Le temps des mini consoles ne s’est pas arrêté chez SEGA. Après sa Megadrive Mini et la GameGear Micro, l’ancien fabricant de consoles nous ramène à ses belles années dans le monde de l’arcade avec l’Astro City Mini, une borne complète et compacte pour nostalgiques des salles de jeux des années 90.
Une réinterprétation esthétiquement réussie
Dès la sortie du carton, la mini borne fait son effet. Certes, les proportions ne sont pas parfaitement respectées, particulièrement au niveau du stick et des boutons qui sont de taille exagérée, mais son format bartop, une borne à poser sur une table ou un bureau, garde bien toutes les références de l’Astro City originale : la couleur du plastique, les tons noir, blanc et vert, les autocollants sur les côtés, la forme des haut-parleurs.
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Petit regret pour les amateurs de dioramas, en Europe nous n’avons pas droit au pied qui vient relever la machine de quelques centimètres pour lui donner un look de véritable borne, avec son petit tabouret de jeu. Un petit mal qui n’enlève pas grand chose au charme de l’ensemble, surtout que la machine n’est véritablement jouable que sans ce support. En tout cas, le résultat reste très réussi et cette esthétique devrait immédiatement parler aux enfants des années 70-80 qui ont peuplé les salles d’arcade en y déversant des pièces de 5 francs.
Surtout que la fabrication est rassurante avec un plastique rigide, épais, solide et sans vis apparentes. L’objet n’est pas très lourd, avec un poids bien loin d’être proportionnel au modèle d’origine, mais il est stable et ne glisse pas sur table grâce à la présence de 6 petits patins en caoutchouc. Enfin, avant même que l’écran ne s’allume, la borne nous indique sa mise en route par l’allumage d’une bande verte sous le marquee, alors que ce dernier ne profite d’aucun rétro-éclairage. Mais vu sa taille, on s’en doutait.
Une machine agréable à jouer
Parce que oui, la Astro City Mini est vraiment petite. 17 centimètres de hauteur, ça veut surtout dire un panel de moins de 10 centimètres de large pour un peu plus de 4 centimètres de profondeur. La taille d’une manette NES. Du coup, les mains d’adulte doivent forcément faire un effort de placement pour trouver une position qui permette de jouer avec ce mini-stick et ces mini-boutons, sachant qu’il est possible de pratiquer l’Astro City Mini soit avec la borne posée, soit en la tenant comme une manette, pour un confort là encore très relatif. Heureusement, une fois que l’on a accepté cette contrainte de taille, laquelle pèse surtout sur la durée, il faut avouer que le stick réagit bien, les boutons aussi, et que les sensations en jeu sont bonnes.
Sans être équipée de matériel Sanwa, la borne nous propose tout de même un stick 8 directions bien calibré au niveau du ressort, avec un restricteur carré et un petit “clic” discret quand la direction est validée. Les boutons ne sont pas non plus de marque japonaise, mais là encore le toucher est bon, avec une profondeur d’à peine 1 millimètre avant le déclenchement et un retour en position assez rapide. Clairement, les puristes n’y trouveront pas leur compte en termes de rendu de gameplay, mais vu le format c’était de toute façon peine perdue. Les nostalgiques curieux et les enfants eux, pourront s’éclater sur ces contrôles étriqués mais néanmoins sympathiques à manipuler. Ou s’offrir la manette dédiée pour des sensations plus proches des consoles de l’époque.
En effet, Sega propose en option un pad de taille standard, 14,5 x 6 centimètres, avec une croix directionnelle sur pivot et 8 boutons, dont 6 dédiés à l’action en deux rangées de 3, comme sur pad Saturn. Sa prise en main est bonne, la croix directionnelle est agréable et efficace pour le type de jeux proposés, mais les boutons sont moins convaincants que ceux de la borne. Un peu trop mous, avec une forme concave un peu trop prononcée et qui empêche de passer de l’un à l’autre aussi vite que l’on voudrait, ils n’empêchent pas pour autant cette manette d’être un avantage sur la borne en termes d’ergonomie pour qui voudrait pratiquer le jeu sur de longues durées.
Notez que ce pad est filaire, avec une fiche USB au bout de ses 2 mètres de câble et qu’il est possible d’en connecter 2 sur la borne. On peut ainsi avoir un pad par joueur, ou un joueur qui joue sur la borne et l’autre au pad. Et même si le fabricant demande à ce que l’on n’utilise ce pad qu’avec la borne Astro City Mini, au risque d'abîmer le matériel, ce pad se montre tout à fait compatible avec les plateformes MacOs ou Windows.
Une émulation de qualité, un écran qui manque de hauteur
L’Astro City Mini propose un petit écran de 4 pouces, avec une résolution de 800 x 480 pixels. Le ratio de 16:9 pour cet écran est un choix assez étrange et maladroit quand la plupart des titres tournent en 4:3, et les autres en 3:4 (donc avec l’écran vertical), et que le format même de la borne est totalement carré pour justement permettre la rotation de l’écran. Résultat, on a droit à des bande noires assez larges au-dessus et en dessous de l’écran, ainsi qu’un effet “bezel” à droite et à gauche pour combler l’espace inutilisé. La zone d’affichage du jeu sur l’écran est donc parfois ridicule par rapport à la place disponible, en particulier avec les jeux à affichage vertical. Dommage car l’émulation nous semble ici réussie, propre, sans bug ni défaut particulier. L’Astro City Mini est un produit qui est bien fini, jusque dans sa partie logicielle, mais son écran est un peu mal choisi.
La borne est aussi équipée d’un port HDMI pour envoyer le signal vers une TV (et désactiver au passage l’affichage de la borne). Les menus passent alors en HD 720p alors que les jeux restent en 480p, à l’exception de Virtua Fighter qui lui se voit rehaussé en 960 x 720 pixels. Contrairement à la NeoGeo Mini, dont la qualité de la sortie HDMI était décevante, l’Astro City Mini assure vraiment avec une image propre et un rehaussement plutôt respectueux du matériau original. Là encore, la cible reste le grand public, et les puristes ou amoureux de la machine auront du mal à apprécier la netteté de l’image rendue sur grand écran, alors même que l’effet scanlines (qui simule les lignes d’un écran cathodique) ne nous a pas vraiment convaincus.
Néanmoins, il faut dire que la navigation dans les menus est très agréable, sur borne comme sur grand écran. Le passage d’un jeu à l’autre est fluide, les commandes sont simples, la langue française est bien présente, et les options sont accessibles à tous avec sauvegarde à la volée, réglage de la luminosité, du volume, etc. Signalons tout de même l’absence de remapping par jeu, qui aurait pu nous être agréable. Rien de bien gênant, la totalité des jeux proposant un mapping de base cohérent.
Une offre de jeux large mais un peu décevante
37 jeux composent l’offre de cette Astro City Mini. Tous proviennent de l’histoire des machines d’arcade de Sega, du début des années 80 au milieu des années 90. Nous retrouvons donc des jeux émulés issus des System 1, System 16, System 18, System 32, Mega-Tech et Model 1 du fabricant japonais. Certains de ces systèmes sont d’ailleurs largement antérieurs à la borne Astro City, qui voit du coup apparaître dans son catalogue des jeux qui ne lui étaient pas du tout destinés (bien que compatibles).
Nous avons en tout cas ici droit à 36 titres divers plus un “jeu” de test de la machine, entre jeux de combat, de plateforme, de tir, de puzzle, dont la plupart restent assez peu connus du grand public, avec pour certains genres des répétitions étonnantes. Ainsi, la série Columns est représentée par les épisodes Columns, Columns II, mais aussi Stack Columns, sans que la différence entre les trois ne justifie une telle présence. De même avec Wonder Boy, Wonder Boy in Monster Land, et Wonder Boy III: Monster Lair, ou encore Puyo Puyo et Puyo Puyo Tsu. Difficile aussi de s’extasier devant la pléthore de Beat’Em All avec Cyber Police ESWAT, Golden Axe ou Seishun Scandal / My Hero, tous trois assez pauvres en termes de gameplay.
Idem avec les Shoot’Em Up représentés par Cotton, Fantasy Zone, Sonic Boom, Space Harrier, qui ne feront réellement plaisir qu’à ceux qui y ont lâché quelques pièces de 5 francs. On pleurera aussi évidemment sur l’absence, justifiée parfois par la perte de licence, des séries comme OutRun, HangOn, Moonwalker, Sonic, Last Battle, Street Of rage etc, pour se rabattre sur quelques bijoux disponibles pour la première fois pour certains.
Ainsi, Virtua Fighter fait figure de véritable démonstration technique avec sa 3D polygonée anguleuse rehaussée en 720p, alors que Dark Edge nous surprend par son gameplay 3D détonnant. Rad Mobile assure le spectacle en jeu de course 2D/3D, alors que les Shinobi et ShadowDancer n’ont pas perdu grand chose de leur gameplay exceptionnel. Enfin, ThunderForce AC permet de rehausser le genre sur la machine avec un titre que nous retrouvons pour la première fois à la portée du public et qui promet de longues parties avant d’en voir le bout. De quoi sauver ce catalogue ? Pas tout à fait, les propositions de la NeoGeo Mini ou du Capcom Arcade Stick ayant probablement mieux vécu les affres du temps, mais dans l’ensemble on peut tirer 10/12 titres du lot et s’en satisfaire.
Un objet de collectionneur, un bonheur pour les enfants
Une fois passé le regard du joueur expérimenté qui juge cette proposition du haut de ses années de pratique, et qui voit dans cette Astro City Mini un simple objet de collection un peu limité, il faut avouer que la mayonnaise prend auprès des enfants, des curieux et nostalgiques. Ces jeux, qui ont fait notre bonheur il y a plus de 30 ans, auraient donc encore un vrai potentiel ludique aujourd’hui. C’est étonnant, mais c’est pourtant factuel.
Du coup, l’objet est beau, il attire en tant que bibelot électronique au design réussi, mais il plait aussi par ses capacités techniques, son pouvoir à nous faire jouer sur une micro borne d’arcade à des jeux issus de notre passé, malgré quelques défauts. Pour 159€, le prix de lancement de l’Astro City Mini seule, et près de 40€ supplémentaires par manette, la note nous paraît un peu salée au regard du nombre de jeux et de leur qualité globale. Mais en même temps, la machine est techniquement aboutie, agréable à manipuler, et c’est véritablement un bel objet pour les amoureux d’arcade à la façon japonaise. Alors craquera, craquera pas …
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Conclusion
Points forts
- Un super look
- Une belle finition
- Des contrôles de bonne facture
- La qualité d’image en HDMI
- Une bonne ergonomie générale
- La prise casque intégrée
- L’alimentation en simple USB
Points faibles
- L’écran 16:9 intégré qui perd beaucoup de place
- Une douzaine de jeux intéressants seulement
- Adaptateur secteur non fourni
Note de la rédaction
Cette Astro City Mini célèbre dignement la carrière de la célèbre borne d’arcade avec un objet sympathique, plein de qualités : une esthétique et une fabrication réussies, des contrôles agréables à utiliser malgré leur taille, une émulation propre et une sortie HDMI qui fait honneur aux 37 jeux qu’elle contient, même si la plupart de ces jeux accusent assez lourdement le poids des années. L’Astro City Mini est donc avant tout un bel objet de collection qui ajoute le plaisir d’avoir désormais chez soi une micro borne d’arcade pour toute la famille.