Elle n'arrivait pas à arrêter de pleurer.
Dans une situation pareille Zéphyr savait ce qu'elle devrait faire. Elle devrait demander à sa mère si elle va bien. Comprendre ce qu'elle fait là. Essayer de comprendre et avoir une bonne idée globale de la situation. C'était le genre de réponse calme et contrôlée que son frère aurait eu lui. Alors pourquoi ? Pourquoi est ce qu'elle n'y arrive pas ? Pourquoi est ce qu'elle sert sa mère dans ses bras comme si elle allait s'évaporer ? Pourquoi est ce qu'elle pleurait comme si il n'y avait plus de lendemain ?
- P-pardon maman... pardon... je ne devrais pas pleurer comme ça-
Elle fut coupée en pleine phrase par un sanglot. Sa mère elle, continuait de tendrement enlacer la jeune femme. Caressant doucement ses cheveux de sa main droite. L'autre demeurant sur son dos. Elle ne disait rien pour le moment. Se contentant de sourire les yeux clos pendant que sa fille pleurait dans ses bras. Il lui fallait encore un peu de temps avant de réussir à s'exprimer et elle le savait bien.
Quelques longues minutes passèrent ainsi. À un moment les jambes de Zéphyr s'étaient mises à fléchirent. Sa mère l'aida donc à doucement se mettre à genoux. Réajustant sa position une fois assise pour mieux enlacer sa fille. Cela sembla calmer Zéphyr qui sanglotait bien moins fort qu'avant. Elle semblait doucement se reprendre.
- Pardon maman... c'est un spectacle pathetique...
- Ne dit pas une chose pareille.
Elle vint tendrement dégager les cheveux de Zéphyr de son visage pour lui libérer la vue.
- Tu n'as pas à t'excuser de pleurer. C'est tout naturel. Nous ne nous sommes pas vus depuis si longtemps.
Zéphyr passa rapidement sa main sur ses yeux. Essayant d'en dégager les larmes pour relever la tête vers son interlocutrice. C'était comme difficile pour elle de la regarder dans les yeux. Elle n'y arrivait pas.
- Comment est ce possible ? Tu étais... je veux dire... je t'ai vu...
- Oui...et quel malheur que tu ai eu à voir ça ma chérie.
Le jour de la mort de sa mère, Evelyne, Zéphyr était là. A son chevet. Comme le jour d'avant. Et celui d'encore avant. Elle n'avait pas quitté son chevet depuis qu'elle était tombée malade. Et comment l'aurait elle pu ? Dans ses derniers jours sa mère était absolument terrifiée de tout et surtout de la mort. Elle qui avait été une figure forte durant toute l'enfance de Zéphyr. Elle n'était plus que l'ombre d'elle même. Elle avait besoin de la présence de sa fille pour tenir tant bien que mal le coup. Mais au final qu'est ce que ça aura changé ?
"Rien"
Zéphyr cligna des yeux. Se retournant soudainement. Elle avait entendu comme... une voix. Mais il n'y avait rien derrière elle. Evelyne regardait dans la même direction qu'elle sans vraiment comprendre ce qu'elle cherchait. Zéphyr finit par faire non de la tête et se reconcentrer sur sa mère. Elle ouvrit la bouche, avant de réaliser qu'elle ne savait même pas quoi lui dire.
- Ma chérie. Tu as bien grandie mais tu restes encore exactement comme avant.
- Toi aussi tu es comme avant... comme avant que tu sois tombée malade. J'ai toujours espéré que... que tu guérirais et que tout irait mieux mais... mais c'est jamais arrivé. Alors j'ai dû...
- Shhh...
Evelyne déposa son front contre celui de Zéphyr.
- Il est inutile de ressasser tout ça. Tu n'as plus besoin de t'en vouloir. Tu n'as plus besoin de te punir. Et tu n'as plus besoin de mourir.
- Plus besoin de...
Oh...
C'est vrai. Sa...sa mère est là maintenant
Elle est vivante juste devant ses yeux. Alors ça veut dire qu'elle n'avait pas échoué. Elle n'a pas tout gâché. Elle...
Elle pouvait vivre. Vivre heureuse avec sa famille.
Un sourire commençait doucement à apparaître sur le visage de la mentaliste. Elle n'arrivait pas à y croire. Mais comment faire autrement ? Elle vint tendrement prendre les mains de sa mère dans les siennes. Semblant avoir retrouver ses forces. Elle commença à se redresser. Sa mère en fit de même.
- Rentrons chez nous.
Soudainement. Tout autours de Zéphyr avait changé.
Elle était en pleins milieu de la salle de réception du manoir dans lequel elle vivait avec sa famille par le passé. L'endroit qui était complètement délabré dans la réalité, était actuellement flambant neuf, resplendissant même. Pourtant quelque chose clochait.
- Il n'y a personne d'autre ?
Il faut dire que parmi les gens qui travaillaient fut un temps dans ce manoir. Il y avait plus d'un visage dont la vue l'aurait terrifiée.
- Nous n'avions plus besoin d'eux. Ils sont partis.
- Partis pour...pour de bon ?
- Bien sûr. Il n y a rien dans cette maison qui puisse nous faire du mal après tout.
Zéphyr regarda sa mère interloquée. Certes elle avait peur de ces gens. Mais elle le savait ? Comment ?
...
Oh et puis quelle importance. Pas vrai ?
Ces mots étaient venus si naturellement à l'esprit de Zéphyr. Elle avait le cœur léger. L'esprit clair. Elle était en présence de sa mère et elle avait l'impression que rien ne pouvait gacher ce moment de bonheur. Elles avaient tant de choses à rattra-
"Ressaisis toi. Je ne compte pas pourir ici."
Zéphyr sursauta. Regardant à nouveau derrière elle. Avant de réaliser qu'elle se trouvait dans un nouvel endroit. Elle était à table. En regardant autours d'elle elle remarqua que sa mère n'était plus la seule à être présente.
- Alors Zéphyr ? Tu n'aimes pas le repas ?
Elle tourna la tête en direction d'un garçon assis près d'elle. Elle ne l'avait pas vu depuis des années. La dernière fois qu'elle l'avait vu il était bien plus âgé. D'ailleurs... même si ça ne la choquait pas vraiment. Elle aussi avait changé physiquement. Soudainement elle avait de nouveau 14 ans. Et elle était simplement à table avec sa famille.
- Si si Notos. J'ai juste cru entendre quelque chose.
- Ah ? Raconte nous un petit peu. C'est pas commun d'entendre des voix.
- N'embête pas trop ta sœur Notos.
L'homme assis à l'extrémité de la table venait de parler. Il avait un air calme et solennel. C'était ce souvenir que Zéphyr avait préféré gardé de son père après sa disparition. Celui d'un homme toujours calme et propre sur lui. Un homme qui rendait sa mère heureuse.
C'était le temps où elle avait encore une famille normale.
Zéphyr regardait sa mère. Son père et son frère discuter en souriant. Elle même ne pouvait s'empêcher de sourire. Elle ne remarquait même pas des détails étranges. Comme le fait que le contenu de son assiette changeait à chaque fois qu'elle la regardait. Que les écrits gravés au dessus des portes d'entrée n'étaient jamais les même. Qu'elle n'arrivait pas à voir le visage de son père.
" Tu n'es pas très observatrice. "
- Huh ?
Cette fois ça venait de sa droite. Toujours rien à signaler.
- Je commence vraiment à devenir folle...
- Folle ? Ce n'est pas vraiment comme ça que je te qualifierais.
La jeune femme haussa les sourcils. Se reconcentrant sur son interlocutrice. Une fille de son âge aux long cheveux frisés qui la regardait. Semblant attendre quelque chose. Zéphyr compris vite en voyant sa main tendu. Elle vint doucement la prendre dans la sienne. La jeune fille, Hélène, rigola de bon cœur.
- Tu es si nerveuse que ça ? C'est toi qui m'a avoué tes sentiments tu sais. C'est trop tard pour regretter !
- Ne dit pas de bétise...
Zéphyr s'approcha pour déposer un baiser sur la joue de sa partenaire. Ça devait faire des années qu'elle ne l'avait plus vu. Pourtant elle ne se posait aucune question sur pourquoi elle était là. Comment est ce que c'était possible. Plus elle restée enfermée dans cet étrange rêve, le moins elle questionnait ce qui lui arrivait. Et puis, une partie d'elle n'avait pas vraiment envie de questionner la chose. Comment pourrait elle questionner tout ça quand c'est tout ce qu'elle a toujours voulu ?
- Je suis tellement désolée Hélène.
- Hm ? Désolée pour quoi ?
- Désolée... de t'avoir dit tout ça.
Les mots lui revenaient en mémoire comme un souvenir flou, c'était particulièrement difficile de se concentrer dessus. Elle dans la cour de ce même manoir en compagnie de Hélène. Le temps était gris. Sa mère n'était plus là, son père et son frère non plus d'ailleurs. Hélène avait essayé de lui tenir la main, de lui parler. Mais elle l'avait repoussé.
- Je savais que si tu restais à mes côtés il finirait sûrement par t'arriver un malheur. Et ça aurait été encore pire si... si tu finissais par faire partie de ma famille. La malédiction t'aurais rattrapée toi aussi. Et je préférais que tu me détestes plutôt que de te voir disparaître.
Hélène pencha un peu la tête. Essayant de mieux voir l'expression de Zéphyr qui fixait le sol sans oser la regarder. Elle sourit. Venant doucement poser sa main sur sa joue pour lui faire relever la tête.
Elle qui n'avait pas osé regarder qui que ce soit dans les yeux depuis longtemps. Elle revoyait enfin le visage de Hélène. Elle revoyait son sourire lumineux, ce sourire qui à une époque, aurait pu illuminer sa vie entière à travers n'importe quelle tragédie.
- Zéphyr Vermillion. Toi et ta petite tête pleine d'idées noires. Je sais que tu cherchais à me protéger. Mais maintenant ça n'a plus d'importance, tu comprends ? On est là. On est tous là. Ta mère va bien. Je vais bien. Nous sommes tous en sécurité. Et plus rien ne peut nous arriver ici.
Oh..c'est vrai.
Rien de mal ne pouvait leur arriver.
Elle n'avait plus besoin de se battre.
Zéphyr rigola légèrement sous le coup de la réalisation. Hélène lâcha sa main, l'amenant à son autre joue pour tenir tendrement son visage. Zéphyr la regarda en souriant. Avant de fermer les yeux.
" Comme c'est touchant... "
Zéphyr rouvrit soudainement les yeux.
Elle n'était plus avec Hélène. Elle était de retour dans la cour du château. Mais cette fois personne d'autre n'était avec elle. Elle regardait autours d'elle. Cherchant l'origine de la voix du regard.
- Qui est la ? Vous me parlez depuis tout à l'heure. Mais qui êtes vous ?
" Ton esprit doit être un peu embrumé... pour être honnête j'avais un peu peur que ma voix se fasse trop distante pour que tu puisses l'entendre au bout d'un moment. Mais il semblerait que même cet endroit ne puisse nous séparer... "
Elle entendit la voix rire. C'était comme un écho tout autours d'elle. Cette voix lui semblait familière. Malgré son ton peu rassurant, elle n'en avait pas vraiment peur. Mais il va sans dire que ne pas comprendre d'où elle venait ne l'aidait pas.
- Qui êtes vous ?
" Tu n'as jamais eu besoin de connaître mon nom. Ne commençons pas par là. "
La jeune femme croisa les bras. Est ce que toutes ses réponses devaient être aussi vagues et peu utiles ? Peut être qu'elle devrait juste ignorer cette voix et aller retrouver sa mère. Elles avaient des choses à rattraper et-
" C'est aussi simple pour toi ? "
Elle s'arrêta en plein milieu de son pas. Regardant à nouveau vers le haut comme si la voix s'y trouvait.
" Où est passée ton sens moral ? Ta culpabilité ? Tu revois ta mère un instant et ça te suffit à te pardonner ? Tu te pardonnes d'avoir abandonné Hélène ? C'est vraiment aussi facile que ça pour toi ? "
- De quoi vous parlez ? Ça...
Des souvenirs lui revenaient. Tous désagréables. Elle se remémorait des événements de la réalité mais ils étaient encore tellement flous qu'ils n'étaient rien d'autre qu'une gêne pour le moment.
- Ça n'a pas de sens ! J'ai... j'ai vécu tout ce temps en me sentant coupable. En me punissant pour ce qui est arrivé. Maintenant je retrouve enfin ma famille ! Ma maison ! Qu'est ce qu'il y a de mal à ce que je retrouve le bonheur ?
" Tu ne réalises pas on dirait. Comment ça se fait que ta mère sois de retour à ton avis ? "
La question qui fâche.
L'esprit embrumé de Zéphyr avait accepté plutôt rapidement tout ce qui se passait. Le retour de sa famille disparue. Sa maison remise à neuf. Hélène qui la retrouve et la pardonne. Mais plus cette voix lui parlait, plus elle retrouvait de la lucidité.
" Ou étais tu avant de voir ta mère ? "
- J'étais... j'étais à table. Avec... le groupe ?
C'est vrai ça. Elle était dans un groupe. Elle l'avait rejoins depuis peu. Et avant de voir sa mère ils étaient tous à table ensemble. Et...Eleanor leur expliquait quelque chose. Mais elle n'arrivait pas à vraiment entendre ce qu'elle disait.
- Je suis...
- Zéphyr ?
Zéphyr sursauta. Regardant soudainement à sa droite. Sa mère avait posé sa main sur son épaule. L'air inquiète.
- Tu parles toute seule depuis un moment. Qu'est ce qui t'arrive ma chérie ?
Zéphyr la regardait sans savoir quoi dire. Soudainement une angoisse conséquente lui parcourait le corps. Les images de sa mère malade et paniquée lui revenait tandis que celle devant elle tentait de la prendre dans ses bras.
- A-arretez !
Elle la repoussa sans réfléchir. Sa respiration se faisant plus saccadée. Evelyne avait reculé de quelques pas, clairement choquée de la réaction de sa fille. Mais elle n'abandonnerait pas comme ça. Elle avait besoin d'elle.
- Qu'est ce qui se passe ici ! Vous n'êtes pas ma mère ! Ma mère est... maman est- et mon père aussi ! Hélène ! Mon frère ! Tout le monde ! Cet endroit- cet endroit ne devrait plus exister ! Je ne-
- Zéphyr !
Inconsciemment Zéphyr avait commencé à serrer chacun de ses bras de plus en plus fort. Ses ongles commençant à laisser des marques sur sa peau. Evelyne l'attrapa. Mettant son front contre le sien en essayant de faire de son mieux pour la retenir.
- Zéphyr calme toi ! Tu vas te faire mal !
- Lâchez moi !
Elle essayait de se libérer mais pour une quelconque raison elle n'y arrivait pas. Peu importe à quel point elle se débattait. La frustration montait en elle.
- Vous ne pouvez pas être ma mère ! Pourquoi vous me faites voir tout ça !
Un sanglot lui prit à la gorge. L'empêchant de parler le temps qu'il passe. Elle sentait bien qu'elle recommençait à pleurer. Sa voix se faisait plus faible. Et sa capacité à se débattre aussi. Elle se faisait de plus en plus faible et Evelyne la regardait tomber à genoux juste devant ses yeux. L'expression désolée sur le visage de sa mère ne rendait les choses que bien pire pour elle. Elle se sentait tellement horrible de la rejeter mais c'était plus fort qu'elle.
- Arrêtez de me regarder comme ça... mais où est ce que je suis...
Il y eu un moment de silence. Avant qu'Evelyne ne se mette à genoux. Venant doucement prendre Zéphyr dans ses bras. Cette dernière n'avait pas la force de résister. Elle ne put que fermer les yeux.
- Tu es chez toi Zéphyr.
Il y eu de nouveau un instant de silence. Avant que Zéphyr n'ose parler à nouveau. Ses souvenirs flous. Les choses qui lui revenaient. La présence de ses proches. La façon étrange dont les choses se passaient. Tout ceci l'amenait à une réalisation.
- Rien de tout ceci n'est réel. Pas vrai ?
Au fond d'elle. Elle voulait que Evelyne lui dise non. Elle voulait être rassurée. Elle voulait que tout ceci sois vrai. Mais elle savait que la vérité était tout autre. Et à ce stade c'était plus qu'evident.
- ... C'est vrai.
Evelyne vit quelqu'un s'assoir à sa droite. Quand elle regarda dans sa direction. Elle vit Hélène. Qui vint doucement poser sa main sur son épaule. Elle aussi avait ce même air désolé. Zéphyr ne supportait plus ce regard. C'était ce regard qu'elle avait toujours voulu recevoir. Celui de la compréhension. Un regard dénué de jugement. Venant de quelqu'un qui comprenait qu'elle souffrait. Et qui au lieu de la juger, se sentait désolé pour elle.
- Mais est ce si grave ?
Hélène retira sa main. Venant déposer sa tête contre l'épaule de Zéphyr comme elle avait l'habitude de le faire autrefois.
- Il n'y a plus rien pour toi dans l'autre monde Zéphyr. Plus rien de bon. Nous ne sommes plus là. Et tu n'acceptes plus du tout le bonheur. Alors... pourquoi partir ? Ici nous sommes tous ensemble. Nous sommes heureux ! Tu n'as aucune responsabilité envers tes compagnons actuels.
Elle ne supportait pas d'entendre tout ça. Elle espérait presque que cette voix revienne lui rappeler la réalité pour la sortir de tout ça.
Mais au lieu de ça.
" Elle n'a pas tord tu sais. "
- H-hein ?
" Tu ne sers pas à grand chose pour le groupe que tu as rejoins Zéphyr. Tu n'es pas utile , pas une nuisance. Tu n'es...rien. Ils ne perdraient pas grand chose si tu restais ici. "
Elle n'arrivait pas à y croire. Même cette voix desincarnée s'y mettait maintenant. Elle était là. Enlacée par les deux personnes les plus chères à son cœur. Et elle ne s'était jamais sentie aussi pitoyable et esseulée.
- Vous ne pouvez pas dire ça...
- Zéphyr. Je sais que tu as du mal à l'accepter. Mais s'il te plaît réfléchis y bien... quel est le mal à vivre ici ? Si tu n'as plus rien dehors. Et si tout est parfait dans ce monde. Alors ne penses tu pas... que c'est ta toute dernière chance d'être heureuse ?
À ces mots. Zéphyr rouvrit les yeux.
Heureuse ?
Heureuse...
Oui. Oui certainement. Si elle acceptait cet endroit. Elle finirait sûrement par oublier qu'elle est dans un rêve. Elle oublierait toutes les mauvaises choses qui lui sont arrivées. Elle oublierait que tout ceci n'est pas réel. Et finalement. Elle passerait le reste de ses jours ici avec ses proches. Elle serait heureuse.
Quelle idiote. C'était aussi simple que ça.
Zéphyr semblait doucement se calmer. Elle regardait le sol, l'air épuisée. Avant de doucement relever les bras. Prenant sa mère de l'un et Hélène de l'autre. Les serrant fort contre elle. Les deux femmes semblaient penser que Zéphyr avait accepté leurs mots. Qu'elle avait accepté de rester. Le soulagement sur leur visage était évident.
Pourtant. Bien assez vite. Zéphyr les avaient lâché. Evelyne sembla confuse quand elle avait commencé à se redresser. Mais ne voulant pas la gêner elle la laissa faire. La regardant l'air confuse.
Zéphyr semblait tellement fatiguée.
- Je...
Elle les regarda. Détourna le regard un instant. Avant de les regarder à nouveau. Se tenant nerveusement les mains.
- Je vous aime tellement. Je suis désolée. Je n'ai jamais été à la hauteur et je n'ai pas su vous protéger.
Elle aurait voulu tenter de sourire. Mais qu'elle importance à ce stade ? Cet endroit n'était pas réel. Elle serait tellement stupide de l'utiliser pour extérioriser ses démons.
Elle détourna définitivement le regard. Commençant à s'éloigner. Mais Evelyne eu tôt fait de se redresser.
- Attend !
Elle attrapa la main de Zéphyr qui s'arrêta.
- Pourquoi ? Pourquoi est ce que tu insistes tant à partir ? Je...je ne comprend pas. Qu'est ce qu'il y a dans ta vie qui t'amènerais à abandonner ce bonheur ?
Il y eu un instant de silence. Avant que Zéphyr ne puisse répondre.
- Il n'y a rien.
Evelyne fronça les sourcils. Elle ne comprenait pas. Hélène juste derrière elle était autant dans l'incompréhension qu'elle.
- Alors pourquoi ?
" Oui ma chère. Pourquoi donc ? Dis nous. "
La voix semblait presque se moquer d'elle. Elle se souvenait maintenant. Elle savait qui il était. Elle savait bien pourquoi elle devait partir.
Elle se retourna. Regardant Hélène et Evelyne tour à tour. Avant que son regard ne s'arrête sur sa mère. Son visage inquiet lui détruisait le cœur. Zéphyr commença doucement à dégager sa main sans la quitter du regard. Elle ne pouvait rien y faire.
Une fois sa main libre Zéphyr se recula d'un pas. C'était sûrement la dernière fois que son image mentale de sa mère et son aimée serait aussi limpide. Aussi claire. Si elle ne pouvait rien avoir d'autre. Elle voulait au moins se souvenir une dernière fois de leurs visages. Prendre cet instant pour ne jamais les oublier. Ni elles. Ni ce qui leur était arrivée. Ce qu'elle avait perdu. Ce qu'elle n'arriverait plus jamais à retrouver.
Pourquoi elle devait partir ?
C'était simple.
- C'est parce que je ne mérite pas le bonheur.
Et soudainement. Comment si les fondations même du monde s'écroulaient devant ses yeux. Tout sembla voler en éclat.
L'étrange créature informe avançait maladroitement vers Ben. Ce dernier restait sur ses gardes, reculant progressivement et prenant le temps d'analyser son adversaire. Il ne savait pas qui ou quoi l'avait emprisonné dans cette illusion, mais il saisissait que son contenu était formé à partir de ses propres cognitions. Même s'il ne parvenait pas à placer un prénom sur tous les visages constituant ce monstre, il les reconnaissait tous.
« Beeen... Teeeends ta maiiiin... »
Toujours cette même demande, répétée en boucle à l'unisson. Une dizaine de bras décharnés étaient tendus vers lui. Ben se demanda si cette créature était véritablement agressive. Son apparence était particulièrement déplaisante, mais son comportement ne semblait pas forcément traduire d'animosité particulière. Ben décida de s'arrêter de reculer, laissant la bête approcher. Elle fit quelques pas de plus, se rapprochant du scientifique... avant de s'arrêter en face de lui. Les mains étaient tendues, à quelques centimètres de son visage. Des mains de bêtes, griffues... mais aucune n'essayait de lui arracher la tête ou de lui trancher la peau. La créature gardait simplement les bras tendus, attendant une réaction de Ben.
« … ta maiiin... »
Le jeune homme resta silencieux, se relâchant un peu en déduisant que la chose ne semblait pas spécialement hostile. Que se passerait-il, s'il acceptait de serrer l'une de ces mains ?
« Je t'aime... Benjamin... »
« Même si tu ne veux pas l'accepter, tu es humain. »
« Peut-être que tu as déjà trouvé des gens comme ça, dans ta vie, toi aussi... mais que tu as choisi de les repousser au lieu de saisir la main tendue. »
Cette illusion s'était formée depuis ses propres cognitions. Ses souvenirs, ses sentiments. Tout y avait un sens. Et, même s'il aurait aimé le nier, ces apparitions et leurs étranges paroles devaient, elles aussi, traduire un sentiment sommeillant en lui. Ben comprit alors. La part de lui-même qui s'exprimait à travers ces illusions... il pensait s'en être débarrassé il y a plusieurs années. Mais il semblerait qu'elle subsistait toujours, dans un coin de son cerveau.
Cette part de lui qui s'accrochait toujours à la possibilité qu'il puisse être humain. Qu'il avait simplement fait fausse route pendant tout ce temps. Qu'il pouvait encore changer.
Et tandis qu'il réalisait ça, une des mains tendues changea d'apparence. Ses griffes se rétractèrent. Sa peau prit une teinte plus vivante. Ses traits s'adoucirent. Une main humaine.
Que se passerait-il, s'il prenait cette main ? S'il acceptait de réessayer ? Qu'il retentait d'aller vers autrui... ?
Les yeux de Ben s'écarquillèrent soudain alors qu'il considérait cette possibilité. Pour la première fois depuis longtemps, il ressentit la terreur. Il savait ce qu'il se passerait.
La souffrance. Cette même souffrance que je ressentais à tout instant quand je faisais encore semblant. Quand j'essayais encore de fuir ce que j'étais. Une souffrance si intolérable que je me sentais obligé de m'écorcher la peau en espérant qu'elle s'évade de mon corps.
Je ne veux pas. Je ne peux pas. Plus jamais. Il est trop tard, de toute manière. Il n'y a plus de retour en arrière possible. Retenter ? Après toutes ces années ? Après avoir fait souffrir tant de gens... ? Devoir admettre que je faisais fausse route tout ce temps ?! Impossible
Je sais ce que je suis.
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J'ai grandi dans un minuscule village, perdu au milieu de vastes prairies, loin du monde civilisé. Un microcosme parfaitement fermé, ici depuis des temps immémoriaux, peuplé par à peine plus d'une cinquantaine de petits paysans sans ambition. Une communauté soudée, où tout le monde se connaît, où tout le monde croit en les mêmes traditions. Un endroit si fermé et arriéré qu'on y croit encore en une religion monothéiste tombée en désuétude partout ailleurs.
Tout le monde était croyant, dans ce village. Tout le monde vénérait cette même figure sans nom ni visage : Dieu. Une entité dont on disait qu'elle voyait tout, savait tout, pouvait tout. Qu'elle avait créé le monde, qu'elle était responsable de chaque naissance et de chaque départ. Tout le monde croyait en ses enseignements, en l'importance d'aider son prochain et de l'altruisme.
Mon père était l'un des hommes les plus pieux du village. Un fervent croyant, respecté et aimé de tous. Je ne l'ai pas connu longtemps. Il est mort quand j'étais jeune. Mais je me souviens qu'il aimait me raconter des histoires. Des petites fables transmises au sein du village depuis des générations et des générations, vouées à enseigner les valeurs de la communauté aux plus jeunes en des termes simples.
Souvent, dans ces histoires, il était question de monstres. Des créatures diaboliques, malicieuses et mauvaises, vouées à faire souffrir les humains. La morale restait cependant toujours la même : les monstres finissaient toujours vaincus par l'Homme. Car, si le monstre est une créature terrifiante et puissante, il est aussi toujours seul, incapable de compter sur qui que ce soit. Alors que les humains, eux, car ils sont capables d'empathie, peuvent développer des choses comme la camaraderie, l'amitié et l'amour. Ils peuvent s'unir les uns aux autres et, de cette manière, triompher du terrifiant monstre par la coopération.
Des messages simples, voués à apprendre aux enfants du village l'importance de maintenir notre petite communauté aussi solide que possible afin de pouvoir contrer toute potentielle menace extérieure. Mais tandis que la figure du monstre était supposée évoquer la crainte et la révulsion chez les enfants, elle provoquait à la place un étrange intérêt chez moi.
Bien des années plus tard, après que j'ai quitté ce village pour partir à la découverte du monde, j'ai pu comprendre que cette représentation folklorique du monstre était quelque peu fantasmée. Partout ailleurs, le mot « monstre » sert simplement à désigner une catégorie d'animaux plus ou moins dangereux pour l'Homme et qui, contrairement aux histoires de mon père, sont généralement parfaitement capables de socialisation.
Malgré cela, la définition du « monstre » qu'on m'a enseigné pendant mon enfance reste toujours solidement implantée dans mon esprit.
Un humain est un être caractérisé par sa capacité d'empathie.
Un monstre est un être renié par Dieu, voué à la solitude, naturellement attiré par le mal et son désir de faire souffrir les hommes.
Ce sont ces certitudes qui ont conditionné cette conclusion que j'ai bien été obligé de devoir admettre, il y a plusieurs années.
Je ne suis pas humain.
---
La créature informe recula vivement en poussant un hurlement distordu. Elle rétracta un de ses bras. Au bout de ce bras, une main sanguinolente et crispée. Avec deux doigts en moins. En face de la bête, Ben se tenait silencieux, agrippant fermement son scalpel. Son regard était porté vers le sol métallique. Deux doigts sectionnés gisaient à ses pieds.
Plus de retour en arrière possible.
Le scientifique s'élança vers la créature apeurée. Cette dernière tendit ses bras devant elle, pas pour attaquer mais pour se protéger. Ben tailla, trancha, entailla. D'autres doigts volèrent, la chair des longs bras osseux commença à prendre une teinte de plus en plus rougeoyante.
Je ne veux plus faire semblant.
La pitoyable apparition hurla de plus belle, tandis que le scientifique continuait de l'écorcher sans relâche. Les mouvements de Ben étaient rapides, vifs. Ses yeux grands ouverts, ses pupilles dilatées. Un regard traduisant une intensité et une concentration bestiales. Un animal en train de déchiqueter sa proie.
Plus jamais je ne souffrirais comme ça. Jamais.
Au fil de cet assaut incessant, sa blouse s'entachait de plus en plus du sang sombre et visqueux de la créature. Ses cheveux ébouriffés retombaient chaotiquement sur son visage. Il n'en faisait aucun cas. Il était plongé dans un élan de violence et de pure dépravation, autant accorder son apparence à l'occasion.
Je n'ai besoin de personne. J'écraserai tout le monde.
La créature ne se défendait pas. Elle se contentait de subir en continuant de hurler et gémir. Son corps était presque complètement démantelé, mais Ben continuait. Il écrasait, piétinait, griffait, tranchait... Tout ce qui n'était pas déjà trempé de ce sang collant et sale devait y passer aussi. Alors il continua. Encore. Et encore.
Parce que je suis...
Puis il s'arrêta. La bête ne criait plus. Elle ne faisait plus aucun bruit, à vrai dire. Plus aucun visage ne pouvait être distingué. Ils avaient tous fusionné en une mélasse d'un rouge sombre, un gros tas ratatiné et putride. Ben se tenait debout, couvert de sang. Il respirait doucement, profondément, tandis que l'illusion s'estompait autour de lui. Sale. Échevelé. Bestial.
… Un monstre.
Enfermée comme un animal, la jeune alpiniste se trouvait bien démunie. Elle tentait, tant bien que mal, de calmer sa respiration afin de faire descendre son angoisse pourtant grandissante.
Les larmes montaient sans qu’elle ne puisse en garder un quelconque contrôle, mais, paradoxalement, son cœur ralentit. Doucement, son esprit sortit de la brume, ce qui lui permit d’analyser plus en profondeur la situation.
Elle avait beau être candide au quotidien, elle gardait toujours quelques trucs et astuces utiles en situation de survie, la panique pouvant être fatale en haute montagne. Ainsi, elle fit preuve d’un sang-froid assez étonnant lorsque son corps fut paré à observer les alentours.
Une des premières constatations qu’elle fit est que son reflet avait changé. Elle ne connaissait pas ce visage mais, à la vue de cette expression vide d’une quelconque émotion, elle devina qu’il s’agissait de sa marionnette. Il est vrai que ses poignets étaient liés en ce moment-même, un sacré obstacle pour se dépêtrer de cette situation.
Secondement, elle était encerclée, autant par ces murs de glace que par ses compagnons de bataille. Ironiquement, elle se trouvait dans un des lieux les plus sécurisés pour elle dans un endroit pareil. ça n’était clairement pas parfait, ne serait-ce que par la présence de Serena, mais elle n’était plus à découvert pour les secondes à venir.
Que tirer de tout ça ?
Un soupir. Onérone marchait plus à l’instinct qu’à la réflexion, après tout. Si la solution ne s’imposait pas d’elle-même, alors celle-ci prendrait certainement une forme alambiquée. Qu’est-ce que ça l’ennuyait, d’être stupide…
…
…
- Vous m’en voulez tant que ça ? Tous ? Sans aucune exception ? lança l’alpiniste, la voix teintée de tristesse. Je n'ai donc plus rien à perdre ?!
Une râle groupée en guise de réponse. Au fond, elle n’avait pas besoin de saisir ce qui avait été dit : elle l’avait déjà compris. Cette confirmation ne servait qu’à abattre la barrière qui la séparait de l’idée qui avait germé à l’instant dans son esprit. Elle pouvait se tromper, mais…
- … Cette fois… où j’ai utilisé la statuette…
… Je n’en ai quasiment aucun souvenir concret. Là, pourtant, je ressens cette influence en étant parfaitement consciente. Et… j’ai un peu honte de l’avouer, mais… Il manque ce plaisir que j’avais à cet instant : Tout ce qui me reste de cette journée sur le plateau de jeu. J’imagine difficilement séparer ma marionnette de cette émotion de joie.
La phrase s’était perdue peu à peu dans le vent glacial de la montagne. Peut-être ne voulait-t-elle pas qu’on l’entende, au fond. Pourtant, utilisant à nouveau ce timbre, elle termina :
- J’étais bien dans un rêve… C’est vrai que j’avais quelque chose à faire, à l’origine…
À ces mots, la sensation de froid s’arrêta net. Le monde où elle se trouvait à ce moment-même perdait de son emprise sur la jeune fille qui ne put s’empêcher de sourire amèrement face à ce constat.
- C’est mieux comme ça... fit-elle en se levant, étrangère à ces regards mauvais qui ne cessaient de fuser sur elle.
… Madame ! Mélo ! … Mélodie ! Tu m’sors de là ?
Aucune réponse, encore. Voilà qui était inquiétant. Elle soupira d'épuisement.
-... OK, j’ai compris, je vais me débrouiller ! Mais tu le dis à personne, ce que j’ai fait ! Sinon, on va m’en vouloir pour de vrai.
À deux doigts de bouder le ciel au milieu d’une horde de zombies oniriques. C’était bien Onérone.
- Mais si jamais… Depuis que je suis descendue rejoindre le groupe, et donc la société humaine, je crois que je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie.
J’ai l’habitude d’avoir peur - j’veux dire, j’ai vécu chaque seconde de ma vie en sachant que je pouvais la perdre à tout instant. Mais là, c’est une peur toute nouvelle, à laquelle j’ai encore beaucoup de mal à m’accoutumer… Je ne risque pas forcément de mourir, mais c’est quelque chose d’encore plus effrayant, l’idée de redevenir solitaire…
Je sais que j’y arriverai un jour, à craindre les gens, l’avenir, mon avenir à moi comme je crains la nature. Alors on va dire que c’est une première marche !
D’un violent mouvement de bras, Onérone tira sur ses ficelles. Attendant un instant que ça morde, elle fit descendre son gros poisson :
Ulrich.
- J’suis censée avoir peur de toi, donc ça me semblait possible de faire ça, répondit-elle, presque blasée, au visage malicieux du bibliothécaire onirique.
Je n’ai pas accès à ma vraie marionnette ici, ça craint un peu. Ça te dirait… de faire un autre pacte ?
Les mandibules rousses du diablotin s’approchèrent du minois ennuyé de l'alpiniste, l’oreille intriguée par cette soudaine demande.
- Tu me files de quoi sortir du cauchemar, et en échange… T’es ma dernière crainte du jour, une très grosse en plus ! Lui hurla-t-elle finalement dessus.
- …
- T’sais, la peur que je devienne une zinzin comme toi un jour. C’est déjà un peu le cas, sur certains points !
- …
- Si tu dis oui, je vais sûrement me pisser dessus dans la réalité. T'sais, à cause du stress.
Cet argument étant assez convaincant pour lui, Ulrich sortit de sa petite poche, dans une moue désinvolte, une arme relativement impressionnante : Un marteau absolument gigantesque, d’où étaient accrochés divers bracelets chaman, glyphes magiques, et quelques auto-collants enfantins qui n’avaient rien à faire là.
- Cool. Souffla-t-elle, bluffée, tout en fixant les soleils à chapeau collés au manche.
Puis, ignorant son inquiétude pour ce qui l’entourait, elle abattit le fameux marteau sur le pic de la montagne qui lui faisait face, brisant celle-ci se brisant en mille morceaux. La réalité s'écroula à cet instant.
Le mage noir fronça les sourcils devant les paroles de son ami… ou plutôt ancien ami. Cela ne lui ressemblait pas et il le savait. Comment un allié aussi droit et gentil que Dario avait pu finir comme ça ? comme… une bête enragée ?
-Non mais est-ce que tu t’entends ? On a combattu ensemble, tu es même venu toi-même me sauver à Arcanis et maintenant tu veux m’éliminer ? Il t’as suffi d’un seul accident… pour changer d’avis et céder à la haine ? C’est comme ça que tu veux que ça se termine ?
Le guerrier de l’espace referma sa prise sur son arme, visiblement prêt à repartir à l’assaut malgré les dégâts subis précédemment.
-C’était bien plus qu’un accident ! Tu as tout détruit, tout ! Tu n’es rien d’autre qu’un danger ! Mon erreur a été de te laisser en vie pendant tout ce temps !
Il s’élança subitement sur Guillaume, son épée laser en main. Le mage saisît son arme qui avait l’apparence d’une faux et para de justesse l’attaque de son assaillant.
-M’éliminer ne règleras rien, et tu le sais ! fit-il en bloquant la lame de Dario.
L’extra-terrestre ne répondit pas, il poussa un cri de rage, repoussant Guillaume, il prit son arme de tir, comme pour exécuté sa cible. Ne voyant pas d’autres solutions, le mage usa l’un de ses sorts dans la précipitation. Il envoya du bout de ses mains un nuage de ténèbres, ce dernier était encore plus épais et plus noir que tout ceux qu’ils avaient pu envoyer jusqu’à présent, les tirs de laser semblait être absorber par ce dernier et le faisait grossir à vu d’œil. Ne contrôlant plus son propre sort, le mage noir recula, essayant de comprendre ce qui passait. Le nuage explosa violement lorsqu’il arriva au niveau de Dario, créant un écran de fumée. Après quelques secondes de calme, la fumée se dissipa, le guerrier de l’espace tenait un bouclier laser sur son bras gauche, il avait visiblement eu le temps de bloquer le plus grosse partie des dégâts.
Guillaume regarda ses mains, encore fumante de magie noire, comprenant que ses sorts ne sont plus ce qu’ils étaient. Pendant un instant l’idée lui traversa la tête, était-ce vrai ? était-il réellement dangereux avec sa magie noire ?
-Vas-tu encore prétendre que ta magie est sans danger ? Fit Dario en désactivant son Bouclier, l’air agacé.
Le nécromancien eu un instant d’hésitation. Il ne voulait pas lever la main sur celui qu’il considérait encore comme son ami, mais le moindre sort pourrait le tuer… voir les détruire tout les deux.
-La magie peut être dangereuse… comme n’importe quel arme. Mais…
Il reprit sa faux avec une poigne ferme, plus pour se défendre que pour attaquer.
-Cela ne signifie pas que j’ai de mauvaises intentions.
Il fixa ensuite Dario, comment pour essayer de le comprendre pendant un instant.
-Est-ce que tu me détestes juste pour l’usage de la magie ?
Le guerrier de l’espace grinça des dents, comme si il se sentait provoqué. La rage qu’il éprouvait semblait croitre de plus en plus.
-Je vous déteste toi et ta magie pour tout le mal que vous avez fait ! Hurla-t-il
Il s’élança tout de suite après sur Guillaume, tentant de l’atteindre avec son épée laser. Cependant, le mage noir pu anticiper mieux l’assaut. Il échangea quelques coups au combat rapproché contre le mercenaire de l’espace, il avait suffisamment combattu avec lui pour connaître certains de ses mouvements au combat. De plus, Dario était aveuglé par la rage et ne combattait pas comme il le faisait avant. Guillaume profita d’un de ses mouvements pour bloquer un instant l’arme de son ami et se contenta de lui envoyer une gifle sur la figure, comme pour tenter de le réveiller.
Dario recula alors, choqué de ce geste.
-Tu n’est qu’un monstre ! a-t-il pesté en se remettant de ce geste.
Cette fois-ci, Guillaume le regarda mais avec un air sévère, comme pour le juger.
-Le seul monstre ici… c’est toi. Tu n’es pas le Dario que je connais.
-Tais-toi ! Tu es le plus mal placé pour juger !
Il se remis en charge dans un nouvel élan de rage. Il était hors de lui. Incapable de se concentrer, Guillaume n’eu aucun mal à le repousser et après avoir paré deux coups, il put décoller une autre gifle à l’extra-terrestre et profita de sa surprise pour saisir son bras et l’envoyer à terre.
-Le Dario que je ne connais n’aurait jamais fait un tel caprice, il m’aurait soutenu, il m’aurait aidé à comprendre ce qui ne va pas chez moi et il aurait tout fait pour m’aider à réparer tous les dégâts que je pourrais avoir causé malgré moi. Toi… tu n’as rien de lui… Tu ne vaux pas mieux qu’Arido.
-C… Comment oses-tu ?
Il se relevait encore une fois, motivé par la seule idée de se débarrasser de son ancien ami qu’il identifiait maintenant comme un ennemi.
-Ne me compares pas à lui après ce que tu as provoqué !
Le mage tourna le regard un instant vers le paysage obscur qui les entourait. Les ténèbres étaient partout et diverses créatures ressemblant à ses invocations erraient sans véritable but. Peut-être était-il effectivement le source de tout ceci ? Mais comment cela a-t-il pu arriver ? Face à quel adversaire cela s’était produit ? …
-Ce que j’ai provoqué hein ?... Contre qui est-ce arrivé ?
-Tu es sourds ? C’est en affrontant l’étoile sombre que c’est arrivé !
Il essaya de souvenir alors de l’étoile sombre, des gens de cette organisation qu’il avait rencontré et combattu. Grégory, Valériane, Bastien, Adrien, Emmanuel, Wolf, Oswald, Drake, Darkiros… des noms et des visages lui revinrent en tête… mais impossible de se souvenir de ses derniers affrontement contre l’étoile sombre. C’est comme si cela avait toujours eu lieu mais que ça s’était arrêté sans explication.
-Contre quel membre de l’étoile sombre est-ce arrivé ?
-Ça ne changera rien, ta magie a déjà tout réduit en ruines, il n’y a plus d’étoile sombre !
Cette fois-ci c’est le mage noire qui commença à s’énerver et s’approcha d’un pas lourd vers le guerrier de l’espace.
-Contre qui je me battais quand c’est arrivé ?! Que s’est-il passé exactement ?! Criait-il
Dario ne répondit pas, il attrapa son blaster et tenta de tirer une nouvelle fois sur Guillaume. Ce dernier prit sa faux et la lança dans sa direction. Bien que le lancer d’arme n’était pas une pratique de combat du mage, l’extra-terrestre fut heurté à la main par le manche de l’arme alors qu’il essayait de bloquer le coup au dernier moment. Ce fut suffisant pour lui faire lâcher son arme. Perdant sa concentration, il ne vit pas Guillaume s’approcher de lui, ce dernier le saisit alors par le col et commença à le secouer en lui criant dessus.
-Qui est-ce qu’on affrontait ?! réponds-moi Bon sang ! Contre qui ?! Réponds !!!
Pendant qu’il secouait son ami, un bruit d’arme retentit. La prise de Guillaume faiblit alors, il grimaça de douleur. Dario venait de déployer son arme laser, lui transperçant le flan droit avec cette dernière. Il ne put viser précisément aucun point vitaux dû à la confusion de la confrontation. Le mage avait déjà été blessé au combat par le passé, mais ici la douleur était intense, d’autant plus qu’elle lui avait été infligé par une personne en qui il avait confiance.
-Tu devrais revoir ton jugement de monstre… Souligna Dario, presque fier de son coup, bien que de l’amertume et du dégout étaient toujours présent sur son visage.
La main gauche du mage tenait toujours le col du guerrier de l’espace, il porta sa main droite vers la blessure, réalisant ce qui était en train de lui arriver… Le blessure était vive et douloureuse, son ami le regardait avec du dégoût, le monde n’était plus que chaos et ténèbres, l’escouade et l’étoile sombre n’existait plus, sa magie était incontrôlable et anormalement puissante toutes ces informations se mêlaient en même temps dans sa tête. Il n’y avait plus de logique, rien n’était cohérent pour lui. La vie était devenu un cauchemar.
-Ça…ça ne se peut pas… Disait-il péniblement
-Vois la réalité en face, tu es la pire chose encore présente en ce monde !
Les horribles paroles de Dario ne semblait plus vraiment l’atteindre, il avait compris qu’il n’arriverait pas à le raisonner. Mais cela semblait toujours inconcevable que le Dario en qui il avait confiance puisse finir ainsi, même dans le pire des monde.
-ça… peut pas être réel…
-Assez ! Cria Dario en repoussant Guillaume et sortant sa lame du corps encore saignant de ce dernier, lui arrachant un cri de douleur au passage. Tu es dans le déni et je vais me débarrasser de toi et de la plaie que tu représentes dans cet univers !
Il ramassa son arme de tir et visa Guillaume avec cette dernière, il était déterminé à exécuter le mage. Le nécromancien regardait l’arme et les yeux de son ami. Des yeux plein de haine et de rancune. Il était blessé et confus. Mais en croisant une nouvelle fois le regard de Dario, il réalisa une chose : il ne pouvait pas accepter une telle haine en provenance de son ami, son ami était tout le contraire de ce qu’il est maintenant… Il refusait de voir son ami dans cet état plus longtemps.
Le mage fit un geste brusque de son bras rempli de ténèbres, il voulait faire pousser une haie aux pieds de son ami mais c’est un immense arbre mort qui apparue à la place, en poussant subitement sous les pieds de Dario, il rata son tir de blaster et bascula en arrière. Ne voulant pas lui laisser le temps de se reprendre, il fit pousser des ronces autour de ce dernier comme pour l’immobiliser, encore une fois il ne contrôla pas vraiment son sort et ce fut très vite d’énormes tas de plantes et d’arbustes qui firent leurs apparitions dans tout les sens, obstruant le passage, la vue, gênant les mouvements aussi bien de Dario que de Guillaume. Le guerrier de l’espace, toujours motivé par la rage, prit son arme de corps à corps et trancha aveuglément toutes les plantes qui passèrent à sa portée. Pendant qu’il découpait toutes ces plantes poussant sans arrêt, une brume se leva, une brume très épaisse et étouffante… La vision de Dario devint trouble, il commença à tousser… c’était une brume toxique. Mais elle ne se contenta pas de seulement lui donner la nausée, il commençait à ressentir une sensation de brûlure sur ses membres, il se sentait également de plus en plus faible, la brume semblait lui saper ses forces.
Il essayait toujours de se débattre de donner des coups avec son arme, les plantes n’arrêtaient pas de pousser et remuer de façon frénétiques.
Une silhouette finit par apparaitre dans ce chaos, il pensait que c’était Guillaume mais elle était trop grande pour être lui. C’était une sorte d’animal immense… il avait quatre pattes… non huit. A mesure qu’il s’approchait, la brume se dissipa légèrement pour la rendre visible. On aurait dit un cheval mais c’était beaucoup plus monstrueux que ça. La forme d’un équin était bien là mais avait trop de membre, la chair de l’animal était pourri par endroit et laissait même voir les os. Pire encore, Ce n’était pas une tête de cheval c’était un immense squelette cornu qui sortait de l’endroit où devrait se trouvait normalement une tête. Ce dernier avait de multiples membres qui gesticulait dans tout les sens, des yeux rouges dégoulinant de sang et poussait un cri strident, impossible de dire si c’était de la douleur, de la colère ou autre chose.
Le guerrier de l’espace tenait toujours sa position de combat, pensant que Guillaume lui avait envoyer cette chimère pour le tuer. Mais arrivé au niveau Dario, la créature s’effondra subitement, visiblement incapable de faire quoi que ce soit d’autres qu’avancer. Alors que le haut de la créature tombait au sol en poussière, Guillaume surgit soudainement de l’invocation qui s’effondrait, prenant Dario par surprise il le prit dans ses bras et le plaqua violement au sol.
-Ce n’est pas réel ! Ce n’est pas réel ! était-il en train de crier. Un tel monde ne peut pas être réel !
-Tu es devenu fou ?! lâche moi ! Fit Dario en essayant de se débattre
Le mage noir ne lâchait pas prise, il continuait de le serrer dans ses bras dans l’objectif de le bloquer et de le maintenir au sol. Dans le même temps. Il semblait prendre une grande inspiration, la fumée noirâtre qui obscurcissait les lieux se rassemblait dans le corps de Guillaume, chargeant ce dernier.
-Qu’est-ce que tu fais ?!
-Ce n’est pas réel ! Ce n’est pas possible ! Je ne l’accepterais pas ! Je n’accepte pas ce monde !
Le corps de Guillaume commençait à briller en violet, ses yeux devinrent progressivement noire, son corps vibrait frénétiquement. Il semblait préparer le seul sort que tout deux redoutaient…
-Espèce d’inconscient ! Tu vas nous tuer tous les deux ! Tu n’oserais pas quand même lancer la…
-C’est bien ça… La Furie de thanatos… que va donner ce sortilège aussi dangereux ici ? Dans ce monde irréel ou rien ne va et chacun de mes sorts est mortel ?
-Arrête ça tout de suite ! Lâche moi ! Continuait-il de hurler
-Non ! Je ne veux pas d’un monde sans le Dario que je connais ! Et tu n’es pas le Dario que je connais ! Je veux que nous disparaissions tous les deux… et que ce monde cesse d’exister !
-Lâche moi espèce de fou ! Lâche moi !!!
Le corps de Guillaume ne lui répondait plus, le sort qu’il avait lancé avait pris le dessus sur lui. Il n’avait presque jamais utilisé la furie de Thanatos car il savait que ce sort était très dangereux, qu’allait-il se passer une fois utilisé dans ce monde où la magie noire est instable et incontrôlable ? Son corps se mit à briller d’une couleur pourpre aveuglante. Dario était toujours immobilisé dans ce chaos provoqué par les sortilèges de Guillaume. L’extra-terrestre poussa un dernier hurlement de rage, puis une gigantesque explosion assourdissante se produisit, rasant intégralement les lieux et s’étendant dans un rayon incalculable.
Ce fut le néant, il ne restait absolument plus rien de ce monde, il avait cessé d’exister.
Màj - Groupe 1
Zéphyr se réveilla. Enfin, à moitié. Elle était encore dans cet état à moitié conscient, gardant les yeux fermés. Une part d’elle se disait que peut-être, si elle se rendormait, elle pourrait retourner avec eux, qu’il n’était pas trop tard pour changer d’avis…
Non. Elle avait choisi de partir. Plus qu’un choix, elle n’avait pas le droit de rester là-bas. Il lui fallait se réveiller maintenant.
Elle ouvrit alors les yeux avant d’observer autour d’elle. Elle se trouvait dans une chambre. De taille moyenne, la pièce, dont les murs étaient décorés par des motifs argentés, ne lui évoquait rien qu’elle connaissait. L'esthétique de cet endroit lui rappela ceci dit la salle à manger où ils se trouvaient avant, dans le château des Terres d’Argent. Est-ce qu’elle s’était assoupie pendant le repas et avait été emmenée dans une chambre pour se reposer ? L’idée l’embarassa, c’était tout le contraire de faire bonne impression en tant que mercenaire.
Elle se trouvait sur un lit à l’épaisse couverture bleue. Bien qu’encore entièrement habillée, elle ne pouvait s’empêcher de trouver le matelas confortable, et imaginait bien comment elle avait pu s’endormir dessus.
Le reste de la pièce était simple. Une fenêtre unique à l’opposée de la porte, une armoire, un petit bureau et une table de nuit à côté d’elle où-
Elle sursauta en voyant les cadres posés sur le meuble, ou plus particulièrement les photos logées à l’intérieur. Sa mère et elle, souriantes. Elle avait son âge actuel sur cette photo, cette scène était impossible. Une autre photo montrait un repas de famille. Une autre encore la montrait elle et Hélène. Ces photos semblaient directement tirées du rêve qu’elle avait fait.
Elle détourna aussitôt le regard. Si elle les regardait trop, elle risquait de vouloir y retourner. Alors, elle se leva.
Elle se dirigea d’abord vers la fenêtre, observant dehors. Elle put voir en contrebas le village des Terres d’Argent, confirmant qu’elle se trouvait bien dans une chambre du château. Cependant, quelque chose n’allait pas.
Le village était plus grand que ce dont elle se souvenait, et surtout, toute la montagne était couverte de verdure. Les canyons hostiles où ils avaient dû repousser les monstres avaient été remplacés par de vastes prairies bordant le village.
Perplexe, elle se dirigea vers la porte et sortit de la chambre. Elle arriva alors dans un couloir dont les murs avaient les mêmes décorations bleues et argentées que la pièce où elle était. Les motifs évoquaient ce qu’elle avait déjà vu dans le château avant de s’endormir, mais tout lui semblait… plus beau, plus propre.
Lorsqu’elle se retourna, elle écarquilla les yeux en remarquant son nom écrit en lettres d’argent sur la porte bleue de la chambre où elle se trouvait.
Elle se décida alors à traverser le couloir, celui-ci étant parsemé de portes similaires à la sienne, chacune marquée du nom de l’un des membres du groupe.
Au milieu du couloir se trouvait une intersection, les deux adoptant une forme de T. Ce second corridor ne contenait qu’une seule porte, tout au bout. Sur celle-ci était marqué le nom “Eléanor”...
Màj - Groupe 2
Max se réveilla. Elle sursauta, se mettant d’un seul coup en position assise. L’espace d’un instant, elle eut l’impression de se faire poignarder. Elle s’inspecta alors en panique, constatant rapidement qu’elle n’avait rien.
Elle laissa échapper un soupir de soulagement, prenant le temps de s’éveiller pleinement. Elle se releva alors avant d’observer autour d’elle.
Tout l’espace possédait une lueur violacée, que ce soit la couleur du ciel ou la roche composant le sol. Cet endroit ressemblait déjà beaucoup plus à l’île sur laquelle ils se trouvaient avant, même si des bouts de celle-ci flottaient dans le vide, tout autour d’elle.
Les décombres de l’usine étaient également là, mais eux aussi flottaient dans les airs. Ils volaient au centre de l’île, décomposés en plusieurs cercles de rochers tournant autour d’un centre de gravité invisible, les uns au-dessus des autres, formant une sorte de gigantesque tour de ruines s’élevant jusqu’aux nuages mauves qui parsemaient le ciel.
Pas de doute, cette fois, elle y était à leur “Monde des Rêves”.
- Ah, ça y est ! s’exclama une voix féminine résonnant dans sa tête. Max ? Tu m’entends ?
- Harmonie ?!
Max avait dit le premier prénom lui traversant la tête. Non, ça ne devait pas être ça.
- Mélodie, corrigea la concernée en souriant. Mais au moins le contact est rétabli.
- Rétabli ? interrogea Max. Qu’est-ce qui s’est passé ?
- C’est également ce que j’aimerais savoir.
Max tourna la tête, remarquant Ben qui venait de la rejoindre. Celui-ci avait les cheveux décoiffés, comme s’il venait de se réveiller. Il avait beau essayer de garder son calme habituel, il donnait tout de même l’impression qu’il venait de passer un mauvais moment.
- Ben ! s’exclama Max, très fière de s’être rappelée du prénom de son interlocuteur cette fois. D’où tu sors ?
Le scientifique fit un signe de la main, pointant derrière lui de son pouce. Max remarqua alors d’imposantes sphères noires qui se trouvaient à quelques mètres de leur position.
- Quand je me suis réveillé, j’étais au milieu de ces choses, expliqua-t-il nonchalamment.
Tandis que Max et Ben se dirigèrent vers le champ d’orbes, Mélodie leur expliqua les informations dont elle disposait :
- Juste après que vous soyez arrivés dans le Monde des Rêves, quelque chose vous a intercepté. Une sorte… d’énergie sombre, qui vous a entourés. Je sentais toujours votre présence, mais vous ne répondiez plus à mes appels.
- N’aurait-ce pas été un bon moment pour nous sortir de là, fit remarquer Ben en haussant un sourcil.
- J’étais toujours en mesure de m’assurer de votre condition physique, expliqua Mélodie. Si quoi que ce soit vous était arrivé, je vous aurais fait sortir, mais vous sembliez seulement… endormis. Je cherchais à comprendre ce qui se passait avant d’en arriver là.
- Donc, continua Max. Si on résume, il y a un abruti qui nous a tous endormis à la seconde où on a posé le pied ici et nous a enfermé dans nos cauchemars ?
Elle se gratta l’arrière de la tête d’un air agacé. Son plan à base de “si on est plus rapide qu’eux ils pourront pas nous piéger” était relativement tombé à l’eau. Elle décida de changer de sujet :
- Et du coup, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
- Tu dis que vous avez été piégé dans un cauchemar ? demanda Mélodie d’un air pensif. Si vous avez été en mesure d’en sortir de vous-mêmes, il est possible que les autres le puissent également.
- Donc on doit juste attendre que tout le monde se débrouille ? commenta Ben.
- Ça me semble être la solution la plus sûre, répondit Mélodie. Il serait trop dangereux de vous envoyer explorer la zone sans le reste du groupe.
Pas très efficace comme plan, songea-t-il. Ceci dit, il n’avait pas particulièrement envie d’aller aider tout le monde à affronter ses démons un par un. Et puis, une part de lui se disait qu’il n’était que justice que les autres se retrouvent aussi dans cette situation sans recevoir d’aide.
Point supplémentaire pour le plan de Mélodie, l’une des sphères venait à l’instant de se dissiper, dévoilant Onérone, allongée au sol. Celle-ci s’étira longuement tout en baillant. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle sursauta en voyant Max et Ben la dévisager.
- Vous m’en voulez toujours ?! s’exclama-t-elle alors.
Elle n’avait visiblement pas encore fait la différence entre son cauchemar et la situation actuelle. Ceci dit, voyant que ses deux alliés ne savaient pas de quoi elle parlait, elle se releva aussitôt d’un air enjoué.
Ils lui expliquèrent alors la situation. Elle hocha la tête sans comprendre une bonne partie des informations, mais avait globalement saisi que leurs amis étaient dans ces bouboules noires en train de faire eux aussi leurs propres cauchemars.
- Mais on va pas les laisser là et juste attendre quand même ! s’exclama-t-elle alors. C’est trop méchant !
Machinalement, elle se dirigea vers l’une des sphères avant de poser ses mains dessus. L’orbe était solide, l’empêchant d’atteindre la personne à l’intérieur. Comme pour secouer quelqu’un en train de dormir, elle tenta de pousser l’objet, en vain.
- Serena ! s’exclama-t-elle alors. On se réveille !
- Comment tu sais que c’est Serena ? commenta Max en haussant un sourcil.
- Et quand bien même ça le serait, poursuivit Ben. Rien n’indique qu’elle t’entend.
Toutes les sphères avaient effectivement la même couleur, et il était impossible de voir à l’intérieur pour savoir qui s’y trouvait ou même si la personne réagissait à la voix.
- C’est mon amie ! répondit simplement Onérone. Ça se ressent ces choses-là !
Soudain, l’orbe sur laquelle s’était appuyée l’alpiniste commença à se dissiper, s’ouvrant progressivement jusqu’à révéler… Guillaume. Le nécromancien se réveilla en panique, haletant. Il mit un certain temps avant de se remettre et de se relever, rejoignant le reste du groupe qui lui expliqua la situation.
Ils observèrent alors les sphères, attendant de voir qui serait le prochain à les rejoindre…
- Franchement, Guillaume et Serena... C'est un peu la même personne. Souffla l'alpiniste, la bouche tordue.
- J'veux dire, les deux ont une armure.
Suite à sa remarque, Guillaume regarda Onérone a peu près comme ça :
-Et qu'en est il des escarmouches au sud de la rivière ? Il me semblait que les Reptiles s'étaient fait les ennemis de tous les clans du sud...
-Bah ! Du passé que tout cela ! Les morts ont été honorés, et une fois les pourparlers terminés, le territoire des Reptiles a été converti en une grande plateforme commerciale.
-Sans vouloir vous offenser Régente du Feu, la culture des Reptiles est telle que-
-Mais écoutez la ! On pourrait presque croire qu'elle cherche à raviver les flammes du conflit !
Le reste de l'assemblée s'esclaffa, faisant monter le rouge aux joues de Hana. Était-ce réellement possible ? Juste comme ça, après son exil, des centaines d'années de conflits enfin terminées ? Elle ne voulait pas y croire, mais il était dur d'expliquer une telle poignée de main devant le temple de la Forge. Ce lieu sacré ne pouvait pas être un lieu d'embuscade ou de manipulation quelconque, aucun clan n'aurait pu se permettre un tel affront sans risque de perdre toute légitimité en tant que régent.
-Excusez moi, Régente. C'est juste que c'est...
-Surprenant ? Moi aussi j'ai été surprise. La désescalade s'est faite petit à petit, à l'inverse des conflits. Les champs de bataille sont assez vite devenus des petites échauffourées. Puis plus rien. Plus personne ne voyait l'intérêt de continuer. Les soldats ennemis avaient commencé à fraterniser, les grands diners mondains ouvraient leurs portes à qui voulait y entrer. Il y a à peine un mois, j'interrogeais moi même un lieutenant des Ombres pour pouvoir mieux attaquer sa ville, et aujourd'hui j'ai serré la main de son commandant en chef. Le temps des conquêtes est terminé à présent.
-Tout de même...
-Est-ce que vous savez pourquoi ces conflits ont commencé ?
-Je... Je ne suis pas sûre de vous comprendre Régente du Feu.
-Je ne parle pas d'une simple bataille, d'un saccage ou autre qui a pu faire monter l'intensité des conflits. Mais de l'évènement déclencheur. La première pierre jetée.
-Euh... Peut-être un désaccord commercial ? Un hiver rude qui a mené un clan à prendre les armes pour se nourrir ? Un chef belliqueux qui a voulu mener ses objectifs de conquête ?
-Même en partant toutes ces années, vous ne savez toujours pas hein ? Nous non plus. C'est quelque chose qu'on a perdu. Mais peut-être qu'il n'y a même pas de raison aussi noble que celles que vous avez cité. Peut être qu'un jeune homme bourreau des cœurs a énervé la mauvaise personne, créant une vendetta sans fin.
-Vous... Pensez vraiment que c'est un jeune aux mœurs légères qui a pu créer cette guerre perpétuelle !?
-Hé là ! Je n'en sais rien ! Peut être même qu'il n'y a pas de raisons ! Et si il n'y a pas de raisons pour que ce conflit commence, il n'y a pas non plus de raisons pour le continuer.
-Ou pour l'arrêter.
-Mais que vous êtes sinistre ! Je croyais que c'était la raison de votre exil ! Mieux comprendre le monde ainsi que ses mécanismes, et apprendre au passage à mieux vous battre pour instaurer une paix durable.
-Vous avez raison mais...
-Mais vous m'avez l'air d'avoir besoin de repos ! Et cela tombe bien ! On va enfin pouvoir se reposer ici ! Tenez, vous méritez bien un peu d'argent pour l'auberge. On pourra discuter plus tard de votre futur ici.
-Mon futur ici !?
-Bien sûr ! Vous êtes une des rares personnes à vous être aventurées par delà les montagnes ! Vos connaissances nous sont inestimables. Et en plus vous savez vous défendre. Je suis sure que cette ère de paix vous sera profitable à vous aussi.
-Vous... Vous le pensez vraiment ?
-J'en suis sûre et certaine. Je ne sais pas de quoi sera fait le futur, mais il sera calme et apaisé. Et c'est même difficile de me projeter plus loin ! Je me suis toujours imaginée mourir au combat comme une guerrière, après un combat acharné contre un bataillon entier ! Mais rien ne me répulse davantage que cette idée aujourd'hui. Je veux une vie paisible. Me réveiller au chant des oiseaux, ne plus me méfier, ne plus regarder derrière moi en permanence qu'un assassin ne se cache pas dans mon ombre. Pour le reste, on verra ensuite !
-C'est un noble objectif de vie c'est vrai.
-Je savais que tu comprendrais. Je dois disposer à présent ! J'aimerais te dire qu'il s'agit de pourparlers, mais c'est plutôt une soirée avec les anciennes têtes de clan. Si on doit tisser des amitiés concrètes, ce sera avec de l'alcool jusque tard dans la nuit.
-Bonne soirée à vous en ce cas.
Hana quitta le lieu de cérémonies pour se diriger vers une auberge proche. Assez chamboulée par la tournure des évènements, elle réserva une chambre et se faufila directement sous une couette.
Tout semblait désormais terminé. La paix était revenue, le seul danger que semblait représenter les anciens chefs de clan était une trop grande consommation d'alcool. C'était presque trop beau pour être vrai. Hana laissa couler une larme sur sa joue, c'était tout ce qu'elle désirait. Peut-être allait elle pouvoir vivre une vie de commerçante, d'artisane, ou accepter l'offre de la Régente et devenir une ambassadrice. Tout semblait paisible.
Il lui était cependant impossible de trouver le sommeil. Hana se sentait vide, au fond d'elle-même. Après tout, elle avait vécu toute sa vie dans le conflit, s'était exilée pour le résoudre, et tout se réglait d'un claquement de doigts ? C'était sans doute plus acceptable que l'odeur de feu et de sang qui dominait quand elle est partie. Ou de devoir accompagner la troupe de mercenaires qu'elle avait trouvée par hasard dans un combat de gladiateurs.
Hana écarquilla les yeux. Elle n'était pas chez elle dans une auberge, mais à table devant un verre d'eau d'Agathe sacrée entre deux missions. Visiblement, son entrainement de résistance aux poisons avait ses faiblesses. Il lui semblait avoir entendu la souveraine de lumen parler de rêves avant de perdre connaissance. C'était efficace, elle vivait actuellement tout ce dont elle aurait pu rêver. Mais Hana avait abandonné son enfance depuis bien longtemps déjà. Elle ne pouvait pas se permettre de vivre dans un rêve, aussi confortable soit-il.
Hana ouvra ainsi les yeux avant de regarder autour d'elle. La réalité était beaucoup plus froide que son lit d'auberge, et la Régente du Feu ne l'attendrais pas d'un ton amical. Mais au moins, dans ce monde-ci, elle avait une influence.
Après s'être remis de son cauchemar et avoir assimilé la situation actuel, le mage noir observait les sphères. Il passa tout de même sa main là où il avait été blessé dans son cauchemar, comme pour être sûr que ce n'était pas réellement arrivé. Il finit par prendre la parole
-Il n'y a vraiment rien que l'on puisse faire pour le moment ? Nous ne pouvons qu'attendre ?
Aurio eu un geste de recul instinctif, puis laissa échapper un ricanement nerveux.
- C'est... c'est quoi, ça ? Un lucario sauvage ? Qu'est ce que ça fait dans le monde des rêves ?
Interpellé par la voix d'Aurio, ce Lucario poussa un cri de douleur au milieu de ses sanglots. Il regarda alors Aurio d'un air énervé, comme s'il lui reprochait à lui de l'avoir enfermé ici.
Pendant ce temps, tous les fragments de miroir reflétèrent Aurio, celui-ci pouvant se voir partout où il regardait, comme si une myriade d'yeux étaient tournés vers lui, observant et jugeant ses moindres mouvements, comme s'ils cherchaient quelque chose qu'il cachait.
Pris de surprise, Aurio fit un bond en arrière, se mettant instinctivement en position de combat. Il grogna et posa sa main sur son épée.
- Me regardez pas comme ça ! J'ai rien à voir avec vous, je vous dois rien du tout !
Il se mit à courir, tentant de s'éloigner du Lucario le plus possible.
Aurio avait beau courir, les reflets ne le lâchaient plus désormais. Il se voyait lui-même en train de courir partout où il allait, ou était-ce cet autre Lucario qui s'était libéré et qui lui courrait après ? Il était incapable de faire la différence, et pour une raison qu'il ignorait, cela le terrifiait.
Au bout d'un moment, il finit par arriver à une bifurcation. D'un côté, il voyait encore une succession de miroirs épiant ses moindres mouvements. D'un autre, le chemin était sombre, dépourvu de cristaux. Il ne savait où cela le mènerait, mais ça devait être mieux que ce chemin de miroirs. Et peut-être que l'autre Lucario ne le trouverait pas dans l'obscurité !
Il continua alors à courir, avançant à l'aveugle en ligne droite. Il continua jusqu'à ce que soudain, la place où il se trouvait s'illumina, révélant un grand espace circulaire bordé de miroirs, plus grands que les précédents. Au moins, ceux-ci ne le reflétaient pas. A la place, ils montraient des combats contre des monstres, vus à la première personne. Il reconnut des créatures qu'il avait lui-même affrontées, mais supposa qu'il ne s'agissait que d'une coïncidence. Au centre de l'espace se trouvait à nouveau cet autre Lucario. Il semblait s'être calmé, et n'était plus enchaîné. Il était simplement là, debout, observant les scènes d'un air attristé.
- Je ne suis pas assez fort... soupira-t-il alors, complètement abattu. Je peux aider personne...
Aurio détourna les yeux pour éviter le regard du Lucario, s'écriant :
- C'est ton problème, ça ! Laisse moi en dehors de tes histoires, j'ai des choses à accomplir, moi ! Et j'en suis parfaitement capable !
Le Lucario tourna la tête vers Aurio avant de soudain se briser, se transformant en une multitude de fragments qui s'écroulèrent au sol, comme s'il n'était lui-même qu'un miroir. Aurio sursauta, bondissant en arrière par réflexe. Rapidement, toute la place subit le même sort, Aurio observant autour de lui d'un air paniqué alors que le verre était réduit en morceaux tout autour de lui.
Rapidement, l'endroit reprit l'apparence du couloir sombre qu'il avait suivi jusqu'ici. Il fronça les sourcils, à quoi cela le menait tout cela ? Il regarda derrière lui, voyant toujours la lumière des miroirs au loin. De là-bas, il entendait des chaînes, comme si le premier Lucario qu'il avait vu était en train de s'agiter. Il préférait ne pas y retourner, et décida de continuer vers l'avant.
Il ne lui fallut pas longtemps pour arriver à une nouvelle place circulaire, remplie de miroirs, plus gros encore que les précédents. Ceux-ci montraient des visages. Des membres du groupe. Il put voir Dario, Pyro, Onérone, Végetal... mais seulement d'un côté. De l'autre, il y avait des membres de l'Etoile Sombre. Il reconnut Adrien, Bastien et Camille, mais aussi Wolf. La vue de ce dernier lui fit ressentir un pincement au cœur sans qu'il n'arrive trop à identifier pourquoi.
Quoi qu'il en soit, tous ces visages fixaient un autre Lucario, au centre de l'espace. Celui-ci était assis par terre, recroquevillé, les mains sur la tête.
- Je ne sais pas... murmurait-il pour lui-même. Ces gens de l'Etoile Sombre n'ont pas tous l'air si méchants que ça... Est-ce que je devrais continuer à faire ce qu'ils disent dans l'Escouade ?
Cette dernière phrase en fut trop pour Aurio, qui perdit le peu de sang froid qui lui restait et se précipita vers le Lucario. Une fois à son niveau, il le frappa à la tête d'un coup de genou, l'envoyant s'écraser en arrière.
- Conneries ! On a jamais pensé quoi que ce soit du genre ! Ces doutes, tu peux te les garder, j'ai rien à voir avec tout ça !
Lorsque le Lucario s'écrasa au sol, son corps vola à nouveau en éclats. Cependant, cette fois, il y avait quelque chose en-dessous. Comme une chrysalide, le corps du Lucario s'était brisé en révélant un nouvel être, bien que celui-ci était plus petit. Il s'agissait d'un Riolu. Il s'agissait d'Aurio, tel qu'il était en rejoignant le groupe. Chétif, apeuré, attristé.
- Je méritais de me faire abandonner, lança-t-il alors d'une voix morose.
Soudain, les visages dans les miroirs disparurent, chacun s'illuminant d'une lumière blanche. Faisant désormais office de portails, ils laissèrent tous apparaître un Riolu supplémentaire, rejoignant la place où se trouvait Aurio.
- Ils n'auraient pas dû me sauver, affirma l'un des Riolu.
- Je ne suis même pas capable de croire en eux en retour, poursuivit un deuxième.
- Je suis toujours un voleur, je n'ai jamais changé, enchaîna un autre.
- Je ne suis pas assez bien, conclut le premier à avoir parlé.
Ils parlaient tous sur un ton monotone, comme s'ils récitaient des phrases apprises par cœur, bien que leur voix conservait une pointe de tristesse. Ils continuèrent tous à parler ainsi, leur voix se mélangeant les unes aux autres. Les Riolu s'approchaient lentement d'Aurio, leur voix devenant toujours plus forte, toujours plus difficile à ignorer…
- Taisez vous ! Taisez vous ! Taisez vous, s'il vous plait !
Aurio suppliait en recouvrant ses oreilles. Puis, un des Riolu tendit sa patte vers lui, et sa vision se brouilla. Il dégaina son épée.
- Partez ! Laissez moi ! Ne me touchez pas, laissez moi ! Vous n'avez rien à voir avec moi, alors laissez moi tranquille ! hurlait-il alors qu'il lacérait les apparitions unes à une.
- Je ne veux pas de vous ! Je n'ai pas besoin de vous ! Je suis très bien comme je suis, alors disparaissez !
...
Lorsqu'il rouvrit les yeux, l'épée d'Aurio était plantée dans le Riolu du centre, qui était en train de se désagréger. Autour de lui, le sol était parsemé de fragments de miroirs brisés. Haletant, le Lucario tenait fermement son épée, tentant de récupérer son souffle. Après un moment de récupération, il ferma fortement les yeux, et soupira :
- Tu n'as rien en commun avec moi. Je ne veux plus te voir.
Une fois qu'Aurio se trouva seul au milieu d'un parterre de fragments de verre, ceux-ci commencèrent à bouger à nouveau. Les fragments se mirent à flotter dans les airs avant de filer en direction d'Aurio. Ils commencèrent alors à tourner autour de lui, formant un véritable ouragan avant de finalement s'empiler les uns à la suite des autres en face de lui. Progressivement, un nouveau miroir apparut face à lui. Celui-ci était rectangulaire, et de taille classique. Un simple miroir, révélant son reflet en face de lui, l'observant d'un air inquiet.
Mais ce n'était pas ce qu'Aurio voulait voir. Alors, plutôt que de se battre à nouveau, il fit demi-tour, s'en allant simplement, ignorant le regard de son reflet. Il marcha dans l'obscurité, jusqu'à enfin sortir des frontières du rêve.
Mais pendant ce temps, du point de vue du reflet, c'était bel et bien Aurio qui était enchaîné...
…
Dans le véritable Monde des Rêves, l’une des sphères commença à s’effriter. Les membres du groupe, interpellés, se réunirent autour de celle-ci. L’orbe s’ouvrit progressivement avant de se dissiper, révélant Aurio, désormais éveillé et de retour parmi le groupe.
Peu de temps avant qu'Aurio ne déboule de sa boule, Max était en train de taquiner avec sa rapière une des orbe noire. D'abord avec la garde de l'arme, mais en voyant qu'il ne passait pas grand chose, elle se décida à piquer l'objet avec le bout de sa lame, sans prendre en compte qu'une personne se trouvait à l'intérieur.
-Hé bien, On pourrait les libérer de force, ou directement chercher le coupable et lui faire payer d'avoir rendu ça personnel.
L'écuyère marqua une pause dans ses petites études. Une pensée lui avait soudainement traversé l'esprit, ce qui la fit se taire durant un moment. De l'extérieur, Max tirait la tronche sans rien dire.
"... Je me souviens avoir rêvé, mais de quoi précisément?" pensait-elle. Elle essayait de se remémorer cet instant, mais... tout ses souvenirs étaient comme brouillés. Il y avait bien quelqu'un, et un combat, et... rien d'autre?
A la sortie d'Aurio hors de sa boule, Max était encore ailleurs. Elle se permit néanmoins de commenter pour garder la face:
-... C'est quoi l'intérêt de nous faire ça si on s'en sort tout seul, franchement?
Elle allait pleurer. C'est sûr, elle allait pleurer. Quand ses parents finirent par la poser, Felicia fit un léger geste de recul pour mieux les regarder. Il lui fallait se reprendre, sa mère ne pleurait jamais, son père ne pleurait jamais, et elle même ne pleurait plus. Donc, elle allait se reprendre et se focaliser sur la situation. D'ailleurs, leur expression semblait redevenir plus normale. Concentre-toi.
Malgré tout, ils gardaient toujours leur classe absolue qu'elle leur reconnaissait, avec un accoutrement digne de la noblesse de Lumen. Comparés à la jeune fille recouverte de terre, faisant presque deux têtes de moins qu'eux, ils paraissaient sortis d'un milieu complètement différent. Et depuis la dernière fois qu'elle les avait vus, ils ne paraissaient pas avoir vieilli du tout. Ils semblaient s'en être mieux sortis qu'elle sur tous les points, heureusement. Ces différences n'avaient pas échappé à ses parents, qui l'invitèrent à s'asseoir à table pour discuter.
"Nous avions perdu tout contact depuis... que t'était-t-il arrivé ?
"Quand il est mort, j'ai cru que j'allais vraiment finir à l'orphelinat, mais... euh... "
Elle n'arrivait même pas à trouver les mots. Elle faisait de son mieux pour rester calme, mais Felicia ne pouvait même plus réfléchir de façon rationnelle. Elle finit par terminer son récit de manière à peu près compréhensible. Sans compter plusieurs diversions, plusieurs histoires de quand elle avait sept ans.... il lui semblait qu'ils parlaient pendant des heures.
"Et... et c'est comme ça que j'ai fini avec ce groupe de mercenaires ! Alors oui, maintenant je tue des trucs, mais faut bien que je gagne ma vie ! "
"Je vois... mais tu sais. Nous avons tout ce qu'il nous faut ici. Tu peux rester ici aussi longtemps que tu veux. Tu nous as tellement manqué... "
Véritablement, chaque mot l'atteignait au coeur comme une dague. Mais Felicia sentait, bizarrement, qu'il fallait qu'elle réponde. C'était trop beau pour être vrai. Mais ils connaissaient tout d'elle, et avaient exactement la même tête... elle avait commencé à se renseigner sur les circonstances possibles de la disparition de ses parents, mais pourquoi enverraient-t-ils des assassins se charger d'elle ? Comment pourraient-t-ils même la soupçonner ? Ca devait être les vrais. Ca ne pouvait être que les vrais. Mais tout ne peut pas être parfait. Elle voulait ça, mais il y avait sans doute anguille sous roche.
"Je sais pas... je devrais aller m'expliquer auprès de mes supérieurs pour ça. Et je peux pas juste démissionner en pleine mission, surtout avant la fin de ma première... je reviendrai, sans doute. Je vous rendrai fiers. "
Son père la regarda d'un air semblant légèrement attristé. Mais sa mère l'observa d'un air plus neutre.
"Je comprends. Tu as toujours voulu protéger les autres, n'est-ce-pas ? J'imagine que nous ne pouvons pas te retenir. Juste... reste ici avec nous au moins ce soir ? C'est peut-être la dernière fois que nous pourrons te voir. "
Bizarrement, Felicia ne pleurait pas. Quelque chose n'allait pas. Elle avait l'impression d'être forcée à être... bizarrement calme. Et puis, ça commençait à lui sembler étrange. Sa mère n'y éprouvait aucun problème ? Sa fille venait de lui avouer qu'elle comptait bien se battre jusqu'à la mort pour les armées de Lumen si c'est ce qu'il lui faut. Même son père ne tentait pas tellement de la retenir. Et... ils avaient exactement la même tête ? Ils étaient si proches de Lumen ? Les autres mercenaires, y compris celui qui l'avait traitée de gringalette hier (et dont le bras faisait la taille de son corps entier), approuvaient de sa performance médiocre ? Rien de tout ça n'avait de sens. Avant de partir, elle se retourna vers ses parents.
"Maman ? Juste... je sais que vous ne vouliez pas me voir dans l'armée, ou dans la sphère politique. Mais tu m'as toujours dit de choisir la vérité dure, même face à un mensonge récomfortant, non ? "
Sa mère hocha la tête. Alors Felicia sourit. En se retournant vers la porte, elle vit une lumière éclatante. Il faisait déjà jour ? En tout cas, elle se mit à avancer vers cette lumière, presque machinalement.
"Je suis désolée. Mais je peux pas rester. Je vous rendrai fiers. "
-La personne ou la chose qui nous a fait ça avait sûrement un objectif en tête. Commentait Guillaume après avoir écouté Max.
Il continuait d'observer les sphères noires, tentant sans succès de voir qui étaient dans chacune d'elles et réfléchissant à ce qu'il pouvait faire.
-Je pense qu'elle voulait nous retarder, mais cela pourrait aussi cacher un objectif auquel nous n'avons pas pensé.
Serena regarda le squelette au sol puis la fosse en contrebas, face à elle se trouvait la conséquence de sa cupidité... sa respiration s'accéléra alors que des larmes commençaient à couler de ses joues. Autant de temps étaient passé en... si peu de temps ? Elle avait encore l'impression que hier... elles étaient avec son groupe, en train de boire à la taverne... et que Mélodie les envoyaient dans le monde des rêves et après... tout était flou...
La jeune femme tomba à genoux au sol, prenant de ses bras tremblant le squelette d'Onérone, les larmes s'évaporant avant même de pouvoir quitter son visage alors que l'herbe commençait à doucement bruler autour d'elle.
Elle entendait des voix en son for intérieur. Oui, ces mêmes voix. Même si elles avaient de nouveau accepté ses parties d'elle, "Hark" et "L'Oiseau de Flamme" n'avaient pas disparu, bien qu'ils restaient généralement muets. Ces voix oui... les seules qu'elles pouvaient entendre désormais.
H- ...Un événement prévu par nous trois. Mais je ne comprends pas... avons-nous étaient transporté dans le futur ?
O- C'est impossible ! On... on ne peut pas ! Elle devait encore sauver le monde... vivre tant de chose... tout ça... Gâcher ?! Non c'est impossible !
H- La colère ne fait pas bon-
O- FERME LA ! Je te dis que c'est impossible, rien de tout ça n'est normal. Je vais prendre les commandes et briser tout ça.
H- Ne fais pas ça, bruler le monde ne ramènera rien ni personne.
O- Tout ça ce n'est qu'un rêve ! Souvenez-vous bon sang ! Il y a encore quelques minutes Mélodie allait nous envoyer dans le monde des rêves, et d'un coup pouf on est la ?! CA TE PARAÎT NORMAL ?!
H- Il est vrai que ce choc brusque est étrange, mais... ces morts sont réels. Il faut accepter que le temps doit... passer plus vite pour nous.
La jeune femme ignora les voix, sa propre voix résonnant dans son esprit. Les flammes commençaient à s'accroître autour de la phénix, le sol continuait à s'embraser alors que le squelette dans ses mains lui-même fondait petit à petit. Serena ne savait pas quoi faire, et tout ce plein d'émotion n'allait pas faire de bien pour cette montagne ou même ces squelettes... ni pour la femme elle-même.
Mais le temps ne s’arrête pour personne, la vie s’écoule, la mort tombe, et l’immortel observe. Le feu autour de Serena se répand, faisant même fondre les tombes autour d’elle, embrassant les arbres… tel un cocon le brasier autour de la Phénix se répand et couvre une zone de plus en plus grande… Elle regarda le squelette dans ses bras, fondre petit à petit… qui étais-ce déjà… ? Cette voix… elle commençait à l’oublier. L’escouade… c’est ça ? Elle regarda le ciel, la lune et le soleil s’échanger à intervalle régulier. Combien de temps restait-elle ici, au milieu de bûcher qui était le sien ?
H- Nos peurs nous dévorent.
O- Et on s’était mis d’accord pour que cela n’arrive plus !
Ces voix, elles continuaient de résonner dans sa tête, mais elle restait muette. Serena serrant des dents regardant le sol en rabattant ses jambes contre son torse.
H- Le temps passe et à chaque seconde nos peurs deviennent plus fortes.
O- Et ?
H- Et nous finirons par y succomber, comme nous l’avions prévu il y a bien longtemps, nous n’avons fait que retarder l’inév-
O- FERME LA ! OUI ON A TOUS PEUR DE CA ET ALORS ? ON DEVRAIT SE LAISSE FAIRE SIMPLEMENT CAR ON NE PEUT RIEN Y FAIRE ?
H- Comme tu le dis, on ne peut rien y faire alors…
O- Nous pouvons laisser des traces, continuer à construire...
H- Pour chaque mur que nous construisons, un autre tombera en poussière, éphémère comme toute vie sur cette Terre.
O- Pouvons-nous vraiment succomber ainsi ?
H- C’est pourtant la seule conclusion logique, la peur mène à l’incompréhension, à la colère, à la haine et à l’autodestruction. Nous ne sommes déjà à la troisième étape.
O- Alors détruisons-nous, et soyons reconstruit pour briller de mille feux.
H- Tu as mal compris ce que je dis, l’autodestruction n’est pas liée à notre immorta-
O- J’ai TRES BIEN compris, bon sang… acceptons nos peur, laissons notre coquille vide ici et sortons de ce brasier.
H- Accepter nos peurs ne les empêchera pas de se réaliser. Demain nous verrons nos amis mourir, nos parents mourir, nos potentiels enfants mourir, nos potentiels êtres aimés mourir. Nous verrons un jour cette civilisation, cette espèce succomber et disparaître dans les méandres de l’histoire. Nous verrons ce monde mourir.
O- Oui.
H- Nous verrons tout cela de nos yeux impuissants.
O- En effet.
H- Et à quoi cela nous mène-t-il ?
O- Nous ne sommes pas vivant. Le mot vie existe uniquement car le mot mort existe lui aussi. Sans la mort, il n’y a pas de vie. Nous ne sommes donc pas vivants. Et la vie, si fragile et si beau en même temps. On m’a déjà prouvé que les mortels pouvaient être fabuleux, et que les éviter à cause de leur piètre longévité, ou alors tenter de les tuer de ma propre main, était une terrible erreur.
H- Les humains tuent, se trahissent. Nous verrons des criminels voler des mères, nous verrons des marchands arnaquer des familles dans le besoin, nous verrons des dirigeants abuser de leur position, nous verrons des tyrans commettre des génocides pour conserver le pouvoir qu’ils ont. Nous verrons des espèces supérieures venir et nous écraser, nous et l’espèce que nous côtoyons. Peut-être alors seront-nous mit en esclavage, nous serons peut-être torturer, peut être que notre sang immortel sera utilisé pour créer une armée.
O- Et c’est à nous de les protéger. Nous ne sommes pas vivants, nous ne sommes pas morts. Protégeons la vie fragile, car si personne ne le fait ils s’autodétruiront.
H- Ironique, toi qui voulaient tout détruire auparavant.
O- Je sais à quel point une vie est précieuse, j’ai demandé à ce qu’ils protègent leur vie. Mais je ne veux pas être en colère contre cette chose si précieuse. Je veux utiliser ma colère contre celles et ceux qui voudraient les briser. Ne veux-tu pas utiliser tes craintes pour les protéger ?
H-…
O- Je ne connais que la colère.
H- Et je ne connais que la peur, je ne peux donc pas être d’accord avec toi.
O- Pourtant, tellement d’autres sentiments peuvent être ressentis. Devons-nous nous limiter ainsi ? A un rôle que nous nous sommes attribué ? Il y a tellement plus qui peut exister, tellement plus à découvrir, nous existerons pendant des centaines de milliard d’années.
H- Nous pouvons être autre chose ? Le penses-tu réellement ?
O- Je le crois. J’éteins ma colère, qui bouillonne en moi. Cette même colère qui m’empêche de communiquer, mais je réfléchi, je pose mes émotions et je les calme. La peur et la colère sont la face d’une même pièce, mais nous pouvons être autre chose, ensemble. Tous ensembles.
H- …Accepter nos peurs… nos colères…
O- Se donner le droit au bonheur, à la joie.
H- Faire face à nos doutes et à nos craintes.
O- S’effondrer face à notre tristesse et notre désespoir.
H- Et se relever grâce à…
Les flammes s’arrêtèrent d’un coup, laissant place à un paysage dévasté. Il n’y avait plus rien que le vide, le silence. Tout était noircit. Plus aucune vie n’était présente. Le désespoir était représenté face à Serena. Elle restant accroupit, comme éteinte et ne relevant que la tête pour observer ce paysage. Et puis soudainement, une fleur poussa sous la terre calcinée, et puis une autre suivit d’une troisième et d’une quatrième. Rapidement, tout cette terre détruite se raviva de vie et laissa place à un champ fleurie et gorgeant de lumière. La phénix ne savait pas réellement ce qui se passait. Une figure masculine et une figure féminine faite de flamme étaient face à elle, lui tendant la main.
O&H- A notre espoir. Ensemble…
-…Nous acceptons nos peurs.
Serena va prendre les deux mains des deux figures, qui vont l’aider à se relever. Lentement les trois personnes vont regarder vers le ciel, le soleil brillant intensément avant que tout ne deviennent blanc…
Bronov n’expliquait pas comment des membres de l’esouade et des barbares de son clan se sont réunis autour d’une même table. Il était pourtant persuadé que les uns n’avaient pas connaissance des autres. De plus, les barbares n’étaient pas connu pour leur accueil chaleureux, son clan n’aimait pas les étrangers. Pourtant… tout lui semblait étrangement logique pour une raison qu’il ne chercha pas à comprendre.
Le barbare, alors âgé, profitait de la quiètude qu’offrait le chaleureux banquet avec une sérénité qu’il n’avait jamais connu jusque là. Un sentiment de fierté parcourait tout son être. Après avoir mené toute une vie à guerroyer, le nordique pouvait se permettre de jouir d’un repos bien mérité. Alors qu’il observait paisiblement ses convives festoyer, une vision d’horreur vint perturber sa tranquillité. Marduk, l’ancien chef de son clan était présent lui aussià l’autre bout de la table. C’était un chef autoritaire, violent et particulièrement zélé vis-à-vis du mode de vie barbare. Il a fait vivre un véritable enfer à Bronov dans sa jeunesse, l’ayant même condamné à l’exil. Et bien qu’il ait fini par reconnaitre le nordique comme un grand guerrier avant de le réintégrer au sein du camp, le nordique gardait un sentiment étrange à son sujet.
Alors que le barbare dévisageait l’ancien chef, des doigts rugueux et ridés, mais dont le toucher restait réconfortant vint caresser sa main. Il s’agissait d’une barbare nommée Astrid, une vieille connaissance de Bronov lorsqu’il vivait encore dans son ancien camp. C’était la seule amie qu’il avait à cette époque, et sans aucun doute la personne avec qui il était la plus proche. Mais maintenant qu’il était devenu un guerrier respecté, le grand blond avait pu être réhabilité au sein de son clan aux yeux des autres barbares. Elle avait remarqué l’air pensif de son ancien compagnon d’arme, et semblait inquiète par cette attitude soudaine qu’il n’avait pas l’habitude d’adopter durant les banquets.
“- Est-ce que ça va Bronov ?” demanda t’elle en le fixant droit dans les yeux.
Le barbare sortit subitement de ses pensées, tourna vers le regard de son amie.
“- Astrid… Oui, je vais bien. En fait, je ne me suis jamais senti aussi bien. C’est parfait ! Enfin… presque parfait. Je regrette quand même que toute l’escouade ne soit pas présente. Même Onérone. Je ne l’appréciais pas mais… on a combattu ensemble une fois. Ca fait d’elle une soeur d’arme malgré tout. Mais je comprends qu’elle ait refusé de venir.
- Allons Bronov ! Tu sais bien qu’Onérone est décédée tragiquement après avoir été dévoré par un mamouth. interpella Franck, qui, à l’instar du barbare, avait également prit de la bouteille.
- Quoi ?
- Tu ne t’en souviens pas ?
FLASHBACK
L’escouade marchait inlassablement dans le désert, essouflé, le groupe commençait à avoir sacrément soif. Surtout Onérone, vu que c’est conne avait gardé sa tenue d’alpiniste sur elle. Cette dernière crue voir un oasis au loin et se mit à courir dans sa direction.
“- Onérone !
- Mais qu’est-ce qu’elle fabrique ?”
Quelques membres se lancèrent à sa poursuite pour tenter de la rattraper. Mais l’alpiniste courrait bien trop vite car sa joueuse avait maxer sa vitesse dans le dernier village afin de rendre Onérone encore plus rapide qu’Elric. C’est ballot.
Alors qu’elle s’approchait de l’oasis, elle se rendit compte, bien trop tard, de sa véritable forme. C’était un mamouth. Ce dernier aggripa l’alpiniste avec sa trompe avant de la manger d’une traite. Et bien que l’escouade était tentée de tuer le mamouth pour la libérer avant qu’elle se fasse digérer, Rikork leur rappela qu’il s’agissait d’une espèce menacée et qu’il était formellement interdit d’en abattre. Quelle malchance !
“- Onérone ! Naaaaaaan !” cria Serena dont les larmes se transformèrent bien vite en vapeur sous l’effet de la chaleur.
FIN DU FLASHBACK
“- Ca ne te rappelle vraiment rien ? demanda Franck après avoir fini de raconter le flashback.
- Non ! s’exclama le barbare.
- Bizarre, il me semblait que tu étais plutôt content car ça nous débarassait d’Ulrich.
- Non, je. Je…”
Tout le monde avait le regard tourné vers Bronov, la table entière semblait attendre ses prochaines paroles avec une forte appréhension.
“- Je dois m’absenter quelques instants !” lança t’il avant de se retourner pour quitter la table au plus vite.
Bronov quitta le hall, pressé, sortant du hall où avait lieu le banquet, suffisammentloin pour être à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes. Il se rendit compte qu’il était au sommet d’une montagne, faisant face au lointain horizon et aux rochers gelés et pointus en bas.
“- Quelque chose ne va pas…
- Bronov ? Qu’est-ce qui se passe ?”
Le barbare tourna le regard vers la voix, il s’agissait d’Astrid qui l’avait suivi.
“- Arrière ! ordonna t’il à son “amie” d’enfance.
- Bronov ? Que se passe t’il ? Expliques toi !
- N’essaie pas de me manipuler, monstre ! Tu n’es pas Astrid ! Et ce ne sont pas mes amis qui sont à cette table !
- Mais qu’est-ce que tu racontes enfin ?
- Marduk… Je le connais bien. C’est un tyran sanguinaire qui ne connaît ni le pardon, ni la pitié ! Quand il a prit une décision, il ne revient jamais dessus. Jamais il me réintégrerait dans notre clan, même si je lui sauvais la vie. Et si tu étais la vraie Astrid, tu le saurais aussi !
- Tu te mets dans des états pareils à cause de lui ? Je peux lui ordonner de quitter la table si sa présence te mets mal à l’aise ! Je…
- Marduk n’est pas le seul problème ! Ce que Franck m’a dit tout à l’heure… Quand il a dit que j’étais “content” à la mort d’Onérone. Je n’y crois pas ! J’ai déjà essayé de la tuer par le passé, c’est vrai…. Mais je le faisais pas par plaisir ! Je l’faisais parce que je la considérais comme une traitre. Parce que je voulais me débarrasser d’Ulrich. Je pensais que c’était un sacrifice nécessaire, pas un meurtre gratuit ! Jamais je me réjouirais de sa mort ! J’ssuis pas un monstre ! Plus maintenant…”
Le barbare s’approcha alors du vide, sous les yeux abasourdis d’”Astrid”.
“- Bronov ! cria t’elle en sa direction.
- J’aimerais que Marduk me réintègre au clan… En tant que barbare, j’ai parfois l’impression qu’on me voit seulement comme une bête meurtrière qui règle ses problèmes en faisant appel à ses plus bas instints. Mais pour les barbares, je ne suis qu’un exilé qui a déshonoré son clan. Je n’étais pas assez violent pour gagner le droit de vivre avec les miens, mais je le suis trop pour m’intégrer convenablement avec les cités humaines. Il y a des jours où je me demande si j’ai réellement ma place quelque part en ce monde. J’aime croire que je l’ai trouvé ici, au sein de l’escouade avec les autres. Mais même ça… Je n’arrive pas à en être sûr.
Néanmoins, j’suis certain d’une chose. J’vais me battre pour trouver ma place. Et si je l’ai déjà trouvé, j’vais me battre pour y rester !”
Bronov plongea ensuite dans le vide sous les cris d’Astrid, fuyant ce maudit rêve, pour rejoindre un autre monde, plus triste, mais qui avait le mérite d’être réel…
Mais alors que le barbare s’attendait à se réveiller dès l’atterissage, il se fit brutalement empaler le bide par un rocher pointue, libérant une immense gerbe de sang.
“- AH PUTAIN ! MAIS POURQUOI J’AI FAIT CA !”
Et ce n’est qu’après avoir senti une vive douleur qu’il se réveilla enfin.
Petit message pour les gens qui n'auraient pas fini leur texte avant que les Màjs soient postées : Vous pourrez encore écrire et poster les scènes de fin de rêve de vos personnages même après leur réveil, il suffira d'apporter la mention que la scène se passe au moment où ils dormaient encore.