Chapitre XXIX
Partie 4: Un coup de marteau, ça va. Quatre coups de marteau, bonjour les dégats!
Le Diablos nous fonça dessus cornes en avant! Rapide comme l´éclair, Dragon Hunter cria:
-Edouard! Razormatt! Technique numéro sept!
Edouard vint se placer à coté de lui, et aligna son épée longue avec la sienne. Puis Razormatt monta sur les lames, et ses deux acolytes le catapulterent dans les airs! Il atterit sur la tete du Diablos et tenta de lui perforer le crane à l´aide de son Esprit Maudit; mais la carapace du monstre était incroyablement résistante, et son arme ricocha et lui échappa des mains! Ne trouvant rien d´autre à faire, il s´aggripa à la tete du monstre, mettant ses mains sur ses yeux -ceux du monstre...-!
/!\ NOTE DE L´AUTEUR /!\ : Pour la scene qui va suivre, vous pouvez écouter la musique de "The Benny Hill Show". Et comme je suis gentil, je vous donne le lien pour l´écouter:
http://www.coucoucircus.o[...]generique.php?id=14
Aveuglé, le wyvern se mit à courir dans tout les sens poursuivant les pretresses, heurtant les colonnes, et provoquant un sacré bazar; Raguel essaya de l´abbatre, mais sa munition explosive rebondit contre la carapace et termina dans la tete de la statue d´Asura, qui explosa en mille morceaux! Max voulut prendre part au combat, et dégaina ses énormes lame; mais a cause de leur poids, il perdit l´équilibre et reversa un encensoir sur une pretresse, qui prit feu instantanément! Argo ramassa un barril d´eau qui se trouvait à coté des restes de la statue pour tenter d´éteindre la pretresse, mais au moment où il deversa son contenu su elle, les flammes redoublerent d´intensité! Pourtant, le baril contenait bien de l´eau... Sauf que c´était de l´eau-de-vie! Ce qui prouve que l´alcool est mauvais pour la santée! Pendant ce temps, aidé par sa fidele équipe de Melynx, Kenneth était en train de piller l´or du temple, soulevant toutes les dalles du sol pendant que les chats ramenaient les richesses à l´exterieur. Dragon Hunter se disputait avec Raguel, Edouard et Trok poursuivaient le Diablos pour tenter de sauver Razormatt, et Nalia-Asura observait la scene d´un air incrédule.
Je décidai de mettre de l´ordre dans tout ça. Il fallait proceder par priorité! Je fonçais sur Dragon Hunter et Raguel:
-Arrettez de vous disputer, c´est pas le moment!" criais-je.
-On ne se disputera plus quand on aura reglé notre probleme!" répondit Hunter!
-C´est quoi?
-Sabra-Hunter a promis à ma soeur de passer sa vie aupres d´elle!" hurla Raguel. "Mais il est parti pour devenir chasseur, et l´a abandonnée! D´ailleurs, son vrai nom n´est même pas Dragon Hunter! C´est... Robert!
-Bon, il doit bien avoir une solution à ce... Quoi? Robert? MWAHAHAHAHAAAAAAA! ROBERT! MWAHAHAHAHAHAAAAAA! QUEL NOM RIDICULE!"
-C´est malin..." soupira Dragon Robert Hunter. "De toutes façons, je ne pouvais pas l´emmener avec moi! Trop dangereux.
-Bon, assez ri. Voila ce que je propose. Avec tout l´or qu´il y a ici, tu n´auras plus besoin de chasser pour gagner ta vie, non? Alors rentre et passe ta vie avec elle, car une promesse est une promesse!" proposais-je.
-A ton avis, pourquoi je suis chasseur de trésor? Mon but est de rentrer chez moi chargé d´or pour prouver aux gens de mon village qu´ils se sont trompés! Et désordre ambient, je crois que personne ne verra si je prends quelques poignés de pierres précieuses...
-Formidable... Robert! MWAHAHAHAHAHAAAAAAA!
-Hem...
-Désolé. Bon, quelqu´un à compris ce qui est arrivé à Nalia?
-Je crois qu´elle est possédée. Asura à élu domicile en elle." Dit Raguel.
-Bon. Au moins c´est clair. Je ne vois qu´une solution pour regler le probleme." Affirmais-je.
-Laquelle?
-Il faut lui trancher la tête! Gniark gniark gniark!
-Heu... Ksaï?
-Oui?
-Si tu fais ça, tu tues Nalia.
-Oups, comment ai-je pu l´oublier?
-...
-Mais si je ne peux pas lui couper la tête, je fais comment? En plus, j´ai une superbe occasion, là! Elle est si estomaquée par le spectacle qu´elle ne fait plus attention à nous!
-Je ne sais pas, moi! Il faudrait trouver un moyen simple de l´exorciser!
-Moui.. Mais est-ce que quelqu´un s´y connait en exorcisme? Et de toute façons, c´est Asura! La divinité la plus puissante de... Hé! Une minute! Je crois que j´ai trouvé!
-Si c´est encore une suggestion stupide, laisse tout tomber!
-Quel manque de confiance, ma pauvre Raguel...
Je m´agenouillai et me concentrais de toute mes force:
-Grand Felyne? Vous m´entendez? J´ai un IMMEEEEENSE service à vous demander! Asura fait des siennes et j´aurais besoin d´un petit exorcisme! C´est possible?
Je me relevais. Voila, c´est tout ce que je pouvais faire. Esperons qu´il m´avait entendu.
-CHAUUUUD DEVAAAANT!!!
-Gné?!?
Je vis le Diablos me foncer droit dessus, toujours aveuglé par Razormatt, et je bondis juste à temps pour éviter de me faire embrocher par ses gigantesques cornes. Par contre, je ne pus pas éviter Edouard et Trok, qui poursuivaient la bête. Ils me passerent dessus sans faire attention à moi. Voila qu´on me pietinait, maintenant...
Comble de la malchance, Nalia-Asura se remit du choc qui lui avait été infligé -ce n´est pas tout les jours qu´un démon voit une bande de débiles saccager son temple- et décida d´intervenir:
-VOUS ALLEZ PAYER POUR CET AFFRONT!!!
Trok fut le premier à subir sa colere: il fut projeté contre un mur comme par magie!
-Aïe! Mes jambes! Elles sont cassées!" hurla-t-il.
-Ooooh. Il a bobo, le petit?" demanda Max. "Faut pas pleurer! Je prends le bobo, et je jette le bobo!
-Arrette de me prendre pour un gamin et donne moi une potion, abruti!
-Faut pas insulter les grands, sinon panpan cucul!
Bon fallait occuper Nalia-Asura avant qu´elle ne fasse d´autres victimes. Et je décidais de m´y coller:
-Hé, Asura! J´ai une question! Pourquoi tu t´es incarné dans Nalia au lieu de le faire dans une de tes pretresses?
-Non mais tu veux rire?" me répondit-elle. "Elles sont toutes vieilles et croulantes! Autant avoir un corps jeune et en bonne santé!
Bon, j´avais réussi à entamer la conversation sans trop de difficultés. Maintenant, restait plus qu´à la prolonger en esperant que quelqu´un trouve une solution pour l´exorciser...
-Une autre question. C´est normal que tu sois aussi faible, ou alors c´est juste que t´as un probleme psychomoteur?
Oups. C´était sorti tout seul, ça.
-Tres bien... CA VA ETRE A TON TOUR DE MOURIR!" hurla-t-elle. "JE VAIS DETRUIRE TON...
Elle ne finit pas sa phrase, car un bruit étrange se fit entendre. Comme un concert de miaulements, à vous en casser les oreilles. Dans un nuage de fumée, un Felyne énorme apparut. Il avait répondu à mon appel!
-NIA!!! OU EST CE MAGOUILLEUR D´ASURA?" hurla-t-il. -Tiens, chose amusante, j´avis remarqué que, contrairements aux Felynes normaux, le grand Felyne n´était pas poli du tout...-.
Sans remords, je désignais Nalia. Le Grand Felyne s´en approcha, et la toisa du regard.
-C´est quoi cette créature grotesque?" demanda Asura.
-Grotesque? Apprends que je suis le Grand Felyne, et que tu vas regretter de m´avoir rencontré, nia!
-Permets moi d´en dout*BOING! CRASH!*
Le Grand Felyne venait de donner un puissant coup de ventre -oui, il était beaucoup plus ventru qu´un Felyne normal- dans Nalia-Asura, qui valsa et alla s´ecraser contre un mur...
-Exorcisme accompli, nia! Ravi d´avoir pu te rendre service, Ksaï!
-Euh... Merci à vous!
Hé oui, contre la divinité la plus puissante de la mythologie humaine, j´avais opposé le dieu tout-puissant des Felynes!
Maintenant que le probleme d´Asura était résolu, le Diablos allait surement retourner à l´état de squelette... Ah, tiens, même pas. Il courait toujours, et le même bazar régnait toujours dans la salle...
Secouant la tête, le monstre réussit enfin à désarconner Razormatt. Ayant retrouvé la vue, il rugit et fonça vers Kenneth, qui était en train d´examiner les restes de la statue pour voir si ils ne contenaient pas de matieres précieuses.
-KENNETH, BOUGE!!!" hurla Max.
Son cousin se retourna, aperçut le Diablos, souleva son chapeau... Et il ne se passa rien. Pas un seul flash. Et ce fut la collision.
Le wyvern fut projeté en arriere et atterit sur le dos, une de ses cornes brisés. Entre lui et Kenneth, se trouvait Raoul, son marteau dégainé, et un grand sourire vissé aux levres.
-FINI DE RIRE, CAMARADE!
oO NOTE DE L´AUTEUR Oo : pour ce passage, vous pouvez écouter une chanson des choeurs de l´armée Rouge. Essayez d´en trouver une qui a du rythme...
Le marteleur fonça sur la bête, et lui assena un formidable coup transversal, qui la projeta contre un pilier qui cassa sous le choc. Le Diablos tenta de se relever, mais il se prit un autre coup de marteau dans la jambe, et regagna le sol. Raoul souleva son marteau et, y mettant toute sa force, écrasa la tête du wyvern! Son coup fit trembler le sol, nous faisant perdre l´équilibre et provoquant l´effondrement du plafond!
Raoul contre le Diablos. Durée du combat: trente secondes. Vainqueur: Raoul.
-Et apres ça, personne ne veut utiliser de marteaux?" m´étonnais-je.
Hé oui, les armes les moins utilisés de Gardemine étaient les marteaux les chasseurs débutants s´en détournaient à cause de la maitrise que requierait son maniement, et il devait rester moins d´une dizaine de vrais marteleurs dans le royaume. Dommage, car voila un outil qui permettait d´avoir des arguments frappants...
-Les gars, tout s´écroule!!!" s´exclama Kenneth. "Fallait y aller plus délicatement avec ce marteau!
Je ramassai Nalia -inconsciente depuis l´exorcisme-, nous fonçames tous vers la sortie, et nous remontâmes le long couloir de pierre vitesse grand "V". Loin derriere, Max peinait à nous suivre:
-Max! Laisse tomber tes lames! Elles te ralentissent!" criais-je.
-Plutot mourir!" répondit-il.
-Bon, alors lache les trente kilos d´or que tu as sur le dos!
-Plutot mourir une deuxieme fois!
-Je me charge de lui!" dit Raoul en le soulevant et en continuant de courir comme si de rien était.
Quelques secondes après que nous soyons sortis, le temple s´effondra entierement! Quand la poussiere se fut dissipé, il n´en restait qu´un amas de gravats. Mais une agréable surprise nous attendait devant les douves: les Melynx de de Kenneth avaient réunis un énorme tas d´or et de joyaux, pillé dans le temple pendant la bataille...
Chacun prit sa part, et partit dans sa direction: Dragon Robert Hunter et ses amis, vers la Ville du Nord: Raoul, vers la Ville de la Foret; Argo, vers le désert. Quand au deux cousins, ils mirent leur part du trésor dans des sacs à dos, Max monta sur les épaules de Kenneth, dégaina ses deux énormes épées, et ils se mirent à tourner sur eux même, si vite que, grace aux épées de Max, ils finirent par s´envoler -note de l´auteur: c´est ce qu´on appelle la technique de l´hélicoptere! - et partirent vers le Nord, vers la Cité Royale...
-Si je n´avais pas vu ça de mes propre yeux, je n´y croirais pas. " murmurais-je.
-N´empeche que j´aimerais bien voir à quoi ressemblera l´atterisage..." plaisanta Trok.
-T´es encore là, toi?
-Ouais!
Bon, restait plus qu´à choisir une nouvelle destination. Ah, non, j´en avais déjà une!
-Nalia? On ne devait pas aller visiter ton village?
-J´attendais que tu me le demande!" répondit-elle en souriant.
Et c´est ainsi que, accompagnés par Dédé -qui était resté à l´exterieur du temple toute la journée- et de Trok -qui n´avait visiblement rien d´autre à faire que de nous suivre-, Nalia et moi partimes vers l´Ouest.
-Ksaï..." murmura Nalia. "Merci d´avoir chassé ce démon. Je me serais sentie vraiment mal si j´avais tué quelqu´un involontairement.
-Ne me remercie pas..." répondis-je. "Au début, je voulais te trancher la tête pour résoudre le probleme...
-QUOI?
Elle me colla un direct.
Chapitre XXX
Partie 1: J´étais sur la route...
Je fixais mon interlocutrice depuis une bonne minute, n´osant pas dire un seul mot. Mon coeur battait à une vitesse folle, j´éprouvais des difficultés à respirer, mes mains tremblaient, et je crois même que je rougissais... Je me décidais enfin à prendre parole:
-On se retrouve enfin en tête-à-tête.
-...
-Moi non plus, je n´ai pas grand chose à dire. L´émotion, sûrement.
-...
-...
-...
-Bon, assez parlé, passons aux choses sérieuses.
Je saisis l´énorme bouteille de Limonade-Amerinsecte posée en face de moi, la débouchais et commençais à boire son contenu. Après avoir ingurgité un bon litre de ce nectar, je la reposais au sol. C´était tellement bon que j´en avais la larme à l´oeil.
-Aaah... Ca fait du bien. Ma chère bouteille, toi et moi, on ne se quittera plus jamais. Inséparables comme les doigts de la main...
-Ksaï? Tu... Tu es sur que ça va?
Surpris, je me retournais pour découvrir que derrière moi, me regardant d´un air perplexe, se trouvaient Nalia, Trok et Dédé...
-Euh... Vous êtes là depuis combien de temps?
-Assez longtemps pour te voir tenir une conversation avec une bouteille..." répondit Trok.
-Bouteille? BOUTEILLE? Apprends, minus, que ce n´est pas une simple BOUTEILLE! C´est une bouteille de Limonade-Amerinsecte, ce qui la rend nettement supérieure aux autres contenants de ce genre!
-Ce qui n´explique pas comment tu peux boire cette horreur..." soupira Nalia.
-Alors c´est comme ça? Vous vous mettez tous contre moi?
-Wirk!
-Même toi, Dédé? Moi qui croyais que tu étais mon ami!
-Il a dit "wirk", ca ne veut pas dire qu´il est contre toi!" dit Trok.
-Qu´est-ce que t´en sais? Tu parle le vélociprey, peut-être?
-Parce que toi, t´es capable de le faire?
-On s´éloigne du sujet, non?" fit remarquer Nalia.
-Ah, oui. On parlait de quoi?
-Du fait que tu étais en train de dialoguer avec une bouteille." Répondit Trok.
-Ah. Et quel est le problème?
-Si on prend en compte le fait que tu as toujours été comme ça, il n´y à AUCUN problème..." plaisanta-t-elle.
-T´entends quoi par "comme ça"?
-Hum... Spécial?" dit-elle avec un sourire.
-Mouais... Bon, on se remet en route?
-Quand tu veux!
Je me relevais et m´étirais. Après la destruction involontaire du temple d´Asura, nous nous étions dirigés vers le Sud-Ouest, toujours à travers les Grandes Plaines. Au bout de quelques jours, nous étions tombés sur un petit village et, chance pour moi, la Limonade-Amerinsecte y était une spécialité. Je continuais donc ma route chargé d´une grosse bouteille en terre cuite contenant cinq litres de ce délicieux breuvage. Enfin un endroit où les gens ne m´avaient pas lancé de regard surpris quand j´avais commandé...
Comme de nombreux hameaux se trouvaient dans cette région, des routes pavées les reliaient entre eux... Mais comme il n´y avait pas beaucoup de voyageurs, elles n´étaient pas entretenues. Celle que nous empruntions représentait parfaitement cet état des choses. Entre ses pierres fissurés et disjointes, l´herbe poussait à tors et à travers, masquant presque l´existence d´une oeuvre humaine en ce lieu. Tiens, à propos, la présence de cette route en ce lieu semblait presque surnaturelle, traversant un paysage plat et vide, et se perdant à l´horizon. Nous étions les seuls êtres humains à des kilomètres, et... Tiens?
-Il y a quelqu´un sur là bas." Dis-je en désignant la direction d´où nous venions. En effet, une forme humaine se dessinait à une demi-dizaine de kilomètres de nous, suivant la même route.
-Un voyageur?" demanda Trok.
-Surement. Ca ne peut pas être un simple promeneur..." répondis-je.
-On ferait mieux de l´attendre et de lui proposer de faire route avec nous, non? Dans cas où ce serait un coupe-jarret, je préfère l´avoir sous les yeux plutôt que de le laisser nous suivre..." dit Nalia.
-Mouais, moins de risque de se faire prendre par surprise. On attend.
Je m´allongeais au sol, fermais les yeux, et profitais du silence. Je dus m´endormir, car quand je les rouvrais, Nalia et Trok étaient déjà en train de discuter avec notre suiveur. Une femme, à entendre sa voix. Et comme elle portait un long manteau de voyage à capuchon, je ne voyais pas son visage. Tout ce que je pouvais dire sur son physique, c´était que son dos était voûté, signe de son âge avancé. Je me levais et me dirigeais vers eux.
-Qu´en pensez-vous?" demanda Nalia.
-C´est bien aimable à vous, jeune fille. A mon âge, voyager seule n´est plus très sur." affirma la vieille.
-Alors qu´est-ce que vous faites ici?" interrogeais-je, coupant net leur conversation. "Non, parce qu´une vieille femme sans défense se déplaçant seule au milieu de nulle part, c´est quand même un peu louche.
-Dois-je en déduire que vous n´avez aucune confiance en moi, jeune homme?
-Oui.
-Au moins, vous êtes franc. Pour votre information, si je suis seule, c´est que je vais rendre visite à mon petit-fils, qui est malade. Il habite loin de chez moi, et...
-...et le Mosswine il met le Rathalos dans la boite à fournitures!
-Je vois que je n´arriverais pas à vous persuader de quoi que ce soit. Il y a des idiots auxquels on ne peut même pas expliquer que le ciel est bleu...
-Et il y a des vieux croulants qui ne se rendent pas compte que la sénilité n´excuse pas tout.
-KSAÏ, CA SUFFIT!" Ordonna Nalia en posant la main sur le manche de son épée.
-Glp... D´accord.
Et le voyage continua. Quatre heures et une vingtaine de kilomètres plus loin, on atteignit un petit bois, s´étendant sur environ deux kilomètres carré. Nous décidâmes de passer la nuit ici, devant les premiers arbres. L´après-midi touchait à sa fin.
-Laissez-moi cuisiner. La vieille Bertha va vous cuisiner un ragoût dont vous me direz des nouvelles!" s´exclama la vieille peau -oui, je ne l´aimais vraiment pas-.
Son idée fut immédiatement accueillie par un "mouais" provenant de ma personne, mais elle n´y fit même pas attention. Bah, pas de temps à perdre avec ça, j´avais un truc bien plus important à faire. Je longeais le bois vers l´ouest, jusqu´à son extrémité, pour avoir un paysage complètement dégagé. Puis, je m´asseyais dans l´herbe et profitais du spectacle.
Voir le soleil se coucher sur les Grandes Plaines est une chose dont je ne me lasserais jamais. Pas un souffle de vent. Pas un bruit. Au loin, un troupeau d´Aptonoths broutait paisiblement. Voila, j´étais revenu chez moi. Je fermais les yeux, laissant remonter mes souvenirs: papa revenant de la ville avec des provisions pour l´hiver; maman me lisant une histoire avant de m´endormir; moi goûtant mon premier verre de Limonade-Amerinsecte. La disparition de mon père. La mort de ma mère. Le jour où j´ai du creuser sa tombe. Ma vie après ça, la solitude et la tranquillité qui allait avec, le rythme des saisons, mon potager, la petite source, les Aptonoths. Et le Kut-ku défonçant ma cabane pour me piquer ma viande, détruisant par là même le monde protégé où je vivais. A partir de là, tout était allé si vite... Trop vite?
Je sentis quelqu´un s´asseoir légèrement à mes cotés. Je n´eus pas besoin d´ouvrir les yeux pour savoir de qui il s´agissait.
-C´est là que tu as grandi?" me demanda mon amie.
-Mouais... Seul et en paix.
-Seul... Et tes parents. Tu m´avais dit qu´ils étaient morts, non?
-Ils l´étaient et ils le sont toujours. Enfin... Pour mon père, qui sait? En partant, il nous avait dit qu´il serait de retour dans une semaine. On l´a attendu une semaine. Puis un mois. Puis un an. Plus un seul signe de lui. Si ça se trouve, il est encore vivant, quelque part... Ou pas. En tout cas, il a bien fallut se faire à l´idée qu´il ne reviendrait pas. Ma mère n´y est pas parvenue, et elle s´est laissé dépérir. Je l´ai enterré sous mon potager. Dit comme ça, c´est idiot, hein?
-La mort d´un être cher ne prête pas à la moquerie.
-Pourtant, ça détend de rire. Tu devrais essayer, un jour.
Elle esquissa un sourire et ignora ma remarque.
-Ces plaines sont calmes. Si calmes. On les croirait coupés du monde réel.
-Oui. Pas un seul wyvern n´y vit. Aucun endroit favorable à leur nidification, je suppose.
-Pourtant, c´est bien un Kut-ku qui à détruit ta maison, non?
-Oui. D´ailleurs, je me demande toujours ce qu´il faisait là.
-Ils se multiplient, ces temps-ci. Et comme le gibier devenait plus rare à cause de l´arrivé de l´hiver, ils doivent étendre leur terrain de chasse, je suppose.
-Théorie intéressante.
-Et si ça n´était pas arrivé?
-Gné?
-Et si le Kut-ku n´avait pas détruit ta maison?
-Je suppose que je serais encore là bas, en train de profiter de l´arrivé du printemps, et de surveiller la pousse des légumes de mon potager, et de faire la sieste à toute heure de la journée.
-Tu regrettes cette vie?
-Si je repense à tout ce que j´ai vu et à tout ce que j´ai fait depuis, la réponse est non. Mais au fond de moi, il y a une toute petite voix qui soupire, et qui regrette cette tranquillité perdue.
-Dis lui de patienter. Tu la retrouveras sûrement, ta tranquillité. En tant que chasseur de monstres, tu prendras ta retraite quand tu auras amassé assez d´argent pour vivre à l´abri du besoin. Et tu le feras jeune, car un chasseur de monstre qui vieillit ne fait pas de vieux os...
-J´aime bien l´argent, mais ce n´est pas pour ça que je continue de chasser...
-Alors, c´est pour quoi? Pour l´aventure? L´inconnu? Le frisson?
-Peut-être. C´est aussi parce que j´adore voyager et m´amuser. Ce métier me permet de faire les deux... Et toi, alors? Pourquoi tu chasse?
-C´était soit la chasseuse, soit tisserande. J´ai choisi.
Je me retins d´éclater de rire. Quand on voyait Nalia, il était facile de l´imaginer en train de manier le métier à tisser, ses mains fines dansant sur le tissus, donnant forme aux milliers de fils de lin où de coton... Mais quand on connaissait son caractère, l´image prêtait plutôt à sourire, voir à mourir de rire.
-Tu viens? Le ragoût doit être prêt." Dit-elle.
-J´arrive. De toutes façons, le soleil est couché...
De la vapeur s´échappait des bords du couvercle de la petite marmite posée sur le feu. Le ragoût contenu à l´intérieur mijotait depuis une bonne heure. La vieille croulante -elle s´appelait... Bertha? Gniark, quel nom pourri!- sortit quatre bols de son long manteau, et commença à servir. Je posai un regard suspicieux sur le contenu du mien. Un morceau de viande, deux pommes de terre, et du jus. Bon, il semblait être normal. Et l´odeur était agréable. A table!
Le repas fut silencieux, comme si tout le monde profitait de cet environnement si parfait. Après avoir vidé mon bol à moitié, je me levais subitement, et me dirigeais vers les bois, glissant un rapide "Je reviens tout de suite!" avant de disparaître sous les arbres.
Mon ventre me faisait souffrir le martyr, comme si j´avais avalé une des dizaines de lames aiguisés comme des rasoirs. Je m´affalais au sol et me tordis de douleur. Ca venait du ragoût, c´était obligé. La vieille peau avait du utiliser de l´eau croupie ou de la viande pas fraîche... Je trouvais un endroit approprié et... Je ne vous raconte pas la suite. Pour faire simple, je vais dire: "colique éclair". Hem...
Une fois que ce qui devait être fait fut fait, je regagnais le campement. Je parvins à l´orée du bois, et ce que je vis alors me figea sur place. Autour du feu, Nalia et Trok étaient allongés au sol, agités de spasmes. Devant eux, la soi disant vieille femme avait retiré son manteau. Une femme aux cheveux roses -beurk!-, vêtue légèrement, à la silhouette bien proportionnée, et avec deux étranges lames accrochés à son échine. Même de dos, je l´avais reconnu. L´Ombre, encore elle! Impossible de la garder prisonnière où quoi? Bon, de l´endroit où j´étais, je pouvais voir la scène sans être vu, grâce à la nuit et aux arbres. Je m´accroupis et attendis une bonne occasion d´intervenir -c´est-à-dire quand mon mal de ventre se serait calmé...- :
-Vous avez apprécié mon ragoût, j´espère..." plaisanta l´Ombre, avec un air satisfait. "Ne vous inquiétez pas, je n´ai mis qu´un produit tétanisant dans vos bols... Vous devriez pouvoir bouger normalement d´ici une heure, maximum." Continua-t-elle en les ligotant tous deux. "Par contre, j´ai bien peur que ce pauvre Ksaï ne survive pas à ce repas. Le poison que j´ai malencontreusement versé dans sa nourriture m´a coûté une véritable fortune. Et la dose que j´ai mis suffirait à foudroyer un Rathalos. En ce moment, il doit être mort, quelque part dans ce bois. Mais patience! Je finis de vous attacher et je vous ramène son corps." Termina-t-elle en souriant.
Voila qui expliquait mes douleurs abdominales... Ca allait se payer. Je regardais rapidement autour de moi, et aperçus des petits champignons bleus au pied d´un arbre. Ah, ces bons vieux champignons bleus! Ils poussaient en toute saison, et étaient sûrement les végétaux les plus utilisés par les chasseurs, car entrant dans la fabrication des potions de guérison... Mais pour l´instant, son usage allait être tout autre. J´en cueillis une dizaine, les réduisis en une bouillie que je mélangeais avec une motte de terre, et me tartinais le visage avec la mixture obtenue. Dommage, je n´avais pas de miroir. Je me levais, et m´approchais furtivement du feu et des personnes l´entourant. Un fois arrivé dans la zone éclairée par les flammes, je penchais me tête sur le coté de façon à ce qu´elle fasse un angle horrible avec mon cou, je laissais pendre mes bras et me dirigeais vers l´Ombre, qui était toujours dos à moi.
-Kim Siganaaaaaaaa...." murmurais-je d´une voix qui se voulait lasse et usée.
La personne susnommée se retourna, dégainant ses lames doubles. En me voyant, elle les lâcha immédiatement et devint pâle comme un linge.
-Non... Tu... Tu es mort... que... Ce... N´est pas..." bégaya-t-elle.
-Je suiiiis venu preeeeeendre ta viiiie...
-Non... N... Non!
-Je vais t´emmener avec moi dans le moooonde des mooooorts...
-HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII!!! UN REVENAAAAAAANT!!!
Elle se mit à hurler et commença à courir. Mais avant qu´elle ait pu faire deux mètres, elle fut intercepté par une horrible créature sortie des ténèbres, qui lui bondit dessus, la clouant au sol, et l´assommant net. Le monstre se redressa, tourna la tête dans ma direction, et rugit:
-Wirk!
-Gné? Dédé? Qu´est-ce qui te prend?
-...
Aussi improbable que cela puisse paraître, Dédé le vélociprey venait de maîtriser l´Ombre en personne! Là, j´étais scié. Lui qui n´avait jamais agressé personne -du moins, pas à ma connaissance-! Je n´avais même pas dit "attaque", et... Hé, mais... Il y a un peu plus d´un mois, lors de ma première rencontre avec l´Ombre, je lui avais dit de l´attaquer, non? Et il n´avait pas réagi. Serait-il possible que...
-Dédé? Tu vois, l´arbre, là-bas? Attaque!
Le vélociprey resta immobile pendant une longue minute, puis se décida enfin à foncer en direction de l´arbre, et à mordre dedans.
-HOURRA! IL A COMPRIS! CA A MIS UN MOIS, MAIS IL A COMPRIS!!! MWAHAHAHAHAHAHAAAAA!!!!
-...
Sous le coup de l´euphorie, j´en oubliais presque mes deux compagnons, paralysés et ligotés, attendant un quelconque geste de ma part. Je finis par revenir à la réalité -oui, Dédé avait compris. Mais n´empêche qu´il restait un simple vélociprey...-, et je déliais Nalia et Trok. Je passais ma main devant leur nez. Ils respiraient faiblement, mais pas de quoi s´inquiéter. L´Ombre avait dit qu´ils seraient revenus à leur état normal dans moins d´une heures. En attendant... Gniark gniark...
Je m´approchais du corps de Nalia. Elle avait beau être tétanisée, elle pouvait me voir et m´entendre.
-Gniark gniark gniark! Je vais enfin pouvoir me venger de tout ce que tu m´a fait subir, Nalia! Et tu ne pourras même pas te défendre! Pour commencer, je vais... Te faire une coiffure ridicule! MWAHAHAHAHAAAAAA!!!
Je tendis ma main vers sa tête, et à peine eus-je touché ses cheveux que je me pris son poing en pleine figure.
-Ouch... T´étais pas censé être tétanisé?
Elle ne répondit pas, restant dans sa position initiale, à la différence près qu´elle avait le bras droit tendu et le poing serré. Je décidais donc de ne plus m´en approcher -c´est pas juste! Elle est invincible ou quoi?- et d´aller suspendre l´Ombre à une branche, tête en bas, pieds et poings liés. Voila qui lui rendrait l´évasion plus ardue...
Nous reprîmes la route le lendemain matin, et je pris bien soin de laisser un cadeau d´adieu à l´Ombre: des feuilles d´ortie entre ses lien! Elle n´avait pas fini de se gratter!
Et pour ceux qui se demandent pourquoi le poison n´avait eu sur moi que cet effet mineur -mais chiant, et c´est le cas de le dire...- qu´était la colique, et bien... La réponse se trouvait dans la bouteille de cinq litres que je portais sur mon dos!
Chapitre XXX
Partie 2: Brasse coulée...
Trois jours plus tard, le village était enfin en vue. Dans une crique ensoleillée, construit devant une plage, il était constitué de deux centaines de maisons de bois, disposées sans organisation particulière. Le sol était recouvert de sable, mêlé à des morceaux de coquillages. Grâce à la protection offerte par la crique, la mer était calme, et invitait à la baignade... Mais comme je déteste me baigner, je m´en fichais carrément. C´est vrai, quoi! L´eau, ça sert seulement à boire et à se laver! Si on a des jambes, c´est pour marcher! Non mais!
Mais n´empêche que c´était un joli village.
-Pas mal..."dis-je.
-N´est-ce pas? C´est là que j´ai grandi..." répondit Nalia d´un air vague.
-T´as de la chance... Ou pas.
-Ca, c´est parler pour ne rien dire...
-Dis, dans ton village, ils sont tous comme toi?
-Comme moi?
Je désignais mon cou. Elle comprit tout de suite.
-Ah, ça... Oui, oui...
-J´ai hâte d´y être!
-...
Nous y parvînmes en début d´après-midi. C´était encore plus beau vu de près. Par cette belle journée, les gens étaient tous dehors, se livrant à leur diverses activités, mais quelque chose clochait...
-Ben?
-Un problème?
-Y´a que des gens normaux, ici!" m´exclamais-je. "Ils sont où les monstres?
Nalia me lança un regard interrogateur jusqu´à ce qu´elle saisisse le sens de ma phrase. Sans me laisser le temps de dire "je plaisantais", elle dégaina sa lame Lacérator et me fondit dessus! Esquivant de justesse son premier coup, je me mis à courir à travers le village, laissant Trok et Dédé sur place. Me retournant, je vis qu´elle gagnait du terrain! Devant moi, la plage, puis la mer! Sans réfléchir, je me jetais à l´eau, espérant qu´elle ne me suivrait pas. Et c´est là que je découvris l´horrible vérité: une armure de Basarios n´est pas faite pour nager! Entraîné par son poids, je me retrouvais au fond en moins de temps qu´il ne faut pour le dire! Ne me décourageant pas, je continuais à courir, malgré le fait que l´eau me ralentissait, et que sans air, j´allais mourir. Oh, bien sur, on peut toujours dire que: "quelqu´un de logique aurait regagné la plage et ne se serait pas dirigé vers le large...", mais si ce "quelqu´un de logique" avait eu Nalia aux trousses, il n´aurait même pas envisagé qu´il puisse être possible de faire demi-tour.
A bout de souffle -c´est le cas de le dire- je m´asseyais sur le sable et attendis. Un banc de Couteaux Makros passant par là s´immobilisa en face de moi, et tous ses membres me regardèrent curieusement, étonnés de voir un gars en armure de pierre assis en tailleur par six mètres de fond. Je leur aurais bien dit: "foutez le camp!" mais à l´endroit où j´étais, il n´était pas conseillé de l´ouvrir... Soudain, les Makros se remirent en mouvement, poursuivis par... Un vélociprey qui nageait la brasse. Gné?!? Dédé aimait le poisson?
Tiens, un autre poisson se dirigeait vers moi. Ah, non, c´était un être humain... Et il nageait aussi facilement que gracieusement malgré l´énorme lame Lacérator qui... MERDE! NALIA! Je me levais et m´agitais le plus possible pour soulever un nuage de sable et camoufler ma fuite! Mais ces mouvements inutiles n´eurent pas d´autre effet que de me faire consommer les derniers millilitres d´oxygène contenus dans mes poumons. Ne pouvant résister plus longtemps, j´ouvris mes voies respiratoires, laissant des litres et des litres d´eau y pénétrer. Et tout devint noir.
-Ca y est, il se réveille...
-Avec toute l´eau qu´il a avalé, il n´aura plus soif pendant un bout de temps...
-Ton humour est déplorable, papa.
-Et le tien est inexistant...
Je me redressais en un instant, et constatant que je n´avais sur moi que mes vêtements -trempés-, mon premier réflexe fut de demander:
-Ou est mon armure? Mon arme? Mon...
-J´ai tout récupéré, et je les ai lavés à l´eau douce pour éviter qu´elles ne rouillent." Me répondit Nalia.
-Ouf... Merci..."
Le plus important étant réglé, je décidais donc de m´intéresser au reste du monde. Il semblait que je me trouvais dans une grande maison de bois. La première chose qui attira mon attention, c´est que les murs étaient garnis de nombreux trophées de chasse. La deuxième, c´était que... Ah, tiens, non, y´avait eu qu´une seule chose. Quand à moi, j´étais allongé au sol. Et trois personnes se trouvaient dans mes environs immédiats. Nalia, Trok, et... un gars barbu -oh, c´est bon, je ne vais pas faire la description de chaque personne que je vois! Si? Bon... Alors on peut dire qu´il était de taille moyenne, barbu, athlétique, barbu, qu´il avait des cheveux noirs, qu´il était barbu, qu´il était très bien habillé, mais barbu, qu´il affichait un aire confiant, et qu´il possédait une barbe. Voila, ca vous va?-.
-Euh...
Jesuisoùilm´estarrivéquoic´estquilebarbu?"demandai
s-je.
-Tu peux répéter? Lentement.
-Ou suis-je? Que m´est-il arrivé? Et qui est cette personne qui, malgré le fait qu´elle possède une barbe, m´est inconnue?" redemandais-je. "Voila, ça va comme ça?
-N´en fait pas trop non plus..." soupira Trok.
-Dans l´ordre..." commença le barbu, "Tu es dans ma demeure, tu as failli te noyer, et pour ce qui est des présentations, je m´appelle Arkelor, et je suis le père de Nalia.
-Heureux de vous rencontrer. Quand à moi, mon nom est Ksaï, et je suis le souffre-douleur de Nalia.
Cette dernière me foudroya du regard, et je répliquais par le sourire le plus débile de mon répertoire.
-Alors comme ça, j´ai bu la tasse?
-Oui. Si Nalia n´avait pas été là... Elle t´a sorti de l´eau et à pratiqué le b...
-Quoi? Tu m´as vraiment sorti de l´eau?
Elle acquiesça avec un air qui voulait dire: "je me demande si j´ai bien fait...".
-Alors je devrais te remercier franchement... Mais comme c´est à cause de toi que je me suis retrouvé là, je ne le ferais pas! Non m*PAF!*
-Pas de quoi..." répondit-elle après m´avoir collé son pied entre les deux yeux. "Bon, lèves-toi, je vais vous montrer votre chambre, à toi et à Trok.
Elle nous mena à l´étage d´au dessus. Manifestement, il s´agissait du grenier. Enfin, pas assez poussiéreux et trop bien éclairé pour répondre au qualificatif de "grenier", mais visiblement, cette pièce occupait cette fonction. Elle était située juste sous le toit, possédait deux lucarnes, et quelques affaires inutiles y étaient entreposées. Au centre, assis sur une caisse de bois, se trouvait un Félyne orange -pas très courant-, ventru -encore moins courant-, et parfaitement immobile.
S´apercevant de notre étonnement, Nalia répondit à nos questions:
-Ah, lui, c´est Marmaduke. Il est là depuis bien avant ma naissance, et à ma connaissance, il n´est jamais descendu de cette caisse. Il est un peu... Spécial.
Puis, me portant un regard, elle ajouta sur un ton sarcastique:
-Vous devriez bien vous entendre...
-Ha, ha, ha. Tu vois que tu peux avoir de l´humour, quand tu veux...
-Hé, t´es sur qu´il est vivant? On dirait qu´il est empaillé!" dit Trok en passant sa main devant le visage de Marmaduke -j´en ai entendu, des noms pourris, mais là...-.
-Je serais toi, je ne ferais pas ça..." le prévint Nalia.
-Houhou? Marmaduke? T´es vivant? Hého? Ca va mon gros?" continua Trok sans prêter attention à sa mise en garde.
Le Felyne finit par ouvrir les yeux.. Puis il saisit le banjo qui était posé contre la caisse, gratta les cordes, et se mit à chanter:
-Miaou...
Coucou c´est moi le gros chat!
Dans le grenier j´suis le roi!
Gare à c´lui qui m´dérangera,
Il le f´ra pas deux fois!
Ah, mais! Que vois-je là?
Un gamin qui s´moque de moi!
Un coup d´patte et puis voila,
Tu rentres chez toi!
Propulsé par le Felyne, Trok venait de traverser la pièce en vol plané, de transpercer la lucarne -emportant avec lui la vitre et une quantité conséquente de bois- , et de s´écraser au sol, un étage plus bas.
-Tiens, ça me rappelle quelque chose..." dis-je.
-Puis-je savoir quoi?" demanda Nalia.
-Hé bien... Quelle est la différence entre un homme qui tombe du quatrième étage et un homme qui tombe du premier?
-...
-Un homme qui tombe du premier étage, ça fait "BOUM! AAAAAAAH!!!" et un homme qui tombe du quatrième, ça fait "AAAAAAAAH! BOUM!".
Marmaduke l´impassible éclata de rire, et Nalia esquissa même un sourire. Pour une fois qu´une de mes blagues l´amusait et ne m´attirait pas de séquelles...
-On ferait quand même mieux d´aller voir si Trok va bien. Je l´avais pourtant prévenu...
Quand nous nous fûmes assurés de l´indemnité de notre ami -brave petit, il avait les os solides- nous instalâmes les lits au grenier et nous prîmes le dîner en compagnie d´Arkelor. Le repas fut joyeux -bien que constitué essentiellement de poisson... Non, je n´ai rien contre le poisson, qu´est-ce qui vous fait croire ça?- , et riche en conversations. Chemin faisant, je découvris que ce village était unique en son genre. Par exemple, seules les femmes étaient aptes à diriger et à exercer les métiers les plus importants. Ou encore, tous les bébés naissaient dans l´eau! Marrant, non?
Et il fut temps d´aller se coucher. Arrivant au grenier, je souhaitais bonne nuit à Trok et à Marmaduke, puis me jetais dans mon lit.
La lumière du soleil pénétra par la lucarne sommairement réparée. Déjà le matin... Allez, debout, j´avais une dure journée, et... Ah, tiens, non. Rien à faire, aujourd´hui. Donc, grasse matinée! Ah, tiens, non plus. Pas fatigué. Dommage.
Je me levais, m´étirais et descendis. J´allais jusqu´au puits du village, ramenais -en plusieurs voyages- assez d´eau pour remplir la large bassine se trouvant dans la salle de bains, et me lavais. Brrr, pas chaude. Puis, je m´habillais avec les vêtements qu´Arkelor avait laissé pour nous -de très jolis habits, avec de zoulis motifs, et tout...- et partis me promener. Le cadran solaire posé sur la maison indiquait six heures. Et les habitants étaient déjà tous levés! Bien matinaux...
Errant à travers les rues, je finis par arriver sur la place centrale. Là, un groupe de jeunes gens dressaient des tables, préparaient de la nourriture... Comme si un genre de fête allait avoir lieu.
-On enterre qui?
J´avais parlé à voix haute, sans m´en rendre compte.
-Ce n´est pas un enterrement... C´est un mariage!
-Gné?
Je me retournais: personne. Mais qui avait parlé?
-Baisse les yeux, je suis là!
Suivant les directives de la voix, je me rendis compte que derrière moi, se tenait un petit homme bien étrange: une trentaine d´années, mal rasé, il ne possédait pas de jambes, portait une armure faite de plaques de bois, une épée courte rouge-orangée, et était posé sur un petit chariot tiré par deux rangées de cinq mosswines -soit en tout dix mosswines. Je sais, je suis fort en calcul.-.
Comment n´avais-je pas pu le remarquer plus tôt?
-Euh... bonjour.
-Tu fais une drôle de tête, p´tit gars! C´est mes jambes, c´est ça?
-Heu...
-Accident de chasse, tu peux pas comprendre...
-Je suis aussi un chasseur.
-Ah bon? Bah dans ce cas si j´te dis que c´est un Plesioth qui m´les a bouffé, tu poseras pas de questions!
-Non...
-Bah, de t´façons, ça m´a permis de devenir le chasseur le plus rapide de Gardemine! Étonnant, non?
-Si vous le dites...
-Tu vois ces mosswines? Ils sont entraînés pour la course! Avec eux, j´vais plus vite qu´un Diablos!
-Ah... Heureux pour vous.
-Mais j´me suis pas présenté! Appelle moi Hung, le chasseur preste!
-Et moi c´est Ksaï, le chasseur eusement.
-...
-C´était un jeu de mot.
-J´avais compris. Mais c´était pas drôle.
-Tant pis. Tiens, pendant que j´y pense: c´est quoi un mariage?
-Hein? Tu l´sais pas?
-Si je vous le dis...
-Ah. Hé ben... Un mariage, c´est une cérémonie consistant à lier deux êtres entre eux pour la vie, un homme et une femme, généralement. Ils doivent s´jurer fidélité, assistance, etc... Et ils ont l´droit d´fonder une famille.
-Ah... Donc, ça sert à avoir une famille.
-Ou à n´jamais être séparé de la femme que t´aimes." Dit-il, songeur. "Aaaah, les mariages... Que d´souvenirs! Quand j´avais ton âge, à chaque fois que nous allions à un mariage, tous mes grands-oncles et mes grandes-tantes m´disaient "c´est peut-être toi le suivant, petit!".
-Et alors?
-Alors ils ont arrêté quand j´ai commencé à leur faire la même chose avec les enterrements!
-Bien joué!
-Merci. Ca m´rapelle aussi l´jour où mon frère s´est marié... L´a fondé un foyer...
-Et?
-Quatre ans après, l´a perdu la raison et l´a massacré sa femme et ses deux fils. ´les à tués... Et ´les a dépecés!
-Quoi? Et qu´est-ce qui s´est passé?
-J´ai du régler l´problème. L´ai enfermé dans sa maison et j´y ai mis le feu. L´est mort brûlé.
-Vous avez retrouvé le corps?
-Non, pourquoi? Avec cette chaleur, l´en restait rien!
-Ben, justement, si. Je crois qu´il est encore vivant. Je l´ai même rencontré!
-Qu.. Quoi?" Bafouilla-t-il en blêmissant.
-Ouais. Il est devenu l´homme le plus recherché de tout Gardemine, la Guilde a collé une prime monstrueuse sur sa tête. Bref, c´est devenu un tueur en série qui se fait surnommer "le Dépeceur"!
-Nom de... Je vais devoir régler ça! Aur´voir p´tit gars, et merci pour les infos! YAH! YAAAAH!" hurla-t-il en fouettant ses mosswines qui partirent vitesse grand "V".
Chapitre XXX
Partie 3: Et mon avis, il compte pas?
Je déambulais dans les rues encore quelques heures, et rentrais quand le soleil fût à son zénith. En arrivant, je trouvais la maison quasiment vide. Arkelor était seul à table, en train d´examiner un morceau de tissu. Je pris une chaise et m´y affalais:
-J´ai vu les préparations pour le mariage au centre." dis-je.
-Ils font du bon boulot, hein?
-Je suppose.
-Ah, tu sais qu´ici, la cérémonie du mariage est un peu différente?
-Différente? Je ne sais même pas à quoi ressemble une cérémonie conventionnelle!
-C´est simple! Ici, le mariage commence toujours par un duel armé.
-Ah... QUOI?!?
-Hé oui, pour qu´un homme ait le droit d´épouser une femme, il faut qu´il prouve sa supériorité en combat sur sa future épouse.
-Ils s´affrontent?
-Oui... Moi, quand j´ai rencontré Saïni, je ne pensais pas que je pourrais un jour l´épouser. J´étais un simple tisserand, et elle, une chasseuse de monstres hors-pair.
-C´est sur que le combat s´annonçait mal...
-Non, pas tellement. Beaucoup de femmes amoureuses perdent volontairement le combat pour pouvoir vivre avec l´homme qu´elles aiment.
-Voila de quoi remonter le moral, non?
-Non. Perdre, ce n´était pas son genre. Quand je suis venu lui faire ma demande, sa première phrase à été: "Moi, je veux bien, mais tu ferais mieux de laisser tomber, Ark: tu n´as aucune chance!".
-Et?
-J´ai saisit mon courage à deux mains, et j´ai maintenu ma demande.
-Et pour le combat?
-Oh, ça... Il n´a duré que trois secondes.
-Quoi?!?
-Et j´ai gagné.
-Un tisserand... Contre une chasseuse expérimentée... Et armée... Pas possible, vous n´êtes pas un simple tisserand!
-Si, pourquoi?
-Mais comment...
-J´avais une arme secrète!" dit-il en sortant un livre épais de sa large manche. Il me le tendit. L´ouvrage, de couleur rouge, devait peser entre deux et trois kilos, et faisait a vue de nez quinze centimètres sur trente. Il était intitulé: "Comment posséder des arguments frappants".
-Qu´est-ce qu´il y a d´écrit de si formidable, là-dedans?
-Oh, rien de spécial... En fait, dès le début du combat, je lui ai bondit dessus en profitant de l´effet de surprise, et je l´ai assommée d´un coup de livre.
-...
-Le problème, c´est qu´après ça, elle est restée dans les vapes pendant trois jours... La cérémonie a donc due être repoussée.
-...
-Un problème?
-Mais c´est n´importe quoi cette victoire!
-Pas du tout! Tous les coups sont permis, c´est la règle.
-Sans commentaires...
-En attendant, garde ce livre. Je te le lègue.
-Gné? Vous me le... Léguez?
-Tout à fait! Puisse-t-il t´aider comme il m´a aidé!
-Je ne vois pas comment...
-Tu verras au moment venu. Bonne chance pour cet après-midi!
-Gné? Y´a quoi cet après-midi?
Il me dévisagea, incrédule.
-Mais... Tu n´es pas au courant?
-Au courant pour quoi?
-Mais pour ton mariage!
Avez-vous déjà reçu un coup dans l´estomac? Désagréable, non? Hé bien, ce que je ressentis à ce moment précis équivalait à une dizaine de ces coups portés au même instant et au même endroit. Un seul mot pour décrire cette sensation: ouch!
-Vous... Pouvez répéter?
-Nalia ne te l´a pas dit?
-Non... Je ne l´ai pas vue de la matinée!
Et comme le hasard fait "bien" les choses, Nalia entra pile à ce moment, suivie par Trok. Je me levais et me dirigeais vers elle:
-Nalia! C´est quoi cette histoire de mariage?
-Ah, tu tombes bien! Je t´ai cherché toute la matinée! Pour te prévenir.
-Me prévenir? Mais il se passe quoi? J´ai raté un chapitre où quoi?
-Ce qu´il se passe? Nous allons nous marier." Affirma-t-elle en souriant.
-Ah. J´ai eu peur. Un moment, j´ai cru que je... KOAAAAAAA?!?
-Tu as bien entendu.
-M... Mais... Et mon avis? Il compte pas?!?
-Non. Tu n´as pas ton mot à dire.
-Pas mon... Ca veut dire quoi, ça?!?
-Ca veut dire qu´ici, ce sont les femmes qui prennent les décisions. Si je dis qu´on se marie, alors on se marie.
-Mais je... Je...
Tout cela allait trop vite pour moi. Si seulement j´avais eu une bombe flash, ou même une simple bombe fumigène, je l´aurais sûrement utilisé pour fuir. Mais là, aucune échappatoire. Quoique... Nalia ne portait ni son armure, ni son arme -d´ailleurs, à la place, elle avait une magnifique robe ocre gris qui suivait ses formes et... Heu... Aucune importance.-. Si je commençais à courir maintenant, j´avais peut-être une chance d´atteindre la porte et de pouvoir m´enfuir. Hmm... Non. Trop lâche -et surtout trop risqué-. Je décidais donc d´affronter la réalité. Je tentais de prendre le visage le plus impassible possible -tiens, ça sonne bien, ça... Impassible possible, mwahahahaaaa...- et je demandais:
-Bon, très bien. S´il doit en être ainsi... Ah, au fait, la cérémonie commence bien par un combat, non?
-Oui... Et si tu crois que je vais te laisser gagner juste par amour pour toi, tu te trompes. Je me battrais au maximum jusqu´à la fin." Termina-t-elle avec un sourire narquois.
Mais qui avait parlé de gagner? Il fallait justement que je perdes ce combat, ce qui provoquerait l´annulation du mariage! Quel plan génial!
-Une dernière chose. Si tu perds ce combat... Je te tue." Ajouta-t-elle.
-...
-Au sens propre du terme.
-...
-La cérémonie commence dans un peu plus de quatre heures. Taches d´être prêt!
Ah. Voila qui allait compliquer les choses. Je montais au grenier et m´asseyais sur mon lit. Alors comme ça, Nalia était am... amou... Oh, aucune importance. J´avais un énorme problème, et pour réagir, trois solution. Un: m´apitoyer sur mon sort et déprimer. Mais ça ne serait pas très utile. Deux: m´énerver inutilement, tout casser et me cogner la tête contre les murs. Ca, c´était tout simplement stupide. Trois: réfléchir calmement. Cette solution était la plus fatiguante, mais elle avait au moins le mérite de faire avancer les choses, contrairement aux deux autres. Je choisis donc la réflexion.
Analyser la situation... J´étais contraint de me marier. Pour éviter ça, le plus simple à faire était de perdre le combat qui ouvrait la cérémonie. Mais le problème, c´était que ma défaite entraînerait inévitablement ma mort. Je pouvais aussi m´enfuir avant que ça commence. Gardemine était grand... Mais Nalia serait sûrement capable de me retrouver pour me tuer, et ça, où que je me cache. La mort avec un court sursis, donc. Mais alors, que faire? Je ne pouvais pas perdre, je ne pouvais pas fuir! La seule solution qui me permettait de rester en vie consistait à gagner le combat, ce qui impliquait le bonne marche de la cérémonie, et tout, et tout...
Je commençais à croire que j´aurais mieux fait de faire une sieste au lieu de perdre mon temps à réfléchir inutilement, quand soudain, émergeant de mes surpuissantes neurones -hem...-, elle vint à moi. Qui ça? Mais l´idée du siècle, bien sur!!!
-MWAHAHAHAHAAAAA!!! J´ai trouvé! Je peux tout à fait gagner le combat et éviter le mariage! Il me suffit de tuer Nalia! MWAHAHAHAHAHAAAAAAA! JE SUIS UN GENIE!!!
-Nia! Le moins qu´on puisse dire, c´est que tu ne t´embarrasse pas avec les détails...
Je me tournais vers Marmaduke. J´avais complètement oublié la présence de cet énorme Félyne orange.
-Tu ferais mieux de te dépêcher, nia! La cérémonie commence dans une dizaine de minutes!
-Quoi? Mais... J´ai réfléchi pendant combien de temps?!?
-Un peu moins de quatre heures, miaou!
-KOAAAAA?!?
Malgré le manque de temps, j´enfilais mon armure méticuleusement, prenant bien soin d´attacher chaque sangle, de serrer chaque attache... Puis je vérifiais le tranchant de mon "épée d´expert" -quel nom pompeux...-, l´aiguisais méticuleusement, m´assurais du bon écoulement de la neurotoxine par les minuscules pores présents au-dessus du tranchant, et polis mon bouclier -à quoi ça sert? A faire joli-. J´affûtais aussi ma pelle, au cas où. Ma cruche de potion était pleine, mon hamac plié, et je disposais dans ma sacoche de huit marqueurs, d´une pierre à aiguiser, et d´un exemplaire de "Contes et Légendes de Gardemine" en format "voyage" -tout petit-. Ah, j´avais aussi l´imposant ouvrage "Comment posséder des arguments frappants", que je ne savais pas où ranger. Mouais.
Je me rasseyais sur le lit et attendis. Quelques secondes plus tard, Arkelor entra.
-C´est l´heure..." dit-il avec un sourire en coin.
-Ah, pour votre livre, je ne sais pas comment le transporter, il est trop gros...
-Moi, je l´avais caché dans mes manches. Mais il faut dire qu´elles étaient larges. Tandis que les tiennes... Bah, tant pis, laisse-le ici. De toutes façons, pour battre ma fille, il va falloir trouver mieux qu´un coup de livre!
Un coup d´épée au niveau de la jugulaire, par exemple? Gniark! Bon, pas le temps de plaisanter, fallait y aller. Je suivis l´homme qui allait sans doute me haïr d´ici la fin du combat.
Au centre de la place principale, un cercle de dix mètres de diamètre était tracé dans le sable. Autour étaient disposés de longues et larges tables, recouvertes de nappes blanches. Et derrière ces tables, se tenait une foule nombreuse, venue assister à l´événement. Arkelor leva les bras, imposant le silence, et parla d´une voix forte:
-Merci à tous d´être venu! En ce jour heureux, nous allons -peut-être- avoir le plaisir de réunir deux êtres qui étaient faits l´un pour l´autre! En l´absence de ma femme, c´est moi qui présiderait cette cérémonie."
La, j´aurais bien ajouté une remarque débile, désobligeante, voire même méchante, mais j´étais trop concentré sur le combat à venir.
-La première est ma fille, Nalia. Ses multiples talents ne sont plus à présenter, je crois! Le second, quand à lui, est un chasseur de monstre surnommé "l´Escrimeur Légendaire"! Il a voyagé aux quatre coins de Gardemine, et manie l´épée courte comme personne!
Je ne me demandais même pas comment il connaissait mon surnom, où pourquoi il présentait ça comme un championnat de lutte. Un duel à mort contre Nalia n´était pas quelque chose qu´il fallait prendre à la légère. Je devais garder la tête froide.
-Comme ils sont tous deux des chasseurs expérimentés, le combat risque d´être intéressant!
-Espérons qu´il durera plus de trois seconde, hein, Arkelor?" s´exclama un des gars se trouvant derrière les tables, provoquant le fou-rire général.
-Tout est question de tactique..." répliqua Arkelor. "Mais revenons aux choses sérieuses. Faites entrer la future mariée!
-Ou la future défunte..." ajoutais-je à voix basse, de sorte que personne ne m´entendit.
C´est alors Nalia sortit de la foule. Elle portait toujours sa traditionnelle -mais magnifique- armure de Plésioth et sa dangereuse lame Lacérator, mais ses cheveux, d´habitude lâchés librement, étaient organisés en une magnifique coiffure -je ne peux pas la décrire, je ne suis pas un spécialiste en cheveux...-, tenue par une dizaine de rubans de soie bleue -oui, ça ferait sûrement joli dans le cercueil-. Son expression était indéchiffrable, ne reflétant ni la joie, ni la colère, ni la tristesse.
Sans un mot, nous nous plaçâmes à l´intérieur du cercle, une distance de sept mètres nous séparant.
-Le combat se terminera quand un des deux adversaires sera sorti du cercle ou aura déclaré forfait." Compléta Arkelor. "Vous pouvez commencer!
Nalia dégaina son arme, et tira sur la base de la poignée. Une dizaine de griffes toutes plus affûtés les unes que les autres jaillirent de la lame. Mon "amie" se mit en position de combat, m´invitant presque à l´attaquer.
Remporter ce combat ne serait pas une mince affaire. Bon, en fait, ce serait même un exploit! Vaincre Nalia en personne, une professionnelle de l´épée longue, qui en plus maîtrisait les techniques de la Pierre de l´Épéiste... j´aurais du y songer plus tôt... Je n´étais pas de taille. Autant mourir tout de suite. Ou pas. Grayburg avait bien dit que je méritais le nom d´Escrimeur Légendaire. Et si quelqu´un comme lui l´avait dit, c´était -peut-être- forcément -un peu- vrai -dans le fond, non?- . Tiens, en parlant de Grayburg, il m´avait dit aussi: "trouves-toi un but dans la vie", non? J´avais complètement oublié. Il avait aussi dit "argh", d´ailleurs. Ah, non, ça, il ne l´avait pas dit. Mais de toute façon, ce n´était pas le moment de penser à ça, j´avais d´autres chats à fouetter -pardon Marmaduke...-, et un combat à remporter, par Asura!!!
La foule, lassé de notre immobilité mutuelle, commençait à s´impatienter, et à me huer. Bah, pas important. J´inspirais un grand coup, dégainais, et fondit sur Nalia; elle repoussa ma charge en me portant un coup latéral, pivotant sur elle-même. Je n´eus pas d´autre choix que de reculer pour éviter d´être coupé en deux. Malgré le poids et l´inertie de son arme, elle la maniait avec aisance et rapidité. Et vu l´allonge qu´elle avait, impossible de l´approcher à moins de deux mètres. Je repris donc mes distances, prêt à saisir la moindre occasion pour attaquer. Voyons... Le principal point fort de l´épée longue -après sa taille-, c´était son poids. Mais ça pouvais aussi se révéler comme étant un désavantage. Lorsqu´on porte un coup descendant, il faut soulever l´arme avant de pouvoir réattaquer, et impossible de s´aider de l´inertie, ça nécessite de la force brute. Donc si je forçais Nalia à porter un coup descendant et que son arme touchait le sol, je disposerais d´une ouverture -pendant moins d´une seconde- pour porter un coup. Il faudrait frapper de façon précise et mortelle. Mais voila: comment faire pour la forcer à attaquer de cette façon? Je décidais donc de faire preuve de patience; elle finirait bien par commettre cette "erreur".
Je tentais un deuxième assaut, qui se termina de la même façon que le précédant. Pour passer outre ses coups horizontaux, il fallait soit attaquer par au-dessus, soit bloquer sa lame. J´optais pour la deuxième solution. J´avais un bouclier, fallait bien qu´il serve à quelque chose!
Je bondis vers Nalia; sa lame fendit l´air et percuta mon bouclier avec une telle force que je fus projeté dans les airs et retombais lourdement au sol, à moins d´un mètre de la limite du cercle. Ne me laissant pas le temps de me relever, elle fondit sur moi, soulevant sa lame au dessus de sa tête: le coup descendant! C´était maintenant que ça allait se jouer! Prenant appui sur ma main gauche, je roulais pour me éviter cette attaque mortelle; la lame percuta le sol à quelque centimètres de mon bras, soulevant un nuage de sable! De ma main gauche -encore-, j´agrippais l´arme pour me relever et pour empêcher Nalia de l´utiliser, et de ma main droite, je portais le coup le plus puissant possible, visant son cou!
Chapitre XXX
Partie 4: Ainsi va la vie...
Avant que ma lame ne la touche, elle me porta un magnifique coup de pied au niveau du ventre; je reculais sous l´impact et titubais; elle en profita exécuter un une attaque transversale que je tentais d´esquiver en plongeant sur le coté; pas assez rapidement, cependant, car le coup arracha mon casque, et je tombais face contre terre. Nalia s´élança pour me porter un coup descendant destiné à m´achever! Je vis la lame fondre sur moi; ne pouvant pas esquiver, je saisis mon épée à deux mains -une sur le manche, une au dos de la lame- et tentais de me protéger avec.
Tout mon corps vibra sous l´impact. Je me demandais même si mes épaules n´avaient pas été déboîtées. Je regardais fixement la griffe acérée se trouvant à quelques centimètres de mon oeil. J´étais allongé sur le dos, tenant mon arme à deux mains au dessus de ma tête pour retenir l´énorme lame Lacérator tenue par Nalia, debout au dessus de moi. La scène était comme figée. La foule ne disait pas un mot, attendant le dénouement. Je mettais toute ma force à essayer de repousser cette lame, mais rien n´y faisait, j´étais désavantagé. Mes muscles tremblèrent sous l´effort, et la griffe se rapprochait de mon oeil... Ce n´était qu´une question de secondes avant qu´elle ne le touche... Dans un effort désespéré, je réussis à légèrement incliner mon arme, assez pour que sa lame dérape et frappe le sol, juste à coté de moi! J´utilisais mes pieds pour me propulser en arrière, effectuais une "glissade dorsale" sur deux mètres et me relevais. Mais Nalia fut la plus rapide. Son coup m´arracha mon épée des mains et m´entailla profondément la joue droite. Avant que j´ai pu me mettre hors de portée, elle exécuta un balayage qui me fit rejoindre le sol! Saisissant la première idée qui me passait par la tête, j´attrapais un des marqueurs contenus dans ma sacoche et lui le lançais au visage. La fine coque entourant l´objet s´ouvrit, libérant une sphère rose, molle, gluante et malodorante, qui s´écrasa sur le visage de mon "amie", la maculant de jus coloré. A moitié aveuglée, elle recula; j´en profitais pour lui lancer ma pelle, mon couteau de dépeçage, mon exemplaire de "Contes et légendes de Gardemine" et mon écu -ayant la forme d´un disque, il volait très bien...-, devant la violence de l´attaque, elle dut s´abriter derrière sa large épée comme derrière un bouclier. Erreur! Je me jetais sur elle et percutais le plat de sa lame, la faisant basculer en arrière. Elle se servit de son mouvement de chute et de ses deux pieds pour m´expédier trois mètres plus loin. Elle se releva lentement, et passa sa manche sur son visage barbouillé de jus rose.
-C´était un combat formidable." Dit-elle en reprenant son souffle. "A un moment, j´ai même cru que tu pourrais me battre. A ce moment précis, j´ai vraiment été heureuse. Mais finalement, tu as perdu.
-Ah bon?
-Tu n´as plus d´arme, plus de bouclier... Mon prochain coup sera le dernier. Tu te souviens de ce que j´ai dit à propos de ce combat? Ta défaite signifie ta mort. Je ne sais pas si je pourrais encore vivre après ça. Mais tu n´avais pas le droit de perdre. Adieu, Ksaï."
Comme elle terminait sa phrase, je crus voir une larme apparaître au coin de son oeil droit. Elle bondit dans les airs, soulevant sa lame pour porter le coup qui mettrait fin à ma vie. Ce fut comme si la scène se déroulait au ralenti. Je voyais la foule qui, les yeux et la bouche grands ouverts, contemplait le final. Je voyais la poussière soulevée par le saut de mon amie qui retombait lentement. Et je voyais aussi mon amie, les yeux remplis de larmes, qui accomplissait son vol mortel.
Les moments marquants de ma vie se mirent à défiler devant mes yeux. La mort de ma mère, la destruction de ma cabane, ma rencontre avec Nalia, la "pulvérisation" du Yian Garuga, le volcan, mon combat contre Shibe, l´obtention de mon armure, la "déforestation éclair" d´un hectare de jungle par la munition explosive de Trear, et tant d´autres choses... Cette remontée de souvenirs s´arrêta à l´endroit ou j´avais lancé une brique d´argile à la figure de cette #@&% de sirène. Et ma main -qui se trouvait dans ma sacoche- rencontra la grosse pierre à aiguiser s´y trouvant. Faut dire qu´elle avait presque la taille d´une brique, tout en étant beaucoup plus lourde... Mais bien sur! Il me restait une arme! Et c´était ça!
Ce fut comme si l´on m´avait donné un coup de fouet! Je bondis sur le coté, évitant le coup de Nalia. Cette dernière resta un instant immobile, dos à moi. Puis elle se retourna. Là j´en étais sur, elle pleurait franchement.
-Ne me complique pas la tâche, s´il-te-plait. Tu ne fais que retarder l´inévitable." Dit-elle dans un sanglot.
Je ne répondis pas. Il fallait que je l´imagine en train de chanter. Rien qu´un instant. Je fermais les yeux, et me concentrais. Je l´entendis se diriger vers moi, lentement. Elle pensait sûrement que je m´étais résigné à subir mon châtiment. Le bruit de ses pas se rapprochait. Et comme Nalia n´avait jamais chanté, l´imaginer en train de le faire était ô combien difficile. Et là, ce fut le déclic. Le "chant" de la sirène me revint en tête, plus net que jamais. Ma haine envers cette "mélodie" était telle que je n´eus aucun mal à imaginer que c´était de mon amie qu´elle venait. J´ouvris les yeux; Nalia n´était qu´à deux mètres de moi. Je sortis la pierre à aiguiser de ma sacoche; devinant la suite de mon mouvement, mon amie s´abrita derrière sa lame. Je mis toutes mes forces dans le lancer, en criant:
-BRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIQUE!!!
Le projectile traversa l´espace nous séparant en moins d´un millième de seconde, et percuta la lame Lacérator dans un horrible bruit de métal tordu, la pliant en deux sous le choc et projetant la Nalia en arrière. La foule poussa un magnifique "OOOOOH!!!", et à peine Nalia fut-elle tombée au sol que je lui bondis dessus et que je lui plaçais ma main derrière la nuque, à un endroit où une simple pression suffisait pour tuer. Si je voulais l´achever, c´était maintenant! MAINTENANT!
Au moment où j´allais commettre l´irréparable, je croisais son regard. Un regard qui en disait long sur ce qu´elle ressentait. Le regard d´une femme heureuse -enfin, je suppose-. Et elle souriait, de ce sourire si... Si... Et je ne pus pas aller au bout de mon acte. Je retirais ma main de sa nuque, et soupirais:
-Je crois que j´ai gagné...
Elle m´enlaça et se serra contre moi. Nous restâmes comme ça cinq bonnes minutes, pendant que la foule se à hurlait et à applaudissait -allez savoir pourquoi?-. Nalia finit par se lever, et par dire:
-Je déclare forfait!
Son père sourit à son tour, et pénétra dans le cercle:
-C´était magnifique. Allez vite vous laver et vous changer, que la cérémonie puisse continuer.
Nous fûmes conduits dans une maison où nous attendaient des vêtements d´un blanc éclatement, puis laissés seuls. Nalia, qui n´avait pas prononcé un mot depuis la fin du combat, me demanda, sur un ton hésitant:
-Ksaï... Réponds moi franchement... Est-ce que tu veux... Te marier avec moi?
Elle était dos à moi, je ne pouvais donc pas voir son visage. Je réfléchis un instant, et répondis:
-Il y a une heure, je t´aurais répondu "non". Mais maintenant, je crois que quelque chose a changé. Oui, je le veux.
Elle se retourna. Des larmes coulaient sur son visage. Des larmes de joie. Elle m´enlaça, nos visages se rapprocherent, et nous nous embrassames tendrement. A cet instant, mon coeur battit si fort que je crus qu´il allait défoncer ma cage thoracique...
-Bon!" dis-je en riant, "on ferait mieux d´aller se laver, je suis couvert de sable et tu as le visage maculé de jus de marqueur.
-Ca, c´est de ta faute..." répondit-elle sur un ton de reproches.
Et le mariage commença. Nalia portait une longue et légère robe blanche, et les autres... Ben on s´en fout des autres, car je n´avais d´yeux que pour elle.
Arkelor se tenait derrière une genre d´autel -note de l´auteur: ne pas confondre avec "hôtel". Prenez un dictionnaire!- de bois, et présidait la cérémonie d´un air digne.
-Si nous sommes réunis en ce lieu, c´est pour blablabla et cetera et cetera -note de l´auteur: je passe car c´est inutile de tout écrire. Si vous êtes pas d´accord, ben c´est pareil.- et blablabla patati patata. Ksaï, acceptes-tu de prendre pour épouse Nalia ici présente...
-C´est sur que si elle n´était pas présente, ce serait c*PAF* ouch!
Nalia venait de me coller un discret -mais non moins violent- coup de coude, interrompant de ce fait ma remarque débile.
- ...ici présente, de l´aimer...
-Moi j´aime person*PAF* aïe!
- ...de la protéger...
-Elle en a pas bes*PAF* ouille!
-...de l´assister...
-Espèce d´assisté toi mêm*PAF* aow!
-...de la soutenir...
-Ca commence à faire beaucou*PAF* waille!
-... jusqu´à ce que la mort vous sépare?
-Ben ouais, pourquoi p*PAF* *CRAC* argh, ma côte! C´est bon, oui, j´accepte, j´accepte! Aïe...
-Nalia, acceptes-tu de prendre pour époux Ksaï ici présent, de blablabla et cetera patati et patata? -Note de l´auteur: la flemme de tout réécrire...-
-Oui, j´accepte.
-Alors je vous déclare unis par les liens sacrés du mariage!
-Mais quelle phrase à la c*PAF!* gnaaaaaaah... Une potion, vite...
Que dire d´autre, sinon que la fête battit son plein, que nous dansâmes jusqu´à la tombée de la nuit, et que cette même nuit, je ne dormis pas beaucoup...
Le lendemain matin...
-Salut, Ksaï! Déjà levé?
-Ah, tiens, salut Trok. Ouaaaaah...
-T´as des cernes sous les yeux!
-Normal, la nuit à été courte...
-Wahou! Alors, c´était comment?
-Zzzz... Huh? De quoi?
-T´endors pas! Je te demandais comment était ta nuit de noce!
-Ben... Fatiguante. Nalia ne m´a pas laissé dormir.
-Raconte! Alleeeez!
-Ben, au début, je dominais, mais Nalia à fini par prendre le dessus. Elle est vraiment douée...
-Et? Et? Et?
-Elle à pompée mes dernières forces. C´était vraiment dur...
-Glp... Mais encore?
-Vu mon état, je croyais qu´elle serait gentille, mais en fait, elle ne s´est pas retenue. J´en ai encore mal...
-C´est une sadique en plus?
-Possible. Ou pas. Toujours est-il que je vais dormir une bonne partie de la journée: ce soir, elle veut qu´on remette ça...
-Wahou! T´as de la chance!
-De la chance? Le jour où affronter Nalia en duel armé sera considéré comme "une chance", les mosswines auront des ailes...
-Attends... CETTE NUIT, VOUS VOUS ÊTES BATTUS?!?
-Ben oui, qu´est-ce qu´on aurait pu faire d´autre?
-...
Chapitre XXXI
Partie 1: Au commencement... Ca a commencé.
Je gravis difficilement les derniers mètres me séparant du sommet de la paroi rocheuse. Une fois en haut, je m´allongeais pour souffler...
Le moins qu´on puisse dire, c´est que j´avais bien fait d´emporter ce matériel d´escalade. Ouais.
Je me relevais et observais le paysage. Devant moi, des montagnes. Derrière moi, encore des montagnes. Ce qui était d´ailleurs tout à fait normal, car je me trouvais au coeur de la chaîne montagneuse du sud, dernière frontière entre le monde civilisé et les terres inexplorés. Les limites de Gardemine, quoi.
Bon, premier objectif: trouver un endroit où dormir. La matinée devait toucher à sa fin, et il fallait que je recalcule ma route, que je mange, et que je fasse une sieste. Parcourant le plateau torturé où je me trouvais, je finis par choisir un amas de gros rochers comme abri. S´il n´y avait rien à craindre de la pluie -moui, la pluviométrie n´était pas très élevée, dans la région...- le vent posait un sérieux problème. En effet, comment dormir à la belle étoile quand il y a des bourrasques capables de soulever un kelbi? Ce gros tas de caillou allait donc m´être assez utile...
Je m´asseyais entre les énormes pierres, et sortis une boussole et une carte de la région que je dépliais.
Depuis le lever du soleil -environ quatre heures plus tôt-, j´avais du parcourir un peu plus de cinq kilomètres en direction du sud. Le terrain rendant la progression difficile, c´était déjà beaucoup.
D´après la carte, il ne me restait plus qu´une quinzaine de kilomètres pour parvenir à mon objectif. Mais comme cette partie du royaume n´était pas très fréquentée, l´exactitude des plans laissait à désirer, et ces quinze kilomètres pouvaient bien passer à trente... où à cinq. Pour aller là où je voulais aller, il aurait été bien plus facile et plus rapide de longer la chaîne montagneuse vers l´Est, mais cela ne m´aurait pas permis d´approcher sans être vu. Donc une seule solution: s´enfoncer au coeur des montagnes, et une fois ceci fait, progresser vers l´Est.
Mais pour le moment, j´avais quelque chose d´autrement plus important à accomplir. Je fouillais dans l´énorme sac que j´avais emporté, et en tirais quelques fagots de bois sec, des brindilles et un briquet à acajou. En allumant le feu, je repensais aux événements ayant précédé mon départ...
Tout avait commencé trois semaines plus tôt.
Un mois s´était écoulé depuis l´étrange journée qui avait fait de moi un homme marié -à seize ans... Mouais.- . Un mois pendant lequel je n´avais pas eu une seule minute à moi. Pêche le matin, cuisine le midi, chasse au monstre l´après midi, et le soir... Combat. Contre Nalia. Aïe.
Nalia semblait être aux anges, et étrangement, tout cela me rendait heureux moi aussi. Bah, je n´allais pas m´embêter à tenter de comprendre le fonctionnement du cerveau humain, j´avais déjà assez de problèmes avec le mien -ou pas!-...
Toujours est-il qu´après ces quatre semaines d´entraînement intensif, j´étais au mieux de ma forme, et la chasse au Plesioth n´avait plus aucun secret pour moi - le Plesioth était le seul wyvern présent dans la région, mais il y pullulait...-, tout comme la pêche et cuisine à base de fruits de mer, d´ailleurs.
Et un beau matin...
J´ouvris les yeux. Une douce brise marine entrait par la fenêtre ouverte et me caressait le visage. Le soleil ne s´était pas encore levé. Je tournais la tête. A ma gauche, Nalia dormait paisiblement, ses deux bras enroulés autour du mien. Dans ces conditions, comment se lever?
Le bruit venait de la porte d´entrée. Visiblement, quelqu´un attendait qu´on vienne lui ouvrir. Et ça avait intérêt à être important pour qu´il nous dérange à une heure pareille.
Bon, la première étape -la plus difficile- était de réussir à libérer mon bras de l´étreinte de Nalia. Utilisant ma main libre, je saisis délicatement son coude, et...
Je tombais lourdement sur le sol. Le coup porté par Nalia m´avait fait exécuter un vol plané à travers toute la pièce et ratterir devant la porte d´entrée. Bon, au moins, j´étais libre et elle ne s´était pas réveillée...
Je me relevais, m´étirais, et ouvris la porte. Derrière, se tenait un jeune homme portant un long manteau de voyage. Sur son front, une bosse récente. Ne me laissant pas le temps de décharger ma mauvaise humeur sur lui, il sortit un rouleau de papier de son manteau et prit parole:
-Mes respects, monsieur. Je suis désolé d´avoir à vous déranger de si bon matin, mais...
-...
-...
-Un problème?
-Ben... Pourquoi vous êtes en caleçon? Et pourquoi votre tête est de travers?
-Oh, pour le caleçon, c´est que je viens de me lever, à l´instant, réveillé par l´imbécile qui tambourinait à ma porte. Et pour ma tête, c´est parce que mes vertèbres cervicales ont été déplacées par le direct que mon épouse vient de me coller, toujours à cause de l´imbécile qui m´a réveillé alors que le soleil n´est même pas levé! Conclusion: l´imbécile à intérêt à avoir une TRÈS bonne raison de... *CRAC* Aïe! -là, je venais de remettre mes vertèbres en place- ...de me causer tant de désagréments si il ne veut pas souffrir atrocement!
L´imbécile déglutit difficilement et déroula le parchemin.
-Euh... Êtes-vous bien l´homme se faisant surnommer "l´Escrimeur Légendaire"?
-Non, je suis un mosswine déguisé en champignon, mais chut! C´est un secret!
-Désolé, simple vérification. Tout-à-l´heure, je me suis trompé de maison, et je me suis pris un pot de fleurs sur le crâne. Si je tenais ce maudit gamin...
Je ne pus m´empêcher de sourire. Bien joué, Trok!
-Bon, venez-en au fait.
-La Guilde des Chasseurs sollicite urgemment votre présence. Vous êtes tenu de vous rendre le plus tôt possible au Comptoir de la Ville de la Forêt.
-Gné? Je ne travaille pas pour la Guilde!
-Cela remonte beaucoup plus haut. C´est le Roi Luffman lui-même qui... Euh... Désolé, je ne peux pas en dire plus.
-Ca tombe mal. Bon, retourne... D´où tu viens, et dis à... Euh... celui qui t´a envoyé que c´est non et que j´ai autre chose à faire. Ah, et dis lui aussi qu´on pourrait remplir une bibliothèque entière avec ce que je pense de mal sur la Guilde. Non mais!
-Oh, et puis zut! Je suis envoyé par le Roi en personne! Ils sait où est Jonhy, le Mercenaire Impitoyable! Et il veut que...
-QUOI?!?
La porte que je m´apprêtais à refermer s´immobilisa. Je restais silencieux quelques instants. Des souvenirs douloureux remontaient, sans que je puisse les en empêcher.
-Je vois que cela ne vous laisse pas indifférent. Si vous voulez plus de renseignement, vous savez où aller.
-...
-Alors?
-...
-Alors?
-...
-Hého? Vous vous décidez ou quoi?
-...
-Hé! Vous vous dé...
-LA FEEEERMEUH! TU VOIS PAS QUE JE ME REMÉMORE DES INSTANTS DOULOUREUX?!?
-...
-...
-Désolé.
-...
-...
-C´est d´accord. Je partirais en fin de journée.
-Formidable!
-Bon, tu as du faire un long voyage. Tu veux entrer et prendre quelque chose?
-Ce ne serait pas de refus. Merci de le proposer! Au début, je vous ai pris pour quelqu´un de désagréable...
-Bah t´avais raison!
Et je lui claquais la porte au nez. Gniark!
Bon, il ne me restait plus qu´à me préparer.
La matinée passa rapidement. Le soleil était déjà haut dans le ciel quand je me mis à préparer le déjeuner. Au menu: poisson grillé aux légumes. Hmf...
Je sortis une poêle et la posais sur le poêle -ne pas confondre ces deux mots! Prenez un dictionnaire illustré.-:
-Alors c´est décidé, tu pars?
Je me retournais lentement. Derrière moi, adossée au garde-manger, se tenait Nalia. Sa longue robe grise suivait agréablement ses lignes, descendant jusqu´à ses pieds nus. Ses longs cheveux noirs comme la nuit étaient noués en une longue tresse terminée par un ruban de soie bleue, et dans ses yeux, il y avait quelque chose d´indéfinissable -non, pas une poussière...-. C´est dans ces moments là que je la considérais comme un être humain à part entière, et non pas comme une machine à tuer, un danger public, une psychopathe dénuée de tout humour, une... Hem. Passons.
-Plaît-il?" répondis-je avec un sourire qui se voulait innocent -mais qui me donnait sûrement un air débile...-.
-Ce matin... J´ai entendu votre conversation.
-Ah. Et donc?
-Cesse de sourire aussi idiotement, tu as l´air d´un attardé.
-Oups...
Elle soupira
-Alors, que comptes-tu faire?
-Ben, là, je vais manger, après je vais faire une sieste au soleil, et ensuite...
-Tu m´as très bien compris. Alors arrête de jouer à l´idiot, bien que ce rôle te convienne parfaitement.
-Bon allez, autant être franc: je vais aller tuer Jonhy!" répondis-je en souriant.
Pendant un instant, elle sembla être sur le point d´éclater de rire.
-Tu dis ça comme si c´était aussi simple qu´un claquement de doigt. Sais-tu au moins qui tu vas affronter?
-Je suis au courant. C´est bon. Il est méchant, cruel, sournois, et en plus il mord! Ouh là lààà, j´ai peur!
-Tu caches ta peur sous un voile de dérision. Je te connais...
-Le pire... C´est que c´est vrai. Mais bon, il faut le faire. Il m´en a trop fait pour s´en sortir indemne. Ce n´est pas une question de volonté, c´est une question de devoir. Je DOIS le faire.
-Pourquoi ne pas tout simplement oublier? Pourquoi ne pas rester ici et vivre heureux?
-J´aurais tout le temps de vivre heureux quand il sera mort et enterré. Ou mort et pas enterré, ce serait mieux. Ouais, faudrait que les corneilles dévorent son cadavre. C´est marrant, les corneilles. Ca ressemble aux corbeaux. J´aime bien les corbeaux. C´est rigolo, un corbeau. Et ca ne se mange pas. Pas comme les pigeons. Avec des petits pois, il parait que c´est délicieux, les pigeons. Ouais. Mais les petits pois, c´est chiant à récolter. Pas comme les pommes. C´est bon, les pommes. Surtout dans les glaces que Caleb préparait. Tiens, au fait, ça fait un bail que je l´ai pas vu, lui. Ouais. Depuis le désert. Ah, le désert... Que de souvenirs... Ca me rappelle le coup du Kirin qui...
-Hum...
-Oups, je m´éloigne un peu du sujet, moi. Qu´est-ce que je disais déjà? Ah, oui! J´aurais tout le temps de vivre heureux quand Jonhy sera mort -et pas enterré-.
-Pour vivre heureux, il faudrait déjà que tu reviennes vivant!
-Quand on veut, on peut.
-Je ne te ferais pas changer d´avis, hein?
-Non. Mon esprit de contradiction surpuissant ne peut être contré!
-Dans ce cas...
Elle s´approcha de moi, jusqu´à ce que son visage ne soit plus qu´à quelques centimètres du mien.
-...je vais devoir employer la for*AÏE!*
J´avais crié de douleur en même temps qu´elle. Je baissais les yeux pour connaître l´origine de mes maux, et me rendis compte qu´elle venait de planter un couteau de lancer dans ma cuisse... C´était de bonne guerre, car je venais de faire la même chose, au même moment!
-Je crois qu´on à eu la même idée..." articulais-je.
-Au même instant..." Compléta-t-elle.
-Tu... Tu as mis quoi sur le tien?
-Du produit tétanisant. Et toi?
-Je n´ai pas trouvé de poison, alors j´ai mis du somnifère...
-Ha, ha, ha. Ton humour est...
-Déplorable?
-Exactement." Dit-elle en souriant.
Nous restâmes "enlacés" ainsi encore quelques secondes, et nous nous effondrâmes tous deux au sol, elle endormie, moi à moitié paralysé. Je rampais difficilement jusqu´au coffre de rangement, l´ouvris lentement -mes muscles quasi-tétanisés ne me facilitant pas la tâche- et en sortis une petite fiole contenant un liquide rose-rouge. Un phyto-médicament, qui, comme son nom l´indique, était -et est toujours- un médicament à base de plantes -sans blagues?-. Sa propriété principale était de purger TOUTES les toxines présentes dans le corps, ce qui était utile lorsqu´on souffrait de problèmes de reins, mais encore plus utile quand on était victime d´un empoisonnement suite à une piqûre ou à une morsure de bestiole -l´antidote utilisé par les chasseurs n´étant pas universel-.
Je bus la totalité du contenu de la fiole, et attendis. Au bout d´une minute, je me relevais et m´étirais, complètement remis!
Nalia n´étant pas en état de prendre une potion, je désinfectais et pansais sa blessure, puis l´étendis sur le lit. Tiens, je ne m´étais pas pris de direct, cette fois-ci.
Une fois ceci fait, je réunis mes affaires, enfilais mon armure, accrochais mon épée, mon hamac, ma pelle, ma cruche de potion, mon couteau de dépeçage et ma sacoche à ma ceinture, mon bouclier à mon bras, et me dirigeais vers la sortie. Avant de partir, je me retournais une dernière fois pour contempler l´intérieur de la cabane où nous vivions. Une seule pièce, d´environ huit mètres carré, avec une cuisine, un lit et une baignoire de bois. Pas très grand, mais comme ici, la vie se passait à l´extérieur... Et de toutes façon, ça me rappelait chez moi...
...
Quel idiot. C´était ici, chez moi!
J´ouvris là porte... Et tombais sur l´imbécile qui m´avait réveillé ce matin
-Euh... Tu es là depuis longtemps?" demandais-je.
-Depuis que vous m´avez claqué la porte au nez." répondit-il froidement.
-Hé bé, ça en fait du temps. Qu´est-ce que tu attends? La neige?
-Je suis censé vous accompagner jusqu´à la Ville de la Forêt.
-Ah. Tu dois être payé cher pour avoir à supporter ça.
-Pas assez...
Chapitre XXXI
Partie 2: Des invités qui ne l´étaient pas...
Et nous nous mîmes en route. Le voyage dura un peu plus d´une semaine, mais comme l´imbé... Euh, le messager avait une charrette, il ne fut pas très fatigant. Et nous finîmes par atteindre la ville susdite. Nous nous rendîmes directement au Comptoir. Le responsable de Guilde, un homme d´une cinquantaine d´années, me reçut dans son bureau et m´informa de la situation.
-La situation - Note de l´auteur: oups, deux fois "situation"!- est la suivante. Depuis peu, nous savons où se trouve le repaire de Jonhy Yadillah connu aussi sous le nom de "Mercenaire Impitoyable". Le Roi à ordonné sa capture et son exécution immédiate. L´unité des Chevaliers de Fers à été envoyée. Si tout va bien, ils devraient être là dans moins d´un mois.
-Et?
-Et le Roi pense que tu serais un atout majeur pour nos troupes.
Un pointe de dédain avait percé dans son ton. Comme si il n´arrivait pas à croire qu´un gamin de seize ans puisse être surnommé "l´Escrimeur Légendaire".
-Formidable... Et il se trouve où, ce fameux repaire?
Le responsable sortit ce qui semblait être une carte des montagnes du Sud, la déplia sur son bureau, et désigna un endroit marqué d´une petite croix.
-Il s´agit d´une forteresse de la Guilde, affectée à la surveillance et à la défense de la Gorge Sanglante.
-LA Gorge Sanglante?!?
-Je vois que tu connais. Bravo, tu as bien appris l´histoire de Gardemine...
La Gorge Sanglante. Un gigantesque défilé traversant les montagnes du Sud. D´un coté, la verte Gardemine. A l´autre bout, les landes désolés et inexplorés. Cet endroit était surtout connu parce que c´était par là que Lao Shan Lung était venu. Dans ce défilé, il avait massacré le groupe de chasseurs venu à sa rencontre, avant de pénétrer en Gardemine. D´où le nom du lieu. Après la chute du dragon, les hommes y avaient construit des murs et des défenses pour éviter que le cataclysme se reproduise. Et quand la Guilde des chasseurs fut créée, une de ses premières actions fut d´y construire une forteresse, de creuser la falaise pour y installer des chemins fortifiés et des couloirs souterrains, et de bâtir une porte titanesque à la sortie du défilé pour qu´aucun monstre ne puisse passer.
-Jonhy a pris le contrôle de la forteresse et a éliminé la garnison s´y trouvant. Il en a fait le repaire de sa... Secte.
-La Main Double...
-Oui." Dit-il en se tournant vers la fenêtre. "Cela doit faire presque trois mois qu´il y est.
-Et comment se fait-il que vous ne l´ayez appris que récemment?
-La forteresse contient pour une année de vivres. La garnison est relevée tout les six mois.
-Ah oui, quand même.
-Et lorsque la relève est arrivée, il y a peu, elle a été accueillie à coups de canons! Les survivants ont été emprisonnés, et un seul est parvenu à s´enfuir et à revenir pour rapporter les faits.
-Hmmm... Merci, c´est tout ce que je voulais savoir! Salut!
Le responsable de Guilde se retourna, mais trop tard. J´étais déjà parti, emportant avec moi la carte posée sur son bureau...
Et voila comment, deux semaines plus tard, je me retrouvais seul, en pleine montagne, en train d´essayer d´allumer un feu avec un briquet à acajou qui ne marchait même pas. Certains se demanderont sûrement pourquoi j´étais parti seul. En effet, monter à l´assaut en solitaire équivalait à un suicide, alors pourquoi, oui, pourquoiiiiiiiiiiiii? Ben... Disons qu´il y avait une raison, et qu´elle se résumait en un seul mot: prem´s. Hé oui, je voulais être le premier à tuer Jonhy. Le premier et le seul. Même si ça pouvait paraître stupide, c´était comme ça, pas moyen d´en discuter. Na.
Ah, enfin quelques étincelles. Les brindilles prirent rapidement, puis ce fût le tour des fagots. Je fouillais dans mon sac et en sortis un énorme cuissot de mosswine séché et salé, du poivre, du sel, du piment en poudre et des légumes secs. Tout cela m´avait coûté une petite fortune -surtout le poivre, très rare-, mais de toutes façons, si mon assaut tournait mal, je n´aurais plus jamais besoin d´argent... Donc, autant avoir le ventre plein, et que le dernier repas soit excellent.
Je mis les légumes secs et un peu d´eau dans une petite marmite que je posais au-dessus du feu, et me coupais une large tranche de cuissot. Enfin, je sortis de ma sacoche une petite bouteille de Limonade-Amerinsecte.
L´eau de la marmite était en train de bouillir, les légumes devaient être prêts. J´assaisonnais le tout, et passais à table.
**
Après ce copieux repas, je m´allongeais au sol et entamais ma sieste. Qu´il est agréable de dormir quand on a le ventre plein! Je ne sais pas combien de temps je restais allongé ainsi...
-Debout." M´ordonna une voix que je connaissais bien.
J´ouvris les yeux, et cherchais du regard la propriétaire de la voix. Elle se tenait debout, à moins de trois mètres de moi, et attendait patiemment que je me lève. Je vous l´ai déjà décrit plusieurs fois, et vous vous souvenez sûrement de sa tenue légère, de ses cheveux roses -beuh!- de ses grands yeux bleus -gniiii! arracher!-... Hé oui, l´Ombre était juste en face de moi.
-Tiens, ton entrée était moins réussie que d´habitude..." remarquais-je. "Mais dis-moi, pourquoi est-ce que malgré le fait que l´on se trouve dans un endroit complètement perdu et inaccessible, je ne suis pas du tout surpris de te voir?
-Personnellement, je m´en moque. Si je suis ici, c´est pour...
-Manger du cochon? T´arrives trop tard, il ne reste plus de cuissot!
-Ris, tant que tu le peux encore. Cette fois-ci, tu n´as aucun échappatoire. Je ne t´ai pas tué dans ton sommeil, mais au final, le résultat sera le même. Nous allons nous affronter, ici et maintenant, suivant toutes les règles de l´art. Un combat loyal. Et une fois que tu seras au sol, humilié et vaincu, je pourrais t´achever... Ce sera l´ultime payement pour tout ce que tu m´as fait.
-Tu sais, au lieu de t´acharner sur des êtres humains, tu devrais te recycler comme chasseuse de monstres. C´est un métier qui paye bien, pour peu qu´on survive assez longtemps!
Elle ne me répondit pas. Je dégainais et me mettais donc en position de combat. Comme elle l´avait si bien dit, "cette fois ci, aucun échappatoire". Je serais obligé de l´affronter. Un vrai combat. Et vu ses aptitudes en la matière, elle pouvait sûrement me mettre en difficulté.
-Je suis prêt." Dis-je.
-Alors meu*CRASH!!!*
Un objet volant lancé à pleine vitesse venait de s´écraser sur mon adversaire! Il s´agissait de deux hommes, l´un en armure de Ioprey tenant à bout de bras deux énormes lames, l´autre en armure de Rathalos -plus un haut-de-forme- et tenant les pieds du premier -à bout de bras aussi-. Ils se relevèrent, et celui portant un chapeau rigolo s´exclama:
-Mon cher Max, nous voici enfin arrivés à la Citée Royale!
Puis il m´aperçut.
-Tiens, salut, Ksaï, qu´est-ce que tu..." il s´interrompit en croisant mon regard, qui devait être à la fois amusé, las, et étonné. "Attends... Laisse moi deviner. On est PAS à la Citée Royale, hein?
Je secouais la tête en signe de négation.
-Oh, non... C´est pas vrai! Mais alors, on est où?
-...
-On est entourés de montagnes... Dis-moi que c´est la chaîne du Nord, par pitié!
Je secouais encore la tête.
-ON EST DANS LES MONTAGNES DU SUD?!? MAAAAAX!!! ESPÈCE D´INCAPABLE!!!" hurla-t-il en collant un coup de pied dans le visage de son cousin qui venait à peine de se relever.
-"Meuh c´est pas ma faute si ces maudits nuages m´empêchent de voir où je vaiiiis...
L´Ombre se releva à son tour. Elle semblait sur le point d´exploser de rage.
-Vous deux... " articula-t-elle sans desserrer les dents. "... vous avez trois secondes pour disparaître de ma vue.
-Ce sont des menaces?" demanda Max. "Prends garde à Max Louf le... *PAF!*
L´Ombre venait d´assommer Max avec le pommeau d´une de ses lames.
-JE SUIS LE SEUL A AVOIR LE DROIT DE FRAPPER MON COUSIN!!!" hurla Kenneth en portant un coup du plat de sa lame qui fit valdinguer Max -l´Ombre s´étant servie de lui comme bouclier-.
Et ils commencèrent à se battre.
Je me gardais bien d´intervenir, et comme personne ne faisait plus attention à moi, je profitais de l´occasion pour filer discrètement.
Je marchais toute la nuit vers l´Est. Au matin, je progressais sur un terrain descendant, mais tellement torturé qu´il n´était pas possible de voir bien loin... Et je finis par y arriver.
Un gigantesque plateau rocheux, parsemé de touffes d´herbe et de quelques arbres morts. Et au bout du plateau, collée au bord d´un immense ravin, elle était là: la Forteresse de la Gorge. Ses murs de quinze mètres de haut étaient complétés par quatre hautes tours et par une porte de fer à un battant. Sur les chemins de ronde, des canons... Et encore des canons.
Autant dire qu´il était impossible de l´approcher par là. Je ne pouvais pas m´engager sur le plateau sans être immédiatement repéré. Voilà qui méritait réflexion...
Je retournais sur mes pas, cherchant un moyen d´entrer. Voyons... Je pouvais m´approcher de nuit. Si le ciel était couvert, je serais invisible... Mouais, mais comment escalader ces maudits murs discrètement? Peut-être qu´avec une échelle... Oui, mais où la trouver? Ou alors, au lieu d´escalader le mur, je pouvais creuser un tunnel! Ah, oui mais non: le sol était fait essentiellement de roche... Pourquoi ne pas tout simplement aller frapper à la porte? Avec un peu de chance, on viendrait m´ouvrir... Non, idée stupide. Mais... Entrer par là porte n´était pas une si mauvaise idée! J´avais juste à placer un tas d´explosifs devant, et... Non. Je n´avais pas d´explosifs sur moi, donc... Mais comment faire, alors?
Je marchais pendant plusieurs heures sans trouver de solution qui m´aille. Je commençais à désespérer quand un cri déchira le silence:
-REMONTE, ABRUTI!!! REMOOOONTE!!!!!
Je me retournais, et m´aperçus qu´un Rathalos me fonçait droit dessus! Sans prendre le temps de me demander ce qu´il fichait ici, je me jetais sur le coté, et le monstre s´éclata la tronche contre les rochers, projetant l´homme se trouvant sur son dos -gné?!?- dans les airs. Ce dernier atterrit lourdement au sol et ne bougea plus.
Comme je n´avais rien d´autre à faire -si, réfléchir, mais j´en avais un peu marre...-, je décidais d´aller voir si il allait bien. Je m´approchais du corps et le secouais du bout du pied:
-Ca va?" demandais-je.
-Ouais..."
-Alors je m´en vais...
-Hé, attends!
-Quoi?
-Tu pourrais au moins me demander "Woah, qu´est-ce que tu fichais sur le dos d´un Rathalos?!?"
-Oui, je pourrais, mais pour l´instant je dois réfléchir..
-Pour poser une simple question?
-Ca n´a rien à voir. Bon allez, salut!"
.
Je tournais les talons et repartis dans la direction opposé, mais il se releva et tenta de me barrer le passage.
-Je me présente. Mon nom est...
-Laisse-moi passer, je suis occupé.
-...Angel, et je suis chasseur, comme tu l´as sûrement deviné, mais on me...
-Je m´en tape, bouge de là!
-...connaît aussi sous le nom de...
-Tu vas bouger, oui?
-..."Monte-là-d´ssus", car j´ai toujours voulu*PAF!* Aïe!
-Je ne suis pas d´humeur, alors ou tu me laisse passer, ou je ne réponds plus de mes actes.
Il se releva et, pas découragé pour un sou, poursuivit sa présentation:
-...car j´ai toujours voulu chevaucher un wyv...
Il n´eut pas le temps de finir sa phrase, car Max et Kenneth s´ecraserent sur lui!
-Mon cher Max, nous voila enfin à la...
-MAIS VOUS LE FAITES EXPRÈS OU QUOI?!?" hurlais-je.
-Euh...
-C´EST VRAI, QUOI! GARDEMINE EST IMMENSE! COMMENT CA SE FAIT QU´A CHAQUE ENDROIT OU JE VAIS, JE TOMBE SUR UN TAS DE GENS QUI N´ONT RIEN A FAIRE LA?!? C´EST PAS POSSIBLE D´AVOIR LA PAIX?!? Y´EN A MARRE!!! MAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARE!!!
-...
Je soupirais.
-Ah, et au fait, qu´est-ce que vous avez fait de l´autre folle?
-La fille aux cheveux roses? Ben... Elle était très énervée, donc Kenneth a fait diversion avec son chapeau magique, et on s´est enfui pour rester en vie." répondit Max.
-Bon, et comment se fait-il que vous ayez atterri ici?!?
-Ben, en fait c´était juste pour rigoler...
-Pour rigoler?!?
-Bah oui, en fait, on trouve ça marrant d´atterrir sur les gens!
-...
-Quoi?
-Bon, en effet, c´est assez amusant. Mais si vous pouviez éviter d´atterrir sur les gens avec lesquels je suis en train de discuter... Et d´ailleurs, qu´est-ce que vous faites ici?!?
-Ben tu sais bien, on est perdus!
-Et vous comptez me faire avaler ça? Y´a des milliers d´endroit où se "perdre", et vous choisissez celui-là, comme par hasard!
Les deux cousins s´entre-regardèrent un instant, puis Kenneth soupira:
-Bon, d´accord. En fait, on te suivait.
-Et pourquoi ça?
-Ca remonte à il y a cinq jours. On survolait les grandes plaines, et on a aperçu un gars qui voyageait seul. C´était toi, comme tu peux t´en douter. Alors comme on était perdu, on s´est dit: "tiens, peut-être qu´avec un peu de chance, il va à la Cité Royale!" Et on t´a suivi. Tout allait bien jusqu´au moment où les nuages sont arrivés. Comme le vent s´était levé en même temps, Max y voyait plus rien et a été forcé d´atterrir. Et on est tombé sur la fille aux cheveux roses.
-Attendez... Vous êtes en train de me dire que vous me suivez depuis cinq jours?!?
-Ouais.
-...
-Quoi?
-Non. Rien. Rien du tout.
-Ah.
-Mais quand vous vous êtes rendus compte que je n´allais pas à là Cité Royale, vous avez continué à me suivre!
-On s´ennuyait, et comme à chaque fois que tu es dans le coin, il se passe quelque chose, on s´est dit que...
-En effet, on dirait que j´attire les tuiles.
-...
-...
-...
-...
-...
-Bon, vous attendez quoi, là?
-Qu´il se passe quelque chose!
Chapitre XXXI
Partie 3: La discrétion ne l´était pas non plus...
Le chasseur sans nom -enfin, si, il avait un nom, mais je ne l´avais pas écouté...- reprit connaissance et bondit sur ses pieds:
-Je suis réveillé! J´ai raté quelque chose? Ah, on dirait que oui! Il y a deux nouveaux! Laissez moi me présenter! Mon nom est Angel, je suis chasseur, comme vous l´avez sûrement deviné, mais on me connaît aussi sous le nom de "Monte là d´ssus" car j´ai toujours voulu chevaucher un wyvern!
-Passionnant..." dis-je d´un air peu convaincu.
-Oui! Et si je suis ici, c´est pour m´entraîner en compagnie de mon fidèle Rathalos: Blaster!
-Tu parles du machin à moitié écrabouillé contre les rochers?
Il se retourna et prit un air surpris. Puis il se rapprocha du "machin à moitié écrabouillé" qui avait autre fois été un Rathalos, le toucha avec un bâton, et resta immobile un moment. Puis il se mit à hurler:
-IL EST MOOOOOOOOOORT!!!
-Quelle puissance de déduction..." répliquais-je. "Tu dis ça parce qu´il ne bouge plus? Ou alors c´est parce que tous ses muscles sont décontractés? A moins que ce soit parce que sa tête, son cou et sa cage thoracique sont réduits à l´état de bouillie?
-IL EST MOOOOOOOOOORT!
-C´est bon, on est au courant...
Pour résumer la situation: je me trouvais au milieu des montagnes du Sud, en compagnie de trois gars qui n´avaient rien à faire là et d´un demi-Rathalos. Et je ne savais toujours pas comment rentrer dans cette maudite forter... Ah, zut, la forteresse! Avec ce bordel, je l´avais complètement oublié!
Je me tournais vers les deux cousins:
-Vous voulez "qu´il se passe quelque chose", hein?
-Non pas qu´on le veuille." Répondit Kenneth. "Mais comme tu es dans les parages, il va OBLIGATOIREMENT se passer quelque chose tôt ou tard, et comme on s´ennuie, tant mieux pour nous!
-Boooon. Très bien. Voila la situation. A moins d´un kilomètre d´ici, il y a un immense plateau rocheux.
-IL EST MOOOOOOOOORT!" hurla Angel.
Je poursuivis sans lui prêter la moindre attention.
-Et sur ce plateau, il y a une forteresse très bien défendue. Moi, je veux entrer dans cette forteresse par n´importe quel moyen. Ca vous intéresse de participer?
-Et comment!" s´exclama Max.
-Dans ce cas...
-IL EST MOOOOOOOOOORT et je sais comment rentrer dans la forteresse!
-Mais oui, on sait, il est... QUOI?!?
-J´ai dit que je sais comment...
-C´est bon, on a entendu!
-Ah bon.
-...
-...
-Hé bien?
-Hé bien quoi?
-Hé bien comment on entre dans cette forteresse?!?
-Ah! Il suffit de passer par la porte...
-Je m´en doutais. Question stupide...
-...la porte secrète!
-La porte quoi?!?
-La porte secrète, cachée sur la muraille!
-...
Bon, cette conversation commence à devenir ennuyeuse, je vais donc y couper court et raconter la suite...
Finalement, je décidais d´entrer par la "porte secrète" dont parlait Angel. Selon lui, il s´agissait d´une entrée aménagée dans la muraille Est de la forteresse, et qui conduisait directement à l´entrepôt de stockage. J´attendis la nuit, et protégé par l´obscurité quasi-totale, m´engageais sur le plateau -suivi par Kenneth, Max et Angel. Oui, pas le choix, j´avais du les emmener.-. Il ne nous fallut que quelques minutes pour parvenir aux hautes murailles de pierre. Puis il fallut longer la muraille Est. Celle qui était face au ravin.
La bande de roche située entre le mur et le ravin avait une largeur de trente centimètres. Inutile de dire que nous progressions par pas de coté, plaqués contre la muraille. Sous nos pieds s´étendait la Gorge Sanglante. Il faisait si sombre que nous n´en voyions ni le fond, ni l´autre bord. Par contre, nous entendions des voix venant de l´intérieur du fort. Il y avait beaucoup de gens là-dedans, c´était sur...
Angel examina l´endroit où était censé se trouver la porte, poussa une brique, et une partie du mur pivota, laissant apparaître un passage. Nous y pénetrâmes en prenant bien soin de refermer la porte derrière nous. Nous suivîmes un couloir en pente douce qui nous mena une énorme salle plongée dans la pénombre. Par un heureux hasard, il se trouva qu´Angel avait des torches sur lui. A peine furent-elles allumés que je fus pris d´une vision d´effroi: A quelques mètres, assis sur une pile de caisses, un vieillard maigre et enguenillé nous fixai d´un regard qui aurait pu glacer le sang d´Asura elle même. Une longue barbe noire et sale lui descendait jusqu´au genoux, et ses mains squelettiques pendaient dans le vide.
-Vous... vous voyez ce que je vois?" murmurais-je.
-Je crois que oui..." confirma Angel.
-Son regard me glace le sang..." chuchota Kenneth.
-On dirait un vieillard, mais c´est p... peut-être un piège..." bégaya Max.
-Il ne bouge pas." Repris-je. "Attendez, je vais lui lancer une brique!
Je fouillais dans ma sacoche à la recherche de ma pierre à aiguiser. Le vieillard ouvrit la bouche, et un cri en sortit:
Note de l´auteur : Pour la voix du vieux, c´est la même que celle du Père Fourras dans Fort Boyard...
-AÏAÏEUÏHATREUHTREUHTREUH!
Il se mit à tousser bruyamment, puis retenta de s´exprimer:
-Qui êtes vous?
-Euh..." répondis-je. "Permettez-moi de vous retourner la question.
-Je suis Yorato, l´ermite de la cave!
-L´ermite de la... Gné?!?
-Bah oui, ça veux dire que je vis tout seul dans cette cave!
-C´est bon, je sais ce qu´est un ermite!
-Tant mieux pour vous. Au fait, qu´est-ce que vous faites dans ma cave?
-On ne fait que passer...
-Ah bon...
Nous traversâmes la salle et remontâmes un étroit passage, terminé par un mur pivotant, et débouchant sur un couloir de la forteresse.
-Très bien." chuchotais-je. "Il semble que cette cave ne soit pas connue des occupants du fort. Nous pourrons nous en servir pour nous préparer à l´assaut.
-L´assaut?" demanda Kenneth. "Quel assaut?
-Si on est là, c´est pour attaquer la forteresse...
-Mais je croyais que tu voulais juste y entrer!
-Y entrer pour mieux l´attaquer! Logique, non?
-Logique, sûrement. Raisonnable, pas du tout. On est quatre, et ils sont plusieurs centaines!
-On ne va pas...
-Les gars..." m´interrompit Angel. "Je n´ai pas envie de retourner à la cave. L´ermite... Il me fait peur.
-Ah bon? Je suis pas si moche, tout de même?"
Je sursautais. Me retournant, je vis que l´ermite de la cave nous avait suivi.
-Mais qu´est-ce que tu fous là?" demanda Kenneth.
-Je m´ennuyais, tout seul...
-Mais tu es un ermite, non?
-Les ermites aussi ont une sensibilité.
-D´accord, mais...
-D´ailleurs ça me rappelle une vieille histoire! Il y a bien longtemps, pas loin d´ici vivait une jeune fille qui souffrait d´une malédiction terrible: elle était laide, si laide que tous ceux qui la regardaient étaient changés en pierre.
-Passionnant, mais ce n´est pas le mom...
-Et en plus d´être laide, elle était cruelle! Elle pétrifiait tous les voyageurs qui passaient sur ses terres!
-Faites le taire, il va nous faire repérer!
-Les habitants de la région avaient donc décidé d´envoyer un héros pour la terrasser! Mais finalement, ils n´ont rien eu besoin de faire, ca elle est morte en se regardant dans un miroir!
-Formidable. Maintenant vous pouvez faire un peu moins de bruit? Nous ne tenons pas à nous faire repérer par...
-Repérer? Mais non, vous ne risquez rien tant que vous ne faites pas quelque chose de ce genre!
L´ermite se dirigea vers une des armures métalliques décorant le couloir, et la fit basculer. Elle percuta le sol et tous ses morceaux se détachèrent et s´éparpillèrent dans un vacarme infernal, qui dut résonner dans toute la forteresse!
-Gniiiiiii!!! ABRUTI! TOUS A LA CAVE!
Nous tentâmes d´ouvrir le mur pivotant, mais rien à faire, il ne bougea pas d´un millimètre!
-Il ne peut s´ouvrir que de l´intérieur!" fit remarquer l´ermite.
-C´est malin! Comment on fait mainten...
-Qui va là? Hé, que... DES INTRUS! ALERTE!!!
Des dizaines de gardes assoiffés de sang jaillirent de l´angle du couloir, tous armés de lames doubles! En une seconde, nous avions décidé de la tactique à adopter: la fuite!
Nous courûmes à travers les couloirs de la forteresse pendant toute la nuit, semant le désordre sur notre passage, et poursuivis par sans relâche par un ennemi nettement supérieur en nombre. Quand le soleil se leva enfin, nous étions dans la cour centrale, encerclés par la totalité des occupants du fort, qui avaient quitté leurs occupations pour nous arrêter.
C´était le moment de tenter quelque chose d´intelligent. Je levais les mains, et m´exclamais:
-C´est bon, baissez vos armes! Est-ce que Jonhy est là? Je suis un de ses amis d´enfance!
Ils ne se laissèrent -évidemment- pas abuser par ce stratagème, et se rapprochèrent , lames en avant.
-Bon, ben... Heureux de vous avoir connu, les gars..." murmura Angel.
-Si on est -arf- ici, c´est de -arf- ta faute, Ksaï!" grommela Max, essoufflé -logique, on ne court pas avec deux énormes lames accrochés dans le dos!-
-Et la faute à cet imbécile d´ermite" termina Kenneth. "D´ailleurs, il est passé où?
-Il a disparu quand on a traversé les cuisines peut-être qu´il avait f*BOM!*
Un coup sourd venait de retentir. Tous les regards se portèrent vers la porte de la forteresse, qui venait de trembler sur ces gonds.
La porte fut à nouveau secouée, comme si on l´attaquait à coups de bélier.
Les coups portés étaient si puissant que le sol tremblait sous nos pieds.
L´immense porte d´acier fut jetée hors de ses gonds et tomba lourdement au sol, révélant la "machine de guerre" responsable de sa destruction. Il s´agissait d´un colosse en armure de Gravios, armé d´un lourd marteau à tête de démon. Il s´avança dans l´enceinte, et retira son casque, laissant apparaître un visage buriné et doté d´une longue barbe brune. Raoul!
- SALUT, CAMARADES!" tonna-t-il, rompant le silence du à l´effarement général. "J´AI LE PRIVILÈGE DE VOUS ANNONCER QU´AUJOURD´HUI, UN PERSONNAGE ILLUSTRE VOUS FAIT DON DE SA PRÉSENCE EN CE LIEU! JE VOUS PRÉSENTE... LE ROI DE GARDEMINE!
A cet instant, un autre homme franchit la porte, levant les bras en signe de victoire. De silhouette élancée, il portait une armure en Garuga abîmée par des années de chasse intensive, son visage était parcouru par toutes sortes de cicatrices, il portait un bandeau sur l´oeil droit et une épée courte au coté.
-Hé oui, c´est moi!" s´exclama-t-il. "Applaudissez votre Roi! Merci, merci!
Puis, voyant que le silence -et l´étonnement général- durait, il reprit:
-J´plaisantais! En fait, le Roi est juste derrière!
A peine eut-il terminé qu´une centaine d´homme vêtus d´armures et de lances d´acier déferlèrent à l´intérieur de l´enceinte menés par le capitaine Guivre et le Roi Luffman!
-CHEVALIERS DE FER! EN AVANT, TOUTES! CHARGEEEEEEZ!!!
Le cri du capitaine résonna dans toute la forteresse, et les lanciers se ruèrent sur les épédoublistes, qui encore sous le choc après le coup de la porte -ils ont le cerveau lent! Héhéhé, cerf-volant!- n´opposèrent presque pas de résistance! Résultat: une centaine d´entre-eux périrent embrochés lors de l´impact! Et la bataille commença.
Je m´élançais à travers les rangs ennemis en portant des coups d´épée au hasard. Tout ce que je voulais, c´était atteindre la tour principale, trouver Jonhy avant les autres et... Oh, merde.
La porte de la susdite tour s´ouvrit à la volée. Sur le seuil se trouvait Jonhy, une assiette de pâtes dans une main, une fourchette dans l´autre son expression faciale qui avait toujours été le reflet d´une confiance démesurée en lui-même se changea en une autre expression qui se traduisait par la phrase: "bordel, mais qu´est-ce qui se passe ici?!?"
Je lui fonçais dessus, espérant que je fusse le seul à l´avoir vu, pris appui sur la tête du gars en armure de Garuga -ah, tiens, c´était Shibe-, fis un bond prodigieux et fondis sur Jonhy, lui assénant un coup qui aurait pu trancher sa tête en deux... Las! Il bloqua ma lame à l´aide de sa fourchette et m´expédia son plat de pâtes en pleine figure! Je fus projeté en arrière et m´écrasais au sol! Je me relevais presque immédiatement, évitais une lame de provenance inconnue, collais un coup de bouclier à un épédoubliste qui passait par là, retirais les dernières pâtes de mon visage, et repassais à l´attaque! Une guerrière en armure noire s´interposa entre nous, dégaina des éventails aussi tranchants que des rasoirs, et m´obligea à reculer, portant des coups d´une puissance mortelle; Dul, l´âme damnée de Jonhy, fidèle au rendez-vous... Je me jetais sur le coté pour évité un de ses coups -et aussi parce que c´est classe-, fis une roulade -encore plus classe-, repris appui et bondis sur mon adversaire -je suis la classe incarnée-, trébuchais et m´étalais lamentablement au sol - un peu moins classe-, partis en glissade -beaucoup moins classe-, et percutais les jambes de Dul qui perdit l´équilibre et qui s´étala à son tour -pas classe du tout-.
-Jonhy!
-Shibe!
Horreur! Shibe se tenait face à Jonhy et s´apprêtait à engager le combat!
-J´ai un ami qui demande qu´à te revoir... Mon oeil droit!" s´exclama Shibe, prêt à bondir.
-Tu ne peux t´en prendre qu´à toi même!" répondit Jonhy. "Je t´avais dit que ce caillou était maudit!
-Ca fait des années que je souffre de cette conjonctivite! Mais aujourd´hui, je vais te rendre cette souffrance au centuple!
Chapitre XXXI
Partie 5: Alors c´était vrai?!?
Je me tournais vers l´homme qui venait de parler: Luffman, depuis peu Roi de Gardemine.
-Lors de la construction de cette forteresse, l´architecte -qui était un peu fou sur les bords- a construit un formidable dispositif dans le sous-sol!" poursuivit-il. "Si nous l´activons, nous avons une chance de nous en sortir!
-Ben va falloir faire vite, parce que le Lao va nous percuter dans moins de trente secondes!
-Exact! Capitaine Guivre! Prenez cette clef et rendez vous dans la tour principale le plus vite possible! Il y a une porte de pierre dans la salle des banquets, utilisez la clef pour l´ouvrir, et tirez tous les leviers de la machine se trouvant à l´intérieur! Courrez, c´est une question de vie où de mort!
Avant même qu´il eut fini sa phrase, Guivre avait disparu, emportant la clef avec lui. Maintenant, il ne restait plus qu´à espérer qu´il arrive à temps, que ce fameux système fonctionne, et qu´il puisse quelque chose contre un Lao Shan Lung. Ca faisait beaucoup.
En attendant, le Dragon se rapprochait. Il n´était plus qu´à une cinquantaine de mètres, quand une chose incroyable arriva. La forteresse se mit à trembler toute entière et... Elle se mit à avancer!!!
Une forteresse mobile... Y´a pas à dire, l´architecte était VRAIMENT fou.
Je m´asseyais dans un coin et méditais sur la raison pour laquelle jamais rien de ce que je faisais ne se passait comme prévu. J´étais parti pour affronter Jonhy SEUL, et je me retrouvais en compagnie d´une centaine de personnes, sur une forteresse mobile poursuivie par un Lao Shan Lung. Et je me dis à cet instant que si un jour, il me prenait l´envie de raconter mes aventures, personne ne voudrait me croire. Je recouvris mon visage de mes mains et soupirais longuement. C´était vraiment n´importe quoi. N´importe quoi!
-IL NOUS RATTRAPE! ACCÉLÈRE!!!" hurla un homme.
-JE SUIS A FOND, LA!" répondit un autre.
Nalia posa sa main sur mon épaule.
-Un problème?
-Non, non. Mais on ne doit pas avoir l´air fin. Si j´assistais à une scène pareille...
-...tu pourrais te dire: "j´aurais tout vu!"
-Exact. Dis, j´ai la flemme de me lever pour regarder, tu peux me dire où on en est avec le Lao?
-Il gagne du terrain. Peut-être que si on atteint la sortie pourra... Oh, non!
-Quoi?
-Qu´est-ce que la Guilde a fait construire à la sortie de la Gorge Sanglante?
-MERDE! La porte géante!
L´immense porte de bois et d´acier construite à la sortie de la Gorge Sanglante. Le dernier rempart en cas d´invasion. Elle avait la réputation d´être si solide que même un dragon ne pourrait la briser. Si le Lao nous coinçait là, je ne donnais pas cher de nos peaux. Pris entre le marteau et l´enclume. Avec le Lao dans le rôle du marteau. Je bondis sur mes jambes et criais:
-LA PORTE! ON NE POURRA PAS PASSER A CAUSE DE LA PORTE! IL FAUT SE DÉBARRASSER DU LAO AVANT DE L´ATTEINDRE!
A l´entente de ces mots, les yeux des personnes présentes se remplirent de terreur; même Shibe se réveilla.
-APPORTEZ DES MUNITIONS! CHARGEZ LES PIÈCES D´ARTILLERIE! IL VA GOÛTER A NOTRE PUISSANCE DE FEU!" hurla Luffman.
Et les boulets furent amenés de l´armurerie, suivis par les tonneaux de poudre. Une fois que tout fut en place, Luffman leva son épée:
-A MON COMMANDEMENT! FEUUUUU!!!
Les cannons tonnèrent, libérant un déluge de feu et de fumée! Mais malgré leur vitesse et leur masse, les projectiles rebondirent contre la carapace du monstre, sans même l´égratigner!
-APPORTEZ D´AUTRES BOULETS!
Je me ruais vers l´armurerie, saisis un boulet, trébuchais, et m´étalais. Je pris appui sur un coffre se trouvant juste à coté, et le susdit coffre poussa un cri:
-Aïe! Mon doigt!
-Gné?!?
J´ouvris le coffre et y découvris... Un chasseur. Mais pas n´importe quel chasseur! Il portait une armures à base de vélociprey blanc et était armé d´un fusarbalete de type Maëlstrom; et son air faussement idiot me suffit pour le reconnaître:
-TREAR!
-KSAÏ? Qu´est-ce que tu fais ici?
-On discutera plus tard, y´a plus urgent! Par pitié, dis moi que tu as des munitions explosives sur toi!
-J´ai UNE munition explosive sur moi.
-Et c´est toi qui l´a faite?
-Oui, pourqu...
-YAHOU! SUIS MOI, ON RETOURNE LA HAUT!
-Là haut? Mais y´a une bataille, non?
-Elle est terminée depuis longtemps! Dépêche!
Nous sortîmes de l´armurerie vitesse grand "V" et nous courûmes vers le rempart Sud. Quand Trear vit le Lao Shan, il eut un mouvement de recul.
-WAHOU! Un Lao Shan Lung! Et c´est un vrai!!! Gardemine est fichu!
-Justement, non! Si tu fais péter ce Lao, on est tous sauvés! Alors fais ce que tu as à faire!
-Avec plaisir!
Il enclencha la munition dans un chargeur qu´il enclencha à son tour dans le fusarbalète, mit le monstre en joue et... Et rien. Il sembla hésiter, puis baissa son arme.
-Qu´est-ce qui se passe?!?
-Ksaï... Je... J´ai le trac. Je sais pas, je... Je sens que je vais pas y arriver. Je vais encore rater mon coup, je vais créer une catastrophe, je... Tiens." Dit-il en me tendant le fusarbalète. "Il vaut mieux que ce soit toi qui tires.
-Alors c´est comme ça? Tu abandonnes? C´est bien la première fois...
-Il vaut mieux mettre toutes les chances de notre coté, et ne pas confier la tache à un artilleur raté comme moi. Vas-y. Tire.
Je me retournais, et découvris avec horreur que la porte géante était en vue, et qu´elle se rapprochait!
-Trear! Tu m´avais dit que tu voulais devenir le plus grand chasseur du pays! Et voila où tu en es! Au moment de faire tes preuves, tu me lâches! Tu laisse tout tomber! Tu es devenu un raté, c´est ça? Dis moi que je me trompe! DIS LE!
-...
-Tu as devant toi le roi des Dragons! Et tu as le pouvoir de le détruire! Aujourd´hui, c´est TON jour de gloire, et tu veux te défiler? Tu laisses tomber ton rêve! Je me trompe? TREAR! JE ME TROMPE?
-...
-TREAR!
-Oui. Tu te trompes!" dit-il en passant la sangle du fusarbalète sur son épaule gauche.
-A LA BONNE HEURE! ET QU´EST-CE QUE TU VAS FAIRE MAINTENANT?
-Je vais exploser ce Lao.
-J´AI PAS ENTENDU!
-JE VAIS EXPLOSER CE LAO!
-PLUS FORT!
-JE VAIS EXPLOSER CE LAOOOOOOOO!!!
-YAAAAAAAAAARH!!!
-YAAAAAAAAAAAAARH!
-YAAAAAAAAAAAARH!!
-Vous avez l´air de deux débiles." soupira Shibe.
L´artilleur fou -heu...- visa épaula, et...
-ATCHOUM!
La porte géante fut littéralement pulvérisée par la munition explosive de Trear. Au moment où il avait éternué, il avait appuyé sur la gâchette, et le coup était parti... Dans le mauvais sens.
-Treeeeeaaaaaar?
-Ouiiiiiiiiiiiiii?
-Est-ce que tu te rends compte de ce que tu viens de faire?
-Gloups... Je retourne dans mon coffre. Salut!
Maintenant que la porte géante n´était plus qu´un tas de décombres fumants, plus rien n´empêcherait le Lao de pénétrer en Gardemine. Mais fallait voir le bon coté des choses: maintenant, la forteresse pouvait passer...
Mais au moment où elle franchit le tas de débris, elle fut secouée d´un tremblement plus fort que les autres. Je perdis l´équilibre et passais par dessus le mur.
Je franchis les quinze mètres qui me séparaient du sol en moins de deux secondes. Je tombais violemment sur le don, et sentis plusieurs de mes vertèbres se briser. Par réflexe, j´avais déjà saisi ma cruche de potion et bu jusqu´à ce que mes os soient ressoudés. La forteresse continua son chemin comme si de rien était, et je restais allongé là comme un idiot. Je me gardais bien de bouger, car le Lao arrivait. Il passa sans faire attention à moi et continua de poursuivre la forteresse. Je me relevais et contemplais l´énorme emprunte laissé par le monstre sur le tas de gravats issu de la porte. Elle faisait au moins huit mètres de large. Et si sa patte avant gauche avait foulé le sol deux mètres plus à gauche, j´aurais été transformé en crêpe.
Bon, maintenant, fallait réfléchir. Que faire? Le Lao et la forteresse étaient loin, et pas moyen de les rattraper! J´étais dans une impasse.
Le sol se mit à remuer, et une tête émergea des décombres:
-MANYYYYY!!!
-Gné? Qu´est-ce que tu fous là, toi? T´avais pas été bouffé par Dédé?
-Many.
-Si tu le dis...
Je m´apprêtais à partir -où ça? N´importe où.- quand un détail attira mon attention. Sur la falaise, près des ruines, se trouvait une petite porte en métal. Et dessus était gravé un étrange symbole... On aurait dit... Une tête de mosswine bizarre. Ca me rappelait quelque chose, mais quoi? Ah, oui, dans ce livre, là, "Contes et Légendes de Gardemine.". L´histoire débile qui parlait du Lao et du cochon! C´était quoi le titre déjà? Je l´avais sur le bout de la langue! C´était...
-Mosswindorak!" m´exclamais-je.
A ce moment précis, la porte pivota lentement. Révélant un long couloir plongé dans les ténèbres. Hum... Et pourquoi ne pas y entrer? De toutes façons, j´avais rien d´autre à faire -à part discuter avec Many. Mais son vocabulaire étant assez limité...-.
J´allumais une torche et m´engageais dans le passage. Après l´avoir suivi sur une dizaine de mètres, je parvins à une immeeeense grotte, qui aurait pu contenir un Lao tout entier. Mais point de Lao dans celle ci.
Ce qui ne voulait pas dire qu´elle était vide. Au centre, se tenait un immense humanoïde d´acier, dont les mains étaient remplacées par des champignons géants, et dont la tête évoquait celle un mosswine -y´avait même un groin!-. Il était peint en trois couleurs: le rouge, le noir, le blanc, et le jaune -merde, ca fait quatre- et faisait presque deux cent mètres de haut.
Pas possible. La légende était vraie! Je me trouvais face au mosswine d´acier qui avait autrefois vaincu Lao Shan Lung! Le -treuh!- puissant Mosswindorak!!!
Alors tout espoir n´était pas perdu. Restait à savoir comment le mettre en marche. Je m´approchais du pied du colosse et donnais quelques coups contre le métal. Rien. Pas une réaction. Et là, je remarquais un feuille de parchemin collée sur le pied. Je la décrochais et la lut: "MODE D´EMPLOI". Gné?
Quelques minutes plus tard, j´escaladais le colosse -grâce aux échelons prévus à cet effet- pour parvenir au sommet de son crâne. La, une trappe. Je l´ouvris et descendis à l´intérieur de la tête. Il s´y trouvait un siège, un genre de manche à balai et un "panneau de commande". Je pris place et...
-MOSSWINDORAK, GOOOOOOO!!!
/!\ Note de l´auteur: pour cette scène, vous pouvez écouter le thème où le générique de "Goldorak", mais...
Le robot géant décolla, transperçant le plafond de la grotte. Il survola les plaine à la poursuite du Lao, traversant les cieux à une vitesse incroyable! Et je le vis -encore une fois-. Il se trouvait juste au dessous de moi! Je déclenchais l´atterrissage, et le robot se posa lourdement en face du monstre, faisant trembler le sol. Ayant enfin trouvé un adversaire à sa mesure, le dragon se dressa sur ses deux pattes arrières et poussa un puissant rugissement. Et le combat commença!
Je poussais l´unique bouton présent devant moi en criant:
-FULGURO-GROIN!!!
Le groin du robot fut propulsé contre le Lao et explosa! Le monstre bascula en arrière et tomba lourdement au sol!
Je -enfin, le robot- saisis le le dragon par la queue, le fis tournoyer, et le lançais au loin! Il exécuta un superbe vol plané, et avant qu´il n´ait touché le sol...
-RETRO-CHAMPI-LASER!
Un rayon lumineux jaillit des champignons terminant les bras de Mosswindorak, et transperça le Lao en plein vol! Son cadavre inanimé retomba lourdement au sol. Le monstre avait été vaincu. En trente secondes. Hé, bé...
Je descendis du robot géant, et me dirigeais vers la forteresse, qui s´était arrêtée. En franchissant la porte, le levais les bras en signe de victoire! Personne ne prononça un seul mot. Ils me fixèrent tous avec un regard du genre "je suis en train de faire un rêve débile".
Nalia fut la première à rompre le silence:
-Le moins qu´on puisse dire, c´est que tu as réussi ton entrée.
Comme si le charme avait été rompu, une clameur s´éleva de la forteresse, un mélange de cris de victoire, de cris de bonheur... Et de cris de douleur. Trear venait de se recoincer les doigts dans son coffre.
-LE LAO EST TOMBé! VIVE L´ESCRIMEUR LÉGENDAIRE!!!
-Oubliez pas Mosswindorak..." dis-je.
Et pile à ce moment, le robot géant: décolla et disparu dans les cieux.
-Ou est-ce qu´il va?" demanda Angel.
-Daaaaaans l´infini! Deeeees galaxies! Pouuuursuivre sa lutte infernale, du bien contreu le ma*PAF*
-Silence!" ordonna Nalia.
Chapitre XXXII
Partie 2: Tête, quête, livre, et caetera...
C´était une belle nuit. Le ciel était couvert, mais il faisait assez doux, et une légère brise me caressait le visage. Le printemps touchait à sa fin, et bientôt les arbres fruitiers crouleraient sous les pêches, les cerises, les abricots...
Cette soirée aurait été parfaite si je n´avais pas eu à traîner un Agent de la Guilde à moitié assommé derrière moi. Allez, courage... Le Comptoir n´était plus qu´à quelques dizaines de mètres...
Une fois arrivé devant l´entrée, je le réveillais à coups de baffes.
-Gneuh? ARGH, PAS LES CRUCHES!!!
-Du calme, tu es hors de portée...
-Ah? Heu... Hem. Tu n´as qu´à rentrer dans le Comptoir et attendre qu´on t´appelle. Moi, je... Mais?!?
-Quoi?
-MON UNIFORME EST... IL EST COUVERT DE... DE...
-Pas étonnant, je t´ai traîné sur un demi-kilomètre, et les rues ne sont pas très propres...
L´Agent se leva et partit -sans cesser de se plaindre- vers l´arrière du bâtiment. Quand à moi, je passais la porte d´entrée pour me retrouver dans la douce chaleur du Comptoir. Un bon nombre de chasseurs étaient encore debout riant et buvant. En me voyant entrer, ils levèrent leur verre en criant des choses du genre: "Longue vie à l´Escrimeur Légendaire!" ou: "Le terrasseur de Lao est parmi nous!" ou encore: "Hé, elle est où ma -burp- carafe de bière?". Inutile de vous dire que le récit des événements de la Gorge Sanglante s´était répandu à travers tout Gardemine, et que chacun avait sa version de l´histoire...
-T´en as mis, du temps!" s´exclama Shibe.
-Je devais aller voir un truc, et ce n´était pas la porte à coté...
-T´as de la chance, c´est encore l´heure de faire la fête!
Je commandais une bouteille de limonade-amerinsecte, et personne ne poussa de cri de surprise, d´horreur, ou de quoi que ce soit d´autre. Ca fait du bien d´être considéré comme quelqu´un de normal. Je m´adossais au mur et observais la salle et ses occupants.
Shibe racontait ses aventures à un public essentiellement féminin, Raoul engloutissait des quantités impressionnantes de bière, Kenneth jouait avec un crâne humain couvert de sang, Angel mangeait une pomme, et... KOAAAAAA?!? Un crâne humain couvert de sang?!?
-Kenneth..." demandais-je. "Où as-tu trouvé ce crâne?
-Ca? Oh, il n´est pas à moi, il est à mon cousin..." répondit-il distraitement.
-C´est Max qui l´a trouvé?
-Non, c´est le crâne de Max.
-Attends... C´EST LA TÊTE DE MAX?!?
-Moins fort! Le meurtre n´est pas légal ici!
-Le... Le meurtre?!? Mais qu´est-ce que tu as fait?!?
-Ben, je me suis faufilé dans la chambre de Max pendant qu´il dormait, et je lui ai tranché la tête, puis j´ai enlevé la peau. Par contre pour les muscles, trop compliqué de le faire dans le noir, alors je suis sorti de la chambre et j´ai terminé le tra...
-Tu viens de tuer ton cousin! Est-ce que tu t´en rends seulement compte?!?
-Oui, pourquoi? Je lui avais dit: "Max, si tu te trompe encore de direction, je te tue!" Et il n´a pas pris compte de mes avertissements!
Je posais la main sur mon épée, près à dégainer.
-Kenneth, je suis désolé, mais...
Pile à ce moment, les portes du Comptoir s´ouvrirent à la volée, et Max entra, essoufflé,
mais toujours en possession de sa tête!
-Kenneth!" s´exclama-t-il. "Ca fait -arf- des heures que -arf- que je te cherche dans toute la ville! Et tu -arf- tu étais ici?!?
Ni moi, ni Kenneth ne répondirent, trop étonnés pour parler.
-Pourquoi vous me regardez comme ça?" demanda Max. "Bon, aucune importance. Kenneth, tu ne devineras jamais! Je me suis trouvé une fille! Une vraie! En plus, elle est folle de moi! Les chasseurs la font rêver, qu´elle a dit! C´est la fille d´un des dirigeants de la ville, et son père ne sait même pas qu´elle est avec moi!
-Max... Cette fille, elle est où en ce moment?" demandais-je avec hésitation.
-Elle doit être en train de dormir dans ma chambre, pourquoi?
Je me retournais lentement vers Kenneth. La tête qu´il faisait pouvait se résumer en un mot. Et ce mot était: "oups."
-Tu ferais mieux de cacher ce crâne." Murmurais-je.
-Oui." Répondit-il. "Et de quitter la ville le plus vite possible.
-C´est quoi vos messes basses?" demanda Max. "Hé, Kenneth! Tu ne me félicite p...?"
C´est a ce moment précis que Max remarqua le crâne sanglant que tenait Kenneth.
-Marrant ce crâne! Tu l´as eu où?
Kenneth, toujours avec la même expression, mit sa main à la base du crâne et fit bouger la mâchoire avec ses doigts en répondant d´une voix aiguë:
-Max, tu ne me reconnais pas? C´est moi, ta petite amie! J´ai été tuée et décapitée par Kenneth, mais c´était une erreur! Alors tu ferais mieux de lui pardonner, parce que c´est quelqu´un de gentil!
-Kenneth..." articula Max après quelques secondes d´un silence pesant. "Ne me dis pas que tu as...
-Oui, ne lui dit pas que tu m´as décapitée, ça pourrait lui faire de la peine!
-ARRÊTE AVEC CE CRÂNE! CE N´EST PAS UN JOUET, C´EST MA PETITE AMIE!
-Étant donné qu´elle n´est plus en état de le confirmer..." murmura Kenneth.
Et là, je ne pus me retenir:
-Kenneth, tu ferais mieux de partir et de laisser Max et sa fiancée... EN TÊTE A TÊTE!!! MWAHAHAHAHAAAAAAA!!!
Ce fut la goutte d´eau qui fit déborder le vase. Max dégaina une de ses immenses épées et bondit sur Kenneth, qui s´enfuit à toutes jambes:
-Max, tu ne devrais pas être aussi dur avec ton cousin!
-NE JOUE PAS AVEC CE CRÂNE!!!
Et la poursuite se continua, mais hors du Comptoir. Quand à moi, après avoir assisté à cette "touchante" scène familiale, j´avais besoin d´une chaise. Non pas que j´étais trop estomaqué pour tenir debout, c´est juste que si je continuais à me marrer bêtement -suite à ma blague sur le tête à tête-, j´allais finir au sol, plié en deux.
Je m´asseyais à la table la plus proche.
-Eh eh ehhh!!! C´est MA table!
L´homme qui était assis en face de moi devait avoir une quarantaine d´années, et au vu de la cotte de mailles, du casque de fer et de la paire de lames suspendus au dossier de sa chaise, il s´agissait d´un chasseur -bon, il faut dire que nous nous trouvions dans un Comptoir de la Guilde. Et qui vient manger et dormir dans ce genre d´endroits? Des chasseurs, évidemment!-. En face de lui, un encrier et un livre dont il était en train d´écrire les pages à l´aide d´une plume d´oie.
-Vous écrivez quoi?" demandais-je. "Ah, non, laissez moi deviner! Le récit de votre vie?
-Tout à fait! "Mémoires d´un chasseur" par Toutu!
-Et un chasseur-écrivain de plus, un!
-Que veux-tu, je vais prendre ma retraite dans cinq ans, tout au plus. Et pas de chasse égale pas d´argent! Donc, comme les livres de ce genre se vendent bien, je m´assurerais une rentrée d´argent quotidienne! Eh eh ehhh!
-Et vous avez trouvé un mécène pour le faire reproduire et le vendre?
-Non, mais j´ai économisé pour acquérir une presse à imprimer! Dès que j´aurais fini le manuscrit, je le reproduirais à l´aide de cette machine!
-Mouais... d´après ce qu´on m´en a dit, elles sont difficile à utiliser, et il faut une être de constitution solide!
-Je trouverais bien un ou deux amis pour m´aider!
-Bonne chance, et je souhaite à votre livre d´avoir du succès!
-Eh eh ehhh! Merci! Au fait, tu pourrais lire une ou deux pages et me dire ce que tu en pense?
-Pouquoi pas?" dis-je en saisissant l´imposant ouvrage qu´il me tendait. "Voyons... Chapitre quatre... bla bla bla... Gné?
-Quoi?
-Vous avez vraiment affronté trois mille "cannibales mangeurs d´hommes" -je cite- armé d´un simple plat de pommes de terre bouillies?
-Bien sur que non!" avoua-t-il. "Mais les lecteurs adorent ce genre d´histoire! Alors, tu en pense quoi?
-Marrant! Mais pour paraître plus intelligent, vous devriez ajouter des mots compliqués, comme... Euh... Coronoïde!
-Coro quoi? Qu´est-ce que ça veut dire?!?
-Je ne sais plus... Mais c´est marrant comme mot!
-Je croyais que ça devait être compliqué.
-Ben, finalement non. Ce mot est trop rigolo! Coronoïde! Mwhahahaha!
-De toutes façons, je ne compte pas faire un récit "intelligent". Ce sera juste une autobiographie -très- romancée!
-Je l´achèterais à sa parution!
-Eh eh ehhh! Merci! Au fait, il y a un gars couvert de boue qui attend derrière toi!
Je me retournais et tombais face-à-face avec Okolost.
-Le Grand Responsable vous attend..." soupira-t-il.
Je le suivis jusqu´au fond de la salle, et entrais dans le bureau du responsable. Un homme richement habillé m´accueillit à bras ouverts:
-FRANGIIIIIIIIIIIIN!!!" hurla-t-il..
Florentamenos, le responsable du Comptoir de la Cité Royale. Qu´est-ce qu´il fichait là?
-Flo? C´est toi le "Grand Responsable"?
-Oui, j´ai succédé au Grand Responsable de la Guilde précédent lorsqu´il a fait un arrêt cardiaque, il y a un mois! Maintenant, je suis le chef suprême, l´homme le plus puissant après le Roi! Je contrôle toute la Guilde des Chasseurs! C´est pas magnifique, frérot?
-Formidable, mais arrête de m´appeler "frérot". Je ne suis pas ton frère!
-Mais si, tu m´as sauvé la vie, tu fais donc partie de ma famille!
-Non merci. Bon, venons en au fait: qu´est-ce que tu me veux?
-Patience. Tout d´abord, assied toi!
Derrière lui, assis autour d´une grande table ronde, trois hommes -note de l´auteur: Oh, j´ai la flemme de les décrire... Allez, courage.- . Tous des chasseurs. Le premier était assez vieux -je lui aurais donné entre cinquante et soixante ans-, et portait une armure à base de Gypceros -sans casque, comme il était d´usage en cette saison-. Ses cheveux grisonnants lui tombaient jusqu´aux épaules, et son visage était marqué par de nombreuses rides. Le second était beaucoup plus jeune -presque mon âge-. Il était vêtu une armure de Genprey et une épée courte à la lame garnie de crocs était accrochée à sa ceinture. Son crâne rasé était parcouru par une cicatrice qui lui descendait jusqu´à l´arcade sourcilière, son regard reflétait une certaine sournoiserie, et un petit sourire en coin montrait sa confiance en lui. Les pieds posés sur la table, il jouait avec une pièce d´or, l´envoyant dans les airs avec son pouce, puis la rattrapant d´une main. Le troisième, quand à lui, semblait avoir la trentaine. Il était équipé d´une armure de Gravios conçue pour les artilleurs et d´un fusarbalète léger posé contre sa chaise -un "canon Ouranos", si je ne me trompais. Une pièce rare, autrefois produite par un armurier de la Ville de la Montagne. Mais comme la ville avait été détruite dans un glissement de terrain, on en faisait plus, et il ne devait en rester qu´une centaine en circulation.-. Ses cheveux d´un brun clair étaient réunis en une multitude mèches, son regard semblait perdu dans le vague, et ses doigts fins -faits pour le maniement des armes à feu- tapotaient machinalement la surface de la table. Flo les désigna un à un, me les présentant:
-Voila Vladhina -le vieux-, Archeüs -le chauve- et Kenéri -l´artilleur-." puis, s´adressant aux autres: " Messieurs, je vous présente Ksaï, vous en avez sûrement entendu parler sous le nom le nom de "l´Escrimeur Légendaire".
Archeüs fut le seul à montrer un signe de surprise, sous la forme d´un haussement de sourcil. Je saluais ces messieurs d´un bref signe de tête, et pris une chaise. Flo se tourna vers Okolost, qui attendait patiemment à coté de la porte.
-Bon travail, vous pouvez disposer, Agent. Ah, et soignez moi cet uniforme, c´est inadmissible pour un Agent de la Guilde de se promener dans cet état!
Okolost sembla sur le point de protester, mais ne prononça pas un mot, se contentant de me foudroyer du regard.
-Hé, mais il s´appelle pas Agent!" remarquais-je. "Son nom, c´est Oko...
-WAAAAAAH!!!" hurla Okolost.
-Oups, j´oubliais que ton nom est un secret...
-Mais bien sur... " grommela-t-il avant de quitter la pièce.
-Je vais te résumer la situation, frérot!" reprit Flo. "Il y a deux mois, un messager est venu dans ce Comptoir. Il sollicitait l´aide de la Guilde, car un wyvern causait des soucis à son village. Il a donné les informations nécessaires, et a payé 10 000z. Soit 5000z de récompense pour celui qui abattrait le monstre. Comme tu le sais, ce payement équivaut à un monstre dangereux, pour chasseur expérimenté.
-Où tu veux en venir?" demandais-je.
-Patience, écoute la suite. Un groupe de chasseur s´est lancé dans la quête. Des chasseurs chevronnés, enregistrés par la Guilde. Ils ont demandé un délai de deux semaines. Aucun d´entre eux n´est revenu.
-Ils sont morts?
-Nous n´en avions pas la certitude. Le fait était qu´ils avaient dépassé le délai. Leur contrat était donc annulé. Comme ils étaient enregistrés par la Guilde, nous avons envoyé un groupe de nos éléments pour les récupérer au cas où il y ait eu un problème.
-Et?
-Les sauveteurs sont revenus quelques jours plus tard, nous apportant une triste nouvelle: les chasseurs étaient morts jusqu´au dernier. Tués par le monstre, d´après les villageois.
-Coronoïde! Mwahahahaha!
-Quoi?!?
-Non, rien.
-Je reprends. D´autres groupes de chasseurs ont tenté la quête. Tous morts.
-Tous?
-Si je te le dis.
-Coriace, le wyvern!
-Ce n´est pas drôle. A lui tout seul, ce monstre a tué une trentaine de chasseurs. Plus personne n´ose partir l´affronter...
-Et en quoi cela me concerne-t-il?" demandais-je, devinant ce qui allait suivre.
-L´honneur de la Guilde est en jeu." Affirma Flo. "Au cours de son histoire, aucun monstre ciblé par un contrat de la Guilde ne s´en est sorti. Je ne tiens pas à ce qu´il y ait une première fois alors que JE suis Grand Responsable. C´est pourquoi j´ai décidé de réunir les meilleurs chasseurs de Gardemine pour régler le problème.
-Alors c´est vous, les meilleurs?" demandais-je aux trois personnes assises autour de la table.
-Non!" répondit Archeüs. "On est juste les seuls tarés à avoir accepté la quête!
Je portais un regard interrogatif à Flo, qui hocha tristement la tête:
-Personne d´autre n´a voulu y aller. Vous êtes mon dernier espoir!
-Et qu´est-ce qui te dit que je vais accepter de t´aider?
-Frérot! Tu ne peux pas me faire ça! Pense un peu à tous ces pauvres villageois! Ta conscience ne te le pardonneras pas si tu...
-C´est bien beau, la conscience," coupa Archeüs. "Mais ça ne nourrit pas son homme. Pense plutôt à la récompense!
-Cinq mille z? Nous sommes quatre, ce qui nous fait mille deux cent cinquante z chacun. Pas énorme.
-Oho! T´es en retard! La Guilde a puisé dans ses réserves, et a monté la récompense à cinquante mille z! Si tu sais calculer, tu peux voir que ça fait douze-mille cinq-cent z par personne! Sans compter la gloire qu´on va récolter en tuant cette bête!
-Bon, j´accepte. Mais si je le fais, c´est pour la plus noble des raisons...
-LE POGNON!" compléta Archeüs.
-Exact!
-Formidable!" s´exclama Flo en sortant un rouleau de parchemin. "Je vais vous donner les derniers détails... Vous partez donc à quatre...
-Non, à cinq!"
Chapitre XXXII
Partie 3: On y va?
Nalia venait de pénétrer dans la salle, et se dirigeait vers moi.
-Que faites-vous ici?" demanda Flo.
-La porte était ouverte." répondit mon amie... euh, ma femme.
-Voila qui est fâcheux. C´est une réunion de première importance." Soupira le Grand Responsable en tirant une corde descendant du plafond.
Vêtu d´un uniforme propre, Okolost pénétra à son tour dans la salle, et se mit en garde-à-vous.
-Agent, veuillez fermer cette porte et veiller à ce que personne ne rentre." ordonna Flo...
Okolost ferma la porte à double tour, et se plaça devant, à l´intérieur -bien que selon moi, il eut été plus judicieux de se placer à l´extérieur pour empêcher les gens de rentrer. Là, il était juste au bon endroit pour empêcher les gens de sortir...-. Tous les regards se portèrent donc sur Nalia, et je crus bon de la présenter:
-Je vous présente Nalia! C´est une amie à m*PAF!*
Je venais de me prendre une baffe.
-D´accord, d´accord! C´est ma femme, et en plus d´être un chasseuse hors-pair, sa beauté n´a d´égal que son intelligen*PAF!*
-Hypocrite." soupira Nalia.
-...bien qu´elle soit un peu horripilante sur les bords et un brin psychopat*PAF!*
-C´est ça, continue...
-...et qu´elle prenne un malin plaisir à me martyris*PAF!*
-Et fais comme si je n´étais pas là...
-...d´ailleurs, je ne compte pas le nombre de fois où elle m´a sauvagement agressé alors que je suis la gentillesse incarn*PAF!*
-Et puis quoi encore?
-Ce matin, j´ai mangé une pomm*PAF!*
-Oups... Désolée, réflexe.
-Y´a pas de mal -enfin si, un peu... Aïe, quoi.- ...
Flo s´exclama:
-Une autre volontaire? Fantastique!
-Pourquoi veux-tu venir?" demandais-je à Nalia, qui ne répondit pas, et demanda:
-Quel genre de wyvern est-ce?
-Hé bien, d´après la description qui nous en à été faite par le messager, nous pensons qu´il s´agit d´un Monoblos." répondit Flo avec hésitation.
-Vous pensez?
-Oui, car il y a un détail qui cloche dans sa description.
-De quel ordre?
-Il blanc. D´un blanc immaculé. Et beaucoup plus gros qu´un Monoblos normal. Mais bon, le messager a peut-être exagéré, et il ne s´agit peut-être que d´un simple Monoblos...
-...qui a tué trente chasseurs chevronnés!" complétais-je.
-Et un Monoblos ne peut être qualifié de "simple" affirma Kenéri, prenant pour la première fois la parole. "Ils sont aussi anciens que le monde. On dit qu´une fois que l´oeil d´un Monoblos s´est fixé sur un humain, il ne le lâche plus jusqu´à ce que l´un des deux ne meure.
-Et si on lui crève les yeux?" demandais-je en même temps qu´Archeüs.
Kenéri soupira et ne répondit pas.
-Bon, nous perdons du temps!" s´exclama Flo. "Réglons les détails et...
La porte venait de s´ouvrir à la volée, faisant exécuter un superbe vol plané à ce pauvre Okolost, qui se trouvait juste derrière.
Dans l´embrasure, se tenait Raoul, une chope de bière à la main:
-Ksaï! Nalia! Au lieu de rester ici à vous ennuyer, venez vous amuser avec nous! Il ne manque plus que vous, camarades!
-Mais... Qu´est-ce que vous faites ici?!?" demanda -pour la seconde fois- Flo, estomaqué.
-La porte était ouverte..." répondit Raoul.
-Non, elle était fermée à double tour!" se lamenta Flo en contemplant les restes de la serrure qui avait été arrachée par la force colossale de ce bon vieux Raoul.
A ce moment, Okolost se releva, encore sonné. Son masque s´était dénoué et était tombé, découvrant son visage.
-Oh, mon dos...
-T´as perdu ton masque!" remarquais-je en riant.
Une expression d´horreur apparut sur son visage, et il recula en mettant ses mains devant ses yeux et en criant:
-NON, NE ME REGARDEZ PAS! NOOON!!!
Et là, ce fut le drame: il trébucha, partit en arrière, traversa la fenêtre et fit une chute d´un étage. Je me ruais vers ladite fenêtre, et regardais en bas: ouf, il était tombé tête la première dans un baril d´eau croupie, ce qui lui avait sauvé la vie.
-C´était bien la peine de mettre un uniforme propre..." plaisantais-je.
-Bon, inutile de continuer à discuter ici, il n´y a pas moyen d´être tranquille." Soupira Flo. "Suivez moi, on va à la cave.
Nous sortîmes du bureau, descendîmes l´escalier, traversâmes le Comptoir, et descendîmes à la cave.
-Voila" reprit Flo. "Ici, on sera tranquille. Réglons vite ces derniers détails avant qu´une autre cata...
-Salut tout le monde!
Assis sur une pile de barils, un vieillard en guenilles et à la longue barbe nous regardait fixement.
-Qu... Qu´est-ce que vous faites ici?!?" demanda Flo pour la troisième fois.
-C´est plutôt moi qui devrait vous demander ça!" répliqua le vieux. "C´est ma cave, ici!
-Permettez moi de vous détromper. Cette cave est la propriété de la Guilde des Chasseurs.
-Ben plus maintenant!
-Co... Comment?
-Je suis Yorato l´Ermite de la cave, et comme j´habite ici depuis une semaine, cette cave m´appartient. C´est dans la loi.
-Quelle loi?
-La loi des Ermites de la cave!
-C´est cela, oui! Vous avez cinq secondes pour quitter les lieux. Passé ce délai, je vous fais expulser d´ici de force!
-Ah, c´est comme ça? Craignez la vengeance de l´Ermite de la cave!
Sur ce, il alluma une torche et mit le feu à un des barils faisant partie de la pile sur laquelle il se tenait. La lueur de la torche nous permit de lire l´inscription peinte sur les tonneaux. "Poudre". Ah. Voila qui était fâcheux.
-COUREZ!" hurla Archeüs.
Nous remontâmes l´escalier et surgîmes dans le Comptoir en criant:
-ÉVACUEZ LE BÂTIMENT! TOUT VA SAUTER!
Ce fut la panique. Tout le monde sortit en se bousculant et en se piétinant! Seul Kenéri resta à l´intérieur pour aller réveiller les chasseurs dormant à l´étage. Quelques secondes après qu´il fut sorti, le Comptoir EXPLOSA, projetant des débris enflammés à des kilomètres à la ronde!!!
Du grand bâtiment de bois, il ne restait qu´un tas de décombres ravagés par les flammes. Réveillés par l´explosion, les habitants s´organisèrent pour éteindre le feu, formant une chaîne humaine jusqu´au puits le plus proche et faisant circuler des seaux.
-Ce n´est pas possible! Ca va coûter une fortune pour réparer les dégâts et rembourser les pertes matérielles!!! Si je tenais ce maudit Ermite..." pesta Flo. "Bon, je réglerais les formalités moi-même. Frérot! Prends cette carte, le village est indiqué dessus! Et prends aussi ce reçu, il te permettra de récupérer la récompense dans n´importe quel Comptoir, du moment que tu apporte la preuve de la mort du Monoblos! Maintenant, file avant qu´il n´arrive encore quelque chose d´horrible!
Vladhina nous conduisit à sa charrette, attelée de deux herbivores. Le voyage serait donc facile...
-On va où?" demanda l´Ermite de la cave à moitié roussi.
-Laisse moi le temps de regarder la... Gné?!? L´ERMITE DE LA CAVE?!? QU´EST-CE QUE TU FICHES ICI?!?
-Je suis sorti par la porte de derrière!
-La porte de... Oh, et puis zut. Qu´est-ce que tu fais dans cette charrette?!?
-Ben... Vous ne me croirez jamais, mais je viens de perdre ma maison dans une terrible explosion!
-Sans blagues, c´est toi qui l´a fait exploser!!!
-Même pas vrai! De toute façons, je me reconvertis en Ermite de la charrette. C´est pour ça que je suis ici.
-Laissez le où il est, et ne faites pas attention à lui..." dit Vladhina d´une voix lasse. "Mettons nous en route tant qu´il en est encore temps.
Nous grimpâmes sur la charrette, il fouetta les herbivores, et nous partimes....
-Alors, où on va?" redemanda l´Ermite.
-Le village s´appelle... Kokoto." Répondis-je en scrutant la carte à la lueur d´une torche.
-C´est marrant comme nom...
-Oui, c´est coronoïde!
-Quoi?!?
-Non, rien...
Au cours des cinq jours de voyage qui suivirent, j´en appris un peu plus sur mes nouveaux camarades, et... Bon, en fait, je n´appris pas grand chose, car Archeüs était le seul à être un tant soit peu bavard. Vladhina ne desserrait la mâchoire que pour dire des choses du genre "Hue! Yaaaah!" -il s´adressait bien évidemment à l´attelage de la charrette...- ou "On fait halte. Allumez un feu pendant que je m´occupe des herbivores." -il s´adressait à nous, mais encore pour parler de l´attelage. Bah, peut-être qu´à son âge, on devenait taciturne.- , et Kenéri semblait être ailleurs, toujours perdu dans ses pensées... Donc, revenons à Archeüs, comme c´était le seul des trois à pouvoir tenir une conversation. D´après ses dires, ses parents l´avaient abandonné à sa naissance -note de l´auteur: ouh là lààààà, comme c´est triste... Euh, désolé, je reprends.-, et il avait été recueilli par des Melynx, qui l´avaient élevé comme un des leurs -on aura tout vu...-. En grandissant, il avait développé des capacités physiques supérieures, et, ses tuteurs étant ce qu´ils étaient, il était passé maître dans l´art du chapardage, capable de voler un champignon sur le dos d´un mosswine sans que celui-ci ne s´en aperçoive -faut le faire!- . D´ailleurs, pour appuyer ses dires, il m´avait plusieurs fois subtilisé mon arme, sans que je n´aie le temps de réagir. Finalement, je l´avais mis au défi de "chaparder" la lame Lacérator de Nalia. A mon grand étonnement, il avait réussi à toucher l´arme... Mais seulement à la toucher, car un dixième de seconde après, il y avait eu un horrible craquement suivi d´un cri de douleur, et ce pauvre Archeüs n´avait plus senti sa main pendant deux jours... Bon, revenons à son histoire. Arrivé à l´âge de quinze ans, il était retourné vers les siens -les hommes, quoi...-, et avait choisi un des seul métier qui pouvait le faire travailler au contact de la nature tout en lui rapportant un maximum d´argent... Chasseur de monstre! Pendant l´année qui avait suivi, il s´était lancé dans toutes les quêtes qui semblaient en valoir le coup -grosse récompense-, et il était finalement tombé sur une petite annonce, parlant d´un Monoblos qui causait des problèmes à un village éloigné, avec à la clé une énorme récompense...
Voila, c´est tout ce qu´il y avait à dire sur lui.
-Ksaï, réveille-toi!
-Gne gnmui gnméjà gnméveillé..." marmonnais-je, à moitié endormi -essayez de dormir complètement sur une charrette en marche...-.
-Allez, lève-toi et regarde, on est bientôt arrivé!
-Gné?
Je me redressais, me frottais les yeux, et contemplais l´horizon. Devant nous se dressait la chaîne montagneuse du Sud.
-Tu vois cette montagne qui domine toutes les autres?" me demanda Nalia, en me désignant une montagne en forme de cône étroit et irrégulier. "C´est le Mont Kokoto, culminant à plus de quatre mille mètres d´altitude. Le point le plus haut de la chaîne montagneuse du Sud.
-Ah..." répondis-je en baillant. "Comme le village où nous allons s´appelle Kokoto et que cette montagne aussi, j´en déduis que l´un n´est pas loin de l´autre... Coronoïde! MWAHAHAHAAAA*PAF!*
-Un peu de sérieux, je te prie.
-T´étais pas obligée de me frapper... Sadique.
-Tu disais?
-Euh... Rien.
-Mais bien sur...
Nous arrivâmes à destination en début d´après midi. Au pied de la montagne, le village de Kokoto. Un joli petit village. La première chose qui me frappa, ce fut les cerisiers. Il s´agissait d´une variété au tronc épais, aux immenses branches, qui ne donnait pas de fruits, seulement de magnifiques fleurs roses-blanches, qui éclosaient à la fin du printemps. Nous étions arrivés au bon moment: les fleurs étaient ouvertes, et des pétales tombaient, entraînées par une douce brise. C´était presque magique... Presque. Car la moitié du village était en ruine, et l´autre moitié, dans un état... Contestable. Au sol, des empruntes énormes et profondes. Une patte munie de trois griffes supérieures et d´une inférieure. Une patte comme ça pouvait écraser un homme tout entier sans difficulté. Une chose était sure, c´était que ce monstre était énorme. Vraiment énorme.
-Le village est désert." murmura Vladhina de sa voix usée. "Ca va peut-être commencer maintenant.
Il esquissa un sourire et dégaina une énorme lame de forme rectangulaire. Il fut immédiatement imité par Archeüs et Nalia. Quand à moi, je courus vers la charrette pour récupérer mon arme -je l´avais oublié dedans-, puis je les rejoignis. Nous restâmes immobiles pendant une longue minute, attendant que quelque chose se passe. Ce fut Nalia qui rompit finalement le silence:
-Où est Kenéri?
Nous le cherchâmes du regard. Il était allongé contre l´un des cerisiers, et semblait dormir, l´air apaisé.
-Kenéri!" lança Archeüs. "Qu´est-ce que tu fous?
-Il n´y a pas de monstre ici..." répondit-il calmement. "Alors laissez moi en paix.
-Qu´est qu´il en sait, ce fainéant?" grommela Archeüs. "Je t´en foutrais, moi, des "laissez moi en paix"! Il se prend pour qui?
Nous attendîmes encore quelques minutes. Il fallut se rendre à l´évidence: pas de monstre dans les environs.
-Wirk!
Ah, tiens, si!
-Silence, Dédé!
-On était vraiment obligé d´emmener ce Vélociprey avec nous?" demanda Archeüs.
-Non, mais de toutes façons, il nous aurait suivi...
ChapitreXXXII
Partie 4: Contretemps?
Il y eut un grincement, la porte d´une des maisons s´ouvrit, et une vieille femme en sortit. En nous apercevant, elle parut surprise:
-Vous êtes des chasseurs? Je pensais que plus personne n´aurait le courage de venir...
-Nous sommes envoyés par la Guilde pour régler votre problème de monstre." Annonçais-je.
-Comme tous les autres, gamin. Comme tous les autres. Si vous tenez à la vie, rebroussez chemin.
-Vous ne tenez pas à être débarrassé du monstre?
-Non pas que je n´y tiens pas... C´est seulement que ça me ferait mal de voir des jeunes mourir inutilement. Encore une fois.
-Nous ne sommes pas là pour mourir, mais pour vaincre, madame.
-C´est ce qu´ils ont tous dit avant d´y passer. Enfin bon, je vois dans vos yeux que je ne vous ferais pas changer d´avis. Dans ce cas, je vous conseillerais de ne pas vous attarder ici et d´aller directement trouver le monstre.
-On aimerait d´abord voir le chef... Il y en a un ici? Et où sont les autres habitants?
-Les autres? Ils se cachent. Ils ont peur. Et pour le chef, ça oui, il y en a un... Mais n´allez pas le voir, il est un peu... Fou. Oui, fou.
-On a pas le choix, il pourrait nous fournir des informations utiles. On ne sait pratiquement rien de ce monstre.
-Faites comme vous l´entendez, alors... Sa maison est juste à coté." termina-t-elle.
Elle nous salua, puis se dirigea vers le puits situé au centre du village. Archeüs alla chercher Kenéri, et nous nous dirigeâmes vers ladite maison. A l´intérieur étaient entreposés de nombreux sacs et barils, contenant des provisions. Par contre, aucune trace de vie.
-Y´A QUELQU´UN?" hurla Archeüs.
Silence.
-YOU-HOUUUU?" continua-t-il.
-Hé, regardez ce que j´ai trouvé!" s´exclama l´Ermite de la cave.
Je sursautais. J´avais complètement oublié qu´il était avec nous. Il exhibait un petit tonnelet, et un grand sourire se dessinait sur son visage.
-Vous savez ce qu´il y a dans ce tonnelet?" demanda-t-il.
-Quoi?
-De l´herbe à pipe! Du tabac!
-Ah. Et donc?
-Je vais le remplacer par de la poudre! C´est marrant, après, quand on allume une pipe, ça fait plein de fumée noire!
-Fais-le si ça t´amuse, mais nous, on a autre chose à faire." soupirais-je.
-Hé, venez voir ça!" s´exclama Nalia.
Au centre de la maison, à même le sol, une trappe.
-Il y a des gens sous le sol." affirma Kenéri.
-Qu´est ce que t´en sais?" grogna Archeüs.
-Je le sais.
-Évidemment. Question bête...
Nous ouvrîmes la trappe, et descendîmes par l´échelle qui se trouvait là.
A quelques mètres sous la terre, éclairée par des torches, une grande salle avait été aménagé. Une trentaine de personnes s´y trouvait, hommes, femmes et enfants confondus. Ils étaient allongées ou assis à même le sol, en train de manger, de dormir, où tout simplement d´attendre. Au fond de la salle, assis sur un grand siège en bois, un grand homme d´une quarantaine d´années barbu, chevelu, baraqué, armé, et au regard étrange. En nous voyant, il s´exclama:
-Voyez-vous ça! La Guilde nous envoie des nouveaux chasseurs! Approchez, approchez!
Nous fumes contraints de confier nos armes aux villageois, puis nous nous avançâmes.
-Alors, chasseurs! Vous venez pour résoudre nos problèmes, c´est ça?
-C´est..." commençais-je.
-SILENCE!" ordonna-t-il. "Je ne vous ai pas autorisé à parler!
-Je m´en tape!" rétorquais-je.
-COMMENT? JE RECONNAIS BIEN LA LES CHASSEURS DE LA GUILDE! GROSSIERS, IVROGNES ET MENTEURS! APRÈS NOUS AVOIR ENVOYé CE MONSTRE, ILS NOUS ENVOIENT DES VOLEURS!
-C´est moi, où ce qu´il dit n´a aucun sens?" demanda Archeüs.
-Il a perdu le chemin de la raison." murmura Kenéri. "On ne peut rien pour lui.
-VOUS ÊTES LA POUR DÉTRUIRE MON VILLAGE! MAIS JE NE VOUS LAISSERAIS PAS FAIRE!!!" continua le chef.
-Nous sommes là pour une chose, et une seule." Affirma Vladhina, sur un ton dur, n´admettant aucune réplique. "Nous allons affronter ce monstre, et personne ne nous en empêchera.
-MENSONGES!" hurla le chef. "SORTEZ D´ICI ET NE REVENEZ JAMAIS!
-Nous ferions mieux de partir d´ici et de trouver le monstre par nos propres moyens. " chuchota Nalia. "N´empirons pas la situation.
-Excusez moi?" demandais-je, m´adressant à toute la salle, sous le regard horrifié de Nalia. "Quelqu´un pourrait-il prêter un cerveau en état de marche au chef? Il en a grandement besoin!
-Ksaï, silence! Tu veux notre mort, où quoi?" ordonna-t-elle.
-Un cerveau en état de marche?" demanda Archeüs en riant. "Tu plaisantes! En état de marche ou pas, y´a pas d´emplacement prévu pour un cerveau dans la tête de ce malade!
-VOUS ALLEZ PAYER POUR VOTRE INSOLENCE! SAISISSEZ VOUS D´EUX! ILS VONT SERVIR DE PRÉSENT AU MONSTRE!
En moins de temps qu´il ne faut pour le dire, nous fûmes encerclés, enfermés dans une cage, et laissés ainsi en plein milieu du village.
-C´est malin!" s´exclama Nalia en nous foudroyant du regard, Archeüs et moi. "Vous n´auriez pas pu vous taire?
-Nan!" répliquais-je en même temps qu´Archeüs.
La cage métallique n´était pas très grande -juste assez de place pour nous cinq-, et si Nalia se prenait l´envie de m´étriper, je ne pourrais sûrement pas lui échapper. Je décidais donc de ne rien ajouter d´autre.
Archeüs pouffait de rire en repensant au chef, Kenéri était assis dans son coin, toujours l´air ailleurs, Nalia me portait un regard plein de reproches, et Vladhina tenait fermement les barreaux de la cage , l´air désespéré, et marmonnant des choses du genre: "Non, pas comme ça. Pas comme ça! Non!"
-Hé, Vladhina!" lançais-je. "Inutile de s´en faire, on trouvera bien un moyen de sortir!
-Ah oui? Facile à dire, d´autant plus que tu es un des principaux responsables de notre situation! Regarde nous! On est enfermés dans une cage en métal, en plein milieu d´un village désert, à attendre qu´un wyvern vienne nous dévorer! Ca ne devait pas finir comme ça! Non, pas comme ça!
-Mais si, on va sortir d´ici, on va écrabouiller ce Monoblos, et on va rentrer et toucher la récompense! C´est aussi simple que ça.
Il partit d´un rire sans joie.
-Évidemment! C´est simple, on va remporter ce combat! Non, mais tu es aussi fou que ce chef, aussi fou que tous ceux qui sont venus affronter ce monstre!
-Je te rappelle que toi aussi, tu es venu l´affronter!
-Oui, mais pas pour les mêmes raisons. La gloire et l´argent ne m´intéressent pas, pas plus que le destin de ce village.
-Ah? Alors t´es la pour quoi?
Il se plaça bien en face de moi.
-Regarde moi. Regarde moi! D´après toi, qu´est-ce que je suis?
-Euh... C´est une question piège?
-Je suis vieux! Vieux! Mes articulations se font douloureuses, mes muscles sont de plus en plus faibles, ma vue et mes réflexes diminuent, je me fatigue plus vite qu´auparavant...
-Et alors?
-Je suis un chasseur. Je l´ai toujours été. Toute ma vie, je l´ai passé à affronter des monstres plus dangereux les uns que les autres. Mon existence a été rythmé par les chocs des armes contre les carapaces, par l´odeur des flammes et du sang! Je ne me sens vivant que lorsque je chasse! Et me voila à la fin. J´ai soixante-trois ans, et je suis usé. J´ai fait mon temps. Bientôt, je devrais prendre ma retraite, tout arrêter, et attendre la mort. Ma vie n´aura plus aucun sens. Et ça, je ne veux pas. Si je suis venu affronter ce monstre que l´on dit invincible, ce n´est pas pour le terrasser. C´est pour mourir au combat. Ce sera ma dernière bataille, celle qui m´apportera l´apaisement, le repos éternel. C´est pourquoi je ne veux pas mourir ainsi, dans cette cage, sans défense. Quand le Monoblos arrivera, je veux avoir une arme au poing. Je veux me précipiter au combat en hurlant, comme je l´ai toujours fait! Je veux entendre mon arme et sa carapace s´entrechoquer! Je veux sentir l´excitation qu´apporte le combat! Je veux croire à la victoire, une dernière fois!
Il fit une pause, puis il ajouta:
-Et enfin, je veux mourir, vaincu par ce monstre. Toi qui te fais surnommer l´Escrimeur Légendaire, tu devrais me comprendre!
Je restais silencieux quelques secondes. La complainte d´un chasseur qui avait le choix entre mourir et ne plus vivre.
-Dites moi, est-ce qu´il y a quelqu´un d´autre qui est aussi pessimiste sur le dénouement de cette bataille?" demandais-je. "Tiens, Kenéri! Tu as confiance, hein? On va gagner?
-Gagner?" répondit-il. "Qui sait? Si je suis ici, c´est d´abord pour voir le Wyvern-esprit de mes yeux. Quand à savoir ce qui se passera ensuite...
-Décidément... Et toi Archeüs?
-Je suis là pour le pognon." affirma-t-il avec un sourire.
-Je te demandais si tu avais confiance.
-Ah. Hé bien... Euh... On verra. Oui, on verra.
-C´est pas vrai, ça! Nalia! Dis moi que tu as confiance!
-Je ne sais pas." Dit-elle, une légère inquiétude transparaissant dans ses paroles. "Maintenant que je suis là, j´ai comme une intuition, qui me dit de ne pas y aller. Comme une voix qui me murmurerait: "abandonne tout espoir". Je n´ai jamais senti ça avant.
-Le wyvern-esprit." Murmura Kenéri. "Le wyvern-esprit vole leur force aux hommes. Vous le sentez? Vous êtes déjà en train de perdre confiance.
-C´est quoi ces idioties?" demandais-je. "Je ne sens rien du tout! Qu´est-ce que vous avez tous?
Bon, fallait leur remonter le moral.
-Tenez, ça me rappelle une bonne blague! Alors c´est un gamin attardé qui rentre dans une boulangerie. Il demande "Bôjour, je voudrais un gatô!" La boulangère lui répond: "Bien sur, quel genre de gâteau?" et lui, il répond: "Beu je sais pâ, c´est pour l´anniversaire de ma petite soeur! Elle s´appelle Pétale!" Et la, la boulangère dit: "Pétale? C´est un joli nom, ça, et très original!" Et le gamin attardé répond: "Bé oui, c´est quand elle est née, y´a une pétale qui est tombée sur sa tête, alors mes parents y l´ont appelé Pétale!" Alors la boulangère demande: "C´est une belle histoire. Et toi, comment tu t´appelle?" et il répond: "Poutrelle!" MWAHAHAHAHAHAHAHAHAAAAA!!!
Archeüs éclata de rire, mais les autres me portèrent un regard empli de mépris -Vladhina-, d´indifférence -Kenéri-, ou d´exaspération -Nalia-.
-Je n´ai même plus le courage de te mettre une baffe." Soupira Nalia.
Bon, fallait trouver autre chose. Comme le moyen de sortir de cette cage, par exemple.
Un grincement. La porte de la maison du chef s´ouvrit, et une vingtaine de villageois en sortirent. Ils portaient nos armes. Ils se dirigèrent vers nous, et l´un deux déverrouilla la porte de la cage.
-Reprenez vos armes, vous êtes libres" dit-il.
-Comment?" demanda Archeüs, incrédule.
-Vous êtes libre.
-Le chef ne nous en veut plus?
-Notre chef est mort. Il a voulu fumer une pipe, et au moment où il l´a allumé, elle lui a explosé à la figure. Sa tête à été pulvérisé. Il semblerait que quelqu´un ait remplacé le tabac par de la poudre.
-Je savais que fumer était dangereux pour le cerveau!" s´exclama l´Ermite de la cave, sortant de nulle part.
-Toujours est-il que c´est mieux ainsi. Il était fou. Fou à lier. Mais il était fort. C´est pourquoi nous étions obligés de lui obéir.
-Merci qui?" demanda l´Ermite.
-Maintenant que vous êtes libres, vous avez le choix. Vous pouvez partir, ou rester ici et affronter le monstre. Mais je vous préviens...
-Oui, oui, on sait, il est dangereux, et tout, et tout. Mais je n´ai pas fait tout ce chemin pour rentrer directement. Je l´affronterais donc." affirmais-je.
-Moi de même." dit Vladhina. "Ce sera ma dernière bataille, et la meilleure de toutes.
-Je reste, pour le pognon!" s´exclama Archeüs.
-Je tiens à voir le wyvern-esprit." Murmura Kenéri.
-Où tu iras, j´irais." termina Nalia en s´adressant à moi.
-Alors je vous souhaite bonne chance. Nous sommes de tout coeur avec vous, même si l´espoir nous manque..." soupira le villageois.
Kenéri porta son regard sur le Mont Kokoto, et je crus le voir esquisser un sourire:
-Il est là-haut." murmura-t-il.
-Qui est-ce qui est l... Ah, le Monoblos? Comment tu peux en être sur?" demandais-je, peu convaincu.
-Je le sais, c´est tout. Il est là-haut.
-Au sommet?
-Au sommet.
-Mais bien sur... Quel intérêt aurait-il à se trouver au sommet de cette montagne? Il serait à l´étroit, loin de toute nourriture, et il aurait pas l´air c...
-Euh... Les gars?" demanda Archeüs. "Vous feriez mieux de venir voir ça!
Il avait sorti une longue-vue de sa besace, et scrutait la montagne.
-Prem´s!" m´exclamais-je en lui arrachant la longue vue des mains.
Je fixais le sommet enneigé de la montagne et réglais la netteté en faisant légèrement pivoter l´extrémité de la lunette. Ce que je vis alors me laissa sans voix. Le Monoblos était là, en équilibre sur le sommet -gné?!?-, et il était blanc!!! Blanc comme neige!
-Mais qu´est-ce qu´il fout en équilibre sur le sommet?!?" demandais-je, incrédule.
-Peut-être qu´il aime prendre les gens de haut!" plaisanta Archeüs.
-On est en bas, il est en haut." dit Nalia. "Vous savez ce que ça veut dire?
-On attend qu´il descende?" risquais-je.
-Non. C´est nous qui montons!
-C´est ce que je craignais..." soupirais-je. "J´espère que quelqu´un a pris des breuvages chauds...
Ah, l´escalade! Quelle saine activité... D´abord, il faut attacher tout le monde avec une corde -utile, la corde: c´est pour être sûr que si il y en a un qui tombe, tous les autres le suivent-. Ensuite, il faut rester collé à une paroi, planter des petits piquets dessus, passer la corde dans les petits piquets -pour être sur de pas la perdre-, grimper de quelques mètres, et répéter l´opération -à partir de "planter les petits piquets dans la paroi", hein. Non, parce que si on recommence à partir du tout début, ça veut dire qu´il faut réattacher la corde sur tous ceux qui escaladent. Et essayez d´attacher une corde sur vos amis quand vous êtes plaqués à une paroi, à plusieurs centaines de mètres du sol! Vous risquez de tomber, et c´est là que la corde trouve toute son utilité: tout le monde vous suit!-.
Bon, tout ça pour dire que l´ascension de cette %@&# de montagne nous prit trois jours -tiens, pour comparer, le Mont Lao, qui était pourtant plus haut, ne nous avait pris que deux jours! Évidemment, il était bien plus praticable, on pouvait le gravir à pieds sur presque toute sa hauteur.-. Et encore, nous avions eu de la chance, le soleil avait été au beau fixe pendant toute la durée de l´ascension.
Et enfin, nous parvînmes au sommet. Dans les environs du sommet, pour être exact. Parce que le sommet du sommet -hem- était TOUJOURS occupé par le Monoblos -qui n´avait pas bougé depuis trois jours...-. Nous nous trouvions donc à une vingtaine de mètres en contrebas du monstre.
-Il ne bouge pas..." remarquais-je.
-Peut-être qu´il a gelé!" s´esclaffa Archeüs. "Ce serait con!
Chapitre XXXII
Partie 5: La chute d´un ange.
C´est là que tout bascula.
Le wyvern ouvrit les yeux, et porta son regard sur nous. A ce moment, je ressentis quelque chose de désagréable. L´impression d´avoir été plongé dans de l´eau froide juste après avoir fait une sieste au soleil.
C´était comme si le Monoblos avait révélé sa vraie nature. Un monstre bipède de presque trente mètres de long et de dix de haut, doté d´une queue garnie d´épines, de deux lourdes ailes, d´un bec acéré, d´une large crête, et d´une immense corne d´ivoire. J´avais dit plus tôt qu´il était blanc comme neige; et bien je me trompais. A coté de lui, la neige elle-même semblait être d´un gris terne. Et ses yeux. Ses yeux! Des yeux écarlates, plus profonds que le plus profond des lacs.
Mon impression de malaise fit place à une autre sensation, plus désagréable encore. La sensation de vide que provoque le désespoir. Plus aucune envie de sourire, de me moquer des autres, de sortir une blague stupide... Voila ce que Kenéri voulait dire par "il vole la force des hommes". Cette bête détruisait tout espoir dans notre coeur, nous privant de notre force. Voila comment il avait vaincu tous ceux qui l´avaient affronté. Mais pas question de me laisser avoir. J´avais déjà combattu pire que le désespoir: la peur en personne, incarnée par le dragon mythique... Fatalis. Et j´avais su me dominer. Alors ce n´était pas un petit wyvern de rien du tout qui allait me décourager!
Je me tournais vers mes compagnons. Leur regard était vide, leur visage sans joie.
-Kenéri!" m´exclamais-je. "Dégaine et envoie-lui une munition explosive dans la tronche!
-Ca ne servira à rien. Nous sommes déjà sous son emprise. Il n´y a plus rien à...
-Tu discuteras après avoir tiré! FEU!
-Si tu y tiens...
Il arma son fusarbalète, y enclencha une cartouche, et fit feu. La munition explosa sur le flanc du monstre, le déséquilibrant complètement! Il vacilla, puis tomba et dévala la pente en roulé boulé! Nous eûmes tout juste le temps de nous jeter sur le coté avant qu´il ne nous écrase.
Ce fut comme si le charme avait été rompu. Je ne sentais plus sa présence oppressante.
-Joli tir!" commenta Archeüs.
-J´ai réussi à toucher le wyvern-esprit..." murmura Kenéri. "Si j´ai pu le faire une fois, je peux le refaire! Qu´attendons nous? Poursuivons-le! Allons l´affronter!
Je regardais en contrebas. Le monstre poursuivait sa descente incontrôlée de la montagne, et comme il était parti, il serait arrivé à Kokoto dans moins d´une dizaine de minutes... Ouch.
-Ben il a pris de l´avance..." commençais-je. "On a intérêt à descendre vite fait d´ici, car quelque chose me dit que Kokoto va avoir des problèmes...
-Alors allons-y!" S´exclama Vladhina avec un sourire féroce. "Il fait trop froid ici, mes os me font souffrir le martyr!
La descente fut beaucoup plus simple, et elle ne nous prit qu´une demi-journée. Mais c´était une demi journée de trop! Car pendant ce temps, Monoblos avait déchaîné sa colère contre le petit village, et il ne restait plus aucune maison debout! Nous voyant arriver, le monstre poussa un cri assourdissant, dressant sa tête vers le ciel. Le vrai combat allait commencer maintenant!
-Souvenez-vous" nous rappela Nalia. "Si vous sentez le désespoir naître en vous, repensez à ce monstre en train de dévaler la pente en roulé-boulé! Ca lui ôtera tout sérieux!
-Je préfère repenser à la blague du gamin attardé dans la boulangerie!" s´esclaffa Archeüs.
-Et moi, au mot "coronoïde"! MWAHAHAHAHAAAA!!!" m´exclamais-je.
-Chacun sa méthode..." soupira Nalia!
Vladhina fut le premier à charger le monstre, en hurlant de joie. Il fut suivi par Nalia, et soutenu par les tirs de Kenéri. Pendant ce temps, Archeüs me raconta la blague des marins alcooliques -comme si c´était le moment-, et après avoir bien rigolé, nous montâmes à l´assaut.
Je me ruais sur la bête, et lui portais un coup sur la seule partie qu´il m´était possible d´atteindre: les jambes. Ma lame ricocha, faisant vibrer tout mon bras. Je m´écartais en hâte pour éviter d´être écrasé, et repassais à l´attaque. Même résultat. Impossible d´entamer sa carapace, dure comme de la pierre.
-Il faut trouver un point faible!" cria Kenéri, ne rencontrant guère plus de succès que moi avec ses munitions perforantes.
-Si il en à un!" répondit Archeüs.
Le combat se prolongea, et je perdis la notion du temps. Combattions nous depuis quelques minutes où plusieurs heures? Aucune idée. Ce qui était sûr, c´était que je me fatiguais de plus en plus. Vladhina était le seul d´entre-nous qui semblait croire en la victoire. Il frappait le monstre partout où il lui était possible de frapper, sa lame dégageant d´énormes flammes à chaque impact, faisant apparaître des traces de roussi sur la carapace jusque là immaculée du wyvern. Il hurlait de joie à chaque coup porté, riait à chaque fois qu´il esquivait une attaque du monstre... Bref, il était heureux. Mais il était le seul.
Il fallut se rendre à l´évidence: le Monoblos était invulnérable. Aucun de nos coups n´avait encore atteint ses chairs.
Me souvenant de la question posée à l´unisson avec Archeüs au Comptoir de la Ville de la Forêt, je décidais de m´en prendre au seul point que je pensais vulnérable: ses yeux! Ca n´allait pas être une tache facile, car ils étaient petits, enfoncés dans sa carapace, et sur sa tête -logique- . Et comme sa tête n´était possible à atteindre qu´au moment où il chargeait, corne en avant...
Je fouillais ma sacoche; il devait bien s´y trouver un couteau de lancer acheté par hasard "au cas où"... Mon attention étant presque entièrement captée par cette tache, je ne la vis pas arriver. Une queue massive, aux bords garnis d´épines, et balayant le sol comme pour le débarrasser de sa poussière. Le choc fut terrible, et je fus éjecté dans les airs, avant d´atterrir lourdement sur le sol. Plusieurs de mes os devaient être brisé, et les épines avaient pénétré mes cuisses, provoquant, entre autres, un saignement abondant et une douleur peu supportable. Encore sonné par le choc, mon premier réflexe fut d´attraper ma cruche de potion et d´en boire le maximum possible en un temps minimum.
Un cri déchira l´air. Un cri d´une pureté cristalline, mais un cri déchirant, un cri de douleur et de tristesse. Il s´éleva vers le ciel, semblant remplir l´air environnant, puis se tut.
Nalia était morte.
J´observais, impuissant, son corps transpercé par la corne du Monoblos s´abattre au sol. Le temps semblait s´être étiré, s´écoulant lentement. Je voulus crier, mais j´avais le souffle coupé. Le voulus courir, mais mes jambes étaient comme prises dans de la glace. Puis le temps reprit son cours. Le monstre rugit de contentement. Il avait tué un humain de plus. Je me ruais vers le corps inerte gisant au sol. Son armure en Plesioth avait été traversée sans aucune difficulté. La corne avait pénétré en plein centre de la poitrine, lui arrachant le coeur, et ne lui laissant que le temps de pousser ce cri bref et déchirant. Sur son visage, aucune expression de surprise où de douleur. Juste de la tristesse. Nalia, ma Nalia n´était plus de ce monde! Je n´arrivais pas à réaliser.
-KSAAAAAÏ!!! BOUUUUGE!!!
Je me retournais. La bête me fonçait droit dessus, corne en avant. C´était la fin.
Ou pas.
Je saisis mon épée, et la lançais sur le monstre, hurlant de toute mes forces. La lame tournoya dans les airs et percuta la tête du wyvern et s´enfonça profondément entre ses deux yeux. Arrêté net dans son élan, le Monoblos leva la tête vers le ciel en poussant un cri si puissant que je crus que mes tympans allaient exploser. Puis, dans un dernier râle, il s´effondra sur le flanc, et expira.
La bête du Mont Kokoto était vaincue.
Je restais debout plusieurs minutes, devant le cadavre du monstre, les poings serrés, mes ongles s´enfonçant dans mes paumes. Puis je me retournais vers le corps de Nalia. Le sang s´était épanoui sur le sol, formant une fleur écarlate. Je m´agenouillais près d´elle, et me mis à pleurer.
Le soleil brillait. Une douce brise me caressait le visage. Il faisait doux. Les pétales des cerisiers volaient autour de moi. Ca aurait pu être une fin de journée parfaite. Le début de l´été.
Je remarquais que le monde me paraissait beaucoup moins joyeux. Plus envie de rire. Plus du tout.
Les sons commençaient à me parvenir de nouveau. J´entendais Vladhina murmurer "Pourquoi? C´est ma vie qu´il devait prendre pas la sienne! Pas la sienne....", Kenéri psalmodier un genre de prière dans un dialecte que je ne connaissais pas, et les villageois -sortis de leur abri- parler à voix basse.
Archeüs posa sa main sur mon épaule.
-Je ne sais pas comment te le dire, mais... Je suis désolé pour toi...
-Désolé pour moi? Ce n´est pas pour moi qu´il faut être désolé!" répondis-je sans joie. "Moi, je suis en vie et en bonne santé!
Je sortis ma pelle, et me dirigeais vers un des immenses cerisiers. A son pied, je me mis à creuser, lentement, méthodiquement, en essayant de ne penser à rien. Puis je retournais vers le corps de mon amie, le soulevais, et le déposais dans la tombe, les bras sur sa poitrine. Elle semblait dormir.
-Est-ce que l´un d´entre vous s´oppose à ce qu´elle repose ici?" demandais-je, m´adressant aux villageois.
Aucune réponse. Juste des signes de têtes négatifs.
Je commençais à reboucher le trou, tout aussi lentement que je l´avais creusé. Une fois cette tache accomplie, je me tournais vers mes compagnons.
-Rentrez sans moi.
-Hein?
-Rentrez sans moi. Je vais demeurer ici.
-Mais... Tu es sur que tu..." commença Archeüs.
-Non, je n´ai pas besoin qu´on s´apitoie sur moi. Alors dépêchez-vous de rentrer.
-...
-Ah, j´oubliais: je vous laisse ma part de la récompense. Et n´oubliez pas d´emporter une partie de cette saloperie comme preuve. Par contre, laissez moi la corne.
-Je... Bon, d´accord. Salut, l´Escrimeur, et peut-être à une prochaine fois.
-Peut-être... Bonne route!
Je soupirais et me dirigeais vers les ruines du village. Y´avait du boulot pour tout reconstruire...
Épilogue:
Qu´y a-t-il à raconter d´autre?
Dans les années qui suivirent, mon histoire se répandit dans tout Gardemine, au point de devenir une légende, une de ces histoires qu´on raconte aux gamins avant de les endormir.
Quand à moi, je restais à Kokoto, mettant un terme à mon activité de chasseur. Je me bâtis une maison juste en face du cerisier sous lequel était enterrée Nalia. Au bout d´une dizaine d´années, je finis par être élu chef du village, poste que j´occupe toujours. Et le temps continua sa course.
J´ai aujourd´hui atteint l´âge vénérable de trois cent vingt-sept ans -quand à savoir pourquoi la nature m´a accordé une telle longévité alors que ma vie n´a plus aucun goût...-, je suis vieux et rabougri...
Peu de gens se souviennent de mon nom et de ma vraie histoire. Pour Gardemine, je suis "le Héros de Kokoto" -et vlan, un autre surnom débile!-, et pour les habitants du village, je suis "le chef". Parlons-en, du village. Il a la réputation d´être le berceau des meilleurs chasseurs de la région. Peut-être est-ce du à l´école d´entraînement que Raoul a bâti quand il est venu s´installer ici -école qui est actuellement tenue par son petit-fils-. Un Comptoir de la Guilde y a même été bâti.
Quand j´ai dit avoir mis un terme à mon activité de chasseur, je n´étais pas tout à fait exact. Je chasse encore, mais pour défendre le village -rarement, donc-. Mais ça n´a rien à voir avec la chasse qu´on pratiquait dans le temps. Les wyverns sont moins nombreuses, et me semblent plus petites, moins coriaces... La le progrès et la chasse ont fini par poser leur emprunte. Bah, quelle importance. Je suis vieux et las, j´ai autre chose à faire que de m´intéresser à la bonne marche du monde...
Quand les affaires du village ne me donnent pas matière à travailler, je vais passer du temps au Comptoir, raconter des histoires à qui veut bien les entendre. Le soir, avant de me coucher, j´observe longuement la tombe sous le cerisier, complétée par quelques blocs de granit, sur laquelle mon épée est en train de prendre la rouille. Et c´est là que je me dis: "Durant toute mon existence, je n´ai vraiment vécu que pendant six mois... C´est court, six mois."
De tous les personnages qui sont apparus dans cette histoire, il n´en reste que trois encore en vie. Le premier est Florentamenos, le responsable suprême de la Guilde, mon pseudo-frère... Le second est le gars qui vendait des légume dans les marais, il est maintenant connu sous le nom de "l´Ancien aux légumes". Il est un peu fou... Et le troisième, ben... C´est moi. Nous sommes les derniers témoins d´une époque révolue... Une époque lointaine... Une époque de légendes.
Tout ça pour dire que si, un jour, par le plus grand des hasards, vous passez par un petit village nommé Kokoto, et que si, dans ce même village, vous voyez un petit vieux rabougri planté comme un piquet devant sa maison... N´hésitez pas à vous moquer de lui: j´aurais fait pareil à votre place!
FIN
voici la liste des forumeur ayant participé a cette fic:
Dragon_hunter => Dragonépée de feu(épée lg)/ Rathalos ag
Razormatt => Esprit maudit (epée+bouciler) / Fatalis
-ScArFaCe69-(alias Edouard) => Katana Gospel(epée lg)/ Rathalos
Rathalos_Angel (alias Angel ´rth blstr) => Double Dragon Ultimus(dual)/ Fatalis
Ultimate3 (alias Huiltimate) => Pointe-de-Foudre(épée+bouclier)/ Haut Acier
Kakashi03 (alias Shibe) => Lame Wyvern Brillant(épée+bouclier)/ Garuga
Legolas83 (alias Kobra) => Eclair Kirin Kami (épée+bouclier) / Kirin
Jack dalton => Proto Lanceflingue(lance)/ Diablos Noir
Trear => Maelstrom(fusarb.)/ Velociprey D
9_Feanor_9 (alias Pyro) => Rien.
Magicdjuju (alias Dark, ´f) => Tempete de balles(Fusarb.)/ Basarios
Fatateam 1 (alias Guivre) => Epieu Venin Gravios(lance)/ Fatalis Pourpre
Raguel (´f~) => Canon Lao (Fusarb.) / Rathian or
Dark_Prince_909 (alias Caleb ´Ksh) => Schisme (duals) / Rathalos azur
Luffman (le tueur de céphalos) => Croc de Vipere+ (épée + bouclier) / Cephalos
Killer474 (alias Pepito ) => Falchion Brulant (épée + bouclier) / Rathalos
Hentriss => Trancheur du Demon (épée lg) / Monoblos
Lemetru (alias Stalker) => Couverts du Glouton (Duals) / Velociprey (csp)
Silver_Hunter (alias Blade) => Rien.
Packapacka (alias Johny,´b) => Falchion Doré (épée+bouclier) / Diablos Nr
Flex78 (alias Saladin) => Pte de Foudre (épée+bouclier) / Kut-ku Bleu
Dul_the_best (alias Dul, ´f-b) => Tessens du Loup (duals ´evt)/ Gravios Noir
Kangoobatar (alias El Pizzaïolo) => Falchion Doré (épée+bouclier)/ Metal argenté
Dodoc5 (alias le Dépeceur) => Epée Tonnerre Royale(épée lg)/ Khezu
Vladdhina (alias Vladhina) => Lame Barbaroi(épée lg) / Gypceros
xXx11 (alias Hung) => Haut Ifrit (épée+bouclier) / Bois
Mini-jug (alias Arkelor) => Rien
Bramouzouk (alias Kratos) => Epée de fer(épée lg) / Cuir
Themonstermany (alias Many) => Rien
Florent30 (alias Flo) => Rien
Mc_hunter (alias Kim ´f) => Guillotine (Duals)/ Rien
Olokost => Un tas de lames qui servent a rien / Uniforme de la Guilde
YianGaruga (alias Kenneth ´cRn ´f1 ) => Malédiction du Chat (épée lg) / Rathalos & chapeau haut-de-forme rempli de bombes flash.
Max_d_anarchy (alias Max Louf) => Dragonépée rouge & Trancheur du démon (en lames doubles) / Loprey
Melinx (alias Archëus) => Croc de vipere (épée+bcl) / Genprey
Arthur369 (alias Trok) => Lames golem (épée lg) / Cephalos
Tikev_the_king (alias Kenéri) => Canon Ouranos (fusarb.) / Gravios
Yorato (alias Yorato l´ermite de la cave) => Rien / Gueunilles
bon lecture
mdr tu va avoir des stats à la con avec tout ce c/c xD
tu ma oublié!!!
itachi_22(itachi) full rathalos argenté et essayant de chevaucher un rathalos argentée