NVIDIA a rendu disponible sa nouvelle formule GeForce NOW Ultime, qui permet de profiter d’un Superpod RTX 4080 pour booster son cloud gaming. L’occasion de craquer ?
Ne l’ignorons pas : NVIDIA est l’un des premiers acteurs majeurs à avoir cru au cloud gaming. Son service GeForce NOW est après tout une évolution d’un très vieux nom oublié : NVIDIA Grid. De même, l’acteur californien a été l’un des premiers à créer des produits dédiés à la pratique, notamment la toute première Nvidia Shield Portable propulsée par son propre SoC ARM Tegra. Aussi, en voyant la version Ultime de GeForce NOW débarquer chez les utilisateurs français, nous avons moins un goût d’évolution que d’accomplissement pour l’acteur.
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GeForce NOW Ultime, comment ça marche ?
Pour les deux du fond qui n’ont pas suivi, le cloud gaming est une technologie qui vous permet de jouer aux jeux vidéo à partir d’un serveur distant. Pour faire simple : imaginez que votre PC soit installé directement sur internet, et que vous interagissez avec lui par le biais de n’importe quel appareil. C’est exactement la promesse de GeForce NOW, vendu comme étant « votre propre carte GeForce dans le cloud ». L’un des meilleurs aspects du modèle économique de NVIDIA est que vous n’avez pas à repayer vos jeux : vous accédez à vos bibliothèques numériques type Steam ou Epic Games Store comme si vous vous connectiez à une seconde machine.
Il s’agit donc ici de payer pour avoir accès à une machine dans le cloud. La formule GeForce NOW Ultime, facturée 19,99 euros par mois, permet d’accéder à la dernière génération de serveurs NVIDIA baptisée Superpod RTX 4080, qui comme son nom l’indique permet d’accéder à de la puissance équivalente aux toutes dernières cartes graphiques du constructeur. Pour le service de cloud gaming, cela veut dire pouvoir débloquer un flux en 4K jusqu’à 120 FPS ou en 1080p jusqu’à 240 FPS. Vous pouvez également y ajouter les apports du DLSS3, et notamment la génération d’images par IA, qui permettent d’optimiser au maximum le rendu. Cette nouvelle formule apporte également la compatibilité avec les écrans ultrawide en définition 3840 x 1600, 3440 x 1440 et 2560 x 1080 pixels.
La technologie NVIDIA Reflex est également de mise, et a été intégrée au sein même de la diffusion vidéo pour optimiser la latence. Nous avons donc deux étapes de synchronisation du rafraîchissement : du jeu vers le flux vidéo, et du flux vidéo vers l’écran compatible. NVIDIA promet grâce à cela une latence de clic à pixels de 28,5 ms seulement sur Apex Legends notamment, ou même de 35,3 ms sur Rainbow Six Siege. Vous l’avez compris : le constructeur se dit prêt pour les jeux compétitifs.
Hélas, il existe une limitation (temporaire, on l’espère) sur cette formule : seuls les clients PC et macOS peuvent accéder au 1080p à 240 FPS actuellement. Il faut dire qu’il s’agit des seuls clients pouvant vraiment en profiter par le biais d’un écran compatible, même si on ne doute pas que les mobiles et les TV à 240 FPS deviendront progressivement importantes sur le marché. On ne doute pas que NVIDIA mettra à jour ses applications à l’avenir.
Performance : le meilleur du cloud gaming
Nous avons pu suivre de très près l’évolution du cloud gaming au fil des ans, mais il faut avouer que NVIDIA a toujours eu une longueur d’avance technologique. L’acteur est le seul aujourd’hui qui puisse suivre facilement les sorties de ses dernières cartes graphiques pour les rendre disponible en quelques mois sur sa plateforme. Mais c’est aussi celui qui est à l’origine de l’encodeur le plus utilisé dans le milieu du streaming, à savoir NVENC, ce qui lui a permis d’acquérir une grande expertise sur la qualité du flux. Sans compter évidemment G-Sync, qui a propulsé la popularisation des hauts taux de rafraîchissement auprès du grand public.
Avec GeForce NOW Ultime, la sentence tombe : il n’y a tout simplement pas meilleur service de cloud gaming aujourd’hui. Technologiquement parlant, il est difficile de repérer que l’on joue en cloud gaming sur ce service plutôt qu’en local sur sa machine dès lors que l’on se prend au jeu. La réactivité est là, c’est indéniable, et les quelques artefacts de compression de l’image disparaissent vite lorsque l’on est pris dans les frags. Ils sont toujours présents, bien sûr, mais n’empêchent absolument pas l’immersion. La seule déception est finalement d’être limité au 1080p pour profiter du 240 FPS, puisque la définition fait très mal aux yeux lorsque lancée sur un écran 4K. On aurait apprécié qu’un 1440p à 240 FPS soit aussi possible, une évolution qu’on aimerait voir avant que la prochaine génération de cartes ne débarque.
Ceci étant dit, la formule 3080 qui était précédemment disponible allait déjà dans ce sens. Ce qui est le plus bluffant avec cette nouvelle formule Ultime est qu’elle se permet l’outrecuidance de tourner à la perfection même dans des conditions plus complexes de jeu. En Wi-Fi 5 GHz, sur un ultrabook classique et une box déjà occupée par de nombreux utilisateurs, l’expérience de gameplay reste fluide et solide. Il faut vraiment que tous les postes de travail se mettent à streamer des vidéos YouTube pour que le flux perde sa stabilité.
Cela s’explique par le fait que plus un flux de cloud gaming est capable d’avoir un taux de rafraîchissement plus haut, et plus il est capable de cacher certains retours en arrière (les fameux rollback) ou certaines latences dans ces images supplémentaires. Et c’est aussi pour ça que la limitation du 1080p à 240 FPS aux clients PC/macOS est un peu décevante, puisque ce flux pourrait apporter de grandes améliorations même aux clients qui ne profitent pas d’un écran 240 Hz. D’autant plus alors qu’une grande force de GeForce NOW est d’être disponible sur l’intégralité des plateformes modernes : PC, macOS, Android, iOS, iPadOS, Android TV, Linux, Chrome OS, tout y est. Et aussi une grande variété de périphériques : clavier/souris, manettes de n’importe quel constructeur, tant que c’est compatible avec votre client, c’est compatible avec GeForce NOW.
Bibliothèque : bientôt complet
GeForce NOW n’a vraiment qu’une grande faiblesse : sa bibliothèque. Le modèle économique est parfait, puisqu’il ne force pas à repayer ses jeux et ne demande pas aux éditeurs de développer une édition spéciale pour sa plateforme. Vos achats, même si vous arrêtez d’utiliser la plateforme, seront conservés sur les boutiques PC traditionnelles déjà disponibles sur le service comme Steam, Ubisoft, Epic Games Store ou GOG. NVIDIA met en avant avoir accueilli plus de 1500 jeux sur sa plateforme, et c’est bien vrai. Mais voilà : le plus gros de ce nombre est représenté par des développeurs indépendants, et tous les titres AAA ne sont pas forcément disponibles actuellement. Car oui : NVIDIA doit toujours signer des deals auprès des éditeurs pour pouvoir donner l’accessibilité à leurs jeux, quand bien même il ne s’agit que de lancer des jeux Steam. Or, certains ont déjà signé quelques accords avec des plateformes concurrentes ou hésitent encore à soutenir cette nouvelle technologie. Voire même : rêve de créer leur propre plateforme concurrente.
Cela ne veut pas dire que les gros titres sont absents, loin de là. De l’univers PC, on pourra par exemple compter sur Cyberpunk 2077 ou Destiny 2. D’ailleurs, les free-to-play sont superbement représentés sur la plateforme, avec des titres comme Rocket League, Fortnite ou encore League of Legends accessibles en quelques clics sur n’importe quelle plateforme. Mais voilà : on est loin d’un catalogue aussi poussé que le xCloud intégré au Game Pass Ultimate.
Du moins… pour le moment. NVIDIA vient de signer un deal avec Microsoft pour que les jeux développés par l’éditeur soient également rendus disponibles sur la plateforme sous peu. Les titres déjà disponibles sur Steam ou Epic Games Store seront les premiers concernés, avant qu’une intégration du Microsoft Store soit développée au fil des prochains mois. Tout pourra très vite tourner en la faveur de NVIDIA à l’avenir. Actuellement, on a au moins l’avantage de pouvoir tester gratuitement le service dans sa forme la moins puissante et pouvoir établir quels jeux de sa bibliothèque sont vraiment disponibles sur le service.
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Conclusion
Points forts
- 4K HDR à 120 FPS
- 1080p à 240 FPS
- Latence imperceptible même en Wi-Fi 5Ghz
- Des clients pour toutes les plateformes
- Modèle économique excellent
Points faibles
- Une interface très geek
- Bibliothèque encore limitée (pour le moment)
Note de la rédaction
NVIDIA GeForce NOW Ultime est le meilleur de ce que le cloud gaming a à offrir aujourd’hui. Technologiquement, le service fait presque un sans-faute, et ses perspectives d’évolution laissent rêveur sans frustrer au quotidien. Ce qui lui manque vraiment est une plus grande pluralité de jeux, particulièrement des titres AAA, mais l’intégration prochaine de Microsoft va bientôt changer la donne. Auquel cas, il ne s’agit plus que d’une question d’expansion des dernières technologies (5G, Wi-Fi 7, fibre optique) avant que le cloud gaming ne séduise de nouveaux types de joueurs.