La mort du mangaka Kentaro Miura aurait pu sonner la fin de Berserk, mais le destin en a voulu autrement. Les aventures de Guts se poursuivent en 2024 avec un tome supervisé par son meilleur ami et réalisé par ses assistants. Berserk #42 est-il digne de Miura sensei ? Il est temps de se laisser happer par les ténèbres dans l’espoir d’y trouver la lumière.
Berserk 42, le début d’une nouvelle ère
La mort de Kentaro Miura le 6 mai 2021 suite aux complications d’une dissection aortique a durement frappé le monde du manga. L’un des auteurs les plus célèbres de la sphère manga nous quittait brutalement sans avoir eu le temps de terminer l'œuvre d’une vie. Berserk aurait pu s’arrêter au tome 40, mais aucune éclipse n'a jeté son ombre démoniaque sur ce manga parmi les plus célèbres de la fantasy.
Suite au décès prématuré du sensei, le tome 41 est publié au cours de l’été 2022 en France. Laissé en jachère plusieurs mois, il est terminé par ses assistants avec à la supervision l’auteur Kouji Mori. Deux ans plus tard, le premier tome scénarisé et illustré sans Kentaro Miura accoste sur nos rives, et l’attente des fans est à la hauteur de leur appréhension. Le Studio Gaga composé des assistants de feu Miura sensei collabore avec le meilleur ami de ce dernier afin de poursuivre un récit débuté en 1989.
Le résumé des tomes précédents : Guts et ses compagnons sont arrivés à Elf Helm et grâce à un rituel de Danan, la souveraine de l’île, ils atteignent l’objectif de leur quête : rendre la raison à Casca. Bien que celle-ci ne parvienne toujours pas à faire face à Guts, il a pu lui parler et toute la petite bande profite d’un moment de paix bien mérité. Toutefois, Guts croise à nouveau sur l’île le cavalier à tête de mort. Sous l’influence de l’armure, des images du sabbat fatal lui reviennent en mémoire et il est irritable en dépit de l'atmosphère sereine. C’est alors que le jeune garçon aux cheveux noirs, qui au cours du voyage s’était manifesté les nuits de pleine lune, réapparaît devant Guts. Il serait en réalité Griffith… (Glénat)
Le tome 42 de Berserk sort en librairie le 10 juillet 2024.
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Le digne héritier de Kentaro Miura
Dans "mon monde à moi", deux mangas dominent de la tête et des épaules le reste de la production nippone… Dragon Ball évidemment et Berserk. Akira Toriyama et Kentaro Miura, dans des styles très différents, étaient et resteront les maîtres absolus et incontestés du 9e Art japonais. J’ai découvert Dragon Ball très tôt et logiquement Berserk bien plus tard. J’étais lycéen quand le premier tome des aventures de Guts est entré dans ma vie. Depuis lors, Berserk me suit comme mon ombre à tel point que je me suis fait tatouer la “marque du sacrifice” dans le cou. "Si j'existe, c'est d'être fan".
J’aime ce manga de tout mon être. L’éclipse fut un traumatisme pour le moi de 16 ans qui apprenait la vérité sur un univers jusqu’ici sombre, mais plein d’espoir. Les chapitres ont filé et Guts a fait de sa soif de vengeance le moteur de son existence. 27 tomes plus tard, le Guerrier Noir s’est frayé avec sa Dragon Slayer un chemin dans les ténèbres et pourrait avec ses compagnons trouver une lumière salvatrice. Mais rien n’est jamais acquis dans ce monde et ils vont l’apprendre à leur dépens.
J’appréhendais la lecture du tome 42 de Berserk. Je sais le Studio Gaga et Kouji Mori talentueux et 100% dévoués à l'œuvre de feu Kentaro Miura. Pourtant, une partie de moi n’était pas rassurée avant la lecture des nouveaux chapitres réalisés sans le créateur originel de la saga. Trêve de suspense. Berserk #42 est une belle surprise qui respecte la trame principale, les personnages et le ton de la série. Le récit alterne avec subtilité entre les séquences fortes en émotions et un humour (parfois noir) bien senti essentiel pour supporter une histoire sombre au dernier dégré.
Toutefois, plusieurs séquences souffrent de transitions abruptes qui exigent de l’audience une attention particulière et même une relecture par instant pour bien comprendre l’enchaînement des chapitres. Sans être confus, la trame narrative aurait mérité un peu plus de liant pour tenir la comparaison. Je n’ai pas pour autant bouder mon plaisir. Je suis ravi de retrouver Guts, Casca, Griffith & Co. désormais sous la supervision de Kouji Mori. Aucune plume ne peut rivaliser avec celle de Kentaro Miura, mais celle de son meilleur ami était le choix posthume idéal pour prendre la relève.
La crainte principale des fans résidait dans la capacité (ou non) du Studio Gaga à reprendre le style si singulier et léché de Kentaro Miura. D’un point de vue purement technique, Berserk #42 n’a pas à rougir face aux précédents tomes. Les artistes qui s’affairent sur la série maîtrisent leur art et se sont réappropriés le trait “inimitable” du sensei. Cependant, nous ne sommes pas en présence d’une pâle copie. Au contraire, ce tome prend des libertés, notamment dans le découpage qui ose sortir des sentiers maintes fois battus par Guts pour proposer du neuf. J’ai personnellement apprécié cette initiative qui prouve que Berserk est entre de bonnes mains.
J’ai fait mon deuil de Berserk #42 par Kentaro Miura pour mieux apprécier la version concoctée par Studio Gaga et Kouji Mori. Sans jamais faire oublier le mangaka à l'origine de la saga, ce tome parvient à en conserver l’essence, à prendre des risques et à poursuivre dignement une œuvre qui a fait, fait et fera date dans la culture populaire.
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