Les studios parisiens Sloclap chaussent les gants, et remontent sur le ring près de 5 ans après Absolver. Il est temps pour SIFU de prouver qu’il connaît définitivement le Kung Fu.
Sommaire
- Histoire
- Graphismes
- Gameplay
- Scénario
- Contenu
Histoire
SIFU, c’est l’histoire d’un disciple assoiffé de vengeance qui décide à l’orée de ses 20 ans de venger son maître assassiné plusieurs années auparavant par d’anciens élèves devenus des combattants aguerris. Témoin impuissant de cet acte odieux, notre jeune héros déterminé part à la chasse aux meurtriers. SIFU est un véritable hommage au 7e Art hongkongais des années 70 et 80, mais pas uniquement, et s’apparente à un pot-pourri de références maîtrisées aux films du genre. La thématique de la vengeance est centrale dans le cinéma d’arts martiaux. Il n’est donc pas surprenant de retrouver cet archétype narratif vieux comme le monde qui ravive les vieux souvenirs des amateurs de baston cinématographique.
Graphismes
Les artistes de Sloclap reprennent les visuels mis en œuvre dans leur première production Absolver, et les peaufinent pour en accentuer les traits et créer une ambiance imprégnée de la culture et de la mythologie chinoises. Il en résulte une direction artistique typée “peinture” séduisante qui évoque bon nombre de films d’arts martiaux. Il se dégage des environnements aux inspirations marquées un cachet particulier qui n’appartient qu’à SIFU et qui donne à ce Beat’em All une identité propre rarement, voire jamais, croisée dans un jeu vidéo. OK, techniquement parlant, SIFU n’a rien de fou, mais s’avère solide. L’expérience se vit en 4K à 60 images par seconde ce qui, dans le cadre d’un jeu d’action exigeant, est vital. La survie des joueurs en dépend. En réalité, l’essentiel n’est pas dans la performance technique, mais dans la performance artistique, et sur ce point SIFU prouve qu’il en a dans le ventre. Certaines séquences, par leur seule approche visuelle saisissante, deviennent instantanément cultes.
Gameplay
Au-delà des visuels, SIFU est un hommage à la pratique des arts martiaux. Sloclap vibre pour ces pratiques martiales et cela se ressent à la fois dans la structure même du jeu et dans le gameplay. Les studios ont mis au point un système de combat technique et percutant. L’objectif principal est ici de transposer en jeu des affrontements à la fois crédibles et chorégraphiés sans jamais perdre de vue une notion primordiale. L’apprentissage des arts martiaux exige une persévérance à toute épreuve, une concentration totale et une répétition des gestes. Tout cela et bien plus encore se retrouve dans SIFU qui cherche ni plus ni moins qu’à transmettre un amour sincère et respectueux pour les arts martiaux.
Le style de combat adopté par Sloclap reprend les arcanes du Kung Fu et se structure autour d’une succession aussi vive que dévastatrice de parades, d’esquives, de contre-attaques et de combos. Le héros est ici autant dans la réaction que dans l’agression même si les interactions avec les environnements paraissent encore trop limitées. Néanmoins, les situations et les ennemis imaginés par les studios sont constamment renouvelés ce qui force les joueurs à s’adapter en temps réel. Ils sont également invités à compenser un placement de la caméra parfois peu optimal dans les espaces clos. Pour vaincre dans SIFU, il faut allier en temps réel l’appréhension de l’espace, la gestion des armes destructibles et pour finir le Focus qui permet de ralentir l’action et de déclencher une attaque spéciale… en gros briser le momentum pour reprendre le dessus.
Ce noble art qu’est la bagarre repose majoritairement dans SIFU sur la notion de “structure”. Pour faire simple, c’est la capacité du héros, mais aussi des ennemis, à se protéger et à encaisser. Une fois cette jauge remplie à 100%, la punition ne se fait pas attendre. Il est alors temps de déclencher une attaque finale sur l’ennemi ou de subir son courroux. Achever un opposant de la sorte redonne quelques points de santé au héros ce qui n’est pas négligeable. Tout cela et bien plus encore garantit à SIFU des affrontements épiques face à des ennemis et des boss variés. Enfin, reste à mentionner le fameux Last Man Standing qui vous donnera bien du fil à retordre.
L’aventure imaginée par Sloclap repose sur un concept original de progression, celui du vieillissement du héros, ce qui mène inexorablement au Game Over. Pour faire simple, la mort n’est pas une fin en soi, ce qui ajoute au jeu une dimension fantastique née des mythes de l’empire du milieu. Le héros possède un médaillon qui le ressuscite à de multiples reprises avec pour limite d’âge… 70 ans ou plus. En contrepartie, il vieillit de plusieurs années, un chiffre déterminé par un compteur de morts successives. Dans SIFU, l’échec répété se paye cash. L’objectif des joueurs est donc d’atteindre le niveau suivant le plus jeune possible dans l’espoir de voir la fin du jeu. Il est possible de se faciliter la vie en débloquant des combos et des bonus passifs pour améliorer le protagoniste, mais attention. Vous pouvez tout perdre… ou presque car rien n’est immuable dans cette aventure à la fois grisante et éprouvante.
Scénario
SIFU fait dans l’efficacité et dans le minimalisme en ce qui concerne la mise en scène pour se concentrer sur les combats. Le récit n’en demeure pas moins plaisant à suivre, aussi linéaire soit-il, grâce notamment à des personnages caractérisés et haut en couleur. Les séquences directement inspirées ou non des films d’arts martiaux ne sont pas en reste et accentuent ce simple plaisir de la découverte par de nombreux effets de surprise tout au long de l’aventure. La plume affûtée des scénaristes nous sert une histoire ultra-codifiée, celle d’un Revenge Movie redoutable, avec son lot de meurtres sanglants, mais se réapproprie ce genre hautement cinématographique en le modernisant à sa manière.
Contenu
Sloclap mise sur une expérience 100% solo. Inutile donc de chercher un quelconque mode multijoueur coopératif ou compétitif. SIFU est un Beat’em All structuré en niveaux, au nombre de 5 pour autant de boss, et à la durée de vie conséquente. Le jeu nécessite une vingtaine d’heures pour se terminer, une trentaine pour le nettoyer de fond en comble. Il est tout à fait possible, voire même fortement conseillé, de recommencer les niveaux, histoire de réduire l’âge du héros. Les studios parisiens ont donc imaginé des raccourcis afin de gagner du temps tout en renouvelant l’expérience. Un même environnement peut être exploré de plusieurs manières et via plusieurs chemins. Des indices sont également disséminés dans les niveaux qu’il convient de ramasser pour faire progresser l’enquête via un tableau où sont disposées lesdites preuves. Certains indices lient même les niveaux entre eux. De par la structure même de son aventure, SIFU garantit une certaine rejouabilité, surtout si vous espérez terminer le jeu sans avoir pris une ride… soit à 20 ans. Il faut toutefois prendre conscience que ce jeu n’est pas destiné à tout le monde. SIFU est assurément une aventure éprouvante, surtout sur de longues sessions.
Sloclap frappe fort et juste. SIFU est un hommage sincère aux arts martiaux et assurément l’un des meilleurs représentants vidéoludiques du genre.