps de soumettre notre décision à nos jeunes amis, dit-il. Arthur ?
– Bill, Charlie, Fred et George se sont déjà portés volontaires avec moi-même, annonça Mr Weasley. Il y a aussi Kingsley, Tonks, Dedalus et Elphias.
– Ça ne fait que neuf…, observa sombrement Harry.
– Nous ne pouvons pas demander à Molly, expliqua Mr Weasley, embarrassé. Si jamais ça tournait mal… il faudrait quelqu’un pour pouvoir s’occuper de Ginny.
– Ni à Fleur, ajouta Bill. C’est une très grande sorcière, certes, mais elle n’est pas faite pour les duels…
– Tu crois ça ? répliqua Fleur, offusquée. Je sais aussi bien me défendre que toi, Mister ! Nous n’avons pas encore d’enfant, que je sache ? Rien qui ne justifie que je survive si tu mourais ? Je viens, dit-elle d’un ton décidé à l’adresse de son beau-père.
Bill n’osa pas répondre à sa femme. Mrs Weasley paraissait fière de sa belle-fille, et Mr Weasley, pris de court, dit :
– Très bien… dans ce cas, nous sommes dix.
– Malheureusement, la directrice et moi-même ne pouvons prendre le risque d’ôter un membre au corps enseignant de Poudlard, dit Abel à l’adresse de Harry. En des temps pareils, on ne trouverait personne pour nous remplacer en cas d’accident et il est indispensable que les jeunes sorciers apprennent la magie dans de bonnes conditions si nous souhaitons qu’ils poursuivent le combat après nous – sans compter que la métamorphose et la défense contre les forces du Mal sont des matières très importantes. Je vous informe que nos quatre jeunes amis ont accepté de rester à l’écart, ajouta-t-il en direction des autres.
– Je suis rassurée, déclara alors Mrs Weasley, les yeux brillants.
L’attente était insupportable. Ils étaient tous assis autour de la table de la cuisine (Mrs Weasley avait fait apparaître quelques chaises supplémentaires) et patientaient depuis maintenant cinq longues heures, prêts à recevoir le signal qui devait les avertir que Voldemort avait débarqué sur le Chemin de Traverse. McGonagall, Tonks et Kingsley étaient revenus.
Le ministère de la magie avait pris la menace très au sérieux. Bien que l’avenue sorcière fut déjà extrêmement surveillée depuis la prise de Pré-au-Lard, de nombreux escadrons d’Aurors supplémentaires avait été déployés, ainsi que des volontaires de la Brigade de Police Magique ou parmi les habitants de la célèbre rue.
– L’avantage qu’ont les sorciers sur les Moldus, c’est que tous les sorciers disposent de talents magiques pour se défendre, commenta Tonks avec un triste sourire.
Harry n’avait pas encore ouvert les cadeaux, au pied de son lit. Il était bien trop tendu et anxieux pour penser encore à ces choses-là… Ron, Hermione et Neville ne disaient rien non plus. Il ne toucha pas, ou à peine, à son déjeuner.
Après avoir plus ou moins mangé, les dix qui s’étaient portés volontaires pour défendre le Chemin de Traverse décidèrent, sous l’impulsion d’Abel, de se rendre immédiatement à Londres, sans attendre de signal.
Encore une heure et Mrs Weasley leur suggéra, à bout de nerf, de remonter dans leurs chambres pour ouvrir leurs cadeaux.
– Ça ne sert à rien de rester là sans rien faire à attendre l’attaque, dit-elle sur un ton résolu. De toutes manières, nous n’y allons pas, alors autant essayer de reprendre notre « vie quotidienne ». En tout cas, rester assise comme ça sans bouger ni parler me rend folle !
Pour ne pas la contrarier, ils acceptèrent et regagnèrent les étages en silence. Harry, ne sachant pas quoi faire d’autre, se décida à ouvrir les paquets qui se trouvaient au pied de son lit et il fut imité par Ron. Celui-ci déchira le papier qui recouvrait un gros livre relié de cuir noir intitulé L’arithmancie pour les débutants : trente-six leçons très simples pour comprendre les propriétés magiques de nos amis les nombres.
– Hé ! fit-il. Elle se moque de moi, dit-il avec un étrange sourire – une vague expression amoureuse qui contrastait beaucoup avec Ron. Mais ce n’est pas grave, elle rira moins quand elle verra le cadeau que je lui ai offert.
De toute évidence, il parlait d’Hermione.
– Pourquoi, qu’est-ce que tu lui as offert ? lui demanda Harry en essayant d’avoir l’air intéressé malgré son inquiétude persistante.
– J’ai pris exemple sur elle, déclara Ron : je lui ai offert un livre. Comment savoir jouer convenablement aux échecs version sorcier en un temps record, ajouta-t-il.
– Très bien, répondit Harry sur un ton abattu.
Tandis que, refroidi, son ami découvrait ses autres cadeaux sans faire de commentaire, Harry déballait l’habituel pull-over de laine de Mrs Weasley – cette année, il était noir, mais la mère de Ron avait brodé une chauve-souris d’un blanc brillant qui recouvrait tout le torse et qui réchauffa un peu le cœur de Harry –, des petits pâtés de la même provenance, quatre énormes livres que lui avait offerts Hermione et dont il ne regarda même pas le titre, jugeant qu’ils devaient être assez ennuyeux rien qu’au vu de leur épaisseur, et un autre livre, lui aussi d’un calibre respectable. Mais il était différent de ceux d’Hermione : il s’agissait d’un album photo.
Une lettre l’accompagnait. Il déchira l’enveloppe – il remarqua qu’il ne s’agissait pas de parchemin mais de papier Moldu – et déplia la lettre qu’il lut silencieusement :
Cher Harry,
J’espère que tu vas bien. J’espère aussi que tu seras content de recevoir cet album. Il contient des photos de notre enfance avec ta mère – Lily – et tu pourras y voir tes grands-parents. Je savais que tu n’avais jamais vu leur photo.
Vernon et Dudley vont bien. Moi aussi. Je te souhaite de réussir ta vie et d’être heureux dans ton monde comme nous espérons l’être dans le notre.
Adieu,
Ta tante.
PS : Joyeux Noël.
Harry préféra attendre de pouvoir se retrouver seul avant de jeter un œil à cet album. Pour l’instant, il restait très abasourdi par ce qu’il venait de lire. Sommes toutes, la tante Pétunia lui souhaitait bonne chance dans la vie avant de lui dire… « Adieu ». Elle l’avait toujours autant détesté que l’oncle Vernon, et Harry était certain qu’elle n’avait pas eu besoin de se forcer pendant toutes ces années. Mais elle avait daigné lui faire ce cadeau, elle s’était décidée à lui dire un « au revoir » digne de ce nom, à ne pas nier totalement, de façon absolue, qu’il appartenait à sa famille… Harry se souvint du moment où, cinq mois auparavant, sa tante était sortie de sa maison, les yeux brillants, pour lui dire « Bonne chance »…
Il ouvrit le cadeau de Fred et George – son estomac se noua à nouveau –, qui contenait une boîte remplie de Poudre d’obscurité du Pérou : « Ça a été utile aux Mangemorts l’an dernier, on espère que maintenant ça te sera utile à toi et au reste de l’Ordre (normalement, vous avez tous reçu un échantillon). » était-il écrit au dos. Il les remercia intérieurement, en espérant que les jumeaux puissent vivre suffisamment longtemps pour voir l’utilité de leur cadeau…
Son dernier cadeau était encore une lettre, mais d’aspect officiel, cette fois-ci. Il soupira et l’ouvrit, en espérant peut-être – il ne savait plus vraiment ce qui le préoccupait : le Chemin de Traverse ou la lettre de la tante Pétunia ? Ou bien les deux ? – que Rufus Scrimgeour n’essayait pas de renouer un contact avec lui, avant d’apercevoir les armoiries de Poudlard. Il décacheta l’enveloppe et lut la feuille qui était à l’intérieur : un parchemin bien sorcier, cette fois-ci.
Cher Mr Potter,
Suite aux conseils de Madame la directrice, je souhaiterais m’entretenir avec vous dès votre rentrée à Poudlard.
En vous souhaitant de très joyeuses fêtes,
professeur Wilhelmina Gobe-Planche
Harry se demanda vaguement pourquoi Gobe-Planche pouvait bien avoir besoin de lui écrire. Elle ne lui avait jamais vraiment été antipathique mais la seule fois où il lui avait parlé, en dehors des quelques cours qu’il avait eus avec elle, c’était pour soigner une aile cassée d’Hedwige. A présent, elle s’occupait à temps plein des cours de soins aux créatures magiques et des tâches de garde-chasse qui auraient dû incomber à Hagrid… Harry savait aussi qu’elle prenait soin de Crockdur, le molosse noir du demi-géant, et de Buck – ou plutôt Ventdebout –, son hippogriffe.
Mais il ne se souciait guère des animaux, en ce moment – non pas qu’il n’avait aucune affection pour ces deux-ci, mais il avait la tête ailleurs. Il n’y avait plus rien à faire ; rien qui puisse écarter appréciablement la pensée de ce qui allait sûrement bientôt arriver, ni de tout ce qui était déjà arrivé. Harry se sentait d’une humeur morose et, même s’il avait appris avec le temps que s’y laisser aller était inutile et même, au fond, horriblement douloureux, qu’il fallait essayer d’aller de l’avant et de se dire, aussi difficile soit-il, que la vie continuait, il savait avec certitude que son état ne changerait pas jusqu’à ce que les choses bougent enfin.
Il s’étendit donc dans son lit avec une inertie déprimante, et se laissa aller ainsi à ne rien faire pendant un temps qui lui sembla incroyablement long, comme si des siècles s’étaient écoulés. Ron n’osait pas tenter de lui faire la conversation. D’ailleurs, Ron se trouvait loin, très loin, vraiment très loin…
Et soudain, Harry entendit un cri perçant, un hurlement de douleur tel qu’il n’en avait que très rarement entendu dans sa vie. Il s’aperçut alors qu’il était debout. Il ne s’était pas levé de son lit, il n’avait rien fait, même pas bougé d’un pouce, mais il était complètement et fièrement redressé.
Horrifié, Harry s’aperçut alors que l’air touchait directement son cuir chevelu : il était chauve. Mais le pire, c’était qu’il n’avait plus aucune sensation au niveau du nez… De plus, malgré le fait qu’il était parfaitement conscient et éveillé, bien qu’il avait toutes les sensations issues des cinq sens – il voyait, il entendait, il sentait, etc. –, Harry n’avait plus aucun contrôle sur son corps. Il pouvait essayer de bouger, rien n’y faisait.
Complètement ahuri et affolé, Harry sentit son corps se déplacer de lui-même dans une rue pavée. Il faisait nuit. Des flashs de lumières de diverses couleurs zébraient l’horizon ; il y avait aussi ces cris : des hurlements terrifiés, désespérés… et suppliants. Harry voyait des dizaines de sorciers, pour la plupart vêtus de robes noires, certains étant masqués par des cagoules, lutter avec acharnement.
C’est alors seulement qu’il comprit avec stupéfaction qu’il se trouvait sur le Chemin de Traverse. Ce qu’il avait devant les yeux n’était ni plus ni moins que la bataille entre les Mangemorts, les Aurors, ainsi que tous ceux qui s’étaient portés volontaires : celle qui venait de hanter sa journée. Ses lèvres, sans qu’il ne le veuille, s’étirèrent alors en un sourire… et Harry sut qu’il ne se trouvait pas dans son corps.
Il habitait l’enveloppe charnelle de Lord Voldemort – et il avait la quasi-certitude que Voldemort avait lui-même choisi de faire assister Harry…
« Au spectacle… » dit dans sa tête une voix goguenarde et cruelle ; suraiguë… Harry sentit aussitôt une vague de haine l’envahir… et le Seigneur des Ténèbres éclata de son terrible rire glacial.
Il regarda alors vers le ciel. Harry vit avec abattement que quelques Détraqueurs y flottaient, avant de se dire que s’il ne restait plus qu’un nombre restreint de ces créatures, c’était que le camp adverse avait su en chasser la plupart. De plus, les Aurors et leurs alliés résistaient sans faiblir à la masse des Mangemorts.
Malgré ce sentiment encourageant, Harry se sentait de plus en plus angoissé par les cris de toutes sortes qui résonnaient entre les murs des magasins : en plus des premiers, il percevait maintenant les cris de rage des combattants, mais en bruit de fond, il entendait toujours cet horrible hurlement qui l’avait comme « appelé » pour l’amener dans l’avenue…
C’est alors que les yeux rouges de Voldemort lui dévoilèrent l’origine ces exclamations de douleur. Le Seigneur des Ténèbres s’avança d’un pas imperturbable entre l’anarchie de duels de sorciers qui se déroulaient sur le Chemin de Traverse. Chaque seconde, un jet de lumière sifflait vers lui et il le parait avec nonchalance. Il traversa ainsi toute la rue sans être atteint par les multiples pulsions meurtrières manifestées à son égard et finit en revanche par atteindre ce qu’il semblait chercher.
Plus il avait avancé, plus les cris avaient monté d’intensité, et ils étaient désormais devenus assourdissants. Harry vit alors quelque chose qui lui fit l’effet d’un coup de poing dans l’estomac.
Juste en face de la banque de Gringotts, un des Mangemorts pointait sa baguette magique sur le sol sur lequel se convulsait sans cesse une silhouette recroquevillée qui poussait des hurlements de douleur : c’était Mme Guipure, la patronne d’un magasin de vêtements. Le Mangemort torturait la pauvre femme, et lui infligeait les pires souffrances sans la moindre pitié, sans s’arrêter… Harry voulut de toutes ses forces apporter son secours, mais le corps de Voldemort ne lui obéit évidemment pas…
Le Seigneur des Ténèbres jeta un regard derrière lui, vers le champ de bataille magique, et Harry constata que les Aurors, furieux, donnaient toute la force et l’habileté dont ils étaient capables pour tenter de franchir la dernière ligne des Mangemorts, qui les empêchait d’arrêter le bourreau de Mme Guipure.
Harry eut l’impression que cela durait des heures… Chaque seconde s’écoulait très lentement, avec les cris de douleur insupportables de Mme Guipure… Il commençait à avoir mal à la tête… et étrangement, Voldemort finit par se porter lui-même la main sur le front.
– Allons, calme-toi, Harry…, murmura-t-il sur un ton narquois, ce sera bientôt fini…
Et au même moment, un des Mangemorts les plus proches fut illuminé de lumière verte puis s’effondra sur le sol pavé, et un Auror parvint à s’extraire du combat. Il décocha un éclair de Stupéfixion vers le Mangemort bourreau qui s’effondra à son tour tandis que Mme Guipure, toujours recroquevillée et secouée de convulsions, avait cessé de hurler. L’Auror se retourna vers Voldemort, qui n’avait pas essayé de l’empêcher de faire ce qu’il venait de faire, et Harry vit avec stupeur qu’il s’agissait d’une femme : Tonks.
Et il savait que Voldemort avait compris qu’il s’agissait d’une personne proche de Harry… Celui-ci tenta de toutes ses forces de crier à Tonks de s’enfuir, mais rien n’y faisait : il ne pouvait rien, strictement rien…
Les traits du visage de la jeune Auror se creusèrent d’une haine d’une intensité identique à celle de la veille, et elle leva sa baguette magique. Voldemort éclata de son rire suraigu, et Tonks s’écria avec rage :
– Avada Kedavra !
Le sortilège franchit les quelques mètres qui les séparaient, et Voldemort, d’un geste très rapide, brandit sa baguette magique et un second éclair mortel jaillit en sens opposé au premier, qui s’évanouit immédiatement. Tonks poussa un dernier cri, faible, désespéré, triste… puis elle chuta sur le sol, morte.
Avant que Harry n’ait pu assimiler la nouvelle horreur de ce qui venait de se produire, Voldemort, qui semblait maintenant pressé, jeta un autre sortilège de Mort en direction de Mme Guipure qui s’immobilisa aussitôt. Il visa ensuite le bourreau stupéfixé qu’il souleva et projeta sans ménagement dans l’Allée des Embrumes, qui paraissait d’ailleurs étrangement calme.
Puis il pointa sa baguette vers la porte d’un magasin – qui se trouvait devant la dernière ligne de Mangemorts – et celle-ci s’ouvrit.
Harry vit alors une petite silhouette timide, maigre, frêle, sortir de la boutique et s’avancer vers Voldemort.
– Dépêche-toi, idiote ! ordonna-t-il d’un ton glacial.
Il agita sa baguette et Harry regarda sans le vouloir le professeur Trelawney s’envoler littéralement jusqu’à eux avant de se poser devant Voldemort qui la prit par le cou et la retourna, en position d’otage. Puis il regarda le ciel et y leva sa baguette magique avant de s’exclamer :
– Morsmordre !
Mais ce n’est pas une tête de mort qui apparut dans le ciel.
Avec la même lumière que la Marque des Ténèbres, ces mots railleurs se dessinèrent au-dessus du Chemin de Traverse et de l’Allée des Embrumes :
Joyeux Noël
Aussitôt, comme si cela avait été un signal, les Mangemorts se replièrent et fuirent le combat, en laissant un large espace autour de leur maître pour que les Aurors puissent bien voir ce qui arriverait à Trelawney s’ils tentaient quoi que ce soit. Quand toute son armée eut rejoint l’Allée des Embrumes, Voldemort rejeta Trelawney à terre, fendit l’air de sa baguette, et les Aurors et autres combattants tombèrent comme des dominos. Voldemort agita une dernière fois le bâton de bois et trois cadavres s’élevèrent aussitôt au-dessus des bâtiments, et leurs visages éclairés par la lueur verte se révélèrent soudain comme si Harry les avait regardé juste en face.
Il y avait Mme Guipure et Tonks… ainsi que le Mangemort que cette dernière avait dû… tuer… pour parvenir jusqu’à Voldemort. Le visage sans vie de l’homme avait été découvert : c’était Lucius Malefoy…
Harry se sentit soudain arraché à tout cela, arraché du corps de Voldemort, puis ramené dans le sien…
Il rouvrit les yeux. Pour la seconde fois ce jour-là, il vit des visages pâles, inquiets, le regarder.
Il n’avait pas trop mal à sa cicatrice, mais il aurait de loin préféré subir la pire des migraines plutôt que de voir ce qu’il avait vu.
bravissimo!
Continu comme ça!!!
excellent