Dans la galaxie lointaine, très lointaine, la magie n’est plus… Onze ans après le rachat de Lucasfilm, Disney a pressé Star Wars comme un citron : une nouvelle trilogie au cinéma, deux spin-off et une dizaine de séries (et ce n’est pas prêt de s’arrêter). Ici, quantité ne rime pas avec qualité. Dès 2015, malgré d’énormes résultats au box-office, Le Réveil de la Force est annonciateur d’échec pour les passionnés de George Lucas - et ses deux suites vont enfoncer le clou. Du côté des shows TV, Disney oscille entre le bon et le médiocre. Que se passe-t-il pour l’univers interstellaire ? Où est partie la magie Star Wars ?

Phénomène de société

“La magie Star Wars, c’est la mythologie que George Lucas (créateur et réalisateur historique de la licence, ndlr) a créé autour du space opera, un genre qu’il a un peu inventé à lui seul dans les années 70” nous explique Vincent Formica, journaliste d’Allociné. “C’est une mythologie autour de personnages forts, surtout les Jedis (...) c’est le bien contre le mal”.

Dès ses débuts en 1977, Star Wars est un raz-de-marée complètement inattendu - même pour George Lucas. Le premier épisode, Un Nouvel Espoir, récolte plus de 775 millions de dollars de l’époque dans le monde. Les deux autres volets, en 1980 et 1983, sont moins performants, mais aident à établir une nouvelle vérite : la science-fiction devient un succès populaire et Star Wars, un phénomène de société.

Il faut cependant attendre seize ans pour découvrir la suite (ou plutôt, l’avant) de la saga au cinéma. C’est donc 1999 et 2005 que la fameuse “prélogie” voit le jour. Malgré quelques critiques, c’est un nouveau carton : au total, plus de 2 milliards de dollars récoltés dans le monde. Le phénomène prend alors de l’ampleur et se décline même en série TV, à la fin des années 2000, avec The Clone Wars. C’est également à ce moment-là que l’univers étendu - qui comprend toutes les œuvres Star Wars “non-canon” - naît, au travers de nombreux romans. À l’époque, la licence de George Lucas est le roi de son genre. Un roi qui, sous la baguette de Disney, veut étendre son royaume à tout prix.

La mythologie bafouée

En 2012, après le rachat de la société Lucasfilm, Disney annonce son premier chantier : une nouvelle trilogie Star Wars, qui donnera naissance trois ans plus tard au Réveil de la Force. Les chiffres sont dingues (2 milliards à lui seul dans le monde, plus gros score de la saga) mais les critiques, du moins chez les fans, ne sont pas tendres. On reproche notamment une ressemblance évidente avec le premier long-métrage de 1977, imputée au cahier des charges du géant américain et de la réputation de “faiseur” du réalisateur, J.J Abrams.

Les choses ne vont pas s’arranger. Pour l’épisode 8, Les Derniers Jedis, Disney fait appel à Rian Johnson, qui en fera - littéralement - qu’à sa tête (J.J Abrams n’est alors que producteur) : Luke qui se débarrasse de son sabre laser ; Rey, dont la filiation n’a finalement rien de légendaire. Un plan qui sera lui-même mis à la poubelle par J.J Abrams, quand il prendra la direction de l’épisode 9, L’ascension De Skywalker. Au bout du compte, Rey devient alors la petite-fille de Palpatine.

“Disney a fait la grosse erreur de ne pas confier ces trois films à un vrai auteur” estime Vincent Formica. À l’origine, George Lucas devait être consultant sur l’ensemble du projet, avant que la firme aux grandes oreilles n’appose son veto. Pourtant, un nouvel espoir né en 2016 : Rogue One, premier spin-off Star Wars sur grand écran. Le long-métrage raconte comment les plans de l'Étoile Noire ont été dérobés par l'Alliance rebelle. “De l'audace dans l'écriture, un excellent scénario avec enfin de l'émotion” écrit par exemple un spectateur, sur Allociné. Bref, malgré de nombreux débats, Disney semble capable d’accorder à Star Wars l’attention qui lui est due.

Une recette... miracle ?

Le développement du pôle télévisuel de Star Wars, à compter de 2019 sur Disney +, va encore plus rassurer les fans (en tout cas un premier temps). La dernière saison de Clone Wars et le début de The Mandalorian sont un franc succès, notamment grâce à la présence de Dave Filoni au scénario. “C’est un expert de Star Wars, un vrai auteur qui s’y connaît et qui respecte l’univers” note Vincent Formica. Pour Rogue One et la série Andor, sortie l’année dernière, c’est la plume de Tony Gilroy qui est à saluer.

Un bon auteur, le remède pour retrouver la magie Star Wars ? Pas si sûr. Pour la prélogie, par exemple, George Lucas n’a pas été exempt de critiques (le personnage de Jar Jar Binks, l’écriture d’Anakin Skywalker dans L’Attaque des Clones). Le septième art compte d’autres exemples du genre : Coppola et Le Parrain 3, ou Ridley Scott et Prometheus, le préquel tant décrié d’Alien.

Dans ce cas, quelle solution pour Star Wars ? Le problème, ce n’est sans doute pas les auteurs, mais le papa de Mickey lui-même. “Disney a pris Star Wars pour Marvel” analyse Vincent Formica. L’homme décèle deux problèmes : l’écriture des personnages, souvent archétypale et “formatée”, qui ne prend pas en compte l’héritage de George Lucas (les récentes séries Obi-Wan et Le Livre De Boba Fett en sont de bons exemples) ; et la production en masse. “Ils ont réussi a enlevé le côté événement de Star Wars” estime le journaliste d’Allociné. Pour ce dernier point, peu de chance que Disney lève le pied. Pour l’écriture, en revanche, l’avenir semble prometteur. Les derniers films annoncés à la Star Wars Celebration ont été donnés à Dave Filoni et James Mangold, deux auteurs en qui les fans ont toute confiance.