Le 13 août 2024 à 14:50:07 :
c'est une formalité l'inspection après l'agreg interne non ?
Oui mais bon imagine que l'inspecteur pète un câble car on fait les vilains petits canards dans l'équipe dont je suis coordo
Le 14 août 2024 à 15:19:05 :
Le 13 août 2024 à 14:50:07 :
c'est une formalité l'inspection après l'agreg interne non ?Oui mais bon imagine que l'inspecteur pète un câble car on fait les vilains petits canards dans l'équipe dont je suis coordo
Vu le flou artistique de la politique en ce moment, je suis pas certains que la réforme des groupes de niveau soit la priorité numéro 1.
j'en discutais avec une collègue tout à l'heure : vous préférez votre matière ou enseigner votre matière ?
perso j'aime bien la physique, parfois j'aime bien lire un ou deux trucs dessus ou regarder une vidéo sur certains points, mais ça s'arrête à ça. je vais pas éplucher un sciences et vie ou autre revue de manière systématique. je préfère largement enseigner et ça passe par le biais de la physique.
vous c'est quoi ?
Le 14 août 2024 à 18:05:07 :
j'en discutais avec une collègue tout à l'heure : vous préférez votre matière ou enseigner votre matière ?perso j'aime bien la physique, parfois j'aime bien lire un ou deux trucs dessus ou regarder une vidéo sur certains points, mais ça s'arrête à ça. je vais pas éplucher un sciences et vie ou autre revue de manière systématique. je préfère largement enseigner et ça passe par le biais de la physique.
vous c'est quoi ?
L’emploi à vie
Les vacances
L’avancement automatique
La liberté de s’organiser et de travailler sans avoir de chef sur le dos
Je dirais plutôt la matière face à l’enseignement car dans mon domaine, tu peux plus facilement travailler hors enseignement que dans l’enseignement et souvent avec de meilleures conditions de travail
Ma matière, et encore devrais-je dire une portion de celle-ci.
Je suis devenu prof uniquement parce que c'est le seul taf concrètement qui te rémunère pour parler de littérature. Ça n'implique pas du tout au demeurant qu'enseigner, surtout dans un lycée de cité, soit une souffrance, puisque j'aime parler littérature avec n'importe quel interlocuteur tant qu'il joue un minimum le jeu, quel que soit son niveau.
Il arrive quand même régulièrement que je me sente bridé par rapport aux années master recherches / préparation de l'agreg mais en soi c'est pas du tout à cause de mon taf, c'est que j'ai du mal à mener des projets personnels externes au taf sans un cadre de travail pour me motiver. Mais je lis encore entre 70 et 80 bouquins par an en moyenne, à la fac j'en tapais une centaine, et quand je peux je produis de la critique sur une portion de ces lectures et je la partage où je peux. J'écris.
Prof c'est un bon deal pour moi. J'apprécie globalement mes élèves même si je suis un peu rude, je suis plutôt bien payé et j'ai du temps libre, je consacre la plupart de mes tâches pro à parler bouquins. C'est très honnête, même sans passion / vocation.
Et je fais le taf le mieux possible à côté pour des raisons davantage liées à mon appréhension religieuse et politique de ce qu'est le travail.
Le 14 août 2024 à 18:05:07 :
j'en discutais avec une collègue tout à l'heure : vous préférez votre matière ou enseigner votre matière ?perso j'aime bien la physique, parfois j'aime bien lire un ou deux trucs dessus ou regarder une vidéo sur certains points, mais ça s'arrête à ça. je vais pas éplucher un sciences et vie ou autre revue de manière systématique. je préfère largement enseigner et ça passe par le biais de la physique.
vous c'est quoi ?
Clairement enseigner la matière, depuis 2 ans j'ai un profond dégoût de la discipline pour le moment (merci l'agreg)
Je prendrais tout autant de plaisir à enseigner l'étude des Leitmotivs des opéras wagnériens par exemple
Clairement la matière (maths), j'enseigne juste pour le blé (prépa).
Le 15 août 2024 à 11:30:29 :
Clairement la matière (maths), j'enseigne juste pour le blé (prépa).
Ca c'est vraiment triste
Le 14 août 2024 à 20:18:21 :
Ma matière, et encore devrais-je dire une portion de celle-ci.Je suis devenu prof uniquement parce que c'est le seul taf concrètement qui te rémunère pour parler de littérature. Ça n'implique pas du tout au demeurant qu'enseigner, surtout dans un lycée de cité, soit une souffrance, puisque j'aime parler littérature avec n'importe quel interlocuteur tant qu'il joue un minimum le jeu, quel que soit son niveau.
Il arrive quand même régulièrement que je me sente bridé par rapport aux années master recherches / préparation de l'agreg mais en soi c'est pas du tout à cause de mon taf, c'est que j'ai du mal à mener des projets personnels externes au taf sans un cadre de travail pour me motiver. Mais je lis encore entre 70 et 80 bouquins par an en moyenne, à la fac j'en tapais une centaine, et quand je peux je produis de la critique sur une portion de ces lectures et je la partage où je peux. J'écris.
Prof c'est un bon deal pour moi. J'apprécie globalement mes élèves même si je suis un peu rude, je suis plutôt bien payé et j'ai du temps libre, je consacre la plupart de mes tâches pro à parler bouquins. C'est très honnête, même sans passion / vocation.
Et je fais le taf le mieux possible à côté pour des raisons davantage liées à mon appréhension religieuse et politique de ce qu'est le travail.
Tu peux développer la dernière phrase stp ?
Je suis protestant (historique, pas évangélique à la ricaine ou à la brésilienne), et c'est un milieu qui a l'habitude, par tradition et par interprétation dogmatique de certains passages des Ecrits (Genèse 3, 2 Thessaloniciens et j'en passe), d'insister assez lourdement sur l'importance du travail, quel qu'il soit, en tant que devoir moral du chrétien qui doit par là payer une sorte de contribution sociale résultante de son appartenance au groupe, de sa constitution d'une société. Pour faire simple et sans partir dans des gloses hors sujet de mille ans.
Je viens d'un milieu paysan de province, et mon père qui est de la première génération à être née en IDF était petit artisan indépendant, il était garagiste. C'était un sacré turbineur, sans doute trop puisqu'il en est mort avant sa retraite. Pareil, il m'a inculqué - il était complètement athée lui - une habitude du taf assez relevée, comme réalisation de soi, de ses potentiels.
J'ai fait plein de taf durant les études pour payer mon appart et le coût de la vie à Paris intra mais surtout des tafs de manuel. D'ailleurs le seul truc que j'ai pas supporté plus d'un an ça a été à l'éducation nationale une espèce de stage d'observation où justement j'étais payé à ne rien faire (un EAP à l'époque), ça m'a fait craquer, au bout d'un an j'ai repris l'entrepôt.
Pour moi être prof ça peut tout à fait s'aborder de la même manière. J'ai une manière brute qu'on me décharge en septembre, c'est une centaine d'adolescents avec des profils, des aspirations, des besoins qui seront différents. J'ai une mission, c'est d'essayer de tirer de l'énergie qu'ils sont prêts à investir avec moi le mieux possible pour les affiner. J'ai une frustration légère, c'est que le vrai résultat final est entre leurs mains et pas les miennes, mais moi mon boulot c'est de me donner pour proposer un cadre le plus carré possible. Pas de sortir des génies ex nihilo, et quand j'ai accepté ça j'ai mieux vécu mon travail.
A la fin de chaque soir que je passe au taf, je veux avoir l'impression d'avoir exercé mon potentiel sans me ménager, mais sans zèle improductif non plus, pour mettre en place des séances qui auront permis aux gamins qui seront passés de retenir des trucs sur la littérature ou la grammaire, qui leur serviront soit pour des exercices normés à l'école, mais si possible de préférence pour leur créer une culture, un imaginaire dont ils feront ce qu'ils voudront quoi qu'ils fassent ensuite.
Quand le soir j'ai ce sentiment, bah je me dis que je suis utile et que j'ai mérité mon pognon, que le contrat que j'ai passé avec la communauté dont les impôts financent mes plaisirs et mes nécessités est valide. Et dans tout ça, le ministère, les grandes perspectives et cie, je m'en branle un peu, c'est pas mon bizzgo.
Une approche assez basique en somme, dont l'aspect contractualiste peut laisser une impression plutôt droitière et libérale quand bien même je me suis largement gauchisé avec le temps. Mais voilà.
(cela va sans dire mais c'est personnel et pas du tout prescriptif, je suis même pas sûr que ce soit rationnellement la meilleure manière d'aborder ce travail, mais c'est la mienne qui me permet de le faire et de le vivre assez raisonnablement depuis six sept ans. Pour moi y a pas tellement de motivations plus légitimes que d'autres tant qu'on bosse, la team vocation, la team je veux du temps libre pour des projets perso, la team planque, la team mission sociale du public, la team reconvertis économiques, on est ensemble t'façon)
vivement la rentrée
Le 17 août 2024 à 18:20:22 :
Je suis protestant (historique, pas évangélique à la ricaine ou à la brésilienne), et c'est un milieu qui a l'habitude, par tradition et par interprétation dogmatique de certains passages des Ecrits (Genèse 3, 2 Thessaloniciens et j'en passe), d'insister assez lourdement sur l'importance du travail, quel qu'il soit, en tant que devoir moral du chrétien qui doit par là payer une sorte de contribution sociale résultante de son appartenance au groupe, de sa constitution d'une société. Pour faire simple et sans partir dans des gloses hors sujet de mille ans.Je viens d'un milieu paysan de province, et mon père qui est de la première génération à être née en IDF était petit artisan indépendant, il était garagiste. C'était un sacré turbineur, sans doute trop puisqu'il en est mort avant sa retraite. Pareil, il m'a inculqué - il était complètement athée lui - une habitude du taf assez relevée, comme réalisation de soi, de ses potentiels.
J'ai fait plein de taf durant les études pour payer mon appart et le coût de la vie à Paris intra mais surtout des tafs de manuel. D'ailleurs le seul truc que j'ai pas supporté plus d'un an ça a été à l'éducation nationale une espèce de stage d'observation où justement j'étais payé à ne rien faire (un EAP à l'époque), ça m'a fait craquer, au bout d'un an j'ai repris l'entrepôt.
Pour moi être prof ça peut tout à fait s'aborder de la même manière. J'ai une manière brute qu'on me décharge en septembre, c'est une centaine d'adolescents avec des profils, des aspirations, des besoins qui seront différents. J'ai une mission, c'est d'essayer de tirer de l'énergie qu'ils sont prêts à investir avec moi le mieux possible pour les affiner. J'ai une frustration légère, c'est que le vrai résultat final est entre leurs mains et pas les miennes, mais moi mon boulot c'est de me donner pour proposer un cadre le plus carré possible. Pas de sortir des génies ex nihilo, et quand j'ai accepté ça j'ai mieux vécu mon travail.
A la fin de chaque soir que je passe au taf, je veux avoir l'impression d'avoir exercé mon potentiel sans me ménager, mais sans zèle improductif non plus, pour mettre en place des séances qui auront permis aux gamins qui seront passés de retenir des trucs sur la littérature ou la grammaire, qui leur serviront soit pour des exercices normés à l'école, mais si possible de préférence pour leur créer une culture, un imaginaire dont ils feront ce qu'ils voudront quoi qu'ils fassent ensuite.
Quand le soir j'ai ce sentiment, bah je me dis que je suis utile et que j'ai mérité mon pognon, que le contrat que j'ai passé avec la communauté dont les impôts financent mes plaisirs et mes nécessités est valide. Et dans tout ça, le ministère, les grandes perspectives et cie, je m'en branle un peu, c'est pas mon bizzgo.
Une approche assez basique en somme, dont l'aspect contractualiste peut laisser une impression plutôt droitière et libérale quand bien même je me suis largement gauchisé avec le temps. Mais voilà.
Et chaque année, tu conserves les mêmes œuvres, les mêmes textes où tu changes ?
Le 17 août 2024 à 18:52:09 :
vivement la rentrée
Tu exerces en CFA non il me semble ?
Ca c'est vraiment triste
Sans doute moins qu'enseigner une discipline qu'on déteste, va.
Et chaque année, tu conserves les mêmes œuvres, les mêmes textes où tu changes ?
Pour la première, je suis de toute façon forcé de changer un quart du programme qui change tous les ans. Maintenant le bac de français est sur programme, tu dois faire quatre gros chapitres pour lesquels tu as le choix entre trois livres seulement par chapitre. Il y a un chapitre qui change tous les ans.
Pour les 75% restants, je garde quelques trucs rodés que je trouve à la fois plaisants, utiles et qui marchent bien. Par exemple un extrait de Horace de Corneille qui a tous les avantages : c'est très beau, j'adore, ça plaît aux élèves, ça fait voir toutes les techniques du classicisme XVIIe, les élèves le gèrent bien à l'oral, bref ce serait bête de virer une ressource aussi couteau suisse. Ce qui marche pas ou ce qui me lasse, je le change. Enseigner plus de trois ans de rang un même chapitre ça m'ennuie. En seconde où le programme est totalement libre, je changeais toujours presque tout par contre.
En BTS 2e année les thèmes changent donc il faut renouveler. En BTS 1ere année c'est le même problème que la seconde, tu fais ce que tu veux. Trop de liberté est pas forcément le plus pratique à préparer.
En HLP je verrai.
Mais de toute façon mon besoin perso de ne pas boucler sur les mêmes choses me fait aller vers des ressources toujours différentes. C'est un gros avantage du français de pouvoir réinventer totalement ton programme tous les ans, puisqu'on est pas contraint en général par des logiques de thèmes, mais seulement de genres, et il faut savoir en profiter. Je lis encore beaucoup et j'ai toujours envie d'intégrer les nouvelles lectures, les nouvelles réflexions dans des cours nouveaux.
Les collègues qui bouclent vingt ans sur les mêmes bouquins ça me blase un peu.
Le 17 août 2024 à 23:35:18 :
Ca c'est vraiment triste
Sans doute moins qu'enseigner une discipline qu'on déteste, va.
Ouais, beaucoup mieux, je prends du plaisir à enseigner des maths au public que j'ai
C'est les trucs d'autistes type Cassini et autres qui ne me plaisent plus, j'ai trop bouffé de merdes comme ça pour l'agreg
Je dis que je déteste les maths mais par exemple, les défis de constructions à la règle et au compas avec les petits ça m'éclate, les problèmes de géométrie élémentaires, les problèmes d'arithmétique en 3ème
Par contre, la notion de tours d'extension quadratiques ou je sais plus quelle merde derrière les défis de construction à la règle et au compas, non merci
Mais je pense que mon goût pour ça va revenir, c'est vraiment le passage post-agreg
Le 18 août 2024 à 15:24:17 :
Je dis que je déteste les maths mais par exemple, les défis de constructions à la règle et au compas avec les petits ça m'éclate, les problèmes de géométrie élémentaires, les problèmes d'arithmétique en 3ème
Par contre, la notion de tours d'extension quadratiques ou je sais plus quelle merde derrière les défis de construction à la règle et au compas, non merciMais je pense que mon goût pour ça va revenir, c'est vraiment le passage post-agreg
C’est la dépression post partum mais version éducation nationale