Une technique au service d'un propos

S’il est un point indiscutable concernant l’industrie vidéoludique, c’est que cette dernière est un véritable incubateur d’innovations techniques. Cependant, certaines, aussi impressionnantes soient-elles, représentent parfois des défis vertigineux qu’il incombe aux développeurs de maîtriser, quitte à rallonger le temps de production. Des titres, aujourd’hui proches du photoréalisme, rendent même désuets d’autres jeux aux techniques plus anciennes, un point que regrette fortement Yuji Horii, créateur de la série Dragon Quest. Ainsi, c’est dans une interview pour le site denfaminicogamer, à laquelle il participait aux côtés de Katsura Hashino - le cerveau derrière les séries Shin Megami Tensei, Persona , Trauma Center, Etrian Odyssey -, qu'Horii a exprimé le fond de sa pensée concernant les graphismes réalistes.

“Dragon Quest consiste essentiellement en un dialogue avec les habitants de la ville, avec très peu de narration. L'histoire est créée au sein du dialogue, c'est ce qui est amusant”, explique le papa du célèbre JRPG. Le seul personnage du titre dépourvu de toute ligne de dialogue n’est autre que celui contrôlé par le joueur, le “protagoniste symbolique”. Ainsi, ceux-ci peuvent plus librement imaginer les réactions du personnage principal comme ils l’imaginent. Ce type d'immersion dirigée par un protagoniste silencieux est bien mieux adapté aux anciens jeux Dragon Quest grâce aux graphismes de l'époque, selon Horii.

“À mesure que les graphismes des jeux évoluent et deviennent de plus en plus réalistes, si vous créez un protagoniste qui se contente de rester là, il aura l'air d'un idiot”, explique le développeur. Mais le faire réagir vocalement pourrait rendre plus difficile l’identification des fans. “C'est pourquoi le type de protagoniste présenté dans Dragon Quest devient de plus en plus difficile à représenter à mesure que les jeux deviennent plus réalistes. Gagner du temps et créer des graphismes plus réalistes sera un défi à l'avenir", conclut Horii. Mais ce n'est probablement pas un défi exclusif à Dragon Quest, puisqu'après tout, d'autres séries de JRPG comme Persona mettent en scène des protagonistes silencieux. Et si la formule semble avoir été couronnée de succès jusqu'à présent, même avec les titres les plus récents des deux séries susmentionnées, il est difficile d’imaginer quelle direction prendront les développeurs pour conserver une bonne immersion par la suite.

"C'est calme, trop calme"

Concernant justement les prochains jeux de la licence, et après l’annonce tonitruante de l’arrivée imminente des remakes des trois premiers épisodes, les fans de la série se questionnent sur l’avancée du prochain titre original : Dragon Quest 12 : Les Flammes de la Destinée. Un titre se faisant cruellement discret depuis son annonce, il y a de ça plus de 3 ans, et pour lequel Yuji Horii s’était exprimé sur son compte X (anciennement Twitter) à l’occasion du Dragon Quest Day, le 27 mai dernier. Le créateur de la franchise a alors remercié les fans du monde entier pour les nombreux messages de félicitations et leur soutien. Il profitait alors également du message pour s’excuser quant à l’inquiétude que suscite le manque d’informations relatives au prochain titre de la licence.

Il y a eu quelques inquiétudes à propos de Dragon Quest XII, mais j'étais encore en réunion à ce sujet il y a peu. Même si je ne peux pas encore en partager les détails, je veux créer quelque chose de digne du travail posthume de mes deux collègues qui sont décédés (Akira Toriyama et Koichi Sugiyama). Je ferai de mon mieux ! - Yuji Horii (X)

Une déclaration rassurante quant à l’avancement du titre, après un rapport inquiétant paru en avril dernier, qui affirmait que Square Enix était en train de restructurer les effectifs de la franchise Dragon Quest. Un producteur de longue date était alors notamment remplacé par un vétéran de la série NieR. Une décision justement due à Dragon Quest 12, qui a été retardé à plusieurs reprises en interne.