La série produite par Amazon et adaptée de l'univers de J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir, se dévoile un peu plus en montrant des images de son tournage.
Les premières images du tournage de Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir ont été dévoilées par le magazine Vanity Fair. L'occasion de revenir aussi sur les détails de la génèse et de la production de la série.
Une question d'honneur et un message à l'industrie, pour Amazon
Vanity Fair pointe un fait intéressant dans son article consacré à ces premières images exclusives : la fortune de Jeff Bezos et d'Amazon est telle, que bien que Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir soit la série la plus chère jamais créée (un milliard de dollars au moins pour l'ensemble de ses saisons), le risque n'est pas vraiment financier pour la firme. Il s'agit surtout de réputation, de prestige : la maison de production d'Amazon doit prouver qu'elle peut mettre en scène une oeuvre magistrale, un succès critique et commercial, basé sur un univers aussi culte que la Terre du Milieu. La série doit être à la hauteur des standards fixés par les films de Peter Jackson. En fait, elle doit même faire mieux tant les attentes du public ont évolué vers le haut ces vingt dernières années en termes d'images, d'effets spéciaux, de mise en scène, etc ... Faire "aussi bien", serait presque perçu comme faire ce qui est devenu banal.
Les showrunners, Patrick McKay et JD Payne, sont totalement conscients de la pression immense qui pèse sur leurs épaules. Une pression due aux immenses moyens financiers mis en oeuvre pour produire la série, bien-sûr, mais surtout à la fanbase colossale et très impliquée de l'univers de Tolkien. La série mettra en scène une histoire que Tolkien n'a pas écrite, mais basé sur l'univers étendu qu'il a laissé apercevoir au fil de ses écrits. McKay précise, au sujet de cette nouvelle histoire basée au Second Âge, lorsque les Anneaux sont forgés :
Des anneaux pour les elfes, des anneaux pour les nains, des anneaux pour les hommes, et puis l'anneau unique que Sauron a utilisé pour les tromper tous. C'est l'histoire de la création de tous ces pouvoirs, d'où ils viennent et ce qu'ils ont fait à chacune de ces races. Pouvions-nous mettre en scène le roman que Tolkien n'a jamais écrit et en faire la série de méga-événements qui ne peut être produite qu'aujourd'hui ?
"Somptueux et convaincant"
Vanity Fair revient sur différents événements durant la production, notamment lorsque la pandémie de COVID-19 a commencé à se répandre sur le globe, et que l'équipe a dû faire un choix : continuer avec autant d'ambition ou changer. Heureusement, ils ont décidé de continuer sur la même voix, qui semble être la bonne d'après les journalistes de Vanity Fair qui ont pu voir les trois premiers épisodes. Leur opinion est résumée ainsi dans l'article :
Le spectacle est un mélange somptueux et convaincant d'intrigues de palais, de magie, de guerre et de mythologie - et il y a suffisamment de mystères pour alimenter un millier de podcasts. Certains personnages seront familiers, et ils seront l'attraction initiale lorsque les téléspectateurs regarderont leurs destins légendaires se dérouler. Mais les visages entièrement nouveaux peuvent finalement devenir encore plus engageants, puisque leurs destins sont littéralement non-écrits.
Validés par J.J Abrams et Amazon
Patrick McKay : Nous avons travaillé sur tant de projets, avec un tas de personnes formidables et passionnantes, qui n'ont jamais été réalisés, ou travaillé sur des choses qui ont été publiées mais nous n'en tirions pas de crédit. Nous étions un peu des outsiders. Et Amazon a rencontré absolument tout le monde, tous ceux qui avaient une idée pour Le Seigneur des Anneaux.
JD Payne : Nous étions passionnés par le matériel et avions une idée qui correspondait aux envies et à l'ambition d'Amazon.
Ils ont également eu un petit coup de pouce : J.J Abrams, le célèbre réalisateur, a travaillé avec les deux auteurs sur un film Star Trek. Il a chanté leurs louanges à Amazon. Evidemment, le travail ne faisait que commencer. Après avoir pitché une cinquantaine d'heures de télévision à Amazon et aux représentants de la famille Tolkien, il a fallu écrire, produire et réaliser la série.
JD Payne : Nous avions l'impression d'être des hobbits. Nous nous sentions comme deux très petites personnes dans un très grand monde, à qui on venait de confier quelque chose qui avait une signification énorme pour tant de personnes différentes. Patrick et moi nous regardons souvent dans les moments difficiles de la série, et on se dit : "Je suis content que tu sois avec moi, Sam."
Patrick McKay : C'est lui, Sam ! Je plaisante, je suis Sam.
Une équipe de production expérimentée
Vanity Fair rappelle qu'ils ne sont - et heureusement pour eux - pas seuls sur ce projet. Au-delà des showrunners, une série et surtout une série de cette envergure doit pouvoir compter sur beaucoup de monde pour la produire. Amazon a choisi de s'entourer de gens expérimentés pour cette production originale. On retrouve notamment Bryan Cogman, co-producteur exécutrif sur la série Game of Thrones, et Juan Antonio Bayona, réalisateur expérimenté notamment responsable de Jurassic World : Fallen Kingdom ces dernières années. Il a réalisé les deux premiers épisodes. Il a rapidement vu que McKay et Payne n'étaient pas seulement de bons auteurs, ils étaient aussi ouverts aux conseils des autres :
Dès le début, j'ai fait confiance à ces types. Je savais ce qu'ils traversaient et ils savaient aussi ce que je traversais, parce que pouvez-vous imaginer retourner dans un monde aussi aimé et devoir être à la hauteur de la barre fixée par les films de Peter Jackson ? Nous étions, tout le temps, très conscients des attentes massives.
Le ton de la série doit respecter le ton de Tolkien
Peu d'informations ont été révélées depuis l'annonce de la série. Amazon a choisi de respecter les politiques d'autres grandes sagas et séries ces dernières années : tout doit être secret. Les acteurs étaient d'ailleurs recrutés sans savoir quels rôles ils joueraient. Mais ce secret amène également des inquiétudes : certains fans ont peur qu'on dénature leur univers préféré. Notamment, Vanity raconte qu'après qu'Amazon ait embauché un coordinateur d'intimité pour la série, beaucoup craignaient un "Game of Thrones du Second Âge", avec un niveau de scènes intimes mais également de violence équivalent. Ce qui serait assez éloigné du ton des oeuvres de Tolkien. Les deux auteurs le comprennent bien :
McKay : Nous savons ce que c'est que d'attendre quelque chose et d'être terrifié à l'idée que ce ne sera pas ce que vous espérez. Nous avons été ces gars-là à plusieurs reprises. (...) L'idée est de faire un spectacle pour tout le monde, pour les enfants de 11, 12 et 13 ans, même s'ils devront parfois tirer la couverture sur leurs yeux, quand c'est un peu trop effrayant. Nous avons parlé du ton dans les livres de Tolkien. C'est un matériau qui est parfois effrayant – et parfois très intense, parfois assez politique, parfois assez sophistiqué – mais c'est aussi réconfortant, inspirant et optimiste. Il s'agit d'amitié et de fraternité et d'outsiders surmontant une grande les ténêbres.
Des écarts avec le texte ?
Une autre des grandes questions à laquelle les auteurs ont dû rapidement répondre : quid des hobbits ? Les hobbits sont clairement un point de repère pour les fans de la saga cinématographique, mais les textes de Tolkien expliquent qu'ils n'ont rien fait de très significatif avant le Troisième Âge. Au Second Âge, ils sont encore des piévelus, ancêtres des hobbits. McKay et Payne ont choisi de les montrer, mais différemment. Ils ne vivent pas dans la Comté, et mènent une vie assez secrête dans une société pastorale. Des piévelus seront donc bien à l'écran dans la série.
La production est aussi consciente de la réaction, parfois violente, de certains sur les réseaux sociaux après la publication des premières affiches. Oui, des acteurs noirs, sud-américains ou asiatiques seront au casting. Selon les équipes, ce n'est en aucun cas incohérent. Lindsey Weber, productrice exécutive de la série, rappelle que c'est d'ailleurs ce dont parle Le Seigneur des Anneaux :
Il nous semblait naturel qu'une adaptation de l'œuvre de Tolkien reflète à quoi ressemble réellement le monde. Tolkien est pour tout le monde. Ses histoires parlent de races fictives qui réalisent leurs plus grands exploits lorsqu'elles quittent l'isolement de leurs propres cultures et se rassemblent.
Les communautés de la Terre du Milieu sont diverses, le casting doit refléter cela. Mariana Rios Maldonado, experte dans l'univers de Tolkien, commente pour Vanity :
C'était évident qu'il y aurait des rejets et des réactions négatives. Mais la question est de la part de qui ? Qui sont ces gens qui se sentent si menacés ou dégoûtés par l'idée qu'un elfe soit noir, latino ou asiatique ?
En réalité, le plus grand écart entre le texte original et la série est l'unité de temps. En effet, le Second Âge s'étend sur plusieurs milliers d'années et il aurait été quasiment impossible de retransmettre fidèlement et de manière optimale des événements sur une telle période.
Payne : Nous avons parlé avec les représentants de Tolkien. Si vous êtes fidèle au texte faisant loi, vous allez raconter une histoire dans laquelle vos personnages humains meurent chaque saison parce que vous sautez 200 ans dans le temps. Et puis vous ne rencontrerez aucun des grands et importants personnages canons avant la saison quatre. Vous savez, il y a peut-être des fans qui veulent que nous fassions un documentaire sur la Terre du Milieu, mais nous voulons raconter une histoire qui unit toutes ces choses.
Quant aux attentes des fans, qui se montrent parfois même véhéments, JD Payne n'a aucune rancoeur. Au contraire :
Nous pensons que le travail finira par parler de lui-même. Avant qu'un orchestre ne commence, le public se parle, mais dès que la musique commence, vous êtes dedans et vous écoutez cette musique.
Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir sera diffusé à partir du 2 septembre sur Amazon Prime Vidéo.
Source : Vanity Fair