pourquoi tous le monde veut que zimo meure
Tiens, un koupain qui appréciait aussi Yolin et les Jadmär !
Par contre je suis pas d'accord pour Zimo, je veux qu'il vive ! De plus s'il est resté aussi longtemps en vie, c'est qu'il y a forcément une bonne raison. Zimo aurait-il un talent caché comme Jenna (je dis "comme Jenna" dans le sens où il est totalement imprévisible et où Zimo n'a absolument aucune idée qu'il l'a, hein. Deux personnes capable de rayer un petit pays de la carte à la moindre émotion un peu trop forte, ça commencerait à faire beaucoup dans un même groupe ).
Moi aussi je pleure les sœurs Jadmär, mais bon falais bien qu'elles y passent à force de faire les croquemitaines à chaque chapitres ou presque.
Par contre arretez de dire que Zimo est faible (je fais toujours en premier un kajite archer furtif dans les TES). Certes il n'est pas surpuissant comme les autres mais c'est déjà un bon guerrier (il est toujours là) et à mon avis dans le futur (post fic on s'entend) il pourrais devenir une légende, enfin si Peil le tue pas avant^^
Que Zimo soit faible ou non, c'est pas très important, mais c'est au niveau de l'histoire, il a de moins en moins d'importance. Au début, on nous le montrait comme un expert de la survie qui se montrait extrêmement prudent par rapport à Sandre, maintenant l'histoire s'est concentré sur Serpent et Roderick dont il n'a rien à voir avec eux.
J'avais eu un espoir à un moment lorsqu'il avait proposé à Sandre de se séparer du groupe avec Jenna, là, il aurait pu s'imposer un peu plus mais ce n'est visiblement plus le cas maintenant.
Enfin bon, vu qu'il s'est rapproché de Jenna, il a du potentiel pour la suite et heureusement d'ailleurs !
Le chap du week-end
Chapitre 65 :
Sandre resta immobile, une expression stupéfaite sur le visage. L’individu sur le pont lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Il avait exactement les mêmes traits, les mêmes vêtements, et une chaîne identique à la sienne pendait à sa ceinture.
Il avait l’impression de faire face à son reflet dans un miroir.
La voix qui retentit, lorsque l’individu parla, fut également la même que la sienne.
-Eh bien, de quoi as-tu peur ? Approche.
Le ton de son reflet n’était pas agressif. Il était calme. Presque doux.
Sandre s’avança, ses doigts prêts à se refermer sur sa chaîne à n’importe quel moment si la personne qui lui faisait face tentait quelque chose. Mais celle-ci se contenta de croiser les bras et de sourire. Elle alla même jusqu’à se pencher sur le côté et s’accouder au rebord en pierre sur lequel il était assis précédemment, en attendant que Sandre arrive jusqu’à lui.
Le jeune homme posa un pied sur le pont. Puis les deux. Alors son reflet le dévisagea.
-Tu as pris du muscle depuis le début de la course.
-Hein ?
-Et tu as un peu grandi. Toi qui croyais avoir terminé ta croissance…
Sandre fronça les sourcils et baissa les yeux sur son corps. Effectivement, il était un peu plus large d’épaule qu’avant, et il lui semblait être plus serré dans ses habits qu’avant. D’ailleurs, maintenant qu’on le lui faisait remarquer, il était effectivement plus grand qu’au départ de la Grande Marche.
Il releva vivement la tête et reporta son attention sur son interlocuteur.
-Ecoutez… Je ne sais pas qui vous êtes et ce que vous me voulez, mais je dois traverser ce pont. Je n’ai pas spécialement envie de bavarder et de parler de moi. Alors si vous vouliez bien vous écarter…
-Qui je suis ? répondit son reflet avec un air étonné, sans faire mine de s’écarter. Mais enfin, je suis toi. Tu ne l’as toujours pas compris ?
-Vous êtes une illusion.
-Bien entendu. Tout ce qui t’entoure est une illusion. Tu sais, le pont du Vieux-Marcheur est un endroit hors du temps et de l’espace, dont l’air est chargé de magie. Il y a des siècles et des siècles, en des temps immémoriaux, un fabuleux combat s’est déroulé juste ici, là où tu te tiens, et l’endroit est resté comme ça. Personne ne passe plus par ici car il est impossible de traverser ce pont si l’on possède un esprit faible.
-Un esprit faible ?
-Tu penses que ton esprit est assez fort pour déjouer cette illusion ?
-D’accord… Alors c’est ça l’épreuve ?
-Il semblerait.
-Où sont passés mes compagnons ? Jenna, Zimo…
-Ils ont tous été plongés dans une illusion semblable.
Sandre soupira.
-Désolé, mais je vais passer. Que vous vous écartiez ou pas.
-Oh, mais je ne compte pas me mettre sur ton chemin. Tu peux passer, vas-y.
Le reflet de Sandre s’écarta lentement et se mit de profil. Il adressa une brève révérence au jeune homme et lui fit signe de continuer sa route. Sandre haussa un sourcil, surpris. C’était aussi simple que ça ?
Il fit un pas en avant. Puis un autre. Finalement, voyant que son reflet ne faisait rien pour l’arrêter, il se remit en marche et se dirigea vers l’autre extrémité du pont. C’est alors que, sous ses yeux ébahis, celui-ci… s’étira. Littéralement.
Le pont s’allongea subitement sans en donner l’impression. C’était très étrange. En fait, Sandre crut avoir reculé. Il tenta une nouvelle fois d’avancer, troublé, mais la rive en face s’éloigna au même rythme que lui marchait.
Alors il fit volte-face. Son reflet le regardait, amusé… Exactement à la même distance qu’il était lorsque Sandre l’avait dépassé. Comme si jamais il ne s’était éloigné de lui. Visiblement, Sandre avait avancé dans le vide.
Il comprit que l’épreuve ne serait pas simple.
-Quelle est la règle ? s’enquit Sandre d’un air exaspéré en fixant son reflet.
-Une règle ? De quelle règle parles-tu ?
-La règle pour traverser le pont. Il y a forcément une règle pour quitter cette illusion.
-Pourquoi y en aurait-il une ?
-Bon, tu commences sérieusement à me taper sur les nerfs. Je ne veux pas avoir à me battre.
-Moi non plus, et je ne vois pas pourquoi on devrait se battre.
-Très bien, alors dis-moi comment traverser ce foutu pont !
-Désolé, je ne comprends pas de quoi tu parles. Il n’y a pas de règle.
Toujours avec son sourire amusé, le reflet de Sandre désigna l’extrémité du pont.
-Tu as juste à continuer par-là, je ne vois pas le problème.
-J’ai essayé, mais… Par les Neuf, tu le fais exprès ?
-De quoi donc ?
Cette fois c’en était trop. Sandre s’élança et saisit son reflet par le col avant d’approcher son visage du siens et d’adopter un visage dur et déterminé. C’était très étrange de s’intimider soi-même. Surtout dans de telles circonstances.
-Comment est-ce que je fais pour sortir de cette illusion ? demanda-t-il d’une voix glaciale.
-Eh ben, traverse le pont.
-Tu…
-Je ?
Il n’en pouvait plus. Le poing de Sandre partit à toute vitesse, sans prévenir, et traça une trajectoire courbe dans l’air avant de fuser vers le visage de son reflet. Mais celui-ci agit en même temps. Sa jambe se détendit, beaucoup plus rapidement que n’avait frappé Sandre, et son talon heurta son estomac.
Sandre fut violemment repoussé et son poing ne toucha que le vide. Il tituba en arrière et faillit s’écrouler, mais il se rattrapa au rebord du pont. Le coup de pied de son reflet lui avait coupé le souffle.
Il en avait la nausée.
Son double fit la moue.
-Et voilà… Au lieu de réfléchir, tu fais tout de suite preuve de violence. C’est idiot. Surtout contre toi-même. C’est bien la preuve que tu manques de maturité et de recul.
-Je… Je m’excuse. Je ne sais pas ce qui m’a pris.
Sandre était sincère. Lui, d’habitude serein et aimable, perdant rarement son sang-froid, avait agis sans réfléchir et avait été gagné par une colère aussi brusque que surprenante à l’égard de son reflet. N’avait-il donc aucune patience ? Et pourquoi chercher tout de suite à faire mal plutôt qu’à discuter ?
Son reflet le fixa et sembla le comprendre.
-On s’énerve beaucoup plus vite envers soi-même qu’envers les autres, hein ?
-On dirait bien.
Sandre se redressa et s’épousseta.
-Bon, lâcha-t-il. Je sais que tu me caches quelque chose. Il y a un moyen de traverser ce pont, mais tu ne veux pas me le dire.
-Ah, la, la, la… Moi qui pensais que tu avais saisis l’idée.
-L’idée ?
-Laisse tomber. Tu n’es pas prêt de trouver la solution de cette manière. Pourquoi est-ce que je te cacherais quoique ce soit ? Non, vraiment, tu aurais mieux fait de payer une perle pour passer l’épreuve.
-Alors donne-la-moi, cette solution !
-Non.
-Mais… pourquoi ? Tu es moi, donc tu aurais tout intérêt à ce que je réussisse l’épreuve.
-Pas vraiment. Pas avec ton état d’esprit.
Sandre serra les dents. La colère qui l’avait quitté remontait en lui. Instinctivement et sans s’en rendre compte, il fléchit les genoux, comme s’il s’apprêtait à bondir.
-D’accord, j’ai compris, lâcha Sandre, agacé. Dis-moi ce qui ne va pas chez moi.
-C’est une manie de vouloir tout demander aux autres ? Ça ne te viendrait pas à l’idée de chercher par toi-même ?
-Je n’ai pas le temps pour ce petit jeu !
Sandre tira soudain sa chaîne de sa ceinture. Son reflet fronça les sourcils et décroisa les bras.
-Qu’est-ce que tu fais ?
-Je n’apprendrais rien de toi comme ça, tu as raison. Je te propose quelque chose : Battons-nous. Si je parviens à te faire admettre ta défaite, tu me diras ce que je veux savoir sans tourner autour du pot, d’accord ?
-C’est complètement stupide.
-Est-ce que tu es d’accord ?
-Si ça peut te permettre de comprendre que tu es dans l’erreur, je veux bien me prêter à ce combat idiot. Que se passe-t-il si je gagne ?
-Nous considèrerons que j’ai perdu l’épreuve.
-Tu joue avec le feu. Tu veux vraiment risquer de te faire éliminer comme ça ?
-Qui te dit que je vais me faire éliminer ? dit Sandre avec un sourire en coin.
Sans attendre une réponse de son interlocuteur, il s’élança et abattit sa faucille. Son reflet se jeta sur le côté au dernier moment, roula sur le sol et se releva après s’être cogné contre le rebord opposé du pont. Il lâcha un grognement et se frotta le bras.
Sandre fit volte-face et fouetta l’air de sa chaîne. Elle siffla et le boulet en fonte, à son extrémité, fusa en avant. Mais un tintement sourd retentit lorsque la petite sphère métallique en percuta une autre, identique en tout point à elle.
Le reflet de Sandre avait saisis sa chaîne à son tour et avait lancé son propre boulet. Les deux s’étaient rencontrés en plein vol. Sandre, alors que son boulet n’était même pas encore retombé au sol, fondit sur son adversaire.
Il feinta rapidement sur la droite mais exécuta une pirouette et balança son coude en avant, dans l’intention de toucher son reflet à la gorge et de le neutraliser d’un coup de faucille venant du bas.
Mais rien ne se passa comme prévu.
Sandre écarquilla les yeux lorsque son double esquiva son coude d’un souple déplacement des épaules et bloqua son bras tenant sa faucille avec son genou, puis le repoussa brutalement en le frappant du plat de la main au milieu de la poitrine.
Le jeune homme fit trois pas en arrière en toussant.
Mais comment diable son reflet avait-il deviné ses intentions ? Il avait prévu la feinte depuis le début ?
Le double secoua la tête, dépité.
-Tu me fais de la peine, dit-t-il.
-La ferme !
Sandre s’élança une nouvelle fois et fit tournoyer sa chaîne. Juste avant de la lâcher, il mit un coup de pied dans le sol et projeta un fin nuage de poussière et de neige mêlée dans les yeux de son reflet. Puis, il lâcha sa chaîne et sa faucille tourbillonna en volant vers la gorge de son adversaire.
Celui-ci ne reçut rien dans les yeux. Il se contenta de faire un pas chassé en avant et de se rapprocher de Sandre. La neige et la poussière explosèrent contre son torse, sans le gêner outre mesure. La faucille de Sandre, quant à elle, passa complètement à côté de lui.
Le reflet envoya un coup de tête et les fronts des deux combattants se heurtèrent avec un bruit mât.
Sandre se plia en deux, du sang lui dégoulinant sur le visage. Car en attaquant, son reflet lui avait également mordu la joue. Il n’avait pas serré les dents très fort mais celles-ci s’étaient suffisamment enfoncées dans sa chaire pour lui ôter un morceau de peau.
Plusieurs filets de sang coulèrent le long de son cou et allèrent goûter sur le sol, à ses pieds.
Le reflet recracha le bout de peau qu’il avait arraché à son adversaire et reporta son attention sur lui.
-Tu en as eu assez ? On peut arrêter cette rixe ridicule ?
-Je… Je ne comprends pas ! On est censé être les mêmes alors… pourquoi es-tu plus fort que moi ?
-Je ne suis pas plus fort que toi. Je suis aussi fort que toi.
-Bien sûr que non, tu me surpasses complètement !
Sandre remarqua que sa joue s’était refermée. Et qu’il n’avait plus mal nulle part. Son reflet leva les yeux au ciel.
-Nous sommes les mêmes personnes. Je raisonne exactement comme toi. Il m’est aisé de deviner ta prochaine action et de la contrer. Nulle besoin de force ou de science des armes pour ça. Tu serais capable de faire ça aussi si tu étais un peu plus à l’écoute de toi-même.
Sandre ne répondit pas. Bien sûr, c’était tout à fait logique. Si son reflet lui donnait l’impression de connaître tous ses mouvements à l’avance, c’était parce que… c’était bien le cas. Il lui suffisait de se mettre à la place de son double pour le vaincre, ou du moins pour l’égaler, ce qui ne devrait pas être compliqué puisqu’en étant simplement lui-même, il le faisait déjà.
Le jeune homme se redressa et se remit en garde. Cette fois, ce fut son reflet qui ouvrit la danse et s’élança sans prévenir, de façon à prendre son adversaire par surprise.
Sandre, lui, s’y attendait. Car c’était exactement comme ça qu’il aurait attaqué.
Son reflet se stoppa brusquement devant lui, pivota, et abattit sa faucille, tout en fouettant l’air de son autre main et en balançant le boulet de fonte vers sa tête. Sandre n’eut pas besoin de réfléchir pour esquiver.
Il connaissait déjà la trajectoire de la boule métallique. Il lui suffit de reculer d’un pas pour la laisser passer devant lui à toute vitesse sans le toucher.
Quant à la lame du double, elle heurta celle de Sandre avec un crissement. Le jeune homme repoussa son adversaire d’un coup d’épaule et bondit avant d’exécuter une pirouette. Il sut instinctivement que son reflet allait tenter de parer en mettant tout son poids dans sa faucille et en se préparant à contre-attaquer juste derrière car, dans cette situation, Sandre aurait fait exactement la même chose.
Aussi ne frappa-t-il pas. A la surprise de son double, il se laissa retomber souplement sur le sol, posa un genou à terre, et fit fuser sa lame, juste sous la garde de son adversaire.
Celui-ci se décala de justesse mais il grimaça lorsque la pointe glacée de la faucille lui traça une longue ligne sanglante le long de la joue et que plusieurs gouttes de sang volèrent.
Sandre sourit et se releva.
-Comme ça, on est quitte.
Son reflet essuya sa joue calmement, et Sandre remarqua que la blessure guérit instantanément.
-Tu as l’air tout fier, soupira son double. Mais ça n’avait rien de difficile. Je t’ai donné beaucoup d’indice.
-Ça n’a aucune importance. Ce qui compte, c’est que j’ai réussis.
-Tu te satisfais de bien peu. Mais tu ne m’as toujours pas vaincu.
Alors Sandre détailla son reflet. Sa garde, sa posture, sa façon de tenir son arme… Si Sandre se battait de cette manière, c’était plutôt pitoyable. Il y avait tellement de défaut dans sa garde et sa position était si mauvaise… Un guerrier expérimenté en aurait fait de la charpie.
Finalement, se voir combattre comme un spectateur extérieur était une expérience enrichissante. Il ne faisait aucun doute que Sandre ressortirait grandi de son affrontement avec lui-même. Du moins, s’il en ressortait.
Et c’était bien le problème.
-Comment est-ce que je vais bien pouvoir te battre ? s’interrogea Sandre à voix haute. Nous sommes les mêmes. Forces égales, vitesse égale, agilité égale… Ce n’est pas facile de combattre son ombre.
-Evidemment.
Il n’y avait qu’une réponse possible.
-Je ne peux pas te battre, dit-il. C’est impossible.
Son reflet, pour la première fois depuis longtemps, prit une mine bienveillante et sourit. Ses épaules se détendirent et il abaissa même son arme.
-Enfin on y arrive. Tu en as mis du temps, pour quelque chose d’aussi simple.
-Désolé. J’étais… sur les nerfs.
-Ce n’est pas une excuse. Quand je te disais que ce duel ne rimait à rien, je ne te mentais pas. Tu devrais t’écouter toi-même, parfois, Sandre. Je veux dire, t’écouter vraiment et attentivement. Tu serais surpris de ce qu’on peut apprendre de sa propre personne lorsqu’on accepte de s’observer et de se comprendre.
-Et puis de toute façon, nous sommes dans une illusion. Tu guéris tout le temps, moi-aussi. Ça aurait été interminable. J…
Sandre se tut. Qu’est-ce qu’il avait dit juste avant ? Quelque chose de si élémentaire, de si simple qu’il n’y avait pas pensé depuis le début. A quoi il n’avait même pas pris la peine de réfléchir.
-Nous sommes dans une illusion, répéta Sandre doucement. Mais bien sûr.
Et d’un coup, tout fut clair dans son esprit.
Il comprit les paroles de son reflet, tout ce qu’il avait tenté de lui dire. Qu’il n’y avait aucune solution et aucune règle pour traverser ce pont. Sandre avait été agacé d’entendre cela, mais il n’aurait pas dû. Il aurait dû simplement accepter ce fait. Car c’était bien cela, la solution. L’absence de solution.
Rien n’existait autour de lui. Ce n’était qu’une illusion. Un rêve formé par la magie.
Il n’avait absolument pas besoin d’affronter son reflet pour le vaincre. Seule sa propre conscience donnait vie à l’univers qui l’entourait.
Il en aurait été autrement pour un sort d’illusion lancé directement par un mage, mais après des siècles et des siècles à flotter dans l’air, la magie qui régnait sur les lieux avait finis par se dissiper et ne plus devenir qu’un mirage provoqué directement par l’esprit de ceux qui osaient s’y aventurer.
Sandre sourit. Son double fit de même.
-Bon, j’imagine qu’on va se quitter, lança celui-ci.
-Oui, répondit Sandre. J’ai apprécié notre discussion. En fait, elle était pas mal cette épreuve.
-N’est-ce pas ? Et tu serais surpris du nombre de participants qui vont y échouer.
-D’ailleurs, dis-moi… Ceux qui ne parviennent pas à traverser le pont…
-… Restent prisonniers de ce monde illusoire jusqu’à la fin des temps. Coincés sur ce pont, plongés dans les méandres de leur propre esprit, à tourner inlassablement en rond, sans se rendre compte que la sortie est à portée de main.
-Je vois.
Tout avait été dit.
Le reflet disparut. Pas en s’effaçant lentement, en se floutant, ou en s’évaporant dans un nuage de fumée. Juste en étant là un instant, puis en étant plus là l’instant d’après. En un clignement d’œil.
Sandre n’avait eu qu’à penser que son reflet n’existait pas pour que ce fait devienne réel. Enfin, si l’on pouvait parler de « réalité » dans une illusion.
Il se retourna.
Le pont qui, auparavant, lui semblait interminable… L’était toujours. Mais cette fois, lorsque Sandre s’avança, il ferma les yeux et s’imagina arriver à la fin. Lorsqu’il les rouvrit, après avoir fait seulement trois pas, il n’était plus sur le pont. Celui-ci était derrière lui.
Le jeune homme sourit. C’était si facile lorsqu’on comprenait que tout était malléable, autour de soi. Rien n’était fixe au sein d’un rêve. Seul comptait la volonté de celui qui produisait le rêve. Dans son esprit, Sandre était le maître. Il avait simplement eu tort de croire qu’il participait à une épreuve. Parce que cela n’était pas une épreuve.
Sandre ignorait qui étaient ceux qui avaient jadis combattus ici et qui avaient chargés l’air de magie, mais il les remerciait de tout son cœur. Indéniablement, il serait meilleur après cela. Meilleur en tout.
Sandre regarda la plaine enneigée, face à lui. Il ferma une nouvelle fois des yeux. Puis les rouvrit.
Il était de retour dans une forêt de chênes, sur l’île de Balfiera. Entouré de Zimo, Jenna, Adam, Roderick et Edwin. Le mage lança un regard ennuyé au jeune homme.
-Eh ben, lâcha-t-il. T’as été long.
Sandre sourit et haussa les épaules.
-Désolé.
trés bon chapitre je trouve, l'épreuve même si elle peut paraître simple présentait comme tu l'as fait est en realité difficile il faut garder son calme et réfléchir ce qui est assez compliqué lorsque l'on doit se confronté à soit même
Sympa ce chapitre. Je me demande comment ça s'est passé pour les autres du groupe. Certains ont dû le passer plus facilement que d'autres...
Cool ce chap
je le savais il c'est battue contre son clone
Toujours aussi bien, continue
Chapitre 66 :
Aris se plaqua contre l’arbre. Silencieux comme une ombre, la main posée sur la poignée de son épée, il attendait. A ses côtés, ses hommes faisaient de même, accroupis et le regard braqué sur le chemin qui menait à la petite colline sur laquelle ils se trouvaient.
Les bruits de pas se rapprochaient. Deux personnes seulement. Pourtant, Aris en flairait trois. Etrange. L’un d’eux devait se déplacer à la manière d’un félin, sans faire le moindre bruit.
Soit cette personne s’attendait à une embuscade, soit elle était excessivement dangereuse. Aris préféra partir du principe que les deux hypothèses étaient justes. Surestimer ses adversaires lui avait bien souvent sauvé la vie.
Bien qu’il ne craignait pas le combat –Aris était un tueur hors-pair qu’aucun affrontement ne terrifiait, et les hommes qui l’accompagnaient étaient les combattants les plus chevronnés de son équipage- le Khajiit préférait ne pas avoir à tirer sa lame de son fourreau, cette fois-ci, ne serait-ce que pour ne pas risquer d’abimer Armand Nerricus.
Il allait devoir être prudent et fin. Choisir chacun de ses mots avec soin et manœuvrer pour que la situation soit toujours en sa faveur. A partir du moment où elle lui échapperait, ce serait terminé.
Quant à Jayën…
Le mystérieux devin se tenait assis en tailleurs, dissimulé derrière un rocher creux, les yeux fermés, comme s’il méditait. Aris ignorait pourquoi il tenait tant à assister à ce qui allait se passer, mais il l’avait prévenu de ne surtout pas intervenir afin de ne pas compromettre l’opération.
Jayën lui avait assuré que la Colombe ne l’intéressait pas le moins du monde et qu’il ne saboterait pas la mission d’Aris. Mais alors pourquoi avait-il tenu à les accompagner sur l’île alors qu’il aurait pu rester confortablement sur le navire ?
Dans tous les cas, la suite des évènements allait être tendue.
Aris fit un discret signe à ses hommes pour qu’ils restent sur leurs gardes. Normalement, ils ne devraient pas avoir à intervenir, sauf si les compagnons d’Armand Nerricus se montraient agressifs. En attendant, ils resteraient bien sagement cachés.
C’est alors que la voix de la cible retentit.
-Tu rigoles ? lança la Colombe en apparaissant sur le chemin. On va devoir reconstruire une embarcation ?
-Tu vois un autre moyen de quitter l’île ? répondit le Dunmer avec lequel il était en train de discuter.
-Ce sera plus rapide que la première fois, fit le Bosmer aux cheveux argentés qui les suivait.
Aris fronça les sourcils. Il ne s’était pas trompé. Il y en avait bien un dans le groupe qui avançait sans faire craquer la moindre branche sur son passage, ni froisser de feuille morte. La démarche du Bosmer était fluide et gracieuse, tout en finesse et en force contenue.
Le Khajiit, durant sa vie, avait croisé toute sorte d’assassins et de guerriers, dont certains donnaient la chair de poule rien que par leur allure. L’un d’eux avait jadis expliqué à Aris, alors que celui n’était encore qu’un jeune marin inconnu, qu’on pouvait mesurer la dangerosité d’un homme à sa façon de marcher.
S’il suivait ce précepte, Aris pouvait affirmer que ce Bosmer était l’individu le plus dangereux qu’il ait jamais rencontré.
On n’apprenait pas à se déplacer de cette manière avec quelques années d’entraînement. C’était le fruit d’une vie constituée de meurtres, de dangers et de sang versé, de fuite précipitée à la lueur de la lune, de combat, et de douleur.
Aris était quelqu’un de fier, mais il était intelligent. La plupart de ses pairs faisaient souvent l’erreur, lorsqu’ils devenaient célèbres et commençaient à accumuler de l’argent et à voir tout leur réussir, de se croire invincible. Aris, lui, avait toujours été lucide sur son niveau. Et il pouvait dire sans hésiter qu’en combat réel, s’il pouvait se débrouiller face à Armand Nerricus et le Dunmer à ses côtés, il était complètement inférieur à ce Bosmer.
Les trois hommes arrivèrent au milieu du chemin. C’est ce moment que choisit Aris pour se dévoiler.
Il surgit de sa cachette, bondit de la colline sur laquelle il se trouvait, et atterrit devant le trio. Immédiatement, comme il l’avait prévu, Armand Nerricus se mit en garde et tira à moitié son épée de son fourreau. Le Dunmer, lui, fléchit les genoux et se plaça de profil. Sa mine était sereine et Aris pouvait lire dans ses yeux une absence totale de pitié. Si le Khajiit faisait le moindre geste pouvant signifier qu’il s’apprêtait à attaquer, le Dunmer répliquerait dans la seconde, sans l’ombre d’une hésitation.
« Lui-aussi, c’est un sacré combattant, pensa Aris. Mieux vaut ne pas s’y frotter. »
Le seul qui ne bougea pas fut le Bosmer. Ça aussi, Aris l’avait deviné.
Le pirate, sans attendre, leva les mains en l’air, ouvertes de façon à montrer qu’il ne tenait aucune arme et que la seule qu’il possédait était son sabre, à sa ceinture, bien en évidence. Il afficha une mine rassurante et humble.
-Du calme, dit-il. Je ne vous veux aucun mal.
Armand Nerricus se détendit imperceptiblement, et rengaina légèrement son épée. Le Dunmer, lui, resta en garde, son regard calme braqué sur Aris.
« Je ne m’étais pas trompé, se dit le Khajiit. La Colombe est le participant le moins dangereux du groupe. Les deux autres sont des professionnels. »
Heureusement pour lui, Aris en était un aussi, un professionnel. Et ceux qui lui faisaient face ne s’y étaient pas trompés. Il est probable que face à quelqu’un d’autre, le Dunmer aurait abandonné sa garde. S’il avait conservé sa position de combat, c’était qu’il avait instantanément jaugé le danger que représentait Aris et avait jugé bon de ne pas baisser ses défenses.
Bon instinct.
-Qui es-tu ? fit Armand en haussant un sourcil. Et qu’est-ce que tu nous veux ?
-Je suis là pour vous parler, répondit Aris en fixant le jeune Impérial.
-Moi ? On se connait ?
-Non, vous vous ne me connaissez pas. Mais moi, j’ai été engagé pour vous ramener en Cyrodil. A la Cité Impériale.
-Qui t’as engagé pour cela ?
-Votre sœur. Lyana Nerricus.
A ces mots, Armand pâlit et fit un pas en arrière.
-Merde, grogna-t-il. Moi qui pensais que je serais tranquille en participant à cette course. Elle veut encore me mettre des bâtons dans les roues ?
-Des bâtons dans les roues ? fit Aris, interloqué.
-Bien sûr, tu n’es qu’un pion pour elle. Tu ignores la raison pour laquelle elle t’a missionné.
-Effectivement, et très honnêtement ça ne m’intéresse pas. Accepteriez-vous de me suivre, Armand Nerricus ? Je préfèrerais que cette histoire se termine comme ça et qu’aucun d’entre nous n’ait à utiliser la force.
-Hors de question. Je suis là pour gagner la Grande Marche. Qu’importe tous les agents qu’enverras ma sœur pour m’arrêter, je les éliminerais tous.
A ces mots, les deux compagnons de la Colombe affichèrent une expression de surprise.
-Pourquoi ta sœur voudrait te gêner ? s’enquit le Dunmer. Je croyais que tu concourrais pour restaurer l’honneur de ta famille.
-Oui, répondit sombrement l’Impérial. Et s’il y a bien une personne en ce monde qui déteste le clan Nerricus, c’est ma sœur. Elle hait tout ce qui porte ce nom et son plus grand souhait serait que notre famille tombe en ruine pour de bon.
-Je n’y comprends rien.
-C’est une longue histoire. Je n’ai pas envie d’en parler. Quoiqu’il en soit…
Il tira entièrement sa lame de son fourreau et en pointa l’extrémité vers Aris.
-Tu as deux choix, Khajiit. Rentre dire à ma sœur que jamais je n’abandonnerais la course, ou alors tentes de me capturer, et meurs.
Aris déglutit. Non pas parce qu’il avait peur de la Colombe, mais parce que ce qu’il craignait le plus arrivait. La situation était en train de lui échapper. Il s’était attendu à ce qu’Armand Nerricus soit difficile à convaincre, mais pas qu’il refuse catégoriquement. Que pouvait-il bien y avoir entre sa sœur et lui ?
Ça s’annonçait compliqué. La priorité pour Aris était de montrer qu’il n’était en aucun cas un ennemi pour Armand.
-Je crois que vous vous méprenez grandement sur mon compte, fit le pirate. Je ne souhaite pas me battre. Je veux juste que vous me suiviez. Votre sœur ne m’as pas engagé pour vous kidnapper comme vous le pensez mais pour vous ramener sain et sauf. Elle s’inquiète pour vous. J’ignore la raison de votre animosité envers elle mais elle m’a bien fait comprendre, lorsqu’elle m’a contactée, qu’il ne devrait vous être fait aucun mal.
La Colombe sourit.
-C’est ce qu’elle t’a dit, hein ? Evidemment qu’elle ne veut pas qu’il me soit fait de mal. Je suis sans doute la seule personne au monde qu’elle aime.
Cette fois, Aris eut bien du mal à garder un air neutre. Les deux compagnons d’Armand, eux, étaient franchement stupéfaits par ses paroles. Même le Bosmer. Son histoire était de moins en moins compréhensible.
Mais le jeune Impérial coupa court à toutes les interrogations de ceux qui l’entouraient. Il traça un arc de cercle dans l’air avec son épée.
-Déguerpis, répéta-t-il à Aris. Je t’ais dit qu’il n’y a aucun moyen pour que tu puisses me convaincre de te suivre.
Ce fut à ce moment qu’Aris comprit qu’il ne parviendrait pas à raisonner sa cible. Il allait falloir, comme il l’avait craint, utiliser la force. Il analysa la situation dans sa tête à toute vitesse. D’abord neutraliser la Colombe, sans la blesser, si possible en la désarmant et l’assommant. C’était faisable.
Les deux autres seraient problématiques. Les hommes d’Aris allaient devoir agir vite et de façon coordonnée. Eux se chargeraient du Dunmer tandis que lui bondirait vers le Bosmer et tâcherait de survivre jusqu’à ce que ses compagnons viennent l’aider.
Quant à Jayën, seul les Neuf savaient ce qu’il prévoyait de faire. Peut-être ne bougerait-il pas, même si Aris se faisait massacrer sous ses yeux.
« Bah, pensa Aris. J’ai quatre de mes meilleurs lieutenants pour me couvrir. Cinq contre trois, en imaginant que je parvienne à mettre Armand Nerricus hors d’état de nuire avant que ses alliés puissent se mettre en mouvement… Ca peut se faire. »
Comment pouvait-il seulement imaginer que l’opération allait tourner au désastre moins de vingt seconde plus tard ? Qu’il allait voire la mort de si près qu’il sentirait le contact glacial de la funeste faucheuse sur sa peau ? Que le sang allait couler à flot et que des hurlements allaient bientôt emplir l’air ?
Il ne pouvait pas le savoir. Personne ne pouvait encore le savoir.
Qu’ils allaient connaître l’enfer dans quelques instants.
Aris soupira et fixa Armand Nerricus, tout en portant très discrètement sa main vers la poignée de son épée et en traçant un petit cercle dans le sol, à ses pieds, avec l’extrémité de sa botte, le signal pour ses hommes que le moment pour eux de se dévoiler allait bientôt arriver.
A côté de la Colombe, le Dunmer raffermit sa garde, comprenant que tout allait dégénérer. Pas au point de se douter à quel point tout allait vraiment tourner au drame, mais au moins, qu’un affrontement allait éclater.
Même le Bosmer aux cheveux argentés fléchit doucement les genoux.
-Sommes-nous obligés d’en arriver là ? tenta une dernière fois Aris.
-Oui, répondit Armand. Je crois bien.
-Soit.
Tout se passa alors très vite. Si vite qu’en fait, les quelques survivants du carnage, par la suite, ne se souvinrent que vaguement de ce qui s’était passé.
D’un coup, sans prévenir, les quatre hommes d’Aris apparurent sur le chemin, sautant de la colline sur laquelle ils étaient nichés et se réceptionnant aux côtés de leur chef. Le Khajiit, lui, dégaina brusquement son sabre, tout en s’élançant en avant.
Dans la même seconde, Armand exécuta un pas chassé vers l’avant et frappa, alors que son adversaire arrivait à son niveau.
Le Dunmer, lui, avec une fluidité d’assassin, bascula le poids de son corps vers l’avant et tira une poignée de longues aiguilles en acier de sa ceinture avant de se placer de profil et d’inspirer, s’apprêtant visiblement à les lancer vers Aris ou ses hommes.
Le Bosmer, quant à lui, ne dû sa survie qu’à ses réflexes tout bonnement inhumains qui lui permirent de se jeter sur le côté, avec une agilité prodigieuse, en voyant une forme sombre et floue surgirent des fourrés, à sa droite, et fuser vers lui.
Le bruit sourd d’un corps lourd et massif tombant au sol résonna dans toutes les oreilles, en même temps que le cliquètement furieux des épées s’entrechoquant, lorsqu’Aris et Armand se rencontrèrent.
En pleine mêlée, malgré le fait que tous étaient en mouvement, les regards se tournèrent vers la source du premier bruit. Tous les yeux s’écarquillèrent. Aris y comprit.
Un Orque se tenait là, au milieu du chemin, à l’endroit où s’était tenu une fraction de seconde plus tôt le Bosmer aux cheveux argentés, le dos rond et la tête baissée. Mais pas n’importe quel Orque. Barahk Gro-Tragnan. Celui qu’Aris avait vu dans ses visions du futur.
Il était méconnaissable.
Sa bouche, entrouverte, ressemblait à une gueule de lion, garnie de crocs et dégoulinante de salive fumante. Son nez était retroussé, comme s’il reniflait l’air. Quant à ses yeux, ils étaient devenus semblables à ceux de Jayën. Luisant d’une couleur jaunâtre abominable, leurs pupilles n’étaient que deux fines lignes noires verticales lançant des éclairs de rage bestiale.
Il émanait de Barahk une aura de dangerosité telle qu’Aris n’en avait jamais ressenti jusqu’alors.
Le Bosmer qu’il avait pris pour un tueur d’exception, lui donnant des frissons dans le dos, auparavant, paraissait un bambin à côté de ce démon.
Et, comme dans les visions d’Aris, l’un des bras de l’Orque était noir et craquelé comme du charbon, presque décharné, alors que l’autre avait une couleur verte normale et était musculeux. La texture noire de sa peau remontait jusqu’à son cou, voire le coin de sa mâchoire.
On aurait presque dit… une maladie. Ou de la pourriture qui aurait contaminée tout son bras et continuerait à progresser.
Aris était quelqu’un de doué lorsqu’il s’agissait de reprendre son sang-froid, même dans les pires circonstances. Il avait cette faculté rare de pouvoir se mettre à penser calmement et lucidement dans un moment où n’importe qui d’autre serait resté bouche-bée, voire aurait crié de terreur.
C’est ce qu’il fit.
Alors que son sabre venait de heurter celui d’Armand Nerricus, que derrière lui, ses hommes couraient pour venir à son secours, et qu’un peu plus loin, le Bosmer aux cheveux argentés, toujours au sol, fixait Barahk Gro-Tragnan d’un air incrédule, Aris pensa. Très sereinement.
« Cours, se dit-il. Rengaine ton épée et fous le camp. »
Un crissement métallique retentit lorsque les deux lames se croisèrent et qu’Aris dépassa la Colombe. D’un bon, il s’éloigna de son adversaire, qui contre-attaquait déjà, et s’élança vers la forêt.
Il n’y avait pas à réfléchir. Il fallait juste courir. Car ce qui venait de surgir des bois n’était pas humain. C’était… quelque chose d’autre. Quelque chose face auquel Aris, et il en était persuadé, n’avait aucune chance.
Celui-ci virevolta. Les doigts du monstre l’effleurèrent et déchirèrent sa tunique sur trente centimètres, traçant également quatre profondes marques dans sa chaire et faisant voler des gouttes de sang.
L’Impérial se rétablit au sol et, alors que la créature était sur le point d’attaquer de nouveau, sans même jeter un regard à sa blessure, porta sa main gauche au visage de l’Orque, presque avec douceur.
C’est alors qu’un atroce crépitement retentit, comme celui d’une viande qu’on cuit sur une pierre brûlante. De la vapeur s’éleva au-dessus de la tête du monstre et il recula vivement en grognant et en jappant, comme une bête souffrante.
Aris remarqua que la main avec laquelle l’Impérial avait touché le monstre était… humide. Elle dégoulinait d’un liquide transparent. Une goutte perla le long de son doigt et alla tomber au sol. Là, elle se mit à fumer et s’enfonça dans la terre en creusant un sillon, comme un puissant acide.
Le Khajiit eut toutes les peines du monde à croire ce qu’il venait de voir.
La créature, elle, continua à reculer en secouant sa tête dans tous les sens. La moitié de son visage, celle sur laquelle l’Impérial avait posé sa main, était ravagée, affreusement calcinée et à moitié fondue. D’énormes cloques écœurantes la recouvrait, et sa peau fumait encore.
L’Impérial, tout en gardant son regard braqué sur le monstre, fit un geste à Armand Nerricus. Le jeune homme, toujours dissimulé derrière son tronc d’arbre, leva la tête.
-Armand, lança l’Impérial. Vas chercher Faen et met-le à l’abri. Ça risque de devenir dangereux.
Armand obéit et courut vers le Dunmer, gisant toujours sur un rocher, les bras et les jambes écartés, la tête partant en arrière, les yeux exorbités et la bouche grande ouverte, d’où coulait du sang. Armand le prit par les aisselles et le tira prudemment vers lui, avant de le soutenir et de le ramener vers le tronc d’arbre. Là, il l’allongea au sol et se remit à couvert.
Le monstre, de son côté, avait cessé de couiner. Aris, bouche-bée, vit que la blessure sur son visage s’était refermée. Il n’en restait plus rien. A peine quelques traces de brûlure. En revanche, son expression de souffrance, elle, était encore là. Comme si extérieurement, il était intact, mais qu’à l’intérieur, le liquide dont l’Impérial avait maculé son visage -car c’était de cela qu’il s’agissait- le rongeait toujours.
Il grogna.
-Tu veux qu’on continue ? s’enquit l’Impérial. Ou tu préfèrerais que l’on en reste là ? Je ne sais pas qui de nous deux gagnerait, sur le long terme, mais je peux t’assurer qu’il y a plus de chance que nous nous entretuions plutôt qu’il y ait un vrai vainqueur.
Le monstre ne répondit pas. Il haletait et grimaçait de douleur.
-Ça fait mal, hein ? fit l’Impérial. C’est un des poisons les plus violents qui existe sur Nirn. Ton organisme devrait l’éliminer rapidement, mais si nous nous battons, je te préviens, tu souffriras beaucoup plus. Et je ne me contenterais pas de toucher ton visage.
L’Orque ouvrit la bouche.
-On se reverra, grogna-t-il.
-J’espère bien, répondit l’Impérial.
-Je te tuerais. Je te dévorerais.
-A ta guise. Mais tu risques d’avoir du mal à me digérer.
Sur ces paroles, la créature tourna les talons et s’élança dans la forêt avant de disparaître dans un bruissement de feuille. Les bruits de ses pas, lourds et rapides, retentirent un instant avant de s’estomper.
Aris, les yeux à demi clos, sentant la tête lui tourner, crut apercevoir brièvement une silhouette mauve fuser à toute vitesse entre les arbres, derrière Barahk, lorsque celui-ci s’enfuit. Une silhouette pourvue de deux yeux aussi jaunâtres et démoniaques que ceux du monstre.
« Jayën ? pensa-t-il. »
Mais personne à part lui ne l’ayant visiblement vu, et lui n’étant pas en état d’y réfléchir, il chassa cet évènement de ses pensées.
Sur le chemin, un peu plus loin, l’Impérial baissa enfin les yeux sur les quatre longues lignes sanglantes qui barraient son torse. S’il avait mis une fraction de seconde de plus pour esquiver les griffes de la créature, il ne s’en serait pas seulement tiré avec des cicatrices, mais avec le cœur littéralement arraché.
Armand Nerricus se redressa et sortit de sa cachette, prudemment.
C’est alors que l’Impérial leva la tête vers le ciel et éclata de rire. Un rire joyeux qui glaça le sang d’Aris et lui fit se dresser les poils sur tout le corps. Même Armand fronça les sourcils et porta instinctivement la main à son épée.
Mais l’Impérial fit volte-face.
-Magnifique ! Cela faisait longtemps que mon sang n’avait pas bouillonné ainsi ! Dommage le Scorpion ne soit plus de ce monde pour voir cela. Cet Orque lui aurait beaucoup plu.
Il remarqua la manière choquée dont le regardaient Armand et Aris. Alors il reprit son sérieux et passa sa main devant son visage. Lorsqu’il l’en ôta, l’Impérial s’était envolé, et c’était le Bosmer qui se trouvait à sa place.
Aris ne s’en étonna même pas. Il avait mal partout, était sur le point de s’évanouir d’un instant à l’autre, et surtout, il avait vu plus de choses extraordinaires en quelques minutes qu’en toute sa vie depuis sa naissance.
Le Bosmer s’approcha du Khajiit. De près, les marques de griffures sur sa poitrine étaient horribles à voir, et devaient être atrocement douloureuses. Mais le Bosmer semblait déjà les avoir oubliées.
Il s’agenouilla à côté d’Aris. Le pirate toussa et cracha du sang.
-Alors, dis-moi, fit le Bosmer d’une voix douce. Vais-je avoir besoin de te tuer ?
-Fais… c’que… t’as à faire…
-Oh... On ne craint pas la mort à ce que je vois.
-Cette… créature… aurait dû me buter… Je ne sais pas comment… j’ai survécu… mais je devrais déjà… être crevé… alors bon…
-Je crois que je vais t’épargner. De la part de quelqu’un comme moi, je crois que tu n’imagines même pas la chance que tu as.
-Pourquoi ?
-Je me sens las. Et après avoir fait face à un tel monstre, te tuer ne m’apporterais même pas le moindre frisson de plaisir. En revanche…
Le Bosmer posa son doigt sur le front du Khajiit et le caressa froidement. Un sourire effrayant naquit sur son visage.
-…Tu vas abandonner tous tes projets concernant Armand Nerricus et cette stupide idée de le ramener à la Cité Impériale. Il fait partis de mon équipe, et tant qu’il en sera ainsi, si son bon plaisir est de participer à cette course, alors rien ne l’en empêchera. Si tu tentes de nous suivre après ça, je te tue. C’est clair ?
-Je… crois… ouais…
-Excellent. Quittons-nous là-dessus. Tu m’as l’air de quelqu’un de robuste. Tu parviendras bien à te traîner jusqu’à une grotte ou quelque chose comme ça et y survivre jusqu’à ce que tes blessures guérissent. Ce n’est pas mon problème, de toutes manières. Et puis, de ce que j’ai attendu, tu as un navire qui t’attend. Tu n’auras qu’à le prendre et rentrer en Cyrodil pour expliquer à cette chère Lyana Nerricus que si elle essaie encore de gêner Armand, donc moi, par extension, je me chargerais personnellement de mettre fin à ses jours, de façon particulièrement violente. C’est toujours clair ?
-Toujours… clair…
-Bien. Alors au revoir, ami Khajiit, et puissions-nous, dans votre intérêt, ne plus jamais nous revoir.
Il se redressa et se tourna vers Armand.
-Comment va Faen ?
-Il est dans les vapes, répondit le jeune Impérial, mais il va s’en sortir. Mais… Bordel, c’était quoi ça ?! Cet Orque monstrueux qui a débarqué ?! Et comment… qui es-tu vraiment, bon sang, l’Ombre ?!
-Plus tard, le coupa le Bosmer. Pour l’instant, on doit s’éloigner de là.
Aris vit Armand prendre Faen dans ses bras et suivre l’Ombre dans la forêt. Ils disparurent. Alors le Khajiit roula péniblement sur le ventre et gémit.
-‘Tain… Ça fait mal…
C’est alors qu’un vrombissement retentit au-dessus de sa tête. Il ne prit pas la peine de se retourner pour savoir de quoi il s’agissait. Un aéronef dwemer survolait les lieux, et avait visiblement observé toute la scène.
C’était le pire qui pouvait arriver. Maintenant, Tamriel tout entier connaissait son visage et avait assisté aux évènements. Dont Lyana Nerricus.
-Merde, soupira-t-il entre deux quintes de toux. Ça ne pouvait pas tourner plus mal.
Pauvre Aris, tout cela s'est réglé en moins de 5 minutes.
Et grâce à ça, ce groupe va un peu changer !
Génial ! Excellent, un de mes chapitres préférés ! Un combat de titans et du drama...je suis comblé
Hâte de voir (peut-être) un combat Jayën-Barahk
Hmmm tous le monde a vue le vrais visage du serpent via les
miroirs ... intéressant .
Épic!!! J'ai adoré ce combat
J'imagine le Rôdeur Vs Barahk... Adieu Barahk