En juillet, nous fêterons les 15 ans d’un jeu qui a initié toute une génération au genre du J-RPG : Dragon Quest 9. Digne héritier de la série légendaire dont il est issu, il est le premier épisode original de la Nintendo DS et l’un des plus ovationnés de la saga. À l’aube de la sortie de la nouvelle console de Nintendo, il est impératif pour cette itération légendaire d’obtenir un remake digne de ce nom, et ce, afin de nous emmener au neuvième ciel.

Une idée déjà dans les cartons

Vendu à plus de 5.35 millions d'exemplaires dans le monde (dont 4.32 millions uniquement au Japon) avec sa seule version DS, Dragon Quest 9 est le second opus le plus vendu de la série et le 16e jeu le plus populaire de la machine. S’il est second au classement de la série, c’est qu’il se trouve derrière Dragon Quest 11, épisode jouissant de plus de 5 versions du même titre, touchant de fait davantage de joueurs potentiels.

Sa popularité est telle qu'à l'occasion de son dixième anniversaire, le 11 juillet 2019, une émission TV lui était consacrée au pays du soleil levant. Celle-ci était l’occasion de revenir plus en détail sur les secrets de fabrication du titre, quelques anecdotes des équipes et de recueillir des témoignages des joueurs. Dans le cadre du show,' de grands noms de la série étaient invités''', entre autres Ryutaro Ichimura, producteur de Dragon Quest 9, Hitoshi Fujisawa, son réalisateur, Akihiro Hino, président de Level-5 ainsi que Yuji Horii, papa de la série.

L’équipe, si elle a précisé qu’aucun remake du titre n’était alors validé par Square Enix, ne s’est pas empêchée de disserter autour d’une telle perspective. Ils indiquent dès lors réfléchir depuis longtemps à un remake du neuvième épisode, notamment du fait que “les Dragon Quest, du 1er au 8e, ont déjà été refaits ou portés plusieurs fois, ce qui n’est pas le cas du 9e”.

La Switch comme système modèle

Si Akihiro Hino s’annonce partant projet, Yû Miyake - alors producteur de la série - explique à quel point la Nintendo Switch pourrait constituer un hardware compatible avec leurs idées. Il s'accorde alors avec le public de l'événement qui plébiscitait la console hybride pour un éventuel remake.

Dragon Quest IX était sur une console portable comportant la communication StreetPass, dessinant le principe des échange de cartes au trésor et d'autres fonctionnalités qui compliquent le choix de la plateforme qu'il faudrait choisir pour un remake. - Yû Miyake

Pour le président de Level-5, “un remake de Dragon Quest 9 avec des graphismes du niveau de Dragon Quest 11 serait incroyable. Il est peut-être possible de faire quelque chose de similaire au StreetPass avec la Switch.” La piste d’un remake s’ajoute dans leur “liste des choses qu’on aimerait faire”.

Déjà rompu à l’exercice, Level-5, qui avait développé Ni no Kuni sur Nintendo DS en 2010, s’est occupé de son remake de 2019, sorti sur Switch, PlayStation 4 et PC, le transformant en un sublime RPG tout en 3D colorée et en cel-shading. C’est sur cette base que les fans se prennent à rêver d’un traitement similaire pour le neuvième opus de la série DQ, qui permettrait de découvrir les environnements champêtres, les différentes villes et les donjons du jeu de la même façon que dans le 11e épisode de la série. Un remake ferait de cette nouvelle itération un quasi-nouveau jeu, tant les changements qui peuvent être apportés au matériau de base apparaissent gigantesques.

Un jeu prisonnier de son support

Si Dragon Quest 9 profitait du hardware de la Nintendo DS pour mettre en place des fonctionnalités inédites comme le StreetPass, il en est également tributaire. Là où les différents anciens opus portés sur la console portable étaient composés de sprites 2D sur des minis cartes du Monde et des petits tableaux, Dragon Quest 9 a fait le choix de sprites en 3D et d’un monde ouvert. Si le résultat était impressionnant il y a 15 ans, le jeu est maintenant quasiment prisonnier de son support. Les graphismes apparaissent aujourd’hui presque plus datés que ceux en 2D et le jeu peut avoir tendance à très légèrement saccader, dû notamment au nombre d'éléments en mémoire, parfois trop important pour la console.

Il en va de même pour l’OST du titre, qui brille de par la qualité des compositions de Koichi Sugiyama, et s’inscrit au panthéon des plus belles bandes-sons de la série, mais voit ses morceaux réduit à leur version synthétique pour s’accorder au hauts-parleurs de la DS. Même si sa suite symphonique, interprétée par l’orchestre philharmonique de Tokyo, lui rend hommage, il est criminel de ne pas pouvoir en profiter en jeu.

S’il est une critique sur laquelle le jeu est difficilement défendable, c’est sur ses menus. Véritable enchevêtrement de fenêtres et sous-menus multiples, les interfaces du titre est un de ses plus gros points noirs, au même niveau que ses combats, parfois jugés un peu lents, surtout en présence d’une horde d’ennemis. Un mode rapide semblable à celui de Dragon Quest 11 serait un véritable plus. Enfin, et s’il fallait ne retenir qu’un point négatif au jeu, c’est celui des compagnons, véritables corps sans une once de vie.

Festival de coquilles vides

Le jeu, s’il est fidèle aux carcans des précédents Dragon Quest en proposant une excellente histoire en solo, était originellement pensé comme une aventure à faire à plusieurs en mettant l’accent sur l’aspect multijoueur du titre. En jouant seul, vous êtes alors amené à créer vos compagnons comme il vous sied, allant de leur physique à leur vocation en passant par leurs équipements et leurs statistiques. Ils remplissent alors parfaitement le rôle qu’il leur a été assigné à un détail près : ils sont complètement vides.

De fait, ils étaient pensés, à la base, comme de simples remplaçants aux personnages de vos amis, lorsque ces derniers n’étaient pas disponibles pour jouer. La démarche est tout à fait compréhensible au Japon, puisque la console et le jeu étaient massivement répandus et régulièrement emmenés par les joueurs durant leurs déplacements. Cependant, il en était autrement en Occident, les américains et européens ayant tendance à jouer de manière plus casanière. Les occasions de partager l’aventure avec d’autres possesseurs du jeu étaient largement plus minimes. Dès lors, et pour peu que l’on ait fait d’autres Dragon Quest, le manque d’histoires et de personnalités pour les compagnons les rend beaucoup moins marquants qu’une Bianca, un Angelo ou une Jade ayant des récits propres.

Dans Dragon Quest 9, il était pourtant bel et bien possible d’avoir des compagnons avec un véritable background. Le maître du héros, Aquila, ainsi que les trois tenancières de l’auberge d’Ablithia sont bel et bien recrutables dans l’équipe, mais uniquement via des quêtes Wi-Fi. Petit problème, Nintendo a fermé ses serveurs Nintendo DS en 2014, soit 4 ans à peine après l’arrivée du jeu en France ! Autant dire qu’un joueur qui voudrait faire le jeu aujourd’hui serait amputé d’un bon nombre de quêtes du jeu. Pour pallier ce souci, et pour reprendre l’exemple du remake du 8e épisode qui ajoutait Morry et Rubis au cast, certains personnages de Dragon Quest 9 pourraient devenir recrutables comme Martial, successeur de Bérangère à l’auberge de Chérubelle, par exemple.

Un jeu qui occupe longtemps (vraiment)

La question des compagnons sans étincelles de vie était grandement imputable aux ambitions multijoueurs du titre. Mais si celles-ci n’était réalisables qu’en réseau local il y a 15 ans, elles peuvent tout à fait être transposées aux technologies actuelles. La Switch et sa future itération potentielle, peuvent tout à fait rendre le jeu multijoueur possible en ligne en plus du local. En plus d’offrir un confort de jeu bien supérieur, en permettant à des amis éloignés de se réunir une aventure commune pour sauver le Protectorat et partiellement remplacer Dragon Quest 10 que nous n’aurons jamais en Occident (on ne dirait pas comme ça, mais je suis bien chafouin).

En plus de la question du jeu à plusieurs, le titre est connu pour son grand nombre de contenu téléchargeable supplémentaire. Qu’il s’agisse d’une soixantaine de quêtes, en plus du célèbre VPC DQ (un service d'obtention d'objets, de quêtes et de personnages bonus, fonctionnant avec une connexion Internet), la connexion internet offre des systèmes de jeu à court terme, précisément ce qui est recherché par Nintendo pour la Switch et/ou pour sa successeur. Les rumeurs d’une nouvelle console se font de plus en plus pressante, et nul doute qu’un nom aussi fort que Dragon Quest 9 participera à assurer un bon lancement, au moins à coup sûr à Japon et très probablement en Occident.

Toujours sans nouvelles des futurs titres de la licence, qu’il s’agisse du 12e opus ou du remake de Dragon Quest 3 remake, la ressortie d’un titre comme Dragon Quest 9 serait un excellent moyen pour les fans de prendre leur mal en patience. De fait, en plus de la quête principale et des nombreuses quêtes (en plus de celles téléchargeables), le jeu original est doté d’un post-game avec un brin d’histoire qui pourrait être rallongé à l’occasion d’un remake. Et encore après ça, le système des antres générés aléatoirement, la myriade de vocations pour les personnages et les différents “legacy boss” (boss des jeux précédents à affronter) offrent un divertissement quasiment inépuisable pour les joueurs, surtout à plusieurs !

Le jeu est tellement riche que le voir emprisonné sur Nintendo DS depuis 15 ans est un véritable crève-coeur. Mais alors que les fans et les développeurs crient leur amour au titre et leur envie d'un remake, Square Enix n'a jamais communiqué sur une telle perspective. Toujours sans nouvelles des deux prochains jeux déjà annoncés, dont le dernier réunissant Yuji Hori, Akira Toriyama et Koichi Sugiyama de leur vivant, Dragon Quest est plus que jamais sujet aux fabulations. Nous espérons maintenant que ces échos trouvent, un jour peut-être, une oreille attentive.