« On vous a raconté tant de mensonges sur la Terre du Milieu », prétend la série Les Anneaux de Pouvoir dans l’un de ses trailers… Et si nous retournions aux sources des récits de Tolkien pour tenter de comprendre qui est véritablement Sauron, le « Seigneur des Anneaux » ?
Les citations utilisées pour agrémenter cet article sont issues du livre de J.R.R. Tolkien Le Silmarillion aux chapitres : « Valaquenta », « De la venue des Elfes », « De la venue des Hommes dans l’Ouest », « De la Ruine du Beleriand », « Beren et Lúthien », « Akallabêth » ainsi que « Les Anneaux de Pouvoir et le Troisième Âge ». Les illustrations sont de Ted Nasmith (© Copyright Ted Nasmith) et les visuels sont tirés de la trilogie cinématographique du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson (© New Line Productions, Inc.).
Sommaire
- Sauron au Premier Âge
- Le Maia qui devint « Gorthaur le Cruel »
- Son rôle dans la légende de Beren et Lúthien
- Sauron au Second Âge
- Des anneaux pour assurer sa domination
- L’instigateur de la chute de Númenor
- Sa défaite durant la Dernière Alliance
- Sauron au Troisième Âge
- Un destin lié à celui de l’Anneau Unique
Sauron au Premier Âge
Le Maia qui devint « Gorthaur le Cruel »
Sauron était à l’origine un Maia d’Aulë, l’un des premiers êtres qui descendirent sur Arda au moment de la création du monde. La puissance des Maiar était inférieure à celle des Valar et Melkor fit rapidement passer Sauron sous son allégeance, lui confiant même le contrôle de la forteresse d’Angband. Et tandis que Melkor devenait Morgoth, « le Noir Ennemi », Sauron commença à être surnommé « Gorthaur le Cruel ». Il pouvait endosser de très nombreuses formes et joua longtemps du pouvoir de se présenter sous une apparence avantageuse pour tromper ses ennemis par la ruse.
Parmi ceux des serviteurs de Melkor qui portent un nom, le plus puissant était cet esprit que les Eldar appelaient Sauron, ou Gorthaur le Cruel. Maia de la suite d’Aulë à ses débuts, il conserva une grande maîtrise de leur savoir. Dans tous les forfaits de Melkor le Morgoth sur Arda, dans ses œuvres démesurées comme dans ses perfides intrigues, Sauron joua toujours un rôle ; et s’il se révéla moins malfaisant que celui qui le commandait, ce n’est que parce qu’il fut longtemps au service d’un autre, et non son propre maître. Mais il surgit en son temps comme une ombre de Morgoth et un spectre de sa malveillance, et il le suivit sur le même sentier désastreux conduisant au Vide. - Le Silmarillion (au chapitre « Valaquenta »), J.R.R. Tolkien
Lorsque Morgoth fut fait prisonnier après sa défaite contre le Vala Tulkas, le monde connut une période de paix, mais Sauron resta introuvable. Car les forteresses d’Angband et d’Utumno recelaient de nombreuses cachettes enfouies dans les ténèbres et les Valar ne les découvrirent pas toutes. Dès l’éveil des Hommes, Morgoth et Sauron perçurent qu’ils pourraient corrompre facilement leur cœur par la peur et le mensonge afin de les soulever contre les Elfes. Et tandis que les Noldor continuaient d’opposer une résistance tenace aux Orques, le conflit bascula en faveur de Sauron.
Mais il vint un jour où, après la chute de Fingolfin, Sauron, le plus grand et le plus terrible des serviteurs de Morgoth, s’éleva contre Orodreth, gardien de la tour de Tol Sirion. Sauron était désormais un sorcier au pouvoir terrifiant, maître des ombres et des fantômes, ignoble dans sa sagesse, cruel dans sa puissance, déformant tout ce qu’il touchait, altérant ce qu’il dominait, le seigneur des loups-garous : son empire était la souffrance. Il prit d’assaut Minas Tirith, alors qu’un sombre nuage s’abattait sur ses défenseurs saisis d’épouvante ; et Orodreth fut repoussé et s’enfuit à Nargothrond. Lors Sauron en fit une tour de guet au profit de Morgoth, un avant-poste du mal et une menace ; et la belle île de Tol Sirion devint un lieu maudit, et on l’appela Tol-in-Gaurhoth, l’Ile des Loups-garous. Aucun être vivant ne pouvait emprunter cette vallée et échapper à la vue de Sauron dans la tour où il siégeait. - Le Silmarillion (au chapitre « De la ruine du Beleriand »), J.R.R. Tolkien
Son rôle dans la légende de Beren et Lúthien
Devenu un sorcier aux pouvoirs terrifiants, Sauron s’établit à Tol-in-Gaurhoth, l’Ile des Loups-garous. Il joua un rôle majeur dans la légende de Beren et Lúthien dès lors que Morgoth lui ordonna de retrouver et d’anéantir Barahir et ses compagnons hors-la-loi qui osaient le défier. Trahis par l’un des leurs, ils furent massacrés et seul Beren, le fils de Barahir, parvient à leur échapper, jurant de venger les siens. Beren demanda l’aide de Finrod Felagund, que son père Barahir avait sauvé jadis, et tous deux parvinrent jusqu’à la tour de Sauron en se faisant passer pour des Orques. Mais la confrontation mémorable opposant Sauron à Felagund par l’intermédiaire de « chants de puissance » vit le triomphe de l’ennemi.
Ainsi s’ouvrit le combat entre Sauron et Felagund, qui est illustre. Car Felagund lutta contre Sauron avec des chants de puissance, et le Roi déploya un très grand pouvoir ; mais Sauron eut le dessus. - Le Silmarillion (au chapitre « Beren et Lúthien »), J.R.R. Tolkien
Vaincus, ils furent jetés aux cachots où Felagund choisit de se sacrifier pour sauver Beren d’un loup-garou envoyé par Sauron pour le mettre à mort. Il faudra l’intervention de Lúthien et de Huan, le grand chien du Valinor, pour chasser Sauron de sa propre demeure et le forcer à capituler. Quittant alors sa forme de loup pour celle d’un vampire, Sauron prit la fuite, répandant l’horreur derrière lui.
Lors Sauron changea de forme : de loup il se fit serpent, puis monstre, avant de reprendre sa forme coutumière ; mais il ne pouvait se libérer de l’étau de Huan sans abandonner entièrement son corps. Avant que son esprit infâme ne quittât sa sombre demeure, Lúthien se tint devant lui et lui dit que son vêtement de chair lui serait retiré, son fantôme tremblant renvoyé à Morgoth. Sauron prit la forme d’un vampire, aussi grand qu’un nuage noir voilant la lune, et il s’enfuit, maculant les arbres du sang qui dégoulinait de sa gorge, et il vint à Taur-nu-Fuin, où il demeura, répandant partout l’horreur. - Le Silmarillion (au chapitre « Beren et Lúthien »), J.R.R. Tolkien
Sauron au Second Âge
Des anneaux pour assurer sa domination
Après la chute de Morgoth, Sauron fit mine de renier toutes ses mauvaises actions mais refusa d’entendre la sentence des Valar et se cacha en Terre du Milieu où il replongea dans les ténèbres. Là, sous la belle apparence d’Annatar, « Seigneur des Dons », il entreprit de corrompre tous ceux qui voulaient bien l’écouter. Et ses discours trouvèrent un écho en Eregion, chez les Noldor qui entreprirent de forger les Anneaux de Pouvoir sans savoir que Sauron les contrôlerait par l’entremise d’un Anneau Unique conçu par lui seul en secret, dans les entrailles d’Orodruin, le Mont Destin. Car les anneaux de pouvoir avaient été forgés précisément dans le but d’être soumis à la domination de l’Anneau Unique.
Lorsqu’il portait l’Anneau Unique, il savait tout ce qui était fait à l’aide des anneaux de moindre rang, et il pouvait voir dans l’esprit même des porteurs et diriger leurs pensées. - Le Silmarillion (au chapitre « Les Anneaux de Pouvoir et le Troisième Âge »), J.R.R. Tolkien
Ses plans furent cependant révélés au moment précis où il passa l’Anneau Unique à son doigt et il entreprit alors de retrouver la totalité des anneaux destinés aux Elfes, aux Hommes et aux Nains. Seuls les trois anneaux elfiques lui échappèrent car ils avaient été conçus sans sa participation, par Celebrimbor uniquement, et les Elfes parvinrent à les garder cachés. Mais Sauron leur mena une guerre féroce, dévastant l’Eregion et pervertissant tous les autres anneaux pour plier les Nains et surtout les Hommes à sa volonté. Ces derniers devinrent les Úlairi, les Nazgûl, auxquels furent remis les neuf anneaux destinés aux Hommes mortels, parmi lesquels des rois, des sorciers et des guerriers, dont trois grands seigneurs de descendance númenoréenne qui devinrent les esclaves de l’Unique, les Spectres de l’Anneau.
L’instigateur de la chute de Númenor
Lorsqu’il resurgit en Terre du Milieu durant le Second Âge, Sauron fortifia le Mordor en érigeant la tour de Barad-dûr pour devenir « le roi des rois et un dieu pour les Hommes ». Il jalousait par dessus tout la grandeur des Númenoréens et les haïssait pour les liens qu’ils entretenaient avec les Elfes et les Valar. Mais, à Númenor, Ar-Pharazôn le Doré décida « de réclamer lui-même le titre de Roi des Hommes et de contraindre Sauron à devenir son vassal et son serviteur ». Faisant voile vers l’Est avec son armée, il accosta à Umbar pour ordonner à Sauron de lui jurer fidélité. Un plan que ce dernier retourna contre le roi de Númenor en se laissant capturer sans combattre, ravalant son orgueil pour mieux duper Ar-Pharazôn par la ruse et les flatteries. Sauron le dressa contre les Valar et le convainquit d’abattre l’Arbre Blanc Nimloth, avant de faire ériger un temple en son honneur où des sacrifices furent ordonnés à la gloire de Morgoth pour qu’il les délivre du fléau de la mort.
C’est ainsi que Ar-Pharazôn devint le plus formidable tyran que le monde eût connu depuis le règne de Morgoth, encore que ce fût Sauron qui tirât les ficelles de derrière le trône. - Le Silmarillion (au chapitre « Akallabêth »), J.R.R. Tolkien
Vint le jour où Sauron convainquit le roi de faire voile sur les mers défendues de l’Ouest, brisant l’Interdit des Valar pour tenter d’obtenir l’immortalité, ce qui entraîna l’engloutissement de l’île tout entière. Sauron lui-même n’avait pas imaginé un tel déchaînement de fureur de la part des Valar et son temple fut précipité dans l’abîme. Son esprit en réchappa mais il ne put désormais réapparaître que sous une forme horrifiante, inspirant la terreur.
Mais Sauron n’était pas de chair mortelle, et s’il perdit alors cette forme sous laquelle il avait causé tant de mal et ne put jamais retrouver fière apparence aux yeux des Hommes, son esprit ressurgit néanmoins des profondeurs et passa sur la mer comme une ombre et un souffle noir ; et il revint en Terre du Milieu et au Mordor, sa terre d’élection. Là, il retrouva son grand Anneau à Barad-dûr et y demeura, sombre et silencieux, jusqu’à ce qu’il se fût donné une nouvelle forme, image de la haine et du mal incarnés ; et rares sont ceux qui pouvaient regarder dans l’Oeil de Sauron le Terrible. - Le Silmarillion (au chapitre « Akallabêth »), J.R.R. Tolkien
Le Seigneur Sombre se retira alors au Mordor dans sa forteresse de Barad-dûr et prépara la guerre à venir contre les armées de Gil-galad.
C’est là qu’il méditait à présent dans le noir, jusqu’à ce qu’il se fût donné une nouvelle forme ; et elle fut terrible, car ses beaux dehors le quittèrent à jamais quand il plongea dans l’abîme lors de la submersion de Númenor. Il reprit possession du grand Anneau et se revêtit de son pouvoir ; et il s’en trouvait peu chez les Elfes et les Hommes, même parmi les grands, pour résister au maléfice de l’Oeil de Sauron. - Le Silmarillion (au chapitre « Les Anneaux de Pouvoir et le Troisième Âge »), J.R.R. Tolkien
Sa défaite durant la Dernière Alliance
Après l’engloutissement de Númenor, l’est et le sud de la Terre du Milieu étaient sous la domination de Sauron qui asservissait les Hommes par la terreur tandis que de nombreux Elfes partaient au-delà des mers pour ne jamais revenir. Mais Elendil et Gil-galad s’unirent pour former la Dernière Alliance des Elfes et des Hommes et affrontèrent les armées de Sauron à la bataille de Dagorlad, avec le soutien des Nains de Durin. Victorieux, ils assiégèrent pendant 7 ans la forteresse de Sauron et le forcèrent à sortir de son repaire. Gil-galad et Elendil périrent tous deux en terrassant Sauron, l’épée d’Elendil (Narsil) se brisant dans sa chute, mais Isildur parvint à trancher l’Anneau de la main de Sauron à l’aide du tronçon de Narsil. Isildur revendiqua alors l’Anneau pour lui-même, en réparation de la mort de son père et de son frère, refusant de le détruire comme le préconisaient pourtant Elrond et l’Elfe Círdan… Vaincu, Sauron abandonna son corps mais son esprit s’enfuit au loin pour se terrer dans les ténèbres et il fut incapable de reprendre une forme matérielle.
Sauron au Troisième Âge
Un destin lié à celui de l’Anneau Unique
Le Nécromant resta caché longtemps dans la forteresse de Dol Guldur, au cœur de la forêt de Grand’Peur où il corrompit tout ce qui l’entourait, avant de rejoindre à nouveau le Mordor pour éviter d’être démasqué. Il ne se manifesta plus alors que sous la forme terrible d’un Grand Œil cerclé de flammes symbolisant à la fois son esprit et sa volonté.
Dès les premières années du Troisième Âge, l’Anneau trahit Isildur en glissant de son doigt au cours d’une embuscade fomentée par des Orques, disparaissant dans le fleuve Anduin. Il sera repêché longtemps après par Déagol et convoité par Sméagol qui l’assassinera pour s’en emparer. Mais l’Anneau le rongea au point d’en faire cette pitoyable créature nommée Gollum à laquelle Bilbo déroba le précieux Anneau. S’ensuivit la fameuse Guerre de l’Anneau et la quête de Frodo, son porteur, qui parvint à le détruire dans la Crevasse du Destin avec la complicité involontaire de Gollum qui se précipita dans le vide en lui arrachant le doigt. La destruction de l’Anneau Unique symbolisera à la fois la fin du Troisième Âge et la disparition de Sauron, le « Seigneur des Anneaux ».
Alors Sauron échoua, et il fut entièrement vaincu et se dissipa comme une ombre malévole ; et les tours de Barad-dûr s’effondrèrent, et la rumeur de leur chute fit trembler de nombreux pays. Ainsi la paix fut rétablie, et un nouveau Printemps s’ouvrit sur la terre ; et l’Héritier d’Isildur fut couronné Roi du Gondor et de l’Arnor, et la puissance des Dúnedain fut exaltée et leur gloire renouvelée. - Le Silmarillion (au chapitre « Les Anneaux de Pouvoir et le Troisième Âge »), J.R.R. Tolkien
Illustrations et photos : © Copyright Ted Nasmith, © New Line Productions, Inc.
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