Chapitre XX
Partie 3 : Une triste victoire…
Nous fumes désignés pour une mission de reconnaissance. Nous devions localiser le lieu de rassemblement de l´armée de Jonhy -décidemment, quel nom bizzarre...- et evaluer ses forces.
-Et surtout, une fois la mission accomplie, revenez immediatement. Nous ne sommes que sept à savoir nous battre, et nous ne connaissons pas la force de l´ennemi. Notre seul moyen de gagner, c´est de se battre en défense.
-Pas de probleme, chef.
Apres avoir pris quelques breuvages frais, sortimes du village. Nalia me fit un signe:
-Ksaï...
-Oui?
-Soit prudent!
-Pas de pro... Hé, tant de bienveillance, ça ne te ressemble p...
Le couteau de lancer qu´elle venait de m´envoyer frola ma tete.
-Glp... J´ai rien dit...
-Bonne chance!
A une cinquantaine de metres de la derniere maison, le desert reprenait ses droits: des dunes, des dunes, et encore des dunes. Nous nous engageames à travers ces montagnes de sables, peinant à avancer. A voir le soleil, il devait etre aux environs de onze heures. Nous avions une heure pour trouver l´armée, l´estimer, et revenir. Ca allait etre tres juste...
Au bout de trois quarts d´heure, nous avions déja parcouru dix kilometres.
-A mon avis, on les trouvera pas. On ferait mieux de rentrer avant l´attaque.
-D´accord. Un passe juste une derniere dune, et si il n´y a rien, on rentre.
-Ca marche.
La derniere dune fut de loin la plus difficile à escalader. Mais arrivés au sommet, ce fut le choc.
A nos pieds, une cinquantaine de metres plus bas, sur un espace de sable plat d´environ un demi hectare, des dizaines de Kut-ku... Chevauchés par des hommes armés!
-Ne me dis pas qu´on a trouvé l´armée...
-D´accord, je ne te le dirais pas... Mais on est mal! Je m´attendais à tout, sauf à ça! Comment il à fait pour dompter tous ces Kut-ku? Chacun de ses hommes en chevauche un! Si ils attaquent, ils vont passer le mur d´enceinte sans problemes! Ils peuvent emprunter la voie des airs...
Argo tomba à genoux:
-On est foutus. On a aucune chance. contre des hommes à pieds, on peut lutter, mais contre ça... Et on aura pas le temps de rentrer prevenir les autres. Ils arriveront longtemps avant nous!
-Tu abandonnes?
-Inutile de lutter. Le resultat sera le meme...
-Lache...
-Hein?
-Tu es un lache. C´est bien toi qui m´avait dit que ta femme était importante pour toi et que tu étais pret à te battre pour la proteger? Et au dernier moment, tu te dégonfles? Maintenant, c´est sur, elle va mourir, c´est sur...
-...
-Je ne sais plus qui à dit ça, mais écoute: Meme quand tout est contre nous, on peut retourner la chance à son avantage en y mettant toutes ses forces. Tu veux verifier si c´est vrai?
Il y eut un instant de silence. Puis il se releva, et regarda l´armée. Dans son regard se lisait la determination, celle-là meme que donne le desespoir.
-Oui. On va voir si la chance veut bien nous donner un coup de pouce.
-Voila qui est mieux.
-On va les attaquer. Ici et maintenant.
-Hein? Nous deux? Mais ils sont au moins trois-cent!
-Oui. Mais ils sont regroupés. Si on les laisse attaquer, ils seront dispersés, donc impossible à vaincre, vu leur nombre. Tandis que si on les prend maintenant, on a l´avantage de la surprise, et on peut en tuer un grand nombre.
-Un grand nombre? Ca m´étonnerait.
-Ah bon? Ils chevauchent des Kut-ku, non? Et les kut-ku sont sensibles des oreilles, n´est-ce pas?
-Oui...
Il posa son sac à terre, et en sortit diverses fioles et des bourses d´où dépassaient des meches.
-J´ai toujours des trucs utiles sur moi, en cas de mauvaise rencontre. Regardes ces bourses: ce sont des bombes soniques: tu tires la meche, tu lances, et tu te bouches les oreilles. Ca emmet un son tres haute frequence, les kut-ku ne le supporteront pas.
-Ca vaa mettre un joyeux désordre dans leur rangs.
-Oui. Et cette fiole, c´est de la drogue du Démon. Ca va augmenter ta force, tres efficace; celle ci, du jus d´énergie, ici, on appelle ça de l´eau vaillante, c´est une spécialité du village. Tu ne sentiras meme plus la fatigue. Et celle là, je suppose que tu connais, c´est un immunisateur. Ca va t´aider à cicatriser plus vite, presque instantanément. A la tienne!
Nous bûmes le contenu des fioles. Je me sentis mieux immédiatement, comme si je disposai d´une énergie illimitée!
Argo dégaina sa lance, et moi mon primmort.
-Pret?
-Pret!
-ALORS C´EST PARTI! YAAAAAAAAHAAAAAAAAAA!!!!
Il descendit la pente lance en avant à une allure impressionante, soulevant un nuage de sable. Je m´élançai à mon tour. Nous primes l´armée par le flanc, et grace à l´élan qu´il avait pris, Argo embrocha un Kut-ku dans toute sa largeur; le "cavalier" fut projeté à terre et ne se releva pas. Quand à moi, je profitai de la confusion pour sauter sur le dos d´un des Kut-ku, et trancher la tete au "cavalier"; puis, me retournant, je plantai ma lame dans la tete du monstre, injectant une dos de neurotoxine; l´effet fut presque immediat: la bette s´effondra, paralysée et agité de spasmes. Je balancai une bombe sonique et me mis à courir en me bouchant les oreilles. L´explosion fut terrible et des dizaines de monstres, sonnés, précipiterent leur cavalier à terre. Il me restait trois bombes, fallait les utiliser au bon moment. Je continuai à courir, me jetais en avant pour esquiver une boule de feu, roulai sur la droite pour ne pas me faire pietiner, tailladais le tendon d´un monstre, achevai un cavalier à terre... Par chance, les troupes ennemies étaient serrées, et les monstres ne pouvaient pas prendre leur envo; de plus, les cavaliers portaient des armures legeres pour ne pas trop subir la chaleur du desert. Mais au bout d´une demi-heure de combat, les effets du jus d´energie et de la drogue du démon commencerent à faiblir, et nous n´avions tués qu´une cinquantaine de monstres -quand meme-! Je venais d´utiliser ma derniere bombe sonique, j´allais perdre l´avantage!
Soudain, une ombre passa au dessus du champ de bataille, et, comme tombée du ciel, une femme en lourde armure noire atterit en face de moi. Sans dire un mot, elle dégaina deux grands éventails, et me fonça dessus. J´eus à peine le temps de me jeter sur le coté pour eviter ses armes étranges, mais je ressentis une douleur fulgurante au niveau des cotes: Elle m´avait toché, et sa lame avait traversé mon armure! Mon sang se mit à couler pendant une ou deux secondes, puis coagula. Pratique, l´ immunisateur. La guerriere s´élança de nouveau, et une de ses lames entailla profondement mon bouclier! Elle s´arreta l´espace d´un instant et croisa ses lames au dessus de sa tete: une démonisation, l´art d´exterioriser son énergie et de la concentrer dans ses lames et à la surface de son corps, capacitée utilisable seulement par les manieurs de lames doubles - on va les appeler les duellistes-. C´était la premiere fois que j´en voyai une de pres, et j´étais du mauvais coté de la lame... Elle frappa avec une puissance et une vitesse accrue, tourbillona, virevolta, semant la mort sur son passage, meme parmi ses hommes. J´avais toutes les peines du monde à eviter ses coups, et si ca continuait comme ça, je me ferais tuer sans meme lui avoir porté un coup. Elle s´immobilisa à un où deux metres de moi, et sembla me jauger.
Quelques dizaines de metres plus loin, comme si cela ne suffisait pas, un enorme wyvern se posa. Ou plutot UNE enorme wyvern! Une Rathian... Dorée! Elle était chevauchée par un homme en armure toute aussi noire que celle de mon adversaire, mais de forme differente, et arborant quatres énormes cornes, deux sur le casque et une sur chaque épaule. Cet homme, je le savais, était le roi Johny. Ce ne pouvait pas en etre autrement.
Argo, l´aperçut, et chargea la wyvern à pleine vitesse. Sa lance penetra profondément dans l´oeil droit de cette derniere, qui poussa un cri de douleur et de surprise! Elle secoua viollement la tete, désarconant son cavalier et projetant la lance de mon infortuné camarade au loin; puis, avant qu´il ait eu le temps de se ressaisir, elle le mit à terre d´un coup de queue, se rua sur lui et le pietina méthodiquement!
-ARGOOOOOOO!!! NOON!!!
Mon adversaire, ne faisantt plus attention à moi, courut au secours de son roi qui etait toujours à terre... ERREUR!
Je la rattrapais et lui envoyai un coup de pied sauté dans la tete; elle s´effondra, assomée ou morte, je n´en savais rien -bon, attaquer dans le dos, c´est lache, mais à la guerre comme à la guerre!- ; je foncai sur la wyvern et lui abbatit ma lame entre les deux yeux, elle ricocha, je lui portais un coup, puis un autre, puis un autre, laissant la fureur m´envahir; ma lame penetrait à peine mais le monstre dut reculer devant la frénésie de mon attaque. Je concentrais toute ma force dans un dernier coup: ma lame se brisa, la poche paralysante contenue à l´interieur se déchira, la neurotoxine gicla, et la Rathian s´enfuit, repoussée.
Je courus droit vers mon ami, dont le corps gisai en dessous de son énorme bouclier, mais un rire m´arreta. Un rire lugubre et mauvais. Il provenait de l´homme étendu quelques metres derriere moi.... Jonhy. Il se releva, lentement, riant toujours. Puis il s´interrompit, et me regarda.
-Votre intervention était amusante. Mais maintenant, tu vas mourir.
Il fonca sur moi et abbatit une épée courte orange-dorée sur ma tete. je me protegeai de mon bouclier, qui vola en éclat sous l´impact; je fus projeté en arriere. Son épée delivrait le feu, et mon bras gauche était brulé. Je me relevais difficilement et me mis en posture de combat à main nues.
-Tu n´a pas d´arme? Tant pis, je vais te finir à l´anciene.
Il rengaina, et en un instant, il fut pres de moi, projetant son poing dans mes cotes qui furent presques toutes brisées sur le coté gauche.
Je m´effondrais, mis hors-combat. Il dégaina sa lame:
-Je vais t´offir une mort rapide, je suis assez pressé.
A ce moment, je sentis un vent froid. Pas le genre de brise qui vous rafraichit lors d´une tiede journée d´été, mais un vent glacial qui vous fais dire "hé, on est pas censé etre dans le désert, là?". Puis une chose incroyable se passa: Un flocon de neige tomba. Puis un autre! Et encore un autre! Un terrible rugissement se fit entendre, et un projectile percuta l´armée ennemie de plein fouet, gelant tout dans un rayon de vingt metres! Un dragon ailé survola le champ de bataille et se posa en plein millieu des kut-ku, puis commença le massacre. Il était monté par un homme en armure couleur ciel... Caleb! L´instant d´apres, des hommes apparurent au dessus de la grande dune et passerent à l´assaut: Trear, Pepito, Nalia, Saladin et Stalker!
Jonhy regarda la scene sans réagir. Puis il se tourna vers moi:
-Ta mort sera pour plus tard, on dirait...
Puis il ramassa la guerriere en armure noire, et disparut dans un tourbillon de sable...
Je sortis ma cruche de potion, y but longuement pour reparer mes cotes et me ruai vers le corps d´Argo. Il semblait encore vivant; je lui fis boire le contenu de ma cruche jusqu´à la derniere goutte; ses blessures se refermerent, mais il ne revint pas à lui. Ce devait etre grave! Caleb ayant fini d´exterminer les ennemis, il me ramena au village en urgence. Je ne lui laissai meme pas le temps de me raconter comment il était arrivé là, et je courrus vers la maison de mon ami, portant son corps inanimé.
En me voyant arriver, sa femme poussa un cri de terreur.
-QU´EST-CE QUE...
-C´est bon, on a gagné, il est vivant, mais il ne se reveille pas.
-Vous...?
-Oui, je lui ai donné une potion! Mais...
-Oh, mon dieu...
-Quoi?
-Il... Il est dans le coma. Son cerveau est touché.
-Comment vous le savez?
-Le cerveau est le seul endroit qu´une potion ne peut pas reparer... C´est... Forcément ça! Peut etre qu´il se reveillera. Peut-etre... Pas...
-Il va mourrir?
-Non. Nous le maintiendrons en vie en lui faisant boire de l´eau vaillante... Maintenant... Sortez de chez moi. Il est mal vu de pleurer devant un etranger et je ne pourrais pas retenir mes larmes longtemps.
Je m´éxecutais, lentement. Une fois dehors, Caleb vint me rejoindre. Les autres n´étaient pas encore revenus.
-Alors?
-...
-Je vois. Désolé.
Je pensai que la mort d´un homme ne m´affecterait pas, mais je m´étais trompé sur toute la ligne. J´étais... Faible. Je n´avais meme pas été capable de proteger mon ami. Il fallait que je réflechisse. J´avais besoin de solitude.
Je me levais et me mis à courir. Caleb cria:
-Hé, OU TU VAS?!?
Je ne lui répondis pas, et je m´élançai, seul, dans le désert.
Chapitre XXI
Le ciel était d’un bleu pur, pas un seul nuage à l’horizon. Le soleil de l´après-midi brillait, le sable était brûlant, la température insuportablement élevée.
Lors de ma fuite, je n’avais emporté aucun breuvage frais. J’étais assoiffé et fatigué. Il fallait que je me repose.
Je m’étendis à l’ombre d’une dune, et commençais à réfléchir.
J’étais parti depuis quatre heures, et le village était loin derrière moi. Ou alors loin devant, aucune idée, j’étais perdu depuis longtemps. Mes possessions se résumaient à mon armure -et sa boîte-, ma pelle en carbalite, mon hamac, ma cruche de potion -vide...- et... -Je fouillais dans la sacoche accrochée à ma ceinture. Vide.- Et c’était tout. Ah oui, j’avais aussi les restes de mon Primmort... Le manche, quoi.
Décidément; cette journée avait été la pire de toutes. Ma lame était brisée, j’avais été battu à plate couture, et Argo était mort ou presque. Et c’était de ma faute. Un jour, mon maître m’avait dit: « Lorsque tu chasseras en groupe, n’oublie jamais que le travail d’équipe est indispensable. Tes compagnons devront pouvoir compter sur toi comme tu devras pouvoir compter sur eux. » J’avais participé à une bataille, pas à une partie de chasse. Mais cela revenait au même. Si j’avais été aux cotés de mon ami lors de son combat avec la Rathian, ça ne se serait pas passé comme ça. Mais au lieu de l’aider, j’avais perdu mon temps avec la guerrière en armure noire. Et Argo était mort. Mort. Mort. Mort. Un mot étrange. Si court, et résumant pourtant le but de toute vie humaine.
Et des morts, il y en avait eu, aujourd’hui. J’avais du tuer une trentaine d’hommes à moi tout seul. Et finalement, il n’y avait pas de quoi se vanter. C’était des êtres humains normaux. Ils avaient peut-être... Une famille. Et je les avait tué, sans avoir de scrupules -tiens, voila un mot bizarre... Scrupule! Mwahaha! Heu.... Bon, revenons aux choses sérieuses...- .
Quand avais-je pour la première fois ôté la vie? Qui était ma première victime? Les écologistes de la ville des Chevaliers de Fer? Oui, je les avais tué allègrement, sans me poser de questions. C’était... horrible. Je me rendais compte que les pires ennemis de l’homme n’étaient pas les wyverns ou les dragons. C’était les autres êtres humains. « L’homme est un loup pour l’homme », avait dit un sage. Ouais.
Aujourd’hui n’avait pas seulement été le jour de la mort de mon ami. C’était aussi celui de ma défaite contre Jonhy. Face à lui, je n’étais pas de taille. Le combat était perdu avant même d’avoir commencé. Et face à cet homme, si proche de la mort, une sensation désagréable m’avait envahi. La peur. Peur de sa puissance. Peur de la mort. Peur tout court.
Et voila où je me retrouvais: dans le désert, seul, sans eau et sans joie. Mon maître m’avait dit: « reviens quand tu en auras assez vu », hé bien j’en avais vu plus qu’assez! Je ne retournerais pas au village, direction: la ville du Sud! Je rentrerais seul.
Je me relevais avec difficulté. Il faisait toujours aussi chaud. Je m´apprêtais à repartir quand quelqu’un m’interpella:
-Ksaï! Qu’est-ce que tu fiches la?
Je me retournais. Derrière moi, au sommet de la dune, se tenait... Stalker!
-Je te retourne la question.
-Je me suis perdu en revenant du champ de bataille! Tu sais où est le village?
-Nan. De toutes façons, je n’y retourne pas.
-Ah?
-Je vais rentrer...
-Chez toi?
-Euh... Pas tout à fait... Pas tout à fait.
-?
-Bah... Changeons de sujet. Comment êtes-vous parvenus jusqu’au champ de bataille, toi et les autres?
-On était en train de se préparer pour l’assaut quand un énorme dragon s’est posé au centre du village. Il était chevauché par un homme en amure bleue.
-Caleb.
-Oui, c’est comme ça qu’il à dit se nommer. Il a demandé si nous ne t’avions pas vu. Et quand on l’a mis au courant des événements, il a décidé de se joindre à nous. Et comme au bout d’une heure, vous n’étiez pas revenus et que l’armée n’avait pas attaqué, on en a déduit que vous aviez trouvé l’ennemi et que quelque chose de grave était arrivé. Nous sommes donc partis à votre recherche.
-Mouais. Je me demande quand même comment Caleb à fait pour me retrouver.
-On le saura probablement jamais!
-Probablement. Au fait, tu n’aurais pas un breuvage frais? Je n’en peux plus!.
-C’est ton jour de chance, il ne m’en reste que deux! -il ouvrit son sac et en sortit deux petites fioles contenant un liquide rougeâtre.-
-Heu... Stalker?
-Oui?
-CE N’EST PAS DU BREUVAGE FRAIS! C’EST DU BREUVAGE CHAUD! SI ON BOIT CA PAR CETTE CHALEUR, ON EST MORT!
-Oups... Bon, de toutes façons, par cette chaleur, on est mort même si on le boit pas, alors...
-Je suis maudit.
-Une seule alternative: rentrer au village!
-Faudrait déjà savoir où il se trouve!
-On à qu’à partir dans une direction au hasard, et avec un peu de chance, on le trouvera!
-Bah, de toutes façons, ça ne peut pas être pire, alors, pourquoi pas?
-Ca peut TOUJOURS être pire. Je viens d´attraper un coup de soleil...
-Gnéhéhé! Pas de bol...
Et nous nous mimes en route. Mais il faisait si chaud que chaque pas était plus difficile que le précédant. Stalker fut le premier à s’effondrer. Je le traînais derrière moi, continuant tant bien que mal. Devant moi, plus une seule dune. Le désert était plat, et le sable était meuble on s’y enfonçait facilement jusqu’aux chevilles. Marcher devenait trop difficile. Il faisait si chaud, et j’avais si soif... Ma vue se troublait. Tout était flou. Je m’effondrais à mon tour, incapable d’avancer. Je restais immobile plusieurs minutes.
Soudain, il y eut un bruit semblable à une détonation. Je tournais lentement la tête dans la direction du bruit: un aileron dépassait du sable, et il s’approchait de moi à grande vitesse. Quoi que ce soit, ça ne présageait rien de bon, et de toutes façons, j’étais trop fatigué pour me battre. Cette fois-ci, c’était la fin.
L’aileron n’était plus qu’à une dizaine de mètres de moi quand la créature à qui il appartenait jaillit hors du sable. Elle ressemblait à un énorme poisson ocre-beige au long cou, à la tête large, possédant deux yeux jaunes et une paire de jambes. Le monstre fit deux pas en avant, vacilla, et s’effondra en poussant un râle d’agonie. Il était mort! Il y eut un mouvement au niveau de son cou, comme si quelque chose remontait le long de sa gorge; sa bouche s´ouvrit et... Un homme en armure en sortit! Il s´étira, accrocha son Croc-de-serpent à sa ceinture, et donna un coup de pied dans le cadavre du monstre:
-Quatre-vingt dix-neuf! Héhé, on y est presque. Oh, mais qu´avons nous là? -Il se dirigea vers nous- Hé? Ca va? Vous m´avez pas l´air en forme...
-Mais non, on fait juste une sieste au soleil, abruti!" Articulais-je difficilement.
-"Le moins qu´on puisse dire, c´est que vous êtes désagréable...
-Et fier de l´être! T´aurais pas de l´eau? Et un breuvage frais?
-Voilà pour l´eau... -il me passa une gourde- ...et pour les breuvages frais. -il me tendit un petite fiole remplie d´un liquide bleu clair-
Après avoir calmé ma soif, je réveillais Stalker -à coups de pied...- et le fis boire un coup. Sa première réaction fut de demander:
-Quand est-ce qu´on mange?
-C´est pas l´heure de manger.
-Dommage...
-C´est ça...
Je me tournais vers le chasseur sans nom. Il dépeçait tranquillement le monstre, coupant la plus grande épine de sa nageoire dorsale.
-Hé!
-Oui?
-Merci pour l´eau!
-Pas de quoi. -Il descendit du dos de la bete- Que faisiez-vous en plein désert sans breuvage frais?
-Je vais vers la ville du Sud, mais...
Stalker poussa un cri:
-Hé! Je croyais qu´on retournait au village!
-Plus maintenant. Tu peux me suivre ou rentrer, c´est toi qui voit.
-Je viens. De toutes façons, je n´ai pas envie de mourir seul...
-Alors c´est réglé.
Le chasseur sans nom parut réfléchir un instant:
-Vous allez vers le Sud? Ca tombe bien, moi aussi! Si on faisait route ensemble? Ce sera plus sur pour traverser la chaîne de montagnes!
-Ben...
-Formidable! Mais permettez moi de me présenter... Mon nom est Luffman, mais vous pouvez m´appeler... Le Tueur de Cephalos!
-Le tueur de quoi?
-De Cephalos! La bestiole, derrière vous, c´est un Cephalos! Et c´est moi qui l´ai tué. De plus, j´ai une armure en Cephalos. Je suis donc Luffman, le Tueur de Cephalos!
-Je crois qu´on va se contenter de Luffman tout court...
-Oooooh...
-Ben, oui, un nom aussi long, ça peut poser des problèmes! Par exemple: c´est l´histoire du petit Luffman le Tueur de Cephalos qui traverse la rue. Tout à coup, il y a une charrette qui arrive à toute vitesse! Alors y´a ses parents qui lui crient:" Luffman le Tueur de Cephalos, attention à... SPROUITCH! Trop tard!
-...
-...
-Vous n´avez aucun humour.
-Bon, va pour Luffman tout court...
-Alors à moi de me présenter . Je me prénomme Ksaï, et voici Monsieur Chereau -mais vous pouvez l´appeler Stalker-.
-Fort bien. Voila où en sont les choses. Je suis dans ce désert depuis six mois, et j´ai à mon actif quatre-vingt dix-neuf Cephalos. Je ne partirais pas avant d´avoir atteint les cent. Mais pour mon dernier, je voudrais tuer le meneur de ces monstres. Le Cephadrome! La dernière fois que je l´ai vu, il se trouvait plus au sud, près d´un amas de rochers. Vous me donnez un coup de main, et je pourrais rentrer des ce soir! Ca marche?
-Euh...
-Formidable! Allons-y!
Et nous partîmes vers le Sud -Luffman avait une boussole, lui...-. Au bout de trois heures, nous étions parvenus à l´amas de rochers. Aucune trace du monstre, j´en profitais pour mettre mon armure.
-Le soleil se couche..." dit Stalker
-"Mais il fait encore trop chaud à mon goût.
-Pas aussi chaud qu´il y a vingt ans, lors de la grande sécheresse. Le soleil brillait si fort qu´on attrapait des coups de soleil à l´interieur même des maisons! Non mais vraiment!
-Mais bien sur... Et le Mosswine il met le Rathalos dans la boite à fournitures!
-...
Luffman me tapa sur l´épaule:
-Je crois que nous avons des invités... Et il viennent droit sur nous!
-Gné?
A une centaine de mètres, une dizaines d´ailerons émergeaient du sable, fonçant sur nous. Au centre de ce groupe, un aileron plus grand que les autres, et aussi plus sombre... Le Cephadrome?
-Montez sur les rochers et bouchez-vous les oreilles! Je vais les faire sortir!
Nous nous exécutâmes, pendant que Luffman restait sur place, une bombe sonique en main. Les ailerons se rapprochaient de lui. Plus que cinquante mètres... Trente mètres... Dix mètres... Contact! Il bondit sur le coté et lança sa bombe sonique qui éclata, produisant un son à haute fréquence. Les Cephalos bondirent tous hors du sable, s´écrasèrent au sol et gigotèrent comme des poissons hors de leur élément! Parmi eux, il en avait un qui était deux fois plus énorme que les autres; Luffman fonça sur lui:
-Prenez les petits, je m´occupe du drome!
-C´est parti!
Je dégainais ma seule arme utilisable -ma pelle!- et fonçais dans le tas. Des qu´ils eurent repris leurs esprits, la moitié des Cephalos retournèrent sous le sable. J´en pris un qui semblait encore un peu désorienté, et je lui assenait un coup de taille dans la jambe; ma pelle ricocha -pas aiguisée...-, je le contournais pour éviter un coup de queue, et lui abatis le plat de mon arme sur la caboche! Il recula, étourdi, et j´en profitais pour... Fuir! Ce n´était sûrement pas avec une arme de ce genre que j´allais faire un massacre... Je passai à toute vitesse devant le Cephadrome, qui cessa de s´intéresser à Luffman pour me prendre en chasse! Décidément, je n´avais pas de bol... Je ne lui avais rien fait, moi, à ce Cephadrome!
Luffman nous rattrapa et s´interposa entre moi et le monstre:
-Cephadrome, tu es MON adversaire, viens et bats-toi comme*PAF!* *SCRUNCH!*
Le drome percuta Luffman de plein fouet, lui saisit la jambe et l´entraîna sous le sable!
-LUFFMAN!
-Tant pis pour lui, il se fera bouffer par les Cephalos...
-Stalker, c´est pas le moment! Il peut revenir n´importe quand -le Cephadrome, pas Luffman-!
Nous nous mimes dos à dos, et Stalker croisa ses énormes lames doubles en forme de couverts, lançant une démonisation.
-Qu´il... Revienne... Je... L´attends...
Comme si il l´avait entendu, le Cephadrome bondit hors du sable... Et Luffman était accroché à sa nageoire dorsale! Il leva la tête, semblant inspirer, et nous envoya un jet de sable sous pression; j´eus à peine le temps de me jeter sur le coté pour éviter l´impact! Je me relevais et fonçais sur la bête, mais Stalker m´avait pris de vitesse et était déjà en train de charcuter la nageoire caudale du monstre; je brandit ma pelle et m´apprêtais à assener un coup violent sur le crâne du drome, espérant l´étourdir. Mais à ce moment, il se secoua, Luffman lâcha prise, exécuta un vol plané dans ma direction et... Se prit mon coup de pelle! Sans son casque, il aurait sûrement été assommé... Il se releva, tituba, et repartit à l´assaut, attaquant le cou de la bête; son Croc-de-serpent pénétra profondément la chair de l´animal et sa tête fut séparée du reste de son corps. La bête s´écroula, morte. Luffman sortit son couteau de dépeçage:
-Empêchez les autres Cephalos d´approcher pendant que je le dépèce!
-Inutile, ils se sont enfuis...
Il découpa l´épine supérieure de son aileron et l´accrocha à sa ceinture. Puis il se dirigea vers l´amas de rochers, pénétra dans une fissure de la roche, et ressortit au bout de trois minutes. Il portait un manteau de voyage et avait sur son dos un paquet constitué d´une centaine d´épines de Cephalos:
-On y va?
-Quoi? Maintenant? Je suis crevé, j´ai pas dormi depuis je ne sais combien de temps. On pourrait pas piquer un somme ici, juste quelques heures?
-D´ac. Après tout, rien ne presse!
Stalker Se dirigea vers nous, en traînant la queue du Cephadrome:
-Voilà notre repas!
-On ne va quand même pas manger ça!
-Et pourquoi pas? La gastronomie est une aventure, et chaque nouveau plat mérite qu´on l´essaie!
-Bon... Mais c´est toi qui cuisines ce truc...
Après un repas copieux, une intoxication alimentaire -les nageoires du Cephadrome contienne une puissante neurotoxine... Au moins, maintenant, je le saurais...- et une sieste, nous partîmes vers la chaîne de montagne, plein Sud.
Chapitre XXII
Partie 1: Lever de soleil...
Le jour se levait sur les montagnes. La lumière se réverbérait sur la neige et créait un paysage lumineux et apaisant; le vent frais me caressait le visage et emplissait mes poumons. Je regardais mes bras: j´avais pris des couleurs, dans le désert. J´avais une peau qui bronzait facilement... pas comme Stalker qui avait enchaîné coup de soleil sur coup de soleil! Je respirais un grand coup. C´était une belle matinée. Ouais.
Nous nous trouvions dans la partie occidentale de la chaîne montagneuse; le Mont Lao se trouvait cent kilomètres à l´Est de notre position, et deux-cent kilomètres plus à l´Ouest, c´était la cote Occidentale et... La mer, la vraie mer, s´étendant à l´infini...
Ici, les sommets les plus élevés culminaient à peine à deux milles mètres, et la montagne que nous étions en train de gravir était deux fois moins haute; n´empêche qu´il faisait frisquet... C´était l´hiver.
Je me retournais pour admirer le superbe paysage se trouvant derrière nous: mille mètres plus bas, la roche se mêlait au sable, et le désert s´étendait à perte de vue. Dire qu´ici, l´eau abondait...
A ce propos, la présence du désert était justement due à la chaîne montagneuse: les nuages venant du Sud sont arrêtés par les montagnes, empêchant la pluie d´arroser le nord de Gardemine, et créant de ce fait cet immense étendue aride et brûlée par le soleil. L´eau s´arrête sur les montagnes, s´y dépose sous forme de neige, principalement sur le versant sud, exposé aux nuages -à part sur les plus hauts sommets, où les neiges sont éternelles, le Mont Lao, par exemple-, et quand vient l´été, elle redescend avec la fonte des glaces. Résultat, le coté Sud profite de toute l´eau et le coté Nord est desséché -il est à noter que les plus fortes précipitations ont lieu du coté Sud-Est, à cause de la proximité entre la chaîne montagneuse et la Mer Intérieure. C´est pour cela qu´un climat tropical y règne et que la jungle y a élu domicile. Du coté Sud-Ouest, il y a surtout d´énormes plaines fertiles dotés d´un climat continental tempéré, comme celles où j´habitais avant. C´est d´ailleurs là que nous allions-.
- "Ksaï! On va pas t´attendre toute la journée! Magne toi, on est presque au sommet!
-J´arrive, j´arrive...
L´ascension ne s´était pas trop mal déroulée: nous n´avions rencontrés aucun monstre et le flanc de la montagne étant assez praticable, pas besoin de matériel d´escalade; il suffisait de marcher, marcher, marcher...
-Passe moi un breuvage chaud, j´ai les orteils gelés!
-Attends au moins qu´on commence la descente. Je n´ai pas envie de m´arrêter pour si peu!" me répondit Stalker.
-"Hé, vous deux, c´est pas le moment de traîner! Venez voir!" cria Luffman.
Nous gravîmes en hâte les derniers mètres nous séparant du sommet pour rejoindre notre compagnon de route:
-"Admirez le paysage! Ca vaut le coup d´oeil, non?
Plus bas, beaucoup plus bas, aux pieds de la montagne, une ville. Même moi, je savais de laquelle il s´agissait. Ma mère m´en avait tant parlé quand j´étais enfant; la ville où elle était née, celle où elle avait rencontrée mon père... La Citée Royale! La résidence du Roi, le siège principal de la Guilde, la ville la plus belle et la plus peuplée de Gardemine! Elle était comme maman me l´avait décrite: immense, bâtie entièrement avec des briques de pierre gris-clair, entourée par de hauts remparts garnis de tours. Au centre, se trouvait le Grand Comptoir de la Guilde, regroupant le Siège des dirigeants, le Grand Hall des chasseurs, les quartier du personnel, la fabrique d´équipement et l´École d´Entraînement Centrale. Deux kilomètres plus au Sud, une énorme forteresse: le palais Royal, gardé jour et nuit par la mini-armée qui y vivait. Plus à l´Ouest, la plus haute construction de cette ville: la Tour des Héros, construite par le grand-père du roi actuel, et dans laquelle tous les hommes qui s´étaient illustrés dans l´histoire de Gardemine avaient une statue à leur effigie. Pour finir, près de la porte Nord de la ville, le bâtiment le plus ancien de la région: la Grande Bibliothèque. Elle était censée renfermer tout le savoir des hommes depuis l´invention de l´écriture.
La ville s´organisait en cercles concentriques ayant pour origines respectives ces quatre points principaux. Les maisons étaient de couleur gris-clair, les murs étant faits des briques taillés dans les carrières de la montagnes, et le toit étant constitué d´un genre de mortier préparé à partir de la poussière venant de ces mêmes carrières, et renforcé à l´aide de barres de métal, ce qui donnait des constructions extrêmement solides et imperméables..
Les rues étaient pavées de larges plaques de pierre rectangulaires -un peu plus claires que celles des maisons- jointes à l´aide de ce même mortier, le tout étant idéal pour la circulation des charrettes, car lisse et sans irrégularités.
Au dehors des murs, des centaines de champs de céréales, de légumes, d´arbres fruitiers, de vignobles -mais la plupart de ces champs étaient vides, car l´hiver était là-; et après les champs, les plaines, les immenses plaines, de l´herbe à perte de vue, jusqu´à la ligne d´horizon...
Maintenant, essayez d´imaginer ce décor sous la neige! Hé oui, la neige était arrivée en même temps que l´hiver, ce qui donnait encore plus de charme à cette ville...
La descente nous prit une demi-journée, et arrivés en bas, il nous fallut encore deux heures pour atteindre la ville. Les deux énormes battants de la porte Nord étaient grands ouverts et la herse était relevée. Sous l´oeil attentif des gardes, un monde fou y circulait, aussi bien pour rentrer que pour sortir; des chasseurs, des marchands, des chariots tirés par des herbivores, des paysans, des voyageurs... Une fois passé la porte, la rue s´élargissait et formait une grande place où se dressaient de nombreuses échoppes: forge, armurerie, équipement, nourriture, tavernes... Tout y était. Mais pour l´instant, direction le centre de la ville!
Après avoir marché quelques kilomètres, nous y étions enfin: devant nous se dressait l´immense Comptoir de la Guilde. Une énorme statue représentant un chasseur brandissant une épée longue se trouvait sur la place faisant face à l´édifice, et deux colonnes de pierre encadraient l´entrée. Luffman esquissa un sourire.
-"La Guilde des Chasseurs à été créée par le grand-père du roi actuel, il y a cent-trente ans. A l´origine, c´était comme un genre de ministère, pour mettre un peu d´ordre dans la chasse au monstre en général. Puis elle a pris de l´importance, et est devenue indépendante, où presque. La Guilde et le Gouvernement sont plus proches qu´on pourrait le croire. Mais en gros, le gouvernement s´occupe du bien-être de ses sujets, et la Guilde s´occupe de toutes les affaires touchant à la chasse au monstre. En parlant de ça, le roi adore la chasse. Il était lui même chasseur dans sa jeunesse, avant que les obligations du pouvoir ne l´obligent à arrêter.
-Comment tu sais tout ça?
-Je suis né dans cette ville.
-Ah...
Un homme courut vers nous, les bras chargés de livres fins comme un doigt -ils ne devaient pas compter plus d´une vingtaine de page- et s´écria, essoufflé:
-BONJOUR -arf- AMIS CHASSEURS -fiou-, JE -arf-...
-Reprends au moins ton souffle, y´a pas le feu... " dit Stalker.
-Merci, fiouuuuuuuuuuu... Ca va mieux. Je reprends... BONJOUR AMIS CHASSEURS, JE*PAF*
-ET ARRÊTE DE CRIER! Y´A PAS BESOIN DE CRIER! EST-CE QUE JE CRIE, MOI?
-Euh... Non msieur...
-Bon, dis ce que tu as à dire, et dis-le calmement.
-Oui m´sieur... Je voulais juste vous proposer un exemplaire de "Vie et Chasse n°3". C´est un nouveau journal, dédié spécialement à la chasse au monstre. Nous avons déjà de nombreux lecteurs! Achetez-le, vous verrez, c´est très bien. Mais si vous n´en voulez, pas, je m´en vais, hein, je ne veux pas vous dér...
-Combien?
-10z m´sieur...
-Ca marche. Donne m´en un.
-Voila m´sieur... Merci m´sieur... Aur´voir m´sieur...
-C´est ça, au revoir. ET SI TU CRIES DANS NOS OREILLES ENCORE UNE FOIS, JE TE DÉCOUPE EN RONDELLES ET JE TE MANGE AVEC DE LA SAUCE TOMATE!!!
-Oui..
-OUI QUI?
-Oui m´sieur!
-Non mais. La jeunesse se perd.
Il feuilleta le magazine pendant quelques secondes, puis s´arrêta net.
-KSAÏ! REGARDE CA!
Il tourna le journal vers moi et je lus le titre de l´article situé en première page:
UN CHASSEUR AFFRONTE UNE ARMÉE DANS LE DÉSERT ET SORT VICTORIEUX!
Puis, plus bas:
UN MOSSWINE QUI JOUE DE LA TROMPETTE!
J´écarquillais les yeux:
-Gné? Un mosswine qui joue de la trompette? Comment il fait?
-Mais non, abruti! L´autre article! Ils parlent de toi, et de ton combat dans le désert!
-Hein? Euh... Mais oui, je le savais, je l´ai fait exprès!
-C´est ça... Attends, je te lis un passages: "L´homme en question, prénommé Ksaï, aurait affronté une armée de milles soldats lourdement équipés et montés sur de dangereux wyverns. Armé seulement d´une épée courte, il aurait réussi à les vaincre jusqu´au dernier, et tout ça pour sauver un petit village! Une preuve de la grandeur d´âme de l´homme que certains surnomment déjà "l´Escrimeur Légendaire"!
-Hé, c´est n´importe quoi, cet article, ils n´étaient "que" trois cent, et je n´en ai tué qu´une vingtaine! Et est-ce qu´ils parlent d´Argo?
-Pas une seule ligne sur lui!
-Mais c´est quoi ces c*nneries?
-Hé, regarde, ils ont même fait ton portrait! Wah, la tête qu´ils t´ont mis!
-Mouais. Je trouve que c´est assez ressemblant, moi. Mais au fait... Comment ils ont eu connaissance de cette histoire?
-Alors là...
Luffman finit par prendre la parole:
-Ksaï! Tu m´avais pas dit que t´étais aussi doué! Quand je t´ai vu fuir lâchement devant le cephadrome, j´ai pensé que t´étais une mauviette, mais là tu m´épates...
-Hé, ho! Je n´étais pas seul, lors de la bataille! Un de mes amis est mort, et ça, il n´en parlent pas!
-Ah? Étrange... En attendant, allons au hall de la guilde, on sera mieux pour discuter.
Et nous franchîmes l´entrée du Comptoir. Une fois dans la cour intérieur, nous nous dirigeames vers le Hall des Chasseurs; en poussant la porte, je sentis cette odeur caractéristique de grillades, de bière, de tabac, de métal et de cuir, cette odeur propre à tous le halls de la Guilde. Il était immense, mais, comme tous les autres halls dans toutes les autres villes, il était bondé. On s´entendait à peine parler. Des musiciens jouaient une musique d´ambiance dans un coin de la salle, les serveuses couraient entre les tables les mains chargées de plateaux, et une compétition de bras de fer semblait avoir lieu à quelques tables de là. Les deux participants avaient une tête que j´avais déjà vu quelque part... Mais... C´était... Pépito et Saladin?!?
Nous nous assîmes à leur table. En nous voyant, ils mirent immédiatement fin à leur bras de fer:
-"Stalker?!? Ksaï?!? On vous croyait morts!" S´étonna Saladin
-"La preuve qu´on ne l´est pas... Vous ne devriez pas être au village?
-Ben... Comme on avait gagné la bataille, on a décidé de descendre à la citée Royale pour fêter ça!
-Seulement vous deux?
-Seulément nous deux! Lé autre né voulaient pas quitter lé village. Mais c´est pas grave, ça féra plous dé bière pour nous!" Répondit Pepito.
-Ah. Au fait, vous ne seriez pas mêlés à CA?"
Je posai le journal sur la table. Pépito lut la première page et s´écria:
-Ay! Oune mosswine qui joue dé la trompette? C´est incroyable!
-Non! L´autre article!
-Ah? Euh... Yé lé savais, yé l´ai fait exprès!
-Mais bien sur...
-Ay! Mais ils parlent dé toi!
-Sans blagues...
-C´est de notre faute." Dit Saladin. "Quand nous sommes arrivés ici -c´est à dire hier- nous avons raconté ce qui s´était passé dans le désert. L´histoire à du passer par le bouche-à-oreille et être déformée....
-Mouais. Ca m´a l´air un peu gros. Les gens sont crédules, par ici.
-Faut croire...
Une serveuse vint prendre notre commande.
-"QU´EST-CE QUE VOUS PRENDREZ?
-Trois bières!" Répondit Luffman.
-"QUOI? PARLEZ PLUS FORT, J´ENTENDS RIEN A CAUSE DU BRUIT!!!
-TROIS BIÈRES!" Répéta Luffman.
-"Pas pour moi!" Précisais-je. "J´aime pas l´alcool! Donnez-moi plutôt une limonade-amerinsecte!
-UNE QUOI?
-Une limonade-amerinsecte!
-QUOI?
-UNE
LIMONADE-AMERINSEEEEEEEEEEECTEEEEEEEEUUUUUUUU!!!!!
!!
En un instant, le silence se fit. Tous les regards se tournèrent vers moi. Même Stalker, Luffman, Saladin et Pepito me fixaient bizarrement. Quand à la serveuse, elle avait un air du genre "j´ai vu un fantôme"...
-Vous... Vous pouvez répéter?
-Une limonade-amerinsecte! C´est pas compliqué, non? C´est quoi le prob...
-Ksaï..." m´interrompit Stalker. "Tu vas vraiment boire CA?
-Pourquoi pas?
-Mais c´est écoeurant!
-Gné?
La limonade-amerinsecte était faite à partir de citron, de sucre, et de l´essence sécrétée par les amerinsectes. Ce dernier ingrédient la rendait très, très, très, très amère... Beaucoup de gens ne supportaient pas son goût "spécial", mais à ce qu´il parait, elle avait des vertus antipoison... Toujours est-il que quand j´étais petit, mon père en ramenait souvent de la ville. J´adorais ça. Mais ça devait faire une dizaine d´années que je n´en avais pas bu, depuis... Depuis la disparition de mon père.
Le silence régnait toujours dans la salle. Tout le monde semblait attendre la chute de la blague, que je dise: "Mais non les gars, le plaisantais!"... Au bout de dix looooongues secondes, comme je ne semblais pas vouloir démentir ma commande, un homme aux cheveux grisonnants s´avança vers moi:
-Bonjour monsieur, permettez moi de me présenter. Je suis le sous-responsable de ce Comptoir, mon nom est Florentemenos. Mais appelles moi Flo, ça ira plus vite.
-Florentemenos?
-Ben quoi?
-Mais... C´est ridicule comme nom!
-Je ne vous permet pas! Je n´ai pas choisi de m´appeler comme ça. Ce sont mes parents qui...
-D´accord, d´accord... Florentemenos! MWAHAHAHAHAHAHAHAAAAAA!!!
-...
-MWAHAHA HAHAHAAAAAA!!!
-...
-MWAHAHAAAAAA!!!
-Bon, c´est fini?
-Voui...
-J´aimerais bien connaître votre nom.
-Je m´appelle Ksaï, enchanté.
-Le... Le... Le...
-Un problème?
-L´ESCRIMEUR LÉGENDAIRE?!?
-Ben... C´est pas tout à fait...
-Hé, LES GARS! C´EST L´ESCRIMEUR LÉGENDAIRE! TOURNÉE GÉNÉRALE!!!
Tout le monde leva sa chope en hurlant, bref, ce fut le bordel. Ces gens là ne manquaient jamais une occasion de faire la fête...
-Bon, vous voulez toujours une... Glp... Limonade-amerinsecte?
-Oui.
-Bon. Suivez moi.
Nous descendimes au sous-sol. Dans une pièce immense, se trouvaient six énormes barils, d´au moins huit mètres de hauts et de trois mètres de diamètres. Sur l´un d´entre eux, je pouvais lire "BIÈRE", sur un autre "EAU", sur un autre "HYDROMEL"...
au fond de la salle, une petite porte. Flo sortit un trousseau de clefs, en glissa une dans la serrure et ouvrit la porte. A l´intérieur, un tas de petits barils. Ils semblaient être entreposés la depuis un bout de temps.
-Un verre suffira?
-Non, je prendrais un tonneau.
-QUOI?!?
-Ben, oui, un tonneau!
-...
A peine fus-je remonté dans la salle, le tonneau sous le bras, que le silence se fit à nouveau. Personne ne semblait croire que j´allais boire ça. Je me servis un verre, et le but d´un trait. Puis un deuxième. Puis un troisième, et ainsi de suite jusqu´à ce que le tonneau soit vide. Hmmm, trop bon.
Je regardais autour de moi. Tout le monde me fixait avec des yeux écarquillés et la bouche grand ouverte. Ca faisait presque peur.
Saladin fut le premier à briser le silence:
-T´es pas un homme, t´es un monstre.
-Gné?
-Comment t´as pu boire ce... Ce truc immonde?
- Je -burp- ne vois pas ce qu´il y a d´incroyable à ça...
-...
Tout le monde me regarda avec une expression ou se mêlait le respect et l´incrédulité.
Stalker sembla réfléchir:
-Ca me rappelle une histoire. Quand j´étais petit, ma grande soeur s´est fait abandonner par son fiancé. Ca l´a rendu tellement triste qu´elle à décidé de se suicider!
-Mais elle est horrible, ton histoire!
-Attends! Donc, elle à décidé de se suicider. Elle à bu douze flacons de médicament contre le rhume!
-Et alors?
-Une consommation excessive peut avoir des effets laxatifs!
-...
-Elle est resté coincé sur les toilettes pendant deux mois! Hahahahahahaaaaaa!!!
-...
-Ben quoi?
-C´est dégouttant ton histoire! Ca n´a rien à voir avec le sujet!
Flo hocha la tête:
-Une chose est sur, c´est que vous méritez votre réputation, Escrimeur Légendaire. Un homme capable de boire un tonneau entier de limonade-amerinsecte sans broncher... Brrrr... Faut que je me calme. TOURNÉE GÉNÉRALE!!!
Le vacarme reprit de plus belle, tout le monde sauta dans tout les sens, et là, ce fut le drame: un chasseur trébucha, tomba sur une table qui bascula, éjectant de ce fait une assiette qui percuta le lustre; ce dernier se décrocha et tomba sur Flo qui s´effondra!
Je me ruais vers lui, le dégageais des débris et lui pris le pouls... Son coeur s´était arrêté!
-Euh... Les gars? IL A PLUS DE POULS!!!
-Sur la tête?
-DE POULS, PAS DE POUX!
-Ah... QUOI? IL EST...
-Non, C´est juste le coeur qui s´est arrêté!!! QUELQU´UN S´Y CONNAÎT EN MASSAGE CARDIAQUE?
Les chasseurs s´entre-regarderent, l´air embarrassé.
-PERSONNE?
Toujours pas de réponse. Décidément... Je regardais autour de moi, pour trouver un objet contondant. Je comptais le frapper sur la poitrine le plus fort possible pour faire repartir son coeur -une chance sur mille que ça marche, mais qui ne tente rien...-. Soudain, mon regard s´arrêta sur l´épée accrochée à la ceinture de Saladin: une pointe-de-foudre! Mais bien sur!
-Saladin! Ton épée! J´ai besoin d´une décharge électrique pour*DZZZZAP!* GYAGYAGYAGYAGYAAA!!! PAS POUR MOI, ABRUTI! POUR FAIRE REPARTIR LE COEUR DE FLO!
-Ah... Fallait le dire!
-$@%#!!! *DZZZAP!* GYAGYAGYAGYAAAAA! MAIS QU´EST-CE QUI TE PRENDS?!?
-Faut pas dire de gros mots.
-M´énerve!
Saladin appliqua le plat de sa lame contre la poitrine de Flo:
-GYAGYAGYAGYAGYAAAAAA!!! Mais que?
-IL EST VIVANT!!!" s´écrièrent en choeur les chasseurs -j´ai fait une rime, mouahaha!!!-.
-"Tu m´as sauvé, Ksaï! Je te considérerais maintenant comme un frère!" dit Flo.
- "Pas besoin..." Répondis-je.
-"FRANGIN!
-Oh, mon dieu... J´aurais mieux fait de le laisser mourir...
-FRANGIN!
-Oui, c´est bon, on à compris...
Les chasseurs crièrent en choeur -mouahaha, encore une rime! Ah, zut, c´est la même que tout-à-l´heure...-:
-VIVE L´ESCRIMEUR LÉGENDAIRE! IL FAIT REVIVRE LES MORTS ET EN PLUS, IL BOIT DES TONNEAUX ENTIERS DE LIMONADE-AMERINSECTE!
Quelle bande d´abrutis... Bon, fallait que je prenne l´air. Je sortis du Hall, passai les portes du Comptoir de la Guilde, et me mis à chercher une forge.
Chapitre XXII
Partie 2: ...et tombée de la nuit.
Quelle chance, il y en avait une juste à coté...
Bizarrement, il semblait n´y avoir aucun client. Je franchis le pas de la porte; à l´intérieur, un homme était en train de travailler sur un établi.
-Excusez moi?
-C´est fermé. T´as pas vu la pancarte?
-Non.
-...
-Je vais faire vite. Qu´est-ce que vous avez comme lame courte pour euh... 100z -oui, j´étais encore et toujours fauché...- ?
-Un couteau de chasseur en fer... D´occasion.
-C´est toujours ça de pris... J´achète!
Il déposa un vieux couteau de chasseur sur le comptoir. Je m´apprêtais à sortir, mais, en jetant un oeil sur son établi, je ne pus m´empêcher de demander:
-Mais qu´est-ce que vous fabriquez?
-Un nouveau modèle d´arme. Quelque chose de jamais vu.
L´arme en question ressemblait à un arc, mais en beaucoup plus grand , beaucoup plus épais et beaucoup plus sophistiqué.
-On dirait un arc...
-C´est un arc. Vois-tu, les arcs conventionnels peuvent servir pour chasser du petit gibier. Utile pour se nourrir, par exemple. Mais face à un monstre plus gros, c´est inutile. J´ai donc conçu cet arc surpuissant, précis, et polyvalent, ainsi que les flèches qui vont avec. Il est convient tout à fait à la pratique de la chasse au monstre. De plus, avantage non négligeable, et contrairement aux fusarbaletes, il permet de faire des tirs balistiques -ça veut dire: tirs courbes...- !
-Wahou! Vous l´avez essayé?
-Oui. Il marche parfaitement!
-Formidable! Qu´est-ce que vous attendez pour dévoiler au monde votre invention?
Il soupira:
-Je l´ai déjà proposé à la guilde. Ils disent que cette arme n´a aucun avenir. Ils n´en veulent pas.
-Peut-être que vous êtes trop en avance sur votre temps... Si ça n´a pas de succès aujourd´hui, attendez demain.
-Tu as peut-être raison. Bon, allez, tu m´as remonté le moral. Je vais te faire un cadeau. Tu penses qu´avec ton vieux couteau de chasseur, tu ne pourras même pas couper un légume? Voila la solution.
Il fouilla dans ses poches, et en sortit un étrange anneau:
-Voila un objet fabriqué par le grand Blade!
-C´est qui?
-Moi. Mais revenons à nos moutons: cet objet est un piercing. Mais pas n´importe quel piercing! C´est le piercing du... Euh... Saint Épéiste! Si tu le portes sur toi, ta lame ne ricochera jamais!
-Ouaaaah! Magiiiiiique! Merci!
Je sortis de la forge, pour tomber sur... Luffman.
-Ksaï, je peux te déranger quelques heures?
-Gné?
-Voila, j´aimerais que tu rencontres mon père. Il est passionné par la chasse au monstre, et il sera ravi de rencontrer l´Escrimeur Légendaire!
-Pourquoi pas?
-Alors allons-y!
Après quelques heures de marche, nous nous retrouvames... Devant le palais royal!
-Ton père habite la dedans? Il est soldat?
-Nan. C´est le roi en personne.
-Ah... KOOOAAAAA?
-Hé oui!
-T´es fils de... De...
-De roi.
-Hé bé...
Luffman s´approcha du garde qui surveillait la porte:
-Mon brave, pouvez vous nous ouvrir les portes?
-P... Prince Luffman? Je croyais que vous aviez disparu!
-Je suis de retour!
-Bienvenue, monsieur!
Il ouvrit les portes. Après quelques couloirs, quelques escaliers, et quelques gardes, nous arrivames devant la porte de la salle du trône -pas les toilettes, hein...-. Un homme de grande taille, richement habillé faisait les cent pas, perdu dans ces pensées.
-C´est Radourg, le premier ministre." me dit Luffman. "Attends, je vais l´appeler. RADOURG!
L´homme se retourna, et à la vue de Luffman, se mit à blêmir.
-P... Prince Luffman? Vous n´aviez pas disparu? Quelle bonne surprise!
-Merci, Radourg. Mon père est la?
-Oui! Quelle surprise ce sera pour lui!
Mouais. Ce gars là ne m´inspirait pas confiance. Trop poli pour être honnête.
Dans la salle immense et richement décorée, sur un trône d´or et d´argent, se tenait un homme d´environ soixante-dix ans, vieux et fatigué. Il semblait dormir.
-"ZZZZZZ...
Ah. Il dormait vraiment.
-RRRRR... ZZZZZZZ...
Et en plus il ronflait...
Luffman le secoua:
-Père! Père!
-ZZZ? Uh? Mais... MON PETIT LUFFMAN! TU ES REVENU? MAIS OU ÉTAIS-TU?
-J´étais dans le désert. Je voulais faire mes preuves. Tu m´as tellement parlé de la chasse au monstre que j´ai voulu essayer...
-Mon fils! Je suis si heureux de te revoir! Et alors, qu´as-tu tué?
-Une centaine de Cephalos, dont un Cephadrome!
-Je suis fier de toi!" Il regarda vers moi. "Qui est cet homme? Un de tes amis?
-Oui. Je te présente Ksaï. L´Escrimeur Légendaire!
-Non? C´est vous dont le peuple parle tant? Je suis heureux de vos rencontrer! Laissez moi vous dire que si vous continuez comme ça, vous finirez par avoir votre statue dans la Tour des Héros!
-Merci...
-Pour l´instant, je suis débordé de travail -bon, en fait, je veux faire une sieste-, alors ce soir, j´organise un banquet pour fêter le retour de mon fils, et vous y êtes convié. Vous en profiterez pour nous raconter vos aventures!
En sortant du château, je me dirigeais vers la Grande Bibliothèque. J´avais quatre heures à tuer avant le banquet, autant les passer à m´instruire.
Je montais les deux cent marches de l´entrée une à une, et me retrouvais en face des l´immenses portes. Au dessus était gravé " Cultive ton intelligence, récolte les fruits de la réussite!". Je pénétrais à l´intérieur. Pas énormément de monde Pas plus d´une dizaine de personne, en comptant les deux gardes et la documentaliste. Je me dirigeais vers le fond, vers les livres le plus anciens et les moins lus. Puis, je fouillais sur les étagères, parmi les livres poussiéreux. Voyons... "La cuisine aux épices".... "L´évolution de l´homme"... "Le Kama-Machin"... "La Théorie des nombres logarithmique"... Ah. Voila qui paraissait intéressant: "Le manuel du parfait chasseur".
Je passai deux heures sur ce livre, apprenant des tas d´astuces utiles, découvrant des monstres inconnus, de nouvelles armes, l´histoire de Gardemine... Enfin, quand j´eus terminé, je me levais de ma chaise et fit craquer mes vertèbres. Bon.. Le moment était venu de choisir un autre livre.
Tout à coup, un sentiment de peur m´étreignit. Comme si la mort me fonçait dessus à toute vitesse! Je fléchis les jambes sans faire de bruit, et tendis l´oreille. .
-Ah, vous voila enfin! Vous êtes en retard.
Cette voix venait du rayon d´à coté. Je la connaissais. C´était celle du premier ministre Radourg!
-Je ne suis jamais en retard. Quel est le problème?
Quand à cette seconde voix, je l´avais déjà entendue elle aussi. Elle appartenait à... A qui déjà? Ca allait me revenir... Ah, oui, c´était celle de... MON DIEU! JONHY!
-Le contrat à changé. Le fils du roi est revenu. Il vous faudra éliminer les deux. Quand à moi, je vous payerais le double.
-Ca marche. Je vous enverrais mon meilleur assassin. Vous payez la moitié maintenant et le reste une fois la tache accomplie.
-J´avais tout prévu. Voila votre argent.
-C´est un plaisir de faire affaire avec vous.
Oh oh... Si j´avais bien compris, le premier ministre avait engagé Jonhy allait assassiner le roi et son fils. Ca sentait le roussi! Pas de temps à perdre. J´attendis que les deux hommes soient partis, et courus à toute vitesse vers le Comptoir de la guilde.
Un fois entré dans le hall, je ne pus qu´assister à un spectacle affligeant: Saladin et Pépito dansaient sur leur table, Stalker venait de terminer son douzième gigot rôti, et Flo et Luffman jouaient aux échecs...
Une serveuse, qui visiblement avait bu un coup de trop, s´accrocha à mon bras:
-Salut, beau gosse...
-Pas le temps.
-On a toujours le temps. Si tu es gentil avec moi, moi aussi, je serais gentille avec toi.
-Pas besoin de ta gentillesse!
-Je pourrais t´en donner plus que tu le penses...
-Pognon?
-Non... Amour...
-Euh... Moi pas comprendre. Alors toi lâcher moi sinon moi me mettre très en colère! Toi comprendre?
-J´adore les hommes agressifs...
-MAIS FOUS MOI LA PAIX, $#%@!!!
-Goujat!
Elle me mit une baffe.
-Non mais ça va pas? Tu cherches la bagarre où quoi?
-Tu n´oserai pas frapper une fem*PAF!*
Elle s´effondra, assommée. Stalker posa son gigot:
-Toi, t´as un problème avec les femmes.
-Hein? Non!
-Alors pourquoi t´as assommé cette serveuse?!?
-T´es aveugle, où quoi? C´est elle qui m´a agressé!
-Et la galanterie?
-Égalité pour tous...
-...
-Bon, pas le temps de traîner! J´ai une chose urgente à vous dire!
Je leur racontais ce que j´avais entendu.
-Pas possible! Radourgh est fidèle à mon père. Il ne ferait jamais ça!" dit Luffman
-Je suis sur que c´était lui. Sa voix grinçante est reconnaissable entre milles!
-Mais alors...
-Oui. Ton père et toi même êtes en danger!
-Il faut le prévenir! Direction: le palais!
-Attends, on peut pas y aller comme ça! Ce Jonhy n´est pas n´importe qui! Il nous faut un plan Z!
-Un plan Z?
-Un plan de dernier recours! Écoutez, ça va être intéressant...
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Nous nous équipames, puis nous courumes vers le palais. Même Flo nous accompagna!
Arrivés en face des portes, nous nous séparames en deux groupes: Flo, Pépito, Saladin et Stalker d´un coté; moi et Luffman de l´autre:
-Flo, vous savez ce qu´il vous reste à faire?
-Oui, frangin! On respecte le plan!
-Arrête de m´appeler "frangin"!
-D´accord, frérot!
-Gnnnnnn!
Luffman courut vers la salle du trône, moi sur ses talons. Les gardes qui gardaient les portes... Ils étaient morts, décapités!
Je doublais Luffman et ouvris les portes à la volée; voici ce qui se passa pendant la demi seconde qui suivit l´ouverture:
Je vis, au centre de la salle, le roi... Mais une personne le retenait pat les cheveux et s´apprêtait à lui trancher la tête! C´était la guerrière armée d´éventails que j´avais affronté dans le désert! Je n´avais qu´une fraction de seconde pour réagir. Si je criais "STOP!", elle allait sûrement l´exécuter de suite, mais si je ne faisais rien, même résultat!. Il fallait détourner son attention!
Je dis calmement:
-Comme on se retrouve...
Sous l´effet de la surprise, elle ne tenta rien. Bingo! Maintenant, fallait gagner le plus de temps possible. Elle se retourna lentement et me fixa à travers les ouvertures de son casque:
-Tiens, tiens, tiens. Qui voila? On dirait que c´est le lâche qui m´a eue par derrière dans le désert! Que fais-tu ici?
-Oh, j´ai vu de la lumiere, alors je suis rentré!
-Tu sais ce qui va se passer? Tu vas mourir!
-D´ennui?
-C´était de l´humour? Non, je ne crois pas...
-Ris un coup, ça détend... Mais au fait, je ne connais pas ton nom...
-Mon nom? Dul. Le tien? Sans importance.
-Passons. J´ai une proposition. Tu veux ta revanche pour le désert? On se bat ici et maintenant. L´enjeu est la vie du roi.
-Ta proposition? Refusée! L´enjeu sera ta vie, et pas celle de ce vieux débris!
Sur ce, elle trancha la tête du roi, et la jeta aux pieds de Luffman.
-P... Père! Père... PEEEEEEEEERE!!!
Il se mit à trembler de rage, de désespoir et de tristesse. Il dégaina son croc-de-serpent et fonça sur Dul en hurlant:
- TU VAS CREVER, ENFOIREEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE!!!
-Qu´est-ce que c´est? Le fils? On dirait que je vais faire d´une pierre deux coups!
Elle s´élança et lui porta un coup d´éventail au niveau du rein sans qu´il ait la possibilité de riposter. Il s´écroula, perdant peu à peu son sang. Le plan était en train de foirer! Il fallait que je sauve au moins Luffman! Je dégainais mon couteau de chasseur et fondit sur Dul. Ses lames étaient tranchantes, mais moi j´avais un avantage: le piercing magique de Saint Épéiste! J´esquivais son coup d´éventail et lui portais un coup à l´épaule; ma lame pénétra profondément son armure de Gravios noir, la coupant comme si c´était du beurre. Je n´avais pas atteint la chair, mais c´était déjà ça... Elle regarda son épaule, incrédule:
-Comment... Avec un simple couteau de chasseur...
-Tremble devant l´Escrimeur Légendaire!
- Trembler? Non, je vais plutôt te tuer!
Elle croisa ses deux lames, déclencha une démonisation, et se mit en posture de combat. A ce moment précis, Saladin, Flo, Pepito et Stalker entrèrent dans la salle, emmenant avec eux un prisonnier: le premier ministre Radourg.
Je leur criai:
-VITE, TUEZ LE!
Luffman se releva difficilement, son arme à la main:
-Non... Ne le tuez pas... C´EST MOI QUI VAIS LE FAIRE!
-Prince! Ayez pitié! Grâce! GRAAA..." Radourg n´eut pas le temps de finir sa phrase, car sa tête venait être séparée de son corps par la lame de Luffman.
Je fixai Dul:
-Celui qui vous paye est mort. Vous n´avez plus aucune raison de tuer Luffman. Et dis à Jonhy que je le retrouverai... Et que je le tuerai de mes mains!
Elle me lança un regard meurtrier, puis projeta une bombe fumigène à ses pieds. Quand la fumée se fut dissipé, elle n´était évidemment plus là.
Je me tournais vers Luffman:
-Bois une potion, ton hémorragie est importante." Il but d´un trait le flacon que Pépito lui tendait, puis se releva:
-Laissez-moi. J´ai besoin être seul...
Je sortis du château, la tête basse. Le lendemain, je me rendis à la forge de Blade, et déposai le piercing ainsi que le couteau de chasseur sur le comptoir.
-Un problème?
-Non, ce piercing est efficace, mais je vous le rend. Quand au couteau de chasseur, même ma pelle est de meilleure qualité... Mais ils m´ont étés très utiles. Merci.
-C´était du chiqué!
-Quoi?
-Le piercing. C´était un blague. Il n´a aucun pouvoir. C´était juste pour te donner un peu plus confiance en toi!
-Qu... Quoi?
-Hé oui! Mais maintenant que tu me l´as rendu, ça ouvre de nouvelles perspectives...
Il accrocha une pancarte à sa vitrine: "EN VENTE ICI: PIERCING DU SAINT ÉPÉISTE, PORTE PAR ÉPÉISTE QUI A SAUVE LA CITÉE ROYALE"
Les affaires son les affaires...
Deux jours plus tard, Luffman était couronné. Comme on dit en ces circonstances, "Le roi est mort, vive le roi!"... Quand au récit de mes "exploits", il devait avoir traversé le pays... C´était l´heure de partir. J´allais dire au revoir à mes amis, et avant de quitter la citée, je visitai la Tour des Héros, admirant toutes les statues des grands hommes de Gardemine. Une d´entre elles me paraissait étrangement familière. L´homme représenté était un épéiste, en posture de combat, pointant son arme vers le sol. Son visage me disait quelque chose... Sur le piédestal, un nom: Sem Eihnar, connu comme "Le Maître Bretteur". Mais... C´était mon maître! Alors comme ça, son nom était Sem Eihnar...
Quelques mètres plus loin, une autre statue, la plus récente de toutes. Un homme en armure de Basarios, un couteau de chasseur accroché à sa ceinture, appuyé contre un arbre, regardant le ciel d´un air rêveur... Ksaï, connu comme "L´Escrimeur Légendaire"... Hum... Je sortis un morceau de charbon de ma sacoche.
Deux minutes plus tard, je quittais la tour, non sans avoir apporté une petite modification à la statue de "l´Escrimeur Légendaire"... Je lui avais dessiné des moustaches!
Le lendemain matin fut ensoleillé. Un soleil d´hiver, certes, mais un soleil quand même, assez pour se sentir en forme des le réveil. Je mangeais un morceau de saucisson pour me donner du coeur au ventre, et je partis vers le Sud en marche forcée.
-Un kilomètre à pieeeds, ça useu ça useu! Un kilomètre à pieeeeds, ça useu les soulieeeers! Deux kilomètres -atchoum!- à pieds...
Au bout de quatre heures de marche, quarante couplets différents et vingt-sept éternuements, le paysage commença enfin à changer. A l´horizon, j´apercevais quelques collines, des arbres et des herbivores. La mer intérieure n´était plus très loin. J´atteignis la première colline en environ une heure. Arrivé au sommet, ce à quoi je m´attendais se trouvait sous mes yeux derrière un ou deux kilomètres de foret, une énorme étendue d´eau agitée. Enfin arrivé... Bon, il ne me restait plus qu´à longer la cote vers l´est pour pouvoir atteindre le port. Je m´élançais dans le foret... Et m´arrêtais net. Trop faim pour continuer... Je m´asseyais sur un caillou et entrepris de découper une autre tranche de ce délicieux -mais brûlant- saucisson de mosswine. Au moment où je sortis mon couteau de dépeçage, un drôle d´insecte vint se poser sur ma main. Un genre de scarabée de forme allongée et d´un blanc immaculé. Un insecte dieu. Il était censé pouvoir vivre pendant mille ans, mais personne n´avait jamais pu vérifier. Autant dire que cette bestiole avait l´éternité devant elle. Mais que se passerait-il si je l´écrasais? Une éternité gâchée en un seconde... Un millénaire de vie dans le creux de ma main.
-Allez, envoles-toi...
L´insecte déploya ses ailes, prit son envol, et disparut. Mouais, c´était bien beau de jouer les pseudo-philosophes-entomologistes, mais fallait partir... J´avalais la tranche de saucisson, bus une gorgée de limonade-amerinsecte pour faire passer le tout, et en route!
La foret n´était pas très épaisse, et la neige se trouvait aussi bien dans les arbres que sur le sol. Heureusement, il n´y avait qu´une épaisseur d´une dizaine de centimètres, pas de quoi gêner ma progression.
Je finis par atteindre une clairière. Imaginez la scène: à coté d´une cabane de bois, et au milieu de centaines d´insecte dieux qui voletaient gracieusement, deux hommes se tenaient à genoux devant une tombe, et derrière eux, une dizaine de mosswines semblaient observer le spectacle d´un air curieux. Le premier homme était assez jeune -je lui aurais donné une quinzaine d´années-, mais il avait déjà un visage dur et résigné. Le second était obligatoirement un chasseur, car il portait une armure en vélociprey blanc, et un fusarbalète était suspendu à son épaule droite. Une minute... J´avais déjà vu cette armure et cet équipement quelque part. Trear?!? Qu´est-ce qu´il faisait ici?
Je pénétrais dans la clairière; en entendant le bruit de mes pas, les deux individus se retournèrent et se relevèrent. Trear leva la main et dit d´une voix lasse:
-"Salut Ksaï. On se retrouve encore une fois...
-Tu le connais?" demanda le deuxième homme.
-Oui, c´est un ami.
-Trear? T´as l´air étrange. Qu´est il advenu de ton indestructible bonne humeur?" questionnais-je.
-Oh... Disons que le moment est mal choisi pour se réjouir. Mais avant toute chose, laisse moi te présenter mon petit frère: Kratos.
Le deuxième homme s´inclina, et j´en fis de même. Une minute... Il avait dit... Son FRÈRE?!? Trear avait un frère?!? Houla...
-Et... Est-ce qu´il est normalement intelligent?
-Qu´est-ce que t´insinues?
-Moi? Rien! Changeons de sujet. Qu´est-ce que tu fais ici?
-C´est là que j´habitais avant de devenir chasseur cette cabane à été construite par mon grand-père...
-J´aimerais bien le rencontrer...
-Il est mort.
-Oups.
-C´était quelqu´un de bien. Il nous à recueilli mon frère et moi quand nos parents sont morts, et il m´a enseigné l´art la chasse. Puis, avant de mourir, il m´a légué son épée longue. Comme je me suis découvert un talent inné pour le fusarbalète...
-Treuh! Treuh!
-Pourquoi tu tousses? T´es malade?
-Non, ca va... Continue.
-Bon. Comme je me suis découvert un talent inné pour le fusarbalète, je suis revenu pour déposer l´épée, me recueillir sur sa tombe, et rendre visite à mon frère.
-On finit tous par mourir. Lui, il a eu la chance de mourir de vieillesse, non?
-Non. Il à été assassiné.
-Gné?
-La mer n´est qu´à une centaine de mètres d´ici. Et à quelques kilomètres à l´Ouest, il y a une crique: elle est habitée par des pirates.
-Gné?
-Une bande de pillards des mers qui s´attaquent à tous les navires qui croisent dans ces eaux. Un jour, alors que grand père était parti pécher, les pirates lui sont tombés dessus. Il les a tué jusqu´au dernier mais il a été blessé mortellement. Il est décédé quelques minutes après son retour.
-Gné?
-Arrête de dire gné! Tu vois pas que je raconte une histoire triste?
-Gn... Oh, pardon. Je voulais dire: mes condoléances...
-Merci.
-Une dernière question: Que font tous ces mosswines derrière toi?
-Tous ces quoi?!?
Trear se retourna et se rendit compte qu´une dizaine de mosswine était en train de l´observer.
-Argh! Des mosswines! A MORT!!!
Il dégaina son fusarbalète mais les mosswines furent plus rapide que lui: ils lui sautèrent dessus et le piétinèrent, puis s´enfuirent dans la foret en grognant. Trear ne bougeait plus. Je me tournais vers Kratos:
-Il a pas l´air de beaucoup bouger...
-Non...
-Tu crois qu´il est...
-Attends, je vérifie... -il saisit un bâton et donna de petits coups à son frère-
-%@&$ de mosswines!" marmonna Trear.
-Ca va, il est vivant.
L´artilleur se releva, épousseta la neige présente sur son armure et se dirigea vers la cabane:
-Bon, venez, restons pas dehors, c´est trop dangereux...
Nous entrâmes dans la cabane. A l´intérieur, deux lits, un poêle, une étagère bourrée de livres, une table et un grand coffre. Une délicieuse odeur de cuisine flottait dans l´air et il faisait une température tout à fait supportable. Kratos souleva le couvercle de la casserole se trouvant sur le poêle:
-Au menu: poisson bouilli et marrons grillés. Ca vous va?
-Pas de problème.
Nous nous mimes à table:
-Alors, Ksaï, qu´est-ce que tu viens faire par ici?
-Je retourne vers le Sud.
-Tu veux traverser la mer intérieure?
-Ouais.
-Parfait! C´est ton jour de chance!
-Ah?
-Tu viens de gagner une traversée gratuite de la mer intérieure!
-Gné?
-Je comptais traverser avec mon frère. On a un bateau.
-Euh... C´est vous qui l´avez construit?
-Pourquoi?
-Parce que si tu construis des bateaux aussi bien que tu manies le fusarbalète, on est bon pour le naufrage...
-Ha, ha, ha. Je suis mort de rire.
-Mais je plaisaaaaaaante! Bon, c´est toi qui l´a construit ou pas?
-Non. C´est mon grand-père. Voila, t´es content?
-Oui. Je peux avoir plus de détails?
-Sur le bateau?
-Nan, sur le voyage.
-On part ce soir, à la tombée de la nuit. Ca nous évitera d´avoir des soucis avec les pirates. Comme on va obliquer vers le Sud-Est et qu´on a une petite embarcation, le voyage va durer entre une et deux semaine. D´autres questions?
-Oui. Quand est-ce qu´on commence les préparatifs?
-Après le repas!
Des que nous eûmes finit nos marrons grillés -miam!-, nous commençâmes à réunir le matériel pour le voyage; il s´agissait de voyager léger. Trear partit faire des provisions de viande dans la foret, Kratos prépara les voiles, les lignes de pêche, les réserves d´eau douce et les harpons, tandis que moi, je calculais la route sur une carte -compliqué, ça...-. Un moment, une idée amusante me traversa la tête. Je me dirigeai vers Kratos:
-Hé!
-Oui?
-Même si on part en pleine nuit, y´a toujours moyen qu´on rencontre des pirates, non?
-Oui...
-Hé bien on va leur faire une surprise... Tu as une hache?
-Derrière la cabane, avec les autres outils...
-Noté!
Je sortis, saisis la hache, trouvais un arbre assez large, et tentais de le couper. En une heure, l´affaire fut dans le sac:
-TIMBER!
L´arbre tomba droit sur la cabane, la réduisant en miettes. Oh, la gaffe! Kratos sortit des décombres en titubant:
-T´ES MALADE OU QUOI?!?
-Oups...
-Bah, de toutes façons, on ne reviendra plus ici... Mais c´était pas une raison pour tout casser!
-Pas fait exprès...
-Et d´abord, qu´est-ce que tu veux faire avec cet arbre?
-Tu vas voir... T´as fini tes préparatifs?
-Oui, mais...
-Tant mieux. Tu vois le tronc de cet arbre? Tu vas me couper un rondin d´environ un mètre de long, puis tu vas le scier en deux dans le sens de la longueur. Une fois cela fait, tu vas creuser le milieu des deux moitiés de façon à ce qu´ils aient une forme cylindrique, puis tu vas rassembler les deux moitiés à l´aide de cordes et de clous.
-Tu veux que je fabrique...
-Tout juste. Un canon! Mais il sera en bois! Les pirates vont le sentir passer!
-Pas bête!
-Bon, pendant que tu t´occupes du canon, je vais confectionner de la poudre. C´est l´hiver, mais je devrais quand même trouver un où deux champinitros...
Je sortis de la clairière, et fouillais aux pieds des arbres, sur les vieilles souches... En une heure, j´avais récolté une vingtaine de ces gros champignons rouges; leurs pieds étaient remplis d´une espèce de pâte compacte. Si on la chauffait assez... BOUM! Bon, maintenant, il me fallait un deuxième ingrédient: l´herbe de feu. Problème, elle poussait exclusivement dans le désert ou dans les zones volcaniques... Zut. Il allait falloir trouver un autre moyen pour fournir de la chaleur au mélange.
Je revins à la clairière. Kratos semblait avoir terminé le canon, et il démêlait la corde qu´il venait d´utiliser pour attacher les deux moitiés. Tiens, tiens...
-Kratos? Tu peux percer un petit trou à l´arrière du canon et y introduire un morceau de corde d´environ cinquante centimètres? Ce sera le système de mise à feu. Quand on tirera la corde, elle se frottera à la poudre en dégageant de la chaleur, ce qui provoquera l´explosion et éjectera le boulet.
-C´est parti...
Trear, revint avec de larges morceaux de viande:
-Bon, ben, il ne reste plus qu´à... MAIS QU´EST-CE QUI EST ARRIVé A LA CABANE?!?
-Aucune importance... Tu peux aller discrètement jusqu´à la plage et rapporter une vingtaine de kilos d´argile?
-Tant que ça?
-Oui. Entre-temps, je fais cuire la viande. Vous avez du sel?
-Oui... Dans le baril, à coté des restes de la cabane...
-Merci!
Je pris quelques planches sèches parmi les débris et entrepris d´allumer un feu -pas facile, à cause de l´humidité...-. Puis, je salais la viande et attendis Trear. Il ne tarda pas à revenir, traînant derrière lui un énorme morceau de toile rempli de terre glaise.
-Voila l´argile!
-Bon, maintenant, t´en prends la moitié et t´en fais des projectiles bien sphériques pour le canon. Moi, j´en prends l´autre moitié et je m´occupe de la viande.
Je pris la viande salée, la recouvris d´argile et la mis à cuire, morceau par morceau. Voila qui allait aider à la conserver. Tiens, il me restait encore un peu d´argile... Je pris une petite motte, lui donnais la forme d´une brique, et la mis à durcir sur le feu. Une fois qu´elle fut entièrement sèche, je la mis dans ma sacoche. Ca pourrait servir. Ou pas.
Trear apporta les projectiles pour le canon et les mit sur les braises. En deux heures, nous avions terminé. Nous disposions de voiles, de lignes de pêche, de harpons, d´un canon avec quatre boulets et un tonnelet de poudre, d´un tonneau contenant pour une moitié de l´eau douce et pour l´autre moitié de la viande, et de quatre rames.
Restait plus qu´à attendre la nuit...
Chapitre XXIII
Partie 2: C´est pas l´homme qui prend la mer...
Le soleil venait de se coucher. C´était le moment. Trear déposa sa Lame de Serpent Vile sur la tombe de son grand père, et il lui dit adieu en compagnie de son frère. Nous courûmes vers la sortie de la foret et descendîmes sur la plage de galets. L´embarcation était cachée dans une petite grotte: il s´agissait d´une grosse barque d´environ deux mètres de large et sur cinq de long., dotée d´un mat et d´attaches pour les rames. Des que l´équipement et les provisions furent chargées, on poussa la barque jusqu´à l´eau, on monta et on rama. Le vent allait de la terre vers la mer, on hissa donc les voiles. L´embarcation s´éloigna silencieusement de la cote par vent arrière, avec nous à bord -c´est sur que si ça avait été " l´embarcation s´éloigna silencieusement de la cote sans nous à bord", ça aurait été con...-.
-Je prends le premier tour de veille." dit Kratos. "Je vous réveille dans quatre ou cinq heures.
-Ca roule... Bonne nuit..." répondis-je avant de m´envoler pour le pays des songes...
Je fus réveillé par Trear un peu avant l´aube. Le ciel était sûrement dégagé, mais une épaisse brume cachait le ciel et m´empêchait de voir à plus de dix mètres. Je saisis le gouvernail et fixai la boussole pour être sur de ne pas dévier du cap prévu. La mer était presque aussi calme qu´un étang. Le clapotis de l´eau avait quelque chose de relaxant... Tout un univers de tranquillité m´entourait. Rien ne pourrait troubler cette quiétude, et... Gné? La brume se dissipait. Génial, on allait pouvoir voir à quelle distance de la cote on... OH, NOM DE... Nous étions en plein milieu d´une crique... Et, si je me fiais à mon incroyable sens de l´observation je pouvais dire que cette crique était habitée par des pirates. Pourquoi? Tout simplement parce que des dizaines de maisons de bois étaient situées près de la plage, et qu´un navire assez imposant et arborant le pavillon noir se dirigeait vers nous... Et quel navire! Un trois mats presque aussi gros que le "POISSON-CHAT", et arborant de nombreux canons sur ses flancs. Bien équipés, ces pirates... Je secouais Kratos:
-DEBOUT! ON EST DANS LA MAUVAISE DIRECTION! LES PIRATES SONT LA!
-Quoi? Les quoi sont quoi?
Il se redressa, regarda aux alentours, et en voyant le vaisseau ennemi, sauta sur ses jambes et tendit la voile:
-RéVEILLE TREAR, VITE!
Je le secouais, lui mis des baffes lui hurlais dans les oreilles, mais pas moyen de le réveiller! Il avait un sommeil de plomb! Il devait bien exister un moyen de... Ah!
Je m´approchais de son oreille et lui chuchotais:
-Attention, les mosswines attaquent!"
L´effet ne se fit pas attendre: il fit un bond et dégaina son fusarbalète en hurlant:
-A MORT LES MOSSWINES!!!
Puis, il regarda autour de lui, et constatant qu´il n´y avait pas un seul mosswine, se rendormit immédiatement. Décidément...
Je saisis le gouvernail pendant que Kratos chargeait le canon avec de la poudre et un boulet. Le vaisseau pirate n´était qu´à une cinquantaine de mètres de nous, et il nous rattrapait! Heureusement, il ne pouvait pas utiliser ses canons, qui se trouvaient tous sur son flanc. Un homme se dressa sur la proue -ça veut dire: "l´avant"...- du navire et mit ses mains en porte-voix:
-RENDEZ-VOUS, WEUHR! VOUS NE POUVEZ PAS NOUS ÉCHAPPER, WEUHR!" hurla-t-il.
-Pourquoi il dit "weuhr" à la fin de chaque phrase?" demandais-je à Kratos.
-Tout pirate qui se respecte doit dire "weuhr". C´est une des règles essentielles de la piraterie! Mais pour l´instant, aides moi plutôt à placer ce canon à l´arrière!
Je calais le gouvernail, soulevais la lourde pièce d´artillerie et l´attachais à cheval sur le rebord de la barque. Kratos ajusta la direction, saisit le canon pour ne pas qu´il dévie, et m´ordonna de tirer la corde, ce que je fis immédiatement. Le canon tonna, et le boulet fracassa le haut du mat principal du navire ennemi, pile là où se trouvait le poste de vigie. L´homme qui occupait cette charge tomba du haut du mat et finit sa course dans la mer..
-Bien, visé Kratos!
-Merci!
-Ca fait plaisir de voir que certaines personnes sont capables de toucher leur cibles... N´est-ce pas, Trear?
Ce dernier se leva immédiatement et dégaina:
-Ah, ouais?
-Tiens, tu t´es réveillé?
-Tu vas voir si je ne sais pas viser!" Il enclencha une cartouche de couleur bleue dans son fusarbalète.
-Trear? Qu´est-ce que c´est que cette munition?
-C´est l´hiver, place aux munitions glacées!
-NAAAN! CA VA ENCORE TOURNER A LA CATASTROPHE! C´EST NOUS QUI ALLONS TOUT NOUS PRENDRE DANS LA TRONCHE!!! TU VAS DÉRÉGLER LE CLIMAT! TU VAS TRANSFORMER LA MER INTÉRIEURE EN MER DE GLACE!!!
-Mais non, je vais me contenter de geler leurs voiles pour les rendre aussi cassantes que du verre!
-Oh, non... Non... Pourquoi faut-il que ça tombe sur moi? POURQUOIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII???
-FEU!!!
Il pressa la gâchette, le projectile fut éjecté, parcourut soixante mètres et... S´écrasa dans la mer, juste devant l´étrave du navire pirate. Et il ne se passa rien d´autre.
-Ouf. On dirait que cette cartouche était défectueuse. Mais au fait, Trear, tu ne visais pas les voiles?
-Euh... Y´a eu une rafale de vent et mon canon à dévié!
-Mais bien sur! Du vent, y´en a à peine assez pour faire avancer le bateau...
-Oui, mais c´est la faute à *BRRRRRRAAAAAAAOUUUUM!*
Un énoooooorme bloc de glace surgit de l´eau, juste devant le navire ennemi! Il faisait au moins vingt mètres de haut!
Le pirate situé à l´avant hurla:
-ICEBERG DROIT DEVANT, WEUHR!!!
Leur bateau percuta la masse de glace de plein fouet, et toute la proue fut broyée. Le navire sombra lentement pendant que les pirates regagnaient la cote à la nage. Quand à nous, nous étions sciés.
-C... Comment..." Bafouilla Kratos
-Pas possible... On est indemne, et ils ont coulé. Les miracles existent... " murmurais-je
-Euh... Je l´ai fait exprès! Haha! Craignez la puissance de Trear, l´artilleur démoniaque!
-Mais bien sur...
Je saisis les rames et commençais à pagayer vigoureusement. Nous sortîmes de la crique et nous nous engageâmes en pleine mer. Cette fois, il s´agissait de ne pas se tromper de cap...
Le second jour du voyage ne fut marqué par aucun incident. Par contre, le troisième jour, vers midi, alors que je faisais ma sieste au soleil, je fus réveillé par une étrange mélodie. Un chant que tout le monde pourrait qualifier de magnifique, d´envoûtant, d´irrésistible. Tout le monde, sauf moi. J´avais une sainte horreur de la musique. Je me redressais pour savoir d´où provenait cet horrible bruit -oui, vous pouvez appeler ça un chant. Moi, j´appelle cela du bruit! Na!- et c´est là que je la vis. Assise sur un rocher, au milieu de carcasses de bateaux, une superbe femme... Non, ce n´était pas une femme. Elle était humaine jusqu´à la taille, et en en dessous... Elle possédait une queue, comme un poisson! Mais qu´est-ce que c´était que ce truc?!?
Je me tournais vers mes amis pour leur demander leur avis sur la chose, mais... Leur regard était vide. Ils semblaient comme hypnotisés... Par cette musique? Kratos tenait le gouvernail fermement -impossible de lui faire lâcher prise- et se dirigeait droit vers elle. Mais qu´est-ce que... Hé! Autour de cette créature, à la surface de l´eau, on pouvait voir d´étrange petites vaguelettes... Des hauts-fonds! Si on continuait ainsi, on allait se fracasser contre des récifs! Plus qu´une centaine de mètres! Il fallait faire quelque chose, et vite! Mais je ne pouvais pas réfléchir avec les hurlements de l´autre! Donc, premièrement: la faire taire! Voyons, que pourrais-je utiliser? Le canon? Non, trop radical. Les harpons? Non, trop cruel. Ah! Je fouillais dans ma sacoche et en sortis... Ma brique d´argile! Je savais bien qu´elle allait finir par servir! Plus que cinquante mètres avant les récifs... Trente mètres... FEU! Je lançais ma brique avec le plus de force possible en criant:
-LA FEEEEEEERMEUUUUU!!!
Elle heurta de plein fouet la tête de la créature qui tomba de son rocher et atterrit dans l´eau! Touché! Mwahaha! Voila qui lui apprendrait à chanter comme une casserole! Bon, maintenant, il fallait réfléchir à la façon d´éviter ces récifs. Et il fallait faire vite, il ne restait plus que dix mètres! Au moment où je mis mon cerveau en marche, le bateau vira et passa à coté des hauts-fonds... Formidable! J´avais changé sa direction rien qu´avec la force de mes pensées! Ah, tiens, non, en fait, c´était Kratos qui venait de tourner le gouvernail... Il semblait sortir d´un rêve.
-Bien joué, Ksaï! Mais comment t´as fait pour résister à son chant?
-Gné?
-C´est une sirène! Une créature mi-femme mi-poisson qui se sert de son chant pour hypnotiser les marins! Elle attire les navires sur des récifs, et dévore les naufragés!
-Ca explique pourquoi il y a toutes ces carcasses de navires autour d´elle, et ça explique aussi pourquoi elle chante comme une casserole!
-Euh... Décidément, t´es pas normal...
-Les gars?" demanda Trear. "La sirène... Elle se dirige vers nous. Et c´est sûrement pas pour nous présenter des excuses... Je la neutralise?
Il rechargea son fusarbalète. Je m´interposais:
-Ne tente pas trop la chance... T´as réussi un tir sans victimes collatérales, c´est assez pour la semaine. Laisse moi faire, c´est une affaire entre elle et moi!
-Hé, c´est quand même nous qu´elle a hypnotisé!
-Ca, c´est pas grand chose... Tandis que moi, elle à interrompu ma sieste, elle a voulu me dévorer, et en plus, elle s´est permis de me brailler dans les oreilles!!! Si il y´a un truc que j´ai du ma à supporter, c´est la musique. Mais si en plus l´interprète chante faux.... CA VA SAIGNER!!!
La sirène nous poursuivait. Elle n´était plus qu´à une dizaine de mètres de notre embarcation, et elle avait révélé son vrai visage: des yeux rouge sang, des dents de carnivore, aussi tranchantes que des lames, des griffes acérées au bout de chaque doigt... Mais moi, j´avais quelque chose qu´elle n´avait pas: UN CANON, MWAHAHAAA!!!
J´introduis la poudre et le projectile alignais l´arme et criai:
-Hé, SIRÈNE DE MES DEUX! T´AS FAIT LA PIRE ERREUR POSSIBLE! T´AS INTERROMPU LA SIESTE DE KSAÏ! CREEEEEEVE!!!!
Et je tirais la corde! *BLAM!* Le boulet percuta de plein fouet la créature, qui explosa en milles morceaux dans une gerbe de sang!
-TOUCHé COULé!!! HOUAR HOUAR HOUAR HOUAR!!!
-Psychopathe..."murmurèrent Trear et Kratos.
Suite à cet incident, il fallut au moins une semaine pour qu´ils reprennent confiance en ma santé mentale...
Il restait moins de quatre jour de voyage. Tout était calme; Trear nettoyait son fusarbalète, Kratos piquait un somme et moi, je tenais le gouvernail. Une journée tranquille...
-Y´a un truc sous l´eau..." dit Trear.
-Gné?
-Un truc énorme. Ca se dirige vers la surface...
Au moment où il finissait sa phrase, une créature horrible émergea de l´eau, dans un bouquet d´éclaboussures... Un genre de poulpe... Mais il était immense! Une quinzaine de mètres de haut, et presque autant de large! Sa peau était recouverte d´algues,, et ses yeux étaient deux globes noirs... Là, on était vraiment, mais vraiment mal.
Le poulpe émit un genre de grognement, puis s´éloigna tranquillement, sans faire attention à nous... Peut-être qu´il avait envie de prendre l´air...
-UN POULPE GÉANT! A L´ATTAQUE!!!
Kratos venait de se dresser sur ses jambes, et avait saisi un harpon.
-P´tit frère, fais pas l´idiot, il ne nous à pas remarqué!" chuchota Trear.
-A MORT!" hurla Kratos avant de balancer le harpon, qui rebondit sur la peau élastique du monstre. Ce dernier ne réagit même pas.
-C´est bon, il ne fait pas attention à nous, profitons-en pour...
-A MORT!" hurla Kratos en lançant un second harpon, qui ricocha lui aussi.
-Arrête, il ne nous veut pas de mal! Inutile de...
-A MORT!" Hurla Kratos en lançant tous les harpons restant. Ils ricochèrent tous, mais cette fois, le monstre se retourna.
-ABRUTI! IL NOUS A VU!!!" cria Trear en secouant son imbécile de fr... Euh, pardon, son très cher frère.
Le poulpe s´approcha lentement du bateau, et fixa Kratos d´un regard qui voulait tout dire. Il saisit l´infortuné lanceur de harpon dans une de ses tentacules et l´envoya dans les airs avec une telle puissance qu´il traversa les cieux et disparut derrière la ligne d´horizon. Trear tomba à genoux:
-Petit frère... Kratos... POULPE DE $%@#! TU VAS PAYER!!!
Le problème avec les poulpes, c´est qu´ils n´aiment pas qu´on les insulte -si, c´est vrai, vous n´avez qu´à essayer pour voir...-. Avant que Trear ait eu le temps de dégainer, il saisit l´embarcation et la projeta dans les airs! Pour la première fois de ma vie, je volais! Je vis le poulpe s´éloigner -ainsi que le sol- et je traversais le ciel a une vitesse inouïe! A mes cotés se trouvait Trear. Comme il était plus habitué aux voyages aériens , il volait de façon plus stable... Mais passons. Le sol avait finit de s´éloigner, maintenant... Il se rapprochait!!! Trear hurla:
-T´INQUIÈTES PAS, L´IMPORTANT, C´EST PAS LA CHUTE! C´EST L´ATTERRISSAGE! IL FAUT QUE TU TOUCHE L´EAU AVEC LE BON ANGLE, COMME CA, TU RICOCHERAS SUR LA SURFACE SANS TE BLESSER!
-QU´EST-CE QUE T´EN SAIS?
-LES ATTERRISSAGES FORCéS, CA ME CONNAÎT!
C´était bien beau, tout ça, mais la mer se rapprochait! J´essayais de prendre la même position que Trear, et au moment ou je touchai la surface de l´eau, miracle! Je ricochais! Après une dizaine de ricochets d´une ampleur de plusieurs kilomètres, la cote était en vue! Hourra! Je percutais violemment la plage et m´enfonçais profondément dans le sable. L´atterrissage de Trear fut plus réussi... Ou pas. Il ricocha sur le sable et alla s´écraser dans une cabane de pécheur qui s´effondra sous l´impact. Il parvint à s´extraire des débris et but une longue rasade de potion. Je lui empruntais sa fiole et en but aussi, car je m´étais cassé le bras. Qu´est-ce que ça aurait été si je n´avais pas eu mon armure -oui, j´avais enfilé mon armure pendant le vol plané, et non, je ne l´ai pas précisé, ça me fait une belle jambe...- . En regardant aux alentours, j´aperçût Kratos, qui se remettait tant bien que mal de sa chute. Il était tombé sur un pauvre mosswine, qui avait été pulvérisé.
-Hum... Il a utilisé la force emmagasinée pendant sa descente pour vaincre un de ces redoutables mosswines." dit Trear. "C´est mon digne frère."
-A mon avis, il lui est plutôt tombé dessus par hasard. Ca a amorti sa chute, tant mieux. Passe lui un peu de potion...
Après avoir soigné ce pauvre Kratos, nous nous mimes à inspecter les lieux. Et là, surprise! Nous n´étions à une centaine de mètres de l´entrée de la ville du Nord! C´était justement là que nous devions débarquer! Quelle chance! Trear leva les bras en signe de victoire:
-Yahou! Nous voilà à destination avec quatre jours d´avance! La chance est mon alliée! Je suis Trear le*CRASH!*
Notre bateau venait de s´écraser sur Trear. Pas de bol...
-Trear, ça va?
-NON! CA VA PAS DU TOUT! MARRE!
-...
-Heu... Vous pouvez me passer une potion? Mes jambes sont en miettes...
Important!
Note de l´auteur: La ville dans laquelle va se passer une partie de ce chapitre est la Ville du Nord. C´est la même ville que dans le chapitre XIII -celui où Ksaï rencontre de Shibe de Kobra-, mais suite à une faute de frappe, elle avait été appellée "la Ville du Sud". Son vrai nom est donc la Ville du Nord. La ville du Sud, quand à elle, est la ville où habite le maitre de Ksaï.
Merci de votre attention.
Chapitre XIV
Partie 1: Payez-moi et je travaillerais mieux...
Quelques minutes apres notre arrivée, les lourds nuages obscurcissant le ciel avaient commencé à décharger leur provisions d´eau sur la région. C´est donc sous une pluie battante que nous arrivames aux pieds des hautes palissades de bois entourant la Ville du Nord. L´homme qui était censé garder l´entrée dormait paisiblement, ce qui était quand même un exploit, vu le temps. Bah, grand bien lui fasse...
La ville n´avait pas changée. Toutes les maisons étaient faites de planches de bois -ce qui donnait à la ville un faux air de village de pêcheurs géant-, et étaient séparées par un espace conséquent pour éviter qu´en cas d´incendie, le feu se propage trop facilement.
Je n´avais pas l´intention de m´attarder ici. En fait je voulais juste rendre visite à un ami avant de repartir vers le Sud.
Trear s´éloigna en compagnie de Kratos:
-On va au Comptoir de la Guilde. Si tu nous cherches...
-Pas de probleme..." répondis-je.
Bon, il ne restait plus qu´à retrouver cette échoppe. Je parcourus le quartier jusqu´à tomber sur l´enseigne recherchée: "Amures Kobra". Je poussai la porte; à l´interieur, l´atmosphere était toujours saturé de cette étrange énergie, provenant de l´homme d´une trentaine d´années qui, accoudée au comptoir, remplissait un livre de comptes: Kobra, le faiseur d´armures! En m´entendant arriver, il releva la tête:
-Ksaï, te voila enfin!
-Gné? Comment ça, "enfin"?
-Je me demandais si tu allais un jour repasser par ici...
-Pourquoi?
-Disons qu´il y a quelqu´un ici qui refuse de quitter ma boutique tant qu´il ne t´aura pas retrouvé...
Il se dirigea vers le placard à balais et l´ouvrit: dedans, se tenait une créature bipede aux allures reptiliennes, bleue, dotée de griffes et de dents pointues et d´un regard plus vide que le vide lui même: hé oui, c´était un vélociprey!
-Dédé!!! Mais comment il est arrivé là?!?
-Il était resté à bord du "POISSON-CHAT". Le capitaine ne savait pas quoi en faire, et quand j´ai embarqué pour le voyage du retour, il me l´a confié parce que je te connaissais. Depuis, il habite dans mon placard à balais!
Dédé me fixa avec un air du genre "je réfléchis...", comme si je lui rappellais quelque chose. Mais comme les vélocipreys sont incapable de réflechir de maniere prolongée, il s´effondra au bout de trois secondes, épuisé par cet effort surhumain -ou plutot survélocipreyen-. N´importe quoi...
Kobra le fixa d´un air perplexe:
-Son cerveau à du s´arreter automatiquement pour éviter de fondre... Il s´en remmetra. Bon, pour feter nos retrouvailles qu´est-ce que tu dirais d´une chasse au monstre?
-Pourquoi pas? Comment on s´organise?
-On va travailler pour la Guilde.
-Euh... Mouais. Ca me dit trop rien...
-Tu plaisantes, j´espere? Il y a beaucoup d´avantages à travailler pour eux!
-Comment ça?
-Tu n´as jamais accompli de mission pour le compte de la guilde?
-Ben... Non.
-Je t´explique: si quelqu´un à un problème se rapportant à la chasse au monstre -une attaque de wyvern, par exemple-, elle peut faire appel à la guilde. Contre une certaine somme d´argent, cette derniere fournit son soutient et recrute des chasseurs pour regler le probleme. Si la mission est un succes, les chasseurs peuvent garder tous les composants prélevés sur le monstre, et en plus, ils reçoivent une partie de l´argent versée par le demandeur, l´autre partie allant tout droit dans les caisses de la Guilde.
-Et si la mission est un echec? Si, par exemple, tu es estropié au point de ne plus pouvoir exercer le metier de chasseur?
-Ah... Là, tout dépend. Si tu fais partie des chasseurs travaillant pour la Guilde à plein temps, tu recevras une certaine somme d´argent, et la Guilde te trouvera un metier convenant à tes capacitées. Par contre, si tu es un chasseur sans attaches, non répertorié dans les registres de la Guilde... Tant pis pour toi.
-Mouais, ça me convient. On y va?
Suivis par Dédé, qui avait repris connaissance, nous partimes vers le Comptoir de la Guilde. Bien que le responsable ait émis quelques protestations envers la présence de Dédé en ce lieu, nous pumes finalement entrer. Kobra examina le tableau d´affichage, et pris une des feuilles qui étaient épinglées dessus:
-Celle-là m´a l´air interessante: le demandeur est un propriétaire minier; un khezu à investi sa mine de charbon, et il offre 5000z de récompense à qui le tuera! En plus, c´est seulement à dix kilometres à l´est de la ville!
-Ca marche.
Il se dirigea vers l´accueil et y déposa la feuille.
-Avez-vous une carte de Guilde?" demanda la serveuse se trouvant derriere le bar.
-Non, je ne suis pas sur les registres." répondit Kobra.
-Cette mission ne requiert pas de paiement contractuel, ce qui signifie que la Guilde ne vous fournira ni équipement, ni provisions. Vous en etes conscient?
-Tout à fait.
-Combien de temps demandez-vous pour mener à bien cette mission?
-Trois jours, à compter d´aujourd´hui.
-Très bien, si dans trois jours vous n´êtes pas revenu avec la preuve de la mort du wyvern, le contrat sera annulé. Comptez -vous y aller seul?
-Nous serons deux.
-Non, quatre!" répondit Trear, qui venait de nous rejoindre.
Kobra se retourna:
-Trear? Oh, non....
-Pas de panique." soufflais-je à Kobra. "Il n´a plus de munitions explosives..."
-Ca ne me rassure pas pas beaucoup... Qui est le quatrieme?
Vetu d´une armure de cuir et armé d´une grande épée de fer, Kratos se dirigea vers nous.
-Mon frère nous accompagne. Il a décidé de devenir lui aussi un chasseur!" dit fierement Trear.
-Ah? Tu vas confier sa formation à la Guilde?
-Non, c´est moi qui vais l´entrainer!
-Houla...
-C´était quoi ce "houla"?
-Heu... Rien.
-Excusez moi, mais pourriez-vous vous dépecher?" demanda la serveuse. "D´autres gens attendent.
-Désolé. Nous irons donc à quatre.
-Vous savez tous écrire?
Nous répondimes par l´affirmative -ne riez pas, beaucoup de chasseurs sont illetrés et doivent apprendre à lire et à écrire si ils veulent travailler pour la Guilde -.
-Bon, dans ce cas, apposez vos nom sur ce contrat, et vous pourrez y aller.
Au moment où nous allion quitter le comptoir, un homme en caleçon nous barra la route:
-Attendez! J´ai tout entendu, vous allez vers la mine de charbon. Soyez sur vos gardes, l´Ombre y rôde! Elle m´a volé mon armure, mon arme et tous mon équipement!
-Encore elle? Ca devient serieux, il faudrait faire quelque chose." soupira Kobra.
-C´est quoi?" demanda Kratos.
-C´est un gars en caleçon."
-Mais non, pas lui! L´Ombre!
-Ah. C´est une voleuse qui s´attaque aux chasseurs. Elle en à dépouillé une centaine rien que cette année.
-Elle doit être vraiment douée.
-Oui, à ce qu´il parait, elle se bat comme une déesse. Et tout ce que ses victimes s´accordent à dire, c´est qu´elle à de magnifiques yeux bleus.
-Et elle chante?" demandais-je.
-Qu´est-ce que ça a à voir?
-Ben, si elle chante pas, tant mieux. Si elle chante, je vais acheter une brique à l´echoppe la plus proche, juste au cas où on la rencontrerait.
-Euh... Je ne crois pas qu´elle chante. Hem.
-Bon, tant mieux.
Nous sortîmes de la ville et nous nous dirigeames vers la mine. Il faisait sombre, la pluie tombait toujours, et le vent s´était levé.
-Comme temps pour une chasse au monstre, on aurait pu rever mieux!" dis-je..
-Bah, dis toi bien que ça pourrait être pire!" s´exclama Trear. C´est alors que la pluie redoubla d´intensitée.
-Trear, par pitié, tais toi!
-Bah, ça pourrait encore être pire!" s´exclama-t´il à nouveau. Pile à ce moment, un éclair zebra le ciel, et le tonnerre gronda.
-Et voila! C´est malin!
-Bah, ça pourrait être...
-TAIS TOI! TU VEUX DECLENCHER UN CATACLYSME OU QUOI?!?
-Beuh... J´y suis pour rien, moi!
-Mais bien sur... Ah, je crois qu´on est arrivé!
Devant nous, se dressait la mine de charbon: un gigantesque terrain où étaient construits des puits de forages, des logements pour les mineurs, etc... Dans cette semi-obscuritée, elle avait un air inquietant. Bonne ambiance...
Le commerce du charbon était quelque chose de tres rentable en Gardemine: les forgeons l´utilisaient pour alimenter leurs chaudieres, la Guilde pour fabriquer une poudre à canon plus stable et plus puissante que celle utilisée par les chasseurs, et les gens riches s´en servaient pour chauffer leur maison. Bon, évidemment, le metier de mineur comportait beaucoup de risques, mais il était bien payé. Imaginez donc la quantité d´argent que le proprietaire de la mine avait perdu depuis que le Khezu avait débarqué!
-Bon, aucune trace du monstre." dit Kobra. "On a qu´à s´abriter dans les logements des mineurs en attendant qu´il arrive.
-Bonne suggestion. Je n´aime pas l´idée de rester sous la pluie et l´orage. On ne sait jamais ce qui va nous tomber dess...
Je n´eus pas le temps de finir ma phrase, car une ombre fondit sur Trear! Avant que nous ayons pu réagir, il avait été maitrisé et une lame était appliquée contre sa gorge. Un éclair traversa le ciel, et je pus appercevoir celui, ou plutot celle qui venait de prendre mon infortuné camarade en otage: une femme d´une vingtaine d´année, aux cheveux roses -mais quel mauvais gout...- et au visage fin, dotée de "superbes" yeux bleus, portant des vetements legers -et que je qualifierais de... Heu... "Mettant en valeur ses formes génereuses."Hem.- et armée d´étranges lames doubles.
-Bonjours messieurs! Je vous demanderais de bien vouloir deposer vos armes, armures et objets de valeurs et de reculer de dix pas. Si vous ne vous executez pas à l´instant, je tranche la tete de votre ami!
-Tu es l´Ombre, je présume." dit calmement Kobra. "Comme tu peux le constater, nous sommes quatre et tu es seule. Qui plus est, tu ne portes pas d´armure, le moindre de nos coups te sera fatal.
-Si je ne porte pas d´armure, c´est pour avoir plus de libertée de mouvement. C´est un avantage non négligeable lors d´un combat. Et si vous tentez quoi que ce soit, votre ami perdra la tete! Regardez bien mes lames: ce sont des Protos-tranches-coupes! Les anciens de l´os et du fer les ont faites spécialement pour moi! Elles sont capable de couper un arbre en deux, alors nul doute qu´elle n´auront aucun mal à traverser l´armure de votre camarade...
Aïe. Je savais que j´aurais du emporter une brique! Bon, en attendant, il fallait agir, et vite. Je décidai de jouer sur l´effet de surprise:
-DEDE, ATTAQUE!
-...
Le velociprey ne bougea pas d´un poil et me fixa de son air bete.
-J´ai dit "attaque"...
-...
-Dédé? Attaque!
-...
-Oh, laisse tomber.
-Wirk!
-C´est ça...
-Quand t´auras fini de jouer avec ton lézard, tu pourras peut-etre déposer tes affaires au sol..." ironisa l´Ombre.
Chapitre XIV
Partie 2: ...ou pas!
Bon, fallait trouver autre chose. Je fixai Trear. Le moins qu´on puisse dire avec lui, c´est qu´il n´était pas un très bon chasseur. Par contre je ne l´avais jamais vu paniquer, et ce, quelle que soit la situation. A cet instant précis, il ne faisait pas exeption à la regle, et etait tout à fait calme, malgré la lame plaquée sur sa gorge. Il fallait le faire réagir pour qu´il mette son agresseuse en difficultée. Et je savais comment!
-Trear! Prends garde! Ce n´est pas une femme normale!" dis-je sur d´un air convaincu.
-Qu´est-ce que tu racontes?
-C´est un mosswine démoniaque qui à pris forme humaine!
-Qu... Quoi? Tu te fiche de moi, là?
-Ca t´avance à quoi de me traiter de mosswine?" demanda l´Ombre. Je ne lui répondis pas et continuai à executer mon plan diabolique.
-Trear! Ecoute moi! Cette femme est l´esprit de tous les mosswine que tu as vaincu! Ils veulent leur revanche! Ils veulent ta mort! Ils veulent te voir crever!
Pour la premiere fois, je lus la peur dans les yeux de Trear. Une peur indescriptiblement forte. La terreur même, celle qui rend un homme fou!
-Je crois que t´as fait une connerie..." dit Kratos. "Quand mon grand frère à peur il... Change.
-Il change?
-C´est bien ce que j´ai dit.
Trear tremblait de tout son corps:
-NON! PAS LES MOSSWINES! PAS LES MOSSWINES! PAS LES... GROUARG!!!
Il projeta l´Ombre en arriere, et son corps se mit à tripler de volume et à changer de couleur, dechirant son armure, et faisant trembler le sol. Par chance, son pantalon -qui était fait de tissus et non de mailles métaliques- résista et resta en place. Devant nous se trouvait maintenant un humanoïde vert de trois metres de haut, super barraqué et très en colere! Kratos hurla:
-C´EST L´INCROYABLE TRHULK!!!
-GROUAAAAAAAARRR!!! TRHULK VA DETRUIRE MOSSWINES!!!
Il bondit vers la voleuse et lui envoya un formidable direct. Cette derniere esquiva, et le poing heurta un des barraquements qui fut pulvérisé!
-TRHULK PULVERISER! TRHULK BROYER! TRHULK ECRABOUILLER!" ceci dit, il arracha une des tours metalliques surplombant les puits de forages et la balança en direction de l´Ombre , qui évita une fois de plus. La tour finit sa course dans un autre barraquement, qui s´effondra à son tour!
-Je parie 10z sur Trear... Euh, je veux dire Trhulk." déclara Kobra.
-Moi aussi." répondis-je.
-L´Ombre se débrouille pas mal non plus." observa Kratos. " Non, je plaisante, c´est clair qu´elle est fichue! Je parie aussi sur Trhulk!
-Ah, mais si on parie tous sur lui, ça n´a aucun interet!" objectais-je. "Bon, on a qu´à parier sur ce qu´il restera de l´Ombre quand Trhulk en aura fini avec elle! Je parie 5z qu´il va lui arracher la tête!
-Et moi je parie 12z qu´il va l´écraser toute entiere!" s´exclama Kratos.
Nous fumes interrompus par un bruit venant de derriere. Comme si une lourde masse venait de percuter le sol. Je me retournais immediatement pour voir un monstre gris, visqueux, bipède et doté d´ailes, au long cou, à la bouche garnie de crocs acerés... Le Khezu!
-"On est vraiment en position de faiblesse!" declara Kobra. "Le sol est trempé, si il nous balance une seule décharge, on est sur de griller! Je ne crains quasiment rien grace à mon armure en Kirin, mais vous, restez à tout prix à distance!
Voyons... Le Khezu... Si mes souvenirs étaient bons... Ah! Manuel du Parfait Chasseur, partie deux: Faune de Gardemine, chapitre quatre: Les wyverns, annexe sept: Le Khezu. "Le Khezu peut generer des choch électriques, blablabla, ses membres munis de ventouses lui permettent d´adherer aux parois rocheuses, blablabla, il est quasiment aveugle et se repere à l´odorat, blabla... Mais oui! Je sortis de ma sacoche l´objet que j´avais acheté au Comptoir de la Guilde: une bombe de bouse! C´etait à peu pre s la même chose qu´une bombe flash, sauf qu´une fois lançée, elle diffusait un gaz dont l´odeur était si insupportable qu´elle donnait envie de vomir!
-Je vais tenter quelque chose! Soyez prets à intervenir!
Je m´élançait vers la bete; elle etendit son cou pour tenter de me bouloter, mais j´évitais aisément el lui collais la bombe de bouse dans la narine gauche! Elle libera son contenu directement dans les conduits respiratoires de la pauvre bete qui se roula par terre, frappa sa tete contre le sol, et hurla de dégout!
Profitant de cette occasion, je la matraquais à coup de pelle, bientot rejoint par Kobra et Kratos! Le Khezu finit par réeussir à ejecter la bombe de son nez, et s´auto-éléctrifia! Je fus projeté en arriere et m´étalais dans la boue. Le monstre fonça sur moi -il m´en voulait pour la bombe de bouse, ou quoi?- pour me devorer! Je n´allais pas avoir le temps de me relever!
-TRHULK ANEANTIR!!!
Avant que le monstre puisse m´atteindre, l´humanoïde vert le saisit par la queue, le fit tournoyer au dessus de sa tete et le balança sur l´Ombre, qui se jeta sur le coté pile à temps pour éviter l´impact! Mais, emportée par son élan, elle se prit un mur et perdit connaissance...
-TRHULK A BATTU LE MOSSWINE!!! GROUAAAAAAAAAAAAR!!!
Kobra regarda son arme avec perplexité:
-Mon éclair Kirin ne vaut rien face à ce monstre! Il utilise la foudre pour attaquer, tout comme cette bestiole! Ca doit à peine le chatouiller. Il me faudrait une autre arme.Ou alors, plus de puissance! Mais où est-ce que je pourrais trouver..." Il leva la tete et sourit. "Je vois...
-Tu vois quoi? Je te signale que le Khezu revient à la charge! Tu... Ben? Où est-il passé?
Kratos vint à coté de moi en brandissant son immense épée:
-Le revoila! Pret?
-Ben... Je viens de perdre Kobra. Tu l´as pas vu?
-T´occupes! Voila le Khezu!
C´est alors que j´aperçus Kobra: il était debout au sommet de la derniere tour métallique encore intacte -les autres ayant étées détruites par Trhulk- et pointait son épée vers le ciel. Un éclair le frappa, la foudre parcourut son armure, et il sauta de la tour, atterit sur le Khezu, et lui planta son épée dans le dos, relachant toute la puissance de l´éclair! Ce surplus d´énergie dut créer un court-circuit à l´interieur du monstre, car il EXPLOSA en morceaux! Ah, zut, on allait pas pouvoir récuperer de composants...
Une heure plus tard, la pluie cessa et le ciel s´éclaircit. On pouvait voir le coucher du soleil... Trear avait repris sa forme normale cherchai les morceaux de sa défunte armure pour que Kobra lui la répare, Kobra alimentait le feu avec des planches tirées des barraquements détruits, et Kratos, Dédé et moi même cherchions de quoi manger. J´aperçus le corps de l´Ombre -qui était toujours assomée-. A cotée d´elle, un petit cochon vetu d´un chandail à rayures bleues et blanches, et portant un petit noeud de soie rouge sur la queue. Des l´instant où je le vis, je ne pensai qu´à une chose: le zigouiller!
-Dédé! Tu vois le cochon? Rapporte!
-...
Il me regarda un instant, puis regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Puis il me regarda. Puis il regarda le cochon. Et enfin, il se décida à réagir:
-Wirk!
-Euh... Bon. Faudra que je t´apprenne à rapporter.
Je me dirigeais vers le cochon, et shootais dedans. Il alla s´ecraser contre un mur et retomba au sol.
-Kratos, ligotes cette furie pour eviter qu´elle nous poignarde dans le dos en se réveillant.
-D´acc!
Je ramassai le cochon, et le ramenais à Kobra:
-Voila le diner! Penses à lui enlever son chandail et son petit noeud, ce n´est pas très digeste...
-C´est parti! Ou est ma broche?
Une agreable odeur de viande grillée envahit l´air. C´était bientot pret! L´Ombre se réveilla et demanda:
-Qu... Qu´est-ce qui s´est passé?
-Tu t´es assomé." lui répondit Trear "Tu as perdu, tu as été forcée de t´incliner devant la puissance de l´incroyable Trhulk!
-Tu rigoleras moins quand je t´aurais enfoncé mes lames dans la poitrine...
-Pour cela, faudrait déja que tu puisse te détacher!
-Cela ne saurait tarder.
-C´est ça... Bon, le cochon est cuit?
-Le cochon?
Elle apercut l´animal embroché au dessus du feu et son visage se décomposa
-PORKY!!! VOUS L´AVEZ TUE!!! VOUS AVEZ TUE MON COCHON!!! ESPECES DE MONSTRES!!!
Je me penchais vers elle:
-Ah bon? C´était ton cochon?
-C´ETAIT MON SEUL AMI!!! OUIIIIN!!! PORKY!!!
-Fallait le dire... Si on avait su que c´était ton cochon... On aurait gardé la peau et les os pour l´empailler, MWAHAHAAAAA!!!
-OUIIIIN, PORKY!
-Bon, je suppose que tu veux garder le chandail et le petit noeud en souvenir? Pas de bol, on les a brulés! MWAHAHAHAHAAAA!!!
-OUIIINN!
-Bon, on peut pas te laisser comme ça. T´en veux un morceau? MWAHAHAHAHAAAA!!!
-SALE MONSTRE, JE JURE QUE JE TE TUERAIS!!!
- Faut pas dire ça, voyons... Allez, si tu veux, je te le remplace... Par un jambon! MWAHAHAHAHAAAA!!!
-SALE MOOOOOONSTRE!!!
-J´ai tellement ri que je crois que je me suis cassé une cote... De porc!!! MWAHAHAHAHA!!!
-OUIIIIIN!!!
-Ksaï." dit Kratos. "Ca suffit. Tu n´as pas honte de martyriser cette pauvre femme?
-Non!
-Kratos a raison." ajouta Trear. "Ce n´est pas parce que c´est un mosswine démoniaque que tu dois être aussi cruel.
-Euh... Ce n´est pas un mosswine, c´est une femme normale.
-Ah bon? Mais pourquoi tu m´as dit...
-Pour que tu réagisse, et que tu retournes le combat à notre avantage." Puis, m´adressant à la pleurnicharde:"Allez, fais pas ta tete de cochon! MWAHAHAHAAA!!!
-OUIIIIN!!!
-KSAÏ, CA SUFFIT!
-Oh, si on peut plus rigoler... Bon, elle m´énerve à pleurnicher, je veux manger en silence.
Je ramassai une planche et l´assomai. Bon, à table.
-Qu... Qu´avez-vous fait?
L´homme qui venait de parler était petit, moustachu, et tres bien habillé. Il fixaitvec horreur le champ de ruines qui avait autrefois été une mine de charbon.
-Euh? Vous êtes?
-Le propriétaire de la mine...
-Que faites-vous ici?
-J´habite à deux kilometres d´ici. Et je viens de retrouver la tete d´un Khezu dans mon jardin.
-Ouah, les morceaux sont partis aussi loin? Pardon, continuez.
-J´en ai déduit que les chasseurs envoyés par la guilde avaient triomphés. Et quand j´arrive, je ne trouve que ruine et désolation...
Je m´appretais à sortir une blague débile quand Kobra me mit un coup de coude.
-Bon, il faudrait que vous nous signiez un papier attestant la mort du monstre. C´est possible?
-Oui. Suivez moi dans mon bureau pour... Oh, inutile, il a été détruit. Bon, je vais faire ça ici." Il sortit un carnet, evrivit quelque chose, détacha la feuille, la glissa dans une enveloppe, et nous la tendit: "Voila, remmettez cette enveloppe au Comptoir de la Guilde.
-Merci!
Nous repartimes vers la ville, emmenant L´Ombre avec nous. Nous arrivames au millieu de la nuit. Nous entrames dans le Comptoir, et je tendis l´enveloppe à la serveuse. Elle l´ouvrit.
-Bon, d´apres cette letter, vous avez bien tué le Khezu, ce qui vous donne le droit de toucher les 5000z de la prime, et... Oh, mon dieu! Vous avez causés pour 30 000z de dégats? Comme vous n´etes pas au service de la Guilde, vous allez devoir payer de votre poche!
-Oui, mais on a un colis spécial! Nous avons capturé l´Ombre! Il n´y a pas une prime, sur sa tête?
-Si, une prime de 50 000z est plaçée sur la tete de Kim Sigana, surnomée l´Ombre, mais... QUOI? VOUS L´AVEZ CAPTURé?
-Parfaitement! Donc 50 000z moins 30 000z plus les 5000z de prime, cela nous fait 25 000z, soit 6250z chacun! Bien!
Nous primes une table, et nous commandames à boire.
-Bon, qu´est-ce que vous comptez faire, maintenant?" demanda Kobra.
-Moi, je vais rester ici et entrainer mon petit frère!" s´exclama Trear.
-Moi, je vais dormir cinq ou six heures, prendre un bain, et repartir vers le Sud!" répondis-je.
-Alors bonne chance, Ksaï. Et bon voyage.
-Merci!
Apres avoir touché ma part de la récompense, dormi une nuit sur place et mangé un solide petit déjeuner, je me remis en route vers le Sud, accompagné de Dédé! Direction: le volcan!
-Wirk!
-Oh, ça va...
Bon, voila la suite. C´est assez court.
Chapitre XXV
Partie 1: Une idée stupide...
-C´est beau, hein, Dédé?
Comme à son habitude, mon compagnon de voyage ne réagit même pas. Bah, tant pis, je profiterais seul du merveilleux spectacle se déroulant devant moi. Le volcan en pleine activité crachait une haute colonne de fumée noire qui obscurcissait le ciel sur des kilomètres; sur ses flancs, des rivières de lave fluide serpentaient, lumineuses dans la semi-obscurité, leur couleur se mariant à la perfection avec la roche grise-noire constituant la montagne. Magnifique.
Contourner la zone volcanique aurait grandement écourté mon trajet, mais je tenais à tout prix à revoir ce paysage fascinant. Je mourrais d´envie d´escalader le cratère, malgré les coulées de lave et la température insupportable y régnant, et ce, juste pour contempler une des plus impressionnantes forces de la nature en action. Allez, plus que quatre ou cinq kilomètres, et je serais aux pieds du géant!
-En avant, Dédé!
L´ascension de la face nord fut assez aisée, car la pente n´était pas trop raide. En quelques heures, j´avais atteint le plateau rocheux où se Nalia et moi avions "affronté" -bon, je dirais plutôt "rencontré"- le Basarios ayant servi à confectionner mon armure. Je sortis un breuvage frais de ma sacoche et le bus d´un trait. Je me sentis tout de suite mieux. Levant les yeux au ciel, je me dis qu´il devait faire nuit, mais l´épaisse couche de fumée noire crachée par le volcan m´empêchait d´en être sur. Les seules sources de lumière étaient le cratère et la rivière de roche en fusion qui coulait à une cinquantaine de mètres et qui coupait le plateau en deux. Elle n´était pas là, la dernière fois... La source d´eau chaude dans laquelle nous nous étions baignés à l´aller était devenue un étang bouillonnant d´eau noirâtre. Dommage, pas de bain aujourd´hui... Je scrutais les environs et aperçus un alignement de grosses pierres émergeant du sol. Tiens, tiens, tiens... Le dos d´un Basarios. Bon, je m´étais déjà fait avoir une fois, pas question que je m´en approche. Quoique...
-Dédé, j´ai une idée marrante!
-...
-Bon, voila ce que je propose: on réveille ce Basarios et on fonce vers le cratère le plus vite possible! Si il nous rattrape, on a perdu! Marrant, non?
-...
-Je savais que tu m´approuverais!
-...
Je ramassais un caillou et le lançais contre la partie émergeante du monstre. Il ricocha contre la carapace de pierre, et... Et rien. Le monstre ne bougea pas d´un poil.
-Wirk!
-Pas de commentaires, Dédé. Je vais le réveiller, tu vas voir.
Je lui lançai tous les projectiles que je pus ramasser, mais rien à faire; il ne réagit pas. Décidément...
-Wirk!
-Si tu dis encore une seule fois "wirk", je...
-Wirk!
-...
-...
-T´as réagi plus vite que d´habitude...
Je m´aprochais de la rangée de pierres et y shootais de toutes mes forces!
-WAÏÏÏÏE!!!
-Wirk!
-La ferme!
Le monstre ne bougeait toujours pas. Je m´appuyais donc contre son dos pour réfléchir, et pile à ce moment, il jaillit du sol en rugissant! Je tentais de rester accroché, mais en vain. Je fus jeté au sol; je roulais sur le coté pour éviter de me faire écraser, dégainais ma pelle, et frappais. Mon arme ricocha et mon bras tout entier vibra. Je me jetais de nouveau sur le coté pour éviter la queue de la bête, et tentais de trouver un endroit vulnérable. Dans le Manuel du Parfait Chasseur, il était dit que son point faible était son thorax! Je devrais donc m´acharner sur cet endroit jusqu´à ce qu´il soit assez mal en point pour que je puisse fuir et conserver une longueur d´avance lors de la course qui allait suivre.
Le monstre s´allongea au sol et rugit en expulsant un gaz de couleur pourpre; je fus pris en plein dans le nuage, et des la première inhalation, je sentis mes voies respiratoires me brûler, comme si j´avais respiré de la lave. Je fus pris d´une toux incontrôlable, lâchais mon arme, et tombais à genoux! J´étais en train de cracher du sang! Ma vue se troublait, ma tête tournait, et je sentais une douleur insupportable envahir chaque endroit de mon corps! Le Basarios sécrétait un poison mortel qu´il rejetait sous forme de gaz... Je n´aurais pas du l´oublier... La dernière chose que je vis fut le Basarios qui me fonçait droit dessus. Puis ce fut le noir total.
J´ouvris les yeux. Enfin, je supposai qu´ils étaient ouverts, car j´avais du mal à croire ce que je voyais. Dans un ciel rose, jaune et vert, des fleurs géantes aux couleurs tape-à-l´oeil flottaient paisiblement. Sur le sol, des végétaux aux formes impossibles dansaient au rythme d´une étrange musique, donnant envie de se détendre. Je ne sentais plus la douleur, je pouvais respirer normalement. Mais où étais-je?
-Hé, mec, ça va? T´as l´air perdu!
Je me retournais pour me retrouver face-à-face avec... Un Kut-ku! Mais celui-là était vraiment... Bizarre. Il avait de longs cheveux (!) noirs, réunis en des tas de mèches étranges qui lui recouvraient le visage et empêchaient de voir ses yeux (note de l´auteur: nous, on appelle ça des dreadlocks...) et portait un bonnet à rayures jaunes, vertes et rouges! A son bec, une pipe de bois d´où s´échappait une fumée mauve.
-Mais... Que... Que... Que...?
-Relaxe, mec. Je vais pas te manger, je suis végétarien! Héhéhéééééé...
-Euh... T´es qui toi?
-Moi? Je suis Bob! Bob le Kut-ku! Héhéhééééé...
-Qu´est-ce que t´as à rigoler comme un débile?
-C´est l´herbe qui est dans ma pipe, mec, elle me fait délirer! Je vois des trucs trop louches!
-Moi aussi, je vois des trucs bizarres. Là, par exemple, je suis dans un monde aux couleurs folles en train de taper la conversation avec un Kut-ku qui porte un chapeau.
-On est dans un monde étrange, et je suis un Kut-ku qui parle et qui porte un chapeau! C´est la réalité, mec! Ou pas! Héhéhééééééé...
-Oh, non... Je suis mort, c´est ça?
-Ah, non, mec! T´es vivant, je te l´dis! T´es juste en train de délirer à cause du poison qu´est dans tes veines! Héhéhééééé... Psychédélique, non?
-A tes souhaits... Bah. Il me reste combien de temps avant d´y passer?
-C´est pas moi qui peut te le dire, mec! Je suis pas la mort!
-Alors qu´est-ce que je fais à discuter avec toi?
-Taper la discute avec la part de délire qui est en toi, c´est à dire moi -le délire, pas toi!-, ça peut aider ton moi profond à mieux s´comprendre, et tu vas en ressortir meilleur! J´espère que tu me comprends, parce que moi, je pige rien à ce que je dis! Héhéhéééééééé...
-Donc, tu es la part de délire qui est en moi?
-Euh... Peut-être. Ou peut-être pas! Qui sait? En tout cas, moi, je ne sais pas! Héhéhééééé...
-Mais alors, je suis en train de parler avec moi-même! C´est complètement con! Et pendant ce temps, le poison continue de me détruire sans que je puisse réagir!
-La, t´es en train de te planter! Évidemment que tu peux faire quelque chose! T´es même déjà en train de le faire!
-Ah?
-Bah oui, mec! Avec tous les litres de limonade-amerinsecte que t´as avalé quand t´étais petit, t´as développé une résistance naturelle au poison! En moins d´une heure, ton corps aura purgé toute la toxine, et tu deviendras encore plus résistant! Le pied, non? Héhéhéééé...
-Vive la limonade-amerinsecte!
-Tu l´as dis! Ah, tiens, je crois que tu reprends conscience! C´est l´heure de se quitter, mec! Si un jour t´as une question sur le sens de ta vie, reviens me la poser! Je ne pourrais sûrement pas te répondre, mais on se tapera un bon délire à deux! Héhéhéééééé....
-Je n´y manquerais pas!
-Wirk!
J´ouvris les yeux. Le ciel était toujours aussi sombre, et il faisait toujours aussi chaud. Dédé, qui se trouvait à ma droite, m´observait d´un air stoïque. Je me relevais, et retombais à genoux, toussant et crachant du sang. Le poison avait été purgé, mais mes poumons étaient toujours bousillés. Il me fallait de la potion. Je décrochais ma cruche de ma ceinture. Vide. Pas de chance... Et ici, je n´avais aucune chance de trouver des champignons bleus et des herbes de soin. Mon seul espoir était de finir de traverser la zone volcanique et d´atteindre la foret. Là, je trouverais ce que je cherchais. Mais allais-je seulement tenir jusque là?
Je me redressais lentement. A une dizaine de mètres devant moi, le Basarios gisait, mort. Son corps était couvert de déchirures et de lacérations qui semblaient avoir été faites par une arme très tranchante. Qui est-ce qui avait pu lui faire ça? Bah, pour l´instant, j´avais des préoccupations autrement plus importantes.
Je devais contourner le cratère par le flanc Est -qui me semblait le plus praticable-. Je progresserais sûrement très lentement, car dans mon état, je ne pouvais pas fournir d´effort sérieux. Bon, en avant. Je pris appui sur ma pelle et me remis en route.
Au bout de cinq heures, j´avais parcouru deux kilomètres. Je m´épuisais de plus en plus. Je n´allais pas tenir longtemps. Cette fois ci, c´était la fin. Je m´asseyais sur un rocher et contemplais les rivières de lave coulant un peu plus haut. Un bel endroit pour mourir. Dommage qu´il n´y ait pas de soleil. Si seulement je n´avais pas fait mon malin avec le Basarios...
Un bruit me fit tressaillir. On aurait dit le son du métal frappant sur du métal, mêlé à une chanson. Ca venait d´une grotte située à une centaine de mètres. Au point où j´en étais, autant y aller...
Je parvins à l´entrée en un quart d´heure plus tard. Le bruit venait bien d´ici, j´entrais donc. Après avoir suivi un tunnel étroit sur une dizaine de mètres, je parvins à une énorme salle de roc, éclairée par une lumière rougeoyante. Au centre, une énorme chaudière fonctionnant avec la lave du volcan, reliée à une gigantesque presse à vapeur et à un chaudron de métal en fusion. Autour, des tables de travail, des barils d´eau, d´outils, des barres de métal, des enclumes... Visiblement, il s´agissait d´une forge. Et elle était en pleine activité. Au milieu de tout cet équipement, des gens travaillaient. Si ma vue ne me trompait pas, il y avait cinq hommes et deux femmes. Ils chantaient, rythmés par les coups de marteau qu´ils portaient sur le métal rougi, éclairés par les étincelles qui volaient autour d´eux, nageant dans la vapeur sortie de l´énorme presse se trouvant derrière eux. Leur chant emplissait la salle, résonnait contre les parois, et donnait presque envie de danser -presque; je vous rappelle que je n´aime pas la musique, je vous donnerais même pas les paroles, na!-. Un des forgerons retira une lame de la chaudière, la martela pendant une minute avant de la plonger dans un des barils d´eau. Puis il cria d´une voix forte:
-BRISEROC! C´EST A TOI!
Un autre forgeron s´avança vers lui -il était au moins deux fois plus grand, et ses bras étaient plus larges que mes cuisses!-, saisit la lame et la brisa contre un rocher.
-Pas bon. Le coulage par couches ne marche pas, il faut trouver autre chose! La forme non plus n´est pas bonne." dit-il.
-Peut-être qu´en un seul bloc, avec un alliage...
-Ca vaut le coup d´essayer! SONNEDUR, TROUVE UN ALLIAGE QUI SOIT PLUS SOLIDE ET FONDABLE EN UNE FOIS! REVELIGNE! TROUVE NOUS UNE MEILLEURE FORME! CHAUFFEMONTAGNE, VIDE LE CHAUDRON ET TIENS LE PRÊT!
Je m´avançai vers eux.
-Excusez moi, vous n´auriez pas une potion?" demandais-je faiblement
Ce fut comme si avait arrêté le temps. Ils s´immobilisèrent tous et me fixèrent d´un air incrédule.
-Que fais-tu ici?" me demanda le géant.
-J´ai vu de la lumière, alors je suis rentré!" répondis-je.
-Si tu es là pour plaisanter, je te conseillerais de sortir vite fait.
-Ben en fait, je voudrais juste une potion, si ce n´est pas trop vous demander. Mes poumons sont gravement abîmés, et je ne tiendrais plus longtemps.
-Si ce n´est que ça..." il fouilla dans son sac, en sortit une petite fiole remplie d´un liquide vert clair, et me la tendis. J´avalais son contenu immédiatement, et j´éprouvais une étrange sensation dans la poitrine. Mes poumons étaient à nouveau en pleine forme!
-"Merci, je vous en doit une. Sans cette potion, c´était la mort assurée.
-De rien! Je m´appelle Briseroc, enchanté.
-Mon nom est Ksaï, ravi.
-Ksaï? L´Escrimeur Légendaire? C´est un honneur.
-Bof, Escrimeur Légendaire, c´est un peu exagéré. Mais au fait, que faites vous à travailler au coeur de ce volcan?
-Mes amis et moi-même sommes les sept plus grands forgerons de Gardemine. Je te les présente: la femme qui dessine, c´est Reveligne. La forme de la lame Lacerator, c´est elle qui l´a conçue! Celui qui pèse les barres de métal, c´est Sonnedur. Il connaît les propriétés de chaque composant utilisable et sait les exploiter au mieux. Le gars qui vide la cuve de métal en fusion, c´est Chauffemontagne, passé maître dans l´art de la fonte. Le teigneux, c´est notre chef Frappefer. Il peut donner n´importe quelle forme à un bloc de métal, pourvu qu´il ait un marteau et une enclume. L´homme en train de manger, c´est Entaillecrisse, il ne se sépare jamais de sa pioche. Il saurait trouver un filon de minerai rien qu´à l´instinct. La fille qui fait la sieste en petite tenue, c´est Scellepacte. Une arme qui passe entre ses mains verra son destin gravé. C´est elle qui décidera quelle sera son nom, comment elle se maniera et quelle seront ses capacités. Quand à moi, je suis Briseroc, le créateur de la presse à vapeur, qui est aujourd´hui utilisée dans toutes les grandes forges. Tous les deux ans, nous nous réunissons pour mettre nos connaissances et nos aptitudes en commun, et créer une arme unique.
-Wahou! Et depuis quand vous le faites?
-Il s´agit de notre quatrième réunion, cela fait donc huit ans. Nous avons crée trois armes. Une lance, des lames doubles et un marteau. Et nous sommes en train d´en créer une quatrième, mais elle pose beaucoup plus de problèmes. Cela fait cent sept jours que nous travaillons dessus sans trouver la bonne solution."
Sonnedur s´approcha, une feuille à la main:
-Briseroc, ta presse pourra résister à une température comparable à celle de la lave?
-Si on utilise de l´argile pour le moule, sûrement.
-Formidable, j´ai mon alliage!" puis, s´adressant à l´homme en train de manger: "Entaillecrisse! Va sur le cratère me chercher de la dragonite, on en manque!
-Pas maintenant, mon repas va refroidir! Je déteste manger froid!" répondit-il.
-On a déjà perdu assez de temps! Vas-y!
-Après mon repas!
-Moi, je vais y aller!" dis-je.
Chapitre XXV
Partie 2: Ce soir on vous met le feu!
-Comment?
-Je vais y aller." répétais-je. "En remerciement pour la potion.
-Bon... Si tu insiste... Tu monte jusqu´au cratère. Une fois à l´intérieur, tu longes la paroi jusqu´à ce que tu tombes sur une anfractuosité dans la roche. Pénètres y et trouve un minerai de couleur verte. On va te donner un sac, une pioche et une torche. Remplis le sac et reviens!
-C´est parti!
Je me dirigeai vers la sortie de la grotte -où m´attendait Dédé- et entamais l´ascension du cratère, longeant une coulée de lave. Quand je parvins à l´intérieur de ce gigantesque puits, je suivis les instructions de Briseroc, et trouvais la cavité. Quand je m´y introduis, la lumière de ma torche se refléta sur les dizaines de veines de minerai s´étalant sur les murs. Il y avait de tout! Du fer, de la machalite, du quartz, et même de l´or! Bon, pas le temps d´admirer, fallait dénicher le bon filon et... Ah. Trouvé! Une superbe veine verte, du minerai de dragonite!
D´ailleurs, il était injustement appelé "minerai", car contrairement au fer, la dragonite se trouvait à l´état pur, sous forme de blocs. Pas besoin de la raffiner, elle était fondable telle quelle!
J´abattit ma pioche sur le mur et en détache une quantité suffisante pour remplir le sac. C´était un travail éreintant, et je ne souhaites à personne de devenir mineur... A moins qu´il soit très bien payé! Bon, le sac était plein, en route!
Le plus dur restait à faire: escalader la paroi intérieure du cratère avec cinquante kilos de pierre-dragon sur le dos... La descente n´en paraîtrait que plus agréable.
-Allez Dédé, on y va!
Le vélociprey recula d´un pas. La seule fois où je l´avais vu réagir aussi vite, c´était quand je lui avais tendu un gigot saignant.
-Heu... Dédé? Ca va?
-Wirkwirkwirkwirkwirk!" hurla-t-il en sautillant sur place.
-Wahou! Cinq "wirk" à la suite? Tu as mangé du Rathalos où quoi?
-WIRK! WIRK!
-Décidément, tu es très réactif ce soir. Qu´est que tu cherches à me dire?
-WIRK!
Dédé s´enfuit au pas de course. C´était la première fois qu´il faisait ça. Quelque chose avait du lui faire peur. Oui, mais quoi? Tout d´un coup, j´avais un mauvais pressentiment. Je me retournais lentement et tombais face-à-face avec... Un Gravios.
Les Gravios étaient des Wyverns vivant exclusivement dans les zones volcaniques; c´était la forme adulte du Basarios, sa cuirasse étant devenue aussi dure que du métal et aussi blanche que des ossements. Il pouvait nager dans la lave, cracher un énorme rayon ardent sur une distance de cent mètres, et sécrétait toutes sortes de gaz. C´était le plus gros wyvern connu en Gardemine, sa taille pouvant avoisiner les trente mètres. Autant dire qu´il allait falloir faire preuve de courage.
-DEDE! ATTENDS MOI!!!
Je m´élançais à la poursuite de mon clairvoyant compagnon, talonné par le monstre. Et malgré le poids du sac, j´escaladais les trente mètres de paroi -presque à pic- en vingt secondes -Dédé, lui, n´en avait mis que dix!-. Sauvé. Je portais mon regard sur le monstre impuissant resté en bas:
-MWAHAHA! WYVERN STUPIDE, TU NE PEUX RIEN FACE A L´INCROYABLE VITESSE DE L´ESCRIMEUR LÉGENDAIRE!!! TU VAS FAIRE QUOI MAINTENANT? HEIN? ABRUTI!
Le rayon ardent décoché par la bête passa à cinquante centimètres de ma personne. Je décidai donc qu´il serait plus sur pour mon intégrité physique de quitter cet endroit. J´avais énervé ce monstre, et il s´en souviendrait...
-Ca y est, je l´ai!" m´exclamais-je en.posant le sac devant Sonnedur.
-Formidable! Maintenant, à moi de jouer!" répondit-il.
Il vida le sac, tria son contenu, pesa les blocs de pierre-dragon, en remit une certaine quantité dans le sac, accompagnée de barres de fer et de machalite, puis porta le tout à Chauffemontagne.
-Voila! J´ai mis les bonnes proportions, fais moi fondre tout ça! Je veux un mélange homogène!
-Noté! Mais reculez-vous, ça va chauffer!
Le métal fut placé dans le chaudron, Chauffemontagne rabattit son casque de fer pour protéger ses yeux et alimenta le feu. Le métal rougit, puis blanchit, puis se liquéfia. Au bout d´une heure, il était aussi fluide que de l´eau.
Pendant ce temps, Reveligne avait achevé de créer la forme de l´arme. Une épée courte! Briseroc confectionna deux moules en argile sur ses directives, les fit sécher, et en plaça un dans sa presse à vapeur. Le métal fut coulé lentement à l´intérieur, et la machine entra en action. La matière fut soumise à une pression phénoménale pour être sur de chasser tout le gaz et de lui assurer une solidité sans égal. La lame fut démoulé, puis ce fut au tour du bouclier. Quand ils furent tous les deux refroidis, ils furent à nouveau chauffés au rouge pour que Frappefer leur donne leur formes finales. Le barbu les martela sans interruption pendant une vingtaine de minutes. Puis il les envoya à Briseroc.
-C´est l´heure de vérité!
Le géant abattit la lame sur le bouclier. Ils vibrèrent tous deux mais ne cédèrent pas. Victoire!
-HOURRA!" hurlèrent les forgerons en choeur.
La fille en petite tenue descendit de son hamac et s´étira. Elle saisit la lame et s´assit à une table de travail. Elle recouvrit le manche de l´arme d´un bandage fait d´une matière inconnue, plaça des composants que je ne connaissais pas a la naissance de la lame, et l´aiguisa. Puis elle fixa une lanière de cuir au bouclier. Elle se leva, et brandit l´épée:
-PAR LES POUVOIRS QUI ME SONT CONFÉRÉS, MOI, SCELLEPACTE, JE TE NOMME... LUTTE ÉTERNELLE!
L´épée avait une couleur gris sombre, sa lame était recourbée pour permettre une meilleure pénétration, et au dessus du manche se trouvait une petite entaille en demi-cercle garnie de morceaux de métal rappelant des crocs. Le bouclier ressemblait à une demi-coquille d´oeuf dont les quarts supérieurs et inférieurs avaient été brisés.
-TROIS FOIS HOURRA POUR LUTTE ÉTERNELLE! HOURRA! HOURRA! HOURRA!" reprirent les forgerons.
-J´ai utilisé un morceau de griffe de Lao Shan Lung pour lui donner un puissant attribut dragon." expliqua Scellepacte..
-Bonne idée!
-Heu... Désolé de casser l´ambiance." dis-je. "Mais, vous en faites quoi, de ces armes?
-Gnahr, tout dépend." grommela Frappefer. "Les lames doubles, nous les avons vendues à un ami. Le marteau, nous l´avons offert, mais c´était pour la bonne cause. Et la lance, nous l´avons caché dans le cratère. Nous ferons de même avec Lutte Éternelle.
-Ah. Euh...
-Un problème?
-Oui. Y´a un Gravios dans le cratère. Et je crois que je l´ai un peu énervé...
-Un peu énervé?
-Bon, en fait, il est furax.
-C´est malin! Bon, comme c´est toi le responsable, TU iras la placer là-haut!
-Moi? Mais je ne suis pas armé!
-Tu n´as qu´à utiliser Lutte Éternelle! Et Entaillecrisse t´accompagneras! Si il avait été chercher le minerai au lieu de manger, ce ne serait pas arrivé!
-Quoi? Mais... Je..." balbutia Entaillecrisse.
-Pas de "mais"! C´est moi le chef, et je fais ce qu´il me plaît! Et celui qui m´embête, je lui coupe la tête!
-Heu... D´accord, chef!
Le forgeron-mineur revêtit une armure de Monoblos et attacha un énorme katana dans son dos. Puis nous sortîmes de la grotte. En apercevant Dédé, il eut un soubresaut:
-Pas de panique, il est avec moi...
-Ah. Bon. Alors allons -y.
-D´accord, Entamebis!
-C´est Entaillecrisse!
-Monopolis! Numerobis! Salakis! Clarisse! Varice!
-Entaillecrisse! C´est pas compliqué, non?
-Si!
-Bon, pour faire plus court, appelle moi Hentriss.
-D´acc!
Nous montâmes jusqu´au cratère. Arrivés sur le rebord, nous observâmes le monstre qui attendait toujours, près du lac de lave central.
-Comment on fait? On fonce?
-On fonce!
Nous dévalâmes la pente et courûmes vers le monstre. Celui-ci se retourna et nous décocha son rayon ardent. Nous nous séparâmes, et le rayon frappa la paroi. Je plongeais sous la tête du wyvern, dégainais Lutte Éternelle, et portai un coup de tranche au niveau de son thorax. Au point d´impact, il y eut un éclair noir et une détonation. L´attribut dragon! Gniark! La lame était légère et agréable à tenir, c´était comme si elle se battait à ma place! Je continuais à frapper, et le Gravios hurla de douleur, sa carapace ayant été entaillé profondément. Hentriss tenta de lui trancher la queue; sentant la douleur au niveau de son appendice caudal, le monstre lui envoya un coup de flanc. Je me projetais sur le coté pour esquiver, mais je trébuche et tombais. Mon arme m´échappa des mains et alla se planter vingt mètres plus loin. Le Gravios me fonça dessus, je n´avais pas le temps d´esquiver; je tentais donc le tout pour le tout: je tendis la main en criant "A MOI, LUTTE ÉTERNELLE!!!" Ce qui se passa en suite fut incroyable.
Bon, en fait, il ne se passa rien du tout, l´épée ne bougea pas d´un poil, et le Gravios me percuta de plein fouet. Je fis un superbe vol plané, et sans mon armure, je crois que j´aurais été réduit à l´état de morceaux. Voila, vous êtes contents?
-Imbécile, tu t´attendais à quoi? T´es un chasseur, pas un magicien!" s´exclama Hentriss.
-C´était pas faute d´essayer...
Je me relevais, courus, évitais un autre rayon vomi par le monstre, et ramassais Lutte Éternelle. Je me rapprochais de la bête, évitais sa queue et lui tailladais le crâné! Il recula sous la violence de l´attaque, ce qui permit à Hentriss de lui sectionner le tendon de la jambe droite d´un coup de katana. Le monstre s´effondra, et je lui enfonçais ma lame dans l´oeil; il poussa un râle d´agonie et rendit l´âme.
-On l´a eu!" souffla Hentriss. "Prends ta part de composants!
-Non merci, je n´ai pas envie de m´encombrer de ça... Garde tout!
-Merci! Mais avant tout, la lame!
Nous nous trouvâmes un endroit où la paroi s´était effondrée. Hentriss accrocha le bouclier au manche de l´épée, et la planta entre les rochers.
-Il y aura sûrement d´autres éboulements, ça la recouvrira.
-C´est quand même dommage de laisser une si bonne arme prendre la rouille. Pourquoi faire ça?
-Hum. C´est pour laisser une trace de notre passage. Si dans un siècle où deux, quelqu´un la trouve, il dira: "les forgerons de l´ancien temps ont mis 108 jours à créer cette arme! C´était quand même des gens formidable!"
-Ou pas!
-Bah. Si t´es encore en vie d´ici là, tu pourras te permettre de faire des réflexions!
Sur ce, nous nous séparâmes, lui retournant avec ses amis, moi repartant vers le Sud.
"La route est longue et cahoteuse. Mais si tu as de bonnes jambes et un peu de volonté, tu devrais finir par en voir le bout. Alors ne traîne pas, il y a tant de choses à voir!"
Luffman 1er, roi de Gardemine.
-Wirk!
-La ferme Dédé!
Chapitre XXVI
Partie 1: L´eau, ça mouille! Le feu, ça brûle!
-T´es tout seul, mon grand? Tu veux te battre, hein? Hé bien approche, si tu l´oses!
Le Ioprey me considéra quelques secondes, croisa mon regard, et commença à reculer. Puis il fit demi-tour et disparut derrière les rochers.
-T´as vu, Dédé? En croisant mon regard, il a su qu´il n´avait aucune chance, et il s´est enfui! On est pas près de le revoir!
-...
-Je sais, je suis trop fort!
-...
-Bon, on y va?
-Wirk!
Je me retournais, et je tombais nez-à-nez avec... Le Ioprey. Sauf que cette fois, il avait ramené toute sa famille. Je me retrouvais à un contre douze! Un Ioprey seul n´est pas dangereux. Une meute, par contre...
-Euh... Bon. Vous avez trois secondes pour fuir! Après ça, je ne pourrais plus répondre de votre vie!
Pendant les trois secondes qui suivirent, la scène fut comme figée. Personne ne bougeait. Mais une fois ce délai écoulé, ils me foncèrent tous dessus!
-Vous l´aurez voulu... COURS, DEDE!!!
Je franchis les derniers kilomètres séparant la zone volcanique de la foret au pas de course, poursuivi par une troupe de Iopreys enragés. Arrivé à l´orée des bois, je me dirigeais plein Est. D´après la carte que j´avais -rapidement- consulté à la bibliothèque de la Citée Royale, il y avait un village dans cette direction. Je pourrais m´y reposer et refaire ma réserve d´eau, et les gardes me débarrasseraient des Iopreys. Que des avantages, quoi...
Une heure plus tard, j´atteignais enfin le lieu-dit. Mais cela ne ressemblait pas du tout à un joli village animé... En fait, j´aurais plutôt comparé ça à une ville fantôme. Les maisons de bois étaient complètement délabrés, les rues étaient désertes, et le silence n´était perturbé que par le sifflement du vent; cet endroit était abandonné depuis longtemps...
Je courus vers une maison qui ne me semblait pas trop endommagée, me jetais à l´intérieur, et claquais la porte quand Dédé fut entré. Bon, au moins les Iopreys ne pourraient pas m´atteindre. Je montais au premier étage, et, jetant un oeil par la fenêtre, je m´aperçut de deux choses: un, il y avait un puits dans le jardin. Deux, les Iopreys encerclaient la maison. Trois, il faisait beau et... Ah, non, j´ai dit qu´il n´y avait que deux choses.
Bon, à la position du soleil, il devait être à peu près midi. Et comme je n´avais pas dormi depuis deux jours, autant en profiter; je réfléchirais à comment me tirer d´ici demain.
-Dédé, monte la garde.
Je me déshabillais, déployais la toile de mon hamac, m´y enroulais, et m´envolais pour le pays des songes...
-DEBOUT!
Je me redressais, désorienté et endolori par le coup que je venais de recevoir, pour me retrouver avec une lame plaquée sur la gorge. Son propriétaire se trouvant dans mon dos, je ne pouvais pas l´identifier. Donc, pour résumer, j´étais entièrement nu, enroulé dans une toile de hamac, sans arme, et à moitié endormi. Aucune chance de me tirer de là par la force.
-Comme on se retrouve, Ksaï.
-Je connais ta voix. Kim Machintruc, surnommée l´Ombre. Tu n´étais pas en prison?
-Kim Sigana, je te prierais. Et une prison, on peut s´en échapper.
-Bien le bonjour. Quel mauvais vent t´amène?
-Tu dois sûrement le savoir...
-Ah. Tu m´en veux encore pour Porky, c´est ça?" A l´entente de ce nom, elle resserra son étreinte.
-"Non, tu crois?
-Bon, me voila au moins fixé. Comment t´as fait pour me retrouver?
-Je me suis contenté de te suivre. C´est moi qui ai tué le Basarios avant qu´il ne t´écrase, dans le volcan. Je voulais te tuer moi-même. Mais malheureusement, j´ai été gravement blessée lors du combat, ce qui m´a empêché de t´achever.
-Brave bête...
-Peu importe, car maintenant, je vais pouvoir me venger! Tu vas regretter d´avoir mangé mon cochon!
-Regretter? Bien au contraire! Il était excellent ce cochon! Comme dit le proverbe: "là où le cochon met son nez, ça sent la bonne cuisine!"
-AH OUI? TU...
-Dans le cochon, tout est bon!
-ESPÈCE DE... Bon. Finalement, je ne vais pas te tuer.
-Ah?
-JE VAIS TE TORTURER AVANT!
-Soit. Tu m´as eu, c´est toi qui as gagné. Mais avant de me torturer, tu pourrais au moins me laisser mettre un pantalon? Je suis tout nu sous ce drap!
-Quoi?
-Bah oui, si il y a une chose que je ne supporterais pas, c´est de mourir sans rien sur moi! Alors ai un peu de pitié, et laisse moi m´habiller.
-D´accord. Mais dépêche-toi!
-Si tu pouvais sortir de la salle, ça m´arrangerait. Je ne suis pas un exhibitionniste.
-Pour que tu t´enfuies, c´est ça?
-Non. Je sais reconnaître quand j´ai perdu. Je jure sur mon honneur que je ne fuirais pas.
-Dans ce cas..." elle relâcha son étreinte et sortit de la chambre.
-"Laisse moi une minute!
Je m´habillais vitesse grand "V", je ramassais ma pelle, mon hamac, ma cruche, mon couteau de dépeçage, ma sacoche et la boite de mon armure, et je sautais par la fenêtre. Mais quelle imbécile, elle m´avait cru! J´atterris dans le jardin, et vis que les Iopreys avaient été massacrés! Bon, ça de moins à régler. La nuit était bien avancée, j´avais du dormir plus d´une demi-journée. Tant pis, en route!
-Je me doutais bien que tu essayerais de fuir!
Kim se tenait adossée au puits, ses protos-tranche-coupe dégainés.
-Oups... Tu es déjà descendue?
-Non seulement tu es un monstre de cruauté, mais en plus, tu es un lâche et un menteur!
-N´exagérons rien... Il faut de tout pour faire un monde.
-Tu te fais surnommer l´Escrimeur Légendaire, mais tu n´as aucun honneur!
-Tu te fais surnommer l´Ombre, mais tu n´as même pas de barbe!
-Je ne vois pas le rapport.
-Si tu regardes derrière toi, tu comprendras!
-Hein?
Elle se retourna, et j´en profitais pour la pousser en arrière; elle trébucha contre le rebord du puits, tomba à l´intérieur et percuta l´eau, une dizaine de mètres plus bas!
-NOOOOOOOOOONNNNNN*PLOUF!*
-Alors, elle est bonne?
-ENFOIRé, SORS MOI DE LA!
-Mais non, tu es très bien, ici! Par contre, c´est pas très prudent de te baigner en plein hiver! Taches de pas attraper un rhume!
-TU VAS LE PAYER TRÈS CHER!
-J´ai déjà entendu ça quelque part...
-FAIS MOI SORTIR!
-Bon, si tu reste ici, c´est la mort assurée. Je n´ai pas envie d´avoir ça sur la conscience. Alors, peut-être que si tu dis: "Pitié, maître vénéré, auriez vous l´obligeance de me faire sortir de là?" je t´enverrais une corde!
-...
-Alors?
- Pitié, maître vénéré, auriez vous l´obligeance de me faire sortir de là?
-J´ai pas entendu!
-Pitié, maître vénéré, auriez vous l´obligeance de me faire sortir de là?
-Euh... Non! MWAHAHAHAHAHAAA!
-ENFOIRé! LÂCHE! MONSTRE!
-Oh, arrête, je vais rougir...
-TU N´AS AUCUN HONNEUR!
Je m´apprêtais à répondre lorsqu´un homme pénétra dans le jardin et hurla:
-C´EST PAS BIENTÔT FINI? Y´EN A QUI VEULENT DORMIR!
La lune sortit des nuages, et sa lumière me permit de voir clairement le nouveau venu. Un chasseur d´une vingtaine d´années, portant une armure de Garuga, et armé d´une lame Wyvern brillant. Son oeil droit était recouvert d´un bandeau noir, et de nombreuses cicatrices sillonnaient son visage.
-Shibe!
-Ksaï? Qu´est-ce que tu fais là?
-Je parle à un puits! C´est un puits magique, il répond à toutes les questions! Tu veux essayer?
-Un puits magique? J´veux bien voir..." il s´approcha du puits, et demanda: " Puits magique, quel est le sens de la vie?
-FAIS MOI SORTIR ENFOIRé!" répondit le puits.
-Il m´a insulté?!? Attends un peu, saloperie de puits!" il ramassa un caillou et le jeta dans le trou.
-*PONK!* AÏE!
-T´es sur qu´il est magique? Moi, j´dirais plutôt qu´il y a quelqu´un dedans!
-Bon, j´avoue... C´est une femme qui voulait m´assassiner, mais suite à un combat titanesque, j´ai réussi à jeter à l´intérieur!
-MENTEUR! TU AS LÂCHEMENT DETOURNé MON ATTENTION POUR MIEUX ME POUSSER DEDANS!" cria le puits.
-La technique du sushipoisson?" demanda Shibe.
-Une variante... Bon, sinon, quoi de neuf? Tu fais toujours la vendetta aux Rathalos argentés?
-Ouais. Depuis la dernière fois qu´on s´est vu, j´en ai traqué et tué un autre.
-Un seul? Pas étonnant. Ils sont aussi rares que résistants!
-Ouais. Et toi, tu t´fais appeler l´Escrimeur Légendaire? T´as progressé!
-Bof, j´y suis pour rien... Et je ne pense pas mériter ce titre.
-Titre mérité ou pas, on a quelque chose à finir, toi et moi, non?
-Un combat, par exemple? Laisse tomber, ma lame est en morceaux, il ne me reste que le manche. Va falloir trouver un autre moyen pour nous départager...
-Hmm... Zut. Attends... J´ai pt´être une idée. T´as de bonnes jambes?
-Oui, pourquoi?
-Qu´est-ce qu´tu dirais d´une course d´endurance?
-Gné?
-Je vais vers la ville de l´Ouest. D´ici à là bas, y´a bien trois cent kilomètres. Qu´est-ce qu´tu dirais de courir jusqu´à là-bas? Le premier arrivé gagne! Le premier qui s´arrête perd!
-Courir sur trois cent kilomètres? Glp...
-T´as peur?
-Non... C´est juste que rien que le fait d´y penser me fatigue...
-Bon. Alors c´est réglé! On y va?
-Maintenant?
-Oui!
-HÉ, NE M´OUBLIEZ PAS!" cria le puits.
-On ne t´oublies pas" répondis-je. "Mais on te laisse quand même ici!
-LÂCHE!
-Vois le bon coté des choses: au moins, tu mourras pas de soif! Et n´oublie pas: l´eau, ça mouille! MWAHAHAHAHAAAAA!
Nous nous plaçâmes sur la ligne de départ -la sortie de la ville- et nous nous préparâmes.
-On part au signal!
-C´est quoi le signal?
-Euh... Quand Dédé dira "wirk"!
-Je suis prêt!
-Dédé, c´est quand tu veux!
-Bon, Dédé, quand j´ai dit "c´est quand tu veux", je ne...
-Wirk!
-PARTEZ!
La course était lancée. Restait à voir combien de temps je tiendrais.
Chapitre XXVI
Partie 2: Le Chevaucheur Noir
Nous courions déjà depuis une dizaine d´heures. Je n´aurais jamais cru pouvoir courir aussi longtemps. Je faisais jeu égal avec Shibe, qui ne menait que de quelques mètres; et derrière moi, infatigable, venait Dédé.
Bon, nous avions au moins fait la moitié du chemin, il ne restait plus qu´à tenir une autre dizaine d´heure. Mais la fatigue commençait à se faire sentir, je serais sûrement le premier à m´arrêter... Ou pas. A l´horizon, se dessinait une énorme masse rocheuse, comme une montagne, mais en plus torturé. Je rattrapais Shibe, et lui demandais:
-C´est quoi ce machin?
-C´est le défilé de Kerankar, du nom de l´homme qui l´a découvert il y a deux siècle. Il mène directement à la Ville de l´Ouest, mais personne ne l´emprunte, car il est extrêmement dangereux. Les voyageurs le contournent par le Nord. C´est plus long, mais c´est plus sur... Quand à nous, si on passe par là on économise au moins cinq heures de trajet! Qu´est-ce que t´en pense?
-Ca vaut le coup!
-Alors allons-y!
Une demi-heure plus tard, nous parvînmes à l´entrée. Les rochers noirs luisaient d´un éclat sombre dans la lumière du matin. Leurs formes agressives étaient pointés vers le ciel, et... Et je ne peux pas vous en dire plus, je ne m´étais pas arrêté pour admirer le paysage!
Nous nous engageâmes à l´intérieur. La lumière n´y pénétrait que peu, et il fallut un moment avant que mes yeux s´y habituent. Pendant ce laps de temps, je progressait dans la pénombre, trébuchant plusieurs fois, mais sans ralentir pour autant. Le terrain était accidenté, et la progression était assez difficile. Shibe, quand à lui, semblait n´éprouver aucune difficulté à se déplacer. Si bien qu´au bout d´une heure, il avait pris une trentaine de mètres d´avance. J´avais intérêt à accélérer, quitte à dépenser plus d´énergie. Nous arrivâmes dans un endroit où les hautes parois du défilé s´écartaient, pour laisser un passage large d´une cinquantaine de mètres un peu plus praticable. J´en profitais pour accélérer et arriver au niveau de Shibe.
-Alors, Ksaï, tu faiblis?
-J´aurais tout le temps de faiblir quand j´aurais gagné la course!
-C´est à dire jamais?
-C´est à dire dans quelques heures!
-Au lieu de dire des bêtises, abandonne tout de suite, ça t´évitera de courir!
-Dis plutôt que ça m´évitera de gagn*BRAOM!*
Nous nous arretâmes en même temps, et comme les Vélocipreys sont mauvais au freinage, Dédé me percuta et me jeta à terre. Relevant la tête, j´observais la chose qui venait de se poser devant nous. Un titanesque dragon noir, aux ailes majestueuses aux superbes cornes, à l´échine garnie d´épines, long d´une trentaine de mètres. J´avais vu un dessin le représentant dans le Manuel du Parfait Chasseur. Dans la partie "Mythes et légendes". Le Fatalis, le seigneur des dragons. Rien que son nom signifiait la mort. Mais quelque chose n´était pas normal. Il était monté par un homme; un homme en armure d´acier, arborant une lance à la pointe cruciforme semblant être extrêmement tranchante. Son visage accusait le poids des années, et dans son regard se mélangeaient la sévérité, la fierté, l´indifférence et la tristesse.
Je me tournais vers Shibe, qui semblait aussi sidéré que moi.
-Ksaï... Tu vois ce que je vois?
-Possible... Mais tu t´es arrêté avant moi, donc t´as perdu!
-Quoi? Tu rigoles, tu t´es arrêté au moins une minute avant moi!
-Mais bien sur! Je me retournais, je te voyais même pas! Je me suis même demandé si tu t´étais pas enfui!
-Laisse tomber, t´as perdu!
-C´est plutôt toi qui as perdu!
-Non, c´est toi!
-Toi!
-Toi!
-Toi!
L´homme qui montait le Fatalis toussota poliment, nous rappelant ainsi sa présence.
-Quoi? Vous voyez pas qu´on est en train de délibérer sur une affaire importante?
-Vous n´avez rien à faire ici." Dit l´homme. "Je vous laisse dix secondes pour...
-Toi!
-Non, toi!
-Non, c´est toi!
-Hé, VOUS ALLEZ M´ÉCOUTER?
-Plus tard, le vieux!" répondis-je.
-QUOI? IGNOREZ VOUS QUI JE SUIS?
-Un vieil imbécile mégalomane?
-La ferme, Ksaï! J´crois savoir qui c´est.
-Ah?
- Même toi, tu dois le connaître. Son nom est Grayburg.
L´homme sourit de façon malveillante.
-Jamais entendu parler!
-QUOI? Tu connais pas Grayburg?
-Non.
-...
-Bon, qu´est-ce qu´il a de spécial? C´est juste un vieux pépé qui chevauche un Fata... Bon, d´accord, on voit pas ça tout les jours.
-C´est le fondateur de l´ordre des Chevaliers de Fer. Et surtout, il est connu comme le Chevaucheur de Dragons! Le premier homme à avoir dompté une d´ces créatures!
-Ben, j´ai un ami qui chevauche un Kusha...
-Quoi? Euh... Peu importe! Grayburg à été le premier!
-Ah. Mais qu´est-ce qu´il fait ici?
-Autrefois, il commandait les Chevaliers de Fer. C´était un homme qu´on disait juste et bon. Mais il y a sept ans, une de ses décisions à coûté la vie à de nombreuses personnes.
-Combien?
-Une ville entière à été détruite, avec tous ses habitants.
-Wahou. Comment?
-Je ne connais pas les circonstances exactes, mais suite à ça, il a disparu, et son fils à pris sa place.
-Son fils? Le Capitaine Guivre?
-T´es bien renseigné. Toujours est-il qu´on le croyait mort. Je me demande ce qu´il fait ici.
-Bravo, bravo!" s´exclama l´homme. "L´histoire de ma vie raconté de façon superficielle, et condensée en une minute. Si ce n´est pas triste, ça. Mais cela ne change rien au fait que vous n´avez rien à faire ici. Je vous laisse dix secondes pour retourner sur vos pas.
-Sinon quoi?
-Ksaï..." dit calmement Shibe en posant sa main sur mon épaule. "Ta gueule.
-Quoi?
-Ta gueule. Y´a des fois où faut savoir se taire. Cet homme là à beau être vieux, il n´en reste pas moins redoutable. De plus, il chevauche un dragon.
-Et alors?
-Et alors, si tu veux pas avoir une mort atroce, j´te conseille de te taire.
-Bah, y´a pas de danger, on est deux, il est seu... Ah, non, j´oubliais le dragon!
-T´as fini?
-Nan. Je suis l´Escrimeur Légendaire, il n´a pas à me prendre de haut comme ça.
-Tu peux pas être sérieux une minute?
-Nan!
-L´Escrimeur Légendaire? Je serai curieux de savoir qui à donné un nom aussi pompeux à un homme aussi idiot." Dit Grayburg.
-Tremble devant l´homme capable de repousser une armée à lui tout seul!
-Ksaï, arrête de plaisanter! C´est vraiment pas le moment!
-Mais, je m´amuse trop pour arrêter maintenant! Encore un peu et on y va!
-Capable de repousser... Si c´est vraiment le cas, tu es peut-être l´homme que je cherche. Voila qui change tout! Nous allons nous affronter... Dans un duel à mort!
-Oups. Je crois que j´ai fait une gaffe..." murmurais-je.
-Et pas qu´une petite." Répondit Shibe.
Le Fatalis rugit, et dans sa gueule fumante, on pouvait apercevoir les crocs aiguisés qui allaient sceller notre destin.
Shibe releva son bandeau, laissant apparaître son oeil conjonctiviteux, et dégaina sa lame.
-BOUGE!" cria-t-il avant de me jeter sur le coté.
La mort s´abattit à l´endroit où je me trouvais une fraction de seconde plus tôt. La boule de feu qui venait de percuter le sol brûla tout dans un rayon de deux mètres... Mais comme il n´y avait que des rochers, ça voulait dire qu´elle n´avait rien brûlé du tout!
Je me relevais et plongeais en avant pour éviter les crocs du dragon. Quand il était en colère, il était terrifiant. Rien que de le voir inspirait la peur. Quel inconscient j´avais été! Tant pis, les dés étaient jetés, il fallait assumer et dompter ma peur, sinon, on était morts.
-Shibe! Distrait le dragon! Je m´occupe du cavalier!
Il ne me répondit pas et porta un coup d´épée sur le museau de la bête, qui ne broncha même pas. Il devait sûrement se concentrer au maximum pour garder le contrôle. Je contournais le monstre par le flanc, et ne vis personne sur son dos. Ou était passé le Chevaucheur?
-YAAARH!
Je ne m´écartais pas assez vite, et la lance transperça mon armure et mon bras gauche. Toujours surveiller ses arrières. Ma pelle étant inutilisable -pas aiguisée, et avec une seule main, comment pourrais-je faire pour parer ses coups?- je dégainais mon couteau de dépeçage.
J´esquivais un de ses coups, roulais, pris appui sur mon bras blessé, et retombais au sol. Il en profita pour lancer une attaque chargée. La pointe de son arme passa à un centimètre de mon oeil, et je retombais au sol. Avec sa lance, il ne pouvait porter que des coups d´estoc, c´est à dire des attaques de pique vers l´avant. Il fallait que je le laisse porter un coup, que je m´écarte au dernier moment, et que je le frappe de façon précise et mortelle.
Il bondit sur ma droite avec une agilité impressionnante -il portait une armure d´acier...- et tenta de m´embrocher. C´était le moment! Je me décalais sur la droite courus vers lui, et... Un coup de bouclier m´accueillit! Je me relevais, étourdi, et je ne vis pas arriver la queue du Fatalis. Je fus expédié contre la paroi, et sentis une de mes cotes céder. Il fallait continuer. Il fallait vaincre!
Grayburg ne me laissa pas me redresser et m´envoya une estocade; je saisis sa lance avant qu´elle ne touche ma tête, et sa pointe étant une lame cruciforme, je m´entaillais profondément la main droite; mais je ne lâchais pas. Il avait une force incroyable pour son âge, et à chaque seconde qui passait, la pointe se rapprochait plus de ma tête. Si seulement j´avais mon autre main...
Je penchai ma tête sur la droite et lâchais la lance, qui se planta dans le sol. Je bondis sur mes pied, ramassais mon couteau de dépeçage, évitais le coup de bouclier, percutais mon adversaire qui bascula en arrière, et lui plantais ma lame dans la jonction entre la cuirasse et les tassettes, au niveau du ventre. Il hurla de douleur et ne bougea plus. Ne perdant pas de temps, je fonçais aider Shibe. Ce dernier était parvenu à couper une corne au monstre, mais cela ne semblait avoir eu aucun autre effet que de l´énerver. Il se retrouvait acculé contre la falaise, et le monstre s´apprêtait à lui envoyer une boule de feu. N´écoutant que mon courage... Je restai à distance. Cherchant un objet susceptible de m´aider, je tombai sur un petit sac rempli de couteaux de lancer! Shibe avait du le perdre! Génial! J´en sortis un et le lançai de toutes mes forces; il ricocha contre un rocher; j´en envoyais donc un second, qui frôla la tête de Shibe. Oups... Le troisième fut le bon; il se planta dans un endroit vulnérable la palmure des ailes de la bête, qui hurla de douleur! Shibe ramassa le couteau que je lui avais involontairement envoyé, et répéta l´opération -avec une précision supérieure...-. Le monstre, agacé, lui porta un coup de flanc; mais mon ami esquiva et le coup fut reçu par la paroi du défilé, qui commença à s´effondrer. Les rochers plurent sur le Fatalis, qui fut entièrement enseveli en quelques secondes!
Le silence revint enfin. Shibe et moi n´arrivions pas à y croire.
-On à vaincu Grayburg... Et un Fatalis...
-...
-...
-...
Un gémissement vint interrompre cette conversation de muets. Il provenait de l´homme qui agonisait, quelques mètres plus loin.
Je m´approchai de lui.
-Veux-tu que je t´achèves? Ca t´épargneras bien des souffrances.
-Inutile... Je veux profiter de mes dernières minutes de paix. Merci, Escrimeur Légendaire. Merci de m´avoir vaincu.
-Merci?
-Oui. Depuis ce jour maudit, il y a sept ans, j´attendais la venue de l´homme qui pourrait me rendre mon honneur en m´apportant une mort digne. Et c´est toi qui l´as fait. Merci.
-Euh... Je sais que ce n´est pas le moment mais... Que s´est il passé, il y a sept ans?
-Ah. Ma pire erreur, celle qui à fait de moi le plus grand meurtrier de l´histoire." Il toussa, crachant du sang. "A l´époque, j´étais le Capitaine des Chevaliers de Fer, je les menais avec droiture et équité. J´avais une confiance absolue en ma force et mes capacités, jusqu´au jour où je l´ai rencontré...
-Qui?
-Un homme nommé Johny.
-JOHNY?
-Tu le connais aussi, à ce que je vois. Mais laisse moi finir, il ne me reste plus beaucoup de temps. Le Roi m´a assigné une mission urgente, à moi et mes chevaliers, près de la Ville de la Montagne. Cette ville était construite au bord d´une immense falaise. Et sous cette falaise au fond d´une grotte, un homme avait découvert une terrible créature endormie depuis des années. Le gigantesque dragon noir, Fatalis. Et ce même homme menaçait de la réveiller pour qu´elle sème la destruction en Gardemine. Cet homme, tu l´as sûrement deviné, était Johny. Quand nous sommes arrivés sur les lieux, je n´ai pas réfléchi, j´ai décidé d´employer la force. Je suis entré seul dans la grotte, et j´ai affronté ce fou qui voulait semer le chaos. Mais rien ne s´est passé comme prévu. Non seulement, je n´arrivais pas à prendre le dessus, mais en plus, le monstre fut réveillé par notre combat. Il brisa la roche pour se libérer de sa cellule, et provoqua l´affaissement de la falaise. J´eus à peine le temps de sortir avant que la falaise ne s´effondre, entraînant la ville et tous ses habitants avec elle. Par chance, j´ai pu utiliser mes dons pour maîtriser le Fatalis avant qu´il ne s´enfuie. Mais le mal avait été fait. Par la suite, la responsabilité est tombé sur moi, mon honneur à été bafoué, et le royaume m´a considéré comme un meurtrier. J´ai donc décidé de m´exiler, laissant à mon fils le soin de me succéder. Il était si jeune pour de telles responsabilités. Je prie pour qu´il ait réussi à assumer mon erreur.
-Je l´ai rencontré. C´est devenu un homme digne de son père. Vous pouvez être fier de lui.
-Alors, je peux mourir en paix... Tout est fini pour moi. Les derniers détails son réglés, je peux partir.
-...
-Une dernière chose... Quand tu disais appeler l´Escrimeur Légendaire, tu ne te prenais pas au sérieux. Tu manque de confiance en toi, et tu n´as aucun but précis. Trouves toi un objectif à atteindre, cela te t´apportera énormément. Je sais de quoi je parle... Et peu importe si tu portes vraiment le titre d´Escrimeur Légendaire, une chose est sure: quoi qu´on dise, tu le mérite... Largement.
Ainsi s´éteignit légendaire Grayburg, le Chevaucheur de Dragons. Je ne pus m´empêcher de verser une larme. Ca faisait longtemps que ça ne m´était pas arrivé. Quelle sensation étrange...
-Ksaï? Ca va?
-Oui... Mais c´est toi qui t´es arrêté le premier!
-C´est toi, et tu le sais très bien!
-Toi!
-Toi!
-Toi!
-Toi!
Et nous nous remîmes en routes vers a ville de l´Ouest.
Chapitre XXVII
Partie 1: Completement à l´Ouest!
Nous franchîmes la sortie du défilé de Kerankar en début d´apres-midi, et nous atteignimes la Ville de l´Ouest une dizaine de minutes plus tard. Bien étrange citée que celle-là. Tout d´abord, malgré sa grande taille, elle n´était ni fortifiée, ni gardée. Un monstre n´aurait donc aucune difficulté à s´introduire dans la ville et à semer la pagaille... Un autre point choquant: alors que les autres cités du pays étaient dotées d´une certaine harmonie dans leurs couleurs et dans leur architecture, celle-ci était divisée en différents quartiers, le tout ressemblait à un assemblage de dizaines de tissus n´allant pas entre-eux. Leur seul point commun était l´atmosphere de laisser-aller qui reignait, accompagnée du manque d´entretien, comme si personne n´était chargé de s´occuper de la ville.
Dans le quartier où nous nous trouvions, des maisons de bois délabrés cotoyaient des auberges miteuses. La rue n´était même pas pavée, et à cause des précipitation de ces derniers jours, elle etait constituée... de boue. Le peu de gens circulant par ici étaient pauvrements vétus et n´avaient pas l´air de transpirer la joie et la bonne humeur. Et allez savoir pourquoi, Dédé avait même refusé de penetrer en ces lieux, préferant m´attendre en dehors de la ville.
Shibe ôta son casque, et se gratta la tête:
-C´est la première fois que j´vois ça... J´pensais que le Roi avait fait en sorte que toutes les villes de Gardemine soient organisés, mais j´avais tort....
-On dirait... C´est pas une ville, c´est... Je n´arrive même pas à trouver le bon mot.
-C´qui est sur, c´est que ça m´donne pas envie de m´attarder ici.
-Tu l´as d... Hum?" Je redressait la tête et humais l´air.
-Quoi?
-Je sens une odeur étrangement délicieuse... Pas toi?
-Maintenant que tu le dis..." il se concentra quelques instants. "Tomate, huile d´olive, thim, fromage au lait de... kelbi, je dirais, pain chaud, viande de mosswine.
-Gné? T´as l´odorat fin, dis donc...
-Je sais. Et ça vient d´là-bas!
Je suivis son regard, qui était dirigé vers un homme d´une cinquantaine d´années qui, assis sur une chaise de bois vermoulu, surveillait une boite de métal cubique posée sur une pierre-feu -la pierre feu est un métal se consumant tres lentement quand il est exposé à l´air libre-. Intrigué, je m´approchais de lui et demandais:
-Vous faites quoi?
-Ma, je prépare une pizza. Ca t´interesse? C´est 50z." Répondit-il avec l´accent qu´ont les gens du Sud-Est de Gardemine.
-50z? C´est cher!
-Ma, la pizza n´est pas qu´une simple friandise. C´est un repas entier. Alors?
-Alors c´est d´accord, parce que ça sent vraiment bon!
Je sortis la somme demandée de ma sacoche, la lui tendis; il ouvrit la boite en métal et en sortit une galette de pain recouverte de purée de tomate, de fromage fondu et de viande qu´il posa sur un plateau en bois et qu´il me tendit, ainsi qu´un couteau.
-Ma, pense à me rendre le plateau et le couteau quand t´auras fini.
-D´acc!
Je découpais une part et mordis dedans. Et c´est ainsi que je découvris la meilleure invention gastronomique de l´homme: la Pizza -enfin, la meilleure après la limonade-amerinsecte...-!
-Ma, alors?
-C´est... C´est... C´est... C´est... C´est.... C´est... C´EST DELICIEUX!!!
-Ma, tout le monde aime la pizza!
-Et c´est norm...
-PIZZAÏOLO! PIZZAÏOLO!
La vieille femme qui venait de crier s´arreta devant le cuisinier et s´agenouilla en pleurant:
-Pizzaïolo, les hommes de la guilde sont en train de passer mon fils à tabac! Il vont le tuer! Je vous en prie, pizzaïolo, faites quelque chose!
-Ma, on ne peut même plus cuisiner tranquille." Répondit-il en se levant. Il attacha sa ceinture, y accrocha une épée courte de couleur orangée et claqua des doigts. "Ma, Luigi, on a du travail.
A ces mots, un homme colossal -au moins deux metres de haut sur un de large- sortit de la maison la plus proche.
-Je suis pret, Pizzaïolo.
Ils se lançerent au trousses de la vieille femme, et comme j´étais curieux, je les suivis, talonné par Shibe. Nous traversames une rue, deux rues, trois rues, et nous arrivâmes sur les "lieux du crime". Un homme était allongé à terre et se faisait rouer de coups par deux gardes en armure métallique. Le cuisinier -bon, puisque tout le monde l´appelait "Pizzaïolo", autant en faire de même...- le Pizzaïolo toussota poliment. Ce fut comme si un Genprey avait déchargé toute sa neurotoxine dans les veines de ces pauvres gardes! Ils se retournerent lentement, comme si ils éprouvaient de la difficulté à se mouvoir. Visiblement, ils étaient terrifiés.
-Ma, il ne fait pas bon de s´égarer sur le territoire du Pizaïolo.
-D... Désolé!" bégaiyerent les gardes.
-Ma, c´est bien d´etre désolé. Mais malheureusement, c´est trop tard. Luigi...
Le colosse saisit un garde dans chaque main et entrechoca leurs tetes les assomant sur le coup. La vieille femme alla s´occuper de son fils en pleurant, et remercia le Pizzaïolo. Ce dernier se tourna vers moi:
-Ma, tu te pose surement des questions. Laisse moi t´expliquer: à l´origine, cet endroit était une petite ville. Mais un jour, va savoir pourquoi, tous les habitants de tous les villages de la région ont décidé de se regrouper en un seul endroit. C´était ici. La ville s´est donc développé n´importe comment. Comme nous sommes assez isolés du reste du pays, le roi ne l´a pas appris tout de suite. Mais, au fil du temps, ça à fini par arriver à ses oreilles. Il a donc fait envoyer un membre de la guilde pour faire batir un comptoir et mettre de l´ordre dans tout ça. Le problème, c´est que le représentant est un escroc. Il a augmenté les impots pour s´enrichir, et ruiné l´économie de la ville. Avant, cette ville tirait ses revenus de l´élevage. Maintenant plus rien. Seule une poignée de privilégiés vivent richement et mangent à leur faim. Les gardes abusent de leur autorité, plus personne n´entretient les rues, la population est fractionée en plusieures micro-sociétes vivant cloitrés dans leur quartiers respectifs. Je suis le chef de ce quartier, où habitent les gens venant du Sud-Est du pays. Mon nom importe peu, mais on me surnomme "le Pizaïolo"! Pour le responsable de la Guilde dans cette ville, je suis l´homme à abbatre, car je suis le seul à oser lui resister.
-C´est l´désordre quoi." Conclut Shibe.
-"Ma, oui. En plus, ces derniers temps, la Main Double à fait des siennes.
-La Main Double?
-Ma c´est un genre de petite armée, ou de mouvement identitaire... Enfin, je comparerais plutôt ça à une secte.
-Gné?
-Ma c´est une affaire qui regarde les chasseurs, bien qu´il n´y en ait plus beaucoup dans cette ville... Avant, la chasse était un metier rentable, mais il y a une dizaine d´années, tous les wyverns ont quité la région sans qu´on sache pourquoi. Depuis, les chasseurs se sont reconvertis en éleveurs de mosswines... Et comme l´élevage ne rapporte plus à cause de ce maudit responsable de la guilde... Moi aussi, j´étais un chasseur. A l´époque, je n´aurais jamais pensé finir comme ça. Mais revenons à la Main Double. C´est donc une secte qui regroupe tous les chasseurs utilisateurs de lames doubles! Selon leur chef, les lames double sont les seules armes méritant d´être utilisés dans la chasse au monstre...
-C´est idiot!
-Ma, peut-être, mais de nombreux ex-chasseurs désoeuvrés de cette ville ont rejoint le mouvement.
-Gné? Ils sont stupides ou quoi?
-Ma, je me le demande. Et depuis quelques temps, ils sont devenus violents. Il y a même eu des morts.
-Qui a dit que la bêtise ne tuait pas?
-Non, les morts ne se comptent pas dans leurs rangs. Ce ne sont pas les victimes, mais les meurtriers!
- C´est malin... Non seulement ils se croient superieurs, mais en plus, ils ôtent la vie gratuitement.
-T´es bien placé pour dire ça alors que t´as abandonné une pauvre femme dans un puits..." ironisa Shibe.
-"Hé, elle l´avait cherché! Je te rapelle qu´elle voulait m´assassiner!
-C´est pas une raison...
-Pas une... Ah, je vois! T´es de mauvaise humeur parce que t´as perdu la course, c´est ça?
-Perdu? Parle pour toi!
-Moi, j´ai gagné, môssieur. Toi, tu as perdu.
-TU as perdu!
-Ah, non c´est toi qui as perdu!
-Toi!
-Toi!
-Toi!
-Toi!
-Ma, je connais un bon endroit pour discuter." Nous coupa le Pizzaïolo. "C´est une petite auberge, à trois rues de là. Elle est un peu crasseuse, mais on y sert la meilleure biere de la ville. La patronne est une de mes amies.
-Alors allons-y, mais j´emporte la Pizza!
-Tu ne l´as pas encore terminé?
-Nan, je veux la faire durer.
Chapitre XXVIII
Partie 1: De retour pour vous jouer un mauvais tour!
-Dédé? Tu as pris de l´avance, à ce que je vois!
-...
Après deux jours de marche, j´étais parvenu à l´entrée des marais. Mon fidèle compagnon de route, quand à lui, y était arrivé la veille. Si je n´avais pas rencontré Shibe, je serais déjà parvenu à la ville du Sud, sans avoir eu à passer par cet endroit. Bah, de toutes façons, j´avais un truc à y régler, alors autant le faire maintenant.
Je m´enfonçais à travers les roseaux et les arbres aux racines aériennes, pataugeant dans la boue et la vase. La faune locale étant constituée essentiellement d´insectes, de vers, de Iopreys, de Genpreys, de Gypcéros, voir de Khezus, il était assez dangereux de s´attarder en ces terres. Même les chasseurs expérimentés n´aimaient pas partir en mission ici. Vu le nombre de moustiques par mètre cube d´air, je ne pouvais que les comprendre...
Le tonnerre résonna, et une faible bruine se mit à tomber. Évidemment, un peu de soleil, c´était trop demander. Vivement le printemps.
Quelques dizaines de kilomètres plus au sud, le marais devint plus praticable. La boue était, moins profonde et la végétation était plus éparse. Je sortis un morceau de viande séchée de ma sacoche; inutile d´espérer trouver des fruits par ici, mon repas se résumerait donc à cette bidoche... Bah, ça pourrait être pire.
Une fois ce déjeuner frugal terminé, je me remis en route. Si ma mémoire était bonne, ce que je cherchais se trouvait par ici. Scrutant les alentours, j´aperçut quelque chose bouger dans les hautes herbes. Et ça se dirigeait vers moi. Je dégainais ma pelle et attendis, juste au cas où cette chose ne serait pas ce que j´espérais. Elle n´était plus qu´à dix mètres... Cinq mètres... Un mètre...
-Bonjour monsieur, nia!
Un Felyne. Parfait! Je retirais mon casque et demandai:
-Bonjour. Pouvez -vous me conduire à votre camp?
-M... Monsieur Ksaï! Nia! C´est vous?!?
-Hé oui!
-Nous avons appris pour le Rubis du Chat, nia! Merci pour tout! Maintenant, tout mon peuple vous connaît comme étant l´élu du Grand Felyne!
-Bah, c´était pas grand chose... Si je suis ici, c´est pour vous demander un service.
-Miaou?
-Ben... La dernière fois que je suis passé, vous m´avez initié aux arts martiaux Felynes. Je ne sais pas si c´est possible, mais pourriez vous... Renforcer ma formation?
-Nia! En tant qu´élu, vous avez le droit de connaître certains nos secrets, du moment que vous ne les divulguez pas! La réponse est oui, miaou!
-Sérieusement?!? Merci!
-Nous allons vous garder pendant un mois au minimum, nia! Cela vous convient-il?
-Hmmm... Va pour un mois!
-Alors, direction: le camp!
Comme l´avait si bien dit le Felyne, l´entraînement dura trente jours, pendant lesquels je m´exerçais à me déplacer plus efficacement et à mieux encaisser les coups -c´est vrai que les Felynes ont une résistance incroyable, on les dit même immortels...-. Le marais était un terrain de jeu parfait. Progresser en courant à travers les racines, les hautes herbes et une couche de vase de trente centimètres de profondeur -au minimum- relevait de l´exploit, et c´était d´autant plus difficile que j´avais un Felyne assis sur les épaules -note de l´auteur: ça ne vous rappelle rien?- Lors de l´épreuve finale, je dus affronter... Un Bullfango. Évidemment, ces créatures ne posent aucun problème à un homme armé. Mais sans armure ni arme, ça se gâte.
Le monstre chargea. Je ne bougeais pas d´un poil et encaissais le choc dans les muscles abdominaux, arrêtant net le porc géant. Puis, du tranchant de la main, je lui brisai une de ses énormes dents de devant. Épreuve terminée!
En restant quelques mois de plus, j´aurais pu apprendre tant d´autres choses, mais... Laissons aux Felynes ce qui est aux Felynes! Et de toutes façons, ils m´avaient déjà fait don du plus précieux des cadeaux: leur amitié!
C´est donc à la fin de l´hiver que je repartis vers la ville du Sud.
La sortie des marais était proche. Ou pas. Donc oui. Ou non. Bon, en fait, j´étais perdu. Comme le nuages recouvraient constamment le ciel, impossible de savoir où étaient les quatre points cardinaux. Je ne pouvais utiliser ni les étoiles, ni le soleil. Décidément...
Et ça faisait trois jours que je tournais -probablement- en rond. Bon, au moins, ici, le sol était solide...
J´arrivais dans un endroit plus dégagé. Au centre était installé un étal chargé de légumes frais. Derrière, un homme d´une trentaine d´années, portant une moustache et des habits de la même couleur que les marais environnants. En me voyant, il se mit à sourire:
-Hé, petit! Ca te dirait d´acheter des légumes?
-Gné? Pourquoi vous vendez ces trucs en plein milieu des marais?
-Parce que j´aime vivre isolé! Mon nom est Pyro, mais on m´appelle "le gars aux légumes", et comme mon surnom l´indique, je vends des légume. Et comme il ne l´indique pas, je vends aussi du fromage!
-...
-Tu n´es pas convaincu, à ce que je vois! Pourtant, tu devrais acheter au moins mon fromage!
-C´est du fromage de quoi?
-De quoi? Attends..." dit-il en s´éclaircissant la gorge. Puis il se mit à chanter. "V´là du fromage, du fromage au lait, il est du pays de celui qui l´a fait!
-Euh... Deux choses: un, évitez de chanter s´il-vous-plait. Deux: celui qui l´a fait, il est d´où?
-Celui qui l´a fait était de mooooon villaaaaaaageu! Messieurs-dames goûtez cet excelleeeeent fromaaaaaageu!
-Je croyais vous avoir demandé de ne pas chanter. Bon. Et ce fromage, il est vraiment bon?
-Siiii vouuuuus gouteeeez mon fromage au lait, je vous garantis un déjeuner paaaaarfait!!!
-PAS CHANTER!
-V´la du fromage, du fromage au lai, il est du pays de celui qui l´a fait! Celui qui l´a fait était de moooon villaaaageu! Messieurs-dames goûtez cet excelleeeeent fromaaaaaageu! Si vous gout*PAF!*
-LA FEEEEERMEUUUU!!!
-Ouille...
-Bon, je vais prendre trois légumes, au hasard.
-De toute façons, ils ont tous le même goût. Et avec ça, un morceau de fromage?
-Nan, pas de fromage, parce que j´aime pas les chansons!
-Pourtant, les habitants du village l´apprécient, ma chansonnette!
-Ben pas m... Quoi? Quel village?
-Beuh, le village qui est derrière les arbres, trente mètres plus loin!
-Gné? Mais je croyais que vous viviez isolé!
-Ben oui, je suis isolé, puisque je vis à trente mètres du village...
-...
-Un problème?
-Disons que... Oh, et puis zut, laissez tombAÏE!!!
Quelque chose venait de me mordre la jambe. Ou plutôt quelqu´un. Un gars aux cheveux hirsutes, à la barbe en bataille, vêtu de haillons et ayant un regard de... Malade mental? Et le pire, c´est que je ne lui aurais pas donné plus d´une vingtaine d´années.
Je me tournais vers le gars aux légumes, lui lançant un regard interrogatif.
-Bah, fait pas attention. C´est juste l´idiot du village, il n´est pas dangereux.
-Ne pas faire attention, je veux bien, sauf qu´il est en train d´essayer de manger ma jambe...
-Many! Lâche sa jambe! Tu vois bien que ça le dérange!
L´homme se releva, resta immobile quelques secondes, puis hurla:
-MANYYYYYYY!!!
-Heu... Il est idiot, ou il le fait exprès?" demandais-je.
-Pourquoi on l´appelle "l´idiot du village", selon toi?" me répondit le gars aux légumes.
-Je vois...
-MANYYYYYY!!!
A ce moment, il croisa le regard de Dédé. Il resta d´abord immobile. Puis il se rapprocha de lui, continuant de le fixer droit dans les yeux. Puis il ne bougea plus pendant une dizaine de secondes.
-Wirk!
-MANYYYYY!!!
-Wirk!
-MANYYYYY!
-Wirk!
-MANYYYYY!!!
-J´ai l´impression qu´ils arrivent à communiquer...
- Peut-être ont-ils un cerveau simillaire?
-Peut-être. Bon, je vais visiter ce village... Au revoir, gars aux légumes, et peut-être à une prochaine fois!
Le village était constitué d´une trentaine de cabanes de bois construites n´importe comment. D´ailleurs, les gens aussi étaient comme qui dirait "construits n´importe comment". Certains souffraient de malformations -pas très beau à voir...-, et d´autres de troubles mentaux -comment je l´avais deviné? Ben quand on voit un gars entrain de manger des champignons en criant "JE SUIS UN MOSSWINE!", ça veut dire qu´il est soit comédien, soit fou...-. Ces handicaps étaient sans doutes dus au milieu naturel... Hé oui, voila ce qui arrive quand on fonde un village au milieu des marais... L´environnement est tellement insalubre qu´au bout de quelques générations, on en ressent les conséquences. Bon, comme y´avait rien à voir par ici, autant reprendre mon voyage. Je sortis du village, suivi par Dédé et par... MANY?
-Euh... Many? Tu ne peux pas m´accompagner. Tu habite dans ce village, tu te souviens?
-Many?
-Y´a pas de "Many" qui tienne. Du balai.
-Many.
-C´est ça...
-Many...
-Oui , oui, mais maintenant, je dois partir. Au revoir, Many...
Je marchais sur une centaine de mètres et me retournais. Il ne semblait pas avoir compris, puisqu´il était toujours là... Bon, tant pis, plus on est de fous...
Quelques heures plus tard, j´atteignais la sortie des marais. D´ici à la Ville du Sud, il n´y avait qu´une trentaine kilomètres de vertes prairies. Profitant de ce terrain propice au voyage rapide, nous arrivâmes à destination à la tombée de la nuit.
L´homme gardant la porte était armé de lames jumelles et portait une armure en Gypcéros. Des qu´il nous aperçut, il dégaina:
-Qui va là?" demanda-t-il.
-Un chasseur, un gars bizarre et un Vélociprey..." répondis-je.
-Un Vélociprey? Qu´est-ce qu´il fait là?
-Il m´accompagne...
Le garde ramassa une lanterne et s´approcha. Il m´inspecta avec circonspection.
-Vous n´êtes pas armé? Étrange pour un chasseur.
-Mais si, je suis armé... J´ai une pelle.
-Hmmm... Vous vous battez avec une pelle? Fort bien. Veuillez me suivre.
-Pour aller où?
-Votre arme n´est pas réglementaire, vous êtes en état d´arrestation.
-Quoi? C´est une nouvelle loi, où quoi?
-La loi, c´est moi qui la fait. Alors vous allez me suivre. Je suis autorisé à recourir à la violence, alors n´opposez pas de résistance.
-Gné? Mais qu´est-ce qui se passe ici? Vous êtes sur que vous êtes au service de la Guilde?
-Je n´ai jamais dit que j´étais au service de la Guilde! J´appartiens à la Main Double, et j´ai prêté allégeance au seigneur Jonhy!
-Que... MERDE!
Je tentais de dégainer mais le garde, avantagé car ayant déjà une de ses armes en main, me porta un coup d´estoc; étrangement, il ne termina pas son mouvement, s´effondra au sol, et ne bougea plus. Je n´avais pourtant rien fait! Je me penchai sur le corps et lui pris le pouls. Il était mort!
-Il ne se relèvera plus. Amusant ,non?
Je tressailis. L´homme qui se tenait adossé au rempart portait une armure en Khezu dont la capuche était rabaissée, et une épée longue était suspendue à son dos. Une énorme brûlure recouvrait la moitié de son visage, le défigurant et rendant son âge impossible à estimer.
-C´est toi qui as tué ce garde?
-Oui... Et non! Il a signé son arrêt de mort en devenant membre de la Main Double. Donc en fait, c´est comme si il s´était suicidé!" dit-il en riant.
-Tu viens de tuer un homme pour rien.
-Si je ne l´avais pas fait, c´est lui qui t´aurait abattu, monsieur "je me bats avec une pelle et je pense que je suis le plus fort"...
-Mais bien sur. A voir ta tête, je dirais plutôt que tu l´as fait par pur plaisir...
-Ah, et pourquoi aurais-je fait ça?
-Peut-être parce que tu es le Dépeceur, le tueur en série le plus recherché de Gardemine. Tu as trente victimes à ton actif, et la Guilde à placé une prime de 200 000z sur ta tête, que tu soit ramené mort ou vif.
Il s´arrêta de rire à l´instant.
-Tu m´as l´air bien renseigné, dis moi...
-Oh, non, c´est juste qu´il y a un avis de recherche placardé juste à coté de toi.
-Que...
Il inspecta le mur sur lequel il était adossé, et, voyant l´affiche, reprit son air hilare.
-Bien joué. Alors, je suppose que tu ne sais pas pourquoi on me surnomme le "Dépeceur".
-Non, et je m´en tape.
-Je vais te le dire quand même!
-J´ai dit que je m´en tape!
-Je dépèce toutes mes victimes!
-Possible, mais je m´en t... QUOI?!? MAIS T´ES ENCORE PLUS MALADE QUE JE LE PENSAIS!
-MANYYYYY!
-Wirk!
-LA FERME, VOUS DEUX!" hurlais-je
-MANYYYYY!
-Wirk!
-MANYYYYY!
-Wirk!
-Fais les taire, ou ils vont rameuter tous les gardes du quartier." Dit le Dépeceur.
-Ce ne serait pas une mauvaise chose. Ca leur permettrait de coincer le malade que tu es.
-Visiblement, tu n´es pas au courant. La Guilde n´existe plus, ici. La Main Double a pris le contrôle de la ville!
-QUOI? ILS... LA... IL N´Y A MÊME PAS EU DE RÉSISTANCE?
-Si, si. Tu aurais du voir ça. Les chasseurs résistants se sont réfugiés dans le comptoir de la Guilde et l´ont barricadé. Ils ont tenu dix minutes avant d´être exterminés jusqu´au dernier. C´était follement amusant!
-Malade...
-Et pourquoi n´aurais-je pas le droit de rire en voyant des humains mourir?" dit-il en retournant le cadavre du garde pour récupérer le couteau de lancer planté dans sa nuque.
-Pas le temps de débattre à ce sujet. J´ai un truc urgent à régler! Garde Dédé et Many, et surtout ne leur fait aucun mal!
-Hein? Aucun risque... Je ne tue pas les innocents.
Je courus à travers la ville, tentant de me souvenir où se trouvait la maison de mon maître. Si la Main Double s´était débarrassée de tous les chasseurs n´utilisant pas les lames jumelles, ça voulait dire qu´il était...
Chapitre XXVIII
Partie 2: Une bonne main vaut mieux que deux tu l´auras!
Je dépassait le Comptoir sans me préoccuper de son état déplorable, pris à droite après l´hôpital et remontais la rue jusqu´à une maison de deux étages, entourée par un petit jardin. Je fonçais vers la porte et y frappais violemment. A mon grand soulagement, une voix que je connaissais bien me répondit:
-Qui est-ce?
-C´est moi! Ksaï!
-Ksaï?
La porte s´ouvrit. Derrière, arme en main, se trouvait un vieillard imberbe, ridé, vêtu de noir, me dépassant d´une tête. Dans ses yeux bleus brillait toujours cette lumière féroce, presque effrayante -ou pas!-.
-Tu es enfin de retour! Bienvenue!
-C´est un plaisir de voir que vous êtes en bonne santé, maître!
-Et toi donc! Avec les événements de ces derniers mois, c´est un miracle que tu sois en vie! Assieds-toi et prends un bol de soupe, tu as l´air d´avoir faim.
Je pris une chaise et m´y affalais.
-Merci... Vous n´avez pas eu de problèmes avec la Main Double?
-Pas encore... Ils ne savent pas où j´habite, et ils ne savent peut-être même pas qui je suis.
-Tant mieux. Quel fléau, ce Jonhy.
-Tu le connais?
-Je l´ai déjà affronté.
-Et alors?
-J´ai perdu lamentablement. Mais il n´a pas eu le temps de me tuer.
-Tu as eu énormément de chance. Peu nombreux sont ceux qui peuvent se vanter d´avoir échappé au Mercenaire Impitoyable.
-Gné?
-C´est comme ça qu´on le surnomme.
-Ah. Mon incroyable esprit de déduction me dit que c´est en rapport avec son métier -si on peut appeler ça un métier-.
-Tout juste...
- Il veut conquérir le désert, il tente d´assassiner le roi, et maintenant, il fonde une secte. De pire en pire.
-Il faut dire qu´il à bien réussi son coup. Comme les chasseurs débutants s´orientent souvent vers les lames jumelles, il a trouvé une armée nombreuse. Et il flatte leur ego en les faisant se considérer comme supérieurs.
-Je ne savais pas qu´ils y avait tant de chasseurs idiots.
-Qu´importe, maintenant tu le sais.
-Y´a quand même une question que je me pose: pourquoi fait-il ça?
-Je ne saurais répondre... Mais ne parlons pas de malheur.
-Mouais, ca gâche le goût de ma soupe.
-Parlons plutôt de toi! Tu es devenu une légende vivante!
-Oui. J´ai même ma statue dans la Tour des Héros!
-Ah, la Tour des Héros... Que de souvenirs...
-Sem Einhar.
-Quoi?
-Vous vous appelez Sem Einhar. C´était marqué sur votre statue.
-Peut-être... Mais pour toi, c´est "maître".
-Pas de problèmes!
-Tiens, parle moi de ton voyage. Comment c´était?
-Grandissant. J´ai vu la beauté meurtrière du volcan, l´immensité de la mer intérieur, la jungle aussi luxuriante que mystérieuse, la tour du mont Mont Lao, la citadelle de pierre des Chevaliers de Fer, et le Désert envoûtant et dangereux. Là, j´ai vu la folie meurtrière des hommes. Blasé, j´ai fait demi-tour. Mais ce n´était pas terminé. J´ai vu la fabuleuse Cité Royale, les superbes plaines du Nord, le terrible défilé de Kerankar, et les étranges marécages.
J´ai aussi rencontré des gens hauts en couleurs, et j´ai eu le bonheur de les avoir comme amis, ou la malchance de m´en faire des ennemis. J´ai visité des villes chargés d´histoire et de traditions. J´ai affronté de terribles Wyverns. Et surtout: je me suis bien amusé!
Mon maître sourit. Un moment, je crus qu´il allait verser une larme. Mais il se ravisa.
-Formidable, même merveilleux! Ksaï, j´ai l´honneur de t´annoncer que tu as terminé ta formation. A mes yeux, tu porte désormais le titre de "Chasseur de Monstres". Félicitations!
-Merci maître.
-D´ailleurs, j´ai une surprise pour toi!
Il monta à l´étage, et en revint avec une superbe épée courte qu´il posa sur la table. Je restai quelques secondes immobile, admirant l´arme posée devant moi. Sa lame métallique était fine et tranchante. Sa garde, de couleur rouge, avait une forme idéale pour être sur de manier l´arme avec un maximum d´efficacité. Le bouclier, rond et blanc, était orné d´épines de monstre à sa partie inférieure, et un genre de soleil était peint dessus.
-On me l´a offert quand je suis sorti premier de l´École d´Entraînement Centrale de la Cité Royale, voila maintenant plus de cinquante ans. Ils ne le font plus de nos jours, cette arme est donc extrêmement rare. C´est ce qu´on appelle une Épée d´Expert. Elle dispose d´une poche assommoir incorporée dans le manche, au moins fois plus puissante et durable que celle du Primmort. La neurotoxine s´écoule par de minuscules sillons creusés dans la lame. Un travail d´orfèvre. Je comptais la léguer à mon fils, mais comme je n´ai jamais eu la chance d´en avoir un, autant l´offrir à on dernier élève!
-C´est un cadeau magnifique... Je ne sais pas quoi dire...
-Alors ne dis rien, et essaye la!
Je saisis la lame et la fis tournoyer. Elle était légère et équilibrée. Elle se maniait instinctivement. Le bouclier, quand à lui, était tout aussi peu lourd, mais il avait l´ait si solide...
-Heureux?
-Énormément!
-Ca me fait encore plus de bien qu´à toi. Bon, tu dois être fatigué. Dormir à la belle étoile, c´est bien, mais avoir un lit, c´est mieux. Utilise la chambre à l´étage! Bonne nuit!
-Merci.
Je gravis l´escalier, entrais dans la chambre, ôtais et rangeais mon armure, déposai ma nouvelle arme sur la table de chevet, et me mis au lit, puis m´endormit, rêvant des wyverns que je pourrais pourfendre avec ma lame.
-Ksaï, debout, vite!
-Gnmmm...
-Debout!
J´ouvris les yeux. Mon maître se trouvait à coté de mon lit, tentant de me réveiller.
-Qu´est-ce que...
-La Main Double! Ils sont là!
-QUOI?
Je me levais et partis en trombe vers la fenêtre. Écartant les rideaux, je vis que des dizaines d´épédoublistes -hem- entouraient la maison. J´enfilais mon armure, attachai mon bouclier, et saisis ma lame.
-Oh que non. "Dit mon maître. "Toi, tu t´en vas.
-Gné? Ca va pas, non? Je me battrais à vos cotés.
-Très courageux de ta part, mais il y a un hic: en plus de cette centaine de soldats... Jonhy est là.
-QUOI? RAISON DE PLUS POUR RESTER!
-Tu n´as pas l´air de tenir à la vie. Si tu reste, il te tuera.
-Pareil pour vous, non?
-Peut-être. Mais le fait qu´on soit deux n´y changera rien.
-Alors fuyons!
-La maison est encerclée. Je ferais diversion, et toi, tu fuiras par la porte de derrière.
-Et pour vous?
-Je suis vieux. Vieux et fatigué. Si le destin m´offre l´occasion de mourir l´arme à la main, tant mieux pour moi! C´est ce que j´ai toujours voulu!
-Mais...
-Pas de "mais", le temps presse. Vas te cacher dans le salon, et au trot. C´est un ordre de ton maître.
-...
-J´attends.
-Oui, maître.
Je me retournais et descendit l´escalier, précédant mon maître. Pendant qu´il se plaçait en face de la porte d´entrée, je me cachais dans un de ses coffres d´équipement.
-Ah... J´oubliais.
-Oui?
-Je suis vraiment fier de toi, petit. Tu as été mon dernier élève... Mais aussi le meilleur de tous! Bonne chance, Escrimeur Légendaire!
-Merci... Maître Bretteur.
Je refermais le couvercle du coffre. Quelques secondes pus tard, la porte vola en éclats. Derrière, se trouvait un homme en armure de Diablos noir, armé de deux Falchions Dorés. Jonhy en personne. A ses cotés, sa fidèle Dul, vêtue de sa lourde armure de Gravios noir et tenant ses deux éventails tranchants comme des rasoirs. Ils étaient accompagnés de deux autres épédoublistes prêts au combat. Le Mercenaire Impitoyable prit la parole d´un air détendu:
-Sem Einhar, je présume.
-Tout juste, jeune insolent! Ce n´est pas très poli de rentré sans frapper.
-J´ai frappé, mais un peu trop fort, on dirait. La porte n´a pas tenu. Mais cela n´a aucune espèce d´importance, puisque vous allez mourir. Plus besoin de porte, ni de maison. Pratique, non?
-Si ça l´est tant que ça, pourquoi ne mourrais-tu pas?
-J´y penserai, un jour.
-Aujourd´hui me semble être le jour idéal.
-Non, puisqu´aujourd´hui, je ne tente rien de périlleux...
-C´est toi qui le dit!
Sur ce, le Maître Bretteur dégaina une superbe lame courte de carbalite, bondit par la fenêtre -contournant ainsi Jonhy-, et s´attaqua aux gardes qui encerclaient la maison. Je vis mon maître semer la confusion dan les troupes ennemies, profitant de l´effet de surprise pour tuer une dizaine d´hommes. Mais ses antagonistes se ressaisirent bien vite, et tous les gardes entourant la maison l´assaillirent en même temps. Je sortis du coffre, et, jetant un dernier regard à mon mentor, je sortis par la porte de derrière. Prenant garde à ne pas me faire repérer, je rejoignis l´entrée de la ville Là, près des remparts, le Dépeceur m´attendait toujours, en compagnie de Dédé et Many, qui étaient en pleine conversation.
-Merci de les avoir gardé.
-Tu as pris ton temps, dis moi! Ca fait sept heures que j´attends. Pour tuer le temps, j´ai dépecé le garde et j´ai fait une armure avec sa peau!
-...
-Ben? T´es tout pâle? Ca n´a pas de rapport avec ce que je viens de dire, tout de même?
Je me sentais mal. Je venais de réaliser que maintenant, mon maître devait être... Mort. Assassiné par ce Jonhy. J´avais comme un poids sur l´estomac. Le genre de sale sensation dont on a du mal à se débarrasser.
-Ils ont tué mon maître....
-Qui? La Main Double? Et qui est ton maître?
-Sem Einhar.
-Le Maître Bretteur? Ils l´ont eu?
-...
-Généralement, quand ils tuent quelqu´un d´important, ils exposent son corps sur la place principale de la ville. Ca va être amusant.
Amusant... Tu parles. Ce gars là était cinglé. Et moi, j´étais obligé de partir. De laisser cet endroit derrière moi. De filer ,laissant le cadavre de mon maître aux mains de ces fous. Ca me faisait mal.
-Je me demande si cette fois on aura le droit de lancer des cailloux sur le corps." Dit le Dépeceur.
Là, il était allé trop loin. Je saisis ma lame, avec la ferme intention de séparer sa tête de son corps, quand quelque chose m´arrêta. Sur la garde de l´épée, quatre mots étaient gravés: "Fait de ton mieux". De mon mieux... Faire de mon mieux, ce n´était pas fuir. Enfin, si, dans certains cas. Mais pas dans celui là. Je levais les yeux sur le Dépeceur:
-Hé! Tu sais te battre?
-Si je sais me battre? Mes victimes étaient toutes des chasseurs de haut niveau, et je n´ai eu aucune difficulté à les mater!
-Alors suis-moi. Direction: la place principale!
-Pourquoi faire? Tu ne veux quand même pas...
-SI! Dédé! Many! Avec moi!
-MANYYYYY!
-Wirk!
Quelques minutes plus tard, j´étais positionné sur le toit d´une des maisons entourant la place principale. Comme l´avait prévu le Dépeceur, sur une estrade, en plein milieu de la place, se trouvait le corps de mon maître, attaché à un poteau. Il était atrocement scarifié, presque au point d´en être méconnaissable. Autour, une foule s´était massée pour assister à cet effroyable spectacle. Tout à coup, des cris retentirent. Un homme courait à travers la foule, jetant des bombes flash, des bombes fumigènes et des bombes soniques à tout va, provoquant le chaos et la confusion la plus totale. Je sautais du toit -premier étage, pas trop difficile...-, suivi par Many...
-MANYYYYY*CRASH!*
...qui réussit moins bien que moi son atterrissage.
Je traversais la foule -confuse, paniquée, apeurée, assourdie et aveuglée-, montait sur l´estrade, et tranchait net tous les liens retenant mon mentor. Le corps tomba lourdement au sol. Je me préparais à l´emporter quand un toussotement me fit me retourner. Derrière moi se tenait Dul. Et une balafre fraîche traversait son visage en diagonale. Visiblement, elle n´était pas sortie indemne du combat qui l´avait opposé au Maître Bretteur. C´est le genre de chose qui laisse de traces.
Ne lui laissant pas le temps de dégainer, je donnais libre cours à ma colère et lui envoyais un direct dans la figure. Elle s´effondra, et je shootais dans son casque pour l´ôter de sa tête, puis je mitraillais cette dernière de coups. Oui, c´était lâche de frapper une femme à terre. Non, ca n´allait pas ramener mon maître à la vie. Mais au moins, ça me procurait une énorme satisfaction. Quand je fus sur qu´elle était bien assommée, je ramassais le corps de mon mentor et me mis à courir, suivi par Dédé, Many, et le Dépeceur!
-Hé, Dépeceur! Bravo pour la diversion! Très bonne idée, les bombes!
-Merci!
-MANYYYYY!
Nous sortîmes de la ville, et nous atteignîmes la foret deux heures plus tard. Là, au pied d´un chêne centenaire, j´enterrais mon maître, et dressais un amoncellement de pierres. Sur l´arbre, je gravais: "Ci-gît Sem Einhar, le Maître Bretteur. Une petite tombe pour un bien grand homme."
Puis, je me tournais vers le psychop... Heu, le Dépeceur.
-Tu vas faire quoi, maintenant?
-Moi? JE vais dépecer un ou deux trucs par ici, et je vais retourner à la Ville du Sud. Je m´y amuse trop pour la quitter.
-Et toi Man... Many? Many? Dépeceur... Je crois qu´on a perdu Many.
-Je dirais plutôt: "Many s´est perdu tout seul"...
-Bon , tant pis pour lui... La flemme de le chercher...
-Et toi? Tu vas faire quoi?
-Ben... Il va me falloir plusieurs jours pour réaliser ce qui vient de se passer. Je vais rester quelques temps à cet endroit, et après, j´aviserai...
Chapitre XXIX
Partie 1: Coïncidence?
Je passai mes doigts sur la tache colorée présente au sol, et les portais à mon nez. Jus de baie-peinture, son odeur ne trompais pas. Le marqueur que j´avais employé faisait donc toujours effet. Excellent. Je me redressais et me remis en route. La tache de jus n´était pas seche, et aucune trace de couleur sur les feuilles des arbres me surplombants, ce qui voulait dire que la bête n´était pas loin et qu´elle se déplaçait au sol. Prudence, donc. Il s´agissait de ne pas mourrir bêtement, surpris par la créature que je comptais surprendre...
Tout avait commencé ce matin. Je me recueuillais sur la tombe de mon maitre, quand tout à coup, un bruit de battement d´ailes se fit entendre. Pas des ailes de gentil piti oiseau, mais plutot d´énormes membres, brassant des hectolitres d´air à chaque mouvement, et capables de maintenir en l´air une énorme carcasse -des ailes de wyvern, quoi!-... Je décidais donc d´allers voir qui était exactement l´heureux proprietaire de ces magnifiques organes. Je me dirigeais vers la petite clairiere d´ou semblait provenir le bruit, et m´approchais en rampant de la limite des arbres. Ce que je vis me fit un choc. Au centre de cette clairière se dressait une Rathian. Mais pas n´importe laquelle: ses écailles brillaient d´une magnifique couleur dorée, sa tête portait des cicatrices infligés par une arme tranchante, et l´endroit où était censé se trouver son oeil droit n´était qu´un trou béant! Il s´agissait évidemment du monstre qui avait transformé mon ami Argo en légume vivant -houla, pas très élogieuse, cette expression-. Bien que, depuis le temps, ma colère fut retombée, et qu´il soit completement suicidaire d´affronter ce genre de monstres seul, je pris la décision de la mettre à mort, par question de principe. Et puis, comme Jonhy avait chevauché cette Wyvern, le fait de la tuer me procurerait une satisfaction non négligeable.
Je sortis un marqueur de ma sacoche et ouvris maladroitement la coquille qui le recouvrait; la boule spongieuse et collante tomba sur ma main et y resta attachée. Poussant quelques jurons, le tentais de l´arracher, mais rien à faire: plus j´essayais, plus je répandais de jus sur moi. Et vu l´odeur désagréable qu´il dégageait, j´aurais interet à prendre un bon bain apres ça.
-Wirk!
-Gné? Dédé? Je t´avais dit de rester pres de la tombe!
-Wirk! Wirk! Wirk!
-La derniere fois que tu t´es exprimé de cette façon, c´était pour me dire qu´il y avait un wyvern dans mon dos. Donc, ça veut dire que... Glp...
Je me retournais lentement. Horreur! Derriere moi se trouvait...
-MANYYYYY!!!
-Many? Qu´est-ce que...
-MANYYYYY!!!
-Bon, moi expliquer à toi. Moi être en train de chasser Wyvern, alors toi bien avoir l´obligeance de DEGAGER!
-MANYYYYY!!!
-...
-MANYYYYY!!!
-DEGAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAGE!!!
Il se figea, la peur se lut dans ses yeux, et il s´enfuit en courant, suivi par Dédé. Non, mais. Faut pas m´énerver, moi! Je lui avait fait comprendre qui commandait ici, et il avait préféré obéïr devant ma toute-puissance! Gnark! Même Dédé avait eu peur! Le probleme des geneurs étant résolu, je décidais de revenir à cette chasse au wyvern et me retournais pour épier la Rathian, qui était d´ailleurs juste derriere moi, en train d´observer la scene, et qui... KOAAAAAAAAA?!?
-Oh. Bijour pitite Rathian... Mais tu m´as l´air affamée, dis moi.
-...
-Bon, ben... SALUT!
-GROUAAAR!!!
Je lui abattis ma main sur laquelle était collé le marqueur entre les deux yeux; le jus coloré gicla, éclaboussant son globe occulaire et l´aveuglant momentanément. Elle secoua la tête et la boule colorée resta collée sur son front. Je profitais du court répit qui m´était accordé pour me mettre à l´abri en sautant sur le coté... Et en atterissant tête la premiere dans un buisson d´orties! Et comme la le visage est le seul endroit à ne pas être protégé par mon armure, je vous laisse imaginer le tableau... Ouch.
Voyant que dans cette clairière éxigue, elle ne serait pas à son avantage pour se battre, la Rathian déploya ses immenses ailes et prit son envol. Et c´est ainsi que je m´élançais à sa poursuite.
Quelques minutes apres les évenements racontés quelques lignes plus haut -le passage ininteressant qui parle de ramassage de jus par terre...- j´atteignis la sortie de la foret. Au dessus de ma tête, la rathian accomplisssait des boucles en m´observant. Evidemment, comme c´était la fin de l´hiver, le gibier n´était pas très abondant, et elle me considérait comme un casse-croute potentiel... Et qu´est-ce qui est plus dangereux qu´un Wyvern énervé? Réponse: un Wyvern affamé, bien sur! Pas de bol...
Elle descendit gracieusement, et se posa avec délicatesse -en faisant trembler le sol...-. Sans attendre, elle me fonça dessus à toute vitesse. Je bondis pour éviter sa trajectoire; elle freina et se retourna, puis chargea une seconde fois. Je me jetais sous sa tête et passais entre ses jambes, les tailladant au passage; elle hurla de douleur et pivota, se servant de sa queue comme d´un fléau. Je me tentais de me proteger, et son appendice caudal percuta mon bouclier, qui percuta ma tête, qui percuta le sol, qui ne percuta rien du tout arce que c´est le sol. Je me relevais à moitié sonné, et me mis à courir en ziguezagant -involontairement-, évitant ainsi -tout aussi involontairement- les trois boules de feu qu´elle m´envoya! Je fonçais vers sa tête et y abbatit ma lame; elle répliqua par un monumental coup de boule qui m´envoya valser vingt metres plus loin. Je tentais de me relever, mais visiblement, elle m´avait cassé quelques cotes. Tournant la tête, je vis la bête se redresser, prête à vomir une boule de feu qui me transformerait à coup sur en petit tas de cendres fumantes avant que j´ai eu le temps de prendre une potion, de me relever et de me mettre à couvert. Elle rugit, et la masse de matiere incandescante qu´elle avait expulsé arriva droit sur moi. N´écoutant que mon courage, je décidais de regarder la mort en face. Je fermais donc les yeux. Il y eut une explosion, une déflagration et... J´étais encore intact. Je décidais donc de prendre le temps de boire une potion et de me relever. Puis, voulant à tout prix connaitre la raison de ce miracle, je daignais enfin ouvrir les yeux. Entre la Rathian et moi, se trouvait un homme en armure métallique, portant une superbe lance dorée. Il venait de parer le projectile ardent à l´aide de son immense bouclier.
-Alors, c´est ça qu´on surnomme l´Escrimeur Légendaire? Pas terrible!
-A... A... A... A...
-Atchoum?
-ARGO!!! MAIS QUE... COMMENT...
-Tu te souviens de mon nom, bravo!
-MAIS... T´ETAIS PAS MORT?
-Dans le coma, nuance. Et je me suis réveillé à peine trois jours après la bataille.
-...
-Hé bien? Qu´y a-t-il?
-Ha... Haha... Mwahahahahaaaaaaaa. J´ai tout compris.
-Comment ça?
-En fait, ce n´est pas la réalité. J´ai du m´endormir, et je suis en train de faire un rêve idiot. Cette situation est totalement improbable. Tu es censé être transformé en légume, et tu réapparais à des milliers de kilometres de l´endroit où tu devrais te trouver en ce moment, pile au moment où j´affronte le monstre qui t´a vaincu. Comme par hasard.
-Moi, j´appelle ça une coïncidence. Ah, et merci pour le "légume"...
-Une coïncidence? Mais bien sur... Alors comment t´explique ta présence ici, aussi loin d Désert?
-Je suis parti à ta poursuite pour te dire que j´allais bien!
-C´est ça, je te crois...
La Rathian, qui en avait surement marre d´ecouter notre conversation, fonça vers nous en rugissant. Je rengainais mon arme et lui fit face, le sourire aux levres.
-Mouahahahahaaaa, stupide Rathian, tu ne peux rien contre moi, car tu n´est que le produit de mon imagination! Je vais te faire exploser d´un simple claquement de doigts!
-MAIS ARRETE, ABRUTI!
Argo me poussa hors de la trajectoire du monstre et se le prit en pleine poire. Malgré le fait qu´il soit protégé par son bouclier, il fut projeté en l´air et ratterit une dizaine de metres en arriere, puis ne bougea plus. Je courus vers son corps inanimé et hurlais:
-NOOOOON! ARGO EST RE-MORT! C´EST HORRIBLE!!!
-Je ne suis pas mort...
-OUAAAAH!!! IL EST VIVAAAANT! LEVE TOI ET MARCHE!
-Arrete de faire l´imbécile!
-ET EN PLUS IL PARLE!!!
-Tu es irrécupérable...
-MOUAHAHAHAAAAAA!!! JE VAIS VAINCRE LA RATHIAN A MAINS NUES!
Je fonçais sur la bête et lui envoyais un direct en pleine tronche! Un craquement sonore indiqua que je lui avais cassé le nez... Ah, tiens, non! C´est mon poing qui était cassé! Bah, comme c´était un rêve, je n´avais même pas mal... Ah, tiens, si! Bon, pas grave, je ne craignais rien! Je sortis une bombe sonique de ma sacoche et la fourrais dans l´orbite droit -vide- du monstre. Elle explosa, et ce fut toute sa tête qui vibra! La Wyvern se mit à courir de travers et se prit un arbre, qui lui tomba dessus, l´assomant net.
-Bon, Argo, comme c´est toi qu´elle a légumisé, je te laisse l´honneur de l´achever!
-Heu... Merci, mais maintenant que je la vois comme ça, elle me parait si ridicule que j´aurais du mal à la tuer.
-Bon, alors ça veut dire que tu es en paix avec toi-même! Mon travail est terminé, et je dois maintenant me réveiller! Au revoir, Argo!
Sur ce, je me pinçais du plus fort que je pus!
-WAÏLLLE! Mais c´est quoi, ça? Pourquoi je n´arrive pas à me réveiller?
-C´est peut-être parce que tu es DEJA réveillé!
-...
-Alors?
-AÏE! MA MAIN! ELLE EST CASSéE!!!
-Bon retour dans la réalité...
-Mais alors... TU ES VIVANT!!!
-Oui, on dirait...
-Content de te revoir sain et sauf!
-Quand à moi, je suis content de te revoir sauf et... Toujours aussi peu sain d´esprit. Attaquer un Rathian à mains nues... Faut le faire.
-Pas de commentaires..."répondis-je en avalant une rasade de potion.
-Bon, on fait quoi?
-Je comptais me rendre à la Ville de la Foret...
-Ca marche!
-GLOU.
-Pourqui t´as dit "glou"?
-Mais j´ai pas dit "glou"!
-GLOU.
-Si ce n´est ni toi, ni moi, qui...
Nous nous retournames d´un même mouvement pour tomber sur... La Rathian! Son unique oeil était doté d´un regard vide, le même que celui de Dédé! Elle nous fixa encore un instant, puis se retourna et partit vers la forêt en marchant bizzarement et en gloussant:
-GLOU, GLOU, GLOU, GLOU, GLOU...
-Marrant, on dirait qu´elle se prend pour un Gypceros!
-Ca doit être la bombe sonique couplée à l´arbre sur la tête qui a provoqué ça...
-Bon, pas le temps de rigoler, En route!
-Wirk!
-Tiens, t´es revenu Dédé? Ou est Many?
-*Burp!*
-...
Apres deux jours de marche rapide, nous parvînmes à la Ville de la Forêt. A l´instar de la Ville du Nord, toutes les constructions étaient faites de bois, y compris les murailles qui entouraient la citée. La seule différence était qu´ici, le bois était en rondins, et non pas en planches. Les maisons étaient proprement alignés, et de là où nous étions -c´est à dire à l´entrée principale de la ville- nous pouvions voir le Comptoir de la Guilde, tronant fierement au bout de la rue principale. Les rues étaient bondées, et nous mîmes une trentaine de minutes à y parvenir. Et à l´interieur aucune table libre. Evidemment, avec ce qui était arrivé à la Ville du Sud, tous les chasseurs avaient fui ici... J´allais poser la question "on s´asseoit où, nous?" à mon estimé collegue lorsqu´un objet volant non-identifié traversa la salle et vint s´ecraser à nos pieds. L´objet en question se révela être un chasseur, en armure de Cephalos, et portant une épée longue dans le dos. Il se releva, et en apercevant son visage, je fus victime d´un énorme étonement -qui se traduit par une hausse de mon sourcil droit de quelques millimetres-: il ne devait avoir qu´une dizaine d´années! Beaucoup trop jeune pour pratiquer la chasse! Je n´eus pas le temps de lui demander quoi que ce soit, car il quitta le sol, soulevé par un colosse d´au moins deux metres dix de haut, et d´un de large, tout en muscles, barbu, portant une lourde armure de Gravios et un énorme marteau dont la tete évoquait un démon.
-REPETE UN PEU, POUR VOIR! LES MARTEAUX, C´EST QUOI?!?" hurla le géant.
-Rien, monsieur. Je m´excuse, monsieur." Repondit le gamin.
-J´AIME MIEUX CA!
-Salut, Raoul!" m´exclamais-je.
Le marteleur -ça veut dire:"gars qui utilise un marteau"...- porta son regard sur nous, et un grand sourire apparut sur son visage:
-Ksaï! Argo! C´est bien vous?
-Evidemment! On vient d´arriver!" répondit Argo.
-Bienvenue, camarades!" dit-il en lançant le gamin par dessus son épaule. "Qu´est-ce qui vous amène par ici?
-Les aléas du destin...
-Un sacré farceur, celui-là! En tout cas, je suis heureux de vous revoir! Ca faisait un bail! Depuis...
-Depuis qu´on avait essayé de ramener ce cristal lumière de la forêt!
-Ah, que de souvenirs... Ca fait plus de trois mois, maintenant! Mais ne restons pas debout, j´ai une table un peu plus loin!
Chapitre XXIX
Partie 2: Imprévus et opportunités.
En parvenant à la table, nous eumes la mauvaise surprise de constater qu´elle avait été prise par un autre groupe de chasseurs. Raoul les foudroya du regard. En une seconde, ils avaient libéré la place. Nous nous installâmes, et nous commençames à discuter. On parla de tout et de rien, de ce qui s´était passé depuis notre derniere rencontre, du nombre de wyverns que nous avions abatus, et nous finimes même par faire un concours de cicatrices!
-Regarde celle-là." Se vanta Raoul en exhibant deux énormes sillons parcourant son bras. "Un Vélociprey qui m´a attaqué alors que je dormais. Je n´avais que trois ans.
-Comment ça a fini?
-Je lui ai brisé le cou de mes propres mains.
-...
-Quoi?
-A trois ans?
- J´ai toujours été fort pour mon age!
-Pas moi qui te contredirais. Et ça, vous en pensez quoi?"demanda Argo en soulevant sa cotte métalique. En dessous, la moitié de son torse était brulée.
-Rathalos? Khezu? Gravios?
-Nan... Marmite d´huile bouillante. Ma mere m´avait dit de ne pas jouer avec...
-Pas tres glorieux! Mais regarde un peu ça." Dis-je en découvrant mon dos, parcouru par une énorme cicatrice. "C´était dans les marais. Un Genprey m´a tailladé le dos, et je suis resté par terre, à me vider de mon sang. Et comme je n´ai pas pu prendre de potion à temps, ca a cicatrisé tout seul, et voila le résultat.
-Vois ça du bon coté: les femmes adorent les cicatrices!
-Ah... Et alors?
-Tu auras la cote aupres d´elles!
-Ah... Et alors?
-Et alors? Tu vois où je veux en venir!
-Ben... Non.
-...
-Bon, en attendant, je crois que j´ai gagné, non?
-Oui, c´est toi qui as la plus grosse!
-Youpi! Ah, voila la serveuse! Hey! Par ici!
Elle arriva à coté de notre table, sotrtit un carnet et, voyant mon sourire, s´exclama:
-Vous êtes heureux! Tant mieux! Un chasseur heureux est un bon client!
-Normal que je sois heureux: c´est moi qui ai la plus grosse!" répondis-je.
-Qu...Quoi?" demanda-t-elle, interloquée.
-C´est moi qui ai la plus grosse! Vous pouvez leur demander, on vient de vérifier!" dis-je en désignant Argo et Raoul, qui acquiescerent d´un même mouvement.
-Vous... Vous venez de faire ça ici? Vous n´êtes pas genés!!!" s´exclama-t-elle.
-Bon, évidemment que ça peut paraitre effrayant, voir obscene pour certains, mais c´est la vie! Certains en ont, d´autres non! Tiens, je parie que vous, vous n´en avez pas!
-Mais... Je... Bien sur que non, mais...
-Vous n´aimez pas ça?
-Je... Je n´ai pas dit ça, mais je pense qu´il y a des endroits où il faut éviter de montrer ce genre de choses...
-Selon vous, on devrait se mettre dans un endroit à l´abri des regards?
-Oui, c´est mon avis!
-Mais ce ne sont que des cicatrices! Ce n´est pas si horrible!
-QUOI? Vous parliez de vos... Cicatrices?
-Ben oui, qu´est-ce que ça pourrait être d´autre?
-Euh... Rien. Puis-je prendre votre commande?
-Pas de probleme! Pour moi, ce sera une limonade-amerinsecte!
Et là, le silence. Tout le monde avait les yeux tournés sur moi -encore une fois...-, y compris mes amis. Ce comptoir si bruyant était soudain devenu aussi silencieux qu´un tombeau.
-KSAÏ!
Mon sang se figea dans mes veines. Je connaissais bien cette voix. Je me retournais lentement et découvris avec horreur la personne qui venait de prononcer mon nom. Une femme en armure de Plesioth, aux longs cheveux noirs, au visage magnifique... Et au regard meurtrier. Comparé à ce regard, même l´énorme lame Lacerator qu´elle portait dans le dos paraissait innofensive.
-Euh... Glp. Salut, Nalia.
-Salut? C´est tout ce que tu trouve à dire?
Là, il fallait tenter quelque chose, ou j´étais mort! Rassemblant tout mon courage, j´inspirais un grand coup et hurlais:
-TOURNEE GENERALE!!!
Ce fut comme si j´avais jeté un pavé dans une mare. Rompant le silence du à ma commande, tous les chasseurs se ruerent vers la serveuse, provoquant un bazar pas possible! J´en profitais pour courir vers la porte, sortir du comptoir, et m´élancer dans la rue à toute vitesse, Nalia aux trousses. Je courus comme un dératé, tournant au hasard à chaque intersection. Et finalement ce qui devait arriver arriva: je tombais sur une impasse! Aïe!
Je regardais derriere moi: aucune trace de ma poursuivante. Bon, ben je l´avais semé. Ca n´avait pas été si difficile, en fin de compte! Je décidai donc de m´allonger à même le sol pour reprendre mon souffle. Je fermais les yeux et me détendis.
J´entedis des bruits de pas. Je rouvris donc les yeux... Et me retrouvais avec deux lames sous la gorge. La persone qui se tenait au dessus de moi était une femme aux cheveux roses, aux grands yeux bleus, "aux formes agréables" -dixit Kobra- , legerement habillée, et surtout, très, très rancuniere.
-Salut, l´Ombre! T´as réussi à te sortirde ton puits?
-Malheureusement pour toi! Tu vas payer pour tout ce que tu m´as fait endurer, enfoiré!
-C´est lache d´attaquer un homme à terre. Si tu me laissais au moins me relever...
-Pas question. Je ne me laisserais pas avoir deux fois!
Et là, ce fut le drame. Nalia penetra dans la ruelle, et, en me voyant allongé avec l´Ombre au dessus de moi, elle sortit completement de ses gonds -allez savoir pourquoi?-.
-KSAÏ?!? QU´EST-CE QUE TU FABRIQUES AVEC CETTE...
-NALIA! N´APPROCHE PAS! TU ES EN DANGER! CETTE FEMME, C´EST UN ASSASSIN ENVOYé POUR TE TUER!" hurlais-je en désignant l´Ombre du doigt.
-QUOI? C´EST CE QU´ON VA VOIR!" répondit-elle en dégainant sa lame Lacerator.
-Hé! Une minute! Ce n´est pas*BRAM!*
L´Ombre n´avait pas eu le temps de terminer sa phrase, car Nalia lui avait porté un coup si puissant qu´elle aurait surement été coupé en deux si elle n´avait pas esquivé. Gniark gniark! Grâce à mon intelligence ô combien superieure, je m´étais débarassé de Nalia et de l´Ombre en même temps! Quel génie!
-Arrette, je ne suis pas ton ennemie!" dit l´Ombre, s´adressant à Nalia. "J´en veux juste à Ksaï parce qu´il a mangé mon cochon adoré et qu"il m´a torturé!
-KSAÏ?!? C´EST VRAI?
-Euh... "Torturé" est un bien grand mot.... Gloups.
Et c´est ainsi que grâce à ma stupidité ô combien superieure, je me retrouvais poursuivi par Nalia et par l´Ombre en même temps! Mais quel abruti!
Je courus pendant une heure sans m´arretter. Et elles, elle ne me lachaient pas, à croire qu´elles étaient infatigables! C´était quand même pas de bol. Tous les gens que je connaissais s´étaient donnés rendez-vous ici, ou quoi?!?
Je me retrouvais finalement acculé au mur d´enceinte de la ville. Je gravis l´échelle qui menait au sommet, sur le chemin de ronde. Quand j´y fus parvenu, un garde m´interpella:
-Hé, petit, c´est interdit de venir ici.
-Question de vie ou de mort!
-Quoi?
Je ne lui répondis pas et ramassai un des boulets métalliques servant à alimenter les canons de défense. Je l´amenais pres de l´échelle, et voyant que l´Ombre y montait, le laissais tomber. Dans une superbe note métallique, il percuta le crane de cette pauvre femme, qui s´effondra, assomée. Je descendis et lui pris le pouls. Elle avait la tête dure! Même pas abimée, juste inconsciente! J´appellais le garde:
-Hé! Cette personne, par terre, c´est Kim Sigana, surnomée l´Ombre! Elle s´est échappée de prison et la Guilde à mis une prime sur sa tête! Vous n´avez qu´à aller la livrer! Bonne journée!
-Quoi? M... Merci petit!
Je m´appretais à repartir quand un coup porté du plat d´une lame Lacérator me projeta contre le mur, me brisant plusieurs os.
Je relevais difficilement la tête et vis Nalia se pencher au dessus de moi:
-Ksaï?
-Ouiiiiiiiii?
-Tu te rends compte de ce que tu as fait?
-Ben, étant donné que j´ai un bras brisé, trois cotes cassées,le bassin en miettes et que tout ça me fait atrocement souffrir, je n´arrive pas à réfléchir clairement. Tu peux me donner un indice?
-Tu es parti sans rien dire à personne! On t´a cru mort! Je me suis fait du souci pour toi!
-C´est marrant, parce que là, on dirait pas. Et puis si tu me mets dans cet état rien que pour ça, j´ose pas imaginer ce que tu feras le jour où je ferais quelque chose de VRAIMENT grave...
-Contente de te revoir.
-Ce n´est pas réciproque, mais je ferais comme si...
Elle me mit une baffe, je bus une rasade de potion, et nous retournâmes au comptoir. Ah, si tout pouvait être reglé aussi facilement...
En me voyant m´asseoir aux cotés de Nalia, Raoul me donna un petit coup de coude dans les cotes -enfin, petit... Vu sa force, c´était plutot un coup capable de vous briser la cage thoracique...-:
-T´es un sacré cachotier, Ksaï! Tu ne m´avais pas dit que t´avais une fiancée!" me chuchota-t-il en désignant Nalia du regard.
-Une quoi?
-Une fiancée!
-A tes souhaits!
-Tu ne sais pas ce que ça veut dire?
-Bon, tu expliques ou tu me fais attendre toute la journée?
-C´est comme une petite amie, mais en plus fort!
-Gné? Mais Nalia n´est pas petite! Quoique c´est vrai qu´elle est forte, mais...
-T´es idiot ou tu te fiche de moi?
-...
-C´est ce que je craignais. Laisse moi deviner: tu ne connais rien à l´amour?
-La quoi?
-L´amour! C´est un mot en rapport avec le verbe aimer! Etre amoureux, c´est aimer...
-Aaaaah! C´était donc ça! Donc, je suis amoureux...
-Hé oui!
-... de la limonade-amerinsecte et de la pizza.
-Bon, laisse tomber, t´es irrécuperable.
-Ca fait deux fois qu´on me dit ça dans la même semaine.
-Pas étonnant...
-Etre soi-même nest pas... Hein?
Dans un coin de la salle, sur une table à l´écart, je venais d´apercevoir des visages connus. Quatres chasseurs. Un homme en armure de Rathalos argentée, armé d´une Dragonépée.de feu. Comme cette armure cachait son visage, vous me direz "mais comment l´as tu reconnu?". Tout simplement parce qu´il était accompagné de ses deux fideles acolytes, l´un en armure de Rathalos tout court portant un katana de fer "Gospel", et l´autre en armure bizarre, armé d´un Esprit Maudit. Vous aurez donc peut-être reconnu Dragon Hunter -mais quel nom ridicule!-, Edouard -encore plus ridicule!- et Razormatt -pas trop ridicule...-, les aventuriers solitaires! Enfin, solitaires... Ils étaient trois, donc on ne pouvait pas dire qu´ils l´étaient -solitaires, pas trois!-. Mais je ferais mieux d´arreter de dire des c*nneries et de continuer l´histoire. Donc, à leurs coté une quatrieme personne était assise. Une artilleuse, en armure de Rathian dorée, et armée d´un lourd fusarbalete. Raguel, qui était quand même censée être l´ennemie jurée de Dragon Hunter. Pour le moment, au lieu de se battre, ils se contentaient de discuter. Je décidai donc d´aller leur passer le bonjour. Je m´asseyais à leur table:
-Salut tout le monde!
-Ksaï!" S´écrierent-ils en coeur.
-Lui-même" affirmais-je. "Alors? Quoi de neuf?
-Beaucoup de choses!" répondit Razormatt.
-Oui, et en fait, tu ne pouvais pas mieux tomber!" continua Dragon Hunter.
-Ah?
-Oui. On a trouvé quelque chose d´interessant." Il déplia une carte, et me montra un point, en plein millieu des grandes plaines de Gardemine. "Tu vois cet endroit? C´est un endroit légendaire: le Temple d´Asura!
-Le...
Asura. Qui ne connaissait pas ce nom?
Le déité de Gardemine était assez fourni, il y avait des tonnes de dieux: un pour les cultivateurs, un pour les marins, un pour les commercants, un pour les guerriers, etc... Mais les cultes n´étaient pas très intensifs, dans le sens où, par exemple, les marins se contentaient d´avoir une petite statuette d´Itchos -le dieu de la mer- au dessus de leur cheminée pour leur assurer une bonne peche, et la sécurité. Mais le plus grand de tous ces dieux, le plus connu et le plus important était sans nul doute Asura enfin il n´était pas considéré comme un dieu, mais plutot comme un démon. Traditionellement représenté par un être mi-femme, mi-wyvern, il -enfin, "il" ou "elle", aucune importance- figurait la puissance, la fourberie, la nuit, l´intrigue et le pouvoir. Selon la légende, c´est de sa colère que serait né notre monde. Bon, évidemment, ce n´était qu´une légende, et on y croyait ou pas, c´était selon.
Et là, Dragon Hunter venait de me dire qu´il avait découvert l´emplacement du lieu le plus secret de ce monde: son temple!
-Tout à fait. Le Temple d´Asura. Il est censée renfermer d´immenses richesses! Si on le trouve, on sera à l´abri du besoin pour le restant de nos jours!" affirma Edouard.
-Mais pour cela, on a besoin d´une équipe fournie. Cet endroit est extremement dangereux, et on ne sait pas sur quoi on va tomber! Si ca t´interesse, tu peux venir!" termina Razormatt.
-Hum. Interessant. Mais avant d´accepter, jai deux questions. Un: vous avez besoin de combien d´hommes? Deux: mais qu´est-ce que Raguel fiche ici à tranquilement discuter avec Dragon Hunter alors qu´ils se détestent?
-Pour la premiere réponse, on a besoin d´une dizaine d´hommes. Pour la deuxieme, c´est parce qu´ils ont finalement choisi de regler leur differents par le dialogue, et non par les armes. C´est moins fatiguant, et surtout moins dangereux...
-Une dizaine d´hommes? Et vous n´êtes que quatre. Ca tombe bien, j´ai là trois amis honnêtes et courageux, qui se feraient un plaisir de partir à l´aventure!
-Tu nous les présente?
-Je vais les chercher!
Je retournais à la table de Raoul, Argo et Nalia, puis leur exposai brievement la situation. Apres avoir reçu leur approbations enthousiastes, je les ammenais pres de l´autre table pour regler les détails. En dix minutes, tout fut conclu, et nous nous préparames à partir. C´est alors qu´une voix enfentine s´écria:
-Je viens aussi!
Le propriétaire de la voix n´était autre que le gamin en armure de Cephalos qui avait traversé le comptoir en vol plané!
-Quoi?
-Je viens aussi! J´ai tout entendu, et je veux voir le Temple d´Asura!
-Mais oui, c´est ça... Tu ne crois pas que t´es un peu jeune pour ça? Hein?
-Je suis un grand! J´ai douze ans!
-Mouais... Beaucoup trop jeune pour être chasseur.
-Et j´ai tué une vingtaine de Kut-ku et dix Cephalos! Et je ne compte pas le nombre de vélocipreys! En plus, je suis répertorié par la Guilde, j´ai même une carte!
-Bon, en effet, t´es en avance pour ton age, mais je n´ai pas envie de m´encombrer d´un gosse." Finit Dragon Hunter sur un ton qui n´admettait aucune réplique
-Si vous ne m´emmenez pas, je dis à toute la ville où vous allez! Vous allez être suivis par une foule de chasseurs de trésor avides!
-...
-Alors?
-Précoce, ce gamin. Bon, tu peux venir. Mais tu ne viendras pas te plaindre si tu te fais horriblement mutiler. Ton nom?
-Trok, m´sieur.
-Bienvenue dans l´équipe, Trok!
Nous achetâmes des provisions, et nous partîmes vers le Sud-Ouest, en direction des grandes plaines. Là où j´étais né, là où j´avais grandi...
ChapitreXXIX
Partie 3: Le démon était démoniaque et le Diablos en avait deux (de cornes...).
Apres deux semaines de marche et de recherche, il était enfin là, devant nous, se dressant vers le ciel, majestueux, énorme, et un peu inquietant. Le Temple d´Asura!
Il s´agissait d´un batiment en pierre noire, pyramidal dont la base mesurait plusieurs centaines de metres de coté, aux nombreux balcons, et doté de plusieures pointes agressives, le tout s´elevant au moins sur cent cinquante mètres, et étant entouré de douves pleines d´une eau pure comme du crystal, et plate comme un mirroir. Il était visible à des kilomètres à la ronde, et si son emplacement était resté secret tout ce temps, c´était parceque personne ne parcourait ces terres.
Le spectacle du soleil couchant sur ce batiment était quelque chose qu´il fallait voir au moins une fois dans sa vie. Grandiose!
-Bon... On entre?" demandais-je.
-Tu veux rire? On attendra le matin. Je serais plus rassuré en y pénetrant de jour." Répondit Dragon Hunter. "Pour l´instant, on plante le campement.
Nous construisîmes une énorme tente, faite de peaux de betes et d´os de monstre, apportés pour l´occasion. Puis tout le monde -ou presque- se mit au lit. Je fus reveillé en plein millieu de la nuit par Hunter et Raguel, pour prendre mon tour de veille. Nous montions la garde par deux, au cas où... Pour ce coup là, c´était moi et Nalia.
Je sortis de la tente et humais l´air frais de la nuit. Le ciel était totalement découvert, et c´était la pleine lune... Devant nous, l´ombre du temple immense, nous ramenait à notre propre insignifiance -heu...-. Le silence n´était troublé que par les ronflements de Raoul.
Nalia s´assit à coté de moi, et regarda les étoiles.
-Ca fait longtemps qu´on a pas été seuls, toi et moi." Dit-elle, rêveuse.
J´aurais préferé ne rien répondre de désobligeant, de peur de me prendre un gnon, mais ça sortit tout seul avant que j´ai pu réflechir:
-Loin des yeux...
-Loin du coeur?
-Non. Loin de l´hôpital...
Bizzarement, elle ne réagit même pas à la provocation. Elle esquissa même un leger sourire. Ouf...
-Ksaï. J´aurais une faveur à te demander.
-Gné?
-Quand on aura fini notre travail ici, j´aimerais que tu viennes avec moi visiter mon village.
-Comme je n´ai rien de prévu, pourquoi pas?
Elle sourit, de cette façon si inoubliable, si envoutante, si... Si... Bon, en fait je ne saurais pas mieux la décrire que par "inoubliable" et "envoutante". Mouais.
Tout à coup, j´entendis un clapotis en provenance des douves. Je me rapprochais du plan d´eau pour mieux voir, et là, le choc: à une centaine de metres, un étrange objet fonçait droit sur nous, flottant à la surface. On aurait dit un cylindre noir d´environ trente centimetres de haut sur quinze de diametre.
-ALERTE!!! ON NOUS ATTAQUE!!!" hurlais-je.
Tout le monde sortit de la tente, arme en main, à moitié réveillé.
NOTE DE L´AUTEUR! Pour cette scene, vous pouvez écouter la B.O. des "Dents de la Mer"
-Ouaaah... Gneskispasse?" bailla Raguel.
-Y´a un machin dans l´eau! Ca vient droit sur nous!" répondis-je.
-"Attends..." dit Trok en se frottant les yeux. "On dirait un... Chapeau haut-de-forme! AAAAAARGH! LE CHAPEAU HAUT-DE-FORME MANGEUR D´HOMMES!
-QUOI?
-C´EST UN TERRIBLE CHAPEAU QUI VIT DANS L´EAU ET QUI DEVORE TOUS CEUX QU´IL CROISE!
-ARGH! PREPAREZ VOUS! LE COMBAT VA ETRE TERRIBLE!
-RAGUEL! ABBATS-LE! VITE!
L´artilleuse enclencha un chargeur dans son arbaleste, épaula, et fit feu! Malheureusement, pas un seul projectile ne toucha sa cible!
-J´ARRIVE PAS A L´AVOIR!!! IL DEVIE LES BALLES!!!
-DIS PLUTOT QUE TU TREMBLES TROP POUR VISER CORRECTEMENT! ATTENTION! LE VOILA!
Le chapeau s´approcha du bord, et se souleva. Au dessous, il y avait une tête, aux yeux cernés et aux traits tirés.
-IL... IL A CAPTURé UNE TÊTE!!!" hurla Trok.
-Gné? Mais... Ce n´est pas un chapeau mangeur d´homme! C´est un chasseur! Je le connais!" m´exclamais-je.
Le propriétaire du chapeau sortit de l´eau, et s´étira. Il s´agissait d´un chasseur portant une épée longue et une armure de Rathalos dont le casque était remplacé par un chapeau haut-de-forme. Il s´exclama:
-Nous voila enfin à la Cité Royale!
Puis, il regarda autour de lui, et aperçut une bande de chasseurs armés, prets à lui sauter dessus et à le massacrer au moindre signe d´hostilité. Il palit:
-Euh... Bonjour. Vous êtes des autochtones?
-...
Puis il me reconnut:
-Hé! C´est toi que j´ai vu à la Ville de l´Ouest! Je ne me souviens plus de ton nom, d´ailleurs.
-Normal, je ne te l´ai pas dit... Si ça t´interesse, c´est Ksaï.
-Qu´est-ce que tu fais à la Cité Royale?
-Euh... Si tu examine les lieux, tu te rendras compte que tu n´es PAS à la Cité Royale.
-Hum? Mais alors... On est où, là?
-Kenneth, j´ai l´immense honneur de t´annoncer que tu viens de découvrir le Temple d´Asura.
-Que.. Quoi? Mais... C´est à quelle distance de la Cité Royale?
-Si on prend comme repere ton point de départ -la Ville de l´Ouest-, c´est completement à l´opposé...
-NOOOOON! Tout ça, c´est ta faute, Max!
-Max est ici?
-Ben oui, il est juste derriere m...
Il se retourna, et, ne voyant pas son cousin, commença à paniquer:
-Oh, non! MAAAAAAAX!
-Blouc...
-Hein? C´était quoi, ce "blouc"?
Il plongea sa tête dans l´eau pendant quelques secondes, puis la ressortit.
-Ouf, ça va. Il est au fond.
-Qu´est-ce qu´il fiche là?" Demanda Trok.
-Je sais pas! Peut-être qu´il veut pas remonter!
-Ou alors, peut-être qu´il ne PEUT pas remonter!
-Ah oui. Pas bête...
-...
-...
-...
-KOAAAAAAAAAAA?!? Il est en train de se noyer! J´arrive Max!!!
Il plongea, et remonta au bout de quelques secondes, aidant son cousin à gagner la surface.
-Pas pu -treuh- remonter... Mes -treuh- épées sont trop lourdes." Articula ce pauvre Max, en rajustant son armure de Ioprey et vidant son banjo de l´eau qu´il contenait.
-T´as qu´à faire comme tout le monde et te battre avec une seule épée longue.
-Jamais! J´en ai deux, et je les garde. Ah, au fait, qu´est-ce que tu fais dans la Cité...
-Rien, parce qu´on est pas dans la Cité Royale! On est à des milliers de kilometres de là!
-Hein? Mais... Mes calculs étaient pourtant exacts! J´étais sur qu´en suivant cette riviere souterraine on y parviendrait!
-Vois le résultat...
Quand les deux zygotos eurent fini de se battre pour savoir qui était responsable de cette erreur d´orientation, nous passâmes aux présentations, et comme le banjo de Max n´était pas sec, les deux cousins ne purent pas chanter. Quelle chance!
Le jour finit par se lever. Il était temps de penetrer à l´interieur du Temple. Max et Kenneth avaient été integrés de force à l´expedition, ce qui montait le nombre de membres à onze. C´est donc à onze que nous allions entrer... Mais par où? Deux choix possibles: une porte en pierre géante, ou un escalier menant au sommet de la pyramide.
-Bon, on choisit quoi? L´escalier, où la porte?" demanda Razormatt.
-Pas sur qu´il y ait une entrée au sommet de la pyramide. Et j´ai la flemme de monter cet escalier pour aller vérifier." Dit Kenneth.
-Selon la légende, c´est l´escalier du Mérite. Tout les ans, les dieux organisaient une course, le premier arrivé au sommet était désigné comme le plus valeureux."dit Dragon Hunter.
-Mouais. Une maniere de plus de se fatiguer inutilement." Remarquais-je. Puis je regardais Nalia. Elle me fixait elle aussi: nous avions du penser à la même chose.
-PARTEEEZ!" hurlais-je.
Et nous nous élançames tous deux sur l´escalier.
-Laisse tomber Nalia! C´est moi le plus rapide!
-Dans ce cas, je t´attendrais au sommet, monsieur le plus rapide!" répondit-elle en souriant.
Le sommet se rapprochait, et nous étions au coude à coude! Plus que trente metres! Vingt metres! Dix metres! Et là, ce fut le drame: à un metre de l´arrivé, un éclair bleu nous doubla et franchit la ligne en premier!
-Wirk!
-Dédé? Mais... Que... Je...
-Battue par un vélociprey..." soupira Nalia.
Je me jetais un regar à mes camarades restés en bas: ils étaient tous morts de rire. Zut.
Constatant qu´il n´y avait pas d´entrée sur la plate-forme du sommet, nous redescendimes la tête basse. Nous dûmes prendre la porte -qui s´ouvrit sans difficultés, malgré sa taille-, et nous suivîmes l´énorme couloir de roche qui descendait à travers les tenebres. Mouais. Bizzare, quand même. Ce batiment était construit tout en hauteur, et la seule entrée allait vers le bas. Pas logique.
Apres cinq minutes de descente, nous parvînmes à une énooooooorme salle de pierre noire, dont le plafond, soutenu par d´immenses colonnes sculptées, était si haut qu´il était invisible, caché par l´obscurité -la lumiere des torches accrochés aux murs et aux pilliers n´était pas assez vive pour l´éclairer-. Vue de dessus, elle devait resembler à un carré de deux-cent metres de coté. Au centre de cette salle, une statue représentant un monstre mi-femme, mi-wyvern, entourée d´encensoirs. Il semblait que des gens se trouvaient autour -mais à cette distance, je ne pouvais pas voir grand-chose-. Nous nous approchâmes prudemment. Les personnes en question étaient des vieilles femmes, vetues de longues toges de tissus noir. Nous voyant arriver, elles leverent la main en signe de salut:
-Bienvenue à vous, voyageurs. Je suppose que vous allez demander une prophetie.
-Ben, en fait, non. On vient pour le trésor." Répondit Edouard.
Les vieille femme parurent horrifiées:
-Comment? Vous... Vous venez piller le Temple?
-Au début, oui, mais on pensait qu´il était abandonné. D´ailleurs, vous êtes qui, vous?" demandais-je.
-Nous sommes les pretresse d´Asura. Nous entretenons ce lieu saint et nous transmettons sa divine parole. Vous ne trouverez pas d´or ici, voyageurs. Maintenant, partez.
-Hé, les gars! J´ai trouvé le trésor!
Kenneth venait de soulever une dalle en se servant de sa lourde épée comme d´un levier. En dessous se trouvaient des bijoux en or massif, des pierres précieuses, et tant d´autres richesses...
-Ces vieilles peaux ont tout planqué sous les dalles!
-Euh... Kenneth? Comme le temple est actif, on ne prend pas le trésor. C´est du vol." Dit Hunter. "Maintenant, on s´en va!
-TROP TARD!" cria la pretresse. "Vous avez souillé ce lieu par votre attitude et votre langage! Vous allez mourir!
Sur ce, les dix pretresses formerent un cercle, et tournerent en rond:
-Asura, demon des démons, dieux des dieux, ton temple est souillé, ton nom est pietiné, ton honneur est bafoué! Viens parmi nous, honore nous de ta présence!
-Elle font quoi, là?" Demanda Max.
-Je crois qu´elle font un genre d´invocation... Elles n´ont pas peur du ridicule" s´amusa Argo.
Quand à moi, je cessai de trouver ça drôle quand la salle se remplit d´une lumiere aveuglante, et qu´un vacarme assourdissant fit trembler le sol. Quand tout ce bazar fut terminé, je regardais vivement les allentours, m´attendant à tomber sur un monstre géant. Ben en fait, rien n´avait changé. La seule Asura que je voyais dans cette salle était la statue géante tronant au millieu.
-Bon, ben... Raté?" demanda Raoul.
-N´en sois pas aussi sur!" répondirent les pretresses. "Regarde derriere toi!
En effet, il y avait un probleme. Nalia lévitait et était enveloppé par une lumiere blanche. Ses yeux étaient vides, sans pupille.
-Heu... Nalia? Un probleme?
Mon corps quitta le sol, et je fus projeté contre un des pilliers. Aïe...
-Pauvres fous." Dit Nalia. "Vous avez profané mon temple, vous allez mourir!
-Ou pas!" répliquais-je bêtement.
-Le gardien du temple va se charger de vous! Ca fait mille ans qu´il attend ce moment!" annonça-t-elle.
Un des immenses murs de la salle descendit lentement. Derriere se trouvait le gardien du temple. Il s´agissait d´un monstre de plus de vingt metres de long pour huit de haut, possedanrt une queue évoquant une hache par la forme, des ailes, et deux immenses cornes: un Diablos! Mais le probleme, c´est qu´il était tout ce qu´il y a de plus mort. D´ailleurs, il ne restait que son squelette.
-Un peu maigre, le gardien!" ironisa Max ."Il n´a que la peau sur les... Non, en fait, il n´a que les os!
Nalia se tourna vers la plus vieille des pretresses:
-TU NE L´AS PAS NOURRI ?
-J´implore votre pardon, ô Asura! Mais quand je suis rentré en fonction, il était déja mort de vieillesse depuis longtemps!
-Voila comment briser un mythe en quelques seconde!" s´esclaffa Kenneth
Tout à coup, le squellette se releva, et de la chair se mit à pousser sur ses os jaunis, des yeux apparurent dans ses orbites, une épaisse carapace vint le recouvrir. En quelques secondes, il avait retrouvé une nouvelle jeunesse, et c´était un Diablos en pleine forme qui se dressait devant nous! Nalia-Asura partit d´un rire dément:
-Maintenant, mourrez!