Quoi qu’on puisse penser de la nouvelle série inspirée du Seigneur des Anneaux, son lancement très médiatisé et très suivi sur Amazon Prime Video a eu le mérite de remettre au tout premier plan l’œuvre de Tolkien. Pas seulement ses récits les plus connus mais l’ensemble de sa mythologie, indispensable pour comprendre les particularités de cet univers qui nous fascine tant !
Le lancement de la série Les Anneaux de Pouvoir a donné envie à un très large public de se lancer à la découverte du monde de Tolkien à travers d’autres œuvres que Le Hobbit ou Le Seigneur des Anneaux. Et bien que Le Silmarillion soit sans doute l’ouvrage le plus incontournable de tous pour approfondir ses connaissances autour de la genèse du monde de Tolkien, il faut véritablement grappiller dans l’ensemble des récits de l’auteur si l’on souhaite mieux comprendre les lois qui régissent cet univers. Parmi les interrogations les plus intéressantes au sujet des peuples d’Arda, il y a régulièrement cette question qui revient sur la table : les Elfes sont-ils vraiment immortels ?
Sommaire
- Les Premiers-Nés, des êtres immortels ?
- Mort aux Elfes !
- Les Elfes meurent-ils vraiment ?
- Le refus de l’immortalité
Les Premiers-Nés, des êtres immortels ?
Il y a en effet bien des choses qui peuvent nous induire en erreur sur ce sujet-là, le doute étant entretenu par le fait que la question est en réalité plus complexe qu’il n’y paraît. Dans Le Silmarillion et dans les autres récits de Tolkien (comme Le Livre des Contes Perdus ou Les Contes et Légendes Inachevés), les Elfes sont souvent cités comme étant des êtres voués à l’immortalité, en opposition directe aux Hommes « mortels » qui se sont éveillés plus tard, en même temps que les rayons du soleil. Il ne faut pas oublier que les Elfes sont les aînés des Enfants d'Ilúvatar, les Premiers-Nés parmi tous les peuples après la création du monde. Dans le prologue de la série Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir, Galadriel raconte qu’en ces temps de paix :
Nous n’avions pas de mot pour la mort car nous pensions que nos joies jamais ne finiraient. Nous pensions que notre lumière jamais ne s’éteindrait.
Et pourtant, les Elfes ne sont pas éternels et finissent bien par disparaître tôt ou tard. La manière dont nombre d’entre eux périssent est même clairement explicitée par Tolkien au fil de ses ouvrages. Il faut déjà comprendre que, outre leur longévité exceptionnelle, les Elfes ne sont pas sensibles aux mêmes afflictions que les Hommes et que leur disparition ne peut survenir que dans des circonstances bien précises.
Mort aux Elfes !
Mais alors, comment les Premiers-Nés peuvent-ils mourir ? Le vrai danger pour les Elfes est de recevoir une blessure suffisamment grave pour ne pas s’en relever. S’ils sont capables de se remettre de blessures qui seraient fatales à un Homme, ils peuvent tout de même être frappés par les armes et tués au combat. Nombreux sont les héros de naissance elfique à avoir rendu leur dernier soupir sur les champs de batailles qui les opposèrent aux engeances envoyées par Morgoth et son serviteur Sauron au fil des Âges de la Terre du Milieu.
Et que dire de ces Elfes qui furent torturés et corrompus par Morgoth au point de devenir ceux que l’on nomme les Orques ? Car c’est bien la version donnée par Tolkien dans Le Silmarillion, même si l’auteur ne s’étend pas suffisamment sur ce point qui soulève pourtant de nombreuses questions.
Il existe tout de même un autre danger mortel pour les aînés des Enfants d'Ilúvatar. Tolkien souligne en effet que les Elfes peuvent être parfois affectés d’une mélancolie si profonde ou d’une tristesse à ce point insurmontable qu’ils finissent alors par « mourir de chagrin » et voient leur esprit conduit jusqu’aux cavernes de Mandos…
Les Elfes meurent-ils vraiment ?
C’est là que l’on peut se poser la question de savoir s’il faut véritablement parler de « mort ». Lorsque l’esprit d’un Elfe est envoyé dans les cavernes de Mandos, il est purifié et s’inscrit dans un cycle de réincarnation. Il accédera en définitive à une forme totalement immatérielle et deviendra invisible au regard des mortels.
Mais en aucun cas les Elfes ne peuvent mourir de vieillesse ou de maladie. Elles n’ont pour ainsi dire aucun effet sur eux. Les Elfes sont d’ailleurs particulièrement frappés par la grande fragilité des autres peuples, et notamment des « Hommes mortels voués au trépas », sensibles à tant de maux qui ne sauraient porter atteinte à la vie d’un Elfe. Leur cycle de vie étant différent de celui des Hommes, les Elfes cessent tout simplement de vieillir après une bonne centaine d’années et se rendent jusqu’aux Terres Immortelles de l’ouest, interdites aux autres peuples. On dit que les Elfes qui vivent en Terre du Milieu finissent tôt ou tard par être attirés par le royaume de Valinor et embarquent depuis les Havres Gris pour ne jamais revenir.
Le refus de l’immortalité
Les Elfes épargnés par le chagrin ou une blessure fatale finissent donc par faire voile vers l’Ouest pour atteindre les rivages de Valinor, Terres Immortelles du Royaume Béni d'Aman. On comprend mieux, à partir de là, à quel point le refus (temporaire) de Galadriel d’atteindre le Valinor dans la série Les Anneaux de Pouvoir peut sembler impensable aux yeux des Elfes, à commencer par le Haut-Roi Gil-galad mais aussi Elrond.
Le cas d’Elrond est d’autant plus intéressant qu’en tant que Semi-Elfe, il eut le droit de choisir entre le destin des Elfes et celui des Hommes. Et s’il choisit l’immortalité, son frère Elros préféra au contraire y renoncer, devenant le premier roi de Númenor sous le nom de Tar-Minyatur aux côtés des Edain (ceux parmi les Hommes qui avaient combattu les armées de Morgoth durant le Premier Âge). L’île de Númenor leur fut offerte en récompense par les Valar et c’est d’Elros que descend la lignée des rois Númenoréens.
Les exemples d’Elfes ayant refusé l’immortalité restent en tout cas très rares dans l’œuvre de Tolkien. Les légendes parlent de Lúthien Tinúviel, qui accepta de devenir mortelle pour ramener Beren à la vie en entonnant un chant si beau et triste qu’il réussit à émouvoir Mandos. Un destin que choisira de suivre également Arwen Undómiel, la fille d’Elrond, qui sacrifia aussi son immortalité par amour pour Aragorn.