Pokémon Ecarlate et Violet est sorti. Mais ce qui marque pour beaucoup un grand jour, sonne pour moi le glas d’une longue relation avec cette licence qui a marqué mon enfance et même ma vie, mais qui n’est définitivement plus faite pour moi.
Cet article est un billet d’opinion, il est par nature subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de JV.
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Sommaire
- Pokémon, un jeu de l'enfance
- Défaillance technique
- Pokémon, mieux avant ?
Pokémon, un jeu de l'enfance
Comme beaucoup de jeunes enfants, j’ai découvert les jeux vidéo avec les consoles de Nintendo. N’étant pas bien vieille (il n'est pas rare que je sois qualifiée de bébé à la rédac), c’est la GameBoy Color qui a constitué, pour moi, la porte d’entrée vers ce monde merveilleux qu’est celui des jeux vidéo. Je peux remercier pour cela mon cousin, qui m’a refilé ses vieilleries une fois passé sur la PlayStation 2 (que j’ai d’ailleurs récupéré des années plus tard, alors que tout le monde était déjà passé à la PS3). Je me retrouve donc avec une petite console portable violette et une boîte pleine de cartouches. Entre Les Razmoket, Wario Land et Donkey Kong Country, j’ai l’embarras du choix. Mais forcément deux cartouches attirent plus mon attention que les autres : Pokémon Version Or et Pokémon Version Cristal.
La raison est simple : je connais déjà Pokémon. Il suffit de quelques notes pour me faire chanter “un jour je serais le meilleur dresseur” à tue-tête et, après les billes, c’est avec les cartes Pokémon que l’on inventait des règles incongrues dans la cour de récré. Alors forcément, je commence par lancer Pokémon Or… Et c’est un pur régal ! J’ai dû m’attaquer une bonne dizaine de fois à la Ligue Pokémon, avec plus ou moins toujours la même équipe : un Kadabra, un Papilusion et un Typhlosion. Au moins ces trois-là ou rien. Et mon favori, c’était Papilusion. Pourquoi ? Parce que j’ai adoré son passage dans le dessin animé Pokémon. Avec sa petite histoire toute mignonne, je m’y suis attachée.
Avec le recul, je me dis que mon enthousiasme face à la licence était forcément lié à tous ces à-côtés. Sans surprise, en abandonnant petit à petit Sacha au profit de Tag, Odd et Evangelyne, je me suis également éloignée des jeux. Mais j’ai toujours gardé une place de choix dans mon petit cœur pour la licence. De temps en temps, j’empruntais même la DS de mon frère afin de lancer le remake de Pokémon Or. Je n’étais qu’une adolescente, et pourtant, on pouvait déjà déceler en moi une tendance à la nostalgie. Après ça, je me suis attardée avec plaisir sur quelques opus, comme Pokémon Version Noire et Blanche ou Pokémon Soleil / Lune. Mais c’est surtout Pokémon GO et Pokémon Let's Go, Pikachu / Évoli qui ont ravivé mon amour pour la licence (au point de me tatouer un petit Goinfrex, c’est dire). Pour la première fois depuis longtemps, je me trouve donc très impatiente à l'idée de savoir ce que la licence de Pokémon me réserve à l'avenir. Et ça tombe bien, puisqu'un nouveau jeu va débarquer d'ici peu avec la huitième génération de Pokémon Épée / Bouclier.
J'ai si hâte de découvrir ce que Game Freak nous a concocté que je décide même d‘acheter le jeu Day One, ce qui arrive quand même rarement vu ma situation d’étudiante en galère. Mais bon, le jeu en vaut largement la chandelle… du moins c’est ce que je pensais. Sauf qu’entre le rival agaçant au possible, la facilité excessive du jeu, le clipping omniprésent, les DLC dispensables et les Pokémon qui ne me parlaient pas, et bien j'ai eu la triste impression d'avoir perdu mon temps. Je n’ai pas passé un mauvais moment en soi, mais pas de quoi vibrer comme avant. Et alors que je peine à trouver l’envie de m’intéresser à Pokémon Écarlate / Violet, l’évidence m’apparaît peu à peu : Pokémon est moi, c’est de l’histoire ancienne.
Défaillance technique
“Encore une qui va dire que Pokémon est moche…” vous dîtes-vous peut-être. Il faut dire qu’avec la sortie d’Écarlate / Violet, le débat s’est surtout polarisé autour des nombreux bugs et du rendu visuel du titre qui, il faut le dire, est loin d’être à la hauteur. Techniquement, ce nouveau Pokémon est une catastrophe, tout le monde est d'accord là-dessus ! Et non, cela n'est pas dû à un acte de fainéantise de la part des développeurs. C'est en effet plus compliqué que ça.
Comme l'expliquait l'article de ce cher TheXsable, Pokémon est un véritable monstre culturel. Aussi lucratif qu'imposant, il ne possède pas qu'une tentacule, mais bien plusieurs qui sont interdépendantes. Comprenez là que si un jeu sort, cela implique également le déploiement de nouveaux sets de cartes, de nouveaux goodies (peluches, papeterie…), d'une nouvelle saison pour le dessin animé etc. Et ça, ça implique une chose essentielle : les jeux Pokémon doivent suivre un planning de sortie particulièrement serré. Ça veut dire une cadence de sortie particulièrement soutenue et l'impossibilité d'avoir du retard dans le développement. Que le jeu soit fini ou pas, il sortira à la date prévue par le calendrier imaginé par The Pokémon Company.
Alors bien sûr, quand j'ai vu les premières images, je n'ai pas pu m'empêcher de me dire qu'effectivement ce Écarlate/Violet a l'air bien moche. Que ce jeu manque de finition et ces bugs sont assez scandaleux. Que gâcher ainsi le potentiel d'une licence si magique à cause d'un planning marketing ultra serré est profondément dommage. Et qu'au final, les développeurs ont chié dans la colle. Sauf que, vous l’aurez compris, ce n’est pas vraiment ou totalement de leur faute. Je dirais même plus : on a tous une espèce de responsabilité dans cette escalade de la médiocrité technique.
Parce que oui, le planning des Pokémon est très handicapant pour les dév qui ne peuvent pas prendre le temps nécessaire à la création de jeux réellement finis (et crunchent sans doute pas mal au passage). Mais axer autant sur le marketing reste avant tout un choix, un choix compréhensible, mais tout de même un choix. Surtout qu’on parle là de la licence la plus lucrative de l’histoire du jeu vidéo, pas d’un petit studio indépendant obligé de faire des concessions pour espérer sortir son bébé. Alors pourquoi ce choix ? Et bien , peu importe que les jeux Pokémon manquent de finition, ils se vendent par palettes. 12 millions d’exemplaires vendus pour Arceus, 24 millions pour Épée/Bouclier. C’est juste colossal, même pour Pokémon. Epee/Bouclier est d’ailleurs le deuxième jeu le plus vendu de la licence. Il n’y a que les toutes premières versions de Pokémon qui le devancent, vous imaginez ?! Forcément, le message qui est envoyé c’est “allez-y, continuez comme ça!” Alors, si ça marche, si on n’a même plus besoin d’attendre qu’un jeu soit débugué pour qu’il sorte, pourquoi s’emmerder ? Pourquoi ne pas se contenter de presser les équipes pour qu’elle nous sorte un jeu tous les mois ?
Parce que The Pokémon Company ont déjà laissé à Game Freak un peu plus de temps de développement. La légende du “un Pokémon par an” n’a pas toujours été vraie. La preuve, avant Arceus, cela faisait deux ans que nous n’avions pas vu de nouveau Pokémon signé Game Freak. On vous l’accorde, Pokémon Diamant Étincelant / Perle Scintillante, développé par ILCA est sorti en 2021. Mais ça laisse tout de même 2020 qui n’a pas eu le droit à son vrai jeu Pokémon (non , on ne compte pas Pokémon Donjon Mystère : Équipe de Secours DX). Et puis ça montre surtout que laisser un peu de temps à Game Freak, c’est largement possible, même si pour ce cas précis, ça n’a clairement pas suffi. Malheureusement, en passant autant l’éponge sur les soucis techniques, le message envoyé ne va pas forcément dans ce sens. Et vu que Pokémon Écarlate/Violet est rapidement devenu le jeu de la licence le plus précommandé, peu de chances que ça change, et ce malgré l’histoire des remboursements de l’enfer qui entâche un peu l’image de Nintendo.
I'm convinced this game went completely untested #PokemonScarletViolet #NintendoSwitch pic.twitter.com/wehfTZJcfX
— ♠️ Jake ♠️ (@jackofspadesman) November 19, 2022
Et en réalité, je vous comprends. Moi-même je mentirais si je disais que je ne pouvais pas cautionner cela. J'ai en effet passé une bonne partie de ma vie à jouer à des jeux bugués (dure destinée des fans d'Assassin's Creed). Certes, il ne faut pas comparer ces deux licences qui n’ont absolument pas la même envergure. Mais ce que je veux dire par là, c’est qu’il est largement possible de passer au-dessus de soucis techniques. C’est ce que semblent faire les nombreux joueurs qui prennent réellement leur pied sur ce nouveau Pokémon qui a enfin l’air d’apporter le renouveau promis depuis si longtemps. D’ailleurs, pour ce qui est du rendu purement visuel, il faut avouer qu'il ne m'a pas paru si dérangeant en passant de longues et agréables heures sur Arceus, tellement j’étais happée par l’idée de remplir mon petit Pokédex. Alors certes, ce rendu précipité ne m'aide pas à retrouver mon enthousiasme d'antan. Mais en réfléchissant bien, pas sûr qu'un jeu à la finition parfaite m'aurait donné plus envie. Car le problème en réalité ne vient pas de la forme, mais bien du fond.
Pokémon, mieux avant ?
J'ai bien entendu qu'avec ce nouvel opus, la formule est réinventée. Finie l'aventure linéaire, les zones bloquées et l’histoire niaiseuse à souhait…. Le problème, c’est que c’est trop tard. Cela fait un petit moment que l’on nous vend le renouveau de la licence. Rappelez-vous d’Epee/Bouclier et de ses zones ouvertes. Et bien à l’époque, c’était présenté comme une véritable révolution. Pour Pokémon, c’était en effet une grande première… sauf que ce changement était beaucoup trop timide. Encore une fois, ça se comprend. Vu le peu de moyens, il faut bien tâter le terrain, avancer petit à petit, épisode après épisode. Mais le contre-argument est toujours le même : donnez aux équipes les moyens de produire directement un jeu qui change les codes plutôt que de glisser quelques timides substituts sur le chemin ! Personnellement, à force de trop espérer et de stagner, je me suis lassée.
Surtout que le peu que j’ai vu de ce jeu me signale que fondamentalement beaucoup de choses n’ont pas changé en fait. Au global, l'ambiance reste la même : une ambiance enfantine et lisse qui suit toujours les mêmes mécanismes. Je n'ai plus envie de me lancer dans une nouvelle aventure de la sorte. Plus envie de parler à maman pour qu'elle m'explique comment marche ce monde avant qu'un professeur ne débarque pour me parler des Pokémon. Plus envie de choisir mon starter et d'ensuite découvrir la capture de Pokémon. Plus envie de parler à un allié un peu naïf et à un rival assez risible. La formule a, au fil des années, eu raison de moi. Et oui, j’entends qu’ Écarlate/Violet prend un autre tournant au fil des heures, mais encore faut-il tenir jusqu’à ce que là et ça je n'en ai juste plus la force.
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En fait, je n’ai plus la flamme. Et je suis prête à parier que tous ceux qui arrivent à voir la beauté d’Écarlate/Violet sont ceux qui l’ont encore. Lors d’un de nos épisodes du Tribunal, ce cher FKZ disait que, bien qu’il reconnaissait les défauts du jeu, il redevenait un gosse une fois un nouveau Pokémon lancé. Et bien, c’est exactement ça le problème pour moi. Je ne suis plus une enfant et le pouvoir de la nostalgie ne suffit plus à m’abandonner aux nouvelles aventures imaginées par Game Freak. Les Pokémon me paraissent tous plus ridicules les uns que les autres parce que je n’ai pas grandi avec. La disparition des CS me peine. L’ambiance et les personnages m’exaspèrent. Les combats et la capture ne me font plus vibrer. J’ai comme l’impression qu’après tout ce temps, le concept s’est essoufflé. Et c’est assez normal puisque les jeux Pokémon ne s’adressent pas aux fans de la première heure. Ils ciblent les nouveaux enfants, l'équivalent de la moi d’il y a 15-20 ans. Au final, le fait qu’il y ait autant de vieux joueurs sur Pokémon est une anomalie en soi. Pour eux, la magie de Pokémon marche encore après tout ce temps et ce n'est rationnellement pas un cheminement logique. Et d’une certaine façon je les envie un peu.
J’aimerais retrouver le plaisir que j’avais de découvrir un nouveau Pokémon, mais force est de constater que les nouveaux jeux ne réussissent pas à me faire cet effet. En revanche, je n’ai aucun souci à revenir sur les Pokémon qui ont fait mon enfance et j’adore passer du temps sur ces jeux à part qui détonnent totalement par rapport à la formule de base, Pokémon GO et Arceus pour ne citer qu’eux. Et d’ailleurs, ces deux jeux ont cette petite particularité qu’il répondait à un rêve qu’ont sans doute eu tous les enfants de mon époque : devenir un véritable dresseur. Encore une fois, on en revient à l’enfance. Comme quoi, cette flamme est toujours un peu présente en moi. The Pokémon Company n’a juste pas fait les bons choix pour qu’elle continue à rayonner. Et j’avoue, leur en vouloir un peu pour cela.
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