Le projet "Rebel Moon"

Le saviez-vous ? Rebel Moon fut à l’origine présenté à Disney dans l’optique d’enrichir la saga Star Wars. C'est là le point le plus cocasse de tout ce projet. Dans une dimension parallèle, Zack Snyder réalise ainsi deux films dans l’univers imaginé en 1977 par George Lucas. Trop sombre, trop adulte, pas assez “Star Wars friendly”, la proposition est rejetée par la firme aux grandes oreilles. Le cinéaste se tourne alors vers un service de SVOD en quête d’exclusivités à haute valeur ajoutée qui valide la mise en chantier du diptyque Rebel Moon, mais pas uniquement. Un anime, un jeu vidéo ainsi qu’un comic book vont dans un futur proche étendre le lore.

Rebel Moon se compose de deux longs-métrages réalisés et co-scénarisés par Zack Snyder, soit Partie 1 : Enfant du feu et Partie 2 : L'Entailleuse prévus respectivement pour le 22 décembre 2023 et le 19 avril 2024. Pensée comme une aventure chorale, Rebel Moon s’est offert un casting cinq étoiles afin de donner vie à une galaxie de personnages haut en couleur aux passés et destinées variées. Entre Sofia Boutella (Atomic Blonde), Charlie Hunnam (Sons of Anarchy), Djimon Hounsou (Blood Diamond) ou encore Anthony Hopkins (Westworld), Zack Snyder s’entoure de ce qui se fait de mieux à Hollywood pour concrétiser sa vision du space opera. Voici le synopsis officiel de Rebel Moon - Partie 1 : Enfant du feu :

Sur une lune des profondeurs de l'univers, une paisible colonie se retrouve sous la menace des armées du tyrannique régent Balisarius. Dès lors, Kora, mystérieuse étrangère, devient le meilleur espoir de survie des villageois dont elle partage la vie. Chargée de recruter des combattants aguerris pour repousser le Monde-Mère, Kora réunit une petite troupe de soldats : marginaux, insurgés, paysans et orphelins de guerre issus d'autres planètes et qui ont en commun le même besoin de rédemption et de vengeance. Alors que l'ombre d'un royaume tout entier se répand sur la plus vulnérable des lunes, une nouvelle armée de héros se dresse. - Netflix France

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Je suis un fan de Zack Snyder

Il est nécessaire de préciser d’où je parle (mon passé de cinéphile - cinéphage) avant d’entrer dans le vif du sujet. Je me considère comme un immense fan de Zack Snyder que je suis “religieusement” depuis ses débuts derrière la caméra sur L’Armée des morts (2004). Comme beaucoup je pense, j’ai pris une gifle antique en 2007 avec 300 puis super-héroïque en 2009 avec Watchmen : Les Gardiens. Souvent décrié par la suite, ce cinéaste ne m’a jamais déçu… jusqu’à son arrivée sur Netflix en 2021. Army of the Dead - le “remake” de son film sorti 17 ans plus tôt - m’a laissé un goût amer.

Dire que que je trépignais d’impatience à l’idée de voir enfin Rebel Moon relève de l’euphémisme caractérisé, et j’ai eu la chance de découvrir ce film de science-fiction dans des conditions optimales : au cinéma. En effet, Netflix a organisé des projections destinées à la presse avant d’investir les salles obscures pour un temps limité (mais pas en France). Mon avis sur Rebel Moon est donc intimement lié au rapport que j'entretiens avec la filmographie de Zack Snyder et au fait d’avoir pu profiter du film dans sa version courte (2 heures et 14 minutes) sur grand écran.

Le Star Wars de Netflix ?

Que les choses soient claires d'emblée. Rebel Moon n’est pas le Star Wars “killer” de Netflix, mais peut prétendre au titre de “film de science-fiction ultime”. Et ce n’est pas forcément une bonne nouvelle ! Je m’explique. Le cinéma de Zack Snyder repose en grande partie sur sa capacité à ingérer, puis digérer la pop-culture afin de nourrir ses œuvres cinématographiques. Entre son remake de 2004 et ses adaptations de comics, le réalisateur américain pouvait compter sur un matériau source pour canaliser un trop plein d’envies. Malheureusement, Netflix lui donne désormais carte blanche, et cela se ressent à 2000% sur Rebel Moon.

Ce space opera brille par sa générosité à toute épreuve et son désir de contenter tous les fans de science-fiction, quels qu'ils soient. Dès les premiers instants, les références pleuvent parfois pour le meilleur et parfois pour... se faire simplement plaisir. Rebel Moon est le fruit d’une collision entre Star Wars (bien entendu), Warhammer 40.000, Les Chroniques de Riddick, Fondation, etc. sans oublier le magazine Métal Hurlant sans lequel la SF serait bien différente en 2023. Zack Snyder espère ainsi plaire à tout le monde et créer le film de science-fiction le plus riche jamais réalisé. Il y est parvenu, mais à quel prix ?

Il nous avait pourtant prévenu. Rebel Moon est, je cite, “un croisement entre Les Douze Salopards (1969) et Les Sept Magnifiques (1961) dans l'espace”. Zack Snyder a tenu parole envers et contre toute logique scénaristique. Trop de personnages, trop de planètes, trop d’origin stories, trop de trop... le film ne prend jamais le temps de se poser, d’installer durablement son univers fourmillant de détails et de sous-intrigues, et enchaîne sous la contrainte les péripéties pour faire progresser l’histoire. Il n’en demeure pas moins que la Partie 1 : Enfant du feu excelle dans d’autres domaines.

Zack Snyder est passé maître dans l’art de l’épique et nous offre encore une fois moultes séquences Over the Top aux ralentis stylisés qui vont faire rugir les fans du cinéaste. Certains trouveront cette débauche d’énergie kitsch et “too much” comme toujours, mais personnellement j’y prend un plaisir assumé. Chacun son “kink” cinématographique me direz-vous. Puis ce talent à faire ressentir les coups portés et la violence qui se déchaîne à l’écran (déjà mis à l’œuvre sur Watchmen : Les Gardiens et Batman v Superman : L'aube de la justice) est un modèle du genre. Le réalisateur n’a rien perdu de sa propension à rouster la rétine du spectateur, et j’en redemande.

Cependant, cette accumulation de planètes, de plans léchés et d’effets spéciaux finit par déborder du cadre. Netflix ne peut porter sur ses seules épaules une telle production visuelle, et cela se voit parfois à l’écran. Il est bien trop fréquent de se retrouver happé par la beauté plastique d’une scène avant de revenir brutalement à la réalité avec celle qui suit. Enfin, cette version “courte” de 2h14, dont le montage souffre clairement de plusieurs coupes abruptes, laisse une impression tenace de passer à côté du véritable film. Vivement la Director’s Cut, comme toujours avec Zack Snyder !

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