En juin 1975, Les Dents de la Mer sort sur grand écran et devient à l'époque le film le plus rentable de l'histoire, surpassant ainsi Le Parrain. Pourtant, le film d’un jeune Steven Spielberg a failli ne pas voir le jour.
Un film ambitieux
Basé sur le roman du même nom de Peter Benchley, Les Dents de la Mer (1975) est l’un des premiers films de Steven Spielberg. Alors âgé de 27 ans, le jeune réalisateur prend une décision emplie d'orgueil : effectuer le tournage dans un décor naturel, plutôt que dans un studio avec un bassin, afin d’obtenir un résultat plus réaliste. Seulement pour l’époque, ce n’est pas si facile, et le requin animatronique utilisé fait face à de nombreux dysfonctionnements.
Ces soucis pousseront même Spielberg à modifier le script, de sorte à ce que le requin apparaisse moins souvent. Cela a permis d’accentuer le côté suspense du film, et Spielberg a plus tard affirmé : “les problèmes répétés du requin sont un cadeau de Dieu. Cela m’a rapproché d’Alfred Hitchcock.” Rétrospectivement, Les Dents de la Mer est un énorme succès, générant presque 500 millions de dollars. Mais outre des problèmes mécaniques, le tournage était également sujet à de nombreux retards, et un budget largement dépassé.
Un mentor protecteur
Produit par Universal, le film se profilait comme un énorme échec avant sa sortie, au vu des différentes difficultés de tournage. Malgré cela, Steven Spielberg n’avait pas été viré, pour une raison simple : le président d’Universal Sidney Sheinberg empêchait son licenciement. Les deux hommes s’étaient rencontrés en 1968, et Sheinberg avait immédiatement reconnu le potentiel du réalisateur. Il lui offra un contrat de 7 ans, et lui fit cette célèbre promesse : “beaucoup te soutiendront lors de tes succès; je te soutiendrai lors de tes échecs”.
Alors que le studio avait déjà investi plusieurs millions, Sheinberg s’est secrètement rendu sur le lieu de tournage, afin d’offrir une porte de sortie à Spielberg. Il lui proposa :
Écoute, c’est un désastre. Je ne sais pas quoi faire, à part tout arrêter maintenant. On pourrait admettre notre défaite.[...] Tu peux plier bagage tout de suite, et personne ne te remplacera. Tu ne seras pas viré. J’annulerais tout simplement la production car ceci est peut-être impossible. C’est peut-être le seul film impossible à réaliser.
Mais il laissa la décision finale à Spielberg : “Je vais te laisser décider. Je te soutiens à 100 %”. Heureusement pour l’histoire du cinéma, le réalisateur a décidé de poursuivre, et nous a livré un film qui a donné naissance au terme “blockbuster”.