Le cinéma d'action est à l'honneur cette année.. Après le stylisé Monkey Man et le déjanté Boy Kills World, c'est au tour d'une proposition bien plus terre-à-terre venue d'Inde de chausser les gants et de monter sur le ring. Le réalisateur de la saga John Wick Chad Stahelski en personne ne tarit pas d'éloges à son sujet. Kill de Nikhil Nagesh Bhat est en mission pour ravir le titre de “meilleur film d'action de 2024”.
Tout savoir sur Kill
Le 7e Art indien connaît un engouement sans précédent depuis plusieurs années. Il serait difficile, pour ne pas dire inutile, de lister toutes les pépites cinématographiques venues de cette région du monde. Si vous ne deviez en retenir qu’une, ce serait RRR de S. S. Rajamouli qui a marqué au fer rouge les cinéphiles du monde entier en 2022. Deux ans plus tard, les salles obscures ouvrent leurs portes à deux films d’action diamétralement opposés bien que partageant certains points communs. Dans le coin rouge se tient Monkey Man de Dev Patel sorti en avril et dans le coin bleu Kill de Nikhil Nagesh Bhat prévu pour septembre.
Si le premier mentionné mise sur une approche auteurisante du genre, le second emprunte une voie plus directe, plus létale. Kill est un film d’action réalisé par Nikhil Nagesh Bhat reposant sur un postulat de départ on ne peut plus simple : le braquage d’un train. Tout du moins, c’est ce que ce long-métrage laisse entendre de prime abord. Inspiré de faits réels, il a fait le bonheur des spectateurs du Festival international du film de Toronto en 2023 et du Festival du film de Tribeca en 2024. Projeté dans plus de 1000 cinémas en Amérique du Nord, Kill a conquis avec sa sincérité et sa technique la critique (90% sur RottenTomatoes) et le grand public (83% sur RottenTomatoes).
Le synopsis de Kill : Dans un train pour New Delhi, une bande de voleurs prend en otage les passagers, sans savoir qu’un homme bien plus redoutable qu’eux est à bord. Quand ils s’en prennent à la femme qu’il aime, Amrit, membre des forces spéciales, répond par une vengeance sans merci. (Dark Star)
Le casting principal de Kill : Lakshya Lalwani (Porus, Haseena Parkar, Dostana 2), Raghav Juyal (Dance Plus, Yudhra) et Tanya Maniktala (A Suitable Boy, Tooth Pari : When Love Bites, Mumbaikar)
Kill sort au cinéma en France le 11 septembre 2024.
Le "Revenge Movie" de 2024
Le terme “fan” serait un euphémisme pour caractériser la passion qui anime mon être lorsqu'il est question de cinéma d’action et encore plus d’arts martiaux. J’ai grandi avec les films de Jackie Chan, Bruce Lee et Jean-Claude Van Damme, et exploré le 7e Art hong-kongais de l’âge d’or, puis chinois, japonais, coréen, etc. avant d’être mis KO par un coup de coude indonésien, mouvement signature du Pencak-Silat. En 2011, le cinéma d’action connaît une révolution. The Raid de Gareth Evans sort en salles et redéfinit le genre à lui seul. Trois ans plus tard, The Raid 2 : Berandal enfonce le clou.
Il n’y aurait pas de saga John Wick, ni de Monkey Man, ni de Kill, tout du moins sous cette forme sans le diptyque The Raid. Il a imposé de nouveaux standards en filmant l’action au plus près et en mettant en valeur les artistes martiaux qui se plient en quatre sur les plateaux pour réaliser des séquences toujours plus folles. Chad Stahelski embrasse pleinement cette vision. Sa vive réaction face à Kill - je cite "vif, sauvage et créatif" - ne me laissait aucune autre alternative que de me rendre en salles pour dompter la bête. J’ai vu Kill et je ne m’en remets toujours pas.
Kill s’impose une contrainte majeure et c’est là la qualité première du film de Nikhil Nagesh Bhat qui se déroule exclusivement à bord d’un train (exception faite de la scène d’introduction) le temps d’un voyage mouvementé. Ces unités de lieu et de temps, loin d'être un obstacle infranchissable, font la force de ce Revenge Movie. 100 minutes durant, protagonistes et antagonistes se font face dans des wagons étroits sans jamais pervertir le concept originel du projet : le train est la seule et unique arène.
Au contraire, le réalisateur indien exploite à merveille cet environnement peu propice aux prouesses martiales et offre aux amateurs de “baston” chorégraphiée des scènes plus brutales et créatives les unes que les autres. Chad Stahelski - grand érudit du sujet - en a fait l’éloge, et il n’a pas menti. L’action est frontale, dénuée de fioriture … En bref, elle va à l’essentiel. Et cela est encore plus vrai après un événement déchirant qui change radicalement le ton de Kill. L’héroïsme laisse alors place à la vengeance, le beau à la violence dans tout ce qu'elle a de plus viscéral.
Le visionnage en devient presque âpre. Le film imagine les pires situations pour envoyer ad patres ses figurants. Le plaisir de les vivre n’en est que plus intense, mais laisse un goût amer dans la bouche… celui du fer et du sang. Kill n’est pas qu’un simple film à l’action millimétrée se contentant de déverser des hectolitres de sang à bord d’un train. C’est une expérience totale qui grave au couteau sur nos rétines une vérité absolue qui fera ici office d’épitaphe : “La vengeance serre le cœur autant que la mâchoire.”
Kill est le film d’action de la rentrée 2024 et l’une des meilleures propositions du genre ayant été projetées en salles ces dernières années. Loin d’être parfait, il impose le respect par sa maîtrise des codes et son envie d’en découdre avec un cinéma grand public ne sachant plus prendre de risques.