C'est intéressant ce que tu dis, ça me rappelle qu'il y a vraiment pleins de perceptions de Balzac.

Parce que pour le personnage de la femme de Hulot par exemple, c'est pas un personnage très émouvant je trouve, juste une femme qui a joué à la vertueuse toute sa vie et qui est vaincue par la vie elle-même, alors que Hulot sous ses dehors de libertin est la vie elle-même, comme Balzac le dit, il a « la capacité d'aimer au delà des limites que la nature a fixé à l'amour».

Alors que dans le cousin pons y'a uniquement cette perspective christique qui me gonfle pas mal quand c'est le seul élément d'appréciation d'un conflit moral, car trop facile à mon goût. Pareil pour Sur les quais que je t'ai vu citer récemment.

Ca claque ce passage espèce de Philistin en herbe - j'ai coupé comme ça pour laisser le parallélisme -.

Pour Sur les quais tu es plus proche de l'avis barthésien du coup ?

Et elle n'a pas joué, elle a été la vertu même. Jamais Balzac ne questionne l'angélisme du personnage comme il le fait par contre avec Madame de Mortsauf dans le Lys. Et ce dernier passage, ce lit de mort, est justement une superbe humanisation qui suffit à ne pas rendre le personnage aussi monobloc qu'une lecture rapide le suggérerait.

Évidemment on peut dire qu'une expression ce n'est rien, que c'est une posture un peu artificielle, que ce n'est pas une ligne jetée en dernier instant qui suffit à changer toute l'écriture du personnage qui précède. Mais je suis pas de cet avis.

Oui ça claque clairement mais en le lisant pour le coup je suis plus en mode qu'en mode

J'sais pas, pas lu Barthes (sur ce sujet). Mais qu'un aussi beau film sur les dockers avec des putains de scènes où Brando s'occupe de ses pigeons sur les toits se finisse en mode «je suis le christ libérateur malheureux tué pour vous et pour vous dénoncer bande de méchants coco qui détruisent l'Amérique» ça me met un peu hors de moi tant de malhonnêteté.

Si on accepte pas le côté monolithique que peut avoir la vieille morale qu'appelle Balzac, au moins comme idéal, ça devient difficile de le lire il me semble.

http://kinoks.org/spip.php?article84 pour la mythologie de Barthes sur le film.

Ah en fait si je l'ai lue (et oubliée ) et je crois être d'accord.

Sur Bette, pour être sincère, la dernière phrase flanque le bourdon avec le chapitre qui suit. Mais c'est pas tant à cause de la Vierge auréolée de lumière qui verse une larme de statue pour l'Humanité qu'à cause du pathétique de Hulot.

Enfin c'est vraiment un des aspects les plus intéressant de Balzac je trouve, cette alternance entre le «sublime» de la passion, expression primordiale de la vie, qui dépasse le Vice ou la Vertu (et en ce sens, c'est simplement la passion la plus forte qui triomphe dans l'extrait) et le ridicule de l'homme qui cherche l'infini dans l'amour avec des gamines qui n'attendent que de le foutre à la rue ou à la recherche d'une fable de pierre philosophale dans la recherche de l'absolu.

Du coup je suis d'accord pour voir en Mme Hulot la Vertu même, c'est juste une preuve que le type vertueux manque de vitalité face à la brutalité des ressources des libertins. Par contre humanisation? Sanctification plutôt non?

Et sur le côté monolithique de la morale de Balzac je suis pas convaincu, ça me paraît plus subtil grâce à sa notion de «sublime» justement.

Et sur Barthes maintenant, triple post BMG

Je suis 100% d'accord avec la conclusion, très bien formulée. En revanche je ne pense pas que la lecture marxiste du film soit excessivement pertinente pour rendre compte réellement où ça pêche, on a l'impression que Barthes reproche à Kazan de ne pas être communiste, alors que son défaut est d'être manipulateur et de trahir Brando.

L'expression du mot de reproche dit tout. Elle a brisé sa perfection d'épouse avant de mourir, et c'est amusant de voir que c'est juste avant de mourir qu'elle est la plus humaine car finalement pécheresse dans le carcan moral qui est le sien.

Mais ça n'empêche pas le personnage à mon sens d'être complétement monolithique dans son allégorisation. Traité sur le mode réaliste oui la coexistence de ces deux aspects poserait problème, mais là c'est dans le cadre d'une vision chrétienne dont toute la mystique, incarnée dans la personne du christ, repose précisément sur ce qui semble problématique pour la logique : 100% homme et 100% Dieu pour reprendre une expression consacrée.

repose précisément sur ce qui semble problématique pour la logique : 100% homme et 100% Dieu pour reprendre une expression consacrée.

Ouais, un peu comme le pastis dans Marcel Pagnol quoi

https://www.youtube.com/watch?v=ndHPgTSsr7g En conclusion.

Mais reste la vraie question du coup:
Il vient d'où le fois gras et le rouge?

Je t'ai déjà expliqué en substance pourquoi le bourgogne prend ta pisse de jus de raisin en tournante dans une cave, ne nous embarrassons pas plus y a des scènes qu'il ne vaut mieux pas répéter

Lamartine au secours, bourguignon solide.

Cave, vin, humour involontaire, blague.

Ca va te faire plaisir de lire ça stoechio mais c'est vrai que Loyola, Sade, Fourier (wtf qui c'est lui d'ailleurs?) c'est un peu fumé
Même sur Sade tout seul il est pas très pertinent je trouve, à parler que des 120 journées et de Juliette parce qu'il n'analyse que ce qu'il nomme "la scène" et pas le reste, présent dans ses autres œuvres.

En parlant de Sade : en lisant Breton (que j'ai appris à apprécier) j'ai eu envie de me remettre à Sade. J'ai lu les deux premiers dialogues de la Philosophie dans le Boudoir, le début d'une des versions de Justine (la deuxième) et le début des 120 Journées de Sodome, sans jamais accrocher.
Vous lui trouvez quoi ? Surtout toi Wenders, vu que tu adores.

Je ne lui trouve rien personnellement, sinon le fait d'avoir été un des représentants de l'émergence d'une certaine pensée libérale. A part ça...

Y a toujours la théorie de Barthes - décidément - qui voit en Sade, en gros résumé, l'inventeur d'une espèce de syntaxe polémique qui voit les sujets autant grammaticaux que politiques être rejetés et objectifiés. C'est séduisant mais pas très convaincant, c'est mon sentiment en tout cas.

Les Contes étranges à la limite ça se lit.

Stoe (t'as combien de pseudos franchement ?) En gros, à travers le procédé de l'écriture, celui qui subit le sadisme n'est plus qu'un mot, de l'encre sur du papier, et est donc totalement objectifié ?

Non, vraiment au niveau du rapport de la langue avec le monde.

Ceux qui politiquement représentent des forces de pouvoir, qui sont les sujets dans le monde réel, sont fréquemment transformés en objets sur le plan grammatique dans le texte sadien, et que ça contribue par la grammaire même à créer une sorte d'aspiration révolutionnaire politique. En très gros.

J'ai que deux trois pseudo mais je switche au gré de mes bannissements.

Et il le dit où ça le Barthes ?