Fin 2016, Battlefield 1 faisait son arrivée fracassante dans le microcosme du FPS triple A et allait titiller ses confrères en transposant son action et son gameplay en pleine Première Guerre Mondiale. Cadre assez peu exploité jusqu’à maintenant, la Grande Guerre s’offrait à nous avec une sélection de maps, d’armées, et d’Histoires de Guerre. Ces dernières, immergeant le joueur dans de petites épopées narratives aux quatre coins du globe, retranscrivaient d'ailleurs très bien l’intensité des batailles menées par chaque nation et permettaient d'amorcer la curiosité des joueurs à l'égard des différentes batailles. Là où la copie demeurait cependant incomplète, c’est sur sa fidélité au conflit en matière de nations représentées, lesquelles excluaient la France et la Russie, terres qui à elles-deux ont subi durant la Guerre près de 15 millions de morts et blessés et comptent donc parmi les 5 nations les plus touchées par le conflit. Conscient de cet oubli, où plutôt de ce choix stratégique, DICE mise sur les DLC de Battlefield 1 pour corriger le tir en dédiant le premier à la France, et le second à la Russie. Est-ce une stratégie qui paye ? Nous allons très vite le voir…
4 nouvelles maps
Côté implémentations, They Shall Not Pass vient proposer au contenu original de Battlefield 1 un petit air de vent frais du côté de ses maps, armes, et modes de jeu. 4 nouvelles cartes françaises rejoignent donc le roster de 10 maps d’ores et déjà disponibles. Un ajout qui vient corriger le manque de tranchées dans les cartes du titre puisque ces nouvelles aires de jeu sont typiques de la guerre de position. Fort de Veaux ira même jusqu’à proposer un immense et labyrinthique bunker, aux couloirs mortellement imprévisibles. Très vite, les affrontements aux coins des corridors font rage et l’on retrouve la frénésie des maps close quarter de BF3 ou BF4, dont le rythme fut délaissé sur ce BF1 pour offrir aux joueurs des affrontements massivement extérieurs et très souvent campés dans de grands espaces où de larges allées.
La première carte est donc validée par nos soins pour son audace et son intensité, tandis que la seconde de la sélection, Soissons, vient nous rappeler que les assets graphiques ne sont pas à usage unique… On reconnaitra donc systématiquement le petit village de la carte de Saint-Quentin, dont les bâtiments sont ici agencés différemment pour donner l’illusion du neuf. Idem, le bâtiment central de la carte, semble tout droit sorti de la carte Amiens. Soit, passons les premières impressions et notons que la carte vaut son pesant de cacahouètes avec ses affrontements en rase campagne, dans le hameau, et dans les airs sur les modes de jeu qui prennent en compte l'aviation.
Enfin, on retrouve deux maps « à tranchées » pour compléter cette sélection : Rupture et Hauteurs de Verdun. Si la première met en avant de vastes plaines maquillées de coquelicots et de saillies attaquées par la verdure, la seconde, quant à elle, nous offre un flanc de colline, à la verticalité empruntée à Monte Grappa, et qui s’avère être en proie aux flammes. La nature est brulée, les bunkers laissent échapper poussières et débris, tandis que les armées allemandes et françaises s’affrontent. Toutes légitimes, variées, et généralement réussies, ces 4 cartes sont donc une bonne chose pour le roster BF1. Manquait-il de cartes ? C’est une autre question… Rassurez-vous, ces ajouts n’arrivent pas seuls…
De nouvelles armes pour redécouvrir l'équipement
Comme d’habitude sur les FPS multi, on retrouve en complément des maps une sélection d’armes, elles-aussi taggées « Armée Française » en majorité, et qui viennent compléter les loadouts de chacune des classes. L’Assaut accueille donc l’hybride Ribeyrolles 1918, mi fusil d’assaut mi-machine gun pour compenser la précision douteuse de certaines armes de cette classe, une fois à moyenne et longue distance. Notez qu'il est accompagné du Sjögren Inertial, un fusil à pompe suédois. Le Medic aura accès quant à lui à la RSC 1917, un fusil semi-auto avec 6 balles par chargement. Disponible en version légère et optique, la RSC brille surtout par la précision létale de ses balles, puisqu’elle dispose des mêmes cartouches que le Lebel 1886, nouveau fusil du Scout.
Ce dernier, décliné en modèle Infanterie sans lunette et en sniper classique, allie la puissance de ses tirs à un rechargement à verrou qui comme pas mal d'armes de scout vous sort de la lunette pour une courte seconde avant de vous laisser ajuster votre prochain tir. Si, comme beaucoup, vous misez avant tout sur le contact visuel permanant avec votre cible, quitte à devoir lui en coller deux dans le thorax, il y a peu de chances que vous ne quittiez votre Gewehr M95. Nouvel entrant dans l’armement du Support, la Chauchat, en deux versions (grosso modo légère et lourde), viendra imposer son style particulier, entre lenteur de tir et puissance de chaque impact. Une nouvelle arme de poing, assez anecdotique fait également son apparition. De plus, on trouvera aux côtés de ces armes principales une poignée de nouveaux outils de mêlée et une nouvelle classe élite, le Raider des Tranchées : rapide et redoutable au corps à corps, mais vite dépassé si il est pris pour cible. Evidemment, le tout s'accompagne d'ajouts mineurs pour les complétistes, à savoir skins, codex et autres succès.
Côté déverrouillage d’armes, on appréciera devoir réaliser des objectifs de frags sur différentes armes de classe pour accéder aux nouveaux pétoires, histoire de faire varier le plaisir et le challenge sans passer par les habituels War Bonds que l’on collectionne assez vite au fil des niveaux et dont l’utilité s’étiole trop rapidement. Notez par ailleurs que cette mise à jour arrive avec quelques ajustements de gameplay, notamment au niveau des avions qui peuvent désormais légèrement manœuvrer pendant une réparation.
Au sol sinon rien
Un nouveau tank accompagne ces nombreuses arrivées, le Saint-Chamond, avec la particularité d’accueillir une version « tir d’artillerie » qui rendra inactif le tank quelques secondes tandis qu’une pluie d’obus s’abat sur son périmètre. Toujours côté tank, un nouveau Béhémoth fait son apparition : le 2C, un char massif, 5 places, plutôt mobile, immense, et redoutable en matière de puissance de feu. Ce dernier arpentera les nouvelles cartes et mériterait à notre humble avis un petit nerf de ses points de vie tant il s’avère difficile à neutraliser, surtout si il ouvre le bal à des unités d’infanterie. Plus anecdotique : on remarque l’arrivée d’un canon statique, sorte de mortier longue distance doté d’un pouvoir destructeur assez élevé, idéal pour pilonner les positions ennemies, et que l'on trouvera parfois intact sur le champ de bataille.
Un nouveau mode très appréciable
Et comme le contenu brut ne fait pas tout, DICE lance avec They Shall Not Past le mode Frontline, un habile mix entre Conquête et Ruée qui concentre les affrontements sur de la capture successive de point (un à la fois) afin de faire littéralement avancer les troupes sur le terrain. Une fois au niveau des lignes ennemies, vous aurez deux objectifs à détruire. Cependant, tout n'est pas joué une fois arrivé dans cette phase de Ruée et nous avons pu assister à des remontées héroïques durant nos parties : de quoi rendre le match plutôt épique et bien plus disputé qu'ailleurs. Un mode efficace, bien pensé et qui, contrairement au mode Opération, traduit très bien l’avancement de la partie sur le champ de bataille, rendant ainsi le match quasi-palpable.
Elle est où mon histoire de Poilu ?
La vraie déception de ce DLC réside en revanche dans le déni total du solo. Les War Stories de BF1 étant des mini-campagnes, les joueurs étaient en droit d’attendre au moins une aventure française pour ce DLC. Après tout, le format se prête totalement à des ajouts épisodiques et c’est donc terriblement dommage de constater que les développeurs ont totalement fait l’impasse sur ce pan, pourtant réussi pour une fois, de l’expérience Battlefield 1. Si la France et la Russie avaient été éludées des nations présentes dans le jeu de base, c’était initialement pour leur donner plus d’importance via DLC. On aurait également apprécié de nouveaux gadgets, où quelques ajouts pour les batailles aériennes, déjà assez effacées du jeu malgré certains mods custom les mettant en avant.
Notre Gaming Live sur They Shall Not Pass
Points forts
- La Ribeyrolles et la Chauchat : deux armes idéales pour l'Assaut et le Support
- 4 nouvelles maps complémentaires et bien pensées...
- Le très bon mode Frontline : un combat tangible et de longue haleine
- Le nouveau Béhémoth, massif et redoutable
- Déblocage des nouvelles armes par challenge : sympa pour changer son quotidien
Points faibles
- Aucune War Story pour la France
- Des ajouts "tank-tranchées-infanterie", mais rien pour l'aérien et aucun gadget
- Les nouvelles armes du Medic et du Scout : pas vraiment essentielles...
They Shall Not Pass n'est pas un mauvais DLC ou un excellent DLC, c'est un DLC "suffisant". Il se contente du quota d'ajouts généralement implémenté dans les FPS multi, alors qu'il pouvait proposer un vrai traitement égalitaire pour chaque nation en proposant du solo et du multijoueur. Et si l'absence de la France et de la Russie dans le jeu original avaient été pris pour une négligence, voir leur implémentation faite sans avoir pris le temps d'instaurer un cadre historique grâce au solo sonne comme une bien triste décision. Tâchons tout de même de passer outre cette déception pour constater que le DLC demeure très correct et installe de nouvelles armes (dont les excellentes Ribeyrolles et Chauchat), des maps bien conçues et complémentaires, et une flopée d'ajouts (béhémoth, nouveau char...). On aurait aimé plus, mais en l'état, They Shall Not Pass fait plutôt bien "le travail habituel du DLC multi".