L’art de tout casser

Sylvanas est une figure récurrente de World of Warcraft, si ce n’est l’un de ses personnages principaux. Ancienne forestière elfe-de-sang tombée au combat, elle est ressuscitée par le Roi-Liche. Elle s’émancipe du contrôle de ce dernier pour créer Fossoyeuse, la capitale des réprouvés. Celle-ci regroupe en son sein ceux qui, comme elle, ont réussi à échapper au contrôle du Roi-Liche. C’est donc en dirigeante d’un peuple qu’elle est présentée dans le lore de World of Warcraft.

Son importance croît au fil des extensions et surtout à partir de Battle for Azeroth (2018). La Légion Ardente repoussée, il faut élire un nouveau chef de guerre pour la Horde. C'est Vol'Jin lui-même, juste avant sa mort, qui la nomme malgré sa réticence. C’est donc la mère des Réprouvés qui prend le trône. Elle commence son règne par une prise de position assez forte : elle brûle Tel’Drassil, capital des elfes de la nuit et point stratégique de l’Alliance.

Un moment important dans le lore dans la forme parce que c’est spectaculaire. Dans le fond aussi parce que haut-lieu de la faction adverse mais surtout parce que c’est une décision qui fait débat au sein même de sa propre faction. À l’origine, le plan devait d’être assiéger la capitale pour assurer la sécurité de la Horde. Provoquée par un Elfe lui disant qu’elle ne pourra jamais leur enlever l’espoir, elle décide de mettre le feu à Tel’Drassil. Et c’est dans ce contexte là que l’extension Battle for Azeroth commence. Si l’opposition Alliance/Horde est remise sur le devant de la scène, l’extension s’achève finalement sur la défaite d’un Dieu Très Ancien et non pas sur le conflit.

C’est aussi à Sylvanas que l’on doit la contextualisation du début de l’extension Shadowlands qui arrive juste après Battle for Azeroth.

Très contestée dans sa propre faction, Sylvanas fuit ses responsabilités et laisse la Horde sans chef de guerre (jusqu’à Dragonflight). Elle décide alors de casser le heaume de domination : un casque légendaire qui a emprisonné des grands noms de Warcraft à cause de l’essence de son premier possesseur. C’est un objet bien connu des fans de Warcraft : quiconque le met se transforme en Roi-Liche, comme ce cher prince Arthas dont on reparlera bien sûr dans cet article. Le voir être fendu en deux par un personnage aussi important que Sylvanas est très impactant. C’est une scène choc, d’autant qu’une majorité de joueurs pensait qu’elle allait se transformer en Reine-Liche. Une décision qui aurait du sens pour celle qui est la régente des réprouvés. Un acte qui ouvre (on vous épargne les explications) la voie vers l’Ombreterre, région principale de l’extension Shadowlands, où l’on apprend que c’est le Geôlier qui est responsable de nombreux événements ayant survenus dans World of Warcraft. C’est lui qui crée le Heaume de Domination, amené en Azeroth par ses pions, et provoque les événements de Wrath of the Lich King.

Je parle pour la Horde

Mais avant que Sylvanas soit en place du côté de la Horde, c’est un passage de flambeau entre deux autres chefs de guerre qui constitue l’un des moments marquants de World of Warcraft. Enfin passage de flambeau.

Avant les événements de l’extension Mists of Pandaria, c’est Garrosh Hurlenfer qui est le chef de guerre de la horde. Un orc qu’on pourrait qualifier de patriote. Il ferait tout pour son clan et cherche sans cesse à démontrer que sa Horde est la meilleure de toute. Une ambition qu’il veut surtout coller dans le crâne de l’Alliance, la faction opposée. Alors quand il apprend qu’elle a découvert une toute nouvelle île avant lui, son sang ne fait qu’un tour. Il faut aussi qu’il aille sur place.

Garrosh est un personnage controversé. On lui souligne une fidélité exemplaire, de nombreux hauts-faits de guerre et une ambition démesurée. Mais ses traits de caractère l’ont aussi poussé à commettre parfois l’inimaginable. Et c’est ce qui se produit sur les terres de Pandarie.

Il met la main sur une relique appelée le Cœur d’Y’shaarj. L’un des quatre Dieux Très Anciens connus de World of Warcraft. Ce qu’il est intéressant de savoir, c’est qu’il se sert de l’artéfact pour décupler ses pouvoirs mais ne tombe jamais dans la corruption. Il démontre une solidité à toute épreuve et le coeur d’yshaarj ne fait juste qu’accroître son envie de pouvoir. C’est dans ce contexte-là que les aventuriers d’Azeroth sont amenés à vaincre Garrosh pour le faire descendre de son piédestal. Ils sont bien sûr accompagnés par des chefs de l’Alliance comme Jaina mais aussi de la Horde, le troll Vol’Jin en tête et Thrall pas loin.

Une fois Garrosh vaincu, la paix entre les deux factions n’est pas faite pour autant. Loin de là. Et c’est à la lumière de deux cinématiques (une pour l’alliance, une pour la horde) que se décante cette affaire. Certains tombent sous le charme du leader Varian, prêt à faire ce “qu’un roi doit faire”. D’autres soulignent l’humilité de Vol’Jin, dont le “Je parle pour la Horde’ résonne en même temps que son passage à la caméra. Un nouveau chef de guerre est trouvé.

Vous n'êtes pas prêts

The Burning Crusade constitue aussi un sacfé morceau d’histoire dans l’univers de World of Warcraft, tant plus pour ce qu’il représente pour ce qu’il raconte. Medivh, gardien corrompu par Sargeras lui-même, est responsable de l’ouverture d’un portailreliant Azeroth à l’Outreterre. C’est la terre natale des Orcs, rejointe par certains draenei en exil d’argus. Sur place, les orcs (sauf la tribu des Mag’har) sont corrompus par la Légion Ardente et se serve du portail pour conquérir Azeroth. En tant qu’aventurier sur place, autant prendre le taureau par les cornes et se rendre directement à la source du problème.

Un changement de zone épique à l’époque pour ce qui est de la première extension de World of Warcraft. Les joueurs attendent en masse devant le portail dans les Terres Foudroyées pour basculer de l’autre côté. La légion ardente est présentée pour la première fois. Puis, dans le trailer de présentation, c’est un personnage connu des joueurs de Warcraft qui se manifeste avec une phrase qui reste dans les annales : Vous n’êtes pas prêts….

La fin d'une aventure et le début d'une autre

Legion est probablement l’une des dernières extensions à avoir été très appréciées des joueurs. Elle signe de nombreuses nouveautés, traditionnelles certes, mais qui marchent chez les joueurs. Le Rivage Brisé est une nouvelle région que cherche à conquérir la Légion Argente. Celle-ci, mené par Kil’Jaeden, cherche à contrôler la Tombe de Sargeras. Il y a une dimension jeu de rôle qui revient, avec l’apparition de domaines de classes, d’objets légendaires et d’armes prodigieuses propre à chaque classe. C’est aussi le chasseur de démons, classe incarnée par Illidan, qui est introduite. Elle reste à ce jour la plus nerveuse disponible.

Ce qui a rendu Legion très appréciée, c'est aussi son retour à la ligne temporelle connue des joueurs. On retrouve des personnages connus du lore comme Khadgar, Illidan ou encore Velen. Ils sont partout et il y a de nombreux moments mémorables.

Sans revenir en détail dessus, on peut mentionner la mort de plusieurs figures, comme celle d’Ysera. Elle se fait assassiner par Xavius le premier des satyre, des elfes de la nuit corrompus par la légion ardente. Elle meurt d’une flèche et c’est une symbolique très forte : Ysera c’est quand même l’un des dragons qui a accompagné le joueur durant de nombreuses aventures. Et c’est un Aspect, un dragon qui a reçu ses pouvoirs des titans eux-même. Il y a aussi la défaite de Gul’dan au Palais Sacrenuit (la version alternative de Warlords of Draenor qui s’est échappé de sa ligne temporelle). Un moment fort parce que ça fait des siècles qu’il complote contre les aventuriers. … Tous les raids de Legion sont des gros morceaux d’histoire pour quiconque s’intéresse à l’univers richissime de Warcraft.

Cette intensité atteint son paroxysme à la fin de l’extension avec le raid d’Antorus. On retrouve les Titans, bien décidés à récupérer et juger l’un des leurs : Sargeras. Un ancien Titan, ces êtres émissaires de la Lumière, missionné pour repousser la menace du Vide. Pas de bol, il échoue et est corrompu. C’est lui qui permet le débarquement de la Légion Ardente sur Azeroth. Sargeras constitue l’une des menaces principales de World of Warcraft. C’est grâce aux aventuriers d’Azeroth (nous en l’occurrence) que l’on peut le ramener sous sa forme physique auprès de ses confrères dans une cinématique pleine de suspens concernant le sort d’Illidan.

C’est un moment très fort parce que Sargeras rôde depuis presque 20 ans dans l’univers de WoW. Le voir sous sa forme physique, presque humaine, relève d’un aboutissement de notre aventure. Il est en plus de ça responsable de pas mal de nos maux puisque, globalement, la Légion Ardente, c’est lui. Puis en représailles, il plante son épée gigantesque dans Azeroth, dans la région de Silithus. C’est là-bas que se trouve la chambre du cœur d’Azeroth.Et dans World of Warcraft, les planètes sont en réalité des âmes-mondes personnifiées que veulent s’approprier le Vide et la Lumière (d’où leur bagarres). Donc foutre une épée de 50 kilomètres en plein cœur de notre petite planète, c’est pas cool en plus d’être très marquant. C’est colossal au point d’en faire un point de départ à toute une saga sur l’Âme-Monde, dont le premier chapitre arrive avec l’extension The War Within le 27 août prochain.

Une autre réalité, toujours autant d'épique

Warlords of Draenor est une extension difficile à inclure dans cette liste parce que les événements qui s’y passent sont dans une réalité alternative à celle de la chronologie de Warcraft. Pour autant, elle ne manque pas de moments impactants. Et c’est particulièrement un qui reste assez spécial aujourd’hui.

Velen est un draenei. Ses deux frères, Kil’Jaeden et Archimonde, ont été corrompus par Sargeras et sont des hauts responsables de la Légion Ardente. Celle-là même qui a provoqué l'exil de la race (qui habitait Argus) sur l’Exodar. Une race une nouvelle fois opprimée dans Warlords of Draenor par la Horde de Fer de Grommash Hurlenfer (sous l’impulsion de son fils Grommash) Grommash force Ner’Zul, chaman orc de renom (c’est lui le premier à être enfermé dans l’heaume de domination) à invoquer l’Étoile Noire : un être magique affilié à la magie du vide;

Un allié de poids qui force Velen, un être de pure lumière, à se sacrifier en fusionnant avec l’astre. Un moment (vécu que par l’alliance) émouvant qui voit un chef respecté partir. Un moment qui symbolise la lutte, durant toute une partie de l’extension, des draeneis pour leur survie.

Le mariage pourpre façon WoW et "aucun règne n'est éternel"

Ce n’est une surprise pour personne : le moment le plus culte de l’histoire de World of Warcraft est bien tous les événements ayant lieu aux alentours de la Citadelle de la Couronne de Glace. En plus d’être un moment très fort en tant qu’aventurier d’Azeroth et joueur du jeu, c’est aussi un incontournable du lore de Warcraft et de WoW; On met fin à la croisade exténuante d’Arthas transformé en Roi-Liche. L’un des antagonistes les plus marquants de l’univers, si ce n’est le plus marquant.

Arthas est né avec du sang royal. Il est promis au trône de Lordaeron et affiche de belles promesses. Il est entouré de figures de leurs profession. Il joute à l’épée avec Varian, le futur roi de l’Alliance. C’est Uther qui fait sa formation de paladin. Il fréquente aussi Jaina Portvaillant, une mage étudiant dans la capitale réputée de Dalaran. Malgré tout cela, il assiste impuissant à la propagation de la peste dans son propre pays. Afin d’empêcher la contamination, il propose l’épuration de la ville de Stratohlme. Quelque chose que lui refusera ses proches. C’est cet événement qui marque la construction d’Arthas en Roi-Liche. Provoqué par le nathrezim Mal’Ganis, il se rend dans les terres nordiques du Norfendre pour vaincre le responsable de l’épidémie. Il fonce alors tout droit dans un piège.

Arthas est manipulé pour récupérer Deuillegivre, une lame runique habitée d’énergie de nécromancie. Elle dévore peu à peu son âme. Il décide dans la foulée de lever une armée de morts-vivants qui amène désolation au nord du Royaume de l’Est. Une offensive qu’il mène depuis la citadelle de la couronne de glace. Et c’est avec le heaume de domination qu’il achève (involontairement) sa transformation en Roi-Liche.

C’est donc un ennemi commun qu’affrontent, pour une fois, la Horde et l’Alliance. Bien que séparées dans un premier temps (dans le jeu, les deux factions arrivent en Norfendre à deux endroits séparés), elles rassemblent leurs forces pour un assaut sur la citadelle du Roi-Liche en prenant le chemin du portail du courroux. C’est alors que le grand apothicaire Putrescin trahit les deux armées. Il balance une peste en plein champ de bataille, qui mène à une annihilation des deux camps. Une trahison parfois comparée à celle du mariage pourpre de Game of Thrones. Cet événement, sans revenir sur les détails, mène alors à une fragilisation des liens entre Alliance et Horde.

C’est donc en petit comité que les champions d’Azeroth arrive au pied de la citadelle. C’est la grande dernière ligne droite avant de vaincre l’antagoniste de l’extension. Un moment d’autant plus marquant marqué par la plus qu’imposante citadelle et par le discours de Tirion Fordring, le leader de l’assaut :

C'est notre dernier combat. Ce qui se passe ici résonnera à travers les âges. Quelle que soit l'issue, ils sauront que nous nous sommes battus avec honneur. Que nous nous sommes battus pour la liberté et la sécurité de notre peuple ! Souvenez-vous, héros, que la peur est votre plus grand ennemi dans ces salles souillées. Aiguisez votre cœur et votre âme brillera plus que mille soleils. L'ennemi vacillera à votre vue. Ils tomberont lorsque la lumière de la justice les enveloppera ! »

Un doublage à la hauteur du moment que l’on retrouve dans la salle du trône, au sommet du bâtiment. Lors de sa confrontation avec les héros d’Azeroth, le Roi-Liche a lui aussi quelques déclarations qui restent dans les mémoires :

Est-ce vraiment la justice qui vous anime ? Je me demande…
Quand j’en aurai fini avec vous, vous crierez grâce, et je vous la refuserai. Vos cris d’agonie seront un hymne à ma puissance illimitée…
Il n’y a plus aucun doute. Plus la moindre question. Vous êtes bien les plus grands champions d’Azeroth. Vous avez triomphé de toutes les épreuves que je vous ai envoyées. Mes plus puissants serviteurs ont succombé à votre implacable assaut… À votre fureur déchaînée…

Un triomphe qui se finit, inéluctablement, par le décès du Roi-Liche et d’Arthas. Une cinématique vient clore l’arc narratif avec une musique sublime et une scène touchante. C’est le père d’Arthas, Terenas, qui l’accueille les bras ouverts. Lors son enfant lui demande si c’est enfin fini, il lui répond qu’aucun règne n’est éternel. Ça, ce n’est pas si sûr. La chute d’Arthas et du Roi-Liche devraient bien régner sur le trône du cœur des fans pendant encore, des années à venir.