Deux ans après la sortie de Cyberpunk 2077, CD Projekt Red nous propose une version remise au goût du jour sur PS5 et Xbox Series de The Witcher 3, son monde ouvert qui a fait sa renommée. Sept ans plus tard, les aventures du sorceleur Geralt de Riv sont-elles toujours aussi impressionnantes sur consoles next-gen ?
Sommaire
- The Witcher 3 sur PS5 et Xbox Series, ça vaut quoi ?
- TEST ORIGINAL DE THE WITCHER 3 SUR PC (PAR DERIV, LE 15/05/2015)
- En quête de sa fille
- Un jeu de choix... et de conséquences
- Gran Witch Auto
- Au fil des épées, la danse de l'acier et de l'argent
- Inventaire et menus gagnent en clarté
- Alors, c'est beau ?
The Witcher 3 sur PS5 et Xbox Series, ça vaut quoi ?
Ça y est, après de multiples reports, on a enfin pu mettre les mains sur les versions PS5 et Xbox Series qui ont longuement été promises par CD Projekt Red. Tout d'abord, rappelons que cette mise à jour est gratuite pour ceux qui possèdent le jeu sur PS4, Xbox One. Ceux qui ont déjà le titre sur Steam ou GOG peuvent également bénéficier de ce patch qui apporte aussi des améliorations graphiques sur PC, mais c'est sur les consoles qu'on va développer aujourd'hui. Mais avant de s'attarder sur la partie purement technique de cette update, évoquons d'abord la question du contenu qui affiche peu de nouveautés. Si on retrouve tous les DLC gratuits et les extensions Hearts of Stone et Blood and Wine, on a droit en plus à une nouvelle quête avec une armure et des armes inédites, mais aussi des tenues inspirées de la série Netflix. Et c'est tout. Si vous avez déjà fait le jeu et tous ses contenus supplémentaires, vous n'aurez donc pas beaucoup de surprises. Mais si c'est le cas, sachez que vous pouvez transféré votre sauvegarde d'une version du jeu à l'autre grâce à ce que les équipes appellent la "progression croisée" ou cross save, tout simplement.
La vraie grande nouveauté de cette version next-gen sur consoles, c'est surtout la question des graphismes. Sans trop de surprises, on retrouve deux options différentes. On a donc le mode Performance pour profiter de l'expérience en 60 images par secondes, ou le mode Ray-Tracing qui offre une résolution en 4K, mais aussi des effets de lumière plus réalistes comme son nom l'indique. Pour proposer un rendu plus moderne, les développeurs se sont servis de mods de la communauté comme des textures et modèles 4K ou encore des monstres extrêmement détaillés. Avec toutes ces améliorations et sa végétation plus dense, il est clair que The Witcher 3 n'a jamais été aussi beau et fluide sur consoles de salon. Pour autant, le rendu n'est pas autant impressionnant que ce que pourrait proposer un PC d'aujourd'hui avec les paramètres à fond. Malgré tout, l'expérience accuse son âge sur certains aspects, comme des textures, modèles ou encore animations faciales de personnage secondaire parfois datés. Mais pour un jeu qui date d'il y a sept ans, l'atmosphère de The Witcher 3 reste toujours aussi captivante et impressionnante.
Si l'expérience visuelle est plus agréable que jamais sur consoles, on a également droit à quelques options de confort plus que bienvenues. Tout d'abord, grâce aux SSD des deux machines, les temps de chargement sont grandement optimisés pour sauter rapidement dans l'action. Malgré tout, lorsqu'on lance une partie, on a toujours droit à ces petits résumés de ce qui s'est passé précédemment sous forme dessinée qui cachait les longs loading auparavant. Au niveau de la manette, les retours haptiques sont pris en compte sur la DualSense la PS5 et on peut configurer des raccourcis pour les sorts, histoire que les combats gagnent en souplesse. Pour ceux qui veulent une expérience de jeu plus adaptable, sachez que la position de la caméra peut être modifiée pour être plus éloignée ou non de Geralt, ce qui rend les combats plus dynamiques lorsqu'on est plus près de notre héros. Et ceux qui préfèrent profiter d'une exploration plus naturelle, ces derniers seront ravis de pouvoir retirer les points d'interrogation sur la map pour avoir quelques surprises en cours de route . Enfin, les amateurs de screenshots seront ravis de voir l'intégration d'un mode de photo. Voilà donc des ajouts en tout genre qui ne sont pas non plus game changer, mais qui permettent à The Witcher 3 de se moderniser pour être plus souple à jouer en 2022.
TEST ORIGINAL DE THE WITCHER 3 SUR PC (PAR DERIV, LE 15/05/2015)
En quête de sa fille
Les royaumes du nord sont en guerre contre un adversaire puissant en pleine phase de conquête : l’empire Nilfgaardien. Dirigé d’une main de fer par l’empereur Emhyr var Emreis, Nilfgard étend son emprise sur la plupart des terres visitées en jeu. La guerre a laissé sur le sol et dans le coeur des gens de profondes cicatrices ; plus que jamais, misère, peur et superstitions pèsent sur le monde de The Witcher. C’est au milieu d’une vaste zone occupée que le sorceleur débarque peu de temps après la fin de The Witcher 2. Ciri, sa fille adoptive serait de retour après un voyage aux confins de l’espace et du temps. Geralt de Riv va donc remuer ciel et terre pour tenter de la retrouver. Le retour des têtes connues ne s’arrête pas là puisque la belle magicienne Yennefer de Vengerberg, son amour de toujours, refait aussi surface. Mais dans un monde rongé par le conflit, le moindre indice se monnaye, le sorceleur devra donc se mêler à des intrigues qui ne concernent pas son domaine d’expertise pour obtenir de précieux renseignements sur l’endroit où pourrait se trouver Ciri. Si la chasse aux monstres figure encore au tableau des occupations du boucher de Blaviken, The Witcher 3 poursuit l’héritage des romans avec la mise en avant d’histoires plus humaines, plus politiques, jouant toujours aussi habilement avec la frontière nébuleuse entre le bien et le mal.
Si vous l’ignoriez, la trilogie vidéoludique The Witcher est tirée d’une saga romanesque de fantasy de l’écrivain polonais Andrzej Sapkowski. Enorme succès dans son pays, la série aura connu une diffusion internationale grâce aux jeux vidéo de CD Projekt. Cirilla Fiona Elen Riannon pour être plus exact est en fait la fille adoptive de Geralt que ce dernier a récupérée après une série d’évènements impliquant déjà ce cher royaume de Nilfgaard. Elevée à la forteresse de Kaer Morhen, l’enfant a suivi la formation des sorceleurs sans pour autant être soumise au rituel des herbes, phase durant laquelle les chasseurs de monstres ingèrent différentes décoctions leur conférant des capacités supérieures à la normale tout en les rendant stériles par la même occasion. Si Ciri ne possède pas les talents alchimiques des sorceleurs, son aptitude au combat et à la magie font d’elle une combattante redoutable. Toutefois, ses origines et son statut la rendent plus que désirable aux yeux des puissants de ce monde. La jeune fille est donc traquée de toutes parts, par Nilfgaard d'un côté, par certains mages de l'autre, mais aussi par la Chasse Sauvage, un carnaval de cavaliers spectraux chevauchant des destriers squelettiques, symbole de malheur et de mort. Le jeu propose de contrôler le personnage à intervalles réguliers afin d'en apprendre plus sur son parcours.
Un jeu de choix... et de conséquences
En bon RPG qui se respecte, le scénario de The Witcher 3 est avant tout une série de choix, pas toujours évidents et aux répercussions souvent assez lourdes. Que vous décidiez d’endosser le rôle du protecteur des faibles, du défenseur des “monstres” ou du pragmatisme absolu, il y aura toujours une part d'inattendu dans le déroulement des choses. Le côté manichéen laissé au placard, le choix du moindre mal ne sera donc pas toujours le plus heureux ! Le jeu excelle d’ailleurs dans l’art d’utiliser son vaste espace comme théâtre de ses ambitions scénaristiques. La carte ne prend jamais des airs de parc à thème rempli ici et là de contenus copier-coller à compléter de façon compulsive. Exploration et progression des intrigues s’entremêlent au contraire avec brio, chaque quête, principale ou secondaire, vous embarque pour des heures de jeu haletantes et viscérales. Un effort tout particulier a été apporté à la mise en scène, à la qualité des dialogues, mais aussi aux nombreuses cutscenes utilisant le moteur du jeu. Le tout est servi par des doublages français d’une qualité et d’un naturel à saluer. Non, le doublage dans la langue de Molière n’a pas à rougir face à son homologue anglais qu'on se le dise une bonne fois pour toutes ! Il est possible d'alterner entre les langues directement depuis les menus du jeu et de jouer en anglais (ou une autre langue) tout en conservant les sous-titres français si vous le souhaitez.
Les quêtes se décomposent en plusieurs catégories : la trame principale dont le déroulement s’étale sur environ 35 heures et les missions secondaires qui n’ont de secondaires que le nom tant leur richesse et leur durée de vie feraient pâlir de honte le moindre DLC solo payant ; viennent s’ajouter à cela les contrats de sorceleur impliquant d’aller chasser une vilaine bête contre un joli pactole à négocier. Enfin, les chasses aux trésors, de courtes missions sous forme d’exploration permettent de récupérer de bien belles armes et armures. Il est difficile de quantifier la durée de vie d’un RPG en monde ouvert tant les parcours de chaque joueur seront différents. Comptez au minimum 80 heures pour voir la fin du jeu, c’est en tout cas le temps qu’il m’a fallu pour boucler l’aventure en sacrifiant bon nombre de quêtes secondaires sur l’autel de l’impératif du test. Bref, le jeu déborde de contenu et réussit le tour de force de le rendre palpitant de bout en bout.
Dans leur déroulement, les missions font régulièrement intervenir les talents de pisteur du sorceleur. A la manière des phases d’enquête de la saga Arkham de Batman, Geralt mettra ses sens affûtés à contribution afin de découvrir de nombreux indices sur les lieux de ses traques ou de ses enquêtes. Pister des empreintes, étudier un cadavre pour en déterminer les causes de la mort, suivre les traces d’une bête sauvage, tel est le quotidien de notre héros. Et si vos pérégrinations vous mènent vers une tripotée de combats, il est aussi possible de régler certaines situations grâce à votre sens de la répartie, de la diplomatie, grâce à l’art subtil du pot-de-vin voire en usant de quelques tours de passe-passe mentaux.
The Witcher 3, c'est avant tout une ambiance, la preuve en extraits maison
Passionnante de bout en bout, la quête principale pourrait justifier à elle seule une pluie d’éloges adressées au jeu depuis le début de ce test. Elle met en scène une galerie de personnages tout droit tirée des précédents volets et des romans. Les lecteurs de la saga romanesque peuvent se réjouir, la casting fait apparaître bon nombre de têtes connues. Et c’est là encore une force du titre de CD Projekt : son casting de grande qualité à la fois pour ses personnages principaux et pour ses PNJ aux gueules cassées expressives. Doté d’un charisme absolu dans cet épisode, Geralt apparaît plus mature et plus déterminé que jamais à retrouver sa fille. Il est épaulé par une Yennefer avec laquelle la relation ne sera pas que verbale. Car The Witcher 3 ne démérite une nouvelle fois pas son label mature, le titre aborde différents sujets comme l’inceste, l’alcoolisme ou les horreurs de la guerre avec la qualité d’écriture et de mise en scène qu’on lui connaît désormais. Que les amoureux de la belle rousse se rassurent, Triss Merigold est bel et bien de la partie et vous fera comprendre que l’époque est décidément bien sombre pour les mages. Le jeu possède le don de faire monter la tension narrative, de créer une atmosphère de chute inexorable. Le tout avec un réalisme éblouissant teinté çà et là d’humour grinçant.
Gran Witch Auto
En termes de monde ouvert, The Witcher 3 pousse la porte de la cour des grands et pose ses pieds sur la table avec un aplomb conféré par la certitude d’avoir fait les choses en grand, en très grand même. La carte est en fait composée de plusieurs régions : les terres de Velen où l’on passera le plus clair de notre temps entre le niveau 1 et 16, paisible en apparence, l’endroit est en fait dévasté par la guerre. Ses champs de bataille fumants aux allures de charniers attirent à la fois les goules et les pilleurs venus des bourgades rongées par la pauvreté et le malheur. La zone comporte deux cités d’importance : Oxenfurt à l’est et Novigrad au nord. La ville portuaire est d’ailleurs le cadre de nombreuses heures de quêtes qui rappelleront aux joueurs du premier volet l’ambiance des ruelles de Wyzima. A l’ouest, les îles de Skellige offrent un climat enneigé plus Viking dans l’âme, peuplades barbares et géants en colère règnent sur ces archipels à l’écart des enjeux politiques du monde. On retrouve aussi la forteresse de Kaer Morhen lors du tutorial, le palais de Wyzima, siège du gouvernement d’occupation de Nilgaard et la grande zone prologue de Blanchefleur. Non content de proposer une surface de jeu diablement vaste, le titre de CD Projekt réussit son pari de la rendre vivante et surtout très cohérente. Pour son premier essai en matière d’open world, les Polonais signent un véritable coup de maître, ils livrent là un monde où beauté et violence se côtoient à tous les instants.
Il existe plusieurs façons d’explorer l’étendue de la carte : à pied, à cheval, en bateau ou via le système de voyage rapide introduit pour ce troisième volet. La première méthode sera la plus courante. En accord avec l’ouverture du jeu, Geralt est désormais capable de sauter à volonté pour la toute première fois de la saga, il peut aussi s’accrocher aux rebords ou enjamber les barrières, une liberté de mouvement très appréciable. Pour les plus longues distances, Ablette notre cheval sera à privilégier. Il suffit de siffler en extérieur pour faire apparaître le canasson non loin du sorceleur, à vous ensuite les escapades sauvages aux airs de chevauchées de Red Dead Redemption. Pour les très longues distances ou pour tous les moments de flemme, il est possible de déclencher des voyages instantanés à proximité de nombreux panneaux sur la carte. Cette option, tout comme le déclenchement d’une cutscene ou le rechargement d’une partie suite à une mort, s’accompagne d’un temps de chargement. De petites embarcations permettent enfin de voguer sur les lacs ou entre les différents îlots de Skellige.
La question m’a souvent été posée. De nombreux joueurs ressentent l’appel sauvage de The Witcher 3, ce qu’ils en ont vu ou lu les a convaincus d’explorer le monde ouvert du jeu. CD Projekt et Bandaï Namco ont réussi à faire monter une certaine hype à coup de (trop ?) nombreux trailers au cours de ces derniers mois. La réponse dépend finalement de ce que vous cherchez à trouver en jouant à un tel RPG. Non, The Witcher 3 n’est pas un Skyrim en plus mature, il n’est pas non plus un bac à sable d’activités à picorer ici et là. Il s’articule autour d’un scénario complexe faisant intervenir bon nombre de têtes connues des deux précédents volets, mais aussi des bouquins. Se pointer dans The Witcher 3 sans avoir mis les mains sur les jeux précédents vous privera donc de nombreuses références. Les novices passeront forcément à côté de pas mal d’intrigues et d’enjeux. La chose reste toutefois possible grâce au travail du studio en termes de codex, de cinématiques d’introduction et de simulation des décisions importantes prises par le joueur dans The Witcher 2. Certains dialogues comblent en effet l’absence de sauvegardes des précédents volets sur votre machine en vous questionnant sur vos décisions passées.
Au fil des épées, la danse de l'acier et de l'argent
Le système de combat de The Witcher 3 s’inscrit dans la suite logique du gameplay de The Witcher 2. Il reste basé sur l’utilisation de deux épées et de différents signes magiques à utiliser aussi bien en combat que sur certains éléments du décor. Lames d’acier pour les humains et lames d’argent pour les monstres bien calées dans son dos, Geralt récupère par la force des choses une arbalète dont l’usage sera à privilégier pour calmer les créatures volantes ou aquatiques. Les combats à l’épée gagnent en fluidité par rapport à ceux de son prédécesseur, plus agile, Geralt se montre aussi plus impitoyable dans ses assauts. Préparez-vous à voir voler des têtes, des bras, ou à découper en diagonale la cage thoracique de moult monstres. Il se dégage des affrontements un flow viscéral servi par des bruitages convaincants accompagnés de quelques finish moves sanglants en mode ralenti du meilleur effet. Bref, The Witcher 3 a ce petit côté Arkham à la sauce épées qui s’entrechoquent, on en redemande !
Quatre modes de difficulté sont accessibles dès le lancement du jeu, les habitués de la saga devraient envisager de jouer en mode trois car le titre s’avère un peu plus simple que son prédécesseur au niveau normal. Comme à son habitude, monter la difficulté aura un impact direct sur les dégâts des adversaires, la régénération automatique des points de vie, l’importance de l’alchimie et la qualité des objets trouvés.
Pour briller en combat, il est nécessaire de maîtriser l’art de la parade et de l’esquive. Si parer se révèle particulièrement utile contre les adversaires humains équipés d’armes blanches, on jouera plus volontiers de l’esquive pour éviter les coups de griffes des monstres. Une fois le système pris en main les affrontements de The Witcher 3 font preuve d'une belle technicité. Les adversaires se présentant rarement seuls, se mouvoir avec l’agilité d’un félin au beau milieu d’une troupe de bandits, parer les coups au moment opportun, puis riposter d’une attaque bien placée, tout ça se montre assez grisant. L'IA fait tout de même preuve de quelques ratés en mode normal notamment sur certaines créatures qui se laissent un peu trop malmener sans réagir. Geralt conserve une certaine polyvalence puisqu’il peut toujours se servir de bombes ou de son arbalète pour grappiller quelques dégâts à distance ou sous l'eau. Mais dans ce domaine, rien n’est aussi efficace que les signes pour prendre le dessus lors des combats, et ça tombe bien, ils ont été quelque peu repensés.
J'ai perdu la tête, depuis j'ai vu Geralt ! Vidéo d'extraits maison
Les cinq signes élémentaires de la panoplie du parfait petit sorceleur figurent donc au casting : Igni, Aard, Axii, Yrden et Quen, toujours accessibles à la volée via un menu radial. Revus et corrigés, ils disposent pour le coup d’améliorations à l’impact plus que significatif sur leur comportement. Igni, le signe de feu passe par exemple du statut de vague de flamme à celui de lance-flammes continu. Tous puisent leur puissance dans la barre d’endurance du sorceleur. Petit conseil pour la route, si le signe d’Axii offre un étourdissement de courte durée voire un contrôle mental des cibles une fois bien amélioré, il est aussi mis à profit dans de nombreux dialogues où le sorceleur pourra influencer le comportement de son interlocuteur à la manière d’un Jedi. Pensez donc à investir au minimum deux points dans sa branche pour vous payer quelques scènes à la Obi-Wan Kenobi et éviter pas mal d’embrouilles au passage.
Les élixirs ont eux aussi été repensés et simplifiés à la fois dans leur processus de préparation et dans leur usage. Les potions s’avalent désormais en plein combat via un simple raccourci. Et si elles font toujours grimper le niveau d’intoxication du sorceleur, la jauge redescend tout de même bien plus rapidement qu’auparavant. Cette facilité d’utilisation se paye par une réduction de l’efficacité globale des élixirs, plus rapides à ingérer, leur effet s’estompe aussi bien plus vite. La collecte des ingrédients (plantes, substances de monstres ou alcool) bénéficie aussi d’une refonte très appréciable. Plus besoin d’attendre des plombes pour pouvoir ramasser un objet, tout se fait en une pression de touche, à l’arrêt ou en mouvement. Il suffit aussi d’avoir quelques rasades d’alcool dans sa besace pour que le sorceleur recharge automatiquement son stock de potions lors des phases de méditation. Attention toutefois, The Witcher 3 est un titre généreux en loot, les caisses débordent de babioles, les tonneaux regorgent de composants d’artisanat. La surcharge survient toutefois moins souvent que dans The Witcher 2, pensez par contre à saluer un marchand de temps en temps au risque de voir l’ami Geralt traîner la patte, écrasé sous le poids de votre avidité.
Inventaire et menus gagnent en clarté
Fort heureusement, l’inventaire a eu la charmante idée d’abandonner le côté liste consolisé à l’extrême du second volet pour revenir à une organisation en grille bien plus pratique à l’usage. La gestion de l’équipement et des matériaux gagne donc elle aussi en rapidité d'exécution. Une fluidité bienvenue lorsque l’on commence à plonger son nez dans le système d’artisanat du jeu. Riche et surtout très utile, il permet de mettre à profit le talent des artisans les plus talentueux pour crafter armes et armures de grande qualité avec les composants récoltés durant l’aventure ou récupérés en démontant d’autres babioles. Le plaisir du loot rare existe bel et bien dans The Witcher 3, son impact sur le look et sur les performances au combat de Geralt est significatif. Chaque arme ou armure, qu'elle soit fabriquée d’après un schéma fourni à un artisan ou dénichée au détour d’une sombre caverne modifie l’apparence du sorceleur. Dommage que les développeurs aient eu la main un poil trop lourde sur l’usure de l’équipement. Combien de fois me suis-je retrouvé en pleine quête, enfoncé au plus profond d’un donjon avec une arme cassée comme seul outil de fortune. Il est toujours possible d’utiliser un équipement à la durabilité épuisée, mais ses statistiques seront bien diminuées. Veillez donc à toujours sortir équipé de quelques kits de réparation !
La nouvelle en chargrinera plus d’un, le poker aux dés, le compagnon idéal d’une bonne chopine à la taverne de l’Ours Poilu n’est pas présent dans The Witcher 3 ! Il a été remplacé par jeu de cartes aux allures de TGC appelé le Gwynt. Il faudra ici jouer de stratégie pour aligner ses cartes sur un plateau aux allure de champ de bataille. Forces aux corps-à-corps, attaquants à distance, engins de siège, tous disposent d’un score d’attaque et de talents supplémentaires. Dans les faits, le Gwynt est loin d’être inintéressant et dispose même d’un accès direct via les menus du jeu. A l’usage, on pourra regretter le côté plus direct du poker aux dés, une feature que les développeurs de CD Projekt envisageraient de faire revenir lors d’un futur contenu additionnel. Le jeu pourra néanmoins titiller la fibre de collectionneur qui sommeille en vous car de nombreuses cartes sont à acheter auprès des marchands ou à gagner contre des adversaires de prestige. Les rixes entre gentlemen pintés sont encore de la partie, elles ont même le bon goût de laisser au placard leur QTE bas de plafond pour ne laisser parler que le contre et l’esquive. On dit par contre bye bye aux bras de fer (est-ce une grande perte ?) pour voir débarquer quelques courses de canassons pas bien compliquées à remporter une fois la gestion de l'endurance du dada pigée.
Chaque prise de niveau récompense le joueur d’un point de compétence à attribuer dans un arbre de talents retrouvant de sa superbe après un The Witcher 2 peut-être un peu trop chiche en possibilités de personnalisation. Augmenter les dégâts de son coup rapide ou puissant, perfectionner son esquive, changer l’effet d’un signe particulier, tout est question de choix et de renonciation puisqu’il sera impossible d’activer toutes nos améliorations en même temps. CD Projekt a en effet introduit un système d’emplacement de compétences actives sur la droite de l’arbre de talents. Seuls les talents insérés à l'intérieur sont en fait pris en compte mais pourront en contrepartie être associés aux effets de mutagènes (un mutagène peut conférer son bonus jusqu’à trois talents en même temps). Une judicieuse façon de pousser le joueur à se spécialiser vers un style de jeu plutôt qu’un autre.
Alors, c'est beau ?
Graphiquement, cette version console s’en tire admirablement et si l’on sent que CD Projekt a dû revoir certains de ses objectifs à la baisse, The Witcher 3 frappe un grand coup dans le petit monde des jeux en monde ouvert. Des plus grandes cités que sont Novigrad ou Oxenfurt, aux forêts, villages et marécages boueux, le titre étale une technicité apte à flatter nos rétines. Que les adeptes de la sacro-sainte guerre consoles versus PC rangent leur plume acerbe, oui The Witcher 3 est plus beau sur PC, plus fin, moins aliasé, moins sujet au clipping, plus fluide. Néanmoins, cette version console n’a pas à rougir lorsque l’on se penche sur ses performances. Où ont été faites les concessions alors ? Sur la distance d’affichage dans un premier temps. Sans finalement gêner l’expérience globale de jeu, la version PS4 souffre de pas mal de clipping sur la végétation, sur certaines textures ou apparition de personnages. Ce problème sera peut-être atténué par le patch prévu le jour de la sortie du jeu, on vous en donnera des nouvelles. Sur la fluidité d’affichage dans un second temps. Au vu des prétentions du titre, il semblait évident que les 30 Fps annoncées allaient avoir un peu de mal à conserver leur stabilité. A l’usage, la PlayStation 4 parvient à maintenir un framerate satisfaisant lors de la plupart des scènes, mais commence à montrer des faiblesses dès lors que la foule et les effets climatiques se font plus nombreux. Vous constaterez la chose lors d’une balade dans les marais par temps d’orage par exemple.
J’ai tout de même noté une certaine inconstance dans la qualité d’éclairage du jeu. The Witcher 3 dispose d’un cycle jour / nuit complet et d’effets climatiques associés allant de la douce brise caressant les blés à la pluie battante secouant les arbres. Le rendu est assez saisissant lorsque le soleil diffuse ses rayons entre les branches ou sur le pavé des cités, le jeu puise alors dans ses ressources techniques pour afficher une jolie palette d’effets comme de la brume ou des reflets dans les flaques d'eau. Vous le constaterez sur les captures d’écran tout au long de son test, le titre n’a aucun mal à se hisser au rang des plus beaux mondes ouverts de sa génération sur consoles. Toutefois, il montre aussi un visage un peu moins glorieux à certains moments. Les nuits manquent par exemple de profondeur dans leur obscurité et les effets d’ombre et de lumière se font rares une fois le soleil couché. La chose est particulièrement notable sur l’eau qui prend des allures de toile bleutée sans grande technicité à la nuit tombée. Et si la densité de la végétation provoque dans sa globalité son petit effet “woah”, il ne faut pas non plus l’observer de trop près.
Splendide dans son ensemble, The Witcher 3 l’est donc un peu moins dans ses détails. Mais malgré ces défauts, CD Projekt ne démérite pas, n’oublions pas que nous tenons ici un monde ouvert dépourvu de temps de chargement lors des transitions intérieur / extérieur. Il n’y a qu’à observer le souci du détail pour saluer la performance technique du studio : les villages sont vivants, peuplés des gamins fredonnant des comptines et de paysans crasseux, la barbe du sorceleur pousse au fil des jours (on trouve des barbiers en ville), les intérieurs sont garnis de babioles variées. Pour sublimer le tout, Marcin Przybylowicz livre une bande-son magistrale faite de réinterprétations d’airs connus de la saga et de splendides ballades slaves jouées à la lyre byzantine, les coeurs s’en donnent aussi à plein poumon pour livrer un habillage sonore à l’image du reste du jeu, époustouflant.
Le moteur physique subit sur cette version quelques petits ratés notamment au niveau de certaines collisions avec les PNJ. Encore un détail qui sera peut-être corrigé par le patch day one. Les chaînes et colliers portés par la plupart des personnages ont une certaine tendance à s’agiter sans trop savoir pourquoi. Les cheveux de Geralt flottent aussi au gré des courants d'air, en intérieur ou extérieur pour un petit effet “Parce que je le vaux bien” qui prêtera plus à sourire qu’autre chose.
Points forts
- La PS5 et Xbox Series accueillent la plus belle version console de salon
- Des options de conforts sympathiques ajoutées
- Un environnement vaste et splendide
- Techniquement solide pour un monde ouvert de cette qualité sur console
- Un scénario haletant à la finesse d’écriture indéniable et à la durée de vie colossale
- Aucune quête ne semble être du bête remplissage
- Des personnages attachants, hauts en couleur, des gueules cassées comme on aimerait en voir plus souvent
- Dans la lignée de celui de The Witcher 2, le système de combat gagne encore en fluidité et en technicité
- Interface et système de craft faciles à prendre en main
- Le Gwynt et son côté stratégique, un jeu dans le jeu
- Bande-son magistrale et doublages (vf et vo) de grande qualité
Points faibles
- Un peu moins beau lorsqu’on le regarde de près
- Usure de l'équipement trop rapide
- Moteur physique foufou à certains moments
- IA perfectible en mode normal
- Où est passé le poker aux dés ?
Sept ans après sa sortie, The Witcher 3 s'offre une mise à jour qui lui permet de tirer pleinement partie du potentiel de la PlayStation 5 et de la Xbox Series. Résultat : le jeu n'a jamais été aussi beau sur consoles de salon, que ce soit en 4K Ray-Tracing ou bien en 60 images par secondes. Si cette update propose aussi des options de confort de jeu sympathiques, l'aventure reste similaire à ce que l'on connaissait jusque-là, faute d'ajout de nouveaux contenus. Malgré le nombre des années, The Witcher 3 reste l'un des titres incontournables de ces dernières années, aussi bien en termes de jeu de rôle, d'histoire ou encore de monde ouvert. Si vous ne l'avez jamais toujours pas expérimenté et que vous ne disposez pas d'un puissant PC, alors cette mise à jour next-gen est une excellente façon de découvrir l'univers du sorceleur Geralt de Riv.