Tu es disqualifié pour la prochaine saison!
Raison évoquée: manque de confiance envers l'organisateur.
Meuh
Pardonnez moi d'avoir douté de votre parole, Maître Doudoulito
C'est Monseigneur ou Votre Sainteté, pas Maître
Je n'arrive toujours pas croire à mon idée, j'espère que j'arriverai à l'écrire!
Ca fait toujours un Dobble M
Cette image qui a foutu un gros froid
Le 05 mars 2016 à 16:23:30 HelpingFR a écrit :
Cette image qui a foutu un gros froid
Je suis en train d'écrire
Et moi, je dois me sortir les doigts du fion
Putain en imaginant la scène que j'écris j'ai peur
La propriété de la famille Meunier
La pluie tambourinait sur les vitres, s’écoulant telles des larmes sur des joues cristallines. Un éclair illuminait de temps en temps le ciel, composé d’un camaïeu de gris coléreux, puis son grondement retentissait, quelques instants plus tard. Domitille regardait d’un air morne par la fenêtre, la main sur la joue. Originaire du nord de la France, elle se retrouvait prisonnière dans une famille d’accueil, perdue quelque part dans le massif central. C’était ça ou mourir sous les bombardements d’artillerie incessants des boches. On racontait partout, dans les conversations des gens, à la une des journaux, que des villages entiers n’étaient plus que décombres. Péronne, Thiepval, Fay, Chaulnes … étaient les noms les plus tristement cités. Son père, comme tant d’autres braves, pataugeait actuellement dans la tourbe et les eaux fangeuses, fusil à la main. Si tout simplement il n’était pas couché sur le sol à la face de Dieu. Domitille n’était pas à plaindre. Certains enfants n’avaient pas eu le luxe de réchapper aux bombardements, de fuir cette plaie qu’était la guerre. Nombreux de ses anciens camarades de classes devaient actuellement vagabonder entre les ruines, jouant avec les armes abandonnées là. Quant à elle, elle s’ennuyait à mourir. Un autre enfant partageait son sort, lui originaire de la Meuse. Ils étaient tous deux dans le grand salon, richement décoré. La propriété était immense, et elle n’avait encore eu le loisir d’explorer le jardin. Il n’avait cessé de pleuvoir depuis son arrivée, la veille. On avait mis à sa disposition toutes sortes de choses afin qu’elle occupe son temps. Elle s’était vite lassée des livres et à douze ans, elle était bien trop vieille pour jouer à la poupée. Le garçon, Baptiste, avait dix ans. Depuis une heure déjà, il feuilletait un vieil album de photographies sépia.
« C’est quoi que tu regardes ? » demanda-t-elle d’une voix maussade. Le garçon releva les yeux vers elle, étonné qu’elle parle enfin.
« Des photos du manoir de ce domaine. Tu veux les voir ?
— Il y a juste cette maison, ici. D’accord c’est grand, mais c’est pas un manoir. On vous apprend rien dans la Meuse ? » demanda-t-elle, agacée.
En réalité, elle était plus frustrée d’être loin de ses amies qu’excédée par le garçon, qui n’avait rien demandé non plus. Se rendant compte de son insolence, elle s’empourpra.
« Désolée, montre-moi, vas-y. »
Baptiste se décala pour lui laisser une place face à l’album étendu sur le sol. Il n’aurait pas eu la force de tenir le lourd volume sur ses genoux. Domitille s’agenouilla à ses côtés, et regarda les clichés. Le premier était une photo de famille. Une vingtaine de personnes, hommes en redingote et femmes en robes mondaines se tenaient face à un grand manoir à l’architecture victorienne. Ils avaient tous l’air souriant.
« Je me demande qui étaient ces gens, dit Baptiste en tournant la page.
—Attends, il y a peut-être moyen de savoir. » répliqua Domitille en revenant à la page précédente. Elle expliqua : « Ma grand-mère avait un album similaire, et derrière les photos elle écrivait tout plein de trucs pour se souvenir. »
Elle extirpa la photographie de son enveloppe carton. Il était noté Mariage de Sophie, 10 juin 1876. Domitille regarda plus attentivement le cliché, et vit ensuite une voiture hippomobile recouverte de fleurs, tractée par deux percherons, ainsi que le jeune couple de mariés au centre.
« Elle s’appelle Sophie, la vieille ? demanda Domitille. De peur que la dénommée vieille ait entendu, les yeux de Baptiste s’agrandirent d’effroi. Effectivement, la dame qui les accueillait était nommée Sophie. Le garçon hocha légèrement la tête.
— Mais tu es sûr que le manoir se trouve sur ce terrain ? s’enquit-elle, douteuse.
— Presque, dans les bois. »
En effet, on pouvait voir une épaisse forêt dans l’arrière-plan. Domitille tourna la page. Un portrait ovale représentant une jeune fille attira son attention. Elle la retira et lut la légende. Léonie, 14 ans ,12 juin 1876. Le reste des diapositives étaient des photos de l’intérieur du manoir. Il y avait une grande cheminée de marbre, du mobilier Louis-Philipe, et des centaines de bibelots de valeur.
La cloche sonna, indiquant que le repas allait être servi. Domitille et Baptiste remirent l’album en place, et se précipitèrent vers la salle à manger. Sophie était déjà là, assise en bout de table. Veuve, elle vivait seule avec sa gouvernante et son jardinier qui partageaient également son couvert. Elle avait un chignon tiré en arrière, accentuant ses traits sévères, alors que la gouvernante avait des traits ronds, comme ses lunettes qui lui cerclaient les yeux. Le jardinier, quand à lui, avait une épaisse crinière de cheveux blancs, et des petits yeux pétillants de malice.
Ils se mirent à table, et tandis que l’on servait la soupe dans des assiettes creuses, leur hôtesse demanda :
« Tout se passe bien, les enfants ? Dommage que le temps soit si moche, j’espère que vous ne vous ennuyez pas trop. »
Baptiste assura alors que tout allait pour le mieux, et Domitille haussa discrètement les sourcils. Il ne fallait pas offenser celle qui lui donnait gîte et couvert.
« Madame Meunier, nous avons trouvé un album avec les photos d’un manoir, pourriez-vous nous en dire plus ? »
Sophie pinça les lèvres.
« Il n’existe plus. »
Le comportement taciturne de la maîtresse de maison trahissait son mensonge.
« Et tous les gens sur les photos ? demanda Baptiste.
—La plupart n’habitent pas ici, et les autres sont morts où à la guerre, répondit Sophie en raclant son assiette.
— Et la Léonie, c’était qui ? demanda Domitille ?
—Vous me faîte penser à elle tiens, dit le vieux jardinier. Toujours à poser des tonnes de questions !
— Maurice ! Je vous interdis de parler d’elle ! tempêta l’hôtesse.
— Que lui est-il arrivé ? demanda Domitille, curieuse.
— Elle s’est noyée, dans les étangs au fond de la propriété. Défense formelle d’approcher les lieux ! J’espère que votre curiosité est satisfaite, car vous ne saurez rien de plus.»
Le ton se voulait catégorique.
***
Le lendemain, les nuages s’étaient taris, et le mois d’août avait repris ses droits. Il y avait de l’herbe à profusion, grasse et verte. Le vieux Maurice taillait les haies, tandis que Baptiste jouait avec un bilboquet. Il ratait souvent, voir presque tout le temps son coup, et Domitille ne cessait de se moquer de lui. Des oiseaux gazouillaient, et les rayons du soleil venaient agréablement leur caresser le visage.
« Tu devrais te trouver un autre jeu, t’es juste nul là. »
Loin de se décourager, le garçon retenta son coup, et encore une fois, la boule vint se balancer, pendue au bout de son fil.
« Et tu veux jouer à quoi, du coup ? demanda-t-il, le visage crispé par la concentration.
— On pourrait aller se balader, j’ai envie de voir ces étangs.
— Mais ils sont interdits.
— Je ne suis pas stupide, on n’ira pas dans l’eau !
— Mais si on se fait attraper…
— Tu la crois toi quand elle dit que le manoir existe plus ? Pourquoi on l’aurait détruit ?
— Un incendie, ou je ne sais pas … peut être un tremblement de terre. Ou des boches. »
Domitille éclata de rire.
« Oh mais toi alors, c’que t’es bête. Bon reste avec ton jouet stupide, moi je vais me promener. »
Elle s’éloigna de lui, tout en jetant des œillades discrètes en arrière. Elle angoissait quand même d’aller seule dans les bois. Faire la grande auprès du garçon lui aurait donné du courage. Bien qu’illusoire, cela aurait estompé la sensation de peur.
Elle pénétra la forêt. Les arbres étaient assez espacés, et la lumière avait à peine baissée. Les bois étaient jonchés de feuilles mortes, et se ressemblaient en tous points. Elle se décida à faire des pyramides de cailloux afin de retrouver son chemin et se félicita de son ingéniosité. Tandis qu’elle érigeait un des tas, une ombre vint lui cacher le soleil. Elle sursauta. Ce n’était que Baptiste. Vexée, elle lui sortit :
« Regarde toi, on dirait que tu viens de voir un fantôme. »
Ils marchèrent une petite heure. La forêt ne semblait pas finir, et, se disant finalement que Sophie n’avait pas menti, s’apprêta à rebrousser chemin.
« Regarde là ! s’exclama Baptiste.
— Quoi ? »
Il désignait ce qui avait dû être autrefois les sous bassement d’une maisonnette, ne restait que les fondations en pierre.
« C’est juste un vieux mur.
— Ou la maison d’un domestique.
— Et alors, on cherche le manoir, rétorqua-t-elle, butée.
— Et d’après toi le domestique il travaillait pour quoi ? On vous apprend rien dans la Somme ? demanda-t-il, satisfait de son observation. »
La jeune fille courut, et le garçon, bien plus petit eut du mal à la suivre, parmi ronces et fougères. Enfin, le bâtiment tant recherché leur apparut. La bâtisse avait mal vieilli. De la peinture des volets branlants ne subsistaient que quelques pigments sur le bois délavé. Rongés par le lierre, les murs de pierre étaient presque invisibles, et ne subsistait d’une grande fenêtre qu’un trou béant. La mousse assaillait le toit d’ardoise, et un arbre avait pris racine dans le manoir même.
Il y avait un petit dénivelé pour y accéder, et l’on se retrouvait avec de l’eau jusqu’aux chevilles. Le bâtiment était en fait dans une cuvette. Hardie, Domitille retira ses chaussures et collants, sous le regard hésitant de Baptiste, mais le garçon finit par l’imiter. Elle frissonna de dégoût quand ses orteils s’enfoncèrent dans le limon et la vase, mais continua sa route. La porte était verrouillée, et elle ne parvint pas à l’ouvrir. Ce qui ne causait pas vraiment problème dans la mesure où la fenêtre était brisée. Elle enjamba le cadran, prenant garde à ne pas se couper sur les tessons de verre.
A l’intérieur, des nénuphars flottaient, et des algues avaient poussé sur les murs dégoulinant d’humidité. L’endroit sentait le moisi. Des vieilles photos étaient encore posées sur les meubles vermoulus, des restes d’assiettes en porcelaine et de couvert d’argent étaient toujours sur une table, comme si le repas n’avait jamais été consommé. Tout semblait avoir été abandonné subitement.
« J’ai senti un truc contre mes jambes ! C’était un serpent ! brailla Baptiste, en piétinant sur place dans de grandes éclaboussures.
—Ne dis pas n’importe quoi ! »
Même si elle n’en avait jamais douté, elle était maintenant sûre avec certitude qu’il s’agissait du manoir des photographies. Elle avait reconnu la cheminée de marbre.
Soudain, une brise leur glaça les os. Les volets claquèrent à l’extérieur. Des ronces crochues sortirent des eaux stagnantes, et en leur milieu, une silhouette verdâtre se dressa. Domitille resta médusée face à l’apparition, tandis que Baptiste s’enfuyait en hurlant. L’échine dressée, Domitille vit alors que d’autres ronces sortaient du sol afin de bloquer toute sortie. Le corps s’avança vers eux, putride. C’était une jeune fille, un peu plus grande que Domitille. Ses cheveux, châtains d’origine formaient des nattes vertes et brunâtres, des algues s’étant emmêlées dedans. Sa peau livide luisait maladivement. Les traits creusés, ses orbites étaient des trous béants. En haillons, sa robe ondulait en lambeaux au grès du vent. Un nuage de mouches volait autour d’elle. Elle s’approchait, pas par pas.
« Léonie ? » demanda Domitille, apeurée.
D’une voix fluette et enfantine, l’apparition répondit :
« Ramenez moi à la maison. »
Tous les accès à l’extérieur étaient barrés. Impossible de sortir par la porte, et les efforts de Baptiste, qui s’arrachait les mains pour écarter les ronces étaient vains. Le seul accès semblait être derrière le monstre, donnant sur une porte branlante. Domitille tenta le tout pour le tout, courant vers ce qui fut Léonie, et l’esquiva au dernier moment. Elle emprunta la porte donnant dans un grand hall, et enjamba les marches de marbre quatre à quatre. L’endroit était plongé dans une lumière dorée. Des nuages de poussières tourbillonnaient, visibles hors des zones d’ombres causées par le lierre sur les fenêtres crasseuses. Elle attrapa la poignée d’une première porte, tira dessus, mais le bois avait gonflé. Elle s’attaqua à une seconde porte. Le cri strident de Baptiste lui fit s’arrêter son cœur. Il cessa aussi brutalement qu’il avait commencé. Domitille reprit ses esprits, et força l’entrée. La chambre était meublée par un grand lit à baldaquin miteux. D’autres cadres photos et bijoux prenaient la poussière sur une coiffeuse au miroir terni. Elle se dirigea vers la fenêtre qu’elle ouvrit. Elle n’était qu’au premier étage, et un épais buisson amortirait sa chute. La porte grinça, et l’incarnation d’outre-tombe piailla de ravissement. Un millepattes énorme rampa hors de son col et disparut dans un de ses orbites creux. Domitille se défenestra. Elle n’écopa que de quelques égratignures et s’enfuit à toutes jambes du manoir. Elle courrait aussi vite que possible, manquant de chuter à chaque pas. Elle s’écorchait les pieds sur la rocaille, se cassait des ongles. Les ronces lui déchiraient des lambeaux de peau, mais elle n’avait qu’un objectif sacré : mettre le plus de distance possible entre ce cadavre ambulant et elle.
Le soleil se couchait quand elle arriva enfin sur la pelouse du jardin. Maurice le jardinier rangeait ses outils dans une brouette, l’intendante discutait avec Sophie sur la terrasse. En pleurs, elle s’écroula dans l’herbe.
Elle entendit Maurice qui s’approchait en courant. Elle releva la tête, vers la main tendue du jardinier. Une main nécrosée, décharnée, laissant apparaître les os par endroit. Un magnifique kaléidoscope de noir, jaune, vert et bleu sur la chair suppurante. Elle bondit en hurlant. La maison, s’enfermer dans la maison ! Sur la terrasse, le thé de Sophie coulait dans sa bouche, et ressortait de sa cage thoracique, dégoulinant sur la robe délavée.
J'ai lu vos textes, et franchement chapeau Helping, t'écris vraiment bien
Juste un peu perdu à la fin dans le combat, et des répétitions qui font assez tâche
(eau, Tyrall..)
aussi ça :
émergea des pointes (ou des espèces de dents)
C'est moche mon dieu, ça casse le rythme , c'est anti-littéraire
Sinon une bonne mabiance, surtout au début, on est pris dans le truc ...
Concernant ton texte, bonnav', encore quelques fautes, faudra relire une fois de plus. Il y a plusieurs rebondissements comiques, des jeux de mots appréciables, mais également quelques flops, surtout au niveau des blagues sur les noirs
En gros, si t'avais eu ma réaction en livecam ça aurait fait un signal sinusoïdale du genre :
Concernant le respect du thème, mouais, à vrai dire j'avais complétement oublié que c'était en rapport avec l'image avant de lire le mot 'manoir" ça a fait un gros déclic dans ma tête. Et puis aussi, arrête, juste arrête de mettre des mot en MAJUSCULE en plein milieu du texte, c'est inutile et moche Si je me souviens bien, c'est toi qui avait fait le texte tout en italique
+ bon j'y vais j'ai exam
Vu que tout le monde semble procrastiner pour écrire au dernier moment (moi y compris ), nous raccourcirons donc le délai à 24h pour la prochaine fois. ça sert à rien de donner une semaine si tout le monde s'y met au dernier moment... :troll:
J'ai seulement parcouru mais je peux affirmer, en étant sûr de pas me tromper, qu'une véritable école de littérature est entrain de naître sur le forum écriture de jeuxvideo.com
Et t'as pas encore vu le mien
Nan sérieux pourquoi tu dis ça?
LePerenolonch ouai j'ai failli ne pas le mettre le passage avec le noir, c'était un peu trop facile mais bon
Sinon pour les mots en majuscule, je sais pas, j'aime bien, ça fait ressortir des mots que j'ai envie d'appuyer, mais ouai je devrais en mettre moins
Bon, je dois avouer n’être pas satisfait du résultat, mais je poste néanmoins car j’aurais besoin de vos critiques et conseils pour améliorer les futurs textes. Je me suis essayé à un truc que je ne maîtrise pas du tout, le dialogue. Donc n’hésitez pas à être incisifs, à me dire ce qui ne va pas, démontez moi tout ça, ça ne peut que me faire du bien !
La fillette
« Papa, j’ai faim.
-Je sais ma chérie, je sais.
-On a rien mangé depuis hier. » gémit la fillette.
« Je sais, je suis désolé. Nous allons trouver quelque chose ne t’en fait pas.
-Mais quoi ? Y’a rien à bouffer dans cette ville ! » lança t’elle en levant ses bras au ciel. Il prit un ton posé afin de lui répondre.
« Il est vrai qu’il y a moins de ressources ici que dans les territoires de Mère, mais il y en toujours, nous finirons par dénicher quelque denrée.
-On peut rentrer s’il te plait ? » lâcha t’elle en soupirant.
« Non nous ne pouvons pas ma chérie. Nous devons continuer. »
Elle lui tourna le dos et poursuivi son chemin. Ses cheveux longs finement tressés retombaient sur ses frêles épaules. Des cheveux blonds, aussi blonds que ceux de sa mère. Une larme perla au coin de l’œil de l’homme, il s’empressa de l’essuyer afin qu’elle ne s’aperçoive de rien. Il n’avait pas pu protéger sa compagne, il protégerait sa fille jusqu’à la mort. Il enfouit à nouveau les souvenirs de cette douce nuit d’été au clair de lune, il voulait oublier les flammes, les rires gras des rebelles. Ses yeux s’embuèrent, comme à chaque réminiscence de cette douloureuse perte. Il avait sa fille, il se battait pour elle, elle devait survivre, elle était la prochaine génération. Mère s’était déjà insinué en elle, elle possédait ce qu’il aurait auparavant appelé des pouvoirs magiques, ce qu’il nommait aujourd’hui le Don. Viendrait ensuite, au fil des générations, la Métamorphose. Les enfants devaient survivre, les enfants deviendraient les gardiens de la Terre. Il était resté proche de sa fille malgré tout , et s’était fait à l’idée que cela n’était qu’une partie du processus initié par Mère.
Il la suivit, l’eau stagnante éclaboussant ses mollets. Cela faisait une semaine qu’ils progressaient dans cette fange qui avait envahi toute la cité. Il n’avait pas encore dépassé la quarantaine, mais commençait malgré tout à fatiguer. Le manque de nourriture l’affaiblissait également, mais il ne lâchait rien, comme toujours. Poursuivre. Continuer. Se dépasser.
Elle arrêta brusquement sa progression dans l’eau boueuse et fixa son père de ses yeux ronds.
« Pourquoi on est là ? Tu me l’as pas dit ! » Voilà qu’elle posait la question qu’il redoutait tant.
« Tu me dis toujours où on va d’habitude. » renchérit-elle en projetant une volée de racines sur une porte fermée. Le bois pourri éclata et elle franchit le seuil d’une nouvelle pièce.
« Ma chérie, Mère m’a confié une mission. Une mission très importante, et je dois la réaliser.
-Et c’est quoi ? Pourquoi elle t’aurait envoyé dans cette cité pourrie ?
-Le chef de la Rébellion vit ici.
-Ah bon ? Ben je le plains, c’est tellement répugnant ! » Il eut un grand sourire en entendant les propos de sa fille.
« Il se cache où il peut, tu sais bien que cela fait des années que les serviteurs de Mère le pourchassent. Il la craint moins ici, car seuls de rares humains acceptent de s’aventurer dans les villes.
-Et évidemment, mon père en fait partie ! Ben voyons ! » Elle fit sa petite moue exaspérée qui le ravissait tant. Elle lui arracha un autre sourire.
« Et donc on est là pour discuter avec lui ? » fit-elle en croisant les bras.
-Pas vraiment non. Je suis là pour… » Il hésita un instant, ne sachant pas comment le formuler.
-Tu es là pour ? » dit-elle en haussant un sourcil. Il prit une grande inspiration et se força à la fixer dans les yeux.
« Mère m’a envoyé pour l’éliminer. Je suis là pour le tuer. » Une ombre passa dans le regard de la fillette, elle pinça ses lèvres, signe qu’elle était contrariée. Elle semblait réfléchir, le silence s’installait. Seules quelques gouttes d’eau chutaient du lustre en fer forgé envahi par la mousse, comme décomptant le temps. Le moment lui parut interminable, il ne savait pas quoi dire pour rompre cette gêne qui s’était soudainement dressée entre eux. Elle ouvrit enfin la bouche, et parla d’une voix assurée.
« Tuer ? Mais c’est mal !
-Oui ma chérie, c’est mal, mais c’est parfois nécessaire. Tu sais, la Rébellion fait beaucoup de mal à Mère. Ils la frappent chaque jour, ils la brûlent, l’empêchent de retrouver sa domination sur la planète. Ces humains qui ne se sont pas ralliés à Mère n’ont pas leur place dans son monde, ils doivent être éliminés ou convertis, et le plus tôt sera le mieux.
-Mais si l’on en tue que un, il en restera encore plusieurs, ça n’a pas de sens !
-Tu sais ma chérie, les humains ne fonctionnent pas comme nous. Ils ont un leader, quelqu’un qui les guide. Si celui-ci disparait, les autres seront perdus. Ils seront alors peut-être plus enclins à suivre l’Appel. »
Elle se retourna vivement et traversa la pièce marécageuse. Il pouvait sentir à sa démarche qu’elle était contrariée. Il la suivit doucement, craignant l’orage à venir. Elle projeta ses mains en avant, intimant l’ordre aux lianes pendant du plafond de pulvériser le mur en face d’elle. Elle s’engagea dans l’embrasure, pénétrant dans un grand hall. Il se faufila derrière elle, embrassa du regard la vaste voûte aux couleurs encore fraîches. En face, la Victoire de Samothrace se dressait fière sur son piédestal. Sa fillette se retourna brusquement, les sourcils froncés.
« C’est Mère qui t’as ordonné de l’éliminer ? Tu n’aurais pas mal interprété ses paroles ?
-Elle me l’a demandé, ce n’était pas un ordre. J’ai accepté de mon propre chef.
-Elle savait que tu ne refuserais pas.
-Elle devait s’en douter en effet mais…
-JE LA DÉTESTE ! » hurla t’elle soudainement. Des racines grimpèrent l’imposant escalier en pulvérisant chaque marche et se jetèrent sur la statue. Elles l’enserrèrent de toutes parts, le joyau antique éclata dans un déluge de pierre. Il tenait déjà sa fille dans ses bras. Elle pleurait.
« Papa, s’il te plait, le fait pas !
-J’ai donné ma parole ma chérie.
-On s’en fiche, le fait pas ! Tu sais très bien ce que disent les règles ! » ajouta t’elle dans un autre sanglot. En effet, il le savait bien. Règle première. Tout humain ôtant la vie à un être vivant se verra ôter la sienne. Il avait néanmoins accepté cette mission, car le Nouveau Monde en dépendait. Il fallait que quelqu’un s’en charge. Aucun animal ne pouvait entrer ici, Mère n’y avait pas suffisamment repris ses droits. Il tuerait le chef de la Rébellion, il apporterait la paix aux Appelés, il donnerait un futur à leurs enfants. Il se voyait déjà héros de conte, comme celui ayant combattu le puissant chef rebelle, comme celui ayant vaincu les forces humaines résistantes, comme celui… Sa fille renifla un grand coup, le tirant de ses pensées.
« Papa Mandou, j’ai faim.
-Je sais ma chérie, je sais. » lui répondit-il en adressant intérieurement une prière à Mère Nature.
Bon, j'''essaye ''de pondre quelque chose ce soir, mais je ne garantie rien .
Sujet 197
- Tu sais quoi ? Tu n'es pas comme les autres. Presque humaine… Mais pas encore.
Elle boude. Elle peut bouder, cette figure plate et pleine, ce visage qui geint et se crève d'une vilaine grimace. D'une certaine façon, ce visage est encore plus humain que je ne peux l'espérer. Elle vit. Elle n'est pas inerte, ni atone. Son regard me fixe, méchant, mais vivant.
- Lâche cette lame.
Sourire ravagé de celle qui ne veut pas, ne peut pas faire ce que je lui demande. Sont-ce les mots, le sens de ceux-ci ? Le sens a-t-il seulement une existence chez elle ? Après tout, elle n'est pas complètement fini, et je ne suis pas tout à fait éteint. Les restes de la conscience offrent cette image trouble, étonnante. La superposition des souvenirs, des rêves, des projets et des déceptions. Et elle. Qui n'a jamais existé. Qui continuera -peut-être- à se tenir là, droite, après la fin.
- Je pourrais te rejoindre, si tu me laisses venir.
J'hésite, esquive un pas, puis deux. La boue du marais est une fange putride qui aspire mes forces, me tire vers le bas. En y regardant de plus près, je vois que cette vase n'en est pas. Des souvenirs, encore des souvenirs. Du code pissé salement, en prime.
« Essai centre quatre vingt dix-sept. Le sujet, sexe féminin, ressemble à s'y méprendre à une jeune humaine. Entre vingt et trente ans. L'expression du visage est hésitante, colère ou stupeur. Une arme blanche a surgi en même temps que le sujet, dans sa main droite. Expression d'une donnée brute mal interprété ? La conduite à tenir n'est pas clairement objectivé dans cette situation. Dois-je la laisser vivre ? »
Débranche, débranche, raccroche ce câble et barre toi de cet enfer. Tout ce qui est là bas n'a pas d'existence ailleurs que dans cet ersatz de conscience. Adossé au Rezo, ce rêve n'est qu'un mort-né, le sursaut d'une vie opulente et merveilleuse qui a vu mille monde, connu cent mille personne, et qui ne peut pas s'empêcher de continuer.
S'arrêter est mourir.
« J'ai connu une femme, une seule fois. Ava. Système d'Irogan, neuf ou dixième planète. Ava pilotait un chasseur indépendant, trésor de guerre d'un capitaine sanglant et avide. Elle s'échappait. Elle m'a rencontré, et je l'ai suivi. Je n'ai pas su dire non.
Pourquoi penser à Ava ? Voilà dix mille ans qu'elle doit être morte. Et moi… Je survis, comme un prisonnier du temps. Le sujet centre quatre vingt dix-sept est-il Ava ? Dois-je la supprimer ? »
Je veux que le sujet se dirige vers moi, et m'empêche de repartir. Qu'il me prenne la main, m'emmène là bas, vers cet ailleurs ouvert en une baie vitrée. Il y aurait, alors, autre chose que la vase et les souvenirs. Il y aurait un possible.
Comme cette histoire d'homme à tête de cerf, de source dans le désert, de garçon parti loin dans les étoiles et qui ne revient que mille fois mille ans plus tard, pour détruire son passé.
Il n'y aurait ni garçon ni fontaine, simplement le sujet centre quatre vingt dix-sept et moi, à marcher, tout contre les ruines du Rezo, à nous perdre loin des données, et des hypothèse de travail.
Si seulement elle m'empêche de repartir. En me prenant la main.
Elle brandit la pointe, et crève mon coeur d'un geste court. Je n'ai pas connu la souffrance, sauf quand Ava est parti de son coté, et moi du mien. De mon sang qui coule je ne perçois que la chaleur tiède. Ma tête tombe dans la boue, et je me noie. Juste assez pour ne pas mourir.
Juste assez pour voir le sujet centre quatre vingt dix-sept réduite en cendre par un éclair salvateur.
Le sujet centre quatre vingt dix-sept est un échec. Je pars au rebut.
Je ne suis plus que l'ombre de moi-même. Le souvenir d'un temps révolu, et bientôt, on me débranchera.
Alors peut-être retrouverai-je Ava, pour de bon, pour de vrai.
Marty qui nous pond un texte en 27 minutes OKLM
La fatigue a certains bons côtés. Celui d'abraser certains filtres psychiques, par exemple ...