Des propositions par dizaine et aucun retour positif. C’est ce que les protégés du studio RARE, pendant de nombreuses années, ont vécu. Et à en croire le témoignage d’un de leurs confrères, ils étaient loin d’être les seuls…
Des idées, mais pas de validation
La vie d’un créateur est rarement un fleuve tranquille et c’est d’autant plus vrai lorsque l’œuvre en question symbolise une dépense de plusieurs millions de dollars. Après son rachat par Microsoft, le studio britannique RARE a été confronté à un véritable dialogue de sourds avec la nouvelle direction. Longtemps liés à Nintendo, les développeurs ont été confrontés à une transition qui s’est avérée bien plus délicate qu’ils ne le pensaient au moment du rachat par la firme de Redmond. Après la sortie de StarFox Adventures sur Gamecube et quelques titres sur Game Boy Advance, le studio anglais s’est concentré sur la Xbox, la première console de Microsoft, avec des jeux comme Grabbed by the Ghoulies et Conker : Live & Reloaded.
Ce fut ensuite au tour de la Xbox 360 de faire son apparition et le studio a continué, toujours dans sa philosophie, de proposer des concepts. Vous vous demandez sûrement où votre serviteur veut en venir, mais sachez que cette période fut terriblement délicate pour de très nombreux développeurs de RARE. Ils proposaient des idées innovantes, mais on leur a fermé la porte en leur demandant de travailler, à la place, sur des licences grand public comme Viva Piñata ou des jeux pour Kinect, le système de détection de mouvements par caméra de Microsoft. Et quand enfin, la porte était entrouverte, c’était pour exploiter une licence par essence gamer (Banjo-Kazooie) pour en faire une sorte de jeu de construction/plateforme qui a divisé. Bref, pour ces créateurs, ce n’était vraiment pas une partie de plaisir, eux qui étaient à l’origine de jeux incroyables durant les années 1990.
Une grosse licence mise en sommeil ?
Un tweet récent de Kevin Schmitt, lead designer et game designer passé par plusieurs studios prestigieux (Rockstar, LucasArts ou encore 343 Industries), fait justement écho à ces créateurs non écoutés. Dans un message en réponse à une question portant sur le nombre de concepts abandonnés pour la série Halo, l’intéressé déclare que près de 20 à 30 idées ont été proposées au cours de douze dernières années pour l’univers de la franchise. Il y avait notamment des idées autour de l’ODST, ou Orbital Drop Shock Troopers, une équipe de soldats d’élite. Ces concepts prenaient différentes formes et l’un d’eux était très sombre, mais ils n’ont malheureusement jamais vu le jour.
En un mot comme cent, si les créateurs au sein de 343 Industries avaient été entendus, le lore de la série Halo serait probablement bien plus étendu aujourd’hui. Les idées ne manquaient pas, mais en lisant les messages de Kevin Schmitt, qui évite de trop en dire, on devine qu’il y avait une forte incompréhension avec la direction (sans que l’on sache si ça provenait de 343 Industries ou de Microsoft). Cela démontre toute la difficulté de faire entendre sa voix en tant que créateur, encore plus quand les enjeux financiers sont importants. Et cela explique pourquoi, avec le temps, on retrouve tant de concepts – très prometteurs – qui ont été abandonnés. Car la création d’une licence inédite n’est jamais évidente et que les studios préfèrent se tourner vers ce qui fonctionne, à savoir (bien souvent) les suites et les remakes.