La nouvelle carte graphique haut de gamme d’AMD est arrivée à la rédaction depuis quelques jours et nous avons pu la tester sur de nombreux jeux. Avec ce nouveau GPU, la compagnie entend bien concurrencer la RTX 3080 de Nvidia. Un adversaire de taille, pour un combat qui s’annonce féroce.
C’est une année importante pour AMD : la compagnie américaine est en effet sur presque tous les fronts, avec de nouveaux processeurs Ryzen 5000, une présence appuyée sur PlayStation 5 et Xbox Series X/S, et désormais une nouvelle offre en matière de carte graphique. Les Radeon 6000 sont là et comptent bien rattraper un certain retard technologique accumulé avec la série 5000. Nous testons ici la Radeon RX 6800 XT, une carte graphique proposée à partir de 659,99 euros, qui se place en face de la GeForce RTX 3080 côté Nvidia. Ce nouveau GPU vise en effet le jeu en Ultra HD à 60 FPS et propose, enfin, des unités de calcul dédiées au ray-tracing. Elle est par ailleurs dotée de 16 Go de mémoire GDDR6, et fonctionne à une fréquence pouvant aller jusqu’à 2250 MHz. Le procédé de gravure est à nouveau le 7 nm, mais on passe cette fois à l’architecture RDNA 2, la même que l’on trouve sur PS5 et Xbox Series X. Cette nouvelle architecture introduit plusieurs nouveautés : un support complet de DirectX 12 Ultimate, incluant DXR ( DirectX Ray-Tracing, VRS (Variable Rate Shading) ou encore les “mesh shaders” (calcul “dynamique” du nombre de polygones à afficher sur un objet en fonction de la distance de celui-ci) et le “sampler feedback” (adapter la résolution d’une texture en fonction, également, de sa distance). À cela s’ajoute une fonctionnalité qu’AMD nomme “Infinity Cache”, qui permet d’augmenter significativement la bande passante de la carte et accélérer l’accès aux données vers le GPU.
Intéressons-nous plus spécifiquement à la Radeon 6800 XT. En matière de design, la carte inspire confiance et respect : légèrement moins volumineuse que la RTX 3080, elle est faite de matériaux solides et intègre trois ventilateurs. Ce design est bien sûr celui “de référence", puisque nous testons le modèle vendu directement par AMD. Le look ne sera donc potentiellement pas le même (ni le prix, d’ailleurs) chez les autres fabricants. Le GPU occupe par ailleurs 2,5 slots PCIe et affiche une connectique très complète : 2 DisplayPort, 1 HDMI 2.1 et un port USB-C. Ce dernier est notamment pratique si vous souhaitez connecter un casque de réalité virtuelle - type Oculus Quest - directement sur la carte.
Il est maintenant temps de vérifier si la promesse du jeu en 4K à 60 FPS est tenue par la Radeon RX 6800 XT. Quelques précisions tout d’abord sur notre plateforme de test : la carte a été testée avec un processeur AMD Ryzen 7 3800X et 16 Go de mémoire vive en DDR4. Tous les jeux testés ont été installés sur un SSD. Nous ne donnerons donc pas notre avis sur la fonction “Smart Access Memory” (voir encadré plus bas), car elle nécessite l’utilisation d’un tout récent processeur Ryzen 5000. L’essentiel de nos tests a été fait en Ultra HD (3840 x 2160 pixels) mais quelques jeux ont été testés en WQHD (2560 x 1440 pixels).
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Une carte très à l'aise en Ultra HD
Penchons nous tout d’abord sur le cas des jeux qui ne prennent pas en compte le ray-tracing, ce qui représente aujourd’hui la majorité. Dans ce cas de figure, la Radeon RX 6800 XT fait globalement jeu égal avec la RTX 3080, même si cette dernière reste régulièrement devant, de quelques FPS. L’écart est par exemple assez conséquent sur Doom Eternal, mais l’on reste dans tous les cas largement au-dessus des 100 FPS en 2160p. Sur un jeu “DirectX 11” et “CPU Limited” comme Flight Simulator, le niveau performances reste très bon, mais la RTX 3080 est encore devant, à 2 FPS près. La 6800 XT prend cependant le dessus sur les derniers épisodes d’Assassin’s Creed, mais, là encore, l’écart est quasi insignifiant. Notons enfin le cas de Borderlands 3, où cette fois-ci l’avance de la 6800 XT sur la 3080 est de 5 FPS. En 1440p, la carte s’en sort également très bien, même si elle se fait cette fois un peu plus distancer par la concurrence. Seul Borderlands 3 lui permet de garder l’avantage.
Résultats en Ultra HD
Quoi qu’il en soit, à quelques exceptions près (Flight Simulator, Assassin’s Creed), la nouvelle carte d’AMD permet en effet de jouer en 4K à 60 FPS et plus, sans avoir à se soucier de baisser le niveau de détails. C’est en soi une excellente nouvelle, d’autant plus que le gain de performances par rapport à une Radeon RX 5700 XT est impressionnant. Cette dernière ne dépasse ainsi pas les 34 FPS en Ultra HD sur AC Valhalla, ou 64 FPS sur Doom Eternal. Notons par ailleurs que la carte peut facilement être overclockée, directement via l’application Radeon Software. La fréquence de fonctionnement du GPU ou de la RAM va alors augmenter, mais le gain de performances reste faible (rarement plus de 3 FPS en jeu).
Résultats en Ultra HD
Sur cette nouvelle génération de cartes graphiques, AMD introduit la fonctionnalité Smart Access Memory, qui permet une meilleure communication entre le CPU et GPU, grâce au PCI Express. La vitesse de communication entre le CPU et la VRAM (mémoire de la carte graphique) peut en effet être limitée sur une configuration “classique”. SAM va utiliser la bande passante du PCI Express pour maximiser la vitesse de transfert entre les deux, ce qui a pour conséquence un gain de performances notable. Profiter de SAM, à l’heure actuelle, reste cependant assez contraignant : il faut en effet utiliser un processeur Ryzen 5000, une carte mère avec un chipset AMD X570, et bien entendu une Radeon RX 6000. Le gain de performances en jeu annoncé par AMD reste par ailleurs faible, surtout en Ultra HD. Selon le constructeur, il serait de l’ordre de 12% sur Forza Horizon 4, par exemple, mais reste plus proche, dans la plupart des jeux, de 2 à 5 %. L’idée est cependant plutôt bonne, donnant un argument de plus en faveur des excellents processeurs Ryzen 5000.
Le ray-tracing encore en rodage
Vient maintenant le cas des jeux qui utilisent le ray-tracing, un peu plus complexe. Il faut tout d’abord préciser que tous les titres compatibles RT chez Nvidia ne le sont pas nécessairement côté AMD. Wolfenstein Youngblood, par exemple, ne permet pas son activation sur la 6800 XT, car il est basé sur l’API Vulkan, auquel s’ajoute l’extension Nvidia VKRay. Il faut donc que les jeux en question se basent sur DirectX 12, avec DXR. Nous avons ainsi pu l’utiliser sur Modern Warfare, Battlefield V, Control ou encore Metro Exodus, avec plus ou moins de bonheur. Tout dépend, finalement, de la possibilité d’utiliser le DLSS côté Nvidia, ce qui permet de creuser un écart très important avec la 6800 XT. L’exemple le plus parlant reste Control : avec le RT défini sur “élevé”, mais sans équivalent au DLSS, le shooter de Remedy ne dépasse pas 20 FPS en Ultra HD, alors qu’il monte à 60 sur une RTX 3080. Sur Modern Warfare, qui propose du RT mais pas de DLSS, l’écart est plus faible, mais la 3080 reste un bon cran devant.
Résultats en Ultra HD
Bref, en ray-tracing, ce n’est pas encore tout à fait ça, et ce même sans prendre en compte le DLSS côté Nvidia. Un constat peu surprenant, AMD n’en étant qu’à la première génération de GPU utilisant cette technologie, alors que Nvidia a bien progressé sur ce point depuis les RTX 2000. Et puis il y a le DLSS, cette upscale “magique” qui fait des miracles et qui n’a pas encore d’équivalent chez AMD. La compagnie annonce toutefois travailler sur sa propre solution d’amélioration des performances via l’upscale, mais cette dernière reste pour le moment une arlésienne. AMD a en tout cas tout intérêt à la déployer rapidement pour ne pas trop se laisser distancer par son concurrent, d’autant plus que c’est une technologie que l’on pourrait également voir arriver sur PS5 ou Xbox Series. Microsoft a d’ailleurs annoncé l’usage d’une technologie basée sur l’intelligence artificielle, mais difficile d'affirmer qu'il s’agit de la même chose chez AMD.
Côté consommation, température et bruit, le bilan est plutôt positif. AMD annonce un TDP moyen de 300 watts pour sa nouvelle carte, ce que nous constatons en jeu, avec toutefois des pointes régulières à 320 watts. C’est en tout cas moins que la RTX 3080, qui consomme entre 320 et 350 watts. La carte peut monter assez haut en température (jusqu’à 98 °C en charge maximale), mais reste quoiqu’il arrive en dessous des 100 °C. Enfin, elle reste globalement silencieuse, les trois larges ventilateurs faisant très bien leur travail sans surcharge sonore. Mieux vaut tout de même opter pour un boitier bien ventilé. Bon point à noter : les ventilateurs sont à l'arrêt lorsque vous ne jouez pas.
Conclusion
Points forts
- Une carte à l'aise en 4K sur la plupart des jeux
- Très gros gain de performances par rapport aux Radeon 5000
- Consommation plutôt maîtrisée
- Bon rapport performances-prix
- Smart Access Memory, une bonne idée...
Points faibles
- ... Mais limité aux CPU Ryzen 5000
- Résultats assez décevant en ray-tracing
- Pas encore d'équivalent au DLSS
Note de la rédaction
Avec la Radeon RX 6800 XT, AMD a enfin de quoi lutter face à Nvidia sur le créneau du GPU haut de gamme… mais pas forcément de quoi prendre le dessus. Entendons nous bien : ce nouveau modèle propose un excellent niveau de performances et délivre la 4K à 60 FPS que l’on attendait, dans la plupart des jeux. La carte reste cependant à la traîne sur certaines fonctions qui sont aujourd’hui devenues le nerf de la guerre. Le ray-tracing fonctionne ainsi un peu moins bien et l'absence de technologie équivalente au DLSS ne joue pas en sa faveur. Ceci étant dit, il faut noter l’effort tarifaire fourni par AMD, qui propose son GPU à 659,99 euros. Un bon rapport performances prix, qui s’accompagne de plus d’une consommation électrique plutôt satisfaisante. L’écart avec la série 5000 est par ailleurs particulièrement impressionnant et laisse augurer le meilleur pour la suite.