Les membres de Sloclap sont des passionnés d’arts martiaux et ce n’est pas peu dire. A l’occasion de la sortie de SIFU, la rédaction de JV a échangé deux-trois combos avec les studios pour en apprendre plus sur cette fresque Kung Fu.
Sommaire
- SIFU en quelques mots
- Un jeu difficile ? L’éternel débat
- Un projet indépendant
- Un hommage aux arts martiaux
- Un O.V.N.I de la baston
SIFU en quelques mots
SIFU est un jeu d’action, je pourrais même le qualifier de Beat’em All, mais une fois les contours du projet défini, le titre de Sloclap reste encore bien mystérieux. Du coup, c’est quoi SIFU ? Le Marketing Manager des studios relève le défi de présenter le titre en quelques mots.
SIFU est un film de Kung Fu dont vous êtes le personnage principal qui veut transmettre un message sur l’exigence et la persévérance nécessaire pour apprendre le Kung Fu. C’est donc un jeu relativement exigeant. - Felix Garczynski (Marketing Manager - Sloclap)
SIFU fait dans l’action directe, mais au-delà de la pure baston, le jeu de Sloclap trouve sa propre voie au niveau visuel et se démarque de la concurrence par une direction artistique singulière inspirée de la peinture et du cinéma.
Peint d’une part. On a voulu construire sur ce que nous savons faire depuis Absolver, donc une vraie esthétique peinte et stylisée. D'autre part, il y a toute l’esthétique cinéma pour le coup. (...) On a vraiment cherché à s’inspirer de tout le cinéma hongkongais, le cinéma de baston au sens large, et même le cinéma en général. On a vraiment puisé des références qui vont de Wong Kar-wai à Denis Villeneuve en passant par les derniers John Wick. - Paul-Emile Boucher (Art Director - Sloclap)
Un jeu difficile ? L’éternel débat
SIFU est un jeu exigeant qui n’est pas forcément destiné à monsieur tout le monde. Pour faire simple, ce Beat’em All risque fortement d’en frustrer plus d’un et de raviver l’éternel débat sur la difficulté. SIFU exige de la persévérance, une concentration de chaque instant, mais SIFU n’est pas injuste… loin de là. Un jeu difficile, exigeant ou technique… Sloclap précise sa vision de la difficulté.
Il faut un certain niveau de difficulté pour que ce soit intéressant. Pour SIFU en particulier, il y a la thématique du Kung Fu, de la pratique. Je pense que cela se reflète bien dans le jeu. Plus on pratique, plus ça devient agréable. C’est un peu comme n'importe quel sport, ou n’importe quelle pratique. Au début, il y a un petit palier de difficulté à passer. Une fois qu’on l’a passé, on est content d’avoir acquis cette compétence. Je pense que l’on s’épanouit dans le jeu à ce moment-là. - Edward Sananikone (Video Game Producer - Sloclap)
Un projet indépendant
Les amateurs de bagarre connaissent probablement Sloclap pour Absolver. C’était le premier jeu développé par les studios parisiens, un jeu édité par Devolver Digital. Contre toute attente, mais en toute logique, les studios ont pris la décision de faire de SIFU un jeu 100% indépendant et de s’auto-éditer.
Après Absolver, il y a eu la possibilité de se dire “on part tout seul”. C’étaient de gros défis car il faut faire effectivement du marketing. Il faut éditer le jeu soit même, mais en même temps, on s’est dit que c’était un bon moyen d’apprendre et pour la suite d’être capable de le faire, et d’avoir plus de liberté. - Edward Sananikone (Video Game Producer - Sloclap)
Sloclap a rapidement évolué depuis sa création en 2015 passant de 10 à 60 employés en l’espace de 6-7 ans. La croissance des studios est une chose, mais coordonner tout ce petit monde en période de crise sanitaire en est une autre.
On a eu toute la pandémie et donc forcément un impact majeur sur l’organisation de l’équipe. Il a fallu organiser du télétravail massif assez rapidement et veillé à ce que chacun soit heureux au sein du studio même si on ne se voyait pas si souvent. Il y a des moments où on se retrouvait. On communiquait beaucoup pour combler ce manque d’échanges sur place. Pour moi le défi principal, c’était de réussir à continuer à travailler ensemble avec toutes ces contraintes. C’était vraiment un gros défi. - Edward Sananikone (Video Game Producer - Sloclap)
Un hommage aux arts martiaux
Deux projets, deux jeux d’action centrés sur les arts martiaux. Sloclap a une passion et il le fait savoir. Les membres des studios partagent une vision commune du jeu vidéo et un amour véritable pour la pratique martiale et le cinéma de baston. Le cofondateur de Sloclap et Creative Director sur SIFU confirme cette approche et cette envie de transmettre leurs passions.
On aime bien les jeux d’action de manière générale. C’est un genre qui nous branche plus que les jeux de stratégie ou autre. (...) On a cette passion pour les arts martiaux. On a essayé de le montrer sur Absolver dans un premier temps. Cela me tenait à cœur de le pousser un peu plus loin sur SIFU, de mettre aussi plus de références cinématographiques car je suis également, mais aussi pas mal de monde à Sloclap, fan de films d’arts martiaux. C’est vraiment parce que ça nous fait plaisir. - Jordan Layani (Co-Founder & Creative Director - Sloclap)
Ong Bak, La 36e Chambre de Shaolin, Police Story avec Jackie Chan, John Wick, mais aussi les films d’Edgar Wright - je pense au Dernier Pub et à Scott Pilgrim - les références sont nombreuses et variées sur SIFU. Un film de Quentin Tarantino a guidé les les équipes tout au long du projet.
Il y a un film d’arts martiaux un peu spécial. C’est Kill Bill qui est une référence pour le jeu. C’était une référence au tout début du projet et cela colle avec le genre de films que j'aime bien. C’est une référence pour le côté arts martiaux et pour le côté hommage aux films des Shaw Brothers, mais avec une envie de raconter une histoire sur des personnages, de creuser des archétypes, de les pousser un peu plus loin, d’essayer de bien les identifier et de leur donner du style. - Edward Sananikone (Video Game Producer - Sloclap)
Pour ce qui est des combats et la manière de les transposer à l’écran, c’est une film venu d’Indonésie qui a servi de modèle, et quel modèle… Il a tout simplement révolutionné le film d’arts martiaux et plus généralement le cinéma d’action à sa sortie en 2011.
Je citerais The Raid. C’est un référence importante notamment sur l’équilibre entre un combat chorégraphié et la crédibilité d’un combat dans la vraie vie. Je trouvais que l’équilibre était très bon dans ce film. C’est ça que je voulais essayer d’amener dans SIFU. - Jordan Layani (Co-Founder & Creative Director - Sloclap)
SIFU est un pot-pourri de références. Entre citations et ré-interprétations, ce Beat’em All rend hommage au cinéma d’action jusque dans ses visuels qui piochent ici et là pour se draper d’une direction artistique qui ne ressemble à aucune autre. Un film en particulier a influencé le directeur artistique.
Il y a The Grandmaster qui m’a beaucoup plu. Esthétiquement, c’est une claque. Il y a des morceaux de The Grandmaster dans SIFU. Clairement, il y a des séquences dont nous nous sommes inspirés que je vous laisserai découvrir. - Paul-Emile Boucher (Art Director - Sloclap)
Un O.V.N.I de la baston
SIFU n’est pas un jeu comme les autres. On pourrait même le qualifier d’O.V.N.I vidéoludique. C’est un jeu de combat, mais pas seulement. C’est un Beat’em All, mais qui diffère des autres jeux du genre. En quoi SIFU se démarque-t-il sur un marché du jeu vidéo de plus en plus concurrentiel ?
C’est compliqué à résumer en quelques mots. SIFU est un jeu qui n’a pas d’équivalent direct. Il se situe à la croisée de plusieurs genres et apporte des promesses uniques, que ça soit dans la fidélité de la retranscription du Kung Fu, des combats à mains nues et la précision à la fois des animations et du gameplay. - Felix Garczynski (Marketing Manager - Sloclap)
La direction artistique et la précision du système de combat sautent aux yeux. SIFU est sur bien des aspects chirurgical, mais le jeu développé par Sloclap possède une particularité, une idée, qui en fait un titre à part.
Il y a la mécanique d’âge qui est au centre de l’expérience de jeu. Elle permet de se sentir fort, de pouvoir affronter beaucoup d’ennemis et de situations, mais est dans le même temps limitée. Je pense que cela se démarque un peu, voire beaucoup. Je ne l’ai jamais vue ailleurs. Je pense que ça permet des choses que d’autres jeux ne peuvent pas vraiment proposer. - Edward Sananikone (Video Game Producer - Sloclap)
SIFU entre en scène le 8 février 2022 sur PC, PlayStation 4 et PlayStation 5.