Ils sont que 3 en ce moment
Rôdeur
Certes, mais leur nom générique c'est "les Quatre"
Istary
Posté le 27 avril 2014 à 12:25:42
Ils sont que 3 en ce moment
Rôdeur
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T'as oublié Shuzug
Allez hop, les deux chaps le même jour
Chapitre 52 :
Shuzug ne vit qu’une brève lumière à sa droite. Il plongea au sol de justesse, et le projectile enflammé passa juste au-dessus de sa tête pour aller exploser contre un mur, à l’autre bout de la salle.
Le général Orque roula au sol et se redressa en se mettant en garde de combat.
Cinq Thalmors se tenaient là, dans un coin d’ombre, avec à leur tête un mage Altmer vêtu d’une ample robe noire et bleue et d’une capuche. Ses doigts fumaient encore.
Il afficha un grand sourire.
-Général Gro-Yargol, quelle heureuse surprise. Il me tardait de rencontrer le jeune et brillant officier de la Légion dont tout le monde parle, ces temps-ci.
-Laenthyr, grogna Shuzug. Si les vieux croulants d’Alinor ont jugés bon de faire appel à quelqu’un comme toi, c’est qu’ils tiennent beaucoup à ces prisonniers.
-Plus que tu ne le crois, Orque, répondit le dénommé Laenthyr tandis que ses hommes encerclaient Shuzug et le Rôdeur. Les renseignements que nous tirerons d’eux sont capitaux. Je l’avoue, vous autre de la Légion, vous êtes des animaux coriaces. Mais un animal reste un animal. Lorsqu’on bat un chien, il commence d’abord par montrer les dents. Puis, si on continue à le battre, il gémit et lèche docilement la main de son maître.
-Ne me dis que pas que tu comptes torturer les enfants et les femmes ?
-Ceux-là ne nous sont d’aucune utilité. Ce ne sont que des esclaves ou des civils que nous avons capturés et qu’on nous envois pour qu’ils soient abattus.
Laenthyr haussa un sourcil en tournant la tête vers le Rôdeur.
-Oh… Tu es venu accompagné, Gro-Yargol. De ton « monstre ». J’avais entendu parler de ce fameux projet de l’Empire mais je ne pensais pas avoir l’occasion de rencontrer un des… résultats de vos expériences.
Le mage Altmer se frotta le menton avec un sourire carnassier et un regard pervers.
-On dit que vos Quatre, comme vous les appelez, sont responsables de l’échec d’une bonne cinquantaine d’opérations secrète Thalmor, qu’ils ont pris, à eux seuls, six forteresses et camp militaire, et qu’ils sont derrière l’assassinat de plusieurs de nos ambassadeurs, agents et généraux. Je serais curieux de me mesurer à l’un d’entre eux… Et de voir ce que vaut la science Impériale.
Soudain, des cris se mirent à résonner, aux étages supérieurs, et des bruits de pas. Laenthyr fronça les sourcils et son sourire disparut.
-Qu’est-ce que c’est que ça ?
-Ca ? fit Shuzug. C’est une bonne centaine de soldats Impériaux qui prennent ta forteresse. Nous n’étions que des éclaireurs. Le gros de nos forces attendait, cachée, dans la forêt, que nous passions à l’action. Tu es foutu, Laenthyr.
-Putain d’Orque, cracha l’Altmer. Tu crois avoir gagné ?
Il exécuta une geste et une sorte de filament bleuté, luisant dans l’obscurité du cachot, jaillit de son doigt et fusa vers Shuzug en ondulant dans l’air. Le général grogna et plongea sur le côté. Le filament le dépassa lentement et alla s’évaporer en touchant un mur.
Shuzug se redressa. Si une Crémation Tentaculaire n’avait aucun effet sur la matière inerte telle que la pierre ou le métal, il avait déjà eu l’occasion de voir l’un de ses compagnons être frappé de ce sort de plein fouet, et il n’avait jamais pu l’oublier.
Les quatre soldats Thalmor s’élancèrent, leurs armes au clair.
Shuzug vit, du coin de l’œil, le Rôdeur bondir par-dessus leurs têtes et foncer vers le mage. Le général Orque entendit le sifflement d’une lame et se baissa juste à temps. La lame frôla son crâne sans le toucher.
Il se releva et éventra son adversaire d’un revers de hache, avant de se retourner pour faire face au second. Leurs armes tintèrent en se heurtant.
Laenthyr, lui, s’était mis en garde. Il avait fermé les poings et ceux-ci s’étaient mis à luire, et leurs contours à vibrer. Une formidable énergie magique s’en dégageait.
Le Rôdeur arriva à son niveau.
-Approche, monstre, lança Laenthyr.
-Monstre ?
-C’est ce que tu es, non ?
Le Rôdeur, à une vitesse inhumaine, contourna agilement le mage, fluide comme de l’eau, et se retrouva dans son dos. Laenthyr fit volte-face et balança son poing chargé d’énergie vers son adversaire.
Le Rôdeur s’arc-bouta et le poing de Laenthyr percuta le mur derrière lui, en produisant une explosion lumineuse et une onde de choc. Des éclairs se mirent à danser dans l’air. Dans une cage proche, les prisonniers, visiblement des civils, se mirent à gémir.
Le Rôdeur fit un pas en avant et traça un arc de cercle, devant lui, dans le vide. Laenthyr hoqueta et bondit en arrière. Une fine coupure apparut sur sa joue, et une goutte de sang perla. Il l’essuya rapidement.
-Qu’est-ce que c’était que ce sort ?
-Bien esquivé, déclara froidement le Rôdeur d’une voix métallique. Une fraction de seconde de plus pour réagir et ta cervelle se répandrait actuellement à mes pieds.
-Comment as-tu fait ça ? Ça ne ressemble à rien de ce que je connais. C’était une lame invoquée ?
-Devine.
-Espèce de monstre, lâcha Laenthyr. Abomination de la nature.
Son bras se détendit et son poing fusa. Le Rôdeur ne bougea pas. Le poing chargé d’énergie du mage Thalmor rencontra sa poitrine et libéra une puissante onde de choc, avec un crépitement sonore. Les prisonniers les plus proches eux-mêmes durent reculer.
Le Rôdeur, lui, fut projeté à travers la salle à la vitesse d’un boulet de canon et rebondit violemment contre un mur avant de s’écrouler au sol.
Laenthyr, pour la première fois du combat, se remit à sourire. La cage thoracique de son adversaire, totalement calcinée, avait éclatée sous la puissance magique du coup, et ses tripes fumantes dégoulinaient sur ses jambes. Il n’y avait plus de vie, sous le masque métallique.
-Alors c’est ça, les Quatre ? ricana-t-il. Je m’attendais à plus de difficulté.
Le mage Thalmor se rendit compte que les cliquètements des épées s’étaient tus, derrière lui. Il se retourna et vit que ses quatre hommes gisaient au sol, dans une mare de sang, autour de Shuzug. Le général Orque essuyait nonchalamment la lame de sa hache.
Laenthyr pencha la tête sur le côté et soupira.
-Quels incapables, dit-il. Même pas foutus de se débarrasser d’un homme seul.
-Toi non-plus, répondit calmement Shuzug.
-Pardon ?
-Ton bras.
-Quoi, mon bras ?
Laenthyr baissa la tête sur le bras que désignait Shuzug, celui avec lequel il avait frappé le Rôdeur. C’est alors qu’il se rendit compte que ledit bras se trouvait sur le sol, tranché net au niveau du coude, et qu’un flot de sang s’échappait de son moignon.
Le mage mit quelques secondes à réagir. Il pivota alors lentement et tomba nez-à-nez avec le Rôdeur. Intact. Seuls ses vêtements carbonisés au niveau de la poitrine témoignaient de la blessure qui était censée l’avoir tué sur le coup, mais qui n’existait plus.
Laenthyr cligna trois fois des yeux.
-C’est… C’est impossible… Quel genre de créature es-tu donc ?
Alors la douleur survint. Son bras avait été coupé de façon si propre qu’il n’avait, dans un premier temps, rien senti. Seule une lame spectrale pouvait faire ce genre de chose. Il gémit et porta la main à son moignon, duquel s’écoulait toujours une quantité impressionnante de sang.
Sous son masque, il le savait, le Rôdeur le toisait.
-E… Epargne-moi, murmura-t-il.
-Tu l’as dit toi-même, répondit le Rôdeur. Je suis un monstre.
Alors Laenthyr ferma le poing qui lui restait et une aura menaçante engloba immédiatement celui-ci.
-Dans ce cas, meurs ! hurla-t-il en frappant.
Cette fois, le Rôdeur esquiva. Avec facilité.
Le poing passa à côté de sa tête sans le toucher. Puis, il posa délicatement son doigt sur le coin gauche du menton de Laenthyr et le fit traverser lentement son visage en diagonale, en passant par son nez et en arrivant à sa tempe droite. Comme s’il le caressait.
Pendant un bref instant, Laenthyr resta figé. Puis, la moitié de sa tête se sépara du reste et glissa en biais avant de tomber au sol.
Le Rôdeur observa son cadavre s’effondrer.
Pendant quelques instants, un long silence plana dans le cachot. Puis, une femme se mit à pleurer de joie derrière les barreaux de sa cellule. Un homme commença à applaudir, suivit d’un autre. Au bout d’une dizaine de seconde, le Rôdeur et Shuzug étaient noyés sous les remerciements, les félicitations et les pleurs.
Des bruits de pas retentirent dans les escaliers avant qu’une troupe de légionnaires n’apparaissent, armés et visiblement prêts à en découdre. Mais un regard sur les cadavres Altmers suffirent pour qu’ils saisissent la situation.
Le Scorpion et le Serpent arrivèrent à leur tour.
-Beau travail, commenta simplement le Scorpion en contemplant le carnage.
Durant les heures qui suivirent, tous les prisonniers furent libérés. Il y avait pas moins de treize pièces semblables dans toute la forteresse. Les soldats Impériaux occupant désormais la citadelle montèrent un gigantesque camp tout autour du bâtiment principal, dans la cour, et sous les enceintes, afin d’abriter les anciens détenus sur le point d’être exécutés.
Il y en avait près d’un millier.
La nuit fut longue, et les légionnaires débordés. Heureusement, la tempête se calma très vite. N’ayant pas de guérisseurs sous la main, les soldats durent improviser pour apporter les premiers soins aux gens les plus mal en point.
Des tentes furent dressées dans lesquelles on allongea les blessés et les malades. Quelques militaires ayant des connaissances basiques en magie de guérison ou en chirurgie de guerre s’occupèrent de panser les plaies les plus graves, ou d’amputer certains prisonniers mutilés.
On apporta de la nourriture, de l’eau, et des vêtements propres. Les enfants se blottirent autour d’un immense feu de camp, emmitouflés dans des capes épaisses.
Mission peu habituelle pour eux, le Scorpion, le Serpent et le Rôdeur avaient été chargés de s’enquérir des besoins des malades. Ils déambulaient donc entre les tentes, souvent bousculés par les soldats pressés, afin d’interroger les anciens prisonniers.
Si le Scorpion faisait son travail consciencieusement et efficacement, en gardant toujours son sourire calme sur le visage, et avec son air rassurant, le Serpent, lui, s’amusait follement. Etrangement, alors que son apparence dégoûtait les adultes et que ceux-ci lui lançaient des regards inquiets, les enfants l’adoraient.
On le surprit même à jongler devant un groupe de gamins malades et à les faire éclater de rire.
Le Rôdeur, lui, n’était pas franchement ravi de sa mission et rechignait à la tâche.
Il vit, dans un coin du camp, à l’écart des autres, Shuzug et une demi-douzaine de généraux, dont certains venant d’être libérés, entourant une table de bois montée à la va-vite, sur laquelle était étalée une carte et divers documents.
Ils étaient en pleine discussion stratégique.
-Nous devrions les contourner par l’ouest, fit un grand Rougegarde aux yeux d’un vert hypnotisant.
-Ce serait très risqué, répondit un Impérial d’une soixantaine d’année au crâne dégarni. Rien ne nous dit qu’ils ne possèdent pas un avant-poste à cet endroit. Certes nos éclaireurs nous ont fait part de…
-Nous couperions la route à leurs troupes de ravitaillement, le coupa un Nordique musculeux aux cheveux roux noués en queue de cheval. Cela me suffit. La zone est sûre. C’est plutôt la façon dont nous mènerons l’attaque ensuite qui m’inquiète.
-Un siège ? proposa Shuzug en montrant un point de la carte. Cet endroit nous est favorable. Privés de vivres, ils ne tiendront pas longtemps.
-Ils ont des mages avec eux, répliqua l’Impérial au crâne dégarni en secouant la tête et en grimaçant. Beaucoup de mages. Ce serait un jeu d’enfant pour eux de se téléporter jusqu’à leur forteresse la plus proche et de rapporter du matériel avec eux.
-Dressons des barrières inhibitatrices, intervint un des généraux que le Rôdeur avait vu dans le cachot, derrière les barreaux d’une cellule. Coupons court à toutes leurs tentatives. Et harcelons-les.
-C’est votre tactique favorite, pas vrai ? cracha le Nordique musculeux. C’est comme ça que vous avez fait tomber le Fort Delormes ?
-Oui, et le siège n’a duré que trois mois, répondit fièrement le général. Je ne suis pas comme vous, général Vivebraise. Foncer la tête la première n’a jamais été une tactique payante.
-Avec moi, si, répliqua le Nordique en serrant les dents.
Le Rôdeur s’approcha. Alors que les autres hauts gradés étaient absorbés par leur dispute, Shuzug remarqua son agent. Il fit signe à ses collègues de l’excuser et il s’éloigna un peu du cercle. Le Rôdeur croisa les bras.
-Qu’est-ce que c’est que cette mascarade ? demanda froidement celui-ci.
-Quelle mascarade ?
-Ces ordres que tu nous as donnés. Nourrir les affamés, aller chercher des bandages et des médicaments pour les blessés, rassurer les mères traumatisées et leur rapporter leurs enfants, veiller au confort des vieillards, aider à dresser les tentes… Ce n’est pas ce qui était convenu.
-Oh, je vois… Tuer des Thalmors à tour de bras est une activité qui te convient bien plus, c’est ça ?
-Exactement. Je ne suis pas une… vulgaire aide de camp. Je suis le Rôdeur. Un des Quatre. Nous ne devrions pas être là. Nous devrions déjà être repartis pour la prochaine mission.
-Ta mission, c’est celle-ci. Ça ne te plait pas ? Eh bien endure, prend ton mal en patience. On t’a formé pour ça, non ? Résister, encaisser sans broncher. Supporter les pires tortures.
-Ce n’est pas…
-Tu commences à m’agacer, Rôdeur, le coupa Shuzug. C’est fini. La forteresse a été débarrassée des Thalmors. Regarde ces gens, tout autour. Ils ont peurs. Ils ont faims, froid, ou mal. Ce sont des civils, des victimes de cette guerre, et ils demandent juste à ce qu’on les aide. Tu ne pourrais pas te détendre, un peu ? Ne plus penser constamment aux tueries, aux carnages, aux meurtres ? Essayer d’être… humain ?
-Je ne suis pas humain. Je suis un monstre. C’est toi et tes semblables qui m’avez rendus comme ça.
Shuzug se tut. Le Rôdeur se détourna. Le général Orque ne remarqua pas le léger grognement qu’il poussa sous son masque.
Il alla vagabonder dans le camp pendant un moment, pestant silencieusement contre tous ceux qui le bousculaient, avant qu’une main ne se referme sur son épaule.
-Eh, toi ! lança le légionnaire qui venait de l’aborder. Si tu n’as rien à faire, amène-toi ! On a besoin de bras !
Le Rôdeur se laissa mener jusqu’à une petite tente de laquelle s’échappaient des cris de douleurs et des grognements étouffés. Il entra à l’intérieur en se baissant et vit, par terre, une sorte de matelas rudimentaire étalé au sol sur lequel gisait un homme.
C’était un vieil Impérial barbu aux yeux hagards et à la bave aux lèvres. Ses doigts étaient crispés sur le bras d’un soldat qui le maintenait au sol en appuyant sur son torse.
Le Rôdeur posa les yeux sur le ventre du vieillard. On avait relevé sa tunique, laissant apparaître une longue cicatrice boursouflée serpentant au niveau de son estomac. Elle était douloureuse à voir. Une femme, agenouillée à côté du matelas, semblait vérifier ses outils avant une opération. Un couteau mal lavé, une scie, des fils, des aiguilles, un tisonnier, une bouteille d’alcool…
Le vieillard se tordait de douleur et le soldat avait du mal à le garder immobile. Il leva les yeux vers le Rôdeur.
-Ne reste pas là à regarder ! Aide-moi, bordel !
Le Rôdeur, sans grande volonté, s’accroupit devant le matelas et attrapa les deux jambes du vieil homme pour l’empêcher de s’agiter.
-Il vient ce baquet d’eau chaude ?! cria la jeune femme.
C’était une Brétonne, aux cheveux longs d’un noir de jais et aux grands yeux bleus. Comme tous les membres de sa race, elle avait un air juvénile, et malgré le fait qu’elle devait avoir une trentaine d’année, elle en paraissait seize.
Un homme entra dans la tente et posa un bac d’eau bouillonnante par terre. La femme plongea son couteau dans l’eau pour le stériliser, avant de le ressortir et d’inspirer.
-Vous le tenez bien ? s’enquit-elle.
-Oui, grogna le légionnaire. Dépêche !
-Je le tiens, dit doucement le Rôdeur.
-Pitié, gémit le vieillard. Pitié !
-Courage vieil homme, fit la jeune femme en se penchant au-dessus de lui. Ça sera rapide.
Elle transpirait. L’homme qui avait apporté le baquet d’eau chaude plaça un chiffon dans la bouche du vieillard pour qu’il ne se morde pas la langue. Le Rôdeur regarda la jeune femme plonger la lame du couteau dans la cicatrice et l’ouvrir dans la longueur. Du sang gicla, et le vieillard s’arc-bouta en hurlant de toutes ses forces, sous le chiffon. C’était effectivement horrible à voir. Le Rôdeur était insensible à ce genre de scène, mais le soldat en face de lui détourna le regard et se mordit la lèvre inférieure, luttant peut-être pour ne pas vomir.
La jeune femme, avec des gestes maîtrisés et calculés, posa délicatement son couteau à côté d’elle, saisit les deux bords de la plaie –longue d’une dizaine de centimètres- et les écarta lentement. Là, elle plongea deux doigts dans le ventre du vieillard.
Celui-ci cria encore, hoqueta lorsque la jeune femme fouilla à l’intérieur de ses entrailles, puis s’évanouit.
Sa tête retomba mollement sur le côté. La jeune femme se figea et ressortit ses doigts couverts de sang de la plaie, tenant un petit morceau de métal rectangulaire aux bords lissés, sur lequel était inscris une rune.
Le Rôdeur connaissait ce moyen de torture pour l’avoir pratiqué lui-même sur un otage Altmer.
On opérait sa victime et on plaçait dans ses boyaux un petit carré d’acier qu’on enchantait. Une fois la blessure refermée, le métal enchanté allait dégager des ondes de douleur atroces, quasiment insoutenables, dans le corps de la victime, jusqu’à ce qu’on le lui ôte. Généralement, un guerrier endurant et déterminé pouvait tenir une semaine entière avant de pleurer toutes les larmes de son corps et de supplier son bourreau de l’achever.
Certains prisonniers subissant cette torture préféraient s’ouvrir le ventre eux-mêmes avec leurs ongles et retirer le morceau de métal plutôt que de le supporter.
Le Rôdeur était incapable de ressentir la douleur, mais l’on disait que c’était comme avoir un morceau de charbon ardent dans l’estomac, dont la température augmenterait sans cesse.
Une fois le morceau de métal ôté, la jeune femme essuya son front luisant de sueur avec un mouchoir et referma rapidement la cicatrice, avec une rapidité et une efficacité impressionnante. Le soldat et le Rôdeur purent lâcher le vieillard.
La jeune femme se releva, les mains encore dégoulinantes de sang.
-J’ai besoin de prendre l’air, soupira-t-elle avant de sortir.
le serpent qui jongle pour faire rie les enfants ont auras décidément tout vus
C'est marrant de voir le Rôdeur non pas comme un ennemi mais comme un allié. On peut dire que ça change de le voir aider des gens comme ça
Et je suppose que cette Brétonne sera celle avec qui il aura des descendants, dont Sandre
Merci Peil pour cette suite bonus !
Vous allez voir, le Rôdeur va enfanter l'infirmière
Non docteur, voir chirurgien de guerre, enfin bref merci Peil^^
Sympas ces chapitres "flashback"
Quand je lit tes fics http://m.memegen.com/d1ud9a.jpg
Chapitre 53 :
Assis entre deux créneaux de pierre, le Rôdeur contemplait la forêt, s’étendant sous les remparts, éclairée par la lueur de la Lune.
En bas, de multiples feux brillaient, dans le camp. Trop de bruit. Trop de monde. Trop de chaleur.
Le Rôdeur avait vite ressenti le besoin de s’isoler. De fuir cette agitation. Le Scorpion et le Serpent n’avaient jamais été dérangés par ce genre de chose, mais le Rôdeur était un être solitaire qui détestait la foule, sauf lorsqu’elle était constituée d’ennemis à massacrer.
Les jambes croisées, les bras derrière la tête, il se mit à observer le ciel étoilé.
-Une bien belle nuit, pas vrai ?
Le Rôdeur tourna la tête vers la source de la voix.
Une jeune femme se tenait à quelques mètres de lui, près des escaliers menant au sommet des remparts. La Brétonne qui avait opérée le vieillard, une heure plus tôt. Comment avait-elle fait pour approcher aussi silencieusement ? Sans que le Rôdeur ne la remarque ?
Elle sourit et s’approcha.
Le Rôdeur se surprit à la détailler.
Brune, aux cheveux très noirs, son visage était fin et beau. Véritablement beau. C’était une beauté fraîche et sauvage. Ses yeux étaient à la fois aussi pétillants que ceux d’un jeune chiot, mais tout aussi pleins de sagesse que ceux d’une vieille louve. Elle avait les pommettes hautes et une petite fossette au menton.
Plutôt petite, ses courbes étaient extrêmement attirantes, malgré la robe en laine rudimentaire fournie par les soldats Impériaux qu’elle portait.
Elle s’approcha lentement du Rôdeur et s’arrêta à côté de lui. Là, elle s’accouda aux créneaux et porta son regard sur l’horizon.
-Vous aussi, dit-elle au bout de quelques secondes, vous aimez être seul ?
-Cela m’arrive, oui.
-Merci.
-Pourquoi ?
-Pour nous avoir libérés.
Le Rôdeur la fixa un instant.
-Vous étiez… prisonnière ?
-Oui, répondit-elle avec un sourire. Je l’étais.
-Retenue dans les cachots de la forteresse ? Je ne vous y ai pas vu.
-C’est parce que je n’y étais pas. J’étais dans la carriole que vous et vos compagnons avez arrêtée. Votre ami, là, le Rougegarde… La façon dont il a éliminé tous les Thalmors… C’était incroyable. Je n’ai jamais vu ça.
-Hum… Voir le Scorpion combattre fait souvent cet effet-là.
Pendant un instant, personne ne parla. Puis, étonnamment, le Rôdeur prit la parole. D’une voix étrangement hésitante, presque gênée, il demanda :
-Quel est votre nom ?
-Je m’appelle Aline, répondit la Brétonne en tirant ses cheveux derrière son oreille d’une façon particulièrement séduisante. Je n’ai pas de nom de famille.
-Comment cela se fait-il ?
-Eh bien… Je suis une esclave. Enfin, j’étais… Une famille de nobles Altmers m’a recueillie très tôt, alors que j’avais à peine sept ans, et m’a formé pour que je sois leur domestique. J’ai grandi dans la servitude. La maîtresse de maison m’aimait bien. Normalement, un esclave n’a même pas de nom, dans l’Archipel de l’Automne. On l’appelle « esclave », « chien », ou « toit ». Parfois, on lui donne un surnom dégradant pour l’humilier. Mais pas de nom. Elle, elle m’a permis d’en avoir un. Elle m’a donné celui de son ancienne nourrice qui était également Brétonne. Aline. Mais on m’a forcé à oublier celui que je portais avant.
-Et pas de nom de famille.
-Bien sûr que non. On a beau aimer un esclave, il n’en reste pas moins un animal. Un objet. Et un objet n’a pas de famille. J’ai été obligé d’oublier le miens également.
Aline soupira.
-Bah, je devrais me dire que j’ai eu de la chance. La femme pour laquelle je travaillais appréciait ma conversation, et le fait que je sache lire m’a bien aidé. Elle me demandait de lui faire la lecture, le soir, ou de rédiger ses lettres. Ainsi, elle m’a protégé. Peu de jeunes esclaves connaissent de sort tel que le mien. La plupart devient esclave sexuel, ou travaille dans les champs. Ou pire, est vendu comme cobaye vivant aux mages Altmers. Un destin horrible. Mais les esclaves à peu près éduqués sont rarissimes, alors on les traite bien.
La Brétonne se redressa et se tourna vers le Rôdeur.
-Assez parlé de moi. Quel est votre nom, à vous ?
-Rôdeur.
-Rôdeur ? Plutôt bizarre. C’est un genre de nom de code.
-Non. C’est mon nom. Le nom que l’on m’a donné. Je n’en ai pas d’autre. Ou disons que je n’en ai plus d’autre.
-Et pas de nom de famille non plus ?
-Pas de nom de famille.
Aline éclata de rire. Sous son masque, le Rôdeur prit un air surpris.
-Qu’y-a-t-il d’amusant ? s’enquit-il froidement.
-Oh, rien, répondit Aline en essuyant une larme qui avait coulée de son œil. Mais c’est tellement risible… Aucun de nous n’a de nom de famille… Vous n’étiez quand même pas esclave aussi ?
-En un sens… si.
Le ton du Rôdeur s’était soudainement fait dur et cassant. La jeune femme sembla le remarquer et changea de sujet pour détendre l’atmosphère.
-On pourrait se tutoyer ?
-Si vous le… Si tu le désires.
Il y eut un nouvel instant de silence. Mais plus un silence gêné. Un silence apaisant et ressourçant. A tel point que ni Aline, ni le Rôdeur, ne voulut le rompre. Du moins, jusqu’à ce que le Rôdeur remarqua le petit pendentif autour du cou de la Brétonne.
Un petit symbole religieux représentant les Neuf y était suspendu.
-Vous êtes croyante ?
-Tu m’as vouvoyé.
-Désolé. Tu es croyante ?
-C’est surprenant ?
-Non, pas du tout, mais… Disons que les Neuf ne sont pas très bien vus chez les Altmer, et que… généralement, les esclaves ne sont pas autorisés à posséder ce genre de chose.
-Moi je l’étais.
Le Rôdeur se tut. Aline, consciente d’avoir répondu un peu trop brusquement peut-être et d’avoir parue vexée par la curiosité de son interlocuteur, s’empressa de le rassurer en reprenant sur un ton léger.
-Il y avait un autre esclave au service de ma maîtresse. Un très vieux Nordique, tout maigre et voûté. Il avait été guerrier dans le temps, mais il avait finalement voué sa vie aux dieux. Aux Neuf. Il était incroyablement pieux. Un jour, il est parti en pèlerinage dans l’Archipel de l’Automne. On l’a capturé et réduit en esclavage. Par chance, il était extrêmement intelligent et instruit. Il savait à la fois, lire, écrire, compter, mais était aussi très doué en mathématiques, en physique, en géographie, en médecine, en alchimie, et en magie de guérison. Il était l’esclave favori de ma maîtresse, et moi la deuxième. Elle l’avait autorisé à posséder un petit autel discret personnel en l’honneur des Neuf, dans sa chambre, et à les vénérer, du moment qu’il n’en parlait pas aux autres esclaves. Pour moi, il a enfreint la règle, et m’a initié aux rites religieux. J’avais soif d’apprendre, et étant Brétonne, j’étais… douée. Il ne m’a enseigné que des sorts très basiques, bien évidemment, mais il m’a également appris à recoudre des plaies, à désinfecter une blessure, à opérer rapidement, à remettre une articulation déboitée, et autre…
-C’était un homme bon. Il a pris des risques.
-C’était plus qu’un homme bon. C’était un saint.
-Comment est-il mort ?
-Comment sais-tu qu’il est mort ?
-Tu parles de lui au passé.
Aline sourit tristement.
-Oui, il est bel et bien décédé. Il y a dix ans, maintenant. Une pneumonie terrible. Mais il n’a pas résisté longtemps. Il a insisté pour qu’on ne lui apporte aucun soin. De toute façon, il était très vieux, et très faible. Même si un guérisseur lui était venu en aide, ou si lui-même s’était soigné, il aurait vite succombé d’une autre maladie. Mieux valait le laisser s’éteindre. Ma maîtresse lui a accordé ce privilège.
-On dirait que tu n’as pas eu une vie facile.
-Ah… On peut le dire.
-Quelque part, on se ressemble.
-Tiens donc ? Tu n’as pas eu une vie facile, toi non plus ?
-Ah… On peut le dire, répondit le Rôdeur en imitant Aline.
donc en faîte les quatre se souvenait parfaitement de leur passé ? intéressant
super!! c' était très intéressant de voir les 4 avant qu'ils ne bascule!! On peut comprendre qu'ils soient devenu des monstres avec ce qu'on leur à fait !! mais personne n' est 100% mauvais ou bon!!
Il s'appelle Sandre lui aussi
Ouah, j'ai adoré ce chapitre. On voit le Rôdeur exprimer des sentiments, et on le voit agir comme un humain. Et en prime on apprend son vrai nom. Un des meilleurs chapitres de cette fic que j'ai lu jusqu'à aujourd'hui
+1000 Blue
Sandre " le Rôdeur " est officiellement mon personnage préféré, car il est le plus profond de tous, et je veux que Shuzug crève non pas parce qu'il risque de bouziller Tamriel, mais car il a fait souffrir le Rôd' et l'a obligé de se voir comme un monstre
Le Rôdeur a réussi à se souvenir de son vrai nom grâce au pouwar de l'amour !
A partir de maintenant on va l'appeler Sandre 1er !
C'est un peu moins classe que "Rôdeur" comme prénom mais bon...