Une fenêtre ouverte sur le cinéma scandinave

La France a la chance d’avoir l’un des parcs de cinéma les plus denses au monde, et cette situation singulière permet aux spectateurs français de profiter d’une programmation hétéroclite et internationale. Dernièrement, les productions sud-coréennes furent mises à l’honneur avec le succès de Parasite (2019) réalisé par Bong Joon-ho. Dans un tout autre registre, le 7e Art scandinave fut placé sous le feu des projecteurs avec notamment Midsommar (2019) et Drunk (2020) portés respectivement par les performances de Florence Pugh et Mads Mikkelsen.

Les cinéphiles attentifs pourraient me faire remarquer, et à raison, que seules des œuvres suédoises sont mentionnées alors que le film qui nous intéresse aujourd'hui est norvégien. Le cinéma venu de Norvège n’a pas à rougir de son voisin, même s'il se fait pour le moment bien plus discret en dehors de ses frontières. Afin de parfaire votre culture cinématographique, la rédaction de JV vous conseille trois longs métrages norvégiens ancrés dans le fantastique, à savoir Dead Snow (2009), The Troll Hunter (2010) et Thelma (2017).

Les méta-humains selon Eskil Vogt

Eskil Vogt est une réalisateur et scénariste norvégien né en 1974. Diplômé de La Fémis (ou École nationale supérieure des métiers de l'image et du son), ce vidéaste a fait ses armes auprès de Joachim Trier sur bon nombre de ses films dont Thelma (2017) et Julie en 12 Chapitres (2021). Côté réalisation, Eskil Vogt a dirigé deux longs métrages dont The Innocents (De uskyldige de son titre original), le premier étant Blind (2014).

The Innocents se définit comme un thriller surnaturel prenant pour cadre une banlieue norvégienne. Le temps d’un été ensoleillé, un groupe d’enfants du quartier découvre qu’ils possèdent de mystérieux pouvoirs qu’ils s’empressent de tester. Toutefois, ces jeux enfantins vont rapidement virer au cauchemar autant pour eux-mêmes que pour leur entourage. The Innocents a tapé dans l'œil de nombreux amoureux de fantastique. Le film fut auréolé en 2021 du Grand Prix Nouveau Genre à L'Étrange Festival. Il a même fait partie de la sélection officielle du festival de Cannes, hors compétition dans la section Un Certain Regard.

L’anti-Marvel par excellence

Le cinéma scandinave me fascine depuis de nombreuses années. Mes premières rencontres nordiques de cinéphages se sont faites autour de Morse (2008) et Dead Snow (2009), deux œuvres fantastiques diamétralement opposées, mais portant un regard neuf sur les thématiques du vampire et du zombie.

The Innocents s'approprie un genre en vogue, celui des méta-humains, et le métamorphose, l'altère avec cette sensibilité propre au cinéma norvégien. Le film réalisé par Eskil Vogt est d'une froideur saisissante à l'image de ces garnements qui laissent libre cours à leurs pulsions à la fois enfantines et sadiques. Il émane de leur méchanceté et de leur absence de retenue un réalisme terrifiant porté par une mise en scène méticuleuse, sobre, hypnotisée par les personnages et un sound design âpre prompt à faire naître les pires angoisses. The Innocents est une proposition surnaturelle choc aux antipodes des productions super-héroïques modernes estampillées Marvel et DC.

The Innocents sort au cinéma en France le 9 février 2022.

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