Logitech serait-il enfin revenu dans la course technologique au sein du monde du simracing ? C’est en tout cas ce que l’on peut espérer avec le lancement du Logitech G Pro Wheel et de son pédalier, le Pro Pedals. Un ensemble haut-de-gamme attendu au tournant. Surtout pour un joueur qui, comme moi, a quelques griefs avec les derniers produits simracing de la marque. C'est parti pour le test complet.
Le Logitech G Pro Wheel est un ensemble comprenant une base motorisée et un volant détachable vendu 1099€ TTC en exclusivité sur le site de Logitech. La marque justifie notamment ce tarif un peu hors normes par la technologie embarquée dans la base : une motorisation de 11 Nm avec une transmission directe entre le volant et le moteur. Ce bundle, disponible en version PS5/PC ou Xbox Series/PC, est accompagné d’un pédalier séparé vendu à 389€, pour des prestations qui, nous allons le voir, sont d’un niveau particulièrement élevé.
Voir le Logitech Pro Wheel sur le site officiel
Spécifications | |
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Compatibilité | PC, PS4, PS5 ou Xbox Series, Xbox One, PC |
Rotation Max | 1080° |
Retour de force | Oui, motorisé |
Motorisation | Direct Drive |
Palettes | 4 |
Mémoires internes | 5 |
Réglage de rotation | Depuis le volant ou le logiciel |
Pédalier | Oui, 3 pédales amovibles |
Levier de vitesses | Non |
Connexion | USB |
Une histoire d’amour, avec ses hauts et ses bas
Disons le clairement, ma relation avec le simracing façon Logitech battait de l’aile. J’avais aimé mon Driving Force comme un gosse aime son jouet préféré. J’avais aussi adoré mon incroyable G25 et lui avais même trouvé un PlaySeat à sa mesure pour me jeter sur Gran Turismo 4. Et puis, petit à petit, la marque avait perdu de sa superbe à mes yeux. D’abord avec un G27 dont la petite motorisation avait eu raison de son démultiplicateur surdimensionné plein de vibrations. Ensuite avec un G29, à la beauté bien réelle mais aux sensations décevantes. Puis enfin avec le G923, fausse nouveauté qui perdait définitivement la course technologique face aux concurrents Thrustmaster et Fanatec. J’avais de la tristesse, j’avais de la colère, et je pensais que la rupture était actée pour de bon.
Mais voilà, après les rumeurs, après les présentations derrière le rideau, arrivent à la maison les Logitech G Pro Wheel et Pro Pedals dans leur version PlayStation. Le sentiment est partagé entre le besoin d’objectivité, l’envie d’être surpris et la peur de la déception. Le premier contact est un peu hésitant. On cherche la faille, le défaut, comme pour se venger de tant d’années de perdues. Et puis on finit par se laisser aller. Parce que le produit est beau, parce que la sensation est forte, parce que l’on vit enfin le retour de Logitech dans la course, pour de vrai, et que la marque a des choses à dire. Enfin.
Un ensemble beau comme jamais
En tant que simracer, et surtout parce que je teste depuis longtemps des modèles de toutes gammes, j’en ai vu passer du beau matériel. Du Fanatec, du Thrustmaster, du Heusinkveld, des produits créés en dehors des circuits industriels avec des matériaux d’exception. Mais je n’avais jamais vu un tel niveau de finition que ce que le Pro Wheel m’a montré. Du côté de la base, on est plutôt sur du classique. Le moteur et son électronique sont enfermés dans un large boîtier en plastique qui tranche clairement avec les cubes de métal que propose la concurrence en Direct Drive.
Ca fait un peu moins sérieux qu’un DD1 de Fanatec, plus gaming, mais le travail est remarquable tant pour les ajustements que pour l’esthétique globale qui mélange différentes textures. Ici une grille, ici une large plaque en plastique mat, ici une zone plus brillante, ici quelques LEDs. On sait que Logitech connaît son sujet, tant pour les souris que pour les claviers ou les casques, on savait aussi que les G29 et G923 avaient déjà la finition pour avantage, mais le Pro Wheel pousse le curseur un peu plus loin et particulièrement avec son volant détachable.
Il n’y a, à l’heure actuelle, qu’un seul modèle de volant dans la gamme de Logitech. Pas de F1, pas de Rally, mais un modèle GT des plus classiques. Du métal, du cuir, ce n’est pas une première, mais là encore Logitech prouve sa maîtrise en proposant quelque chose de très abouti. Toujours ce côté “gaming” avec ces petits boutons qui invitent à ne pas jouer avec des gants, ce pourtour en cuir collé qui s’accroche à vos mains.
On y trouve d’ailleurs tous les boutons de la manette PS5, à l’exception des sticks analogiques, tout en gagnant deux molettes supplémentaires à utiliser dans les jeux qui les supportent ou pour le contrôle du menu interne de la base. Leur placement est globalement très bon, avec un accès facile et un appui modéré pour les activer. Je dirais la même chose des palettes cliquables à l’arrière, à la fois sèches et silencieuses, ainsi que des palettes progressives que l’on utilisera plutôt pour l’embrayage en départ arrêté.
Toutes ces fonctions sont accessibles sans difficulté et placées de manière harmonieuse. Le volant du Pro Wheel ne fait d’ailleurs pas vraiment réaliste. Il reste à sa place de périphérique de jeu, mais cette roue de 30 centimètres nous offre bien un niveau de finition équivalent à ce qui se fait de mieux ailleurs, avec même un petit côté classieux supplémentaire.
Et ce n’est pas le pédalier qui contredira cette impression. Il est d’un genre nouveau, avec large châssis en plastique dur et trois pédales aluminium montées sur leur bras métalliques. Pas un câble apparent, pas le moindre côté disgracieux, au point qu’on aura du mal à poser ses chaussures sales dessus. Clairement le pédalier le plus élégant du marché. Et attendez de voir ce qu’il sait faire !
Un pédalier remarquable
Restons sur le pédalier le temps de détailler ses fonctions. Déjà, trois pédales d’origine : accélérateur, frein et embrayage. Toutes les trois sont montées sur un châssis en métal, lequel accueille chaque axe, chaque bras, et chaque système de résistance. Pour l'accélérateur et l’embrayage, un simple ressort assure cette fonction. Mais un ressort amovible avec un système extrêmement simple à manipuler. 20 secondes pour changer de ressort avec les deux modèles supplémentaires proposés par Logitech dans la boîte. 20 secondes … avec une seule main, dès le premier essai. De là à dire qu’on pourra le faire en roulant, il n’y a qu’un pas.
Pour le frein, la technologie Load Cell mérite un peu plus de précision en fin de course. C’est pourquoi Logitech propose, et c’est le bon choix, un élastomère contre le capteur de pression. Une pièce de plastique qui se change presque comme on change un ressort, avec juste un peu de graisse sur les doigts comme récompense.
Et puis chaque pédale propose son lot de réglages de position. Latéralement d’abord avec un système de glissières aussi ingénieux qu’efficace, qui permet même de retirer une pédale (l’embrayage en général) pour donner de l’air à vos pieds. Latéralement toujours avec le réglage de la plaque du frein ou de l’embrayage, et enfin en hauteur pour les trois plaques, y compris celle de l’accélérateur. Il ne manque finalement que le réglage de l’angle de la plaque pour que le Pro Pedals remplisse totalement son contrat. Mais dans l’état, il faut l’avouer, je préfère ce modèle à mon ClubSport V3 de Fanatec. A prix équivalent, le modèle de Logitech m’offre plus de choix, plus de possibilités, un meilleur ressenti, et ce malgré quelques fonctions manquantes exclusives au Fanatec.
Le champ des possibles
Le pédalier comme la base se branchent en USB. Soit séparément, si vous jouez sur PC (et que vous voulez utiliser le pédalier avec une base concurrente), soit ensemble en connectant le pédalier à la base. C’est cette dernière méthode qu’il faut utiliser pour jouer sur console. Les câbles sont longs, bien adaptés à mes grands cockpits ou à mon large bureau, et je ne regrette finalement qu’une chose : que la connexion côté périphérique soit en micro-USB et non en USB-C. On est en 2022 tout de même …
La base possède 3 ports USB pour l’ajout de périphériques supplémentaires. Entre ça et le système de quick release, plus de raison de douter de l’arrivée d’un écosystème complet chez Logitech. Le branchement est simple côté base, avec une bonne accessibilité, mais un peu plus difficile côté pédalier puisqu’il se fait sous le châssis, dans un endroit inaccessible quand le pédalier est fixé.
La fixation, justement, se fait par 4 vis côté pédalier et 3 côté base. Rien de bien compliqué même s’il faudra vérifier si votre cockpit ou support de volant peut les accueillir, et éventuellement faire quelques perçages si nécessaire. Quant aux joueurs sur bureau, Logitech a pensé à tout. Côté pédalier, le grip est juste exceptionnel (même si nous vous conseillons de passer par une plaque plus large pour une meilleure stabilité), côté volant c’est juste le meilleur système de serrage qu’il nous ait été donné de voir. Ultra rapide à mettre en place et surtout ultra efficace.
En jeu, le vrai plaisir
11 Nm, c’est beaucoup. Mon GT DD Pro plafonne à 8 Nm et c’est déjà pas mal. Mon DD1 monte à 20 Nm mais je n’utilise jamais son moteur à plus de 50%. Et avoir ici un compromis entre les deux semble comme une évidence. Je gagne un peu de constance par rapport au GT DD Pro, avec un moteur qui a de la réserve, mais sans partir sur un modèle trop puissant qui ne m’apporte pas grand chose de plus. Le choix de Logitech me paraît donc judicieux, surtout qu’en comparaison directe, le Pro Wheel semble avoir plus de pêche que le GT DD Pro. Si les deux annoncent 5 Nm dans le menu, on a toujours une puissance supplémentaire côté Logitech. Idem avec le DD1.
Évidemment c’est au cœur des jeux que l’on peut réellement juger ce Pro Wheel. Et pour le coup, les résultats sont assez irréguliers. Le volant brille avec les titres les plus récents ou les plus suivis : GT7 sur PlayStation, F1 22 et Assetto Corsa Competizione sur toutes plateformes, iRacing sur PC. Il est moins impressionnant lorsqu’il faut sortir la compatibilité du mode G923, sur Dirt Rally 2, Dirt 5 ou encore la série WRC. Pas de quoi crier au scandale, mais un ressenti clairement inférieur à ce que le volant peut proposer de mieux.
Heureusement, le menu interne à la base qui propose de nombreux réglages et reste accessible à tout moment, permet d’affiner ces sensations, même lorsque le jeu ne le permet pas dans ces propres menus. Une fonction que Logitech prend à Fanatec en simplifiant l’utilisation, avec 5 mémoires internes, et quelques réglages d’un nouveau genre. Avec en prime le soutien du G HUB, le logiciel de gestion des périphériques de Logitech qui fait dans la simplicité, avec une ergonomie remarquable.
Car le Pro Wheel est compatible avec la norme exclusive à Logitech, le “TrueForce”. Ce système de communication entre base et jeu permet ici d’ajouter aux retours de force classiques quelques détails supplémentaires partagés par la simulation. Vibreurs, revêtement, régime moteur, de quoi ressentir plus de choses. Du moins en théorie. Car dans la pratique, il faut vraiment doser cet effet pour en tirer un intérêt, et éviter que votre axe ne vibre follement comme un G923 qu’on aurait surboosté. Peut être qu’un transducteur à la manière de celui du T-GT aurait été plus efficace. Dans tous les cas, l’effet est dosable à volonté et désactivable à tout moment. Personnellement, je l’enlève totalement.
Alors on retombe sous le charme
Et bien oui, clairement. Le Logitech G Pro Wheel et son pédalier auront eu raison de mon scepticisme et de mes inquiétudes. Bien sûr, il y a ce grand vide actuel dans l’écosystème de Logitech qui ne nous offre aucun volant supplémentaire, aucun levier de vitesses, aucun frein à main. Mais tel qu’il est proposé aujourd’hui, cet ensemble a bien des choses à dire.
Bien sûr il ne s’adresse pas à tout le monde et vise très clairement le monde des simracers fortunés, bien équipés d’un cockpit ou d’un support sérieux, puisque l’ensemble base, volant et pédalier culmine à près de 1500€. Mais le résultat est là : les sensations sont excellentes, la finition est au rendez-vous, et ce bundle se place en alternative très sérieuse à ses concurrents les plus haut-de-gamme.
Il reste à affiner le ressenti dans certains jeux, à mieux utiliser les possibilités du TrueForce, à développer les possibilités du G Hub comme du menu interne, et enfin à faire confiance à la communauté pour qu’elle propose des réglages aux petits oignons pour les titres majeurs sur chaque plateforme. Mais rien d’insurmontable pour Logitech, qui rejoint enfin les meilleurs sur le circuit, sur PC comme sur consoles.
Voir le Logitech Pro Wheel sur le site officiel
Conclusion
Points forts
- La finition du volant, exceptionnelle
- Le pédalier, l’intelligence de sa conception
- Une motorisation solide, un contrôle précis
- Les réglages du volant en jeu
- La compatibilité très large sur PC, PS4, PS5
- Le Quick Release qui donne confiance en l’avenir
- Un système silencieux
- La résistance des pédales réglable
- Utilisable en 2 ou 3 pédales
Points faibles
- Un port micro-USB en 2022
- Les effets “Audio” au niveau de l’axe
- L’écosystème Logitech encore inexistant
Note de la rédaction
Le Logitech G Pro Wheel et son pédalier ont tout pour nous réconcilier avec la gamme simracing de la marque. Puissance, précision, confort de jeu, performance, il ne lui manque rien pour peu que vous passiez un peu de temps à peaufiner vos réglages. Nous applaudissons évidemment Logitech face à la maîtrise de la finition ou du design de sa roue comme de son pédalier, son support logiciel et l’intégration déjà complète du volant dans certains jeux, tout en pointant l’utilisation encore balbutiante et imprécise d’un TrueForce heureusement désactivable. Il y a dans le Pro Wheel une belle promesse d’un avenir radieux pour la marque Suisse, qu’il ne reste plus qu’à concrétiser avec le développement d’un écosystème qu’on espère voir rapidement débarquer.