One Piece, la série live-action avec laquelle Netflix va redorer son blason ?

Avant toute chose, nous ne sommes pas là pour exclusivement se faire l’avocat du diable, sauf qu’il faut reconnaître que la série live-action One Piece, chapeautée par Netflix et Tomorrow Studios, n’affiche pas le rendu dramatique auquel énormément d’abonnés et fans du manga d’Eiichiro Oda s’attendaient. Au lieu de jeter la pierre à ces derniers pour avoir conspué Netflix trop précocement, il est important de comprendre les raisons de leur défiance. La première chose, c’est que le géant américain a, malheureusement, donné le sentiment de vouloir surfer sur la popularité grandissante des mangas et des animes en dégainant à tort et à travers des annonces d’adaptations live-action. Résultat des courses, les abonnés se sont retrouvés avec tout un tas de programmes se faisant assassiner par les critiques des spectateurs. À cet instant, lorsque l’on est un amateur de mangas / d’animes et que l’on hésite à souscrire à un abonnement sur la plateforme, on est sévèrement refroidi, et Netflix ne se fait clairement pas de publicité dans le domaine…

Comment oublier, par exemple, les adaptations en prises de vues réelles de Death Note, Fullmetal Alchemist, Mob Psycho 100, Homonculus ou encore Cowboy Bebop pour ne citer qu’eux. Un peu partout sur la toile, les avis sont loin d’être dithyrambiques, bien au contraire. S’il y a parfois quelques idées à sauver ou de légers éléments positifs, ça ne sauve pas l’ensemble et ça a contribué à voir ce genre d’adaptation d’un très mauvais oeil. Le pire dans tout cela, c’est que l’industrie cinématographique, de manière générale, ne semble pas avoir appris de ses erreurs — l’une d’elles se prénomme Dragon Ball Evolution — comme on a pu le voir avec la récente sortie, en mai dernier, du film Les Chevaliers du Zodiaque dont la moyenne est tout bonnement risible. Bref, tout ça pour dire que l’annonce d’une série live-action extraite d’un manga ou d’un anime a vite fait de mettre les connaisseurs sur la défensive, prêts à tomber sur le programme à la moindre erreur ou faux pas lors de la communication et de la diffusion.

C’est en quelque sorte ce qu’il s’est passé lors de la révélation de la toute première bande-annonce de la série One Piece, et c’est l’une des conséquences d’un biais de négativité qui entoure la plateforme sur le sujet des adaptations en prises de vues réelles. En soi, ça consiste à dire qu’on a davantage tendance à se focaliser sur les aspects négatifs plutôt que sur ceux considérés comme positifs. Parce que, si l’on fouille bien les allées touffues du catalogue de Netflix, on peut tout de même en extirper quelques live-action corrects ou de bonne facture. Si vous voulez vous réconcilier avec Netflix dans ce domaine, vous pouvez toujours jeter un œil à Bleach, Erased, Gambling School ou encore les deux Kenshin, comme on vous le conseillait dans cet article. Maintenant, intéressons-nous plus particulièrement à la série One Piece car il y a des choses à dire puisque Netflix s’est tout de même montré un peu maladroit alors qu’il jouait gros !

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Une communication tardive à double tranchant pour la série One Piece

Cette série, les fans de One Piece l’attendent avec impatience. Cependant, il a fallu attendre des années et des années avant de toucher du doigt ce rêve un peu fou d’une adaptation live-action. La première fois qu’on en entend parler, c’est de la voix d’Eiichiro Oda lui-même : nous sommes en 2017 et c’est à cette époque qu’il annonce le tout début du processus de production. Ce n’est que trois ans plus tard, en 2020, qu’il redonne des nouvelles du projet en confirmant que la production est en cours et qu’elle avance sereinement.

Il faut donc se rendre compte à quel point ce projet a joué avec les nerfs des fans et qu’il est frustrant de patienter six longues années avant d’en voir un extrait. Car oui, si l’on a eu le droit à quelques images, c’est bien en ayant une bande-annonce que l’on peut mieux se rendre compte du côté « organique » de la série. Et, sur ce point, Netflix a fait traîner la chose, tout en rappelant sans cesse que la série sortirait en 2023 et en montrant le minimum, voire rien du tout.

Oui, la communication du géant américain ne permettait pas vraiment d’être rassuré, d’autant qu’il fallu patienter jusque dans la nuit du 17 au 18 juin dernier afin de visionner la tant espérée première bande-annonce qui se concluait sur la date de sortie : le 31 août 2023. « Fou rire de l’année », « le flop arrive », « ça a vraiment l’air éclaté », « j’ai peur », « éclaté au sol », « j’ai eu envie de me flinguer en voyant ça » : des réactions de ce genre sur la toile, suite à la diffusion de la bande-annonce, on en trouve à la pelle même s’il y a eu des retours positifs et d’autres mitigés pour équilibrer le tout. Une fois de plus, c’est le biais de négativité qui prime puisqu’on a l’impression qu’il fallait automatiquement taper sur cette révélation tant attendue alors qu’il y avait à boire et à manger dans ces premiers extraits de la saison 1.

Ni totalement déçu, ni complètement enthousiasmé : c’est cet entre-deux qui semblait ressortir le plus après le visionnage de ce trailer d’un peu plus d’une minute parce que celui-ci, dans l’ensemble, soufflait le chaud et le froid. Les Mugiwaras ont l’air convaincant dans leur rôle, leur synergie de groupe se met en place et fonctionne bien à première vue, la photographie de la série a l’air bien gérée même si la réalisation nous affiche parfois quelques plans pas spécialement vendeur, le rendu global paraît un peu « cheap », à cause de costumes et de mises en scène inégaux, et également vide pour rien à certains moments. À cela s’ajoute le montage qui enchaîne rapidement les séquences afin de montrer un spectre assez large de la série en un temps réduit. En soi, cette impression d’un aperçu brouillon du show colle parfaitement à l’idée que Netflix était sur le point, un mois plus tard, d’offrir une copie de meilleure qualité !

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La deuxième bande-annonce Netflix donne le sentiment de braver l’impossible

Mine de rien, ce nouvel extrait Netflix consacré à la série One Piece a réussi un pari sur lequel bon nombre d’autres shows se sont cassés les dents : à savoir d’inverser la tendance et de convaincre les plus sceptiques ! En même temps, ce nouvel extrait ne fait pas les choses à moitié : Gol D. Roger, Garp, Kuro, Merry, Shanks, Mihawk, Arlong, Koby, Alvida, … Sans parler des primes de pirates que l’on entraperçoit à la fin ! Bref, une multitude de nouveaux visages qui fait plaisir à voir tant la série transpire l’envie de faire les choses correctement afin de rendre hommage à l’œuvre d’Oda même si tout n’est pas parfait. On pourrait, par exemple, râler à propos de certains personnages comme Arlong, antagoniste majeur de cette saison. Sur les réseaux sociaux, beaucoup ont pu critiquer son rendu peu convaincant, tout en soulignant ce que Disney était en mesure de faire avec le personnage de Davy Jones dans Pirates des Caraïbes. Oui, ça parait inégal entre certains personnages, mais ce n’est pas une fin en soi. Malgré tout, ce nouvel extrait a su rectifier le tir en misant sur tout un tas de points.

Déjà d’une, on ressent que la grandeur des plateaux et les décors finaux ne sont pas nécessairement si vides que cela, mais qu’ils servent davantage à illustrer l’appel à l’aventure, à la liberté et à la piraterie qui innerve l’œuvre d’Eiichiro Oda. Aussi, l’un des points forts, c’est toujours les membres de l’équipage que l’on voit bien plus interagir ici, nous gratifiant aux passages des fameuses prises de bec entre Zoro et Sanji et d’une belle dynamique de groupe qui les galvanise au point de défoncer la porte d’entrée d’Arlong Park de manière épique ! D’ailleurs, en parlant d’épique, il faut aussi revenir sur le soin qui paraît être apporté aux chorégraphies.

Du peu qu’on voit, elles semblent bien exécutées et convaincantes, à tel point que l’élasticité de Luffy (le Gomu Gomu no Gatling Gun / Ono contre Arlong !) est bien retranscrite, tout comme les pouvoirs de Baggy dont les effets visuels sont loin d’être choquants, et le jeu de jambes de Sanji donne l’impression d’être tout aussi dévastateur que dans le manga et l’anime ! Sur ce point, on pourrait aussi avoir de belles choses du côté de Zoro qui, comme le montre la bande-annonce, fera tinter ses sabres, y compris face à Mihawk ce qui promet d’être dantesque !

Oui, One Piece fait dans l’épique, le comique et, parfois même, le grotesque mais n’en oublie pas d’être touchant comme on l’a aperçu avec Nami qui se recueille sur la tombe de Belmer ou encore la scène où Luffy lui dépose son chapeau de paille sur la tête. En quelque sorte, cette nouvelle bande-annonce est parvenu à montrer qu’elle cochait à peu près toutes les cases sans se vautrer comme beaucoup s’y attendaient. Certes, il y a toujours matière à critiquer mais tout cela sera bien plus pertinent quand le public aura tout sous la main.

Parce qu’il ne faut pas oublier qu’il est quasiment (voire totalement) impossible de faire une retranscription fidèle de One Piece tant cela paraît compliqué pour de nombreuses raisons, et en particulier sa richesse à différents points de vue (pouvoirs, personnages, lore, …) : c’est bien pour cela que l’on utilise le terme « d’adaptation » puisqu’il est avant tout question de faire transparaître l’amour que porte l’ensemble des gens investis dans ce projet à l’œuvre d’Eiichiro Oda et d’en faire quelque chose qui tienne la route pendant une ou plusieurs saisons.

Et puis, tout dépend le niveau d’attente que l’on se fixe vis-à-vis du projet. Si l’on s’en tient aux conseils avisés du créateur de contenu Library of Ohara — l’un des rares privilégiés à avoir pu assister à une avant-première de la série —, il vaut mieux ne pas prendre les choses trop à cœur ou trop au sérieux : cela n’en rendra le visionnage que meilleur. Quoi qu’il en soit, on pourra constater cela bien assez tôt avec la satisfaction de se dire que la série a tenté de faire les choses au mieux et que ça s’est ressenti. Espérons que l’on reste sur cette note à la fin de la saison 1 !

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