Après un petit tour critiqué du côté de l’Irlande, Ubisoft remet le couvert et envoie Eivor vers de nouvelles contrées. Cette fois-ci, c’est la France qui est mise à l’honneur, avec un DLC historique centré sur le célèbre siège de Paris. Entre petites nouveautés et région inédite, que vaut le deuxième DLC d’Assassin’s Creed Valhalla ?
Alors qu’Eivor s’évertue tant bien que mal à tisser des alliances sur toute l’Angleterre, des visiteurs venus de Francie cherchent à la voir (ou le voir si vous avez opté pour le Eivor masculin). Les bras chargés de victuailles en tout genre, ils ne tardent pas à lui faire part d’un sérieux problème. Leurs forces sont peu à peu décimées par le roi Charles le Gros de Francie. Toka et son oncle Sigfred comptent bien riposter et prévoient d’assiéger la ville de Paris, pour venir à bout de ce roi tyrannique. Et pour cela, ils ont besoin de l’aide d’Eivor qui embarque ainsi dans une nouvelle aventure.
Paris brûle-t-il ?
Si vous vous attendez à reconnaître le Paris que vous connaissez, comme dans Assassin's Creed Unity, vous serez sans doute surpris. Nous ne sommes pas ici dans la France de la Révolution, mais plongés à une époque où notre pays portait le nom de Francie : le Moyen Âge. Il est intéressant de découvrir ainsi la France d’antan qui n’a rien de bien glorieux. Les rues sont délabrées, les villes proches des caniveaux et il y règne une atmosphère des plus morbides. Une ambiance réussie qui est accompagnée d’une bande-son remarquable. La compositrice Stephanie Economou parvient en effet à apporter une sombre profondeur à cette Francie désolée.
Malgré la laideur de certaines contrées, le rendu est bien sûr très beau. On retrouve les graphismes du jeu initial, avec ses qualités et ses défauts (notamment quelques soucis de ping et des bugs). Il est ainsi fort plaisant d’arpenter la carte de ce nouveau DLC, même si elle est manifestement plus petite que celle de Assassin's Creed Valhalla : La Colère Des Druides. Outre Paris, Amiens et Melun, vous n’aurez pas beaucoup de lieux à découvrir. Néanmoins, ils sont aussi riches qu’en Irlande. Les points d'intérêt et autres récompenses étant plus rapprochés, vous aurez de quoi vous remplir les poches. Notez que pour arriver au bout de la trame narrative, il vous faudra une petite dizaine d’heures, que vous pouvez facilement doubler pour découvrir les moindres secrets de la Francie.
En revanche, les amateurs d’Histoire pourraient bien être un peu déçus de ce DLC, pourtant tourné autour d’un événement historique majeur. Si on retrouve des figures importantes de ce siège (le roi Charles le Gros, le comte Eudes, l’évêque Gozlin ou encore Sigfred), certains manquent à l’appel, comme Rollon. Si son histoire est incertaine, certaines sources ont indiqué sa présence lors de ce siège. Si Ubisoft avait déjà fait un clin d'œil aux fans de la série Vikings en nous présentant les fils de Ragnar, certains seront déçus de ne pas voir celui qui y est présenté comme son frère. De plus, les événements ne suivent pas vraiment la trame que l’on connaît. Notez d’ailleurs que la raison poussant Eivor à venir se mêler des affaires de la Francie est un peu tirée par les cheveux.
Mais le gros point noir de la trame narrative de ce DLC, c’est que l’on ne voit pas le siège à proprement parler. La véritable attaque contre Paris se résume à une seule mission qui est assez classique pour un Assassin’s Creed. Pour un siège qui dura plus d’un an, c’est tout de même assez léger. On aurait donc aimé un gameplay et une durée plus adaptés afin de réellement se plonger dans les enjeux de ce siège. Et c’est d’autant plus dommage qu’Ubisoft a pourtant amorcé la chose en nous proposant un angle assez particulier sur le sujet.
La guerre et ses conséquences
Dans Assassin’s Creed (comme dans beaucoup d’autres jeux), on est habitué à tuer sans vergogne des centaines d’ennemis sans jamais se poser de question. La mort et la guerre ne sont que des éléments scénaristiques peu souvent présentés sous d’autres angles. Et bien ce n’est pas ce qu’a décidé de faire Ubisoft avec ce DLC. Eivor se retrouve là face à un Sigfred assoiffé de sang, qui n’a que faire des souffrances des populations innocentes. Dans Le siège de Paris, on est souvent amené à se poser des questions sur le bien-fondé de nos actes et leurs conséquences.
On découvre des habitants meurtris et pauvres, qui subissent de plein fouet les conséquences d’une guerre qu’ils n’ont pas demandé. L’ambiance sombre que nous décrivions plus haut n’est pas trompeuse : ce DLC ne fait pas dans la légèreté, et encore moins dans le manichéisme.
Entre Sigfred et Charles le Gros, les personnages de cet épisode sont plutôt complexes. Ce dernier, rongé par la folie, est d’ailleurs particulièrement bien représenté. Que ce soit son visage désincarné, les lumières qui entourent ses apparitions ou son écriture habilement menée, on est face à un antagoniste très bien pensé. Il apporte beaucoup à l’ambiance du jeu et décider de son sort ne sera pas une mince affaire. Pour une fois, il ne sera pas évident de faire votre choix.
Assassin's Creed Origins ?
Et pourtant, des choix il y en a dans ce DLC. Nous ne parlons pas là des choix narratifs déjà présents dans le jeu initial, mais des choix d’approche. En effet, Le Siège de Paris fait du neuf avec du vieux, en nous proposant à nouveau une mécanique qui avait disparu. Lors de vos différentes missions, vous pourrez choisir comment approcher discrètement votre victime. Pour ce faire, une série de sous-quêtes s'offriront à vous. Les suivre vous permettra parfois d’assassiner votre victime de façon inhabituelle et bien pensée, donnant lieu à des cinématiques mémorables. Ces assassinats et ces différentes approches renforcent considérablement l’immersion et c’est un véritable plaisir de les retrouver. Néanmoins, si on se penche sur la cohérence, ils n’ont pas grand-chose à voir avec le côté beaucoup plus brutal d’Eivor.
Ce DLC nous propose également d’autres petites nouveautés. Si La Colère des Druides nous avait apporté les Comptoirs, cette extension nous propose à son tour une mécanique inédite : les Missions Rebellion. Elles consistent à vous rendre dans un lieu précis pour assassiner quelqu’un ou lui voler quelque chose. Cela fera monter votre niveau d’Infamie et vous permettra donc de débloquer des objets et des améliorations inédites. Néanmoins, les récompenses ne sont pas franchement indispensables et la tâche se révèle très vite redondante. Surtout qu’il vous faut à chaque fois revenir à votre point de départ pour rendre compte du travail accompli. En somme, ces missions vous feront faire des allers-retours incessants pour peu de plaisir et de récompenses.
Autre petite nouveauté : les rats. Et oui, la peste fait également rage à cette période. On croise ainsi la route de gens malades, de maisons condamnées… et de rats infectés. Ces derniers vous attaqueront à vue et pourront vous tuer si vous vous attardez trop longtemps. Mais cela a peu de chances d’arriver et la mécanique ne fait pas franchement mouche. Car si vous pouvez chercher à les coincer dans les égouts, le plus souvent il suffit juste de donner un bon coup de hache pour les écarter et continuer vite votre chemin. Si en théorie l’idée était plutôt bonne, difficile de la trouver réellement pertinente, surtout après le passage d'A Plague Tale : Innocence.
On retrouve également d’autres petits ajouts par-ci par-là. Un nouveau type d’armes fait ainsi son entrée : les faux. Notez que ces armes augmenteront leurs dégâts à chaque coup porté à l’ennemi. Cette escapade en Francie est également l’occasion de découvrir de nouvelles aptitudes. Au nombre de trois, elles ne révolutionnent pas l’expérience de jeu, mais méritent tout de même d’être saluées.
Ce DLC marque également l’arrivée des Nobles Francs. Équivalents des Drengr dans le jeu initial, ils constituent un défi de taille. Il vous faudra monter votre puissance pour pouvoir venir à bout de ces trois boss facultatifs. Et puisque l’on parle rixe avec des boss, sachez qu’on retrouve des combats assez bien pensés et un poil originaux dans la trame narrative de ce DLC. On découvre aussi de nouveaux ennemis tels que les cavaliers francs. Notez également que ce DLC introduit une nouvelle faction secondaire, les Bellatores Dei, qui vient d’une certaine façon remplacer l’Ordre des Anciens. Mais Ceux qu'on ne voit pas peinent encore et toujours à trouver leur place...
Conclusion
Points forts
- Une Francie souvent sombre et morbide à souhaite
- Une bande-son prenante
- Une réflexion intéressante
- Charles, le gros point fort
- Une liberté retrouvée avec le choix des approches
Points faibles
- Un siège qui n'en est pas vraiment un
- Peu de contenu
- Des nouveautés certes, mais dispensables
- Encore quelques bugs
Note de la rédaction
S’il est un peu plus court que son prédécesseur, ce deuxième DLC d’Assassin’s Creed Valhalla est néanmoins plus intéressant. Cela est notamment dû à l’ambiance prenante de cette Francie affligée, gouvernée par un roi qui a perdu la raison. Fort de son atmosphère saisissante et de ses personnages marquants, cette extension historique nous propose une expérience plus complexe qu'il n'y paraît. Ajoutez à cela un petit retour aux sources bienvenu et les qualités du titre initial, et vous obtenez une nouvelle aventure prenante pour Eivor, bien que freinée par l'absence d'un siège digne de ce nom et de réelles nouveautés.