La scène la plus choquante et la plus déchirante de toute la saga John Wick aurait pu ne jamais voir le jour sans l’intervention de Keanu Reeves. Le comédien s’est battu pour qu’elle soit conservée contre l’avis de presque tout le monde. Elle a donné un sens à toute la saga !
Le chiot de la vengeance
“It was just a fucking car. A Fucking dog !” (“C’était juste une putain de voiture. Un putain de chien !”)... mais pas n’importe quel chien. C’était celui de John Wick interprété par Keanu Reeves. Au début du tout premier film, le Baba Yaga découvre impuissant que son chiot gît mort sur le sol de sa maison à la suite d’un cambriolage orchestré par des voyous. Ce meurtre de sang froid justifie à lui seul la quête vengeresse menée par John Wick et toute la franchise qui en découle. Pourtant, nombreux étaient ceux qui pensaient que cette séquence allait beaucoup trop loin.
Une décision capitale pour la saga John Wick
Exception faite des réalisateurs David Leitch et Chad Stahelski ainsi que de Keanu Reeves, personne ne voulait de cette scène crève-cœur. Pour beaucoup, elle dépassait l’entendement et surtout ce que les spectateurs pouvaient encaisser sur grand écran. L’histoire du 7e Art aura donné raison aux cinéastes et à l’interprète de John Wick. Aussi déchirante soit la mort du chiot, elle est essentielle au film et donne le ton à toute la saga. Lors d’un récente interview pour Business Insider, David Leitch est revenu sur cet épisode :
On nous a dit : “Ça porte malheur”, “C'est un mauvais présage”. C'est Old Yeller, vous ne pouvez pas faire ça ! Personne ne veut faire ça, vous ne pouvez pas faire ça !” Et je me suis dit : “Nous allons exécuter des gens à bout portant ; tuer le chien est une chose, mais qu'en est-il du massacre brutal de tous ces êtres humains ? Seront-ils capables d'accepter cela ?”
Ils n'ont pas compris que nous faisions un film de genre. Nous sommes de fervents amateurs de films de genre et nous savons que ce sont les moments durs qui les rendent mémorables. - (David Leitch)
Chad Stahelski, qui a dirigé seul les trois autres films de la quadrilogie John Wick, prend ensuite la parole. Il apporte alors quelques éclaircissements et salue la prise de position de Keanu Reeves sur ce sujet sensible ainsi que celle du producteur Basil Iwanyka qui s’est rangé du côté des cinéastes et de la star pour défendre une vision commune et sans concession du film de genre.
Dave (David Leitch) et moi étions très en phase sur la façon dont nous allions tourner la scène. Nous allions utiliser un objectif pour bébé ; John est frappé durement à la tête, ce qui donne une impression de rêve ; la mort du chien se produit hors champ, et tout ce que vous verrez après coup, c'est cette traînée de sang qui donne l'impression que le chiot a essayé de ramper jusqu'à lui.
Le jour J, Keanu jouait avec un chien en peluche. Il pleurait. Il est tout abîmé. Il a l'air affreux dans son pyjama. Tout le monde derrière les moniteurs a dû se dire : “C'est la pire des idées ; ces réalisateurs débutants sont foutus.” Pendant les deux semaines qui ont suivi, on nous a suggéré de tourner une fin alternative révélant que le chiot n'était en fait pas mort. Mais Keanu nous a défendus. Basil (Iwanyka) a tenu tête aux investisseurs, qui ont fini par se dire “Et puis merde, voyons ce que ces gars-là peuvent faire.” - (Chad Stahelski)