J'ai une question : pourquoi le Serpent s'est pas infiltré dans la chambre de l'Empereur et buté le monarque pour ensuite régner à sa place ?
C'est vrai quoi, il aurait assassiné l'Empereur en place et faire disparaître le corps. Puis, grâce à sa faculté de changer de visages, hop, il prend le visage de l'homme le plus puissant de Tamriel.
Quels que soient ses buts, ça aurait été plus facile de les atteindre sous la cape d'un empereur
Rochkorff, ça aurait été moche car ce serait un plagiat du background officiel des TES
Très bon chapitre comme à ton habitude Peil ;)
J'aime bien le personnage de Liliane qui a la capacitée de contrôler des animaux et cela ne m'étonnerait pas que tu la fasse contrôler la végètation qui semblerait prendre vie dans des endroits sacrées pour les indigènes par ailleurs cela serait une très bonne idée
Rochkorff Voir le profil de Rochkorff
Posté le 2 juillet 2014 à 19:41:16 Avertir un administrateur
J'ai une question : pourquoi le Serpent s'est pas infiltré dans la chambre de l'Empereur et buté le monarque pour ensuite régner à sa place ?
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Jagar Tharn l'a deja fait
Le Dovahkiin aussi sans pour autant devenir un monarque
Dans le prochain chapitre : BASTOOOOOON
On a perdu contre l'Allemagne Peil peut tu s'il te plaît inventer un personnage dont le nom serait Neuer, et le tuer de manière absolument horrible et dégueulasse ? merci
Hahahahah
"Certains avec qui j’ai partagé ma couche."
Euh...Peil, elle a pas un corps d'enfant?
VDD Je me suis dit la même chose
Aston : Qu'est-ce qui te dit qu'elle l'a toujours eu, son corps d'enfant ?
Ah,oui effectivement
Mais comme on a pas beaucoup d'infos sur eux alors...comprend ma réaction
H.S: Je me demandais juste dans la "Flèche Blacnhe", est-ce qu'un Jiikharys expérimenté aurait pu tuer le Rôdeur? Pas comme Lynris qui était une débutante.
Un Jiikharys expérimenté, oui, aurait tué le Rôdeur.
Donc, en fait, Lynris est potentiellement l'une, voire la personne la plus dangereuse du monde ?
Avec de l'entraînement et de l'expérience, elle peut bouffer tout cru n'importe qui.
"Donc, en fait, Lynris est potentiellement l'une, voire la personne la plus dangereuse du monde ? "
N'importe quel Jiikarhys est potentiellement une des personnes les plus dangereuses du monde C'est pour ça que j'en ai fait des voleurs qui sortent de leur montagne qu'une fois tous les dix ans et pas une guilde d'assassins, tu vois
"Avec de l'entraînement et de l'expérience, elle peut bouffer tout cru n'importe qui. "
Oui Sauf un autre Jiikarhys ou un mage de très très très haut niveau
Ah, d'accord
Les persos les plus classe et mystérieux, honnêtement t'as bien fait de les tenir à l'écart des conflits
Ca doit être le chapitre le plus long de la fic
Chapitre 74 :
Une vague de poils, de plumes et d’écailles, de crocs baveux, de cornes recourbées et de griffes acérées, jaillit des arbres et des fourrés en un instant, fondant sur les trois hommes au milieu du marais. Des gerbes d’eau fusèrent dans tous les sens, sous les centaines de pattes et de sabots.
Liliane recula, les bras écartés et la bouche grande ouverte, prononçant à toute vitesse des mots incompréhensibles dans une langue ancienne et indéchiffrable.
L’extrémité de son sceptre en spirale se mit à vibrer et le bois à se craqueler, tant la magie qui saturait l’air était intense.
Face à l’assaut des bêtes, les trois hommes se placèrent dos à dos. Armand, stupéfait, les yeux écarquillé, vit un guépard aux côtés d’un daim se jeter sur lui. Il y avait là des carnivores comme des herbivores, des petits animaux comme des gros, des prédateurs comme des proies.
Ils n’étaient pas dans leur état normal, cela se voyait. Leurs yeux étaient exorbités et une lueur de folie brillait à l’intérieur.
Un loup gris massif bondit vers Faen. Le bras du Dunmer se détendit en un instant, tel un serpent passant à l’attaque, et deux aiguilles fusèrent dans l’air en sifflant. Elles touchèrent la créature en plein vol, entre les deux yeux. Le loup se figea dans l’air, raide comme un roc, et retomba dans la boue, chacun de ses muscles totalement paralysé.
En une fraction de seconde, la jungle était passée d’un silence pesant à un vacarme de tous les diables, constitué de grognements, de jappements, de caquètements, de croassements et de cris furieux.
Armand déroula son épée comme s’il s’agissait d’un fouet. L’acier mordit la gorge du guépard qui arrivait à son niveau. L’animal recula, tituba sur le côté et s’écroula avant d’être piétiné par dix de ses congénères qui se ruaient à sa suite.
-Restez groupés, lança l’Ombre d’une voix étonnamment douce et calme, dans une situation pareille. Couvrez mes arrières, je m’occupe de la fille. Il suffit de faire tomber sa tête pour que tous ses chiens filent ventre à terre et la queue entre les jambes.
Et sur ces paroles, le Bosmer s’élança. Armand hoqueta en le voyant s’éloigner à grandes enjambées, fluides et maîtrisées. Des dizaines de créatures diverses fonçaient déjà dans sa direction, de face. L’Ombre n’hésita pas un instant.
Armand ne sut pas dire s’il venait de s’envoler ou s’il avait simplement sauté avec une grâce surnaturelle mais les pieds de l’Ombre quittèrent le sol et, pendant un temps infiniment court qui parut pourtant long à Armand, il donna l’impression de léviter.
Puis, il passa au-dessus des premiers animaux, prit appui sur la tête d’un gorille, bondit une seconde fois et se rétablit souplement derrière la meute de bêtes sauvages.
Cela fait, il continua sa route en courant. La fille n’était plus qu’à deux mètres devant lui. Il lui suffisait de tendre la main pour la saisir. Et au moment où il voulut s’exécuter, une forme noire s’abattit sur lui.
L’Ombre roula dans l’eau et la boue avec un grognement étouffé. L’imposante panthère rugit et écrasa le Bosmer de tout son poids, ses babines retroussées et ses yeux jaunes dardés dans ceux de ce qu’il considérait d’ores et déjà comme son dîner.
Armand, sur un cri de Faen, fit volte-face pour voir un cerf le charger. Le jeune Impérial virevolta et laissa les bois de la bête le frôler et déchirer sa cape. Il retomba au sol et frappa dans un même mouvement. La pointe de sa rapière piqua profondément le cerf dans les flancs avant de s’en extirper, dégoulinante de sang.
L’animal gémit et s’écroula, mort. Faen, lui, s’était un peu éloigné, dans la mêlée.
Des créatures l’assaillaient de toutes parts mais le Dunmer tenait bon. Il esquivait les coups de griffe avec une habilité exceptionnelle et chaque fois qu’il contre-attaquait, il touchait sa cible du bout de ses aiguilles, et celle-ci s’effondrait, paralysée et sonnée.
Ses gestes évoquaient presque une danse, et Armand en serait resté hypnotisé s’il n’avait pas entendu un couinement, derrière lui.
Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, tout en transperçant la gorge d’un singe, et vit l’Ombre, toujours étalé au sol, se protégeant le visage de son bras.
La panthère avait refermé ses mâchoires sur l’avant-bras du Bosmer. Mais étrangement, ce dernier, n’affichait aucune expression de douleur. Il conservait son air glacial, alors qu’une plainte aigue échappait de la gueule de la panthère.
-Lâche-moi, murmura l’Ombre.
La panthère recula d’un bond, relâchant sa prise sur le bras de sa proie. Ses crocs fumaient. Le spectacle était horrible à voir. Une sorte de liquide transparent et bouillonnant rongeait l’intérieur de la gueule de l’animal, faisant fondre sa langue comme un morceau de glace au soleil, et mettant son palais à vif.
Quant à ce qui coulait du bras de l’Ombre, ce n’était pas du sang, mais de l’acide. Les gouttes translucides tombaient une à une dans l’eau en crépitant, et de la vapeur s’en élevait.
La panthère se roula au sol et se recroquevilla en jappant.
L’Ombre se redressa, sans un mot. Il passa à côté de la panthère et, sans même s’arrêter à son niveau, lui broya la nuque d’un coup de talon vif et précis. Les couinements se turent instantanément.
-Toi, fit l’Ombre en s’approchant de Liliane, qui reculait toujours. Toi, tu m’agaces vraiment.
La sorcière ouvrit les yeux et agita son sceptre en lâchant une incantation.
Aussitôt, les animaux qui prenaient Faen et Armand pour cible se détournèrent d’eux, comme s’ils venaient de cesser d’exister, et se jetèrent sur l’Ombre. Le jeune Impérial posa un genou à terre, haletant.
Ses vêtements étaient déchirés et du sang coulait de multiples blessures, griffures et estafilades sur tout son corps. Si les assauts avaient continués, il n’aurait pas pu tenir. Faen, même si sa tenue était déchirée par endroit, était dans un bien meilleur état.
L’Ombre vit la nouvelle vague d’animaux arriver sur lui. Il ne cilla même pas, se contentant de fixer Liliane, en face de lui.
-M’attaquer avec des bêtes sauvages… Es-tu sérieuse ? Crois-tu vraiment que tes créatures peuvent te protéger de… moi ?
Armand ne comprit pas ce qui se passa alors. Il ne le comprendrait d’ailleurs jamais.
Tous les animaux stoppèrent leur course en même temps. Certains, qui avaient littéralement bondis en avant, exécutèrent un roulé-boulé dans l’eau et la vase. D’autre, qui avaient pris trop de vitesse, dérapèrent sur plusieurs mètres.
Mais aucun n’entra en contact avec l’Ombre. Plus étrange encore, ils se mirent tous à gémir et à reculer lentement, la queue entre les jambes, les oreilles rabattues, et la lueur de folie dans leurs yeux bestiaux remplacée par de la terreur pure.
Celle d’un instinct de survie ancestral qui régit le monde, et qui assure que les lapins n’attaqueront jamais les loups, ou que les gazelles ne chasseront jamais les lions. Un instinct de survie qui pousse toute créature, même un redoutable prédateur, à fuir ventre à terre face à tout ce qui se trouverait plus haut que lui dans la chaîne alimentaire.
Et l’Ombre représentait assurément ce qui se trouvait au sommet de cette échelle de dangerosité, assis sur le dernier échelon comme sur un trône.
Liliane elle-même afficha un air stupéfait.
Une seconde plus tard, tous les animaux qui se contentaient de s’éloigner lentement et prudemment de l’Ombre, détalèrent. Tous firent volte-face en piaffant et fusèrent vers la jungle.
Armand vit un lion traumatisé le frôler, et un sanglier le bousculer en grognant de peur. Des petites bêtes passèrent entre ses jambes comme un raz-de-marée alors que des oiseaux filaient au-dessus de sa tête dans un concert de piaillement.
Dans la mêlée, le jeune homme sentit une main se refermer sur son poignet. Il tourna la tête rapidement vers Faen. Le Dunmer le fixait avec un air grave.
-On se casse.
-Quoi ?
-C’est le moment pour se tirer. C’est ce que tu voulais, non ? C’est l’occasion ou jamais pendant qu’il est occupé !
Sans chercher à comprendre plus que ça, Armand se laissa entraîner par Faen. Le Dunmer rangea vivement ses aiguilles à sa ceinture et s’élança dans la forêt à la suite d’un tigre. Armand lança un dernier regard vers l’Ombre, faisant silencieusement face à Liliane, avant de disparaître dans les fourrés.
De leur côté, les deux adversaires se regardaient dans le blanc des yeux, sans un mot, jaugeant l’autre.
Les bruits de pas, de sabots, et les bruissements d’ailes résonnèrent encore quelques instants avant que le calme ne s’installe de nouveau dans la jungle. Même le sifflement du vent s’était tu, comme si celui-ci avait fui en même temps que tous les êtres vivants dans le périmètre.
Aussi, l’air était devenu lourd et pesant. Mais au moins, les insectes n’y bourdonnaient plus de façon agaçante.
Liliane renifla et fronça les sourcils. C’était bien ce qu’elle pensait.
-Des phéromones ? lança-t-elle. Tu as sécrété des phéromones ?
-J’en ai même saturé l’air, répondit l’Ombre. Les esprits de ces pauvres bêtes ont dû être sacrément secoués. Mes capacités ne se limitent pas à produire du poison.
-On m’a parlé de tes pouvoirs mais on a oublié de mentionner ça.
-Il faut dire que je n’avais pas eu à m’en servir depuis un certain temps. Et la dernière personne qui l’a vu en action est morte dans la seconde qui a suivie.
-Dans cette situation, impossible pour moi de les ramener…
L’Ombre fit un pas en avant et tendit la main vers Liliane. Le corps de la fillette s’anima à une vitesse effarante pour quelqu’un de sa stature et son bâton de bois noueux tourbillonna, entre ses doigts. Son extrémité tordue s’abattit violemment sur le poignet du Bosmer.
Celui-ci recula et grimaça. Liliane se mit en garde.
Un air de surprise se peignit sur le visage de son adversaire pendant une fraction de seconde.
-Tu veux vraiment m’affronter au corps-à-corps ?
-Eh bien, je ne vois pas d’autre solution. Mais… Je ne vais quand même pas le faire dans ce corps-là.
-Oh…
Derrière l’Ombre, les arbres explosèrent. Un poing titanesque fusa dans l’air en vrombissant et s’enfonça dans le sol, à l’endroit où s’était tenu l’Ombre un instant plus tôt, projetant de la boue dans tous les sens.
Le Bosmer roula dans une flaque d’eau, trois mètres plus loin, et se redressa rapidement, les genoux fléchis, prêt à fondre sur son agresseur. Il faillit s’élancer. Faillit. Il se ravisa immédiatement.
L’ogre se dressa de toute sa monstrueuse carrure, plongeant le Bosmer dans l’ombre. Ses naseaux fumants se plissèrent lorsqu’il perçut les phéromones flottant dans l’air. Le problème, et il était de taille, était que ce genre d’avertissement naturel n’avait aucune emprise sur un ogre.
Le cerveau d’un ogre, dans cette région de Lenclume, en effet, ne pouvait concevoir un danger plus grand que lui. Car par définition, dans la chaîne alimentaire, au-dessus de l’ogre, il n’y avait rien.
La créature secoua la tête, indifférente, et s’approcha, faisant trembler le sol à chacun de ses pas. L’Ombre recula. Liliane se mit à couvert derrière un rocher et ferma les yeux. L’ogre s’arrêta et gronda. Il sentit une présence s’infiltrer sous son crâne, comme un vers dans une pomme.
Un instant plus tard, il ferma les yeux. Quand il les rouvrit, c’étaient ceux de Liliane. L’Ombre pesta.
-Ca, c’est problématique, murmura-t-il pour lui-même.
Il tourna la tête.
-Armand ! Faen ! cria-t-il. Tuez la gamine pendant que je m’occupe de l’ogre ! Son corps est vulnérable quand elle le contrôle !
Sa voix retentit dans la forêt mais ne reçut aucune réponse. Pour la simple et bonne raison qu’Armand et Faen n’étaient plus là. L’Ombre pouvait se targuer d’avoir un esprit vif, bien plus vif que de nombreuses personnes en Tamriel. Mais sur le coup, il se retrouva désarmé.
Le son du poing de l’ogre fendant l’air le ramena à la réalité et il virevolta pour l’éviter. Armand et Faen avaient disparus. Peut-être étaient-ils morts, peut-être avaient-ils fuis en même temps que les animaux.
Mais les phéromones qu’avait libérées l’Ombre n’agissaient pas sur les humains, ce qui signifiait qu’ils lui avaient faussé compagnie de leur plein gré. Ils l’avaient abandonné.
L’Ombre serra les dents. Une colère froide s’empara de lui. Ses deux compagnons venaient de le trahir.
-Les enfoirés, cracha-t-il. Les petits enfoirés !
Il reporta son attention sur l’ogre –ou plutôt sur Liliane dans la peau d’un ogre. Ses mâchoires étaient contractées, comme si elle était, elle-aussi, en proie à une rage intense. L’ogre lança à l’Ombre un regard meurtrier.
-Comment viens-tu de m’appeler ? lança-t-il d’une voix gutturale.
L’Ombre ne comprit d’abord pas. Il réfléchit, puis son visage s’illumina.
-Gamine ?
-Je vais te tuer !
Le monstre s’élança. Un arbre se trouvait sur sa route. L’ogre le déracina d’un revers de la main et le projeta au loin. L’Ombre exécuta une pirouette impressionnante et le poing de l’ogre effleura son épaule pour aller pulvériser un rocher, juste derrière lui.
Il retomba sur ses pieds et s’éloigna vivement, tâchant d’analyser son adversaire. On n’affrontait pas un ogre comme on affrontait un homme.
L’ogre n’était qu’une abominable masse de muscle à la peau plus épaisse que celle d’un rhinocéros et plus solide que la pierre. Son faciès porcin était écrasé, ses lèvres s’écartant pour laisser ses crocs gigantesques jaillir de sa gueule. Des crocs qui pouvaient faire éclater une armure de plate sans difficulté.
Il était de notoriété publique que la force que les ogres pouvaient déployer dans leurs mâchoires atteignait presque celle d’un dragon.
Mais un ogre était lent et idiot. Il ne réfléchissait pas, il chargeait, frappait et rugissait. On pouvait rapprocher son intelligence de celle d’un enfant de trois ans. Ici, ce n’était pas le cas. Ce n’était pas le minuscule cerveau de l’ogre qui contrôlait ses mouvements mais celui de Liliane. Et celle-ci était beaucoup plus intelligente qu’un enfant de trois ans.
L’ogre se mit en garde. La scène était plutôt comique. C’était comme voir un gorille abandonner sa position à quatre pattes, ramasser un bambou et adopter la garde d’un escrimeur. Oui, comique. Mais effrayant, aussi.
L’Ombre vit l’ogre se ramasser et sauter. Il s’éleva dans les airs et retomba juste devant lui, soulevant une gerbe d’eau et de boue qui aveugla l’Ombre un bref instant. Mais celui-ci plongea en avant et passa entre les jambes du monstre. Il lui caressa les mollets, au passage, du plat de la main, avant de rouler derrière lui et se redresser.
L’ogre gémit et fit volte-face. De la vapeur s’élevait de ses chevilles. A l’endroit où l’Ombre l’avait touché, la peau était déchiquetée, rongée, à moitié fondue, et la chaire apparaissait à vif. Pas de quoi arrêter un monstre de cette taille.
Les assauts de la créature recommencèrent, à un rythme effréné.
Liliane savait se battre. L’Ombre ignorait où elle avait appris cela mais ses coups étaient rapides, précis, et s’enchaînaient avec fluidité. Il n’y avait pas de temps mort dans ses attaques. Quant à sa garde, elle était serrée et ne laissait pas le moindre espace.
Dans ces conditions, difficile pour l’Ombre d’entreprendre une action offensive. S’il ralentissait, ne serait-ce que très légèrement, le poing de l’ogre lui arracherait la tête.
Et pas question de lui cracher de l’acide au visage de façon aléatoire en espérant que l’ogre serait grièvement touché. La dose de phéromone que l’Ombre avait produit l’avait épuisé. Il n’avait pas l’habitude de faire de tels efforts de solliciter autant son pouvoir.
Il était un assassin, pas un guerrier. Son domaine, c’était le meurtre discret, silencieux et subtil. Verser une goutte de venin dans un verre, enfoncer une aiguille empoisonnée dans la cuisse d’une cible au milieu de la foule, égorger un homme dans son sommeil, ça, c’était son domaine.
Il était évident qu’en termes de combativité, il n’avait rien à voir avec feu le Scorpion ou le Rôdeur.
-Eh bien ?! rugit Liliane, dans le corps de l’ogre. Tu sembles moins arrogant, Serpent ! La technique que tu as employée tout à l’heure t’aurait-elle fatiguée ?!
L’Ombre afficha une grimace discrète. Touché.
-Je vais te broyer, misérable vermine ! continua l’ogre. Eparpiller tes tripes dans toute cette putain de forêt ! Tu auras un aspect tellement affreux lorsque je ramènerais ton cadavre à mes employeurs qu’ils en dégueuleront !
-Un peu de dignité. Et puis, je croyais que tu devais simplement me capturer et me ramener vivant ?
-Je me fiche de tout ça ! Je me fiche de cette mission ! Je vais te tuer !
-Tu t’oublies, gamine.
-Raaaaah !
L’ogre continua ses assauts. L’Ombre aurait bien voulu que la colère prenne le dessus sur la lucidité de son adversaire, et le pousse à faire une erreur fatale, mais Liliane n’était pas n’importe qui. Malgré sa haine et la hargne avec laquelle elle attaquait, il n’y avait aucune faille dans sa garde.
A force de reculer, l’Ombre avait fait le tour de la clairière. Et il avait réussis à prendre un peu de distance avec l’ogre.
-Je pourrais contre-attaquer, tu sais, mentit l’Ombre.
L’ogre fronça les sourcils.
-Mais je ne vais pas le faire. Tu sais pourquoi ?
Sans cesser de frapper, l’ogre réfléchit.
-Parce que tu n’es pas ma cible, dit l’Ombre.
Alors, il bondit sur le côté. Reculer ainsi avait pour seul but d’endormir la vigilance de Liliane. Et aussi de rapprocher l’Ombre du corps qu’il visait. Celui-ci de la fillette, juste derrière le rocher. Rocher auquel, à force de frapper, l’ogre avait mené l’Ombre.
Le Bosmer se releva et s’élança vers le corps de Liliane, assise dans la boue, son bâton coincé sous le bras, adossée au rocher. Il n’y avait que cinq mètres qui les séparaient, maintenant. L’Ombre n’avait qu’à bondir et tendre la main pour l’attraper.
L’ogre, lui, arrêta soudain ses assauts incessants. Il se pencha sur le côté et, à l’instant exact où les pieds de l’Ombre allaient quitter le sol, il ramassa le tronc d’arbre qu’il avait déraciné, une minute plus tôt, au début du combat, et qu’il avait projeté au loin. A un endroit précis, car il avait prévu ce que l’Ombre allait faire.
L’ogre banda ses muscles. L’Ombre détendit ses jambes.
L’arbre traversa la distance qui le séparait de l’Ombre à la vitesse d’un boulet de canon. Du coin de l’œil, le Bosmer le vit arriver. Trop rapide pour être évité. Trop gros et trop lourd pour être dévié. L’Ombre jura.
-Merde…
L’arbre le percuta et continua sa course dans la forêt, dévastant tout sur son passage, pulvérisant les rochers et les autres arbres qui se trouvaient sur sa route, soulevant un nuage de poussière et de vase.
Il finit par s’arrêter, freiné par l’accumulation de boue et de terre devant lui. Le sillon qu’il avait creusé derrière lui était large de plus de deux mètres, et long d’une trentaine de mètres. L’ogre expira, et de la fumée sortit de sa gueule.
Alors, l’ogre bascula en avant et s’effondra, la tête dans l’eau. Mort. Liliane, propulsé dans son corps d’origine à cause du décès de son hôte, ouvrit les yeux et se releva, serrant son bâton contre elle. Que venait-il de se passer ?
Elle se retourna et lança un regard au cadavre de l’ogre. Il ne portait pourtant pas de blessures, ni…
Liliane baissa les yeux et contempla l’eau qui inondait les lieux et qui lui arrivait aux chevilles. Elle avait une couleur et une odeur étrange. A force d’entrer dans le corps de divers animaux aux sens tous plus développés les uns que les autres, ceux de Liliane s’étaient amplifiés. Son ouïe et son odorat, particulièrement.
Et il n’y avait aucun doute quant à ce qu’elle sentait. Du poison. Et un poison violent.
Elle se remémora tout le combat en un instant, puis elle comprit. Un sourire se dessina sur son visage. Lentement, discrètement, tout en douceur, afin que Liliane ne s’en rende pas compte, le Serpent avait libéré du poison dans l’eau, depuis les pores de sa peau.
Il y avait de l’eau partout, dans cette clairière, et le fait que les assauts l’avait forcé à reculer et à en faire le tour avait rendu totalement naturel et imperceptible la propagation du produit dans la zone, se répandant à la fois à cause des remous, mais aussi à chaque pas que faisait le Serpent, dans l’eau stagnante.
Le poison était tellement puissant qu’une quantité importante n’était pas nécessaire. Il devait agir en rentrant à l’intérieur de l’organisme, par un orifice ou… par une blessure.
Liliane fixa les mollets de l’ogre, là où le Serpent l’avait caressé, et où la chaire était à vif, sanguinolente. Malin.
Il avait sûrement escompté que le poison ferait rapidement effet et que l’ogre mourrait avant que Liliane n’ait le temps de tenter quoique ce soit. Le problème, c’était que pour le gabarit d’un ogre, il fallait une dose de poison très conséquente pour que les effets apparaissent.
Or, après la sécrétion importante de phéromones de la part du Serpent, il n’avait sans doute plus assez d’énergie ou de réserve en lui pour créer assez de poison. D’où la nécessité de ne pas attaquer, de laisser Liliane frapper, l’ogre s’activer, et donc le produit se répandre plus rapidement dans ses veines.
Mais pas assez rapidement, malheureusement pour lui.
-Malin, lança Liliane. Très malin. Mais ta stratégie n’avait aucune chance d’aboutir, de toute façon. C’était une tactique désespérée. Pitoyable, Serpent.
Liliane sourit et reporta son attention vers l’arbre ravagé, trente mètres plus. Le cadavre écrasé du Serpent devait se trouver enseveli sous la boue et le bois pourri, maintenant. Ça, par contre, c’était problématique.
Elle avait un peu trop forcé. Malgré ce qu’elle avait dit sur le coup de la colère, une minute plus tôt, ce n’était que faux semblants. A aucun moment elle n’avait voulu tuer le Serpent. Le contrat qu’elle avait passé avec l’Empire était clair : Ramener le Serpent vivant.
S’il était vraiment mort, elle s’exposerait à de très gros ennuis. Et il était extrêmement probable que ce soit le cas.
La fillette s’approcha prudemment de l’endroit où se trouvait le corps de sa cible. Malgré le fait qu’elle était presque certaine qu’elle était morte, il valait mieux prendre toutes les précautions possibles. Le Serpent était tout de même l’un des tueurs les plus dangereux de tout Tamriel… Et peut-être son cadavre émettrait-il des substances toxiques dangereuses ?
Liliane s’arrêta devant l’arbre. Elle déposa son bâton par terre et posa ses mains sur le tronc. Là, elle serra les dents, ferma les yeux, et poussa de toutes ses forces. Son corps d’enfant n’était qu’un leurre. Elle possédait la puissance d’un homme de bonne carrure. Néanmoins, pousser un arbre de cette taille était un exercice compliqué.
Dans un craquement sonore, le tronc finit par rouler légèrement sur le côté, révélant un corps affreusement mal en point, en dessous. Le corps du Serpent, maculé de sang, était méconnaissable. Il était à moitié enfoncé dans l’eau et la boue, le visage écrasé et recouvert d’hématomes, les membres brisés et le corps tordu dans un angle improbable. Un de ses yeux avait jaillit de son orbite et se répandait en une flaque blanche et rouge à côté de lui, dans l’eau.
Sa poitrine se soulevait à un rythme irrégulier, et des bulles de sang éclataient aux commissures de ses lèvres. C’était un miracle, mais le Serpent était encore en vie. Cependant, il était plongé dans un profond coma.
Liliane soupira. Non à cause de l’aspect du corps. Elle avait vu des scènes bien plus horribles que ça dans sa vie. Elle soupirait de dépit, surtout à cause du fait qu’elle se demandait comment elle allait pouvoir le ramener dans cet état.
Si elle tentait de le porter et de le déplacer, il mourrait sûrement.
Finalement, elle se redressa et ramassa son bâton. Puis, elle sortit un petit objet de sa cape de feuille et d’écorce. Un Miroir de Divination.
Ce genre d’objet était strictement interdit par la règlementation de la course et l’élimination était immédiate pour tout participant de la Grande Marche repéré avec par l’organisation. Cependant, cela ne s’appliquait pas pour les agents d’Atlus. Ils évitaient tout de même de trop en faire usage, préférant l’usage de lettre et de pigeons voyageurs pour communiquer, car les communications magiques pouvaient être interceptées, et les informations dérobées.
Liliane n’en avait cure.
Elle prononça une incantation et le Miroir s’illumina brièvement avant d’afficher le visage d’Atlus.
-Eh bien, lâcha celui-ci sur un ton amer. Cela faisait longtemps que vous ne m’aviez pas contacté, Liliane. J’attendais votre appel.
-Je n’en avais pas le temps.
-Helzmar Griffelune, lui, me tient informé chaque jour de ses avancées. Vous devriez prendre exemple sur lui, très chère. Votre travail n’est pas sérieux.
-Allez dire ça à Ephron, alors. Je parierais qu’il ne vous a pas contacté une seule fois depuis le début de la course.
Atlus détourna les yeux.
-Vous savez comme moi que… qu’Ephron est particulier.
-Disons cela.
-Alors, qu’avez-vous à me dire ? Vous avez une piste ? Vous vous apprêtez à attaquer le Serpent ?
-C’est déjà fait.
Atlus se tut. Il cligna nerveusement des yeux avant de se pencher légèrement en avant. Liliane le devina car son visage grossit, dans le Miroir de Divination.
-Et… donc ? s’enquit Atlus. Vous… Vous avez gagné ?
-A votre avis ? Si je suis toujours en vie pour vous parler ?
-Vous voulez dire que…
-Le Serpent est à mes pieds. Evanoui et inoffensif.
Il y eut un silence. Atlus disparut du Miroir, comme s’il s’était éloigné. Liliane entendit des voix lointaines. Visiblement, Atlus n’était pas seul, et il discutait avec d’autres personnes. Il y eut des éclats de voix. Le visage qui apparut alors dans le Miroir n’était pas celui d’Atlus. C’était un vieillard aveugle.
Seran Darius, le doyen du Conseil Impérial. Un des émissaires de l’Empire présent en Daggerfall et surveillant le déroulement de la Grande Marche.
Il ouvrit la bouche. Sa voix était douce et profonde, emplie de sagesse. Mais inquiète.
-Vous pouvez me confirmer que le Serpent est en vie ?
-Oui, il l’est.
Pour s’en assurer, Liliane étendit sa conscience et engloba le corps brisé du Serpent. Il y avait une minuscule conscience, tout au fond, une lueur de vie encore intacte. Telle la flamme mourante d’une bougie.
Seran Darius soupira de soulagement. Il ne pouvait pas cacher sa stupéfaction. Visiblement, personne n’arrivait à croire qu’elle ait réussie à mettre le Serpent hors d’état de nuire. Et pourtant…
-Mais, continua Liliane, il est dans un état vraiment misérable. Incapable de bouger le moindre orteil. Je crains qu’il ne meure à tout instant.
-Aucun problème. Il n’y avait pas d’autre moyen de capturer le Serpent vivant, de toute façon. Nous prenons la suite en charge. Vous avez fait un travail admirable, mademoiselle.
-Ce n’est pas ce que m’a dit Atlus.
-Ne vous préoccupez pas de lui. Il est nerveux, comme nous tous. Rejoignez le lieu d’épreuve le plus proche. Un aéronef viendra vous chercher. Quant au Serpent, une de nos équipes sera là d’un instant à l’autre pour récupérer le corps.
-Vous voulez que je le surveille en attendant ?
-Si possible, oui. Je ne mets pas en doute vos capacités, mais… Il vaut mieux ne jamais lâcher le Serpent des yeux.
-Même dans le coma ?
-Même dans le coma.
-Très bien.
Liliane se gratta le menton.
-En tout cas, j’ai rempli ma part du contrat. A propos de ma récompense…
-Nous discuterons salaire une fois que vous serez de retour en Daggerfall.
-D’accord. Je coupe la communication.
-Bien. A bientôt.
La lueur du Miroir s’éteignit, et le visage de Seran Darius s’évapora. Liliane baissa les yeux sur le corps en charpie du Serpent. Elle secoua la tête avec un sourire en coin.
-Je ne dirais pas que c’était un travail facile, mais… après tout ce que j’ai entendu sur toi, Serpent, je m’attendais à ce que tu sois un peu plus coriace. Enfin bon, l’important c’est qu’après avoir crapahuté dans cette course ridicule, je vais enfin pouvoir rentrer chez moi. Ce soir, je prendrais un bon bain chaud, tandis que toi, tu seras enfermé dans une geôle pour le restant de tes jours. Un dénouement plutôt heureux pour moi.
En réponse, le Serpent évanoui lâcha une respiration rauque, semblable à un gargouillement animal. Liliane s’éloigna un peu et alla s’asseoir sur un rocher.
« Je me demande ce que je vais faire avec l’argent que je vais recevoir pour cette mission, se demanda la sorcière. Une vraie fortune, en tout cas. Je n’aurais peut-être plus jamais besoin de travailler. Ce serait l’occasion de m’acheter une belle demeure en Cyrodil et de m’y établir avec mes animaux. J’en ai soupé de cette vie. Ce n’est plus de mon âge… »
Un doux grondement retentit, à côté d’elle. Elle tourna la tête et vit un loup s’approcher, sortant des fourrés, l’air apeuré comme s’il craignait que le Serpent ne se réveille.
Liliane sourit tendrement et lui fit un geste pour qu’il s’approche. Le loup trottina dans sa direction et se lova contre sa poitrine.
-Ah, mon beau, tu as vu de belles. Tu n’as pas eu trop peur tout à l’heu…
Liliane se tut. Aucun animal ne s’approchait de l’endroit. En effet, les phéromones imprégnaient l’air et ne disparaîtraient pas avant un bon bout de temps. Alors pourquoi ce loup…
La sorcière bondit au moment où le loup referma ses mâchoires. Il avait sans doute visé sa gorge, mais ses crocs ne firent que déchirer le bras de Liliane. Celle-ci alla roula dans l’eau, en prenant bien soin, même dans la précipitation et la stupeur, de ne pas faire entrer en contact sa blessure avec l’eau empoisonnée.
Elle se redressa sur un genou, gémissante. La chaire de son bras était déchiquetée, ouverte jusqu’à l’os, et des lambeaux de peau et de muscle pendouillaient lamentablement le long de son poignet. Ses tendons avaient été sectionnés net par la force de la morsure de la bête. Son bras tout entier n’était plus qu’un poids mort inutilisable.
Face à elle, les traits du loup se brouillèrent. Sa silhouette devint floue et changea. D’abord à quatre pattes, il se dressa pour adopter une posture bipède. Les contours de son corps devinrent humanoïdes.
En un instant, Liliane ne fit plus face à une bête mais à un homme. Un Impérial chauve au faciès affreusement repoussant, semblable à celui d’un reptile. Le Serpent gloussa.
-Un dénouement heureux, tu disais ? ricana-t-il.
-C… Comment ?! lança Liliane. Je… Tu… Mais ton corps… !
-Quel corps ?
Liliane tourna la tête vers le corps supposé du Serpent, sous l’arbre. Là où il se trouvait auparavant, il n’y avait plus que le corps d’une panthère. La panthère noire que le Serpent avait tuée en lui brisant la nuque, plusieurs minutes plus tôt. Mais elle était encore vivante, car une respiration sourde et douloureuse sortait de sa gueule fumante. Identique à celle qui sortait de la bouche du faux Serpent. Elle ne tarderait néanmoins pas à s’éteindre.
La sorcière, pâle, reporta son attention sur le Serpent. Celui-ci passa sa main devant son visage. Quand il l’en éloigna, il avait adopté les traits du Bosmer aux cheveux argentés.
-On t’avait parlé de mes capacités. J’imagine qu’on t’avait prévenu que je pouvais changer d’apparence.
Il passa de nouveau sa main devant son visage. Cette fois, il se transforma en un Argonien au regard dur et aux écailles claires.
-Je suis un maître de l’illusion, continua le Serpent. C’est une école qui m’a toujours été familière. Le Rôdeur était imbattable quand il s’agissait de destruction ou d’altération, mais moi, mes sorts d’illusions sont si perfectionnés que même pour mes frères ou pour les plus grands magiciens, ils étaient indétectables. Et ils le sont encore aujourd’hui, je te rassure. Tu n’as pas à t’en vouloir de t’y être laissé prendre.
Il passa encore sa main devant son visage. Une seconde plus tard, Liliane faisait face à… elle-même. Le Serpent, sous son apparence de fillette, sourit.