Ouais, j'ai pu lire
Je trouve quand même que c'est bien plus soft, limite ordinaire du point de vue d'un mec qui aurait mené des batailles
Merci pour ta lecture !
Pour la lecture de la première partie, j'ai été un peu perturbé à cause des noms. Pour Joris, je l'avais déjà dit mais c'est le nom d'un personnage de Wakfu, Saskia est le nom de la guerrière-dragonne dans The Witcher 2 et Sylvia... un de mes personnages porte le même prénom
Mouais, mes références c'est la page de prénoms néerlandais sur wikipédia
Pour la deuxième partie, j'ai lu la version plus "soft". Honnêtement, je ne m'y connais guère en anatomie ou en transfusion donc je ne peux pas juger sur la véracité de la description. Après, si tu tenais vraiment à montrer une transfusion, tu étais libre de le faire. Pour moi, cela montre surtout la manière cruelle dont ils traitent les prisonniers : comme du bétail.
Le but ici n'était pas de décrire une transfusion. A la base je voulais montrer le manque d'éthique de Justinien, et aussi les valeurs de Joris, qui est quand même assez réticent au départ de sacrifier une vie pour sauver celle de sa fille. Mais bon après ses sentiments envers sa fille ont pris le dessus Un seigneur comme Alexander ou Edmond aurait sacrifié le mec sans se poser de question. (peut être pas Edmond, mais il aurait moins hésité).
Tiens, je n'avais jamais vraiment fait attention à la question religieuse jusque là mais ils sont monothéistes, puisque tu parles de "Dieu" ?
Oui, ils sont tous monothéistes pour l'instant (:hap:) . Je parlerai plus de leur religion dans un prochain chapitre
Lu les deux premiers chapitres - enfin, le 1 et le 3 quoi.
Je ne reviendrai pas sur les soucis de concordance des temps, c'est possible que tu aies déjà corrigé ça.
Quelque chose m'a titillé, le fait qu'ils attendent le retour d'Alexander pour procéder à l'inhumation du corps. Enfin, plutôt le fait qu'ils attendent ET qu'ils laissent le corps se décomposer. Il y en a à priori pour un moment avant qu'il rentre, et ce ne sont pas trois pétales de rose qui vont cacher la putréfaction quand elle sera bien avancée... Ce ne serait pas plus plausible, s'ils doivent attendre, qu'ils embaument le corps ?
Chapitre 2 (le troisième en fait ) lu !
Tu m'excuseras si je commente au fur et à mesure, sur mobile c'est plus simple.
Pas grand chose à redire, c'est un chapitre de transition qui fait son travail, les éléments qui seront nécessaires à l'intrigue se mettent doucement en place.
Seul petit hic, j'ai trouvé étrange ta manière d'orthographier Hippolyte ; et je trouve aussi que felseweiser / felseweisern au pluriel rendrait mieux que felseweisi, mais bon je t'ai déjà cassé les pieds avec ça je crois.
(Sinon, ça aurait mérité de figurer dans le commentaire du chapitre précédent, mais je trouve que Bécasse mérite fort bien son nom. Et j'ai beaucoup apprenaient la cruauté de la scène. )
Chapitre 4 :
"La Dame de Cenelle dégageait une odeur de cheval, mais sa beauté n’en était pas moins estompée. "
Il faut virer le "moins", sinon ça revient à dire "sa beauté était quand même estompée".
Tu parles d'un blaireau dans le rêve du deuxième tiers, mais tu répètes deux fois le mot pelage dans une même phrase, y a dû y avoir un couac.
Sinon, ce n'est pas bizarre que Chimène avoue qu'elle vient libérer le prisonnier à Cassandre ? La grosse dame de compagnie pourrait se dire que c'est risqué pour leur peau à toutes les deux... Et d'ailleurs elle risquerait de dénoncer sa comparse ensuite, lorsque l'enquête serait menée sur l'évasion.
Merci beaucoup pour tes lectures ! http://jv.stkr.fr/p/1kkr?f-ed=1
Le 10 novembre 2016 à 18:48:40 Arduilanar a écrit :
Lu les deux premiers chapitres - enfin, le 1 et le 3 quoi.Je ne reviendrai pas sur les soucis de concordance des temps, c'est possible que tu aies déjà corrigé ça.
Quelque chose m'a titillé, le fait qu'ils attendent le retour d'Alexander pour procéder à l'inhumation du corps. Enfin, plutôt le fait qu'ils attendent ET qu'ils laissent le corps se décomposer. Il y en a à priori pour un moment avant qu'il rentre, et ce ne sont pas trois pétales de rose qui vont cacher la putréfaction quand elle sera bien avancée... Ce ne serait pas plus plausible, s'ils doivent attendre, qu'ils embaument le corps ?
Oui c'est une bonne idée, je vais me renseigner sur l'embaumement durant la renaissance italienne
Le 11 novembre 2016 à 14:33:11 Arduilanar a écrit :
Chapitre 2 (le troisième en fait ) lu !Tu m'excuseras si je commente au fur et à mesure, sur mobile c'est plus simple.
Pas grand chose à redire, c'est un chapitre de transition qui fait son travail, les éléments qui seront nécessaires à l'intrigue se mettent doucement en place.
Seul petit hic, j'ai trouvé étrange ta manière d'orthographier Hippolyte ; et je trouve aussi que felseweiser / felseweisern au pluriel rendrait mieux que felseweisi, mais bon je t'ai déjà cassé les pieds avec ça je crois.(Sinon, ça aurait mérité de figurer dans le commentaire du chapitre précédent, mais je trouve que Bécasse mérite fort bien son nom. Et j'ai beaucoup apprenaient la cruauté de la scène. )
Oui tu as encore raison, ça fait bien plus germanique que le i qui fait plus latin En vrai j'ai du orthographier Hypolithe de 15 fois différentes depuis que j'écris (C'est pas bien). Pour Bécasse je suis totalement d'accord Même si Neg aime pas
Le 11 novembre 2016 à 21:30:57 Arduilanar a écrit :
Chapitre 4 :"La Dame de Cenelle dégageait une odeur de cheval, mais sa beauté n’en était pas moins estompée. "
Il faut virer le "moins", sinon ça revient à dire "sa beauté était quand même estompée".Tu parles d'un blaireau dans le rêve du deuxième tiers, mais tu répètes deux fois le mot pelage dans une même phrase, y a dû y avoir un couac.
Sinon, ce n'est pas bizarre que Chimène avoue qu'elle vient libérer le prisonnier à Cassandre ? La grosse dame de compagnie pourrait se dire que c'est risqué pour leur peau à toutes les deux... Et d'ailleurs elle risquerait de dénoncer sa comparse ensuite, lorsque l'enquête serait menée sur l'évasion.
Tu parles d'un blaireau dans le rêve du deuxième tiers, mais tu répètes deux fois le mot pelage dans une même phrase, y a dû y avoir un couac.
certes
Sinon, ce n'est pas bizarre que Chimène avoue qu'elle vient libérer le prisonnier à Cassandre ? La grosse dame de compagnie pourrait se dire que c'est risqué pour leur peau à toutes les deux... Et d'ailleurs elle risquerait de dénoncer sa comparse ensuite, lorsque l'enquête serait menée sur l'évasion.
Cassandre et Chimène sont comment dire ... pas vraiment l'intelligence incarnée
Ouais mais y a des limites non ?
Ok Chimène est une paysanne mal dégrossie. Cassandre par contre devrait savoir qu'il ne faut pas s'attirer la colère du seigneur sont on dépend...
Le 11 novembre 2016 à 22:26:23 Arduilanar a écrit :
Ouais mais y a des limites non ?Ok Chimène est une paysanne mal dégrossie. Cassandre par contre devrait savoir qu'il ne faut pas s'attirer la colère du seigneur sont on dépend...
Mouais enfin... Edmond ... edmond quoi, tu verras
Sinon dans la première version (c'est à peu près le seul vestige de la première écriture qui date d'avant la version de la marque tu as lu), Chimène assome le garde et tout
Chapitre 5 lu !
"— Des Vaharem ? bafouilla Germain, d’aucuns ignorent qu’ils n’ouvrent jamais leurs portes."
Tu utilises "d'aucuns" comme synonyme de "personne", mais il me semble que ça veut plutôt dire "certains". Dans ce cas ça ne colle pas du tout avec ce que tu cherches à exprimer.
Deuxième petite chose, je te vois employer le mot "gus". Je trouve que ça ne colle pas du tout avec le ton médiéval que tu cherches à donner, ça fait argot ouvrier du XIXe ou XXe siècle...
CHAPITRE 8 : LES CAPRICES DE CENELLE
DOMITILLE
Sitôt les diligences happées par les collines, Domitille quitta son promontoire et parcourut avec hâte la basse-cour rendue boueuse par les pluies d’automne. Quelques dames pleuraient leurs amours trop vite reparties ; elle n’en avait cure. Que ces bécasses inondent le sol jusqu’à mourir de sécheresse, elles ne valaient pas l’effort de les réconforter. Une vraie tristesse les aurait conduites sur les pas de leurs époux. Domitille se contenta de filer : à la main, froissé par ses doigts crispés, l’acte qui faisait d’elle le seigneur de Cenelle jusqu’au retour de son père ondulait dans son sillage. Domitille passa devant sa chambre ; en dehors des devantures du lit et des tapisseries, rien ne pouvait combler le vide des lieux : une raison de plus pour s’éclipser le plus rapidement du château, en route pour Edelsteen. Si Edmond s’était figuré qu’elle se contenterait d’obéir, alors se fourrait il le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Son père lui avait donné un pouvoir, celui de faire ce qu’il lui plaisait dans le fief, et Domitille escomptait bien en user à sa guise : s’en affranchir afin de courir le monde, ou plutôt poursuivre ses bagages qui avaient été embarqués à l’insu de tous vers Edelsteen.
L’excitation faisait comme battre son cœur d’un son nouveau, et elle ne pouvait que s’auto-congratuler pour sa cautèle. D’aucuns n’y auraient pensé, elle en était sûre. Il ne restait plus qu’une chose à s’assurer : que sa sœur Louise ne fasse pas trop de caprices. L’aînée de ses puînées occupait ses journées à brasser de la bile et à moudre du noir. Elle toqua avec véhémence à la porte de sa sœur et pénétra l’endroit sans même attendre une réponse. Assise en tailleur sur son lit, Louise Aubépine paressait tel une morte revenue sur terre, violement tirée de son bouquin, les cheveux en pagaille et la gueule enfarinée. Parcourant les lieux sans même un regard pour sa cadette, Domitille bouillonnait.
« Auras-tu lu toute la nuit ? » lui reprocha-t-elle en tirant le rideau qui déversa à flot une lumière grisâtre dans la petite chambre. La dame de Cenelle fut taxée d’un regard noir strié de quelques mèches rebelles.
« Nous avons à discuter affaire, ma sœur. » annonça Domitille.
Louise, au contraire de sa fratrie ne portait pas beaucoup de chair par-dessus ses os, et ses joues creuses et son teint blafard la rendait fort peu avenante. Domitille s’était souvent montrée cruelle vis-à-vis de ça, n’hésitant pas à rappeler à Louise qu’aucun homme ne voudrait jamais d’elle. Cependant, la dame de Cenelle se confortait dans cette idée. Même un sot aurait pu constater que les prétendants à sa sœur se faisaient aussi fréquents que neige en été.
« Père t’a donné le pouvoir que tu convoites depuis toujours et désormais tu viens m’obliger à me coiffer ? » persifla Louise.
Domitille éclata d’un rire cristallin, toujours sous le regard courroucé de sa sœur.
« Que nenni ma chère, je viens même te confier ce rouleau. » La perplexité frappa le visage de sa cadette quand l’acte seigneurial vint chatouiller ses narines.
« À quelle blague stupide t’adonnes-tu ? se bisqua-t-elle.
— Point de blagues. Je rejoins père.
— Et moi, je devrais maintenir un semblant d’ordre ici ?
— Exactement. Tu comprends vite, ironisa Domitille.
— Et si je refuse ?
— Il n’y a pas lieu à discuter. Je te l’ordonne.
— Soit, dans ce cas, j’accepte.
— Bien. »
Les deux jeunes femmes se regardèrent un moment sans prononcer mot. Finalement, Louise brisa le silence avant que la gêne ne soit trop présente.
« Ma première directive en tant que seigneur sera que tu restes ici à accomplir la mission que père te confia. »
Domitille leva les yeux au ciel et soupira.
« Dans ce cas, poursuis-moi et fait moi trancher la tête. »
Sa sœur se mordit la lèvre, et Domitille sut qu’elle venait de gagner. Avant de la quitter pour de bon, elle lança à travers la porte adossée :
« Veille sur Jeanne et Léonie, et surtout, fais-toi respecter dès le début. »
Invective étrange, car le premier ordre de Louise n’avait été que du vent. D’un pas aérien, Domitille continua sa route. Une épine de retirée de son pied. Conforme à ce qu’elle avait ordonné, Hyacinthe de la maison Hyacinthe de Croixmont l’attendait là où s’étaient tenus son père et son convoi quelques heures plus tôt. A ses côtés, deux rudes gaillards portant la livrée Millepertuis, de champ d’or à taureau écorché, tenaient la bride de quatre chevaux. Elle les reconnut, se rappelant vaguement d’eux à quelques festins. Roland et Enguerrand étaient des cousins de sa mère, Iseut, fils de sire Thomas Millepertuis. Tous deux taillés dans le roc, les colosses arboraient une mine austère, comme ennuyés. « Téméraire et pisse-froid comme un Millepertuis », se plaisait à dire son père Edmond. Domitille trouvait que l’adage leur seyait bien.
Le vent avait dissipé la brume du matin, livrant le monde à un toit gris et maussade, baigné d’une lumière malade. Le soleil n’était qu’une pâle tache blanche à travers la grisaille, mais Domitille se sentait d’un souffle nouveau.
« Madame, ne craignez-vous pas que nous rattrapions trop rapidement votre père ? s’enquit l’un des frères Millepertuis.
— Il y a de ça une heure qu’ils sont partis, compléta l’autre. Il risquerait de vous renvoyer illico au château. »
La dame de Cenelle s’attarda un instant sur une charrette remplie de miches de pain. Elle en saisit une et apprécia la chaleur de l’aliment à travers ses gants. Non loin, une poignée de gamins en guenilles les observait, visiblement trop effrayés d’approcher les deux chevaliers.
« Que me chaut, vu que ça n’arrivera pas ? demanda Domitille d’un air dédaigneux. Nous irons d’une allure de promenade. »
Sans aucune forme de procès, Enguerrand Millepertuis acquiesça, conciliant. Sûrement que le courtois personnage ne serait pas fâché de voir Domitille retourner au château.
« Partirons-nous ? » les pressa-t-elle en lançant le pain sur la pile. La miche glissa de la charrette et termina dans la boue.
Ils suivirent pendant près de trois jours le convoi des familles Aubépine et Wiern. Les voyageurs dinèrent dans les meilleures auberges du fief, ripaillant de porc au miel, d’oies sauvages et de pâté de cerf. Domitille dormit dans les plus belles chambres, aux frais de la famille Millepertuis. Hyacinthe, bien trop modeste pour s’en payer une s’était enquis d’une place où crécher. Domitille lui avait proposé sans sérieux de dormir sur le pas de sa porte pour prévenir des tentatives d’assassinat. Ce dernier avait accepté, d’un air solennel et emplis de fierté. La dame de Cenelle en avait été tellement amusée qu’elle s’était prêtée au jeu, et le pauvre bougre n’avait connu que pour couche le sol poussiéreux des auberges tout le long de leur route.
Un après-midi de longue chevauchée, alors que les arbres les protégeaient de la brise qui venait vous glacer les os, Domitille sentit l’ennui monter en elle. Si bien que sa dernière entrevue avec Hyacinthe lui revint en mémoire.
« Hyacinthe, te rappelles-tu de ma requête ? »
Pris au dépourvu, l’intendant se mit à bafouiller et à gigoter sur sa selle.
« Non… enfin, pourriez-vous être plus précise ? C’est qu’il y en a eu un nombre peu négligeable… se justifia-t-il.
— Concernant mon cousin Charles, le coupa sèchement la dame de Cenelle.
— Certes ! s’exclama-t-il, soulagé. Il se trouve que nos compagnons en savent certaines choses. »
Domitille toisa les deux frères Millepertuis qui marchaient devant, leurs écus fixés dans leur dos se balançant au rythme des pas de leurs montures.
« Chevaliers, les apostropha-t-elle, mon intendant me dit que vous possédez quelques informations sur ce qu’il advint de Charles ? »
Leurs compagnons se tournèrent vers eux, présentant leurs vilaines trognes barbues. Enguerrand, le moins taciturne des deux acquiesça.
« En effet, nous combattîmes à ses côtés. Une sacrée bataille, et il s’en est fallu de peu pour qu’on y passe tous. C’est Charles qui mena la défense de Cenelle, et sans lui, le château serait tombé dans l’heure. »
Domitille écouta sans l’interrompre, bien qu’elle fût rapidement gavée par cette manie qu’avaient les chevaliers de magnifier les actes de leurs semblables, quand ils ne se mettaient pas eux-mêmes en avant. Il lui conta tel et tel haut fait de Charles pendant cette bataille, qui il sauva, qui il tua…
« Adoncques, il en arriva quand bien même à périr, n’est-ce pas ? s’agaça-t-elle.
— Certes, lors de cette nuit, ces fourbes infiltrèrent l’enceinte du château.
— Vous me ferez croire que des gueux vinrent à bout de mon cousin alors qu’il accomplit tous ces exploits auparavant ?
— Des hommes racontent qu’ils virent votre époux, sire Wiern, avec le cadavre de Charles, tout couvert d’un sang qui n’était pas le sien. »
Tout à coup, le cheval de Hyacinthe fit un écart et partit en rebuffades, désarçonnant le jeune homme qui atterrit grotesquement au sol. Domitille se mit à glousser tandis que paniqué, l’intendant s’extirpait à quatre pattes
de la boue. Il se redressa, s’épousseta et leur cria :
« Ça va, ça va, je vais bien ! Le canasson a dû avoir eu peur d’une abeille qui passait. »
Des flèches martelèrent sa brigandine zinzolin et l’intendant s’écoula. D’autres ricochèrent sur l’armure de Roland Millepertuis et sifflèrent aux oreilles de Domitille qui déchanta. Au moment où les deux chevaliers tiraient leurs lames au clair, des rugissements retentirent et une dizaine d’hommes aux tenues hétéroclites émergèrent des fourrés.
« Mortefange ! » hurlèrent les frères Millepertuis, s’engageant dans la mêlée. L’acier chuinta et crissa. Les brigands les submergèrent. Un soudard se fraya un passage vers Domitille en beuglant. Elle tenta de l’éviter mais son cheval, effrayé, refusa d’obtempérer et le bandit s’accrocha à sa jambe. Elle cria tandis que des doigts aux ongles noirâtres affirmaient leur prise autour de son mollet galbé. Les lames des chevaliers Millepertuis tournoyaient, fauchaient les malandrins, les tailladant comme du bétail. Cependant, aucun ne semblait disposé à lui porter secours : Domitille se sentait entraînée au sol et luttait de toutes ses forces pour rester en selle, ruant de coups de sa main libre le crâne du goujat. La chute fut rude, et l’homme s’appuya sur elle. L’éclat de sa serpe mouchetée de rouille prête à s’abattre fit ciller Domitille. Mais la dame de Cenelle le stoppa en lui donnant un coup de genou dans l’entrejambe. En se débattant avec furie, elle parvint à faire dinguer l’arme de fortune de la canaille. Les paluches du brigand se serrèrent autour de son cou délicat et elle sentit sa gorge s’écraser. Domitille voulut hurler, mais seul un râle étouffé sortit de sa bouche. Sa vue se troubla, et ses jambes se firent de moins en moins vives à racler le sol de feuilles mortes.
Quand l’air revint inonder ses poumons, Domitille remarqua que sa robe bleue ruisselait de sang, et pour cause, son agresseur s’efforçait à contenir le fluide qui s’écoulait de sa gorge tranchée. Un bras recouvert de maille et d’acier arriva à son niveau. Trop confuse pour distinguer duquel frère il s’agissait, la dame de Cenelle s’appuya sur le bras secourable du chevalier. D’autres voleurs de grands chemins venaient de se joindre à la bataille, et la haquenée de Domitille s’était envolée au diable. Sire Millepertuis la porta par la taille et l’assit sur le dos de son propre destrier. C’était à peine si elle pouvait serrer les jambes autour des flancs de sa monture. Comme elle trainait, l’homme mit une claque sur la croupe du cheval qui galopa loin de l’affrontement. Sous les feuilles rouge et or d’automne, Enguerrand et Roland Millepertuis disparurent à jamais.
Ses esprits lui revenaient peu à peu. Son cheval écumait, mais pour rien au monde elle n’aurait ralenti l’allure. Son père se trouvait un peu plus loin… La dame de Cenelle se rendit compte qu’elle y avait laissé une chaussure, et son pied en sang subissait la morsure du froid et du cuir de la selle. Domitille sentait son cœur se serrer à chaque fois qu’une ombre se distinguait dans les broussailles, imaginant des bandits tapis parmi les laîches et les fougères. Le soleil déclinait au loin et la caresse du vent s’en fut plus âpre, gelant ses larmes et rougissant sa peau.
Quand elle aperçut la bannière Wiern dans la lumière du crépuscule, elle ne put contenir ses sanglots et se sentit délestée d’un poids. Ahanant, sa brave monture accepta de la porter au trot jusqu’à la queue du convoi. Une dizaine de fantassins l’observa s’approcher avec curiosité. Elle devait ressembler à s’y méprendre à une gueuse, toute couverte de sang et la coiffe en pagaille. Jamais elle n’eut aussi honte de sa vie. Les fantassins l’accueillir avec un sourire qui ne lui inspirait rien de bon.
« Je suis Domitille Aubépine, la femme de votre seigneur Karl » anticipa-t-elle. L’histoire d’une dame de chanson violée par des soudards raisonna amèrement dans sa tête. En proie au doute, un des reîtres la questionna.
« Qu’est ce qui me garantit que c’est bien vous ?
— Je n’ai ni le temps ni l’envie de m’entretenir avec de la soldatesque de votre bord, conduisez-moi à mon père ou j’irai le trouver seule. »
Son ton se voulait sans équivoques. Comme les hommes d’armes ne semblaient pas pressés de l’aider, elle poussa son cheval à travers la longue file de la procession, ignorant les regards surpris des chevaliers, caméristes et valets qui la constituaient. Elle reconnut l’imposante silhouette de son père en tête, accompagnant fidèlement Alexander Wiern et son fils Karl.
« Père ! » héla-t-elle.
Domitille dut s’avancer et répéter moult fois son appel avant qu’il ne parvienne aux oreilles du seigneur Aubépine. Le trio se retourna de concert, et Domitille mit pied à terre, tandis qu’un écuyer se précipitait pour récupérer la bride du destrier. Edmond fit de même. Abasourdi, l’incrédulité défigurait son visage, si ce n’était l’inquiétude. Elle se précipita vers lui, clopinant pour de pas trop meurtrir son pied nu.
« Ne vous inquiétez pas père, ce n’est pas mon… »
Elle ne put finir sa phrase. Une chaleur piquante lancina sa joue alors qu’elle chutait. Un silence de mort suivit la claque. À moitié sonnée, Domitille ne comprit pas tout de suite ce qu’il lui arrivait. Son père la redressa et brandit une seconde fois son battoir de main.
« Arrête Edmond. »
Alexander, toujours juché à dos de sa jument posa la main sur l’épaule du colosse.
« Il y a une différence entre corriger et tuer ses enfants. » vilipenda le seigneur de Felseweise. Edmond, confus, baissa sa garde.
Domitille lécha le sang qui coulait de sa lèvre fendue. Sa majesté Alexander Wiern ne souhaitait sûrement que le ravissant minois de sa bru soit abimé.
« Karl, mon garçon, tiens-lui compagnie, nous allons discuter de son sort avec ton père. » lui enjoignit Edmond.
Domitille comprit que ses chances de partir à Edelsteen augmentaient, et elle ne put contenir l’ombre d’un sourire.
« Efface-moi immédiatement ces risettes, je t’assure que ça ne va pas bien se passer pour toi, menaça Edmond e, s’éloigna avec mauvaise humeur. Karl demeura coi, se contentant de la fixer, l’air incertain. Domitille sentit comme un barrage céder en elle, et les larmes menacèrent de couler.
« Eh bien, idiot, qu’attends-tu ? Prends-moi dans tes bras ! »
Son chevalier servant s’exécuta sans hésiter et elle se laissa choir dans son étreinte. Karl l’emmitoufla dans sa cape, et il écouta longuement son récit.
Il faisait nuit quand Edmond et Alexander revinrent. Deux hommes les accompagnaient, mais Domitille ne les identifia pas dans l’obscurité.
« Tu repartiras demain avec Philippe et ses hommes pour Cenelle. » annonça son père. Elle reconnut alors son oncle, le sauveur de Mortefange. Bien que les deux frères ne présentassent pas de différence d’âge conséquente, Philipe paraissait bien plus jeune. Il ressemblait à Edmond lors de sa jeunesse, sans le moindre embonpoint pour une stature de taureau.
« Grâce à ta stupidité, tu perds également le privilège de gouverner Cenelle, ajouta-t-il. Moi, je perds le droit d’assister à l’Assemblée Extraordinaire. J‘espère que tu regrettes.
— Mes remords vous combleraient de joie, n’est-ce pas ? cracha-t-elle.
— Cesses de te ridiculiser. Tu es l’unique responsable dans cette affaire.
— C’est bon ? Nous pouvons être tranquilles ? Je viens tout juste de retrouver mon époux. » argua Domitille.
Karl se dégagea et fit non de la tête.
« Ne me mêle pas à tout ça. » se défendit-il. Domitille n’eut même pas le temps de détester le jeune loup qu’Alexander Wiern l’admonesta.
« Par votre faute, madame, nos forces seront considérablement réduites. Demain, Sire Tobias Blomst ici présent s’en va pour Fieramont se marier à damoiselle votre sœur. »
Le sire de Rosblod et de Greim lui adressa un sourire. Son emblème blanc à la rose sanguine apparaissait avec pâleur dans le noir.
« A mon retour d’Edelsteen, tu partiras pour Fieramont afin de siéger aux côtés de ton époux, déclara Edmond. Profite de mon absence pour t’entretenir avec un mitharo, il faudrait aérer un peu là-haut. Des hommes sont morts par ta faute aujourd’hui. »
Le 17 novembre 2016 à 20:49:02 Arduilanar a écrit :
Chapitre 5 lu !"— Des Vaharem ? bafouilla Germain, d’aucuns ignorent qu’ils n’ouvrent jamais leurs portes."
Tu utilises "d'aucuns" comme synonyme de "personne", mais il me semble que ça veut plutôt dire "certains". Dans ce cas ça ne colle pas du tout avec ce que tu cherches à exprimer.Deuxième petite chose, je te vois employer le mot "gus". Je trouve que ça ne colle pas du tout avec le ton médiéval que tu cherches à donner, ça fait argot ouvrier du XIXe ou XXe siècle...
Merci pour ta lecture
Tu es sûr pour Gus ? J'ai fait des recherches mais je n'ai rien trouvé sur sa datte d'apparition ...
Je ne sais pas si tu trouveras la date d'apparition, mais pour moi c'est fortement connoté XIXe - XXe. En tout cas je n'ai pas souvenir d'avoir déjà croisé ce terme dans un contexte médiéval, ça me saute tout de suite aux yeux.
D'ailleurs le Wiktionnaire classe bien le terme comme relevant de l'argot, ce qui n'est pas la même chose qu'un archaïsme. Si tu regardes les exemples d'emploi ce n'est pas du tout le ton que tu cherches à donner...
Chapitre 6 lu.
Pour préciser un peu mes propos précédents, "vus" passe d'avantage inaperçu dans les propos d'Edmond qu'au milieu d'une scène de bataille, peut-être devrais-tu le réserver au discours oral donc.
Sinon pas de commentaire particulier, à nouveau un chapitre assez court il me semble, j'attaque la suite.
Gus pardon. Sa mère le correcteur.
Chapitre 7.
"« Sire Eduard, veuillez me suivre, voulez-vous ? »"
Ca c'est du prénom.
"L’homme tricotait avec ses gros doigts poilus."
Mais !
Très très bizarre le dialogue entre Jannick et Joris. Le fils qui demande d'un coup à son père s'il n'a pas abandonné son premier-né, je comprends pas d'où ça sort. On sent que tu le mets là juste pour insister sur le fait, mais ça manque fichtrement de naturel... Ce n'est peut-être simplement pas le moment, j'imagine que c'est le genre de question qui se pose plutôt au cours d'un instant de crise père-fils.
Ensuite, la scène de transfusion.
Bon, je ne comprends pas pourquoi Joris refuse catégoriquement le principe de "une vie pour une vie". Après tout, un grand seigneur pompeux et vaniteux doit bien se dire que la vie d'un membre de sa famille vaut bien tous les sacrifices. C'est normal qu'il hésite, après tout c'est quand même une sale façon de faire, mais ça paraît étrange qu'il se préoccupe d'épargner une vie humaine. A la limite, si son appréhension venait de la superstition et du fait que cette pratique lui évoque la magie noire, on comprendrait mieux.
J'ai eu du mal à comprendre pourquoi Justinien perçait la jugulaire, puis tranchait la gorge du prisonnier quelques minutes plus tard aussi.
Ah, et je reviens sur "gus" encore une fois. Ca passe chez Edmond, avec sa gouaille et son bagout, par contre chez Justinien qui est froid et dont le discours est ampoulé ça ne colle pas.
Merci pour les lectures !
Le 21 novembre 2016 à 10:12:06 Arduilanar a écrit :
Chapitre 7."« Sire Eduard, veuillez me suivre, voulez-vous ? »"
Ca c'est du prénom."L’homme tricotait avec ses gros doigts poilus."
Mais !
Très très bizarre le dialogue entre Jannick et Joris. Le fils qui demande d'un coup à son père s'il n'a pas abandonné son premier-né, je comprends pas d'où ça sort. On sent que tu le mets là juste pour insister sur le fait, mais ça manque fichtrement de naturel... Ce n'est peut-être simplement pas le moment, j'imagine que c'est le genre de question qui se pose plutôt au cours d'un instant de crise père-fils.
Bah je comptais sur le fait qu'il ait aperçu son père sur la tombe de son premier né, et qu'il pose une question qu'il n'avais jamais posé auparavant et du coup il s'inquiète des rumeurs racontées sur cette histoire
Ensuite, la scène de transfusion.
Bon, je ne comprends pas pourquoi Joris refuse catégoriquement le principe de "une vie pour une vie". Après tout, un grand seigneur pompeux et vaniteux doit bien se dire que la vie d'un membre de sa famille vaut bien tous les sacrifices. C'est normal qu'il hésite, après tout c'est quand même une sale façon de faire, mais ça paraît étrange qu'il se préoccupe d'épargner une vie humaine. A la limite, si son appréhension venait de la superstition et du fait que cette pratique lui évoque la magie noire, on comprendrait mieux.
Justement c'est tout Joris là dedans, mais j'évite d'en dire trop Après, depuis le deuxième chapitre du tome 1, à chaque fois qu'on parle de Joris, c'est du point de vu de ses rivaux, du coup j'imagine qu'on s'attend à pire Et il est aussi extremement pieux, ça sera développé dans le prochain chapitre
J'ai eu du mal à comprendre pourquoi Justinien perçait la jugulaire, puis tranchait la gorge du prisonnier quelques minutes plus tard aussi.
Pour que le sang coule plus vite Et aussi parce que Justinien est un fou sadique
Ah, et je reviens sur "gus" encore une fois. Ca passe chez Edmond, avec sa gouaille et son bagout, par contre chez Justinien qui est froid et dont le discours est ampoulé ça ne colle pas.
J'ai remplacé par "quidam"
Pour Jannick : a priori ça n'a pas l'air si exceptionnel que Joris se recueille sur la tombe de son premier-né, du coup la justification colle difficilement. En tout cas Jannick ne demande vraiment pas ça en une façon naturelle.
Pour Joris et l'opération, ok, mais alors tu gagnerais à ce qu'il exprime un peu plus ses raisons.
Chapitre 8 lu
Toujours aussi bien, j'ai adoré la confrontation Domitille/Louise, la non insistance de la soeur
Domitille se révèle de plus en plus arrogante et sournoise je trouve Mais je n'ai pas trop compris, Edmond perd son droit de partir à l'AE ou c'est son frère qui doit raccompagner Domitille qui dit ça ?
Et aussi, Hyacinthe meurt, mais les deux frères Millepertuis réussissent à s'échapper, mais vu comment tu le dis, on dirait qu'ils disparaissent du coup, c'était vraiment flou pour moi
Chapitre 8 :
"elle ne pouvait que s’auto-congratuler pour sa cautèle"
C'est très laid "s'auto-congratuler".
Se féliciter ça vaut beaucoup mieux.
"D’aucuns n’y auraient pensé"
À nouveau tu utilises le mot de travers, c'est à employer comme "certains" et pas comme "personne".
"L’aînée de ses puînées occupait ses journées à brasser de la bile et à moudre du noir."
Je sais que tu en es fier mais franchement je suis pas fan de la phrase.
"Assise en tailleur sur son lit, Louise Aubépine paressait tel une morte revenue sur terre, violement tirée de son bouquin, les cheveux en pagaille et la gueule enfarinée."
Gisait plutôt que paressait, et bouquin ça fait beaucoup trop oral et familier.
"Domitille s’était souvent montrée cruelle vis-à-vis de ça,"
"Ça". "A ce sujet" ce serait plus élégant je trouve.
"Ma première directive en tant que seigneur sera que tu restes ici à accomplir la mission que père te confia. "
C'est bizarre d'utiliser le passé simple pour "confia", normalement c'est le passé composé qui marque que l'action a encore un impact dans le présent.
"n’avait connu que pour couche le sol poussiéreux "
N'avait connu pour couche que le sol poussiéreux.
"bien qu’elle fût rapidement gavée par cette manie"
Je crois que "gaver" n'est pas autorisé.
"Profite de mon absence pour t’entretenir avec un mitharo, il faudrait aérer un peu là-haut"
Pas bien compris l'expression.
Bon, j'ai un peu fait mon Ggiot, mais j'ai quand même bien aimé le chapitre. Tu es par contre plus à l'aise pour l'action que pour les histoires de demoiselles semble-t-il.