Horizon serait-il maudit ? Malgré un tas de nominations aux Game Awards 2022, le dernier épisode en date, “Forbidden West”, est reparti bredouille… Il faut croire que le projet de Guerrilla n’a pas fait le poids face à God of War et Elden Ring. Après tout, pourquoi ? Ne bougez pas, on vous explique !
Dans le milieu du jeu vidéo, il y a un “running gag” qui dit qu’Horizon est maudit. Maudit car, d’abord, le premier volet - un open world classique et assez dirigiste - est sorti trois jours avant Zelda Breath of the Wild, qui a explosé les codes du genre. Puis rebelote cinq ans plus tard : une semaine après l’arrivée d’Horizon Forbidden West, c’est Elden Ring qui marque le jeu vidéo de son empreinte. L’on pourrait même pousser la blague plus loin en disant que le DLC du second opus, “Burning Shores”, sera disponible sur PS5 le 19 avril 2023, un mois avant que débarque la suite de Breath of the Wild.
Jamais récompensé aux Game Awards
De malheureux hasards de calendrier qui, selon certains, empêchent la licence de Guerrilla Games de briller. Ce à quoi nous répondons “faux” pour ses ventes (20 millions pour Horizon Zero Dawn en cinq ans et tout va bien pour Forbidden West) mais “oui” en ce qui concerne ses récompenses aux Game Awards, équivalent des Oscars du jeu vidéo ! C’est simple : malgré six nominations en 2017 et sept en 2022, dont deux fois pour “Jeu de l’année” et “Meilleur jeu d’action-aventure”, Horizon n’a jamais rien gagné lors du show de l’animateur Goeff Keighley ! La première fois, c’est Breath of the Wild qui a tout chipé, la seconde, c’est Elden Ring et God of War qui ont raflé le plus gros des prix.
Pour une aussi grosse production PlayStation, c’est une chose importante à noter. En 2020, même face au GOTY The Last of Us Part 2, la nouveauté Ghost of Tsushima est repartie avec la “Meilleure direction artistique” et le prix du public. L’année suivante, idem pour Returnal, consacré “Meilleur jeu d’action” - mais pas de titres du calibre d’Elden Ring à cette édition. Et pourtant, rien pour Horizon ?
Est-ce que tout le monde boude Horizon ?
Au-delà des hasards de calendrier évoqués plus haut et de nombreuses qualités (nous avons donné un 18/20 au premier opus | un 19 au deuxième), la licence de Guerrilla Games a sans doute un gros défaut, être un peu trop classique… Horizon Forbidden West peut être considéré comme une sorte d’aboutissement de l’open world “classique”, tel que façonné par des jeux comme Assassin’s Creed et Grand Theft Auto, avec tous les potards à fond : exploration, narration, vision artistique, gameplay, technique. Autrement dit, Horizon 2 réussit presque tout ce qu’il entreprend, mais dans une formule bien plus “sage”, “déjà-vu” que les avant-gardistes que sont Zelda Breath of the Wild ou Elden Ring.
L’un dans l’autre, ce n’est pas très étonnant qu’Horizon ne soit pas récompensé aux Game Awards, dont les nommés sont choisis par un jury d’une centaine d’influenceurs | médias jeu vidéo à travers le monde, dont JV en 2020 (pour les gagnants, c’est un vote : 90% du jury et 10% du public) ! Pour la grande majorité des joueurs, journalistes ou non, c’est compréhensible de retenir d’abord un jeu comme Elden Ring, qui propose une expérience assez inédite, plutôt que l’aventure plus classique d’Horizon Forbidden West. Quoi ? Comment expliquer la folie God of War Ragnarok dans ce cas ? Alors d’une, les lignes de l’action-aventure linéaire sont déjà arrivées à une forme d’aboutissement, alternant passages scriptés et séquences plus ouvertes. De deux, la charge émotionnelle installée par le précédent God of War (2018) démultiplie l’impact de sa suite. Une espèce de “je-ne-sais-quoi” qui transforme l’eau en vin, et dont la franchise Horizon manque peut-être encore à l’heure actuelle.