Acer travaille depuis 1 an et demi à la création des premiers écrans 3D sans lunettes du marché. L'Acer SpatialLabs View est un petit écran PC portable 4K dédié aux professionnels des rendus 3D... mais il peut aussi être utilisé dans d'autres circonstances, notamment vidéoludiques ! L'écran 3D d'Acer a bluffé la rédaction comme aucun autre produit testé par nos soins ne l'avait fait avant lui. Voici donc le test de ce moniteur à haut potentiel révolutionnaire.
Diagonale | 15,6 pouces |
Format | 16:9 |
Définition | 3840x2160 (4K) |
Courbure | Non |
Taux de rafraîchissement | 60 Hz |
Temps de réponse | 30 ms |
Type de dalle | IPS |
HDR | Non |
VRR | Oui (FreeSync Premium Pro, G-Sync Compatible) |
Connectique | 1x USB-A 3.2 ; 1 x HDMI 2.0 ; 1x USB-C ; 1 x Jack (Audio 3.5 mm) |
Prix de lancement | 1499€ |
Voir l'Acer SpatialLabs View chez Darty
Design et finitions de l'Acer SpatialLabs View : une marge d'amélioration
Peut-être est-ce parce que nous avons eu droit à un prototype ou à un modèle ayant déjà arpenté divers salons et salles de réunions, mais force est de constater que, de prime abord, avoir l'Acer SpatialLabs View éteint entre les mains ne confère pas de sensation premium. Et ce pour plusieurs raisons :
- Les jonctions entre les différents éléments de la coque sont visibles. Pas de trace de colle mais des vis et des démarcations nettes.
- Les bordures de l'écran sont assez épaisses et cela se voit d'autant plus sur un aussi petit format.
- La face avant de l'écran reste propre, mais on ressent trop son aspect plastique.
- Il y a du jeu lorsque qu'on presse le bas de cette face avant entre le pouce et l'index (le plastique bouge vers l'écran avec un petit bruit de succion).
Ceci étant dit, la face arrière en métal est extrêmement bien construite. Le pied inclinable jusqu'à 115° donne une vraie sensation de solidité (en plus de s'avérer très pratique à l'usage). Enfin, n'oublions pas qu'il s'agit d'un moniteur portable capable de fonctionner sur batterie.
La connectique est assez limitée mais suffisante. Un port HDMI 2.0, un USB type A 3.2, un USB-C, un lecteur de cartes SD, un port Jack pour brancher un casque... et voilà. L'objectif du constructeur semble évident : simplifier l'usage d'un produit ultra-novateur par ailleurs. C'est du "plug and play" : on relie l'écran à un PC via HDMI, et c'est réglé.
Qualité de l'image : le premier écran 3D d'Acer est fait pour les professionnels !
Avec l'Acer SpatialLabs View, nous n'avons droit qu'à du 60 Hz et à un temps de réponse de 30 ms : amis gamers, cet écran n'a pas été particulièrement conçu pour vous. Nous avons pu échanger avec Acer à ce sujet, et le constructeur prévoit bel et bien de sortir de beaux écrans gaming 3D. Pour l'instant, toutes les caractéristiques liées aux jeux vidéo sont absentes de l'Acer SpatialLabs View. Si vous voulez vraiment jouer en relief, il faudra plutôt vous diriger vers le PC Predator Helios 300 SpatialLabs Edition, qui est équipé d'un écran 3D bien plus adapté au gaming.
Alors qui est ciblé par ce produit ? Les artistes qui travaillent sur de la modélisation 3D, tout simplement. Avec l'Acer SpatialLabs View, ces personnes pourront visualiser leurs créations comme jamais auparavent. De quoi ont besoin les professionnels ? D'une luminosité correcte, d'une bonne fidélité des couleurs et d'un écran haute définition. Pour cette cible précise, le contrat est rempli :
- Résolution 4K. La densité de pixels est assez folle pour un écran de cette taille, ce qui permet un rendu ultra-précis.
- Luminosité de 323 candélas par mètre carré en moyenne (et pas en pic). Ce n'est pas exceptionnel, mais cela suffit pour bien bosser, même dans un lieu lumineux. D'autant plus que les reflets, bien présents quand l’écran affiche de la 2D (dalle brillante oblige), sont presque invisibles lorsque vous passez en 3D.
- Delta E de 1,9 par défaut ! C'est exceptionnel : cela signifie que les couleurs projetées par l'écran sont extrêmement fidèles aux couleurs envoyées par la source.
- Très large espace colorimétrique, surtout au niveau des bleus et des verts. 16,7 millions de couleurs et 100% de l'espace Adobe RGB est couvert.
Alors, pourquoi Acer a fait le choix de proposer un écran 3D qui met le grand public et les gamers sur la touche (du moins pour le moment) ? Probablement parce que cet écran est avant tout un excellent "proof of concept". La technologie 3D sans lunette est encore récente et peut-être trop imparfaite pour cibler le grand public. Elle est aussi encore très chère, seules les personnes qui en ont besoin pour leur travail peuvent vraiment se la permettre.
Quoi qu'il en soit, nous avons posé la question à Acer, et les représentants de la marque nous ont confirmé qu'ils sont déjà en train de travailler sur d'autres modèles d'écrans 3D plus perfectionnés, plus grands, et destination de plus de monde. Nous en reparlerons sûrement en 2024 ! En attendant, il reste évidemment possible de jouer sur ce petit écran, et l'immersion reste bluffante. Sur un bon gros jeu solo comme God of War Ragnarok, avoir un taux de fréquence peu élevé ne dérange pas et le rendu 3D nous a coupé le souffle.
La 3D sans lunettes : un effet littéralement indescriptible
Vient à présent le gros ce test : comment vous parler avec justesse de l'effet 3D ressenti face à l'Acer SpatialLabs View ? Multiplier les superlatifs pourrait sonner faux et il est strictement impossible de capter l'effet 3D en photos ou en vidéo. C'est quelque chose que l'on doit vivre pour le comprendre. D'ailleurs, il s'agit fort probablement du plus gros challenge d'Acer : vendre au public une technologie onéreuse mais impossible à imaginer tant qu'on ne la perçoit pas de nos propres yeux.
Pour mieux vous rendre compte de l'effet "Waouh" de l'Acer SpatialLabs View, nous avons donc demandé à des collègues qui n'avaient pas encore posé leurs yeux sur l'écran de venir y jeter un œil afin de filmer leurs réactions. C'est la solution que nous avons trouvée pour vous faire comprendre qu'il se passe vraiment quelque chose lorsqu'on s'installe devant le nouveau bébé d'Acer.
Nous avons donc pris le PC gamer Acer Predator Helios 300 SpatialLabs, qui fonctionne avec exactement la même technologie. Trois journalistes jeux vidéo se sont posés devant God of War Ragnarok en 3D. Voici leurs réactions.
Suite au tournage de cette petite vidéo, le bouche-à-oreilles a commencé à se répandre, d'abord au sein de la rédaction de JV, puis dans tout Webedia. Des dizaines et des dizaines de personnes ont débarqué devant notre salle de test, toutes attirées par les promesses de cette nouvelle technologie. Nous faisons des centaines de tests par an, et nous n'avions jamais vu ça. Il y avait de l'engouement chez les spécialistes du gaming, chez les techniciens fans d'innovations et même chez les graphistes qui ont tout de suite perçu le potentiel d'un produit comme l'Acer SpatialLabs View. C'est très bon signe.
Puisque plusieurs dizaines de personnes ont pu tester la bête sous nos yeux, nous nous sommes rendus compte d'une chose : les gens avec des problèmes de vue, notamment d'astigmatisme, qui n'avaient pas leurs lunettes peinaient à percevoir l'effet 3D. Mis à part ce cas précis, la 3D semble fonctionner parfaitement pour tout le monde : lunettes, lentilles, ou même léger strabisme, il n'y a eu aucun problème.
Essayons tout de même de vous décrire ce qu'il se passe concrètement face à l'Acer SpatialLabs View.
- Nos yeux ne sont pas habitués à littéralement plonger dans l'image, on commence donc par un petit temps d'adaptation. En général, une poignée de secondes suffisent.
- Ensuite, place à l'immersion. Les contenus les mieux adaptés à la technologie, comme les modèles 3D ou les jeux vidéo sur lesquels Acer a travaillé, donnent des impressions de profondeur et d'élévation assez folles. Malgré la petite taille de l'écran, le moniteur 3D donne la sensation que l'image se prolonge de 20 cm devant et derrière lui. On sent qu'il y a encore une petite marge de perfectabilité de la technologie (on sent parfois de petites saccades lorsque les écrans s'adaptent à votre regard), mais, en 2023, on en reste bouche bée. Il n’y a rien de comparable sur le marché. Nous sommes face à une sorte de New Nintendo 3DS avec une résolution 4K et 15 ans de technologie en plus.
- Là, on peut s'installer devant l'écran pendant plusieurs heures. Même après de longues sessions, nous n'avons senti aucune fatigue occulaire particulière ou mal de tête. Le rendu 3D est naturel, et le cerveau l'encaise très bien. Ça aussi, c'est un immense progrès.
L'effet de profondeur est créé en décalant l'image sur 2 écrans superposés. C'est plus ou moins comme cela que fonctionnent nos propres yeux : nous percevons 2 fois la même image de façon décalée, ce qui nous fait voir le monde en 3 dimensions. Oui mais voilà, les mouvements de nos deux yeux sont synchronisés. Pour obtenir de la 3D sans lunette en décalant 2 fois la même image, il faut impérativement que le moniteur soit capable de suivre votre regard. Alors comment les écrans de l'Acer SpatialLabs View arrivent-t-ils à accomplir cette prouesse ? Très concrètement, le moniteur repère que vous êtes bien face à lui et capte là où vous posez votre regard grâce à 2 caméras uniquement dédiées à cette tâche. L'image bouge, elle s'adapte en permanence selon la position de vos yeux, on parle d'"eye tracking".
Cela a plusieurs effets sur votre usage de l'appareil. D'une part, il est bluffant de constater que les objets en relief que nous observons bougent en même temps que notre tête. Vous pouvez vous déplacer de droite à gauche ou de haut en bas, les éléments affichés à l'écran vont toujours s'adapter à votre position. Il est possible de légèrement tourner autour d'un objet, comme s'il s'agissait d'un hologramme. C'est assez fou.
Cette technologie a néanmoins un gros point négatif : l'Acer SpatialLabs View est fait pour être utilisé seul(e). Impossible de tracker 2 paires d'yeux à la fois. Pire : si quelqu'un vient se placer dans le champ des caméras derrière l'épaule de la personne en train d'utiliser l'écran, la 3D ne fonctionne plus. Ne sachant pas à quel regard s'adapter, les écrans font un peu n'importe quoi. Pour le moment, cette technologie est donc réservée aux solitaires. Nous ne sommes pas prêts de la voir débarquer sur un écran de télévision par exemple.
Software et compatibilité de l'écran PC 3D Acer : entre promesses futures et présent complexe
Lorsqu'on a un écran 3D aussi performant sous les yeux, notre rêve serait de le faire parfaitement fonctionner avec n'importe quel contenu. N'importe quel jeu vidéo, n'importe quelle photo perso, n'importe quelle série Netflix ou vidéo YouTube. Alors, est-ce que cela fonctionne ? Oui et non. Pour vous expliquer ça, il faut parler du logiciel qui va avec tous les produits 3D d'Acer : SpatialLabs. Ce software est divisé en 4 sous-catégories :
- SpatialLabs TrueGame, pour le jeu-vidéo en 3D. TrueGame possède une interface qui ressemble beaucoup à celle de Steam. SpatialLabs va repérer les jeux présents dans votre ludothèque compatibles avec TrueGame. Ces jeux compatibles ont été retravaillés par les ingénieurs d'Acer dans le seul but de leur donner un effet 3D ultra-optimisé. Environ 60 titres sont disponibles pour le moment, d'autres sont à venir. Deux précisions. La première est un mauvais point : il faut impérativement lancer un jeu compatible via TrueGame pour bénéficier de l'effet 3D optimisé par Arcer. La seconde est un bon point : techniquement, n'importe quel titre sur PC peut être passé en 3D, pas besoin de vous limiter aux 60 propositions de TrueGame. Si vous sortez du catalogue d'Acer, l'effet 3D plaqué "automatiquement" et géré par une IA sera un chouya moins impressionnant, c'est tout !
- SpatialLabs GO, pour obtenir un effet 3D sur à peu près tout et n'importe quoi. D'un raccourci clavier (Alt G) ou d'un petit clic sur l'icône GO, vous pouvez afficher en 3D à peu près n'importe quelle image, jeu ou vidéo. Pour ça, il suffit que cette image ou cette vidéo soit affichée en plein écran et qu'elle ne soit pas protégée contre le piratage : SpatialLabs Go fonctionne sur YouTube mais pas sur Netflix par exemple. C'est grâce à SpatialLabs GO que l'on peut adapter en 3D n'importe quel jeu vidéo, même hors TrueGame. Sur certains titres bien nerveux, la 3D automatique de SpatialLabs Go s'avère assez bluffante ! On pense par exemple aux moments d'action ou de conduite de véhicules dans Cyberpunk 2077. De même, il est assez fou de voir en relief des vidéos YouTube, comme la bande-annonce du dernier jeu Zelda par exemple. À noter que l'effet 3D généré par SpatialLabs GO est réglable sur une échelle allait de 1 à 10, ce qui est une excellente chose !
- Les deux autres sous-catégories de SpatialLabs s'appelle Lecteur SpatialLabs (pour ouvrir les fichiers MKV3D ou autres formats 3D) et Affichage Modèle SpatialLabs pour afficher en live vos projets 3D. Ces deux sous-catégories sont plus réservées aux professionnels.
Maintenant que les présentations sont faites, que penser de SpatialLabs ? Globalement, le sofware est propre mais il gagnerait à être plus intuitif. On rêve d'un monde où il n'y aurait qu’une option : SpatialLabs GO qui embarquerait une IA surpuissante, parfaitement optimisée pour 100% des contenus. Être contraint d'ouvrir un logiciel et un sous-menu précis puis de faire quelques manipulations pour avoir un rendu 3D optimisé selon chaque type de contenu que l'on consomme n'est pas la chose la plus pratique du monde. Du moins, pour le grand public. Lorsque des personnes hors du monde de la tech venaient tester l'écran dans la salle de test de JVTECH, c'était à nous de leur montrer les différentes options. Si la technologie 3D veut s'étendre auprès du grand public, il faut qu'elle soit encore plus simple, intuitive, naturelle.
Autre barrière pour le grand public : faire tourner SpatialLabs demande énormément de ressources graphiques. Sur un PC portable équipé d'une RTX 3080 Ti et 32 Go de RAM DDR5, un jeu 2D qui tourne en 4K 70 FPS passe à 40 FPS dès que l'on active la 3D. Pour jouer ou travailler de lourds projets 3D de façon fluide, il faut donc soit être équipé d'une machine de guerre, soit se résoudre à des compromis sur la qualité graphique (baisser la résolution, enlever le Ray-Tracing...).
Conclusion du test de l'Acer SpatialLabs View
Il y aura un avant et un après ce 1er écran 3D sans lunettes
Points forts
- Un moniteur portable 4K avec une excellente qualité d'image.
- Le 1er écran 3D sans lunettes représente une véritable prouesse technique. Une innovation majeure.
- L'effet 3D facilement perceptible pour tout le monde (attention à bien être corrigé(e) si vous avez des problèmes de vue).
- L'impression de profondeur et d'élévation des éléments à l'écran est assez folle, environ une vingtaine de centimètres devant et derrière l'écran. Immersion garantie.
- Pas de fatigue occulaire ressentie même après 3h de jeu à la suite.
Points faibles
- Finitions perfectibles.
- Un petit écran pensé pour les artistes 3D, qui laissera peut être le grand public et les gamers sur la touche.
- Obligation d'être seul(e) et bien face à l'écran pour percevoir l'effet 3D.
- Un software qui pourrait être plus intuitif.
- Une technologie gourmande qui tire sur les performances de votre machine.
Note de la rédaction
Pour le moment, nous voyons l'Acer SpatialLabs View comme un pionnier. La technologie 3D est encore balbutiante, certaines choses y sont améliorables, mais elle porte en elle le germe d'un futur extrêmement excitant. À n'en pas douter, les petits défauts de cet écran (finitions, taille, compatibilité de la 3D) seront corrigés dans une édition future, d'ici 1 ou 2 ans maximum. En attendant, l'Acer SpatialLabs View reste un produit bluffant, qui a scotché toute la rédaction. Si le reste de l'industrie suit, il y aura un avant et un après l'Acer SpatialLabs View dans le petit monde des écrans.