Once upon a time in... Australia

L’histoire de Sam Worthington débute loin des territoires sauvages australiens, de l’autre côté du globe dans la ville de Surrey située au Royaume-Uni. Né le 2 août 1975, celui qui deviendra Jake Sully sur grand écran 34 ans plus tard déménage à l’âge de six mois à Perth (capitale de l’Etat d’Australie-Occidentale). Par la suite, il rejoint le John Curtin College of the Arts, une école spécialisée dans l’enseignement des arts dramatiques dont il ressort sans diplôme.

Il quitte sur les injonctions de son paternel la demeure familiale avec en poche la modique somme de 400 dollars australiens, puis enchaîne les boulots alimentaires, principalement dans le BTP. Âgé alors de 19 ans, il postule à l’Institut national d'art dramatique situé à Sydney où il est accepté et obtient même une bourse. Sa carrière d’acteur commence véritablement en 2000 dans Bootmen aux côtés d’Adam Garcia. Après avoir enchaîné les rôles secondaires, voire tertiaires dans plusieurs séries télévisées (JAG, Brigade des mers, Blue Heelers), il crève l’écran en 2004 dans Somersault. Sa performance est saluée par le prix du Meilleur Acteur Principal par l’American Film Institute (ou AFI).

Sur les rails du succès, il se fait connaître dans son pays d’adoption via son rôle dans la série Love My Way diffusée entre 2004 et 2007. Entre temps, il incarne Lord Macbeth dans le “remake” australien dirigé par Geoffrey Wright de la célèbre tragédie née de la plume de William Shakespeare. Il est de notoriété publique que Sam Worthington tente d'obtenir le rôle de James Bond dans Casino Royale réalisé par Martin Campbell. Toutefois, la nouvelle aventure du célèbre agent secret britannique 007 revient finalement à Daniel Craig.

Une vie de nomade

Désormais dans la trentaine, l’acteur australien, frappé par une crise existentielle, prend la décision de tout plaquer, de vendre ses biens et son studio, et de quitter Sydney avec pour seul pied à terre une voiture équipée d’un matelas. Cette situation pour le moins rocambolesque fait de lui un "Sans Domicile Fixe" (ou SDF). Son quotidien se résume alors à la route durant cette période qui précède son audition pour le rôle qui fera de lui une star à l’international. Sam Worthington s’est exprimé dans les termes suivants lors d’une interview accordée à nos confrères de Variety.

J'avais vendu tout ce que je possédais à mes amis car je n'aimais pas qui j'étais. (...) J'avais besoin de foutre le camp. Je vivais à Sydney, et chaque fois que j'allais dans un bar, on me reconnaissait. Je me révoltais contre ça. - Sam Worthington

Esprit rebelle

Parcourant les routes du bush australien et vivant dans son bolide tel Mad Max, Sam Worthington reçoit un appel qui va changer à jamais son existence. En 2006, il se rend à une audition pour un film “top-secret” qui selon ses propos tourne au rapport de force. Frustré par les conditions de l’audition, il défie à sa manière la production, refuse de lire ses lignes et se contente de mâcher un chewing-gum face caméra devant un "jury" perplexe.

On ne me disait rien, j'avais l'impression que c'était une perte de temps. Plus tard, quand ils m'ont dit que James Cameron voulait me rencontrer et que tout ça était pour son film, je me suis dit que j'allais avoir des ennuis. - Sam Worthington

Sa provocation tape dans l'œil de James Cameron qui voit en lui et dans son côté rebelle le héros tant recherché pour son projet de science-fiction révolutionnaire, malgré des acteurs de renom encore en lice. Après plusieurs auditions supplémentaires organisées à Los Angeles en Californie, Sam Worthington est officiellement choisi pour incarner Jake Sully dans ce qui deviendra le plus grand succès du 7e Art de tous les temps avec pas moins de 2.9 milliards de dollars de recettes au box-office mondial. James Cameron en personne, réalisateur d’Avatar, ne tarit pas d'éloges lorsqu’il parle de Sam Worthington.

J'ai vu beaucoup d'acteurs, des noms qui vous impressionneraient beaucoup. Mais Sam est le gars qui m'a donné envie de le suivre au combat. Celui qui m'a donné envie de l'accompagner en enfer, ce que les autres n'ont jamais tout à fait réussi - James Cameron (Avatar - Réalisateur)

Fidèle à lui-même, l’acteur australien reprend la route, direction l’arrière-pays, et se rend au sommet d’une montagne avec aucun moyen d’être contacté à portée de main. Il finit tout de même par apprendre la bonne nouvelle, et accepte le rôle. La légende de Jake Sully est en marche. Sorti le 16 décembre 2009, Avatar emporte tout sur son passage et devient un véritable phénomène de société. L’Histoire retiendra également qu’un acteur australien et son accent à couper au couteau ont défié Hollywood et obtenu gain de cause.

Il nous a fallu plusieurs jours pour le joindre car il était quelque part au sommet d'une montagne sans téléphone. Voilà quel genre de personne est Sam. - Jon Landau (Avatar - Producteur)

Un "après" discret

2009 est une année charnière pour Sam Worthington. En l’espace de douze mois, il interprète successivement Marcus Wright puis Jake Sully dans Terminator Renaissance (juin) et Avatar (décembre). Toutefois, l’acteur australien peine à capitaliser sur sa renommée fraîchement acquise, pour finalement disparaître doucement, mais sûrement du paysage cinématographique. Certes, il tient la tête d’affiche dans le diptyque de péplum fantastiques Le Choc des Titans (2010) et La Colère des Titans (2012), mais l'accueil aussi bien critique que publique fait l'effet d'une douche froide.

En parallèle du cinéma, il s’intéresse au jeu vidéo, et prête sa voix au personnage du Capitaine Alex Mason dans Call of Duty : Black Ops et Black Ops II. Enfin, son dernier rôle notable remonte à 2016. Sam Worthington prend les armes aux côtés d’Andrew Garfield dans le film de guerre Tu ne tueras point (Hacksaw Ridge de son titre original) réalisé par Mel Gibson (Braveheart, Apocalypto, La Passion du Christ). Riche mais finalement peu mémorable, la carrière du plus australien des représentants du peuple Na’vi reprend des couleurs en décembre 2022 dans Avatar : La voie de l’eau. Avec un troisième épisode déjà tourné et plus de 1,7 milliard de dollars de recettes au box-office pour le second, la saga imaginée par James Cameron a encore de beaux jours devant elle. Sam Worthington n’est pas prêt de quitter Pandora et encore moins son corps d’avatar !

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