Pokémon Écarlate / Violet est-il la révolution attendue pour la licence Pokémon sur Nintendo Switch ? Voici notre verdict en vidéo.
On est mi-novembre, vous savez ce que ça veut dire ! Comme tous les ans, il fait gris, ça se rafraîchit, et on a un nouveau jeu Pokémon. Ah et puis, comme tous les trois ans surtout, on arrive sur une nouvelle génération de Pokémon. Ça, on a l’habitude aussi. Ce nouvel épisode avait été dévoilé en février lors du “Pokémon Day”, comme tous les ans. C’est un peu routinier tout ça vous trouvez pas ? Et puis bon, historiquement, Pokémon c’est toujours la même chose de génération en génération. Pourtant… Pokémon Écarlate / Violet, puisque c’est comme ça qu’il s’appelle, c’est censé être une grosse révolution. Avec cette 9è génération, on parle de monde ouvert pour la première fois dans l’histoire de la série, rien que ça !
Le Pokémon le plus ambitieux de l’histoire est-il à la hauteur des espoirs, et révolutionne-t-il cette licence culte qui prend si peu de risques d’habitude ?
Histoire
Bon, est-ce qu’on doit vraiment vous rappeler comment ça fonctionne, Pokémon ? Vous savez, vous jouez un gamin qui doit devenir Maître Pokémon en récupérant les 8 badges des champions d’arène. Dites-vous que dans Pokémon Écarlate / Violet, la base commune à tous les épisodes est reprise. Mais pas tout à fait comme d’habitude ! Jusqu’à cette nouvelle génération, les champions d’arène défilaient dans un ordre assez linéaire. Ce nouvel épisode se déroulant en monde ouvert, on peut les affronter dans l’ordre qu’on veut, une première dans la série.
Un séjour ensoleillé en Espagne ou au Portugal, ça fait plaisir ! C’est ce que nous offre Pokémon Écarlate / Violet, qui se déroule donc dans la région de Paldea. Elle s’inspire des deux pays de la péninsule ibérique, comme le faisait Kalos, qui était basé sur la France dans Pokémon X/Y. Selon la version choisie, votre dresseur intègre l’Académie Orange ou Raisin, et se mettra en quête des trésors de cette nouvelle région. Vous devrez aussi suivre des cours à l’académie, tous rapportés à l’histoire des Pokémon, et de la région du jeu.
Bien sûr, l’objectif est de devenir Maître Pokémon. Mais c’est pas tout ! Histoire de gonfler la durée de vie du scénario, il n’y aura pas que cette quête à accomplir. L’histoire de Pokémon Écarlate / Violet se divise en trois arcs scénaristiques. Vous devrez tous les terminer si vous voulez atteindre la fin du jeu, ce qui promet une aventure très complète. Pour ne rien gâcher, vous aurez votre lot de surprises. On vous laissera le soin de les découvrir !
Monde ouvert
Dans Pokémon Écarlate / Violet, il y a 3 scénarios, et vous pouvez les suivre librement. Le premier concerne les champions d’arène dont on a déjà parlé. Les deux autres sont totalement inédits et apportent de la fraîcheur à la licence. Le deuxième arc narratif consiste à démanteler la Team Star, dont les repaires sont répartis sur la carte. Ça ressemble un peu à du nettoyage de camp, avec un boss à affronter à la fin.
Enfin, le 3ème scénario se base sur une sorte de chasse aux Pokémon les plus balèzes de Paldea, la région où se déroule le jeu. On appelle ça des Pokémon Dominants, ils sont immenses, et difficiles à battre. Ils vont vous démonter la première fois que vous tomberez dessus, c’est garanti.
Comme vous pouvez compléter tous ces objectifs dans l’ordre que vous souhaitez, Pokémon Écarlate / Violet propose une grande liberté d’action et d’exploration. C’est une grande première dans la série, et ça concrétise pas mal les promesses de Légendes Pokémon Arceus. Vous savez, ce jeu sorti en janvier dernier, qui changeait pas mal de choses dans cette licence réputée pour prendre trop peu de risques !
Là où ce monde ouvert fait très plaisir, c’est qu’on y a très vite accès librement. Mieux encore, on dispose très tôt d’une monture pour se déplacer. Ses capacités évoluent au fil des quêtes, on peut donc nager, voler, grimper… bref, traverser toute la carte de Paldea comme bon nous semble. L’exploration de la région est très plaisante, l’open world est varié, plein de surprises et de secrets.
Et puis un monde ouvert rempli de Pokémon sauvages, du tout petit tout mignon à l’énorme colosse redoutable, ça fait rêver, non ?
Gameplay
Comme dans n’importe quel jeu Pokémon, la base de gameplay, c’est de se créer une équipe et de prendre part à des combats. Il y a des Pokémon sauvages un peu partout, que vous affronterez et pourrez capturer.
Ce qui est un peu dommage, c’est que contrairement à Légendes Pokémon : Arceus, il faut absolument lancer un combat pour tenter une capture. Terminées les parties de cache-cache accroupi pour lancer une Poké Ball avec le bon angle et le bon timing. Par contre, on peut envoyer le Pokémon leader de l’équipe en vadrouille, et ça c’est une bonne idée. Il peut se battre tout seul et gagner de l’XP comme un grand et c’est plutôt cool.
En fait, dans ses mécaniques de combat et de capture, Pokémon Écarlate / Violet est entre deux eaux. Il garde des mécaniques vieillottes de la 8è génération et n’ose pas encore trop prendre à Légendes Pokémon : Arceus, qui était bien plus fluide et dynamique. Du coup, l’aspect très spontané de l’open world tranche avec des menus et une interface qui ont certes un peu évolué, mais pas toujours comme il faut.
Après, Pokémon Écarlate / Violet a beaucoup appris des très bonnes idées de Légendes Pokémon : Arceus et ça se ressent régulièrement. Par exemple, mais quel bonheur de passer à côté de dresseurs Pokémon partout sur la carte et de ne pas être agressé par un combat imposé ! On peut enfin choisir de les combattre si on veut, et ça fait super plaisir, surtout qu’on sera récompensé si on bat tous ceux d’une zone. C’est motivant de pouvoir s’en occuper quand on veut sans être sans arrêt interpellé !
Les combats Pokémon, eux, sont très classiques, mais leur mise en scène s’est améliorée. Ils ont maintenant lieu pile à l’endroit où on les a déclenchés, avec la possibilité de faire tourner la caméra autour de l’action. C’est bien plus immersif ! Ils manquent juste un petit peu de peps mais restent très plaisants.
Enfin, une nouvelle mécanique a été intégrée dans cette 9è génération : la Téracristallisation. Ça consiste à faire prendre une forme cristalline à un des Pokémon de l’équipe en plein combat, ce qui renforce les attaques de son type. L’effet visuel est très joli et donne une grande sensation de puissance, et en plus c’est plutôt intéressant sur le plan stratégique. Au début ça a l’air un peu “cheaté” mais plus on avance, plus on se dit que c’est une vraie bonne mécanique !
Contenu
Qui dit monde ouvert, multiples arcs narratifs et Pokémon sauvages partout sur la carte, dit contenu généreux. Pokémon Écarlate / Violet propose une aventure très complète, qui évite de sombrer dans la routine et dans la linéarité. En fait, il y a des tonnes de choses dont on aimerait vous parler pour vous donner encore plus envie de découvrir Paldea… mais il vaut mieux vous laisser des surprises !
Cependant, tout n’est pas parfait. On regrettera quand même une absence criante de challenge sur une grosse partie de l’aventure. À moins d’identifier les vrais pics de difficulté et de se jeter dessus dès que possible, le jeu met du temps avant de proposer un vrai défi. D’ailleurs, le multi-EXP tant redouté par de nombreux fans est toujours imposé et Pokémon Écarlate / Violet manque pas mal d’options de personnalisation de l’expérience dans l’ensemble. Bon, on peut zapper les cinématiques, c’est déjà ça.
Côté jeu en ligne, on est sur du classique. On peut tenter l’aventure en coopération et participer à des raids axés sur la Téracristallisation, similaires aux raids Dynamax de la précédente génération. Le système d’échange semble conserver le fonctionnement classique de la série, et c’est tant mieux. S’il y a bien un point sur lequel aucune révolution ne s’impose, c’est bien là. Oubliez par contre le Magnéto VS, absent de la 8è génération et toujours pas de retour, au grand dam des fans de combats en ligne.
Dans un autre registre, le système de pique-nique peine à nous convaincre. On met pas mal de temps à en comprendre le fonctionnement, trop complexe pour un jeu Pokémon, voire carrément l’utilité. C’est dommage car dans le fond, c’est très utile, mais un peu décourageant. Et puis, la perspective de poser sa table dans la nature pour préparer à manger, c’était sympa sur le papier. Et en plus, les aliments donnent méga faim, regardez comme c’est bien modélisé !
Graphismes
Tiens, bah puisqu’on parle de trucs jolis à l’écran, c’est l’heure de parler du sujet qui fâche : les graphismes ! On ne va pas se mentir, les jeux Pokémon ne sont jamais très beaux. C’est malheureusement une habitude de la licence. Le studio Game Freak fait des très bons jeux, complets et super addictifs, mais souvent en retard techniquement. En début d’année, on avait déjà tapé des doigts sur la finition de Légendes Pokémon : Arceus, un jeu avec du charme clairement, mais au rendu d’un autre âge. Eh bien, dans Pokémon Écarlate / Violet, c’est rebelote, mais peut-être en pire. En gros, non seulement ce n’est pas très joli, mais en plus, ça rame. Beaucoup.
Quand il s’agit de graphismes, il y a des jeux qui cochent toutes les bonnes cases. Pokémon Écarlate / Violet, lui, coche les mauvaises. Dans Paldea, “clipping”, “aliasing” ou encore “popping” sont absolument partout, et non, il ne s’agit pas du nom de nouvelles créatures. Dans le même genre, les soucis d’affichage sont nombreux, on pense notamment à la monture qui disparaît pendant quelques secondes, ou aux bugs de textures en pagaille. Pour ne rien arranger, la distance d’affichage assez immense dans un monde ouvert de ce type pose un problème de plus : le jeu a énormément de mal à tenir ses 30 images par seconde dès qu’on est en extérieur, les saccades sont fréquentes, là où Légendes Pokémon : Arceus avait le mérite de rester fluide.
Direction artistique
Tout ceci est d’autant plus triste que Paldea est une région véritablement splendide avec un charme fou. La grossièreté des graphismes ne nous en prive pas complètement et on ne peut pas s’empêcher de se dire “mon dieu, mais qu’est-ce que ce jeu pourrait être beau” s’il avait, par exemple, la qualité technique d’un Breath of the Wild ! D’ailleurs, si jamais vous avez la chance de posséder une Nintendo Switch OLED, c’est dans ces conditions que Pokémon Écarlate / Violet sera le plus joli. Les faiblesses techniques sont moins criantes sur l’écran en mode portable, et la gamme de couleurspropre à la région de Paldea explose sur le modèle OLED.
Oui, il faut bien lui reconnaître ça : cette neuvième génération se déroule dans une très jolie région. La direction artistique de Paldea rend un bel hommage aux pays méditerranéens dans leur ensemble, on pourrait même se croire en Italie ou en Grèce par endroits, et pas juste en Espagne ou au Portugal. Enfin, la bande son de cette nouvelle aventure est très réussie. Elle est notamment composée par Toby Fox, le créateur de Undertale. Il apporte ici son propre style sous la direction de Junichi Masuda, l’un des créateurs de Pokémon, pour une ambiance musicale variée et très réussie. Artistiquement, et malgré ses faiblesses techniques, Pokémon Écarlate / Violet est une surprenante réussite.
Conclusion
Pokémon Écarlate / Violet était TRÈS attendu, et il s’en sort bien. Les ambitions de la licence étaient énormes avec ce passage au monde ouvert… et on pouvait redouter le résultat final, compte tenu de la réputation de Game Freak côté technique. Finalement, cette neuvième génération constitue sur le fond une véritable révolution de la licence Pokémon. La formule évolue d’un seul coup de façon radicale, et il faut avouer qu’elle s’intègre super bien dans un open world.
On passe une bonne partie du jeu à se dire que Légendes Pokémon : Arceus est passé par là. Pokémon Écarlate / Violet aurait gagné à s’en inspirer encore un peu plus pour proposer un meilleur rythme, mais la licence va vraiment dans la bonne direction. Elle ne trahit pas ses fondamentaux, évolue dans le bon sens, et nous offre une vraie belle “aventure Pokémon”. En fait, il ne reste plus à Game Freak qu’à évoluer lui aussi sur l’aspect de la réalisation. C’est tellement, mais tellement dommage de faire un jeu aussi complet, voire même novateur, mais d’une telle faiblesse technique. Surtout quand la direction artistique est si jolie sur le papier !
Bref, la révolution attendra un peu, mais l’évolution est bien réelle. Pokémon Écarlate / Violet est vraiment un très bon jeu, et ça fait plaisir ! Pour toutes ces raisons, nous lui attribuons la note de 16/20.