Vingt-trois ans après la sortie du titre original, la série Valkyrie revient avec un épisode qui opère un tournant vers le jeu de rôle-action. Une approche plus moderne donc, avec à la tête du projet un nouveau studio du nom de Soleil. De quoi signer un retour triomphant pour l'une des sagas iconiques de Square à l'époque de la PlayStation ?
Sommaire
- Un scénario convenu après le Ragnarök
- Un gameplay réussi pour des combos plaisants
- Une aventure linéaire techniquement datée
Annoncé lors d'un State of Play en mars de cette année, Valkyrie Elysium est l'un des (très) nombreux titres de Square Enix à sortir en cette fin d'année. Mais entre les remasters/remakes de grandes licences (Crisis Core : Final Fantasy VII Reunion, Tactics Ogre : Reborn), les nouvelles IP (The DioField Chronicle, Harvestella) et les spin-off (Dragon Quest Treasures), il ne faut pas oublier le retour de franchises qui n'avaient plus fait parler d'elles depuis un bon moment. Si on devrait découvrir le prochain épisode de Star Ocean, The Divine Force en octobre, c'est un autre jeu créé au départ par Tri-Ace qui va nous intéresser aujourd'hui.
Plus d'une vingtaine d'années après la sortie de Valkyrie Profile, la saga est de retour avec Valkyrie Elysium, un jeu de rôle-action développé par Soleil, studio que l'on connaît pour des productions comme Ninjala ou Naruto to Boruto : Shinobi Striker. Par sa nature d'Action-RPG et son budget AA, entre le petit projet et le blockbuster AAA, le titre rappelle l'expérience menée par Square Enix avec NieR Automata qui disposait des mêmes caractéristiques et qui s'est révélé être l'un des plus gros succès de l'éditeur, au point de faire de NieR une licence forte aux côtés de Final Fantasy, Dragon Quest ou encore Kingdom Hearts. Alors, pari à nouveau réussi pour Square ? Pas sûr.
Un scénario convenu après le Ragnarök
Comme son nom l'indique, Valkyrie Elysium nous plonge dans la peau d'une valkyrie, guerrière de la mythologie nordique qui travaille au service d'Odin, le Père de tout et figure centrale de ce panthéon. Lors du Ragnarök, la fin du monde, ce dernier a affronté Fenrir, un loup géant présenté ici comme une divinité malfaisante, ce qui les a laissés tous les deux aux portes de la mort. Alors en mauvaise posture, Odin décide d'invoquer une valkyrie pour aller purifier les âmes de Midgard, nom donné à la Terre, et ainsi sauver le monde. Dans sa quête, notre héroïne va faire la rencontre d'Einherjar, de valeureux guerriers décédés choisis pour accompagner la Valkyrie, mais aussi de personnages qui vont remettre en question la nature de sa mission.
Si vous avez déjà joué à un épisode de Valkyrie Profile ou que vous connaissez un peu la mythologie nordique, les prémices de cette intrigue peuvent vous sembler familières, et malheureusement, la suite de l'aventure n'est pas plus surprenante. L'histoire de Valkyrie Elysium est en effet assez simple et cousue de fils blancs, c'est-à-dire que les quelques rebondissements qu'elle contient sont assez prévisibles et qu'on les voit largement venir à l'avance. Au-delà de ça, le souci est que le scénario occupe vraiment une place secondaire dans l'expérience de jeu puisque le déroulé est toujours le même, à savoir Odin qui nous demande de nous rendre à tel endroit pour purifier des âmes ou récupérer des objets. Rien de très palpitant donc.
Heureusement, l'histoire se décante un peu vers son dénouement et, comme dans les précédents épisodes, on a droit à plusieurs fins qui permettent d'accéder à différentes conclusions. Malgré ça, l'aventure reste assez courte dans sa globalité puisqu'en ligne droite, il vous suffira d'une petite dizaine d'heures de jeu pour en voir le bout. Pour prolonger l'expérience, vous pouvez toujours essayer de collecter toutes les fleurs bleues de chaque niveau qui renferment des souvenirs ou encore faire les quêtes des âmes qui errent dans le coin. Encore une fois, du contenu annexe assez basique.
Un gameplay réussi pour des combos plaisants
Si l'histoire n'est pas la partie la plus palpitante de Valkyrie Elysium, c'est surtout dans ses combats que le titre brille. Pour ce qui est du gameplay, on retrouve du très classique avec une attaque normale, une attaque forte, une esquive, une parade, mais surtout un grappin, qui s'appelle ici enchaînement d'âme et qui permet de se rapprocher d'un ennemi aussi bien au sol que dans les airs pour le frapper. À partir de ses bases solides, le titre propose différents combos en mélangeant les deux types de coups à notre disposition, mais aussi en fonction des situations. Ainsi, en progressant dans l'arbre de compétences ou en améliorant une arme, on débloque de nouvelles techniques qui se déclenchent après une ou deux esquives ou sauts, après une parade etc... Tout cela réuni donne à notre Valkyrie une grande palette de mouvements qui permet de faire des combos variés, surtout lorsqu'on en ajoute à cela les différentes armes à notre disposition (épée, rapière, lance...) qui possèdent leurs propres enchaînements.
Les qualités du système de combat de Valkyrie Elysium ne s'arrêtent pas là, car au-delà de ses armes, la Valkyrie peut aussi compter sur différents types de sorts pour venir à bout de ses adversaires. En plus des dégâts qu'ils produisent, la magie est surtout importante pour exploiter les vulnérabilités élémentaires des ennemis qui permettent de les immobiliser pour les vaincre plus facilement. Sans avoir recours à des sortilèges, notre héroïne peut aussi faire appel à ses Einherjar pour qu'ils se battent à ses côtés et qu'ils imprègnent son épée de l'élément auquel ils sont affiliés. Une bonne façon d'économiser la jauge d'art qui sert à la magie tandis que celle d'âme sert aux invocations. Ainsi, pour exploiter la vulnérabilité élémentaire des ennemis, on alterne entre nos différents sorts et Einherjar, mais aussi entre les nombreuses armes à notre disposition car certains monstres y sont plus sensibles que d'autres.
Un grappin, une esquive, une parade, plusieurs enchaînements, des nouveaux mouvements qui se débloquent au fur et à mesure de la progression, différents sorts, armes et autres Einherjar... avec tout ça, le gameplay de Valkyrie Elysium est donc particulièrement riche grâce aux nombreux combos possibles et c'est bien là c'est sa plus grande force et sa première qualité. De quoi rappeler les jeux de Platinum Games comme NieR Automata, pour ne citer que lui, même si la Valkyrie est plus lente et moins agile que ce que proposent les productions du studio à l'origine de Bayonetta. Malgré tout, les combats ne sont pas pour autant toujours pleinement satisfaisants à cause de la caméra qui peine à rendre l'action lisible dans certaines situations. C'est particulièrement le cas dans les espaces étroits ou remplis d'arbres puisque cette dernière a tendance à se bloquer et masque donc les combats, quitte parfois à causer des morts.
Une aventure linéaire techniquement datée
Si Valkyrie Elysium brille par ses combats, on ne peut malheureusement pas louer les mêmes qualités pour la structure de son aventure. Comme dit précédemment, on se contente donc de se rendre dans des lieux dictés par Odin pour y récupérer des âmes et des objets. Une fois les premiers chapitres passés, on se rend vite compte que les niveaux sont vides et qu'on y progresse de façon linéaire en se rendant d'une arène remplie de monstres à une autre. Rapidement, cette structure devient répétitive et les stages ne sont alors qu'un simple enchaînement d'affrontements. Certes, il est possible d'explorer un tout petit peu, histoire de sortir du tracé voulu par les développeurs pour aller récupérer un coffre par exemple, mais rien de transcendant non plus. De plus, il n'y a rien à y faire, car à part des ennemis, on ne croise personne et il n'y a aucune autre activité annexe. Vers la fin du jeu, les combats se font de plus en plus fréquents et le sentiment de répétitivité est d'autant plus grand que le bestiaire ne se renouvelle pas trop non plus, avec seulement des déclinaisons de monstres déjà vus auparavant.
Là où le bat blesse également, c'est en ce qui concerne la technique. Pour ce qui est des graphismes, le titre tourne grâce à l'Unreal Engine, un moteur couramment utilisé dans l'industrie du jeu vidéo qui offre ici un rendu net sur PS5 et qui confère un charme à certains environnements comme la forêt par exemple. Cependant, difficile de passer outre le fait que les niveaux sont relativement vides, notamment à cause du manque de vie comme dit précédemment. Pour autant, le titre profite d'un effet encré sur les contours des éléments du décor, ce qui donne tout de même une identité visuelle à l'ensemble. Et puis, il faut reconnaître qu'on retrouve une certaine esthétique élégante au jeu, notamment lorsque l'on regarde le design de ses personnages, en particulier la Valkyrie et Hilde, mais aussi le Valhalla, palais d'Odin qui sert de hub, qui dégage une aura particulière.
Si d'un point de vue visuel le titre s'en sort correctement, c'est au niveau de la technique qu'on peut avoir quelques reproches. Ainsi, il n'est pas rare d'avoir droit à des ralentissements lors des combats dû au nombre d'ennemis et d'effets affichés à l'écran, et ce, même sur PS5. Et vu, il y a aussi de petits défauts que l'on peut pardonner à cause du budget AA du jeu, comme la synchronisation labiale qui ne fonctionne pas toujours, du moins en japonais, ou encore des animations faciales parfois figées. Pour toutes ces raisons, l'esthétique du titre rappelle par moment les jeux de l'ère PS3, dont des productions Square Enix comme Drakengard 3, bien que son aspect visuel global soit évidemment bien plus beau que ces derniers.
Conclusion
Points forts
- Un gameplay riche en possibilités et satisfaisant
- De nombreux outils pour varier les combos
- Une sympathique esthétique sobre et élégante
- Plusieurs fins différentes à débloquer
Points faibles
- Techniquement daté avec quelques ralentissements sur PS5
- Des niveaux vides à la structure bien trop répétitive
- Une histoire basique cousue de fil blanc
- Une caméra qui peine à rendre l'action lisible
Note de la rédaction
N'est pas NieR Automata qui le veut et c'est bien ce que nous rappelle Valkyrie Elysium. En s'inspirant de Platinum Games, le studio Soleil livre un gameplay solide qui propose une grande variété d'approches et d'enchaînements en combat, même si ces derniers sont parfois brouillons. Mais au-delà de ça, ce nouvel épisode de la saga Valkyrie souffre de niveaux basiques et répétitifs, d'une technique loin d'être irréprochable, ainsi que d'un scénario bien trop convenu pour rendre l'expérience incontournable. À vous de voir désormais si vous êtes capable de fermer les yeux sur ces défauts pour profiter d'un solide système de combat.